Rose de Décembre by Cassiopea
Summary: Nouvelle histoire! Juste diplômée de l’Université , aux côtés de Willow et Tara , Buffy vient d’obtenir un poste pour enseigner les disciplines sportives et artistiques au lycée de Sunnydale. Son premier amour Angel l’a quittée un an avant , mais ce bouleversement n’est rien par rapport à d’autres blessures du passé qui vont se rouvrir en elle de manière inattendue.
Categories: NC-17/Hardcore Characters: None
Genres: Romance
Warnings: Adult Language, Sexual Situations
Challenges:
Series: None
Chapters: 28 Completed: Yes Word count: 114608 Read: 23947 Published: 11/10/2005 Updated: 05/10/2006

1. Chapitre 1. by Cassiopea

2. Chapitre 2. by Cassiopea

3. Chapitre 3. by Cassiopea

4. Chapitre 4. by Cassiopea

5. Chapitre 5. by Cassiopea

6. Chapitre 6 by Cassiopea

7. Chapitre 7 by Cassiopea

8. Chapter 8 by Cassiopea

9. Chapter 9- by Cassiopea

10. Chapter 10 by Cassiopea

11. Chapitre 11 by Cassiopea

12. Chapitre 12 by Cassiopea

13. Chapitre 13 by Cassiopea

14. Chapitre 14 by Cassiopea

15. Chapitre 15 by Cassiopea

16. Chapitre 16 by Cassiopea

17. Chapitre 17 by Cassiopea

18. Chapitre 18 by Cassiopea

19. Chapitre 19 by Cassiopea

20. Chapitre 20 by Cassiopea

21. Chapitre 21 by Cassiopea

22. Chapitre 22 by Cassiopea

23. Chapitre 23 by Cassiopea

24. Chapitre 24 by Cassiopea

25. Chapitre 25. by Cassiopea

26. Chapitre 26 by Cassiopea

27. Chapitre 27. by Cassiopea

28. Chapitre 28 by Cassiopea

Chapitre 1. by Cassiopea
Chapitre 1.



« Tu ne veux pas que je reste , tu es sûre ? » dit Willow , plissant un front soucieux.

Elle se rapprocha , passa un bras autour des épaules de son amie. Buffy demeura silencieuse , perdue dans la contemplation de la ville dont les petites lumières peu à peu apparaissaient . Les parfums des hibiscus et du jasmin qui ornaient la terrasse répandaient leur odeur puissante , rehaussée par la tiédeur de l’air.
La splendeur de cette douce nuit d’été californienne paraissait une ironie , alors qu’elle éprouvait une mélancolie insidieuse.

« Tara , tu ne crois pas qu’on pourrait la persuader de revenir avec nous ? » reprit Willow en se tournant vers sa compagne.

Puis , sans attendre de réponse , elle s’adressa de nouveau à la jeune femme blonde , dont la silhouette mince s’appuyait au montant de bois du balcon.

« J’ai envie d’être seule , Willow. » répondit Buffy d’un ton égal.


Le calme de sa voix s’harmonisait avec la sérénité apparente de son visage pâle, dont la pureté était rehaussée par les cheveux tirés en arrière dans une queue de cheval stricte , et le vert limpide de ses yeux que ne marquait aucune trace de maquillage.

Willow et Tara échangèrent un regard impuissant. Cette dernière , assise sur un petit banc appuyé au mur , dévisagea leur amie. Elle était si mince , et paraissait fragile dans cette robe claire et simple , qui accentuait doucement sa féminité. Elle semblait plongée dans une réflexion triste , depuis le début de la soirée. Mais cette fragilité apparente cachait un tempérament décidé , et il ne devait s’agir là que d’un abattement passager.
Après avoir cherché une explication au fait que le jeune femme semblait particulièrement morose , alors qu’elles étaient là pour fêter la fin de plusieurs semaines de vacances passées sous le signe de la détente absolue , ainsi que le succès d’une année scolaire pour toutes les trois , à l’Université de Sunnydale , Willow s’était rappelé que , un peu plus d’un an auparavant , au retour d’une fête ressemblant trait pour trait à celle qu’elles venaient d’avoir , leur amie avait découvert la lettre d’Angel annonçant son départ.


Mais Tara savait combien Buffy était forte et déterminée, et malgré une dernière année écoulée dans un état d’esprit plutôt pessimiste ,- car Il était clair que l’abandon d’Angel avait infligé une très cruelle blessure- , leur amie était la plupart du temps d’humeur égale.



Après avoir vécu une relation amoureuse pendant trois ans , Angel avait apparemment décidé qu'il était temps pour lui de connaître la vie excitante de Los Angeles.
Il y avait eu quelques discussions vives au sein du couple , et Buffy refusait de croire qu’il veuille chercher des satisfactions différentes de celles qu’ils partageaient.

Ils ne vivaient pas ensemble . Elle était sur le campus de l’Université de Sunnydale , et il possédait son appartement , où ils passaient beaucoup de temps. Et cela était un des reproches qu’elle avait osé lui faire, se rappela t –elle amèrement. Après une période où ils avaient appris à s’apprécier , n’était –il pas légitime qu’ils songent à la vie commune ?
Elle avait eu 21 ans , elle terminait sa troisième année d’études pour enseigner les disciplines de gymnastique , il était un jeune avocat prometteur de 25 ans ..
Mais elle avait commencé à croire que leurs fiançailles n’avaient pas beaucoup de signification pour lui.
Son regard devenait distant chaque fois qu’elle évoquait leur vie commune. Il avait expliqué que l’atmosphère dans l’étude où il était avocat auprès de son père , était peu à peu devenue intenable.

Et quelques jours plus tard , une longue lettre expliquant son geste attendait Buffy.
Elle avait appris plus tard que Darla , une jeune femme travaillant également au cabinet d’avocats , avait donné sa démission.

Un an après , elle réalisait que la blessure n’était pas entièrement guérie. Mais Tara et Willow soupçonnaient que la douleur avait peut-être plus à voir avec l’orgueil et la confiance blessés , plus que l’amour trahi.



« Je n’aime pas t’imaginer toute seule ici , broyant du noir. On peut toujours se débrouiller , et installer un matelas par terre , » reprit la jeune femme rousse . « Ou bien on peut dormir chez toi ! ne serait- ce pas plus logique , puisque c’est toi l’heureuse locataire de ce charmant appartement ? »

Sa voix avait pris des intonations enjouées dont Buffy ne fut pas dupe. Et Tara se leva , et vint poser une main sur le dos de sa douce compagne.

« Willow, »
Celle-ci tourna des yeux surpris. Tara utilisait si rarement ce nom un peu autoritaire , mais il était indéniable qu’elle voulait être écoutée. « Nous ferions mieux d’y aller. Il est tard , et nous avons toutes besoin d’une bonne nuit de sommeil. »

« Mais.. »

Willow regarda Buffy , puis Tara.

« Tu nous téléphones demain ,n’est-ce pas ? » demanda t- elle. « Tu as des projets pour le week-end ? »

« Non, » dit Buffy avec un petit sourire. « Mais ne t’inquiète pas. C’est une baisse de morale très passagère. »


Elle hocha la tête , et toutes trois quittèrent la terrasse .


Tara prit la main de Willow dans la sienne , et elles se dirigèrent vers la porte d’entrée. Willow gardait un air préoccupé. Buffy les embrassa chacune sur les joues , en assurant qu’elle allait bien.



Après leur départ , elle ferma la porte et exhala un soupir de soulagement. Elle laissa un instant ses épaules s’affaisser , et se reprit , se redressa , et passa dans son petit salon.

Elle avait emménagé seulement un mois auparavant , après avoir passée quatre années sur le campus. Sa mère l’aidait à payer le loyer , et quand elle avait appris qu’elle aurait un poste d’assistante en gymnastique et entraînement rythmique au lycée de Sunnydale dès la rentrée prochaine , elle avait eu envie d’avoir un petit logement à elle.
C’était peu spacieux , mais très joliment agencé. Une cuisine , un salon en L , pièce la plus agréable avec sa terrasse plein Sud , et une chambre avec salle de bain , formaient l’ensemble.
Elle n’était pas loin de la maison familiale , et serait même en mesure d’aller à pied au lycée.

Elle retourna s’asseoir dehors , savourant la tiédeur parfumée de l’air.


Angel..
Comment aurait-elle pu expliqué à ses amies la confusion qu’elle ressentait , un an après son départ ?
Elle avait voulu croire en leur amour. Ils avaient eu des moments de si tendre complicité.. mais jamais elle n’avait atteint ce point de vertige..

Ce sentiment vivifiant et terrible de se perdre dans le regard de l’autre..

Ce désir fou de ne plus faire attention aux limites..

Tout ce qu’elle avait goûté avec..




Elle avait été si naïve. Si arrogante.
Mais peut-être n’était -elle pas digne d’être aimée ?

Angel l’avait quittée . L’avoir aimé prenait des aspects si douloureux.


Elle prit place sur le large fauteuil qui occupait la partie droite du balcon, et , les jambes repliées , la nuque appuyée au coussin , repensa à l’année qui venait de s’écouler.


Angel lui avait volé sa confiance en elle. Et ce n’était pas par son aventure sans saveur avec le jeune maître assistant de psychologie , Riley Finn , qu’elle allait recommencer à croire qu’elle pouvait briser les cœurs , comme au temps de ses dix sept ans. ..


Quand elle résolut à aller se coucher , il était plus de minuit , et se retrouva engourdie d’être restée si longtemps dans la même position dans le fauteuil d’osier. Mais le lendemain on était Samedi , et elle aurait tout le loisir de dormir.
Sa dernière pensée fut pour sa mère. Elle avait promis à Joyce qu’elle passerait la voir à la galerie , car elles s’étaient à peine vues depuis quelques semaines. Elle s’efforcerait de montrer une figure enjouée. Joyce se débrouillait toujours pour savoir si sa fille mentait...





La sonnerie de la porte d’entrée retentissait. Buffy grogna et enfouit son visage sous son bras. Il n’était pas tard , et elle n’attendait personne. Qui pouvait oser la déranger à .. huit heures du matin ? Elle n’avait pas l’intention de répondre.

La sonnerie retentit de nouveau , brève , péremptoire.


Buffy attendait , complètement réveillée. Puis elle bondit , et , retirant son déshabillé de soie marine d’un geste brusque du dossier de la chaise devant sa coiffeuse , marcha d’un pas vif vers l’entrée.

‘Si c’est une erreur , ou je ne sais quelle plaisanterie de..’ fulmina t –elle. Elle allait arriver dans le hall , quand le coup de sonnette suivant fut prolongé , impatient.

Elle resserra les pans de son vêtement autour de sa taille fine et déverrouilla la porte , qu’elle ouvrit à toute volée.

« Allez au diable , qui que vous soyez ! » dit-elle d’une voix cassante , qui s’arrêta nette quand elle reconnut celui qui se tenait sur le seuil.



Il se tenait appuyé au montant , dans une pose à la fois nonchalante et sur le qui vive , qui n’appartenait qu’à lui. Il n’était pas de grande taille , mais la puissance qu’il dégageait donnait l’impression d’occuper tout l’espace. Ses cheveux étaient d’un blond outrageusement clair, et cela lui conférait une séduction plus dangereuse.

Vêtu d’un jean et d’un tee-shirt noir qui moulait son torse comme une seconde peau , il avait enfoncé une main dans une poche , et l’autre main restait souplement le long de sa cuisse.

Dans cette attitude ,il avait les épaules projetées en avant ,si bien que , lorsqu’elle ouvrit la porte , il lui parut se pencher vers elle d’un air menaçant.

L’impression était encore renforcée par l’expression de son visage sombre. Il avait une mâchoire carrée , à la ligne dure , une bouche sensuelle qui était fermée dans un pli arrogant , et ses sourcils plus foncés , au dessus des yeux qui n’avaient rien perdu de leur éclat bleu éblouissant , et qui lui donnèrent aussitôt des frissons violents.


Sans rien dire , il se redressa et regarda la jeune femme , au corps drapé de soie marine , au visage pur et clair : un regard pénétrant , presque provocateur.


Pourtant il n’y avait là aucune insolence délibérée, simplement la calme certitude qu’il avait le droit de la dévisager ainsi , et qu’elle le savait.
Elle redressa le menton et ses yeux devinrent d’ un vert vibrant, somptueux.

« William, » dit-elle d’une voix sans timbre.

« Spike » , dit-il en faisant un mouvement qui la surprit.
D’instinct elle recula , le laissa entrer.


Et il entrait chez elle comme s’il en avait le droit. Comme s’il n’attendait pas qu’elle l’en empêche.


Elle tressaillit à peine en découvrant que sa voix profonde , aux intonations un peu râpeuse , n’avait pas changé en quatre ans et demi. Et ne réagit pas à l’écoute de ce nom bizarre , par lequel il semblait vouloir se faire appeler.
Il détacha du battant la main de Buffy , le referma tranquillement derrière lui.

Elle aurait dû être furieuse : jamais elle n’avait accordé à William Kensinton les droits qu’ils s’arrogeait. Elle lui avait même fait comprendre qu’elle ne les lui accorderait jamais.

« Tu es pâle, » dit-il simplement , comme s’il l’avait quittée la veille.

« Oui. »

Ils se tenaient prés l’un de l’autre. Elle avait du mal à croire à la réalité de sa présence ici , chez elle. Mais avec William , les politesses ordinaires ne possédaient aucun sens.
Il en avait toujours été ainsi. Ils n’avaient jamais vraiment parlé. Ils avaient échangé des mots qui flottaient entre eux comme des poignards effilés.

Et ils avaient échangés les baisers les plus désespérés.
Elle avait goûté à la chaleur de sa bouche. Il avait écrasé ses gémissements sous son corps .


Tout à coup , l’énormité de la situation la prit à la gorge , et elle fit un immense effort sur elle-même pour ne pas se trahir. IL l’enveloppa d’un regard pensif , détaillé , qu’elle accepta sans fléchir.

Il se détourna brutalement et se dirigea vers le salon. Elle le suivit , nota qu’il regardait autour de lui , puis elle croisa les bras sous sa poitrine.

Le soleil pénétrait dans la pièce par les espaces des stores. Il semblait fasciné par le jeu de la lumière dans ses mèches blondes , emmêlées.
Elle porta aussitôt une main dans sa chevelure , réalisant qu’elle sortait de son lit. Ce petit geste le fit sourire.
D’une façon si sûre de lui , si moqueuse , et à la fois si tendre qu’elle en eût le souffle coupé.

« Buffy, » murmura t –il en s’approchant , glissant un doigt le long de sa joue.

Elle redressa le menton et le toisa.
« Je ne te savais pas à Sunnydale, » déclara t –elle.

« Je n’y suis pas. »

A ces mots , une déception brutale la rendit muette. Elle voulu se donner une contenance et alla d’un pas énergique vers la petite cuisine , où elle s’affaira à préparer du café .
Il demeura silencieux , observant chacun de ses gestes. Elle passa prés de lui pour retourner au salon et se tint debout ,les bras croisés sur la poitrine.

Puis elle continua :

« Et que fais-tu ici , à ma porte , si .. soudainement ? »

« Cela fait un an qu’Angel est parti. Je crois que tu as eu assez de temps pour t’apitoyer sur ton sort , et comprendre que tu avais fais une erreur terrible en le choisissant, » dit-il d’une voix rauque , son visage à quelques centimètres du sien.

Elle ouvrit des yeux agrandis de surprise blessée.

« Comment.. comment oses -tu.. »

« J’ose parce qu’en ai le droit, » gronda t –il . « Mais ne t’inquiète pas , amour. C’est juste une …visite. »

Elle respirait avec précipitation. Elle pouvait voir les variations de couleur dans ses prunelles magnifiques.
Le grain de sa peau.
Son odeur boisée , mêlée à celle distincte du tabac.
Et ses lèvres.. étaient si prés. Ses lèvres à la ligne douce , tentatrice.

« Une visite ? » répéta t –elle d’une voix beaucoup indifférente qu ‘ elle ne l’était intérieurement.

« Oui.. Pour te prévenir que je suis de retour. Ou du moins que je le serai, très bientôt. »

Il mit une main sur le creux de sa taille , et elle en sentit la brûlure à travers la finesse de son vêtement. Il respirait lui aussi de façon erratique , et elle se dit qu’il cachait mal son trouble.
Pourquoi ne bougeait-elle pas ? Pourquoi acceptait-elle cette marque possessive de ses doigts qui palpaient la chair de sa hanche dans un mouvement hypnotique ?

« Et j’ai bien l’intention de reprendre la danse .. là où nous l’avions laissée. »


Il termina ces mots comme il aurait chuchoté un secret terrible.
Elle rougit et voulut se reculer , mais il resserra son étreinte , ferma brièvement les paupières en humant l’odeur unique de sa peau .

Ils restèrent ainsi ce qui parut à Buffy une éternité.

Ses jambes devenaient faibles et elle se raidit. Il portait le même parfum. Elle sentait son souffle contre son oreille.

« Amour.. » murmura t –il dans une voix de gorge qui l’éprouva profondément.

Elle se dégagea avec vivacité , mais à cet instant ,il était déjà loin d’elle , à la porte , qu’il ouvrit avec douceur.

« A très bientôt , mon cœur. » dit-il sans se retourner, et elle suivit sa démarche féline dans un état second.


La sonnerie qui la prévenait que le café était prêt fit entendre sa musique insistante. Elle alla l’éteindre avec brusquerie , les mains tremblant légèrement , le cœur battant avec une violence douloureuse.
Pourquoi cette sonnerie continuait-elle ?


Elle ouvrit les yeux. Un rayon de soleil parvenait , oblique , sur le couvre-lit , jusqu’à son oreiller. Ses mains agrippaient le drap. Elle avala avec difficulté , les paupières lourdes.

Son rêve avait été si vivant..


Elle se leva et rejeta les draps avec nervosité . Dans la cuisine baignée de lumière se répandait un délicieux arôme de café , mais les effluves du parfum de William lui semblaient flotter dans l’air.

Une fois qu’elle eût appuyé sur l’interrupteur de la machine , elle retourna s’asseoir sur son lit , et posa son visage entre ses paumes. Elle essaya de calmer sa respiration. Elle s’aperçut qu’elle tremblait légèrement.


Pourquoi avait-elle rêvé aujourd’hui de cet homme qui avait disparu de sa vie bien plus de quatre ans et demi auparavant ?



Tbc.
Chapitre 2. by Cassiopea
Chapitre 2.




Prise d’une impulsion , Buffy alla ouvrir le dernier tiroir de sa commode , elle en sortit une boite en bois sculpté de petite taille, qu’elle ouvrit avec des doigts fébriles. Un ensemble hétéroclite était éparpillé à l’intérieur.
Des photos, une feuille de papier pliée en deux , un ticket de cinéma en plein air , et un petit collier très simple , tressé en laine et corde.
Elle saisit la première photo. C’était elle , silhouette fragile entre ombre et lumière , pieds nus sur le sable , les cheveux au vent , et son sourire était celui d’une jeune fille insouciante.

Sur le second cliché , on voyait Rupert Giles , bibliothécaire au lycée de Sunnydale , et ami de la famille Summers , en compagnie d’un jeune homme de taille moyenne , aux cheveux d’un blond doré , ébouriffés , vêtu d’un pantalon jean et d’un pull un peu grand pour lui.
Ses yeux étaient fiers , vibrants. Tout son corps annonçait qu’il avait conscience de son attitude rebelle , et en tirait satisfaction.

Elle n’avait pas oublié comment il était entré dans leur vie , en Décembre , il y avait quatre ans et demi..



Les vacances de Noël venaient de commencer. En dernière année de lycée , Buffy , Willow et Alex savouraient leur liberté en passant leur temps libre chez l’un ou chez l’autre. La priorité était donnée à la maison de Buffy , pour plusieurs raisons. Chez Alex ce n’était guère accueillant , et chez Willow , sa mère se permettait d’entrer dans la chambre à tout moment , ou bien interdisait que les jeunes gens s’enferment.
Tandis que la résidence des Summers était un havre de paix. Hank était absent parfois plusieurs jours d’affilée , et Joyce était prise par son travail à la galerie pour des après-midi , des jours entiers.

Et le jardin était si agréable , même quand on ne faisait que paresser au bord de la piscine..
Quelquefois Angel arrivait sans crier gare. Il sortait avec Buffy depuis plusieurs mois maintenant , et leur entourage les taquinait sur le sérieux de cette relation. Entre la jeune fille qui allait fêter ses dix huit ans bientôt en Février , et le jeune homme de 24 ans qui venait d’entrer dans le cabinet d’avocats dirigés par son père , les chose semblaient prendre une tournure de plus en plus sérieuse.
Cependant Buffy jouait de sa séduction et adoptait souvent un comportement nonchalant , frivole.

Pour Hank et Joyce Summers , il apparaissait comme le future mari rêvé. Il était séduisant , avait du charme et une bonne éducation , était promis à un avenir stable.
Sa famille possédait un nom considéré et une certaine aisance financière que le père de Buffy voyait d’un œil satisfait. Leur différence d’âge était plutôt un attrait pour les amies de Buffy , qui considéraient Angel comme un homme d’expérience , à l’allure un peu mystérieuse.


Quand il avait témoigné de l’intérêt à la jeune fille , elle en avait d’ailleurs été flattée. Et pour la première fois s’était amusée à rendre un homme amoureux d’elle. Et cela avait été étonnamment facile..
Ils s’étaient rencontrés lors d’une soirée que les parents de Buffy avaient organisée. Assise à ses côtés pour le repas , elle avait découvert en lui un jeune homme intéressant , visiblement admiratif de la beauté éclatante de la jeune fille , et d’un calme qu’elle trouvait agréable , en comparaison du babillage incessant et parfois ennuyeux des jeunes gens de son âge.

Il l’avait gentiment courtisée durant tout l’été. Et depuis la rentrée , semblait la considérer comme sa petite amie officielle , et très importante pour lui.


Le seul reproche que pouvait lui faire Buffy , insouciante et heureuse comme peuvent l’être les jeunes filles à cet âge , consistait en son caractère parfois sombre , pensif. Parfois même , il était trop ténébreux à son goût . Mais leur idylle s’était peu à peu consolidée au fil des mois , et elle n’était pas sans en être secrètement enchantée.
Bien entendu quand ils avaient eu une conversation à propos du futur , elle avait annoncé qu’elle serait certainement à la rentrée prochaine à l’université de Sunnydale , et qu’elle comptait partager une chambre avec Willow.

Il n’avait pas émis d’objection , à sa surprise. Il vivait dans un appartement confortable en ville , et l’avait taquinée en expliquant qu’ils n’auraient aucune difficulté à continuer à se voir.

Elle savait que le problème de l’évolution naturelle de leurs relations viendrait à être abordé. Et même si elle éprouvait une attirance chaque jour plus forte pour lui , elle ne songeait pas encore à franchir le pas et lui offrir sa virginité.



Cet après-midi là , Joyce et Hank donnaient une petite réception , un apéritif dînatoire en quelque sorte , avant de célébrer Noël .

Buffy , Willow et Alex avaient passé une partie de l’après-midi à discuter au bord de la piscine : l’hiver ne portait son nom que sur le calendrier , et le temps était merveilleusement clément, avec des températures exceptionnellement douces depuis deux jours. Un buffet avait été dressé dans le jardin , et les quelques invités se dispersaient en bavardant.
Hank tenait à cette manifestation à caractère social , qui lui permettait de faire un geste vis à vis des gens avec lesquels ils travaillaient. Joyce invitait deux ou trois collègues de la galerie , ainsi que des amis plus authentiques comme Giles , et sa compagne Jenny Calendar , professeur d’informatique .
Et Buffy , pour éviter de s’ennuyer de manière trop ostentatoire , proposait toujours à Willow et Alex de venir passer un moment.

Les jeunes gens grappillaient de la nourriture , goûtaient aux cocktails sans alcool , et se réfugiaient dans le coin le plus tranquille du jardin .


Quand Angel était arrivé , très élégant dans un costume sombre , il avait d’abord serré les mains de plusieurs personnes présentes , avant de chercher Buffy du regard. Elle s’en trouva légèrement irritée. Avait-il besoin de jouer à l’homme d’affaire très occupé ? Elle fit mine de ne pas faire attention qu’il discutait à quelques mètres , et s’engouffra dans la cuisine par la porte arrière . Après avoir bu un grand verre d’eau , elle ajusta le top de soie rose qu’elle avait noué autour de sa poitrine et lissa la jupe qui drapait ses hanches. Elle avait un petit air bohémien et avait choisi cette tenue sachant qu’elle était légèrement provocante.


Elle entendit des voix dans le hall , et passa le bout de son nez pour apercevoir les visiteurs. Elle reconnut Giles ,à ses côtés se tenait un jeune homme de taille moyenne , aux épaules larges et délicatement musclées. Ils lui tournaient le dos , et Joyce invitait les nouveaux venus à poser leurs vestes , avant de leur faire traverser le salon , dont les portes –fenêtres s’ouvraient sur le jardin .

Buffy se sentit irrésistiblement curieuse . Giles avait annoncé qu’il accueillait chez lui pour une courte période le fils d’un ami à lui vivant en Angleterre, qui était mort brutalement d’une crise cardiaque , laissant sa femme et son fils dans une situation financière délicate. Buffy crut se souvenir qu’il avait mentionné la mort de la mère de ce jeune homme , aussi.. elle n’avait pas prêté attention. Il faisait ses études à Oxford , et selon Giles , il était intellectuellement brillant.

Elle suivit leurs silhouettes du regard. Même de dos , on devinait qu’il avait une démarche puissante , féline. Il était très mince , la taille fine prise dans un jean qui avait du voir de meilleurs jours , un tee-shirt noir , une chemise épaisse à carreaux bleus délavés , et ses cheveux d’un blond chaud avaient un petit aspect ondulé.. qu’elle trouva adorable.


Buffy ressortit par la cuisine , et se dirigea avec nonchalance vers Angel. Celui-ci vint à sa rencontre , et la gratifia d’un sourire satisfait , l’entourant d’un bras par la taille. Du coin de ‘œil , elle vit sa mère qui introduisait les nouveaux venus à quelque personnes.
Angel la détailla avec un regard un peu sévère.
« Ce vêtement est.. suggestif, » remarqua t –il.
Elle haussa les épaules . « Je suis une lycéenne , pas une femme d’affaires », rétorqua t –elle.

Il se contenta de la couver d’une expression amusée.

Tout à coup , elle reconnut la voix de Giles derrière elle.

« Et permet –moi de te présenter Buffy , la fille de Joyce et Hank . »

« Et bientôt ma fiancée, » ajouta Angel d’un ton condescendant qui hérissa la jeune fille.

Elle lui jeta un coup d’œil exaspéré mais ne dit rien. Ils avaient évoqué récemment l’idée de fiançailles. Une suggestion d’Angel que Buffy avait prise pour une idée peu sérieuse. Puis elle s’était dit qu’un homme de 24 ans avait sans aucun doute d’autres perspectives.
Ils s’étaient retournés.
Elle leva son visage , et croisa les yeux les plus insolemment bleus qu’elle ait jamais vus. Il portait des lunettes mais cela n’altérait en rien la couleur remarquable de ses prunelles.. Il la dévisageait avec une intensité qui l’électrisa. Et semblait avoir parfaitement noté l’échange silencieux entre Buffy et Angel.
Elle ne savait pas que ses yeux propres yeux verts s’étaient élargis sous le choc de la beauté renversante de ce jeune homme .. qui n’était certainement pas loin d’avoir son âge.

« Bonsoir, » dit-il en tendant une main aux doigts longs et fins.

Angel lui tendit la main à son tour.

« Angel Crawford. »
« William Kensinton » , répliqua t –il , le menton en avant.

Il enveloppait Buffy d’un regard appréciateur , et elle sentit qu’il ne dissimulait pas son admiration . Elle avait l’impression d’être nue. Elle se contenta de répondre « Bonsoir » , sans lui tendre la main.
Son visage prit une expression sarcastique si brève qu’elle fut certaine d’avoir été la seule à le noter.

« Vous êtes un veinard , Angel Crawford, » continua t –il. Sa voix lui allait bien , grave , profonde , avec une nuance de dureté.
Ce dernier resserra son emprise autour de la taille de Buffy et acquiesça.

« Oui , je sais. »

Les lèvres de William prirent un pli qui n’était pas tout à fait un sourire. Il darda des yeux plus froids vers l’homme grand et brun qui tenait cette créature éblouissante contre lui. Elle le dévisageait maintenant avec impassibilité , et il tira une légère satisfaction au fait qu’elle avait l’air de respirer avec un peu de trouble.

Et il aurait juré que ce n’était pas l’étreinte d’Angel qui la mettait dans cet état. Cependant il savait reconnaître une mise en garde quand il en entendait une , et le bleu de ses yeux se chargèrent d’accusation , quand il prit la main de Buffy , y déposa ses lèvres.
Elle était si surprise qu’elle ne réagit pas.

« Buffy, » murmura t –il. Et sa voix était devenue si veloutée qu’elle frissonna terriblement. "J'aime beaucoup votre.. robe."

Elle se contenta de l’observer en silence , le cœur battant la chamade , mais son visage ne trahissant rien de son émoi. Elle ne baissa pas les yeux quand elle sentit qu'il laisser errer les siens sur son corps , en une lente découverte , tandis qu' Angel échangea quelques mots avec Giles . Puis entraîna la jeune fille plus loin.
Elle fit tout son possible pour éviter de se trouver en la présence de William pour le reste de la soirée.
Mais elle sentit son regard sur elle.




Le jour de Noël , à midi , il arriva en même temps que Giles. Mais , alors que chacun avait fait un effort vestimentaire , il portait un jean troué aux genoux , et une chemise froissée.
Joyce le dévisagea avec une sévérité silencieuse , pourtant il y avait de l’indulgence dans son regard. Et quand il lui présenta une petite boite de velours contenant des chocolats , tout en lui adressant un regard bleu d'une douceur qui aurait fait fondre le cœur plus récalcitrant , elle se contenta de secouer la tête.
Il s’éloigna d’un pas tranquille , avec un petit haussement d’épaules.


Pendant le repas , autour de la table où avaient pris place les Summers , Buffy et Angel , Giles et Jenny , ainsi que l’oncle et la tante de Buffy venus de Los Angeles avec leur fils Peter, et enfin un couple d’amis , il sembla demeurer insensible au fait qu’il se distinguait par son habillement simple.

Il avait salué la jeune fille d’un ton presque indifférent quand elle était descendue , vêtue d’une robe jaune pâle qui moulait ses formes délicatement.
Quand elle voulut s’approcher de lui au buffet - par simple effort de courtoisie , se rappela t –elle , car enfin , il ne connaissait personne - , il l’avait regardée droit dans les yeux ,puis s’était délibérément tourné vers son voisin de droite avec qui il entama aussitôt une conversation.
Buffy l’assassina de ses yeux flamboyants.


Et il passa la totalité du repas à répondre seulement quand on lui parlait , posant sur les uns et les autres un regard plein d’intérêt. Buffy l’observa quand il écouta Giles raconter une anecdote de son temps d’étudiant , à l’université de Brixton ,il penchait la tête , et elle se demanda s’il était aussi détendu qu’il le paraissait.

Ils s’installèrent tous plus tard sur la vaste terrasse dallée , entre la maison et la piscine , et burent du café et des jus de fruits , en dégustant des chocolats , des noisettes et des amandes.

Peter et Angel discutaient de leurs métiers respectifs , et se servaient du casse-noix pour présenter ensuite l’assiette de fruits secs aux dames.

Buffy s’était installée sur une chaise longue , un peu à l’écart , un peu ennuyée par les discussions si sérieuses des adultes. William vint s’installer dans l’herbe à ses pieds , et entreprit de casser les coquilles entre ses doigts.

Il leva brusquement la tête , et surprit le regard légèrement méprisant avec lequel elle l’observait.

« Vous croyez m’impressionner ? » dit-elle .

Il haussa un sourcil sardonique , et laissa tomber plusieurs fruits secs sur sa robe , dans le creux de tissu que formait le vêtement entre ses cuisses. Il effleura son genoux et elle ressentit comme une brûlure.

« Goûte-les. Je les ai pris dans ma main , et j’aimerais pouvoir les faire glisser sur ta langue, » murmura t –il d’une voix basse , contenue.

Elle demeurait paralysée par son audace et l’émoi dans lequel ses mots la plongeaient. Mais avant même qu’elle ait pu trouver une répartie , il s’était levé d’un mouvement souple , et la toisa.

« Bien entendu , tu ne te laisserais pas aller à ce genre de débauche. Tu es trop bien pour çà. »

Et il s’en alla , son regard reflétant le même mépris que celui qui avait brillé dans les yeux verts de Buffy quelques secondes auparavant. Elle l’aperçut qui s’approchait de Giles.

Peter et Angel étaient toujours plongés dans leur discussion . Elle referma les doigts sur les amandes ,puis brusquement , se releva et s’éloigna le long de la piscine pour se trouver derrière un haut buisson d’azalées. Elle avait les mains moites , le cœur qui battait sauvagement.

Elle ouvrit ses mains , et , doucement , les rapprocha de son visage. Elle resta plusieurs secondes à humer l’odeur des fruits , sa langue sortant pour passer le long de sa lèvre supérieure.
Puis les jeta brusquement sur l’herbe , et les écrasa du pied jusqu ‘ à ce qu’elles aient disparu dans la terre sèche.
Elle entendit des pas derrière elle , et fit vivement volte-face. C’était Angel.

« Je t’ai fait peur ? » demanda t –il. Il la considérait avec curiosité.

« Non. »

« Tu as l’air d’avoir chaud. Que fais-tu là , toute seule ? »

« Rien.. je.. Si nous nous baignions ? »

« Bonne idée . je voulais te dire que je ne pourrais pas rester très longtemps. J’ai un dossier à étudier pour demain. »

Il la prit par la taille et ils retournèrent à une allure nonchalante vers le bassin . Elle posa son visage sur son épaule , se laissant aller contre lui. Dans le jardin , les invités éparpillés savouraient la clémence de la température et le doux soleil.

« Embrasse-moi, » chuchota t –elle.

« C’est une invitation difficile à refuser, » reconnut-il en se tournant vers elle.


« Nos tourtereaux sont mignons , n’est-ce pas, » dit Hank qui venait d’apercevoir sa fille et Angel. Giles hocha la tête , surpris par le changement de conversation , et jeta un coup d’œil distrait dans la direction de Buffy . A ses côtés , il nota combien les épaules tendues de William devenaient rigides sous le tissu de la chemise. Il crut deviner une lueur de douleur dans le bleu des prunelles , mais ce ne fut qu’une sensation fugitive . Son visage avait repris un masque d’indifférence , et il se détourna pour aller se verser encore du café.

Quand elle passa en direction de la porte de la cuisine , les joues en feu , elle avait une démarche en apparence assurée , la nuque droite , et tourna son visage vers les personnes rassemblées autour de la table. Mais William lui tournait le dos.




Le jour du Nouvel-an , elle fut invitée chez les Crawford. En fait , ces derniers se contentaient d’ouvrir leur maison , afin que leur fils reçoive tous ses amis. Cela commençait vers cinq heures , et se prolongeait jusqu’ à plus de minuit.

Willow et Alex bien entendu , étaient là mais Buffy savait bien qu’Angel les invitaient surtout pour lui faire plaisir; ses propres amis n’ étaient plus au lycée. Et cette année Alex était venu en compagnie de Cordélia. Avec Willow , elles demandèrent à être présentées à William.

« Mais il n’est pas là, » prévint buffy.

« Bien sûr que si ! » pouffa Willow. « Giles a fait comprendre aux parents d’Angel qu’il recevait un jeune homme de notre âge , et qu’il serait plus sympa pour lui de se retrouver avec d’autres jeunes plutôt que tout seul.. »

« Ou pire , obligé à faire la fête avec des adultes, » souligna Cordélia , en passant une main impeccablement manucurée dans sa chevelure chocolat.

« Tu en as de la chance ! » s’écria Anya , une jeune fille travaillant à l’étude d’avocats . « Un type aussi sensationnel qui peut te rendre visite à tout moment ! »

Elle scrutait les personnes présentes avec un œil curieux.

« Tu parles de ..William ? » dit Buffy , stupéfaite.

« Mais oui , bien sûr. Il a l’air inoffensif , avec ses vêtements négligés , et son air taciturne , mais je suis persuadée qu’il est extrêmement.. intéressant. »

Elle avait dit ce dernier mot avec un ton suggestif qui ne laissait aucun doute sur sa signification.

« Inutile de t’emballer. C’est un anglais. Il est là pour les vacances, Giles a accepté de la recevoir car sa famille a des problèmes. Financiers je crois. »

« Et alors ? Il y a encore plus de dix jours. Et ce ne sont pas ses finances qui m’intéressent. »

Willow rit.

« Elle n’a d’yeux que pour Angel, idiote ! Comment veux-tu qu’elle se soit rendue compte que William est très mignon ? »


Buffy éprouvait soudain une certaine répugnance à leur présenter William. Elle cacha son ennui derrière un sourire.

« Eh bien dés qu’il arrive , je m’en occupe, » répliqua t –elle .

William était déjà là. Et ce fut Willow qui l’introduit aux autres , puisqu’elle avait déjà fait sa connaissance. IL portait un jean noir qui moulait ses hanches de manière .. et une chemise bleue pâle qui avait l’air d’être faite de la soie la plus pure. Ses petites boucles châtain partaient dans tous les sens .

Et il passa sa soirée à faire danser toutes les créatures féminines présentes.
Sauf Buffy.

Quand elle comprit que , même par courtoisie , il ne se donnerait pas la peine de venir l’inviter , elle attendit un instant où il était enfin seul , adossé à un pilier , dans une pose à la fois nonchalante et arrogante , pour venir l’accoster.

Avec un sourire d’hôtesse parfait .

« Vous vous amusez , William ? »

« Mais oui. »

« Assez dansé ? »

« Je crois avoir satisfait la curiosité de toutes les jeunes filles et jeunes femmes de Sunnydale présentes ce soir, » répliqua t –il avec un soupçon de dédain. « Willow n’ a pas manqué de me présenter tout le monde. »

Saisie d’une fureur soudaine , elle maîtrisa sa voix , et leva sur lui des yeux limpides.

« Je lui ai demandé de le faire. Pour que vous ne sentiez pas .. à part. »

« Comme c’est charitable, amour, » dit-il d’une voix profonde , le bleu de ses yeux devenu sombre.
Sa bouche portait un léger pli ironique.

« De quel droit m’appelez-vous ainsi ? » jeta t –elle.

« Parce que tu es comme moi… à part, » dit-il en lui saisissant le poignet.

Son beau visage n’était qu’à quelques centimètres du sien. Elle respira l’odeur de sa peau , et elle voyait battre la veine dans son cou.

« Veux-tu danser .. aussi ? »

Elle se dégagea avec brutalité. « Je ne vais pas nourrir tes illusions, » murmura t –elle d’une voix hachée.

« Pour l’instant. » Il lui sourit , mais son expression était dure , narquoise.

Elle se retint de le gifler. Se contenta de s’en aller , drapée dans sa dignité.


Elle avait envie de sentir contre sa paume le contact brûlant de cette chair dure. Elle avait envie d’effacer de sa figure son petit sourire satisfait.
Mais elle avait envie davantage de ne plus voir briller dans ses yeux cette vulnérabilité qu’il cachait bien mal.




A suivre.
Chapitre 3. by Cassiopea
Chapitre 3.



Buffy sortit de la torpeur dans laquelle l’avait plongée ses souvenirs. Elle rangea la boite avec des mains impatientes et termina de s’habiller. Elle devait passer une partie de la journée avec sa mère , et elle serait en retard.

Quand elles s’attablèrent à la terrasse du petit café où elles allaient parfois déjeuner , Buffy avait retrouvé tout son entrain.

« Tu ne peux imaginer à quel point c’est agréable d’avoir la perspective de travailler dans quelques jours, » soupira t –elle , alors que Joyce l’observait avec affection. « J’ai eu beaucoup de chance d’obtenir cet emploi au lycée. »

« J’en ai conscience. Et je suis heureuse pour toi, » sourit Joyce en posant une main sur celle de sa fille. « Mais j’aimerais te voir épanouie sur un plan .. plus personnel. »

« Maman.. » souffla Buffy , contrariée.

« Je sais , je sais. Tu ne veux pas que je t’ennuie avec mes questions. Mais tu es seule depuis le départ d’Angel , et cela me désole de voir qu’une jeune fille aussi belle et charmante que toi n’aie pas une cour d’admirateurs.. »

Buffy leva les yeux au ciel mais la douceur de son regard demeurait . Elle lui adressa un sourire confiant.

« Je vais très bien , ne t’en fais pas. Et Angel n’était pas le compagnon le plus attentionné, » poursuivit – elle avec une voix pensive. « Quelquefois je me dis c’est moi qui n’ai pas su.. »

« C’est ridicule ! » coupa Joyce. « Tu n’as rien à voir dans cette rupture. Tu as toutes les qualités pour rendre un homme heureux , et s’il ne s’en ait pas rendu compte à son âge , c’est qu’il ne te méritait pas ! »

La véhémence de Joyce Summer ne lassait pas d’amuser sa fille. Dire qu’elle en voulait à Angel de la façon cavalière dont il avait décidé de quitter Sunnydale était peu dire.

« Quand un couple ne fonctionne pas , ce n’est pas seulement la faute de l’un d’entre eux, » souligna Buffy. « Quelquefois , je regrette que nous n’ayons jamais vécu tous les deux. J’aurais dû comprendre qu’il ne trouvait pas en moi tout ce qu’il cherchait. »

« Buffy. » La voix de sa mère avait pris des intonations de reproche. « Tu étais très jeune quand vous avez commencé votre relation.. On croit savoir ce que l’on veut à dix huit ou dix neuf ans , et puis on réalise que c’est un peu différent. Mais la manière dont Angel est parti , en invoquant le prétexte ridicule qu’il ne voulait pas t’empêcher de goûter à la vie.. ! »

Buffy eut un sourire mélancolique. « Je sais très bien qu’il ne devait pas être seul dans son départ pour Los Angeles. Mais c’est vrai que j’aurais préféré une vraie confrontation. »

Elle soupira et fit un signe pour appeler la serveuse.

« Je suggère que nous quittions ce sujet déplaisant, et que nous réservions notre énergie à déguster leurs brownies avec une double portion de crème fouettée. »


Elles terminèrent leur repas dans un silence moins confortable. Toutes deux avaient à l’esprit une autre rupture : quand , un an après que Buffy ait commencé ses études à l’université , Hank avait tout simplement pris la décision de s’en aller avec sa secrétaire , après plusieurs mois d’une ambiance épouvantable à la maison.
Trois années plus tard , heureusement , Joyce avait l’air de se porter le mieux du monde. Et ses activités et voyages liés à la galerie comblaient son existence.
Buffy souhaitait secrètement que sa mère retrouve un compagnon , mais elle n’avait pas eu jusque là l’audace de lui en parler ouvertement.

* * * * * *

Elle passa le reste de l’après-midi à faire des courses. La rentrée des classes approchait , et dans trois jours elle ferait officiellement son entrée dans le monde des adultes percevant un salaire. Elle avait parfois le sentiment que sa vie d’étudiante était passée beaucoup trop vite , mais le fait de trouver un premier poste au lycée où elle avait passé tant d’années avait quelque chose de familier et réconfortant. Willow continuait ses études tout en ayant accepté un travail d’assistante pour certains cours d’informatique donnée par Jenny Calendar. Giles était toujours fidèle au poste à la bibliothèque..
Et elle espérait que la cohorte des autres professeurs l’accepterait sans difficulté. A son soulagement , le principal Snyder avait été remplacé par un homme beaucoup plus avenant.

Perdue dans ses pensées , elle réalisa qu’ elle était bloquée dans la circulation depuis de longues minutes déjà et se dit qu’elle n’obtiendrait rien en restant sur la rue principale . Après un quart d’heure passé dans l’immobilité la plus absolue , elle interpella une petite jeune fille qui marchait à sens inverse sur le trottoir.

« As-tu une idée de ce qui se passe ? » lui demanda t –elle avec un sourire.

« Oh , c’est un camion qui a perdu son chargement de fruits, » annonça l’adolescente.

« Merci, » soupira Buffy .


Profitant que la prochaine petite rue sur la droite conduisait à l’extérieur de la ville , vers la colline surplombant Sunnydale , elle fut saisie d’une impulsion et manœuvra de façon à prendre le chemin. Mieux valait conduire un peu sur cette route qu’elle adorait , dans la lumière agréable de cette journée d’été finissante , que de demeurer dans les embouteillages. Après quelques instants , elle s’engageait dans la direction de Ming River.

Il y avait plusieurs voitures qui revenaient , cela demeurait une destination appréciée des habitants de la petite cité , et particulièrement des couples. Au moment où elle arriva au sommet , et qu’elle descendit de son véhicule , elle fut à nouveau saisie de plein fouet par une vague de souvenirs dont la force la surprit. Brutalement , elle eut la sensation de se retrouver plusieurs années en arrière , à l’instant où elle avait entraîné William dans une promenade impromptue .
Ou était-ce lui qui l’avait entraînée ?


Elle avait voulu l’éblouir et lui faire comprendre qu’ils n’étaient pas du même monde.
La seconde partie de ses intentions s’était révélée douloureusement vraie .

Les jambes plus faibles , elle suivit le petit sentier qui conduisait au terre –plein où elle avait l’habitude de s’asseoir. Mais , contrairement à la fois où elle avait joué les enjôleuses , l’endroit était occupé par un couple enlacé qui , visiblement , s’appliquait à oublier les autres.
Elle continua à diriger ses pas vers la droite , d’où la vue était moins spectaculaire , mais où elle savait que peu de gens s’aventuraient.



…..C’était le lendemain du jour de l’an. Elle s’était levée très tard , après que la fête chez Angel se soit poursuivie jusqu’ à une heure avancée de la nuit. Quand elle descendit , les cheveux en bataille , encore vêtue de son pyjama , elle fut mortifiée de se trouver nez à nez avec William , superbe dans un jean bleu et un sweat-shirt bleu pâle qui rehaussait délicatement l’indigo renversant de son regard derrière les lunettes rondes.

Il était venu présenter ses vœux à Joyce et Hank Summers. Mais celui-ci était allé à son bureau pour une affaire urgente , et seule Joyce l’accueillit , à la cuisine , en lui offrant une orangeade. Il dévisagea Buffy des pieds à la tête avec une lueur qu’elle détesta.

« As-tu l’habitude de surprendre les gens de bonne heure chez eux ? » se plaignit –elle en faisant mine de n’être pas gênée par sa présence .

« Buffy ! » intervint sa mère. « Il est midi. C’est toi qui n’ a pas dû regarder ton réveil. »

Il l’enveloppa d’un regard narquois. Elle se sentit rougir , et , refermant le frigo avec brutalité , darda sur lui ses yeux verts vibrants.

« Eh bien c’est possible, » maugréa t –elle. « Mais c’est tout à fait naturel de prendre son temps quand on est en vacances ! »

« Et c’est un spectacle que je n’aurais voulu manquer pour rien au monde, » murmura t –il en masquant un sourire ironique.
Il plongea le nez dans son verre , mais elle savait qu’il se moquait d’elle .

« Veux-tu parier quelque chose ? » Elle le fixait , immobile , tapant du pied , les bras croisés sur la veste de pyjama trop grande , ses boucles blondes en désordre.
Il la trouva délicieuse .

Sans répondre , il pencha la tête , attendant qu’elle continue.

« Je parie que je suis habillée et prête à aller faire un tour dans quelques minutes ! »

Il haussa un sourcil sceptique. Puis il jeta un bref coup d’œil vers Joyce , qui l’observait avec intérêt.

« Si c’est une proposition pour m’emmener quelque part dans ta décapotable , je ne dis pas non, » murmura t –il.

Buffy ouvrit des yeux ronds. Il avait un toupet qui la priva de l’usage de la parole , pendant dix secondes.
Et qui lui faisait courir des frissons le long de la colonne vertébrale.

« Dix minutes ! » jeta t- elle en s’envolant littéralement dans l’escalier.

Et c’est ainsi qu’elle s’était jetée dans une sortie avec un garçon qui la mettait mal à l’aise et dont l’attention la mettait en rage.

Elle avait délibérément conduit à une vitesse excessive. Elle avait un style.. particulier , disait Alex. Mais , après des début chaotiques , sa conduite s’était améliorée , et elle avait pris de plus en plus d’assurance et de plaisir. Quand elle en avait l’occasion , elle appuyait sur l’accélérateur.
Et elle ne s’en était pas privée sur la route en lacets qui menait à Ming River.


Mais William resta imperturbable , et se contenta de s’accrocher un peu plus au bord de son siège , quand la voiture fit un dérapage spectaculaire à l’arrivée.

S’attendant à ce qu’il la contemple avec un mélange d’admiration et de crainte , elle avait tournée vers lui un visage innocent , auréolé de ses mèches blondes fouettées par le vent. Mais William lui avait fait un petit sourire ironique , avait frappé dans ses mains , et avait dit :

« Essaies-tu ainsi de mettre d’éventuels amoureux hors d’état de nuire ? »

Elle était descendue , avait claqué sa portière , et était partie su le sentier d’un pas nonchalant. Il la suivit en silence.


« N’est-ce pas ennuyeux ? » demanda t –il quand ils étaient parvenus au terre plain , et qu’elle s’était laissée tomber sur l’herbe sèche.

« Quoi donc ? »

« Cette vie protégée de bonne petite élève , fille de gens aisés , qui est persuadée que tous ceux qui l’entourent devraient forcément être éblouis par son assurance et sa beauté ? »

« Si tu n’es pas ébloui , que fais-tu là ? »

« Je ne sais pas. En quittant l’Angleterre et un foyer où je n’ai plus de parents , je n’avais pas beaucoup de projets. Giles a pensé qu’un séjour en Californie me changerait les idées. »

Elle refusa de se laisser attendrir par le rappel qu’il était orphelin.

« Et naturellement tu es surpris par la société que tu as sous les yeux. »


Il l’enveloppa d’un regard pénétrant.

« Si tu veux insinuer que je n’ai pas l’habitude de fréquenter des petites filles insouciantes , qui ont besoin de montrer leur indépendance ou de vivre un peu dangereusement en acceptant un rendez-vous seule avec un garçon qu’elles ne connaissent pas , en effet. »

Elle le fusilla d’un regard devenu d’un vert profond. « Ce n’est pas un rendez-vous ! Tu ne m’intéresses pas le moins du monde. »

« Et toi tu te caches derrière des désirs qui ne sont pas les tiens, » jeta t – il avec force , d’une voix plus rauque.

Il s’était rapproché et elle se releva , lissa les plis de sa robe .

« Que pourrais-tu comprendre à mes désirs ? Giles m’a dit que tu avais commencé à l’université mais que tu manquais la moitié de tes cours ! Es-tu un tel modèle ? »

« Je n’en suis pas un ! Mais je ne me cache pas derrière ce qu’il est bon de faire ou de ne pas faire. »

« Oh c’est facile ! » répliqua t –elle. « Est-ce une excuse pour te conduire comme un voyou ? »
Il la regarda avec acuité , lui saisit les bras.
« Qui t’ a parlé de çà ? » Sa voix était oppressée.

« Giles a simplement dis que tu avais eu un comportement .. qui laissait à désirer. Que tu jouais avec le feu, » termina t-elle en le fixant sans ciller.
Il respirait plus laborieusement , et elle s’étonna de constater que toute trace d’incertitude ou de vulnérabilité avait disparu dans son regard .

« Oui je joue avec le feu.. Mais au moins je vis ! »

Elle l’écoutait. Subjuguée et effrayée par la force qu’elle devinait tout à coup en lui.


« Et sais-tu ce que tu veux ? » murmura t –elle.

« Je sais que j’étouffe dans ma peau.. » avoua t –il avec une voix si profonde qu’elle en frissonna violemment. « Que les autres ne se donnent pas la peine de me comprendre ou de m’apprécier.. mais que je rêve d’une liberté qui me brûle.. qui m’étreint.. »

Il lui avait saisit un poignet , et elle restait troublée par la puissance des émotions qui la saisissaient à l’écoute de cette confession qui avait quelque chose de terriblement intime.

Ils demeurèrent l’un prés de l’autre , le souffle court , leurs regards fixés, pendant de longues et bouleversantes minutes. Ce fut elle qui se dégagea d’un mouvement sec , le faisant sortir de la torpeur.

« Tu es fou.. » dit-elle d’une voix basse.

Elle dressa le menton . Il la contempla , le regard rétrécit.

« Ta vie bien rangée ne te satisfera pas longtemps. Et le sel que je peux mettre dans ton existence , tu n’ as pas envie de le goûter. »

Elle haussa les épaules , cherchant à reprendre le contrôle du tumulte qu’il avait fait naître. Affectant l’indifférence la plus absolue.

« Qu’est-ce que tu racontes ? Que je vais me lancer dans je ne sais quelle aventure avec toi , le temps des vacances , justement parce que nous n’avons aucun avenir ? Et mettre en en péril la relation satisfaisante que j’ai avec Angel ? »

Le bleu de yeux de William devint noir.

« Et pourquoi pas ? Je suis un étranger , je ne suis pas de ton milieu social , et tu saurais au moins une fois ce que c’est que d’avoir des sensations.. » Sa bouche avait un pli de défi.

Il s’était à nouveau rapproché , et avait soufflé ce dernier mot avec un ton si prometteur qu’elle recula , comme si il l’avait physiquement touchée.


« J’aurai toutes les sensations que je veux avec Angel , merci bien, » de défendit-elle.

Elle vit une lueur d’étonnement douloureux dans son visage. Cela lui causa un remords brûlant aussitôt. Que lui arrivait –il ? Il n’était pas dans ses habitudes d’être délibérément désagréable.
Mais William provoquait en elle des réactions fortes , parfois violentes , qu’elle ne reconnaissaient pas. « Pourquoi n’as –tu pas fait le rebelle chez toi ? »

« Je n’ai pas vraiment eu le choix, » répliqua t –il. « Rupert a pensé que livré à moi-même pendant deux semaines sur le campus d’Oxford pourrait me conduire à des actes.. insensés. »

Elle constata qu’il ne semblait pas le moins du monde gêné d’avouer que ses occupations extra –universitaires pouvaient l’entraîner dans des activités peu recommandables. Elle savait en fait peu de choses de sa situation. Elle avait entendu sa mère parler au téléphone et avait cru comprendre que depuis la fin du lycée , William s’était progressivement détaché de tout ce qui constituait une vie calme et sans histoire. Mais il avait obtenu l’entrée dans une des universités les plus brillantes du monde ...
En face d’elle , William s’était soudain immobilisé , son attention fixée sur le lointain.

Elle mesura brusquement la solitude dans la quelle il devait vivre. Soudain en proie à une curiosité sincère , elle souffla :

« As-tu.. » Elle le regardait par en dessous ses cils , se mordillant la lèvre inférieure. Il attendait qu’elle continue , et fixait sa bouche. « As-tu perdu ta mère il y a longtemps ? »

La surprise marqua ses traits , puis la méfiance , mais il se détendit presque instantanément , notant que cette question partait d’un intérêt réel.

« Il y a un peu moins d’un an. Elle s’est éteinte en trois mois. Après un cancer. » Il énonçait les faits presque brutalement. Mais son visage aux traits harmonieux était froissé par un chagrin visible.

« Je suis désolée, » chuchota t- elle , le cœur étreint.


Il plongea son regard dans les yeux doux. C’était la première fois qu’elle le regardait ainsi , il hocha la tête et lui fit un très léger sourire.
Si il avait songé une seconde qu’elle éprouvait de la pitié pour lui ,il l’aurait affirmé son mépris orgueilleux. Mais elle partageait sincèrement sa peine , les prunelles amandes ne mentaient pas.

« Et tu n’as.. tu n’as pas d’autre famille ? »

« Une tante , du côté de mon père. Mais Ils habitent à Liverpool , je ne les vois pas. Et je n’ai pas besoin des autres, » termina t –il avec une assurance un peu naïve.

Elle l’observa plus attentivement. Il la couvait d’un regard intense.

« Pourquoi suis-je venu ici, Buffy ? Pourquoi suis-je venu jusqu’à toi? »

Elle se détourna, baissa la tête. « Je ne sais pas , William. Peut-être pour que je comprenne que j’étais différente ? »

Il eut un rire doux. Elle s’émerveilla qu’il puisse ainsi passer de la colère à la peine, à la frustration puis au rire. William était décidément peu ordinaire.

« Pourquoi aimes-tu venir ici ? » demanda t –il au bout d’un instant.

« Parce ce que le ciel est plus vaste, » souffla t –elle. « Et on peut distinguer l’océan. »
Elle lui sourit.

Toute sa colère semblait s’être dissipée. Elle écoutait les battements terribles de son cœur.
Elle avait l’impression de respirer un air raréfié , où l’ozone la plus pure ferait palpiter ses sens.


Côte à côte , ils ne parlèrent plus. L’air était frais mais le soleil les enveloppait d’un voile de bien-être.
Quand elle reprit la direction de la voiture , il la suivit en silence. Le trajet de retour se fit sans qu’une seule parole ne fut échangée. Mais cette absence de mots n’était pas inconfortable.
Tous deux savaient qu’ils avaient juste commencé une conversation , et qu’elle s’était momentanément interrompue.



Buffy se rendit compte qu’elle était restée assise dans l’herbe sèche à rêver pendant plus d’une heure. Elle se releva et secoua les brins d’herbe qui étaient restés accrochés à sa jupe. Son esprit refusait obstinément de replonger plus avant dans le reste des souvenirs , qui seraient de plus en plus douloureux.
Elle conduisit lentement sur la route du retour. La circulation semblait s’être considérablement améliorée quand elle parvint au centre -ville. Un panneau accrocha son regard. ‘La mer’ . Et le nombre de kilomètres pour y parvenir.

L’océan serait-il pour toujours lié à un coucher de soleil somptueux , dans l’air froid de Décembre ? se demanda –t – elle , le cœur lourd.




A suivre.
Chapitre 4. by Cassiopea
Chapitre 4.


Elle le revit deux jours plus tard. Malgré ses efforts pour éviter de penser à l’escapade qu’ils avaient faite le premier Janvier , malgré ses tentatives pour occuper ses journées avec Willow , Alex et les autres , William ne cessa d’être dans la moindre de ses pensées.

En cette fin d’après-midi , elle venait de quitter son amie et marchait sans hâte le long du trottoir , perdue dans ses pensées , quand le son de sa voix la fit sursauter. Il avait emprunté la voiture de Giles et se tenait , affalé sur le siège , un coude appuyé sur le rebord de la portière vitre ouverte , la dévisageant avec une expression affamée.

« Monte. »

Elle continua à l’ignorer et à marcher , allant à peine plus vite. Il ralentit la voiture ,se délectant de la vison qu’elle lui offrait : ses jambes moulées dans un pantalon de toile blanche mettant en évidences les formes pleines et arrondies de ses fesses , ses hanches se balançant doucement au rythme de ses pas , la taille prise dans un petit gilet de soie bleu outremer , et les vagues éclatantes de sa chevelure ondulant sur ses épaules.

« Oh c’est très agréable pour moi, » admit –il d’un ton narquois. « Tu m’offres une vue superbe. »

Elle s’arrêta net et se retourna , les mains sur les hanches.

« Que veux-tu ? » Elle prit un air profondément ennuyé ,puis jeta un œil à sa montre. « J’ai rendez-vous avec Angel et je vais être en retard. »

« Angel est à Los Angeles. Ta mère m’ a très gentiment informé quand j’ai appelé chez toi tout à l’heure. Il ne devrait pas être rentré avant .. » Il regarda sa montre. « Au mieux deux ou trois heures. » Il affichait une figure de conquérant tranquille.

Elle lui fit un petit mouvement dédaigneux des épaules , puis contourna la voiture , ouvrit la portière sans crier gare , et se jeta littéralement du côté passager avec hargne.

Il appuya sur l’accélérateur et elle l’entendit rire.

« Ceinture. »

Elle ne bougea pas. Croisant les bras sous sa poitrine , elle regardait devant elle , le menton dressé.

« Attache –toi, » répéta t –il.
« Je n’ai pas l’intention d’aller loin avec toi. Ramène –moi à la maison simplement , » fulmina t –elle. « Quand je pense que tu as osé appelé , et que.. et que ma mère t’ a révélé des choses qui ne te concernaient pas.. ! »

« Elle a un faible pour moi, » dit –il d’un ton confiant.

« Elle a simplement un faible pour les chiens perdus, » asséna t –elle.

Il ne broncha pas sous l’insulte. Ses mains se crispèrent autour du volant , et la voiture sembla aller plus vite. Visiblement , il prenait la direction de la côte.

« Mets ta ceinture , Buffy , s’il te plaît, » répéta t –il avec une douceur ferme dans la voix.

Elle obtempéra. Elle était ridicule , et n’avait pas l’intention d’être imprudente.

« Et toi.. tu aimes les chiens perdus ? » demanda t –il.

Sa voix avait pris une qualité intime qu’elle redoutait. Elle le regarda à la dérobée. Ses cheveux étaient très indisciplinées , et quelques boucles partaient sur son front. Ses lunettes adoucissaient tout son visage concentré sur la conduite. Son teint avait pris des couleurs depuis qu’il était arrivé d’Angleterre plutôt pâle. Cela lui allait très bien. Et elle ne pouvait pas ne pas remarquer les muscles de ses bras dévoilés par les manches très courtes du tee-shirt.

« Non. » Elle fit mine de s’absorber dans le paysage.

« Tu as peut-être raison. Je pourrais être .. enragé. Et avoir envie de te mordre , quand tu ne t’y attends pas. »

« Tu pourrais essayer, » rétorqua t –elle en se tournant vers lui.

Elle eut le souffle coupé par la chaleur avide de ses yeux.


« Où allons –nous ? » demanda t –elle avec une indifférence forcée. « Maman va s’inquiéter, et.. »

« Je lui ai expliqué que , si elle n’ y voyait pas d’inconvénient , je t’emmènerai faire un tour. »


Il n’avait toujours pas révélé leur destination et elle ne voulait pas lui faire le plaisir de reposer la question.
Pendant les minutes qui suivirent , ils ne parlèrent plus.

« Le soleil va bientôt se coucher. La plage m’ a parut un endroit intéressant. »

« La plage ? » s’écria t –elle. « Mais c’est à plus d’une demi-heure ! »

« De quoi as –tu peur ? Il ne t’arrivera rien avec moi. »

Il avait dit cela avec une force tranquille , et il ne lui vint pas à l’idée de le contredire.
Curieusement , elle ne doutait pas qu’il la protégerait de tout danger éventuel. Mais elle en fut aussitôt agacée.

« Et qui me protégera de toi ? » souffla t –elle.

Dés que les mots s’échappèrent de sa bouche , elle le regarda . Il ne fit que l’envelopper d’une expression pensive et à la fois moqueuse.

La route était déserte. Personne n’allait évidemment vers la côte en fin de journée en ce début de Janvier. Elle frissonna et mit les bras autour d’elle –même.

« Il y a une petite couverture sur le siège arrière. »

« Je n’en ai pas besoin. »

Il haussa les épaules. Il n’avait pas l’air de craindre le froid. Ce qui n’était pas étonnant , si elle songeait que le climat californien devait lui paraître d’une douceur extrême en comparaison avec le temps anglais. Une fois de plus , un silence étrange s’installa entre eux.

Elle regarda le paysage. Le ciel était d’une pureté éblouissante , et des teintes orangées se répandaient à l’ouest. Plus vite qu’elle ne s’y attendait , ils arrivaient , et il vint garer la voiture si brusquement que les pneus crissèrent sur le sable répandu sur la chaussée. Devant eux , le Pacifique se déployait , impressionnant , grondant.

Le soleil avait atteint la ligne de l’horizon et ressemblait à un personnage qui hésite à plonger sa tête dans l’eau. Avant qu’elle ait pu réagir , William était sorti et venait ouvrir la porte de son côté , la saisissant par la main. Trop stupéfaite, elle se laissa entraîner sur la plage où il partait en courant.

« Mes chaussures ! » se plaignit –elle.

« Enlève –les. » Elle retira ses petites sandales en riant, les laissant sur place. Le vent emmêlait ses cheveux et il admira sa silhouette dessinée par le vêtement qui se plaquait à son corps voluptueux. Arrivés à la lisière des vagues , il se tourna vers elle.

« Je n’ai jamais vu l’océan. Et regarder le soleil s’y fondre a toujours été un rêve que je voulais réaliser. »

Elle leva son visage vers lui . Il avait les yeux aussi bleus que le ciel , et cela lui donna envie de pleurer. Une rafale plus violente la fit vaciller et une vague vint caresser ses pieds nus. Elle poussa un petit cri et bondit en arrière. Il eut une expression d’une tendresse si profonde qu’elle baissa la tête. Alors il vint se placer derrière elle , et l’entoura de ses bras , croisés sur sa taille. Mais il n’y avait rien d’équivoque dans ce geste. C’était seulement un geste de protection contre le froid.
Et elle le laissa faire , grisée par la chaleur immédiate qui se propageait dans ses membres au contact du torse puissant de William contre son dos , et de l’étreinte chaleureuse de ses bras.

« Regarde, » pria t –il, le menton appuyé sur son épaule.

La mer prenait des teintes bleu nuit , et le soleil perdait de sa force aveuglante en commençant sa descente inexorable. Ce spectacle d’une grande beauté les captivait , mais Buffy était aussi troublée par la vision flamboyante que par le souffle tiède de la respiration de William dans son cou.

« Avec toi, » reprit -il. Et sa voix était rauque . « Avec toi je voulais assister au coucher du soleil. »

Elle demeurait immobile , confuse , effrayée , curieuse de toutes ses sensations inconnues qui envahissaient son âme.

« Sans soucis sans soupçons Tes yeux sont livrés à ce qu'ils voient
Vus par ce qu'ils regardent.

Confiance de cristal Entre deux miroirs
La nuit tes yeux se perdent Pour joindre l'éveil au désir. »

Il récitait lentement , d’une voix un peu grave . Et les mots qui chatouillaient son oreille , la douceur veloutée du son qui glissait en elle , la berçaient.


La réalité de ce qu’elle était entrain de vivre la frappa comme une vague d’eau froide. Le soleil ne se devinait plus que par une petite auréole vibrante de lumière. Elle s’éloigna de lui vivement, repoussa impatiemment une mèche de cheveux qui se collait sur sa joue.

« Merci, » dit-elle doucement. « J’ai apprécié.. j’ai .. » Elle s’arrêta , se mordilla la lèvre inférieure , et murmura sans le regarder :

« Il fait presque nuit. Nous devons rentrer . »

« Buffy.. »

Il tendit un bras hésitant , mais elle se détourna et repartit vers la route à une allure vive.

« Buffy , attends ! »
Elle se retourna. Il tenait dans ses mains un petit appareil photo , et il tira plusieurs clichés. Le flash l’éblouit , elle cligna des yeux , mit sa main en avant.
« Trop tard, tu es immortalisée, » sourit-il.
« Mais tu es ridicule, il fait presque noir. Tes photos seront inutiles ! »

« Non, c’est un excellent appareil . Et la lumière est suffisante.. »Il pencha la tête. « Tes cheveux sont si lumineux. »

« Tu as pris ces photos sans mon accord ! Je dois y faire des grimaces , et être.. être.. » Elle le fusilla du regard et se saisit de ses sandales , les secoua.
« Tu es belle, » dit-il doucement.
Mais le vent emportait ses paroles.

Elle allait parvenir à la voiture quand il la rattrapa et saisit un de ses bras. Elle tressaillit .

« Nous aurions pu rester encore un petit moment. Avec la couverture , tu n’aurais pas eu froid. »

« William , à quoi cela servirait-il ? Je ne devrais pas être ici .. »

Il serra les mâchoires et ouvrit la portière du côté conducteur. La saisissant par la taille ,il la fit asseoir. Elle avait frémit en sentant ses mains puissantes autour d’elle , mais le contact fut si bref qu’elle n’eut pas le temps d’émettre un son. Quand elle fut assise en face de lui , il s’agenouilla.

« Que fais-tu ? » demanda t –elle d’un ton brusque.

« Laisse-moi t’aider à remettre tes chaussures. »

Elle soupira. Il tendit la main et , délicatement , prit les sandales d’un bleu éclatant , les examina avec un sourire. Elles étaient petites , si petites , pensa t –il avec attendrissement. Et enveloppaient parfaitement les pieds délicieux de Buffy. Quand il recueillit son pied gauche entre ses mains tièdes , elle devint parfaitement immobile . Mais il se contenta d’arranger les lacets autour de la cheville et lui remit le pied par terre.

« Tu me donneras une photo, » dit-elle.

« Je croyais que tu ne voulais pas en entendre parler. » Il levait vers elle un visage un peu moqueur.

« J’ai changé d’avis. »

Il fit de même pour la seconde chaussure. Et à l’instant où il l’enveloppait de ses yeux touchants, elle paniqua.

« Il faut nous dépêcher. Maman va s’inquiéter à présent. »

Elle se faufila sur son propre siège avant qu’il n’ait pu répondre. Mais quand il prit place à ses côtés , il se pencha aussitôt vers elle , une main sur son ventre.

« William ! »

Sa paume , à travers la finesse du tissu de son pantalon , la brûlait. Et ce geste était d’une intimité si troublante. Elle désirait son contact et en avait peur. Son corps entier était tendu comme un arc , palpitant.

« Non. Laisse-moi ! » s’insurgea t –elle , tentant de repousser sa main .
Mais il la fit simplement glisser au creux de sa taille , et dans le même temps , se pencha vers son cou.

« Tu n’en as pas vraiment envie. »

Il l’emprisonna complètement dans ses bras. Elle lutta doucement , en silence. Et quand il saisit sa nuque avec force , mais sans lui faire mal , elle s’abandonna. Il trouva sa bouche dans un baiser qui ressemblait à un coup. Une douleur brutale vrilla la poitrine de Buffy , et sous l’assaut de ses lèvres dures et douces , elle eut l’impression que son sang battait furieusement à ses tempes. Mais elle gardait la bouche fermée . Et il léchait doucement les lèvres , mordillait.

« Embrasse –moi , amour, » chuchota t –il contre sa chair.

« Jamais ! »
Elle sentait sa cuisse ferme contre la sienne. Ses mains possessives autour de son cou et dans son dos , et son parfum qui la rendait pliable. Dans le sursaut de protestation qui l’avait fait ouvrir la bouche , il en profita et reprit ses lèvres , entrouvertes , écartant avec sa bouche , faisant aussitôt pénétrer sa langue pour une tendre exploration.

Buffy se détendit d’un seul coup devant l’invasion tiède , langoureuse. Une lente flamme parcourut ses seins , son ventre ,sa féminité. Elle sentit qu’il faisait passer sa main gauche de sa nuque à sa poitrine. Modelant un sein si doucement. Avec ferveur.

Elle avait cessé de se débattre , et , les paumes à plat sur la poitrine de William , elle devinait les vibrations de son cœur. Elle gémit. Il ne l’embrassait pas , il la goûtait . Et lui aussi gémissait.
Des petites plaintes rauques s’échappaient de sa gorge . Elle trouva cela si sexy qu’elle frissonna avec volupté , accueillant en elle les premières manifestations d’un plaisir intense dans la chaleur humide de son sexe.

« Oh Dieu.. je le savais.. je savais que ce serait.. » murmura t –il , essoufflé.

Elle se rejeta contre la portière comme un animal aux abois. Le repoussa brutalement alors qu’il la dévorait avec des yeux interloqués.

« Est-ce pour cela que tu m’as amenée ici ? Tu ne pensais tout de même pas que j’allais.. ! »

« Non ,je ne le pensais pas. Et je t’ai dis pourquoi nous étions là. Crois-tu que je pouvais résister à te goûter ? »

« Il n’y a rien de possible entre nous ! Je croyais avoir été claire. »

Elle tira violemment sur sa ceinture de sécurité , la mit en place . « Rentrons, » ajouta t –elle d’une voix lasse.

« C’est ton avis ! » jeta t –il avec fureur. « Et je ne le partage pas. Nous pourrions être merveilleux. Je le sais.. je le sens. »

« Il n’y a pas de nous , il n’y aura jamais de nous. Je vis à Sunnydale , et je tiens à Angel. Tu vis en Angleterre , et tu vas quitter la Californie dans quelques jours ! »

Sa voix avait pris des intonations aiguës. Elle tremblait , avait froid , chaud.

La mention d’Angel semblait lui avoir fait l’effet d’un coup dans l’estomac. Il se cala dans son siège , les épaules rentrées. Il mit le contact et la voiture bondit en avant.

« Tu pourrais rompre avec lui. » Il semblait avoir craché ce dernier mot. « Et je pourrais venir faire mes études ici. Je n’ai aucune famille dans mon pays. »

« Ce n’est pas aussi simple. »

« Aie le courage de regarder qui tu es vraiment , Buffy. »

Il demeurait le regard fixé sur la route , son visage était fermé , et elle pouvait voir le tressaillement de sa mâchoire.

«De quel droit proclames –tu toujours que tu sais ce qui est bon pour moi ? Ta vie n’est pas ici. Tu as une université prestigieuse qui t’attend. Et mon existence n’a pas besoin d’être bouleversée. Personne ne t’a demandé de m’embrasser. » Dit-elle avec sécheresse.

« Parce que tu n’avais pas envie de mes baisers , peut-être ? »

Elle fit mine de se plonger dans le défilement du paysage. C’est à dire la nuit noire , émaillée de petites lumières çà et là.

« Je n’ai pas beaucoup d’expérience , mais je sais reconnaître l’effet que je produis sur une fille. » dit-il avec feu.

« Tu es.. tu es insupportable ! » jeta t –elle .

« Mais tu as aimé ma bouche. »

« Oui, » avoua t –elle avec hargne. « Oui , oui, j’en avais envie ! »

Elle s’attendait à voir une satisfaction arrogante se peindre sur ses traits. Mais son beau visage était grave.

« Moi aussi je le désirais. Je n’ai rien désiré d’autre. Et je veux davantage. T’embrasser , te toucher , te garder contre moi. »

La surprise entrouvrit les lèvres de Buffy. Elle avait la gorge sèche , les mains moites.

« Tais-toi, » souffla t –elle.

Quand enfin , après un voyage qui parut durer une éternité à la jeune fille , il s’arrêta devant le domicile des Summers , elle voulait bondir hors de l’habitacle de la voiture plus que tout.
Une autre voiture était garée le long de l’allée. William fronça les sourcils , mais le coup d’œil qu’il jeta à sa compagne lui fit comprendre qu’il s’agissait , sans doute possible , de celle d’Angel.

« Je pars dans quelques jours, » dit –il abruptement. « Je veux te revoir. »


Elle serrait ses mains l’un contre l’autre , écoutant les battements affolés de son cœur. Elle ne le regardait pas , mais sentait la brûlure de ses yeux sur elle.

« Tu veux bien ? »
Sa voix était douce , presque inaudible.

Elle ferma les paupières . Elle avait conscience de son corps tendu prés du sien. Il détacha sa ceinture et se rapprocha. Mais ne la toucha pas.

« Il y a .. nous devrions nous retrouver tous à la maison Jeudi. Tu connais presque tout le monde , il y aura Willow, Alex, Cordelia.. »

Il l’interrompit avec un soupir qui ressemblait à un grognement.

« Je ne veux pas d’une invitation de charité. C’est toi seule que je veux voir. »

« Il n’en est pas question, » répliqua t-elle avec plus de hargne qu’elle n’aurait voulu. « A quoi cela servirait-il ? A contempler l’inaccessible ? »

Elle ouvrit la portière . « Laisse –moi en décider ! » dit-il d’une voix plus ferme.
Mais elle saisit son sac et s’enfuit , sous le regard rempli de détresse de William.


Ses parents étaient occupés à la cuisine. Elle prit l’expression la plus enjouée pour aller leur dire bonsoir.
Et trouva Angel qui était assis tranquillement , sirotant un whiskies , et plaisantant avec Hank.

« Oh , tu es de retour ? » dit-elle .

« Il m’est arrivé la chose la plus stupide, » dit-il avec un sourire indulgent pour lui-même. « J’ ai oublié de prendre les documents qu’il me fallait. J’ai appelé pour remettre mon rendez –vous. Et toi , as –tu passé une bonne après-midi ? »

« Oui.. oui ! J’ai.. oh rien d’extraordinaire ! » Elle jeta un regard incertain vers sa mère qui était occupée à préparer le dîner.

« J’ai expliqué à Angel que Willow t’avait demandé de rester jusqu’ à maintenant, » répondit Joyce d’un air dégagé.
Elle s’absorba dans la continuation de ses préparatifs. « Et Angel restera manger. »

« Très bonne idée ! » s’exclama t –elle en faisant une pirouette pour repartir vers le hall.

Angel se leva et la rattrapa , alors qu’elle allait pénétrer dans le salon. Il la saisit par la taille et elle poussa un petit cri de surprise.

« N’ai-je pas droit à un bonsoir plus agréable ? » murmura t –il .

Buffy se retrouva enfermée dans une étreinte chaude , enveloppante. Il la couvait de ses yeux chocolat plein d’amusement tendre. Avant même qu’elle ait pu trouver une excuse , il avait pris sa nuque et se penchait.
Elle réalisa qu’ils se tenaient juste devant la fenêtre du salon , et , tout d’un coup affolée , balbutia :

« Je.. je dois me changer.. j’ai froid.. »

La voiture de William était toujours là , tous feux éteints. Du coin de l’œil , elle devinait sa silhouette adossée , la ligne de son profil.

« Eh bien, je vais te réchauffer, » affirma Angel en avançant sa bouche.

Elle se mit à trembler.
‘William’. ‘William’.

Pourquoi avait-elle sous les paupière l’image du jeune homme , les mains crispées sur le volant , le corps tendu , son âme déchirée.. ?

Bouleversée , furieuse , elle subit la pression des lèvres d’Angel.
Son baiser avait un goût de cendres.




Buffy s’aperçut en arrivant chez elle que des larmes perlaient à ses paupières. Pourquoi fallait-il qu’après tant de temps , l’écho de ses paroles raisonnent si douloureusement en elle ? se dit-elle rageusement en essuyant l’humidité de ses joues et poussant la porte d’entrée d’une épaule , les bras chargés de paquets.
‘Nous pourrions être merveilleux..’

Elle l'avait deviné, elle avait refusé de le croire. Et elle avait appris en grandissant que les regrets étaient toujours inutiles.



A suivre.
Chapitre 5. by Cassiopea
Author's Notes:
Quelques éléments de Buffy/Angel dans cette partie.
Chapitre 5.



Une angoisse insidieuse pénétrait peu à peu son esprit tourmenté. Elle s’affaira à ranger ses achats. Elle avait fait l’acquisition de quelques jolis vêtements qu’elle prendrait plaisir à porter pour aller au lycée , même si sa tenue de travail consisterait essentiellement en pantalon de coton et top assorti. En accrochant la gracieuse jupe en lin blanc dans sa penderie , elle songea avec un petit pincement au cœur qu’elle n’avait pas vraiment connu la satisfaction de s’habiller pour un homme depuis longtemps.

Quand elle eut finit de dîner tout en écoutant d’une oreille distraite les informations que la télé diffusait depuis le salon , elle pensa que se prélasser un moment dans un bain parfumé l’aiderait à se détendre. Yeux fermés , la musique douce de Sarah Vaughan jouant en sourdine , elle resta de longues minutes à se prélasser dans l’eau chaude , la tête renversée en arrière.
S’efforça de songer à sa nouvelle existence qui prendrait forme trois jours plus tard ..

Quand elle regagna sa chambre , la nuit était entièrement tombée , et un air frais et délicatement imprégné des senteurs de jasmin de la terrasse , entrait par la fenêtre entrouverte. Elle alla fermer en partie les volets de bois et jetant la serviette sur une chaise , enfila son pyjama de coton blanc. Une fois allongée , elle se rendit compte qu’elle n’avait pas quitter le petit collier tressé qu’elle avait sorti de sa boite le matin même.
Se pouvait-il que le rêve de la nuit précédente soit à l’origine de toutes les pensées bouleversées qui la ramenaient inexorablement vers les quelques jours passés avec William ?
Et son rêve avait-il une signification particulière ?

Combien de fois s’était-elle demandé quelle tournure aurait pris sa vie , si elle avait écouté les suppliques passionnées et violentes de William..
Mais c’était se jeter dans le vide. Et elle n’avait pas eu cette audace.
Et Angel lui offrait tout ce qu’une toute jeune fille pouvait désirer.

Elle passa ses doigts sur l’attache fine de corde et de coton qui entourait son cou , puis son index suivit le contour du pendentif plat fait de cuir souple , et où son nom était gravé en lettre minuscules. C’était un travail délicat. Fermant les paupières , elle accepta les vagues des souvenirs qui affluaient .



Trois jours s’étaient écoulés sans qu’elle entende parler de William après leur sortie au bord de l’océan. Le jeudi il ne se montra pas , mais Buffy n’en fut pas surprise.
Angel , comme pour se faire pardonner son absence , lui consacra une après-midi entière à faire les vitrines , puis à l’emmener danser. Il promit une surprise pour le vendredi soir , un restaurant romantique . Car le samedi soir il avait à nouveau des obligations envers des clients de la firme. Curieusement , Buffy songea aussitôt qu’elle aurait ce soir là de libre au cas où.. au cas où.. Car elle avait compté les jours. Et la date où William devrait retourner en Angleterre approchait à grande vitesse.

Le Vendredi après-midi , après une conversation languissante avec Willow qui parlait déjà des devoirs à faire pour la rentrée , elle fut surprise par le carillon de la porte d’entrée. Sa mère était à San Francisco jusqu’au lendemain soir , et Hank était parti la veille pour un voyage d’affaire à New York. Elle bondit , et trouva William sur le seuil , qui proposait une séance de cinéma en plein air. Malgré l’aspect incongru de la proposition - on n’avait pas l’habitude de continuer ce genre d’occupation en plein hiver , même en Californie - elle accepta avec empressement.

Et le film était une comédie charmante , devant laquelle elle rit à gorge déployée. Sous un soleil finissant , l’atmosphère était fraîche. Il alluma un peu le chauffage de la voiture , mais bien sûr celui-ci cessa de fonctionner quand ils se garèrent. Alors il installa la couverture sur leurs genoux , et alla lui chercher un chocolat chaud qu’elle accepta avec un sourire reconnaissant.
Il ne dit rien , mais passa un doigt le long de sa joue.
Elle trouva que ce petit geste était merveilleux. Elle sentit à plusieurs reprises son regard sur elle , mais chaque fois qu’elle tournait la tête , il avait l’air d’être absorbé dans le film.

Quand il la déposa devant la maison dans Revello Drive , elle savait qu’il allait encore lui demander plus.

« Ce soir.. viendrais-tu dîner avec moi ? »

« Je ne peux pas. J’ai .. rendez -vous avec Angel. »

Elle vit sa mâchoire se tendre , et il respirait plus vite.

« Nous sommes amis tous les deux .. tu sais que je ne peux pas.. »

« Amis ? » dit-il avec une colère rentrée. « Je ne veux pas être ton ami ! » dit-il d’un ton presque violent.

« Alors pourquoi es-tu venu me chercher ? Pourquoi avons-nous passé plusieurs moments agréables ensemble ? » cria t –elle sur le même ton.

« Agréables ? » murmura t –il comme subjugué. Il lui prit une main , mais elle la retira. « Tu as aimé les instants où nous étions tous les deux ? »

Elle ouvrit sa portière et se tint debout , le regard fixé devant elle.

« Merci , William, » chuchota t –elle d’une voix serrée.
« Buffy ! »

Elle était déjà à la porte d’entrée qu’elle ouvrit à toute volée. Il respira son parfum qui flottait dans l’habitacle et démarra lentement.


Quand il téléphona le lendemain pour l’inviter à prendre un café , elle songea résolument que ce serait l’opportunité parfaite pour avoir avec lui la conversation qu’elle ne pouvait plus éviter.

Le froid était devenu soudain plus vif , elle s’habilla chaudement de sa veste de velours rouille qu’elle aimait, puis elle mit un petit bonnet de laine d’où sortait ses cheveux blonds , et enfin des gants assortis. En s’observant d’un œil critique dans le miroir de l’entrée , elle jugea qu’elle avait l’air d’avoir quatorze ans et songea qu’elle aurait pu.. mais au moment où elle allait remonter dans sa chambre , la sonnerie retentit.

Il la regarda avec une attention si soutenue qu’elle se crut obligée de répliquer : « Ne porte – t on pas des bonnets et des gants dans ton pays ? »

« Mais si. Tu as l’air d’une petite fille, » sourit il. Lui même portait un pull de laine blanc cassé à torsades et son jean bleu troué aux genoux , qu’elle avait vu sur lui le jour de Noël.

« Désolée. » dit - elle le menton dressé . « Et je suis habillée pour marcher. »

« C’est très bien , amour. J’ai envie d’aller à Ming River avant que nous trouvions un endroit pour boire notre café. »

« Ne m’appelle pas amour. »

« Monte, » dit-il en ouvrant la portière et en allant aussitôt s’installer du côté conducteur.

Elle se demanda brièvement si il n’avait pas un sixième sens en ce qui concernait l’absence d’Angel. Il semblait lui proposer quelque chose chaque fois que ce dernier était occupé par ailleurs. Malgré son apparence décontractée , elle perçut aussitôt une différence dans son attitude.
Et elle se sentait entraînée par la force sauvage de l’émotion difficilement contrôlée qu’elle sentait chez lui.


La circulation était inexistante. Quelques familles étaient parties en montagne , et beaucoup restaient tranquillement chez eux après les fêtes. Quand la voiture prit les lacets qui montaient sur la colline , le ciel était devenu plus menaçant , et une atmosphère étrange semblait recouvrir la petite cité. Buffy ne pouvait s’empêcher de penser qu’il allait repartir très loin d’ici , et elle ne comprenait pas pourquoi cette perspective la paralysait.

Le trajet lui parut très court , et quand il vint lui ouvrir la portière , elle s’empressa de marcher à vive allure vers l’endroit qu’elle affectionnait.

« Je n’avais rien pour toi à Noël, » commença t –il en fouillant la pocha droite de son pantalon. « Alors j’ai pensé que tu aimerais peut-être .. » Il lui tendit un petit paquet enveloppé maladroitement dans un papier argenté.
Elle le regardait avec des yeux étonnés mais néanmoins accepta le cadeau.

Arrachant le papier avec un peu de maladresse , elle découvrit un pendentif dont le lien du cou était une cordelette tressée de tissu et de corde , et le pendentif en cuir souple avait une forme arrondie. C’était très délicat dans sa simplicité , mais , ce qui la toucha infiniment fut de découvrir son nom ‘Buffy’ gravé au centre du pendentif.
Elle leva vers lui des yeux heureux.

« C’est très joli.. »

Il se tenait , rigide , son visage penché de côté. IL lui prit le petit collier des mains.

« Comment veux-tu le mettre alors que tu as encore tes gants ? » sourit-il.

Elle tressaillit et son regard se chargea d’incertitude.

« Où l’as-tu trouvé ? » demanda t –elle alors qu’il se plaçait derrière elle et faisait passer le bijoux par devant.
« Dans une petite rue du centre ville , j’ai remarqué un marchand ambulant. Et son travail était remarquable. Ce n’est pas grand chose , mais. .. »

« Je l’aime beaucoup, » chuchota t –elle alors qu’elle soulevait la masse de ses cheveux pour qu’il puisse accrocher les deux parties ensemble. Elle se raidit quand elle sentit son souffle dans son cou ,mais il était à nouveau devant elle et la regardait . Il lui prit le menton et passa son pouce sur ses lèvres tremblantes.

« Il te va bien. J’aime quand un collier entoure le cou de prés , surtout quand.. » Il se rapprocha et il était à présent juste à quelques centimètres de son visage. « ..quand il est aussi gracile que le tien, » termina t –il en déposant un baiser au creux de son oreille.

Il se redressa aussitôt , faisant face à Buffy. Il lui sembla soudain si proche , menaçant et vulnérable à la fois. Une rafale de vent les fit vaciller mais il ne détacha pas ses yeux bleus de la contemplation des traits de Buffy. D’instinct elle recula.

« William ! » dit-elle d’une voix qui contenait un avertissement.
Mais il attrapa son poignet et la retourna vers lui. De son autre main , il l’attira contre son torse.
Elle se débattit et il eut un rire rauque. Cependant la sensation de ses muscles plaqués contre elle en tous points de sa propre chair la fit fondre , comme la glace au soleil.
Elle poussa seulement un petit gémissement quand il embrassa ses lèvres avec une faim qui exigeait une réponse.

Elle s’agrippa à ses épaules pour conserver son équilibre. Il lui tenait toujours le poignet serré comme dans un étau , mais elle n’écoutait que le plaisir grandissant à l’avoir contre ses seins , contre son ventre , un plaisir qui venait en vagues brûlantes.

La bouche de William semblait vouloir tirer l’âme de Buffy hors de sa protection. Il la dévorait , et , seuls au sein de cette nature dont les forces peu à peu se levaient sous la forme d’un vent plus violent , de nuages énormes qui grondaient au dessus d’eux , alors que la lumière baissait inexorablement , ils devenaient un seul être.

Elle ignorait qu’un baiser pouvait être cela : une impitoyable affirmation de puissance , l’assurance de droits incontestables , l’invasion de sens qu’elle ne connaissait pas.
Il détacha sa bouche d’elle quelques brèves secondes.
« Buffy .. oh Buffy.. ! »

Puis il captura à nouveau les lèvres douces , offertes. Elle vacillait , l’esprit et le corps en feu , la nuque renversée , sous l’assaut de baisers plus avides et furieux que jamais.

« Crois-tu que je peux partir maintenant ? » murmura t –il , sa voix malmenée contre sa bouche. « Dis-moi.. dis-moi que j’ai une chance.. une chance ..un jour.. »

Elle ressentit une explosion brutale de joie et de douleur . Ces quelques moments avec lui ne l’avaient pas préparée à cette révélation terrifiante.

« William.. tais-toi ! je t’en prie , tais-toi, » cria t –elle avec un sanglot dans la voix.

Il la tenait toujours par les épaules , il haletait et passait des yeux hagards sur l’ovale parfait du visage de la jeune fille.

« Ne laisse pas passer cela Buffy, » dit-il d’un ton altéré . « Je vais retourner en Angleterre et je vais tout faire pour revenir.. »
Il voulut saisir encore sa nuque mais elle eut un recul si violent qu’elle se provoqua une douleur lancinante dans l’épaule.

« Ta vie n’est pas avec moi, » souffla t –elle. « Je.. nous ne nous connaissons pas. .. je.. »

« Arrête ! » murmura t -il. « Le hasard m’a amené à Sunnydale , mais.. »

Sa gorge émettait un son bruyant. Elle voyait la veine dans son cou battre si fort , et ses narines frémissaient. Il laissa retomber ses bras le long de son corps , parut chercher à reprendre son calme. Il ferma les paupières puis les rouvrit. « Buffy.. »

Il appuya sa bouche entre son cou et son épaule. Le premier bouton de sa veste était défait et offrait un accès à sa peau. Il la reprit contre lui et les mains gantées de Buffy se retrouvèrent prisonnières entre leurs poitrines. Il posa son front contre le sien. Elle écoutait le rythme tourmenté de son cœur, et recevait dans son dos , dans ses reins toute la séduction et l’intense possession de ses mains autour de sa taille. Puis brusquement son visage sembla se figer. Et , à la stupeur de Buffy , il s’écarta à peine , son bras gauche une étreinte de fer autour d’elle tandis que son bras droit arrachait les gants de laine.
Et les derniers rayons du soleil firent étinceler une bague sertie d’un petit diamant , à son annulaire gauche.

« N’ai-je pas eu l’air trop ridicule, » dit-il d’une voix hachée en s’éloignant vivement en arrière. « T’offrir ce présent alors qu’un autre.. un autre .. » Il ne pouvait pas finir sa phrase.
Ils restèrent d’éternelles minutes face à face et elle aurait voulu que la terre les engloutisse.

« Angel.. hier.. nous .. il m’ a proposé. .. »

« Tu ne l’aime pas, » dit-il avec une résolution douloureuse.
Il revint vers elle et ses doigts vinrent s’enrouler autour de la bague.
« Que fais-tu ? »
« Je l’enlève, » asséna t –il.

Il parlait d’une voix plus dure qui ouvrit une brèche dans l’engourdissement de Buffy.
« Non, » fit-elle très bas.

Elle avait oublié qu’elle avait accepté hier soir , ce bijoux , en gage de fiançailles non officielles entre elle et Angel.. elle avait oublié qu’elle était censée frémir et soupirer dans les bras d’un autre homme qui la courtisait depuis plusieurs mois.. elle avait oublié car William la rendait différente de la jeune fille sereine et enjouée qu’elle avait toujours été.
Elle s’effraya du pouvoir qu’il avait pris sur elle en l’espace d’une semaine.

« Je ne continuerai pas à t’embrasser quand tu portes le bijoux d’un autre. »
Il lui écarta les doigts de la paume , elle sentit un ongle se briser et poussa un léger cri. Mais il avait retiré l’anneau et , dans les vagues de nuit qui enveloppaient les lieux , le lança au loin.

« Non, » cria t –elle. « William.. ! Elle a dû coûter très cher.. »

Il rejeta la tête en arrière et éclata de rire. Alors elle l’attaqua de ses petits poings , de ses pieds. Il reculait pour éviter les coups ,puis finalement l’attrapa par les poignets et l’entraîna sur l’herbe sèche de la butte. Elle luttait encore mais il l’emprisonna entre ses jambes et fit en sorte que les bras de Buffy se retrouvent également sous lui. Mais elle se tortillait et dégagea son bras droit , le griffa sur une joue.
Elle regarda avec fascination et stupeur un filet de sang qui y coulait. Il avait perdu ses lunettes et son regard semblait plus sombre , plus brûlant.
Elle agrippa sa nuque et lui mordit la lèvre inférieure . Il poussa une plainte animale mais répondit à son baiser avec une furie passionnée. Puis leurs lèvres se firent plus tendres ,plus hésitantes , et elle se détendit sous l’assaut répété de sa bouche qui fouillait la sienne , de sa langue qui s’enroulait et suçait son palais , de ses hanches qui ondulaient doucement entre ses cuisses .

« Tu n’as pas le droit de porter sa bague.. » haleta t –il.
« J’ai tous les droits, » répliqua t –elle , le souffle laborieux. « Je fréquente Angel depuis plusieurs mois , et je suis amoureuse de lui. »

« Tu me désires, » râla t –il .
Il s’était soulevé sur un coude et de sa main droite , il la caressait.

« Oui, c’est du désir. Seulement du désir.. » gémit-elle quand il enveloppa complètement un sein après qu’il ait défait tous les boutons de la veste.

« Tu es dans ma gorge.. mon sang.. Je ne peux pas te quitter.. » gronda t –il en se penchant à nouveau sur les lèvres offertes , humides.

« Assez ! » Mais elle répondait à ses lèvres tout en bougeant son visage. Son esprit et son corps menaient une lutte , et il la relâcha , essoufflé.

« C’est nous , Buffy.. Ceci.. cette soif.. ce feu.. c’est nous ! » répéta t –il.

« Non ! » cria t –elle , désespérée. « Je veux.. je.. »

Il la fit taire encore avec possessivité.
Pendant quelques minutes qui avaient une saveur d’éternité , William se noya dans la douceur veloutée de ses lèvres , buvant ses halètements et respirant l’air qu’elle lui offrait.
Comment pouvait-on être si heureux et si désespéré , se demanda –t-il , continuant l’assaut de ses lèvres si douces , modelant son corps dur contre la paroi souple du ventre de Buffy .
Il releva la tête brièvement , contempla la lueur de désir sauvage qui devait refléter le sien , mais une colère certaine flambait inexorablement , et quand il voulut la posséder à nouveau , elle le mordit plus fort. Et profitant qu’il tressaillait sous la douleur , elle se dégagea de toutes ses forces , se remit debout , les jambes tremblantes.

« Laisse-moi, » palpita t –elle. « Je dois.. je veux.. »
« Oui, que veux-tu Buffy ? » Il s’était levé , et tout son corps tressaillait.

Elle s’étonna de pouvoir tenir debout. « Je veux retrouver ma bague. »

Elle fit quelques pas en direction de l’endroit où elle pensa qu’il l’avait jetée.

Angel avait été si tendre , si persuasif , la veille au soir. Et elle avait été secrètement flattée de provoquer une telle attention amoureuse chez cet homme séduisant , plus âgé, qui la couvait d’une expression attentive. Elle ne pouvait pas nier qu’elle avait été stupéfaite , quand il lui avait présenté l’écrin de velours au centre duquel étincelait un diamant simple , pur , monté sur une bague en or blanc. Et il avait aussitôt murmuré que cela n’avait rien d’officiel , qu’il ne voulait pas la brusquer.. mais que cela prendrait une signification particulière pour eux deux , en attendant de fêter cela en famille , d’ici la fin de l’année scolaire.

Pourquoi cela lui apparaissait-il absurde à cette minute ? William lui brouillait l’esprit , la jetait dans une confusion anormale.
Elle scrutait l’herbe rase , en quête de la moindre trace de sa bague.


Il la prit doucement par le bras et elle leva son visage vers lui. Ses yeux étaient devenus suppliants.

« Et que feras -tu si tu la retrouves ? » dit-il avec peine.

« Je vais la remettre à mon doigt. »

« Tu ne peux pas l’épouser. » dit-il dans un sursaut farouche.

Il attendait sa réponse , la tête penchée de cette façon si attendrissante et elle crut pleurer.

Ses boucles étaient ébouriffées sur son front , et sa lèvre inférieure était gonflée de leurs baisers et la morsure qu’elle lui avait infligé.

Affolée , bouleversée , elle balbutia : « Angel m’aime.. Il a besoin de moi.. ! ! Il.. nous allons être heureux. »

« Et tu te sens à l’abri avec lui ? pourquoi ? parce qu’il a une situation ? Qu’il convient à tes parents ? C’est çà que tu veux , Buffy ?La sécurité ? La respectabilité ? »

« Ce n’est pas çà ! » cria t – elle , désespérant de se faire comprendre.

« Alors qu’est-ce c’est ? » souffla t –il avec ardeur. « Le véritable amour est fou , intense , passionné. Il se moque de la confiance et de la raison. »

« L’amour ? » dit-elle en se dégageant.

Un éclat scintillant capta son regard.
Elle vit à deux mètres d’elle la clarté d’un anneau . Il l’avait vu également et laissa retomber son bras. « Ce que j’éprouve pour toi n’est qu’une réaction physique. » souffla t –elle.

Quand elle replaça la bague , celle ci était glaciale sur sa chair.

Sur le chemin qui les ramenait à Sunnydale , il conduisit comme un fou. Pas un mot ne s’échappa de sa bouche , et elle se garda bien de briser ce silence douloureux.

Lorsqu’il la déposa devant chez elle vingt minutes plus tard , elle ignorait que ce serait la dernière fois qu’elle contemplait son beau visage tourmenté .


A suivre.
Chapitre 6 by Cassiopea
Chapitre 6.



La veille de la rentrée elle téléphona à Willow. Celle-ci était également tout excitée à la perspective de dévoiler son savoir-faire en matière d’informatique. Elle n’aurait que quelques heures de cours par semaine à assister Mademoiselle Calendar , mais cela était une merveilleuse opportunité.
Par ailleurs elle continuait à suivre un enseignement à l’université , et vivait toujours sur le campus avec Tara. Mais elles parlaient de plus en plus de la possibilité de trouver un petit appartement , à la fin de la prochaine année scolaire.

« Alors , tu es prête , prête ? » demanda Willow d’un ton enjoué.

« Oh oui, et impatiente de connaître mes élèves. Je dois aller tout à l’heure au lycée. »

« Mais j’ai eu ma réunion ce matin, » s’étonna t –elle. « Pourquoi pas toi ? »

« Le proviseur attendait toutes les personnes qui s’occupent des disciplines artistiques cet après-midi. Je suppose que notre part est moins importante, » répliqua t –elle d’un ton léger.

« Oh.. alors tu ne connais pas encore ton emploi du temps ? Je serai au lycée tous les mardis matins et le jeudi après-midi . Et il est possible que l’on me confie entièrement une classe au second trimestre , si je prouve mes capacités, » termina t- elle avec gaieté.

« Oh Will, c’est formidable ! Tu auras certainement une classe. J’espère seulement que les autres professeurs seront agréables. La plupart sont plus âgés.. »

« Tu pourras toujours aller voir Giles si tu as du vague à l’âme. Un petit tour dans notre bonne salle de bibliothèque.. » Elle soupira et Buffy eut une petite bouffée de nostalgie pour ces années d’adolescence qui étaient passé si vite.

« A propose de professeur, » continua Willow, « Il paraît qu’il y a un nouvel enseignant en littérature. Mais je ne l’ai pas vu ce matin. Retard dans son avion où je ne sais quoi. »

« D’où vient-il ? »

« De New-York. Et tu ne devineras jamais qui il est.. »

« Evidemment non , si tu restes aussi mystérieuse, » dit Buffy en levant les yeux au ciel. « En quoi l’arrivée d’un nouveau professeur de littérature anglaise serait-elle si extraordinaire ? »

« Il s’agit de William Blomigdale , » dit Willow triomphalement.


Ce prénom seul gardait une résonance douloureuse.. Mais il y avait évidemment d’autres William que le jeune Kensington qui avait laissé son empreinte mémorable .
Blomigdale était un jeune écrivain au talent prometteur qui avait publié un premier roman deux ans auparavant, dont le succès immédiat avait fait les échos dans tous le pays. Par ailleurs on savait très peu de choses sur lui , et Buffy n’en avait entendu parlé que récemment par deux de ses amies qui suivaient l’actualité littéraire de plus prés qu’elle.

« Oh, mais cela signifie que l’on va être aux petits soins pour lui. »

« Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr c’est qu’il devrait faire le bonheur de toutes les élèves qui l’auront . Il a la réputation d’être un enseignant remarquable , et il est extrêmement séduisant.. Bon , c’est vrai que le sujet de son ouvrage a fait couler beaucoup d’encre , mais.. »

« Pour le moins. Ne raconte t –il pas ses aventures sexuelles et toutes ses années de débauche ? » demanda t –elle avec sarcasme.

« Tu exagères. As-tu lu son livre ? »

« Non. Sandra m’en a parlé. Mais maman l’a lu , et a trouvé que c’était remarquable. » Elle prononça ce mot comme si elle doutait des capacités de jugement de Joyce.

« La rumeur veut que le livre soit scandaleux , mais en fait il ne l’est pas tant que çà.. Enfin, il évoque une période noire de sa vie.. les dérapages , les conquêtes, et son aventure avec une femme qui l’ a marqué.. »

« Willow, cela veut-il dire que tu as été en contact avec ce roman sulfureux ? » se moqua Buffy.

Elle s’amusait d’autant plus qu’elle sentait vraiment son amie rougir , à l’autre bout du fil.

« Eh bien.. oui. Et au moins je pourrais le féliciter quand je le verrai au lycée ! » se défendit-elle.

La jeune femme rit aux éclats. « Peut-être ne souhaite – t-il pas qu’on lui rappelle qu’il a écrit çà. S’il demande un poste à Sunnydale , c’est certainement pour être tranquille. »

« Oui, bien sûr.. Mais au moins je sais ce qu’il a fait. Plus sérieusement , le proviseur a l’air de le tenir en haute estime. Il vient d’Oxford , et il a enseigné un an dans un établissement New-yorkais , et il paraît qu’il est charmant. »

A la mention d’Oxford , le cœur de Buffy manqua un battement. Décidément , cet inconnu n’avait de cesse de lui rappeler un passé peu joyeux.

« Tu ne vas pas me dire qu’il est anglais aussi ? » demanda t –elle exaspérée.

« Mais.. si, » répondit Willow. « Qu’y a t –il de si extravagant ? Monsieur Jansen est bien suédois , et il vit ici depuis dix ans.. »

Buffy n’écoutait plus . La main crispée autour de l’appareil téléphonique , elle se sentait brusquement la proie de l’angoisse insidieuse qui l’avait accaparée depuis Samedi matin. Elle repensa à son rêve. Mais aussitôt se moqua d ‘elle même. Il pouvait bien y avoir un second William , anglais , ayant fait ses études à Oxford , dans le monde.. sans qu’il n’ait rien à voir avec son William.. Qui n’était d’ailleurs pas le sien.

« … et j’ai dit à Tara que tu serais certainement occupée, » disait Willow.

« Oh oui, oui, tu as très bien fait, » dit-elle précipitamment. « Ecoute , je me rends compte que je dois me dépêcher si je veux être prête à temps. Je te laisse ! »

« Oui, euh.. d’accord. A demain ? » balbutia Willow , un peu étonnée de la manière abrupte dont son amie avait terminé la conversation.

« A demain , bien sûr. » jeta Buffy distraitement.

En fait elle était déjà plus que prête , mais elle venait de décider qu’elle pourrait avoir le cœur net quant à ses pensées sur l ‘identité de William Blomigdale en appelant Giles.

Malheureusement , quand elle chercha à joindre le lycée , on lui expliqua gentiment que la bibliothèque n’était pas encore ouverte , et que par conséquent , il ne répondait pas aux appels.
Reposant l’appareil avec agacement , Buffy décida qu’elle irait directement le voir.

Tout en conduisant vers l’établissement , elle eut en mémoire la dernière conversation qu’elle avait eu avec lui , après que William soit reparti en Angleterre , à la fin d’un séjour qu’il n’avait pas dû garder dans ses meilleurs souvenirs..
Pendant plusieurs mois , elle s’efforça de maîtriser sa curiosité grandissante quant à ce qu’il devenait , dans son université d’Oxford. Mais elle n’osait jamais aborder le sujet.
Giles avait-il deviné qu’il y avait eu quelque chose entre le fils de son ami , et la fille des Summers ? Elle imagina que non. Mais peut-être William lui même avait –il évoqué leur relation.. Comment avait-il expliqué son très brusque départ ? Quand ils s’étaient séparés devant le 1630 de Revello Drive le Samedi soir , elle savait qu’il ne devait pas quitter la Californie avant le Mercredi suivant.
Et pourtant , dés le lendemain Dimanche , Giles était venu leur rendre une petite visite et avait dit en passant que William avait pris le vol pour Londres via New-York à midi, le jour même.

Elle n’oublierait pas le sentiment de douleur intense qui l’avait terrassée.

Et elle s’était tournée vers Angel qui ne demandait qu’à accueillir une jeune fille aimante dans la chaleur de ses bras.


Cependant , le jour de la remise des diplômes du baccalauréat, elle avait trouvé le courage de poser la question . Giles venait de la féliciter , et de lui expliquer quelle vie nouvelle l’attendait en Septembre quand elle murmura : « Et William ? A t –il réussi son année ? »

Il lui avait jeté un coup d’œil surpris , derrière ses lunettes.

« Oui , d’après ce qu’il m’ a dit ses examens ont dû se passer sans problème. Mais ce n’est pas pour l’ardeur qu’il a mise dans ses études, » poursuivit –il avec une note d'ironie un peu triste.

« Que voulez- vous dire ? »

« Qu’il n ‘ a pas cessé d’avoir des ennuis et de se conduire de pire en pire, » expliqua t –il avec lassitude. « Le directeur de l’Université m’ a appelé il y a peu , et William s’était mis dans de mauvais draps. J’ai dû lui expliquer que , malgré mes liens avec sa famille , je ne pouvais être d’aucune utilité dans la résolution de ses problèmes. Et étant donné qu’il a dix neuf ans , il est entièrement responsable de ses actes. C’est un miracle qu’il n’ait pas été exclu. Mais il a toujours eu des ressources hors du commun. »

Cela avait bouleversé la toute jeune fille. Pourquoi continuait –il à gâcher son avenir en fréquentant des gens qui ne pouvaient que lui apporter des ennuis ? S’il avait les capacités intellectuelles pour être à Oxford et réussir ses études , n’avait-il pas assez de jugement pour faire ce qui était bien pour lui ?

Elle se promit qu’elle ne poserait plus jamais aucune question concernant un garçon qui avait disparu de sa vie. Et quand , plusieurs mois plus tard , elle surprit les mots échangés entre Giles et Joyce discutant au salon , elle s’étonna de la rage douloureuse dans laquelle la mit la révélation.
William fréquentait une jeune fille anglaise , d’un milieu social huppé , mais qui avait apparemment décidé que la révolte contre la société , sous toutes ces formes possibles, était l’aventure la plus excitante. Ils venaient d’être arrêtés tous les deux , au sortir d’une soirée , alors qu’ils étaient dans un état indescriptible. Et il avait de la cocaïne dans ses poches.

De ce jour , elle se jura qu’elle ne lui accorderait plus une pensée.


* * * * *

Le proviseur ne les garda que peu de temps dans la salle des professeurs où avait lieu la réunion. Buffy fit la connaissance de ses principaux collègues , une femme d’une quarantaine d’années qui enseignait également la gymnastique , et un homme qui pouvait avoir trente ans , Jarvis , et qui lui fit immédiatement l’effet d’une personne simple et pleine d’humour.
Le reste des gens présents étaient un groupe d’enseignants en arts plastiques , et musique. Dans l’ensemble ils lui firent une impression agréable , et elle avait un emploi du temps plus que favorable : elle ne travaillait pas le Lundi matin ni le Mercredi toute la journée , et terminait un peu plus tard le Jeudi.

Elle brûlait d’aller à la bibliothèque , mais elle dû écouter les diverses recommandations , et le bavardage de chacun pendant quelques instants , d’ailleurs elle le fit sans ennui.
Enfin , après avoir promis à Jarvis qu’ils trouveraient de temps en temps un moment pour évoquer la façon dont ils prépareraient ensemble leurs élèves au spectacle de fin d’année , qui était l’un des objectifs du programme , elle s’envola littéralement dans les couloirs.

Marcher à travers ces lieux où flottait une odeur indistincte de peinture fraîche , la transporta des années arrière. A pas lents elle longea les salles , reconnaissant l’endroit où elle avait tant de fois donné rendez-vous à Willow.
Elle passa devant les casiers , fit courir un doigt tout le long , rêveuse. Sans bruit , elle parvint aux doubles portes vitrées de la bibliothèque. Retenant son souffle , elle les poussa doucement. Un silence presque complet régnait sur les lieux, mais en tendant l’oreille , elle reconnut le son des pages d’un livre que l’on tourne. Et en effet , elle trouva Giles au détour d’une rangée , absorbé , tenant entre ses mains un grand cahier rigide et un crayon .

« Oh.. Buffy ! Quelle surprise.. » dit-il avec un bon sourire. « Je suppose que tu sors de ton entrevue avec Mr.Wood ? »

« Oui, réunion de prérentrée ! » dit-elle en se tenant à quelques mètres de lui.

« Et.. tout va bien ? Tu es contente de tes heures de présence ? »

« Oui, oui.. c’est parfait. » Elle croisa ses mains devant elle , semblant passer d’un pied sur l’autre.
« Et vous ? En train de vérifier qu’il ne vous manque aucun ouvrage ? » plaisanta t –elle.

« Oh.. hum.. eh bien, oui. » Il retira ses lunettes et referma son document. « Tu sais comme je suis.. Mais cette année nous allons nous doter de deux ordinateurs , et nous pourrons avoir des envois éventuels de livres d’autres bibliothèques. »

« Oh.. bien , c’est bien. »

Il vint vers elle , l’observa d’un air pénétrant. « Je suis heureux que tu sois venu me dire bonjour , mais.. avais-tu quelque chose de précis à me demander ? » Il penchait un peu la tête et elle lui rendit résolument son regard.

« Oui. J’ai appris qu’il y avait un nouveau professeur de littérature anglaise, » commença t –elle en l’observant avec acuité. Il l’écoutait , impassible. « C’est Willow qui m’en a parlé, à vrai dire, » dit-elle avec un petit sourire. « Et ,je me disais.. je.. enfin, elle m’ a annoncé qu’il s’agissait du romancier William Blomigdale. »

« Oui, tout à fait, » dit-il . Ses yeux contenaient une certaine curiosité et autre chose.. qu’elle ne sut pas définir. « Tu as entendu parler de lui , je présume ? » demanda t-il.

« Je.. oui, bien entendu. Il y a eu assez de tapage médiatique autour de son roman, » dit-elle avec un petit geste désinvolte de la main. « Mais Willow m’ a dit des choses.. curieuses. Il vient de New-York , où il a juste enseigné un an , après avoir passé son diplôme à Oxford.. »

Elle s’interrompit et prit sa respiration. Il attendait qu’elle continue .

« Et vous allez me trouver ridicule mais cela fait beaucoup de coïncidences avec William Kensington. Etiez-vous resté en contact avec lui depuis quatre ans ? »

« Pas exactement. C’est lui qui m ‘ a donné signe de vie , il y a deux ans. Pourquoi ? »

« Eh bien j’ai pensé qu’ils étaient peut-être une seule et même personne, » avoua t –elle. « Vous m’aviez dit qu’il avait l’intention d’étudier la littérature , et si l’on rajoute cela aux études à Oxford , au fait qu’ils sont anglais, et que.. »

.. et que j’ai rêvé qu’il venait à Sunnydale.. continua t –elle dans sa tête.

« En quoi cela a t –il une quelconque importance pour toi , Buffy ? » interrogea t –il avec un intérêt qui la mit en garde.

« Pas d’intérêt , je vous assure ! » s’écria t –elle. « De la simple curiosité. Je sais que vous étiez attaché à William.. et que.. il n ‘ a pas dû garder un très bon souvenir de son court séjour ici. »

« Oui , j’étais très attaché au jeune William, » répéta Giles d’un ton pensif. « Et l’existence en a fait quelqu’un de bien différent du jeune homme que j’avais accueilli chez moi il y a bientôt cinq ans. Quand je l’ai revu il y a deux ans je l’ai à peine reconnu, » termina t –il avec un petit rire en secouant la tête. « Mais c’était peut-être dû au fait que j’avais du mal à croire à tout ce qu’il racontait dans son livre. »


Buffy sentait son cœur s’emballer sauvagement. Elle se rendit compte que ses paumes de mains étaient moites et qu’elle avait la gorge très sèche. « William.. c’est William ? » murmura t –elle d’une voix tendue.

« Eh bien.. » Elle regardait Giles avec des yeux troublés , interrogateurs. Elle ne vit pas qu’il détachait son regard pour le porter sur quelqu’un derrière elle.


« Bonjour , ma jolie, » murmura une voix qu’elle aurait reconnu entre mille.

Elle ouvrit des yeux agrandis par la surprise , alors qu’elle réalisait maintenant que Giles ne la regardait plus , mais semblait contempler avec une indulgence amusée celui qui venait de parler. Elle fit volte face et son cœur cogna violemment dans sa poitrine.
C’était l’homme qui était venu dans ses rêves. Son William.. qui ne ressemblait plus au garçon un peu timide , aux boucles châtain retombant sur son front , et dont les chemises un peu grandes ne dévoilaient pas la stature athlétique.


Il s’était transformé en la créature la plus incroyablement séduisante qu’elle n’avait jamais eu sous les yeux : entièrement vêtu de noir avec un tee-shirt qui moulait son torse d’une manière insolente et laissait voir ses bras délicieusement musclés , un jean qui prenait sa taille et ne cachait rien de ses jambes puissantes .
Et , comme dans son rêve , il avait à présent des cheveux d’un blond presque blanc , coiffés en arrière , et son visage demeurait ténébreux , ses lèvres sensuelles marquant un pli un peu ironique.

« Spike , j’étais en train d’expliquer à Buffy.. » intervint Giles d’une voix un peu agacée.

« J’ai entendu. » répliqua t –il sans quitter la jeune femme de ses yeux bleus fascinants. « Ne trouves -tu pas extraordinaire que l’on soit tous les deux ici ? » demanda t –il en s’avançant et lui adressant un léger sourire.

Elle se remettait de son premier choc. Elle songea que , grâce à sa venue dans ses rêves – même irréelle - , elle n’afficherait pas la même stupeur agacée que chez elle.

« Si , c’est pour le moins.. intéressant, » acquiesça t –elle. Elle s’efforça de respirer plus librement. « Bonjour , William. »

Ses yeux flambèrent de dédain. « William est uniquement mon nom de plume. Je m’appelle Spike, » dit-il d’un ton un peu sec.

Elle cacha son trouble. N’était-ce pas le nom qu’il avait employé déjà ?

« Oh , et en quel honneur ? » se moqua t –elle avec une assurance qu’elle ne ressentait pas vraiment.

« William était un naïf que personne ne voulait écouter. Et simplement parce que c’est un nom.. » Il eut une moue à la fois pensive et fière, « .. que j’ai mérité, » termina t-il en haussant un sourcil.

Ce petit geste suggestif était si inattendu qu’elle restât sans répondre. Cependant il paraissait s’être radouci quand il vint prendre une de ses mains entre les siennes.


« Buffy. »
Elle eut pour une très brève minute la sensation d’être en face de William , et une émotion profonde lui brûla les poumons. Sa voix était si grave et douce.

Ils restèrent un instant sans parler. Giles , derrière eux , se racla la gorge.

« Mes enfants , je vous suggérerai de continuer votre conversation dans un endroit plus approprié, » dit-il en retirant ses lunettes. « Je suis loin d’avoir fini mon travail. »

« Oh mais je dois y aller ! »
« J’étais venu te demander si tu avais le dictionnaire des idiomes du 18ième siècle. »

Ils avaient parlé en même temps. Le bibliothécaire les enveloppa d’un regard affectueux.

« Oui , je dois avoir ce que tu cherches, » dit-il en s’en allant vers un autre rayon.

Buffy en profita pour s’échapper vers la porte comme si le feu était à ses trousses.

« Merci Giles, à bientôt ! » lança t –elle.

Elle jeta un coup d’œil vers Spike qui n’avait pas bougé. Il la regardait avec attention.

« Je te laisse le temps de chercher, Rupert ! » lança t –il , sans quitter la jeune femme des yeux.

Le bibliothécaire bougonna quelque chose d’indistinct en disparaissant dans les rayons.


« Je suppose que je te croiserai demain, » dit-elle en se dirigeant vers la sortie.
Mais il la rejoignit en deux enjambées , et , à la minute où elle allait franchir le seuil , elle eut la surprise de le trouver en face d’elle .

Un silence étrange dansait entre eux. Il la regardait avec une attention un peu narquoise , et elle leva le menton.
« Tu es magnifique, amour. » Il passa son pouce sur une joue satinée et elle entrouvrit ses lèvres sous la surprise. « Est-ce que tu vas bien ? »

Buffy savait que sa question portait sur un temps bien plus important que ces derniers jours. Elle était infiniment troublée. Comment concilier son souvenir du jeune homme impétueux aux boucles châtain en désordre, au regard bleu noyé derrière ses lunettes , avec cet homme affichant une assurance presque intimidante , et dont la voix était devenue d’une profondeur rauque qui jouait sur ses nerfs ?
Et.. ses yeux étaient si perçants, sa bouche si.. sensuelle.

« Je vais bien, » répondit-elle avec douceur. « J’ai terminé mes études à l’Université en Juin dernier, et je suis là , comme tu le vois. »

Il sourit. « Tu fais le métier que tu voulais ? »
« Oh je suppose que oui, » dit-elle d’un ton léger. « Tu sais je n’ai jamais été une intellectuelle. Mais toi.. quel parcours stupéfiant. »

« Non, je t’assure que cela n’a rien de stupéfiant. J’ai réussi mes études car cela me passionnait. Quant au reste , je ne sais pas si on peu m’appeler un auteur. J’ai écrit ce roman, mais rien ne dit que j’en produirai d’autres. .. à moins que je ne sois inspiré. »

Il eut une expression qu’elle ne sût déchiffrer.

« Je ne l’ai pas lu, » souffla t –elle. « Mais maman , si ! Et un grand nombre d’autres personnes. »

« Eh bien j’espère que tu le feras, » murmura t –il en s’approchant davantage. « Et tu me diras ce que tu en penses. »

Il sentait la cigarette, mêlée à un after-shave délicieux. Elle battit plusieurs fois des paupières , et avala sa salive .

« Je dois y aller. »

« Oui, bien sûr, » dit-il en tressaillant , comme s’il faisait un effort.

Elle tourna les talons , mais lui fit un petit signe de la main en commençant à marcher de son pas gracieux. Quand elle eût disparu au détour du couloir , le visage de Spike avait pris soudain une expression de désir douloureux.

Il ne prêta guère attention à ce que racontait Giles , déambulant dans la rangée la plus au fond de la salle.

Son cœur et son corps avaient suivi Buffy en dehors des lieux , et il aurait tout donné pour se transformer en cette minute en un esprit dansant , vagabondant auprès d’elle , invisible.


A suivre.
Chapitre 7 by Cassiopea
Author's Notes:
Je vois avec beaucoup de regret que pas une lectrice ne se donne la peine de laisser un commentaire. Cette histoire ne sera donc plus mise à jour ici.
Pour celles qui , éventuellement ???!souhaiteraient lire la suite , je rappelle simplement que toutes mes fictions , ainsi que 'Rose de Decembre ' sont sur livejournal. Pour en connaitre l'adresse , dans la mesure où vous voulez faire partie du groupe de lectrices fidèles et adorables qui échangent leurs opinions avec moi , vous pouvez me contacter.

Suis-je triste et désappointée ? Oui.
Chapitre 7.



Buffy rentra sans faire vraiment attention à ce qui se passait autour d’elle. Elle avait du mal à croire qu’elle avait pu rêvé d’un événement qui allait réellement se produire.
Les choses avaient été un peu différentes dans la réalité.. Il l’avait observé avec une curiosité tranquille.
Mais il était apparu tout en noir , confiant et splendide. Et il avait semblé aussi ému qu’elle. Oui, de cela , elle en était sûre.

Elle brûlait de savoir par quel hasard extraordinaire il se trouvait à Sunnydale ..
Et elle s’interrogea encore sur ce que lui réservait l’avenir , travaillant dans le même établissement que William.. non , Spike Kensington. Quel prénom étrange , et un peu ridicule, se dit-elle en préparant son repas.
Et la manière dont il avait laissé entendre qu’il le portait avec raison. Elle eut une bouffée de chaleur au souvenir de la chaleur intime qu’elle avait lu sur ses traits.

Elle referma brutalement la porte d’un placard et faillit se faire mal au doigt . Cela venait certainement de l’époque de sa vie agitée. Quand il vivait dangereusement et se moquait du monde entier.


Elle mangea , perdue dans ses pensées. Quand le téléphone sonna , elle maudit la personne qui l’empêchait de continuer à rêver tout éveillée. C’était Joyce , qui s’enquerrait naturellement des nouvelles du lycée. Buffy lui expliqua en quelques mots qu’elle était satisfaite avec son emploi du temps et ses collègues les plus proches , pour l’instant.
Elle omit d’abord l’arrivée de William. Mais elle demanda à sa mère si cette dernière avait toujours en sa possession le roman de Blomigdale. Joyce répondit qu’elle devait vérifier si une de ses amies ne l’avait pas encore chez elle , car elle l’avait prêté à un nombre considérable de personnes.
Elle termina sa phrase avec un petit rire joyeux qui agaça Buffy.

« Maman, sais-tu que ce romancier qui a l’air de te plaire au plus haut point est William Kensington ? Le jeune homme que Giles a ramené dans ses valises à Noël il y a bientôt cinq ans ? »

« Mais naturellement. Il y a eu un interview à la télévision. Et malgré les changements importants dans son allure , j’ai très bien su que c’était lui. Son visage , ses yeux .. son sourire. Rien de cela n’avait changé. Il a fait son chemin depuis ses frasques à Oxford, » reconnut –elle avec un petit soupir.

« Quoi ? » suffoqua Buffy. « Tu savais et .. et tu ne m’as rien dit ? »

« Mais , en quoi cela t’aurait-il intéressée , Buffy ? Quand il est venu ici vous n’avez pas eu l’air de bien vous entendre. Et quand Giles a expliqué plus tard les ennuis dans lesquels il s’était mis , je t’ai entendue distinctement dire que tu ne voulais plus entendre parler de lui. »

Joyce paraissait sincèrement étonnée. « C’est Giles qui m’ a fait signe pour regarder l’émission. Je dois avouer que j’étais stupéfaite. Et j’ai parcouru son roman avec d’autant plus d’intérêt. Il a eu deux années vraiment si difficiles après la mort de sa mère. Et quand il a fait la connaissance de cette jeune femme anglaise , je crois que cela lui a été d’un grand secours , malgré les égarements dans lesquels ils sont tombés ensuite.. »

« Merci maman ! » coupa Buffy. « J’ai compris que tu aimes son livre , et que tu pourrais en parler pendant des heures. Je te demande simplement de le mettre de côté à l’occasion. »

« Et pourquoi cette curiosité soudaine , jeune fille ? » demanda Joyce. « Tu as toujours déclaré que ce genre d’écrits ne t’attiraient absolument pas. »

« Maintenant que je sais que c’est William qui l’ a écrit.. » commença t –elle.

« Tu dois t’attendre à des révélations fracassantes. Je ne sais pas si tu pourras le regarder en face après ta lecture. »

Buffy ne sut pas discerner si sa mère parlait sérieusement , ou tentait de se moquer un peu d’elle.

« Des révélations, » répéta t-elle. « De nature très personnelles ? »

A l’autre bout du fil , Joyce rit gaiement. « Absolument. Mais c’est écrit sous une forme romancée. Et naturellement il reste très vigilant à ne pas donner de descriptions graphiques. »

Buffy sentit ses joues devenir chaudes.

« En fait.. » hésita t –elle , « j’ai revu William. »

« Quand ? » demanda Joyce , stupéfaite.

« Aujourd’hui.. Il est un des nouveaux enseignants au lycée. »

« Mais c’est un hasard extraordinaire. Et vous vous êtes parlés ? Il t’ a reconnue ? » continua t –elle , d’une voix curieuse.

« Oui, bien sûr.. Je.. nous nous sommes croisés dans la bibliothèque. »

Joyce s’exclama que c’était une excellente nouvelle, et qu’elle aurait plaisir à le rencontrer. Buffy coupa court à la conversation en prétextant un peu de fatigue. Quand elle raccrocha , elle se sentit brutalement nerveuse.


Spike lui avait demandé.. non , avait dit espérer qu’elle lirait son roman, mais..
Elle ne savait plus si elle voulait vraiment découvrir certains aspects de l’existence tourmentée de William , avant qu’il ne devienne un respectable professeur de littérature.

Mais peut-être n’était il en rien respectable.
Peut-être donnait-il l’impression d’un intellectuel consciencieux , alors qu’il cachait une nature infiniment plus troublante , passionnée , se défiant du jugement des autres.

Peut-être était-il devenu cet homme arrogant , sûr de lui , d’une séduction dangereuse et fascinante , celui là même qui était entré chez elle quelques jours plus tôt , pendant son sommeil , et avait murmuré qu’il voulait reprendre la danse où il l’avait abandonnée..



* * * * * *


Vérifiant que le vestiaire était maintenant déserté par le groupe d’élèves bavardes qu’elle venait d’avoir pour la dernière heure de cours de sa journée , Buffy fit encore quelques étirements.

Elle était enchantée de ces premiers contacts avec trois classes agréables , qu’elle retrouverait plusieurs fois par semaine. Les adolescents avaient entre 13 et 15 ans pour la plupart.
Et elle s’était aperçu avec satisfaction que le programme qu’elle avait mis au point pour eux avait rencontré leur accord plutôt enthousiaste.

Elle s’accrocha à la barre le long du mur. Tout en faisant des flexions , elle ferma les yeux , se concentrant sur les mouvements . Une musique plus douce se diffusait maintenant dans la salle.


Spike s’était juré qu’il ne chercherait pas à la voir immédiatement. C’est le hasard qui les avait réunis dans la bibliothèque la veille , et il avait été si bouleversé de la revoir après bientôt cinq ans, qu’il n’avait pas fait un geste pour la retenir longtemps.
La journée s’était écoulée dans l’agitation des jours de rentrée , il avait eu cours toute la matinée , et pendant le temps du déjeuner n’avait pu éviter d’aller manger avec deux ou trois autres professeurs. Puis les deux heures de l’après-midi avait passé et il avait consulté sur le grand panneau qui ornait un des murs de la salle des professeurs à quelle heure Buffy terminait.
Bien entendu elle pouvait aussi bien se trouver sur les terrains extérieurs que dans les salles d’entraînement , mais le passage par le vestiaire était une nécessité. Et , quand il entendit la musique , il sut qu’il ne s’était pas trompé.


Le cœur battant, il s’approcha et resta sur le seuil . Elle ne lui offrait que les courbes de son dos , mais le spectacle le mettait déjà en émoi. Elle bougeait avec une sorte de langueur , une souplesse presque paresseuse , et ses yeux se gorgeaient de ses formes épanouies.

Elle avait pris des lignes plus voluptueuses que dans son souvenir : elle était mince , tonique, mais la finesse de sa taille mettait en valeur l’arrondi de ses hanches , et de ses reins.

Elle portait un pantalon de coton qui ne cachait rien de la perfection de ses jambes et un tee shirt blanc sans manche. Elle avait attaché ses cheveux en une queue de cheval souple , et il suivait , subjugué , la tension de ses épaules, le mouvement de ses bras , et les muscles jouant dans le bas de ses reins lorsqu’elle se relevait.

Sa paroi abdominale se tendit et il prit une respiration profonde. Il n’avait fait aucun bruit, néanmoins elle se retourna vivement , une main accrochée à la barre.

« Oh , c’est toi, » murmura t –elle.

« Je ne voulais pas te faire peur, » dit-il en continuant à s’avancer.

Elle ne bougea pas. Il n’était plus habillé de noir , dans ces vêtements qui lui conféraient une allure nonchalante , mais l’effet qu’il avait sur elle n’en demeurait pas moins dévastateur.
S’il elle en jugeait par la coupe à la fois stricte et très séduisante de l’ensemble veste et pantalon gris pâle, assortis à une chemise blanche au bouton du haut défait , c’était son apparence de travail.
Et elle eut encore plus de mal à associer dans son esprit cet homme élégant , au charme et à l’assurance éblouissants , aux cheveux blonds lissés en arrière , avec le jeune homme aux boucles dorés, aux yeux bleus que ne gâchaient pas les lunettes cerclées, à l’apparence parfois timide. Et il était devenu indéniablement plus athlétique.

« Je n’ai pas eu peur. Tu m’ as un peu surprise , c’est tout, » répliqua t –elle en attrapant une serviette sur le dossier d’une chaise.

Elle la passa sur sa nuque et il suivit les gouttes de sueur qui perlaient à la base de son cou. Il devinait le chemin que l’une d’entre elle allait prendre.

« Tu as besoin de dépenser ton énergie même après ta journée ? » Il haussa un sourcil interrogateur.

« Oui, » reconnut-elle. « Et toi ? »

« Moi ? » ses lèvres s’étirèrent en un pli sensuel. « Tu veux savoir si j’ai besoin de dépenser de l’énergie après mes heures de cours ? »

Elle se détourna et fit mine de rejoindre le petit espace où elle avait son casier.

« Je n’ai pas la patience de jouer à ce jeu avec toi. Es-tu satisfait ? »

Elle lui jeta un regard du coin de l’œil tout en continuant à passer la serviette le long de ses bras nus.

« Satisfait que tu n’aies pas de patience ? Ou satisfait d’être ici, au lycée de Sunnydale ? »

Il avait continué à s’avancer et la regardait sans éprouver le moindre embarras. Il nota combien sa poitrine se soulevait rapidement , et combien le tissu moulait ses seins. Elle surprit son regard et ses yeux devinrent étincelants.

« J’aimerais me rhabiller seule , si tu n’y vois pas d’inconvénient. »

« En as-tu pour longtemps ? »

« Pourquoi ? » demanda t –elle , enveloppant son visage dans une attention soutenue.

« J’aimerais te raccompagner. » Sa voix avait des intonations caressantes.

« J’ai des courses à faire , mais.. » Elle lui tourna le dos et retira son tee-shirt. Quand elle entreprit de dégrafer l’attache de son soutien-gorge il retint son souffle. Mais elle disparut dans la salle de douche attenante.

« ..tu es à pied , je le sais. Nous pourrions prendre un café. »


Elle ne répondit pas immédiatement , et il entendit le bruit de vêtements que l’on jette par terre. Puis l’eau qui commençait à couler.

L’idée qu’elle soit entièrement nue .. juste là.. de l’autre côté de la cloison , fit naître une flambée de désir puissant . Il ferma les yeux et serra sa mâchoire.


Appuyé au mur , il songea qu’ils reprenaient une conversation comme s’ils s’étaient quittés seulement quelques jours avant. Pourtant ils étaient des étrangers l’un à l’autre . La joie d’être en sa présence à nouveau se mêla soudain au désespoir déchirant qu’elle lui avait infligé en le laissant partir.


Perdu dans sa rêverie , il ne vit pas qu’elle était revenue , habillée d’un jean blanc et d’une tunique vert anis . Ses cheveux se répandaient en mèches désordonnées autour d’elle et il émanait de sa peau un parfum de fruits délicat.

« Je veux bien que tu me déposes dans la grande rue , mais de là je rentrerai chez moi à pied. »

Elle rassembla ses affaires. « As-tu déjà trouvé un appartement ? » s’enquit-elle alors qu’elle s’éloignait vers la sortie , son sac sur l’épaule.

Il marchait à ses côtés , les mains dans les poches.

« Oui. Giles m’a aidé. Naturellement c’ est dans un état assez indescriptible pour l’instant , mais d’ici une semaine les cartons auront disparu. Et j’ai encore plusieurs achats à faire. Mais j’ai le principal. »

Ils étaient dans le couloir qui menait au grand hall et croisèrent quelques personnes qui les saluèrent.

« Le principal ? Tes livres de poésie ? » sourit-elle.

Il sembla touché par cette remarque et elle nota qu’une douceur rendait le bleu de ses yeux d’une pureté déroutante. Mais il secoua la tête.
« Non , mes livres sont encore dans les cartons. Et la collection a singulièrement augmenté depuis Oxford. »

Elle l’avait suivi vers le parking de l’établissement tout en marchant d’un air un peu distrait. Quand il s’arrêta devant une voiture de sport noire d’un modèle ancien , elle s’écria : « Ne me dis pas qu’un romancier célèbre comme toi ne cherche pas à rouler dans une voiture plus extravagante. »

Il lui ouvrit la portière et elle s’installa.
« Tu sais que je me moque de ce qui se fait ou ne se fait pas. » dit-il. « Et je ne suis pas un romancier célèbre. Tout au plus quelqu’un qui a écrit un ouvrage apprécié. »

Il mit sa ceinture et démarra. Son visage était devenu fermé. « Mon roman m’ a rapporté beaucoup d’argent , mais la publicité finira bien par s’atténuer. Je ne l’ai pas écrit pour çà. »

Elle regardait devant elle. Tout à coup l’habitacle lui paraissait étouffant.

« Pourquoi l’ as –tu écrit ? »
« Pour exorciser quelques démons. Pour oublier des erreurs. Pour comprendre ce que j’attendais de la vie. »

Buffy se demanda si il la considérait comme une erreur. Ou si leur brève rencontre faisait partie des douleurs à analyser. Elle aurait voulu lui demander tout cela, mais bien entendu, ce n’était pas le moment idéal.


« Mais tu m’a demandé en quoi consistait le principal chez moi. » reprit-il d’une voix presque tendre. « Une télé , un four , et mon lit, bien sûr. » Il termina par un petit clin d’œil dans sa direction.

Il eut la satisfaction de voir les joues de Buffy prendre une légère coloration rose. Il s’étonna , et s’amusa , de constater qu’une simple remarque pouvait la mettre mal à l’aise.


« Gare-toi là ! j’aimerais prendre un ou deux magazines. » s’exclama t –e lle.

« Mais tu ne préfères pas le centre commercial ? »
« Oh je n’y vais que par pure nécessité. Quand j’ai besoin de vêtements. »

Il ralentit , se gara le long du trottoir. « Travailles-tu demain ? »

« Non. Je reprends jeudi matin. Et toi ? »

« Je crois que oui, » Il baissa la tête d’une manière adorable qui lui rappela instantanément William. « Il faut que je vérifie. »

Elle posa sa main sur la poignée mais n’ouvrit pas.

« Merci, » dit-elle en lui adressant un sourire léger.

Il lui prit l’avant –bras , la retint. Elle en fut à la fois soulagée et oppressée.

« Tu ne veux pas savoir pourquoi je suis revenu ici , amour ? »

L’appellation lui fit courir un feu vif dans les veines. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit.

« Parce que tu n’aimais pas New-York ? » souffla t –elle.

« New-York était fantastique. Et mon temps à Oxford a été une expérience.. enrichissante. » Il avait prononcé ce mot comme s’il s’agissait d’un pêché. « Mais je savais qu’un jour ou l’autre , mon existence serait liée à cette ville. Giles m’ a dit ce que tu étais devenue depuis ta dernière année au lycée. Je l’ai revu au moment de la sortie de mon livre , comme il a dû t’en parler hier. »

« Oui.. Et cela ne me dit pas pourquoi tu as quitté la côte Est , si tu y étais si heureux, » répliqua t –elle avec humeur.

« Je n’y étais pas heureux. J’ai dis simplement que c’était un endroit fantastique. »

Elle tourna son visage vers lui et fut électrisée par sa proximité. Son parfum , l’odeur discrète de tabac , le grain de sa peau , lui envoyaient une multitude de petites ondes électriques.

« Giles m ‘ a dit qu’un poste se libérerait sans doute pour cette rentrée. J’ai écrit , et j’ai insisté pour l’avoir. Mon nom a dû être un atout pour le proviseur. Wood a tout fait pour engager Blomigdale , en définitive. »

Elle n’aimait pas le ton sarcastique qu’il venait d’employer.
Mais à la minute où elle s’inquiétait des notes amères qu’elle avait entendu dans le son de sa voix , elle fut chavirée par le contact de sa bouche. Il l’avait enfouie dans la paume de sa main et cette sensation la fit gémir. Mais elle réprima la moindre manifestation de son corps . Il avait à peine embrassé sa chair qu’elle se dégagea avec vivacité.

« J’aime l’odeur de ta peau, » avoua t –il d’une voix rauque. « Et au moins tu ne portes plus sa bague. »

Elle le regarda , comprenant qu’il ne prononcerait pas le nom d’Angel , alors qu’ils avaient tous les deux à l’esprit l’instant de passion qu’ils avaient partagée à Ming River.

« Qu’en sais-tu ? » souffla t –elle d’une voix tendue. « Je pourrais l’avoir oubliée chez moi. »

« Et cet homme fidèle et amoureux ne t’aurait pas épousée depuis toutes ces années ? C’est qu’il devait être bien pire que ce que je craignais. »

« Tais-toi. Tu ne sais rien de notre amour ! » se défendit-elle , effrayée de sa proximité.

Il lui prit la nuque lentement , et elle demeura immobile , ses yeux verts deux splendides étoiles vertes lançant des éclairs.

« Je sais qu’il t’ a quittée depuis plus d’un an, » murmura t –il , sa bouche à quelques centimètres de la sienne. « Il n’était pas si parfait. »

Elle le repoussa , la respiration haletante. « Et toi , es- tu un spécialiste des relations réussies ? »

Le regard de Spike se rétrécit , puis ses yeux devinrent chargés de soupçons.

« De quoi parles-tu ? Penses-tu que je suis toujours avec Drusilla ? »


C’était la première fois qu’elle entendait ce prénom. Ce prénom haï , puisqu’il était lié à un passé où William avait su retrouver le bonheur dans les bras d’une femme , après qu’il l’ai suppliée de lui accorder une chance. Buffy eut une petite moue .


« Oui , Drusilla, » répéta t –elle. « Tant de personnes autour de moi ont évoqué ton livre , et Giles m’avait dit que tu avais rencontré cette anglaise quand tu as repris ta seconde année à Oxford. »


Elle brûlait d’un sentiment inconnu.
Elle brûlait d’une furie qu’elle ne comprenait pas. Il l’observa avec acuité , laissant ses yeux suivre l’ovale du visage , les narines frémissantes , le tremblement de sa lèvre inférieure. Puis il eut un sourire ténébreux.

« Drusilla m’ a sauvé de la déchéance. Je n’étais rien quand elle m’a trouvé , et sans elle je crois que je serais.. »
Elle était ébranlée par la tension de sa voix. « Si tu veux en savoir davantage , lis mon livre, » termina t –il .
Il relâcha l’emprise qu’il avait sur son cou , et elle en éprouva un sentiment de déception qui l’agaça.

« Comme si je mourrais de savoir comment tu es devenu un écrivain à succès , et un professeur respecté. »

Elle le toisait , fière , le menton dressé. Elle était magnifique.

« Oh mais tu en mœurs d’envie, » murmura t –il. « Et tu n’as pas changé , amour. Tu ne sais toujours pas reconnaître quand tu as tort , et quand j’ai raison. »

« Je t’en prie ! »
Ils s’observèrent , et aucun d’entre eux ne baissa les yeux.
Mon Dieu.. songea t –elle. Elle reconnaissait l’impétuosité de William en lui , mais il la masquait avec un contrôle surprenant.

Elle eut un geste inattendu , et passa un doigt son front pour replacer une petite mèche indisciplinée.

« Mais je suis heureuse que tu aies réussi, et que tu fasses le métier que tu aimes, » souffla t –elle.

Il revivait sous la caresse de sa main. Elle continua à le rendre fébrile en suivant la cicatrice qu’il portait au bout du sourcil gauche.

« Comment t’es –tu blessé ? » demanda t –elle.

« Une bagarre, » répliqua t –il , le souffle un peu court. « Presque toutes mes années à l’Université ont été agitées. »

Ils gardaient leurs yeux aimantés. Elle se recula légèrement et il attendit qu’elle ajoute quelque chose. Son beau regard vert était devenu pensif.

« Giles m’a dit.. » Elle baissa la tête , se mordilla la lèvre. « L’année qui a suivi ton départ, j’ai entendu Giles expliqué à maman que tu vivais dangereusement. »
L’emploi de ce mot lui fit lever un sourcil . « Je suppose qu’il voulait parler de ma période la plus noire. Quand j’ai goûté à une certaine quantité de substances illicites. » Il semblait amusé , insouciant.

Elle ouvrit la portière cette fois, et son visage était désapprobateur. « Cela t’amuse peut-être , mais je ne trouve pas drôle que tu aies pu aller en prison ! » jeta – t-elle avec hargne.

« Je ne suis pas allé en prison. » Il riait.
Mon Dieu , qu’il était insupportable ! Elle aurait voulu le secouer .

« Ah oui ? Et comment aurais-tu pu l’éviter ? Si tu avais de la cocaïne sur toi.. »

« Tu es bien renseignée , on dirait, » souffla t –il . « Mais ce n’est pas la bonne version des faits. Si tu veux connaître.. »

« Oui, oui ! Je dois lire ton livre ! » tempêta t –elle.
Elle descendit de voiture et claqua la portière.


Il la regarda s’échapper et s’éloigner d’un pas dansant sur le trottoir. Il alluma une cigarette et respira quelques bouffées. Il aurait voulu la rattraper , écraser ses lèvres contre les siennes , la ramener chez lui. Il en avait assez de regarder Buffy Summers le quitter .


Mais il était profondément heureux d’être enfin là , où son cœur n’avait jamais vraiment cessé de battre.

* * * * *


Cette histoire n'est plus mise à jour ici désormais.
Chapter 8 by Cassiopea
Chapitre 8.


Spike terminait d’écrire au tableau les références des ouvrages à lire pour la prochaine fois , quand , à travers la porte vitrée de sa classe , il surprit Buffy appuyée au mur en face de la porte.

« Vous êtes priés de lire au moins la moitié du document pour la semaine prochaine, » annonça t –il d’une voix ferme.

Les élèves rangeaient leurs affaires dans un silence studieux. Dans l’ensemble il n’avait pas à se plaindre des classes qui lui avaient été assignées. Bien entendu il n’avait pas été dupe de leur curiosité presque palpable quand il avait accueilli les étudiants pour la première fois. Même si beaucoup n’étaient pas en âge de lire son œuvre , certains l’avaient fait , et les rumeurs allaient bon train. Il se doutait qu’on chuchotait . Avait-il vraiment vécu tout ce qu’il racontait ? Comment concilier l’apparence assez classique de ce jeune professeur de vingt cinq ans avec le jeune délinquant qui avait connu les questionnaires policiers ? Et le portrait de Drusilla devait bouleverser plus d’une fille.

Mais , après quelques jours , le rythme s’était mis en place , et il espérait être considéré comme n’importe lequel de leurs enseignants , même s’il avait conscience que les œillades énamourées de certaines jeunes adolescentes avaient tout à voir avec son allure extrêmement séduisante, et son passé de mauvais garçon.

Il avait surpris l’œil séducteur de trois ou quatre jeune fille – à seize ans , elles n’hésitaient pas à jouer de leurs charmes pour se faire apprécier- et cela l’avait fait rire.
Il veillerait à n’avoir aucun contact trop personnel avec elles , même si son bureau était ouvert pour un conseil à chaque fin de journée.

La sonnerie avait accéléré leurs mouvements , la salle se vidait . Il referma son cartable , vérifia qu’il n’oubliait rien et se dirigea vers le couloir.

Il n’avait pas vu Buffy depuis plusieurs jours. En fait , il l’avait croisée, mais elle était plongée dans une conversation avec son collègue prof de gymnastique , et elle lui avait simplement fait un petit signe de la main.
Quand il avait consulté à nouveau le tableau des emplois du temps , il s’était aperçu qu’elle terminait plus tôt le Vendredi , et il ne connaissait pas encore son adresse.
Mais il avait au un week-end occupé , passant tout son Samedi à vider les cartons les plus essentiels.
Giles et Jenny l’avaient invité à partager leur dîner ; il n’avait pu résister à aiguiller la conversation sur Buffy , apprenant qu’elle avait eu une année dernière peu facile après qu’Angel l’ait abandonnée.
Cette information l’avait mis en rage. Depuis qu’il était à nouveau en relation même irrégulière avec Giles , celui-ci lui avait dit que la jeune femme avait suivi un cursus à l’Université , qu’elle ne vivait pas avec Angel , puis qu’ils s’étaient séparés .
Ayant appris qu’Angel avait choisi délibérément de partir pour Los Angeles le renforça dans sa conviction que cet homme était un impossible imbécile qui n’avait jamais réalisé sa chance.

Il arrivait à sa hauteur.


« Alors, comment se passent les cours ? » demanda t –elle d’un air dégagé.

Elle était vêtue avec simplicité d’une robe fluide de couleur blanche parsemée de petites fleurs. Son teint gardait le hâle qu’elle avait dû acquérir pendant l’été , et contrastait merveilleusement avec la blondeur de ses cheveux , libres dans son dos. Elle était toujours plus belle que dans ses mémoires qui , pourtant , étaient d’une fidélité remarquable.
« Très bien, » dit-il en s’arrêtant juste devant elle. « En quel honneur m’attendais –tu ? »

« J’ai besoin de te parler d’une élève, » dit-elle en fronçant son petit nez.

Il avala aussitôt l’intense déception qui la submergea. « Des problèmes , déjà ? » s’enquit-il en commençant à marcher.

Elle aligna son pas sur le sien . Il était si .. délicieux dans ce costume , si incroyablement beau. Elle regarda à nouveau devant elle.


« Je ne sais pas. Il s’agit de Cinthia Malok , elle est en seconde 3 , et c’est une de deux classes que nous avons en commun. Elle est très insolente , presque provocatrice , et je n’en vois pas la raison. J’ai parlé avec deux autres de ses professeurs. Ils ont dit n’avoir rien remarqué , même si elle ne brille pas dans sa participation. »

Ils arrivaient dans le bureau de Spike. Elle nota la plaque dorée , où l’on pouvait lire W.Kensinton.

« Tiens, où est passé Spike ? » souligna t –elle avec un haussement de sourcils.

« Pour l’administration j’ai gardé mon nom. Et les élèves m’appellent Monsieur Kensinton, » répliqua t –il en ouvrant et en lui adressant un petit clin d’œil.

Elle respira son parfum . Il lança sa pochette sur un canapé de cuir fauve qui occupait un coin de la petite pièce , et elle entra derrière lui.
Son bureau était jonché de papiers de toutes sortes et un pan de mur était recouvert par des étagères pour l’instant assez vides. Une petite fenêtre donnait sur les parties verdoyantes de l’établissement , les chemins qui conduisaient aux terrains de sport.

« Et tu veux savoir comment se comporte cette élève dans mon cours ? » dit-il en se retournant et en s’appuyant à sa table de travail .

« Oui.. réfléchis si tu as constaté quelque chose de particulier, ou si elle s’est distingué d’une manière ou d’une autre. Même si on considère l’adolescence comme une période troublée , on ne doit pas laisser ce genre de comportement s’installer. »


Elle parlait en marchant , appliquée. Il pencha la tête , submergé par un bonheur intense.

Elle était là. Sa Buffy. Buffy.
Buffy..

Celle à qui il n’avait pas cessé d’accorder une pensée chaque soir , avant de fermer les yeux .

Elle n’était plus vraiment la même , tant de différences s’installent en presque cinq ans. Et il le constatait dans sa façon de se tenir , de s’exprimer , toute l’assurance qu’elle avait gagnée , la confiance en elle.

« As-tu une liste de tes élèves avec leurs photos ? »
Elle paraissait si sérieuse.

« C’est très possible. » dit- il en allant contourner la table et en ouvrant un tiroir. Il en sortit une pochette qu’il ouvrit , et à l’intérieur elle vit plusieurs listes de noms. « Tu sais je n’ai pas eu à me plaindre de mes classes . Tout le monde est attentif . Evidemment , j’ai deux ou trois adolescentes qui ont un œil un peu rêveur et qui rougissent facilement quand je leur adresse la parole, mais.. »

Il laissa sa phrase en suspens et attendit sa réaction. Elle vint se tenir debout à ses côtés et l’enveloppa d’un regard incrédule. « Tu sous entends que tu as des élèves qui.. qu’elles.. enfin.. »

Il éclata d’un rire chaud. « Oui, j’ai constaté que trois jeunes filles en particulier faisaient des efforts pour attirer mon attention. »
« Et cela t’amuse ? Te plaît peut-être ? »

« Bien sûr ! C’est mon rêve. »

Ses yeux verts brûlaient . « Tu es insensé ! »

Il renversa son visage en arrière et rit de plus belle, puis la regarda. « Ne pense pas n’importe quoi, Buffy. Ce sont des gamines qui me trouvent à leur goût , cela n’a rien de grave. Bon , jetons un œil sur ces photos. Je crois me rappeler qu’en seconde 3 , il y a une très jolie petite brune qui me fait des sourires fantastiques, » dit-il d’un ton de voix moqueur.

Elle cherchait le portrait de Cynthia. « Ne me dis pas que c’est elle ? » demanda t –il en retrouvant tout son sérieux, et en notant qu’elle avait arrêté son doigt sous le portrait d’une élève

« Mais si. Pourquoi ? C’est ta Lolita ? »
« Oui. » Ils échangèrent un regard.
« Pourquoi est-elle insupportable avec toi et séductrice avec moi ? » dit- il d’un air perplexe.

« Eh bien c’est une excellente question, » soupira Buffy. « Si encore elle était jalouse , mais je ne crois pas avoir envoyé de message inconscient.."
Elle s’interrompit , effrayée de ses propres mots. Spike s’était raidi , et il l’enveloppait à présent d’un regard différent.

« Quels messages pourrais-tu bien lui envoyer ? » Sa voix était devenue un murmure rauque , grave. Il plaça un doigt sous son menton , et sa main gauche vint instinctivement autour de sa taille.

Comme dans son rêve.

« Que je suis ta propriété ? »

« Ne sois pas ridicule, » souffla t –elle. Il se rapprocha plus , vint frotter la paroi dure de son ventre contre les hanches de Buffy. Elle respirait par à coups , le cœur soudain sauvage.

« Alors pourquoi agit-elle comme si elle était.. jalouse ? » murmura t –il en se penchant.

Il posa ses lèvres dans son cou , l’embrassa. Elle tressaillit , mais son visage se voilà d’un plaisir qu’elle ne chercha pas à dissimuler , et ,à sa surprise enchantée ,elle enroula une main sur sa nuque , comme pour le prier de demeurer ainsi.

« Elle nous a vus tous les deux , peut-être, » continua t –il en se redressant à peine. « Le jour où je t’ai déposée en ville. »

Elle sortit de sa torpeur , recula légèrement. Il demeura immobile , une veine battait dans son cou et elle devinait qu’il faisait appel à toute son emprise pour ne pas la reprendre contre lui.

« A quel jeu joues-tu ? »

« Oh tu le sais très bien , amour. »

« Je n’ai pas besoin d’homme dans ma vie, » tempêta t –elle en s’éloignant.

Elle allait saisir la poignée de la porte quand elle le sentit dans son dos , et aussitôt ses mains emprisonnèrent sa taille avec une telle affirmation de possession et de sûreté qu’elle laissa échapper un petit cri. Il se plaquait de tout son long derrière elle , elle palpitait , mais son esprit se rebellait , rempli d’incertitudes et de peurs.

« Spike… tes mains, » sa voix était base , contenue.

« Oui, amour, » répliqua t –il , délibérément ignorant l’avertissement dans sa voix.

Il accentua sa pression, et il n ‘y avait aucun doute sur la rigidité qu’elle sentait se loger au bas de ses reins. Mais ses paumes étaient presque immobiles , il se contentait d’envelopper ses hanches avec une pression douce.

« Tu as eu tout le temps de savourer ta vie de pauvre célibataire, » susurra t –il, mordillant son oreille. « J’ai toujours pensé que tu faisais une erreur en choisissant Angel, et tu ne vas pas continuer à t’apitoyer sur ton sort parce que l’amour de ton adolescence a préféré fuir ailleurs. »

Elle fit volte-face et le fusilla d’un regard chargé de colère. Mais curieusement elle ne fit rien pour s’éloigner.
Ils demeurèrent une longue minute , le souffle court , cherchant la vérité dans les yeux de l’autre.

« Tu es jaloux, » dit-elle calmement.

Le regard bleu de Spike prit des teintes si sombres qu’elle en fut fascinée. Elle vit sa mâchoire se durcir , ses narines frémir.

« Tu le sais, » gronda t –il. « Même si je sais aussi que tu ne pouvais pas m’écouter ,il y a cinq ans. »

Elle fut surprise qu’il reconnaisse combien sa situation émotionnelle avait été délicate.

« Je ne veux pas parler de mes années avec Angel, » dit-elle plus sèchement. « Il m’a rendue heureuse, et malheureuse, » continua t –elle avec une honnêteté désarmante.
Elle reculait vers la porte mais il la suivit , et elle se retrouva le dos appuyé au montant de bois, tandis qu’il se tenait tout prés , puissant, si infernalement séduisant.
Il attrapa son poignet et l’incita à venir le poser sur son torse.

« Cela fait un an. Penses –tu encore à lui ? » demanda t –il , le souffle saccadé.

Elle demeura silencieuse , mais la lueur de peine qu’il vit flamber dans les prunelles claires lui fit mal.
Elle gardait son visage baissé.

« Il n’en vaut pas la peine, » dit-il .

« Tu ne peux pas arriver, et juger mes choix et mes erreurs, » se rebella t –elle.

« La vérité est pénible ? »
« Quelle vérité ? Tu parles de ce que tu ne connais pas. »
« Je sais que tu l’as aimé et qu’il n ‘ a pas su te mériter ! »
« Et toi ? Est-ce pénible de réaliser que l’exceptionnelle Drusilla t’ a quitté sans doute parce que tu n’étais plus celui qu’elle voulait ? »

Il resserra son étreinte , ses yeux farouches. « Tu ne sais rien. »
Elle plaça ses deux petites paumes , à plat sur sa poitrine . Il était maintenant solidement ancré contre elle , et elle respirait son odeur de cigarette.

« Je n’ai pas lu ton livre , mais je peux comprendre ce qui s’est passé ! » murmura t –elle.

« Crois-tu , amour ? »

Elle le contemplait avec des yeux étincelants de colère et de défi qu’il n’ y avait jamais vus. A cette distance, la clarté de sa peau était somptueuse , et il vit avec fascination la ligne de sa lèvre supérieure qui tremblait.

Il regarda ses petites mains , à plat sur sa poitrine. Elles avaient instinctivement ébauché une caresse.
« Tu n’a pas oublié , n’est-ce pas ? » chuchota t –il .


« Je… Je t’en prie ! » Sa voix était sourde mais manquait de conviction. Il eut un petit rire profond qui donna instantanément des frissons à Buffy.
Elle jeta son visage en arrière , une petite plainte s’exhalant de ses lèvres entrouvertes.
« Oui , ma tigresse.. » gémit-il. Il s’approcha , capturant sa bouche avec une tentative à la fois sûre et légère.
Elle demeurait , essoufflée , la chevelure un peu désordonnée , et tout son corps vibrant. Elle ne lui rendait pas son baiser , mais s’offrait , le cou tendu , les lèvres entrouvertes , humides , et son parfum montait en vagues vers Spike , qui baignait dans une extase déjà exquise à la seule sensation de goûter à la soie de sa langue.
Il se redressa , le visage crispé .

« J’ai rêvé que tu revenais, » souffla t –elle. Elle parlait d’une voix incrédule, mais cherchait son regard , avidement.


Comme pour éprouver la force de ce fil invisible qui les liait l’un à l’autre depuis tant d’années , et les préservait du désespoir.


« Je ne pouvais pas faire autrement, » avoua t –il avec force. « Je n’ai pas cessé de penser à toi depuis quatre ans et neuf mois.. » continua t –il avec une ferveur douloureuse.

Elle parut ébranlée par cette révélation. Elle le contemplait , grisée.
Quand elle saisit sa nuque , il laissa échapper le souffle qu’il retenait et prit les lèvres offertes avec voracité.
Leur baiser dura quelques secondes hors du temps , et déjà elle se dégageait , ouvrait la porte et s’enfuyait.


Il demeura figé , le souffle saccadé , cherchant à comprendre ce qui venait de se produire.

* * * * * *

« Tara , chérie , tu veux bien apporter le reste des affaires ? » demanda Willow depuis le salon.

« Oui, mais que vous voulez –vous boire ?» demanda cette dernière avec un sourire , en s’appuyant au montant de la porte de la cuisine.

« J’ai préparé du thé glacé, » intervint Buffy , depuis sa situation confortable , assise en tailleur aux côté de Willow, toutes deux face à la table basse en verre , où étaient étalés plusieurs cartons.

Pour oublier l’état de tension important qui avait suivi l’affrontement avec Spike , Buffy avait immédiatement invité ses amies à se joindre à elle pour une dînette improvisée , la cuisine chinoise étant une gourmandise appréciée également par les trois jeunes femmes.

La porte fenêtre de la terrasse était ouverte , et les derniers rayons d’un soleil généreux venaient donner à la pièce un éclairage délicieux.

« Tu as peut-être vu large, » dit Willow en ouvrant la quatrième boite contenant du riz épicé.

« Oh , tu sais, s’il en reste , cela servira toujours demain, » murmura Buffy en savourant du poulet aux amandes.

Tara revenait avec un pot de thé , et une petite coupe de fraises.

« De toutes façons, la cuisine orientale ne fait pas grossir, » ajouta t –elle en se léchant les doigts.

Willow et Tara échangèrent un sourire. Pendant plusieurs instants , elles dégustèrent leur nourriture dans un silence appréciateur.

« Je n’en reviens pas que Spike Kensinton soit ici, » fit remarquer la jeune rousse en essuyant délicatement ses lèvres. « Je l’ai croisé au moins trois fois depuis la rentrée , il a été adorable. Je n’aurais pas cru qu’il se souviendrait de moi. »

« Et pourquoi pas , ? » dit Tara affectueusement , en passant une main le long de son bras. « Son séjour ici n’est pas si lointain. »

« Oh , oui. …bien sûr. Mais à l’époque je l’avais très peu vu. Bien entendu , nous avons parlé de son livre. Je lui dit combien j’avais aimé. Figurez-vous qu’il ne s’attendait pas à un tel succès. Il l’ a plus écrit comme une thérapie. »

« Une thérapie, » répéta Buffy qui saisit une boite pour en regarder le contenu. Elle fronça son nez et la reposa. « C’est à croire qu’il a vécu un véritable traumatisme dans les premières années de ses études à Oxford. »

Willow l’enveloppa d’un regard perplexe.
« Eh bien, je ne sais pas si on peut appeler cela un traumatisme, mais c’est définitivement une expérience qui l’a marqué. D’ailleurs , ne devais –tu pas lire son roman ? »

« J’ai demandé à maman qu’elle me le prête, mais elle semble l’avoir passé à tant de personnes qu’elle n’a plus aucune idée de l’endroit où il se trouve. »

« On pourrait te passer notre exemplaire, » suggéra Tara d’une voix douce. « Viens au campus dem.. demain ? »

« Oh oui , pourquoi pas ? » dit Buffy d’un air dégagé. « Ce qui m’étonne , c’est qu’il soit devenu ce professeur tranquille .. »

« Qui te dit qu’il est tranquille ? » pouffa Willow. « C’est le spécimen le plus sexy de tout l’établissement. Et je sais qu’il y a déjà au moins deux personnes qui l’ont remarqué. »

Tara la regarda avec une curiosité amusée. « Ne le trouvais –tu pas déjà très mignon il y a cinq ans ? »

Willow rougit. « Oui. Mais ce n’est pas parce que je m’intéresse aux filles.. enfin , à une en particulier, » ajouta t –elle en lançant à Tara une œillade à la fois coquine et très tendre. « .. que je ne sais pas apprécier la beauté masculine. Et toi, Buffy ? »

Celle-ci releva la tête avec vivacité. « Quoi, moi ? »

« Eh bien, tu ne le trouves pas craquant ? Il était adorable en William , mais à mon avis , l’adjectif qui lui correspondrait maintenant serait plutôt.. irrésistible ! »

« Oui.. oui , il n’est pas mal, » concéda t –elle. « Mais ses cheveux d’un blond si clair , c’est un peu spécial , non ? »

« Moi. ..moi.. je trouve que c’est sé.. séduisant, » dit Tara en baissant les yeux.

« Tu l’as rencontré ? »

« Tara est venue me chercher à la sortie d’un cours , hier soir , et il quittait le lycée en même temps que nous. Il a été d’une gentillesse exquise. Il nous a expliqué qu’il emménageait dans un appartement .. voyons voir.. Ah oui , je me souviens , sur Princeton road. »

« Ce n’est pas très loin de chez Giles, » remarqua Buffy.

« Il allait dîner chez lui ce soir là, » continua Willow. « Nous l’avons taquiné sur le fait qu’il ait choisi de quitter la vie trépidante de New York pour le calme désuet de Sunnydale. Il a expliqué que la Californie avait toujours été dans ses projets. »

Buffy était devenue pensive. Elle se souvenait des paroles du jeune William , qui déclarait qu’il pourrait revenir faire le reste de ses études ici, si seulement elle voulait bien..

« Et à mon avis , cela a à voir avec une certaine personne de notre connaissance. »

Willow avait une petite expression mutine.

« Sois plus claire , Will, » demanda la jeune femme blonde en secouant ses mèches impatiemment. « Que veux –tu insinuer ? »

« Eh bien, j’ai réfléchi. Et je me suis dit : pourquoi un jeune homme comme Spike , brillant romancier.. »
Buffy leva les yeux au ciel. Elle attrapa deux fraises qu’elle croqua avec délectation.

« ..pourquoi , disais-je , viendrait-il précisément à Sunnydale ? Sa relation avec Drusilla s’est terminée plutôt violemment.. »

A ces mots , Buffy tressaillit. « Ah.. ah , je savais que tu cachais ta fascination pour le beau et ténébreux Spike Kensinton ! » s’exclama son amie avec un large sourire.
Buffy la piqua avec une petite pique de bois. « Tu le fais exprès ! »

« Avoue , Buffy.. avoue qu’il te plaît. »

Tara observait les deux jeunes femmes tour à tour. Elle semblait attendre la réponse de Buffy avec attention.

« Je.. Je ne sais pas ce qu’il y a en lui.. mais.. »

Willow comprit que le ton plus grave traduisait une véritable préoccupation.

« Quand il était là à Noël , il y a bientôt cinq ans.. Il voulait sortir avec moi. »
Les deux amies poussèrent une exclamation sourde. « J’étais avec Angel, bien sûr et je.. je ne pouvais pas écouter .. je ne pouvais pas.. »
Elle parlait à voix plus basse , et son regard était fixé dans le vide. « Mais il y avait quelque chose entre nous. Comme.. comme s’il savait qu’ en moi .. il trouverait la réponse à son appel. »

Elle regarda Willow , son visage tout à coup plus triste.
« J’ai pensé à lui si souvent depuis. J’ai longtemps cru que je ne le reverrai jamais. Puis quand Giles m’a annoncé que William et Spike Kensinton ne faisaient qu’un , j’ai éprouvé un sentiment de.. un sentiment de joie , je crois. »

Willow se rapprocha de son amie. « Tu crois que sa venue ici pourrait s’expliquer par son désir de nouer une relation avec toi ? »

« Oh , je ne sais pas, » dit Buffy d’un air délibérément désinvolte. « Il… Il prend un malin plaisir à m’agacer. »

Tara eut un sourire épanoui.
« Il a posé des questions sur toi , tout en prenant soin qu’elles ne soient pas trop voyantes. Mais j’ai compris qu’il aurait aimé savoir où tu habites. »

« Vous n’avez rien dit au moins ? »

« Non.. non ! Mais s’il rend visite à Joyce.. »

« Mon Dieu , mais oui ! Et maman n’aura aucune volonté s’il déploie son charme ! » dit Buffy comme si elle réalisait une chose épouvantable.


« Oh c’est vrai que ta mère avait déjà un faible pour lui il y a des années. Je crois qu’il va lui faire avouer tout ce qu’il veut sur toi.. » murmura Willow d’un air faussement inquiet.
La lueur de gaieté qui pétillait dans ses yeux ne passa pas inaperçue des autres.

« Et cela te réjouit ! » dit Buffy , les mains sur les hanches. « Tu.. tu es.. une traite ! Voilà ce que tu es ! »

Willow éclata de rire. « C’est une année beaucoup plus excitante que je ne pensais ! Je suis persuadée que tu vas résister .. un peu , et que cela va mettre Spike au comble du bonheur ! »

Tara souriait avec indulgence. « Il y a pire situation que d’être.. d’être séduite par Spike. »


Buffy contemplait ses deux amies avec une surprise teintée d’agacement. Elle n’aurait plus une minute de répit à présent.

D’un autre côté.. si Spike avait réellement un intérêt pour elle.. et après le baiser de cet après –midi , et les yeux de braise qu’il avait posé sur elle , on pouvait penser qu’il l’avait - , elle lui ferait simplement comprendre qu’elle avait en tête ses propres règles du jeu.

Elle éprouvait une sorte d’exaltation , teintée de curiosité.


A suivre.
Chapter 9- by Cassiopea
Chapitre 9-



Spike regarda d’un œil critique les étagères qui venaient d’être assemblées le long du mur du salon. Il y avait certainement quelque chose qui manquait. Elles avaient un air singulier.. oui, très singulier.

Il s’essuya le front et passa une main dans sa nuque. La chaleur était forte cet après-midi , et il était d’autant plus pénible de chercher à s’activer d’une quelconque manière. Qui plus est , il lui fallait se rendre à l’évidence , il était plus intellectuel que manuel.
Du moins dans certains domaines, songea t –il avec une nostalgie qui ne dura que l’espace d’un instant. Les fêtes charnelles avec Drusilla gardaient maintenant un goût très amer. Et les rares aventures qu’il avait eu au cours de son année à New York n’étaient pas inoubliables.

Il alla ouvrir le frigo en quête d’une bière fraîche ,mais il semblait qu’il n’ait pas été très prévoyant. Il se remplit un grand verre d’eau et retourna au salon. Non , décidément , ces étagères n’allaient pas.
Rupert avait promis qu’il passerait mais il était bientôt cinq heures et il n’avait pas de nouvelles.
Au moment où il se décidait à l’appeler , il sentit son portable vibrer dans sa poche de jean .

« Allô ? »

« Hem.. Spike ? C’est Giles. J’avais dit que je passerai mais nous avons des visiteurs imprévus.. je ..j’ai pensé.. »

« Oh ne t’inquiète pas, » l’interrompit Spike. « Mais je réalise que je n’ai pas très bien su lire la notice. Par contre j’aurais eu besoin de quelques outils supplémentaires. »

« Oui, oui bien sûr. J’allais te dire que je pensais t’envoyer Alex. Je suppose que tu ne te rappelles pas de lui.. Vous vous êtes connus la dernière fois que tu es venu ici. »

« Mais si je m’en souviens. Il est par là ? »

« Oui il est passé et je lui ai demandé si cela ne l’embêtait pas de venir te donner un coup de main. Il est très adroit. Il travaille sur un chantier .. Qu’en penses-tu ? »

« Pas de problème. Je l’attends. »

« Oh.. hem, eh bien , c’est parfait ! Je l’envoie, il devrait être chez toi d’ici dix minutes. Je suis vraiment désolé. »

« Ne t’inquiète pas , je comprends. A bientôt. »

« A bientôt. Oh.. et , n’oublie pas de passer à la bibliothèque Lundi , j’ai les ouvrages que tu m’as demandé. »

« Entendu. »


Spike se résolut à défaire les planches qui assemblaient le meuble quand on tapa à la porte.
Sur le seuil , se tenait un homme de taille moyenne ,le cheveux noir un peu en bataille. Vêtu d’un tee-shirt blanc sans manche qui mettaient ses épaules et ses bras musclés en valeur , il affichait une mine à la fois curieuse et tranquille. Spike n’eut aucune peine à reconnaître le tout jeune homme qui était l’un des plus proches amis de Buffy.

« William ? » dit-il en tendant la main.

« Oui. » Ils échangèrent une poignée solide. « Mais c’est plutôt Spike ces temps-ci. » Il s’effaça pour le laisser entrer.

« Oh oui, où avais-je la tête ! » s’exclama Alex avec une once de sourire.

Ils se dévisagèrent brièvement. Alex fut surpris de constater que ,malgré son apparence qui s’était radicalement modifiée , il reconnaissait un peu les traits du jeune Kensinton dans le tracé parfait du visage, et la façon de se tenir.
Alex avait apprécié William. Ils s’étaient fort peu vus , en deux ou trois occasions , si sa mémoire était bonne , mais le garçon lui était apparu comme quelqu’un d’attachant , et le fait qu’il soit orphelin un élément supplémentaire pour chercher à l’apprivoiser.
Il se demanda dans quelle mesure il y avait encore des aspects de William en lui.


« Mais vous n’avez pas tellement changé. » dit Alex d’un ton léger.

Spike haussa un sourcil . « Comment ? Je croyais m’être complètement débarrassé du pauvre infortuné qui était venu ici. »

Alex le regarda avec un sourire en coin , et nota la moue dérisoire .

« Oui ,physiquement. Mais vos yeux sont les mêmes. »

Spike eut une expression pensive et Alex se demanda ce qu’il lui avait pris de parler si franchement à quelqu’un qu’il ne connaissait pas vraiment.

« Pas trop de différence chez toi non plus, » répliqua Spike avec nonchalance , en allumant une cigarette dont il tira immédiatement une longue bouffée.


« Ah mais, les changements sont intérieurs ! » affirma Alex en s’avançant dans la pièce. Il portait une grosse boite d’outillage dans sa main gauche, et la posa au sol.
Il examinait d’un œil critique ce qui était censé avoir l’air d’éléments de bibliothèque et éclata de rire.

« Tu as mis combien de temps pour arriver à ce résultat ? »
Il n’était pas mécontent qu’ils soient passés au tutoiement. Alex aimait les choses simples , et les relations sans complication.

Spike fronça les sourcils et vint se tenir à ses côtés pour observer le travail.

« Deux heures. Je sais , je sais ! »

« Mais ce n’est pas grave, nous allons rectifier les erreurs, » dit Alex . « C’est un beau meuble » ajouta t –il en s’approchant et en passant une main à plat sur le bois.

Il jeta un œil sur l’homme blond qui l’observait avec un peu d’étonnement. A première vue , la carrure athlétique ,confiante , l’aspect plus anguleux de la mâchoire , le pli sensuel de la bouche , la blondeur éclatante de ses cheveux coiffés en arrière , et surtout l’expression d’ une dureté indéniable taillant ses traits harmonieux , faisaient oublier qu’il avait William en face de lui.
Mais au fond des yeux si bleus , il y avait bien une lueur de douceur qui n’appartenait qu’à ce jeune homme timide et sauvage qui avaient partagé quelques jours avec eux , cinq ans avant.


« Comment se passe l’installation , sur un plan général ? » Il entreprit de défaire les parties mal assemblées.

« Bien. J’ai un appartement confortable et les élèves n’ont pas l’air décidés à être insupportables, » répliqua t –il avec une petite grimace ironique. « Et toi ? Qu’es-tu devenu depuis la dernière fois ? »

Alex haussa les épaules avec fatalisme.
« Les études et moi.. nous n’avons jamais été les meilleurs amis du monde. Alors , voilà.. j’ai trouvé du travail dans une entreprise de construction et .. çà va plutôt pas mal ! »

Tout en discutant , les deux hommes réalisèrent des progrès spectaculaires dans l’assemblage des différents éléments. En fait , c’est plutôt Alex qui indiqua tout ce qu’il fallait faire , et en moins de temps que Spike ne l’eût cru possible , une superbe étagère ornait le pan droit du mur du salon.

« Voilà ! « s’exclama Alex en se frottant les mains. « Mais, as-tu réellement autant de livres ? » demanda t –il en contemplant la grandeur du meuble.

Spike l’enveloppa d’un regard un peu moqueur. « Non. »

« Ah ! Tu commençais sérieusement à.. »

« J’en ai beaucoup plus que ce qui peut rentrer là, » termina t –il avec une satisfaction amusée.

Alex le regarda comme s’il avait affirmé une incongruité. « Je refuse de participer à cette partie là du travail ! » prévint-il en pointant un doigt vers Spike.

Celui-ci secoua la tête en souriant. Contrairement à ce qu’il avait craint, la relation avec cet homme qu’il ne connaissait pour ainsi dire pas s’était engagée le plus facilement possible. Et il en avait tiré étonnamment un grand plaisir.

« Bien entendu. J’apprécie beaucoup ce que tu viens de faire. D’ailleurs je dois vider tous mes cartons de livres avant de les placer. J’aime l’ordre en littérature. Mais par contre , je peux te proposer à boire ? »

Alex prit une mine épanouie. « Avec cette température , c’est une bonne idée. »

« Je te demanderai juste un instant . Mon frigo est vide. Mais j’ai une épicerie juste en face. Je vais chercher de quoi nous désaltérer. Assoie -toi, » dit-il en indiquant le canapé.

Alex lui répondit par un petit hochement de tête.


La porte du magasin fit un petit bruit de grelot . Le visage de la plantureuse jeune fille rousse assise derrière le comptoir s’éclaira et elle adressa à Spike son sourire le plus enjôleur.

Il répondit par un coup d’œil appréciateur et un sourire.


Elle le regarda s’éloigner dans un rayon. Cet homme était si follement sexy qu’elle en oubliait de respirer. Elle avait bien entendu noté sa présence dans le quartier.
L’arrivée d’un célibataire aussi désespérément magnifique ne pouvait passer inaperçue.. Maintenant, s’il prenait l’habitude de venir faire ses courses ici régulièrement , la monotonie de son travail s’estomperait aussitôt.

Chloé arrangea sa jupe, et tira un peu sur les manches de son chemisier pour qu’il s’ajuste plus parfaitement sur son buste. Elle l’aperçut qui passait d’une rangée à l’autre. Elle soupira.

« Vous n’avez pas d’autre parfum ? » demanda t-il en montrant un pot de crème glacée à la vanille.
Elle sursauta légèrement , surprise de la façon presque silencieuse avec la quelle il était revenu.


« Si vous n’avez trouvé que celui-ci, non.. » minauda t –elle .

Elle se tenait ostensiblement le buste en avant. Cependant , à sa déception , cela ne semblait pas l’affecter.

« Dommage, » dit-il en secouant la tête.

« Mais, c’est délicieux ! » dit-elle alors qu’il repartait ranger le produit.

« Je n’en doute pas. » Il revenait. Elle laissa son regard s’aventurer sur la démarche féline , les muscles de ses bras , de sa poitrine. Il posait son panier rempli à ras - bord à côté de la caisse et elle murmura en baissant ses cils.

« Je suis désolée que vous n’ayez pas trouvé ce que vous vouliez en glace. »
Elle commença à saisir les produits pour les faire passer.

« Je reviendrais, » murmura t –il d’une voix teintée d’amusement.

« N’hésitez pas. »

Elle le regarda partir , les bras chargés de sacs. Elle ne demandait pas mieux que de l’avoir comme visiteur régulier.



Il trouva Alex en train de contempler les jardins que l’on apercevait par la porte - vitrée .

« Désolé d’avoir mis un peu de temps. J’ai pris deux trois choses à manger. Mais j’ai trouvé une bière excellente , même si çà ne vaut pas ce qu’on trouve en Angleterre. »


Il alla ranger les affaires rapidement. Alex le rejoignit et prit place dans un tabouret . Il offrit de décapsuler les bières. Elles étaient très froides et constituèrent un véritable réconfort.

« As-tu revu Willow ? » demanda t –il tout à coup , comme s’il venait seulement de songer à quelque chose d’important.

« Oui. Nous nous sommes croisés au lycée. »

« Evidemment ! Mais , tu as rencontré Buffy alors ? »

Le visage de Spike garda son impassibilité quand il parla. « Plusieurs fois. »

Alex enveloppa le jeune professeur d’une expression appuyée. Puis il reprit sa conversation insouciante. Mais Spike se demanda dans quelle mesure il n’avait pas compris que la jeune femme était une des raisons de son retour à Sunnydale.


* * * * * *


Buffy vérifiait le matériel de gymnastique qui avait été utilisé dans l’après-midi.
Elle avait eu une journée agréable , des élèves enthousiastes . Et cela lui avait permis de se changer les idées. Elle se redressa avec une petite grimace. Malgré une douche tiède et relaxante , elle se rendit compte qu’elle avait sans doute abusé de la souplesse de son corps durant la dernière séance.
Mais l’exaltation corporelle n’était-elle pas la meilleure méthode pour repousser les idées qui la tourmentaient depuis sa dernière rencontre avec Spike ?
Après un week-end calme où elle avait aidé Joyce à la galerie dans la perspective d’une prochaine exposition , et en raison de l’absence de sa collègue partie pour un petit voyage dans sa famille, elle avait passé le Dimanche soir chez Alex et Anya . Celle-ci commençait à évoquer un mariage au printemps , et l’avis de Buffy était requis et souhaité.
A son étonnement , Alex lui appris qu’il avait passé un moment en compagnie de Spike la veille , pour une installation impromptue de mobilier.
Il avait annoncé que le jeune enseignant était bien loin du tout jeune homme un peu gauche qu’ils avaient fréquenté brièvement , et qu’il s’était senti un peu intimidé. Mais il avait aussi affirmé que Spike avait l’air particulièrement heureux d’avoir déménagé et d’avoir quitté l’Est des Etats Unis pour la douceur californienne.

« Buffy, » avait-il dit d’un air très protecteur, « il a un côté prédateur qui m’inquiète. »

Son amie et sa fiancée l’avaient dévisagées , interloquées. D’ordinaire , Alex était si innocent dans ses observations des autres. Mais il pouvait aussi être remarquablement perspicace.

« Oui, et alors ? »

« Alors je me demande s’il ne va pas être follement intéressé par toi. Et toi par lui. »
Anya lui adressa un petit coup d’œil méfiant.

« Oui.. tu es célibataire.. une très belle célibataire, » ajouta t –il avec plus d’éclat dans le regard. Cette fois, Anya lui donna un petit coup de coude.

« Tu sais que je n’aime pas quand tu vantes les qualités de Buffy à vois haute, » bouda t –elle.

« On mon chéri, comment peux-tu t’inquiéter puisque je vais t’épouser bientôt ? » dit-il , câlin.

« C’est vrai ? Tu es bien décidé ? » s’exclama t –elle avec une telle joie que Buffy fut touchée de sa candeur.

« Mais je crois que c’est clair, » dit Alex en la prenant contre lui.

« Oh mon cœur.. » soupira Anya , le visage contre son épaule.

« Tu disais ? » demanda Buffy , soucieuse de revenir au sujet qui la captivait.
« Je disais qu’il y a des chances qu’il jette son dévolu sur toi. Il est seul , physiquement.. séduisant.. et tu es célibataire depuis longtemps. Et vous travaillez tous les deux au même endroit ! » termina t –il , un doigt en l’air , comme si ce seul fait était le plus important.

« Eh bien ? Pourquoi Buffy ne connaîtrait –elle pas les joies d’avoir un partenaire pour la fai.. »

« Anya ! » Les jeunes gens avaient élevé la voix en même temps.

« Sérieusement, » reprit Alex qui s’était levé et était venu prendre les mains de Buffy entre les siennes. « Je suis persuadé que c’est un homme à qui il doit être difficile de résister , mais.. si tu acceptes les risques , je ne voudrais pas te voir souffrir. »

Buffy sentit son cœur se serrer. Il était sans doute trop tard pour cela , songea t –elle avec mélancolie. Elle fit un sourire à cet homme qui croyait la mettre en garde d’un danger qu’elle ne connaissait déjà que trop bien.
Spike était d’une séduction ensorcelante.
Dangereuse.
Mais elle n’allait pas refuser l’extase et l’abandon sensuels qu’elle devinait qu’il pouvait lui offrir.
Même si elle se demandait si son cœur pourrait supporter ce voyage des sens.



Allongée sur le tapis de sol , elle s’étira longuement , les bras levés au dessus de la tête , relâchant ses muscles , les paupières fermées. Par les fenêtres ouvertes sur les jardins , une brise douce pénétrait dans la salle , transportant les parfums des rosiers poussant à profusion le long du mur , prés de l’entrée. Les oiseaux égrenaient leur chant insolent.
Il était presque six heures et même si le Jeudi était sa journée la plus longue , elle en appréciait le déroulement. Un silence imparfait baignait la pièce. Buffy se sentait flotter dans une léthargie délicieuse .
Elle n’ouvrit pas les yeux lorsqu’elle sentit un courant d’air prés d’elle. L’odeur distincte de cigarette, son parfum boisé, cela signifiait que Spike était maintenant auprès d’elle.

Elle éprouva une griserie immédiate. Elle voulait éviter d’aborder le passé , comme ils l’avaient fait chaque fois.
Drusilla et Angel seraient toujours les ombres nouvelles qui à présent se mouvaient dans leurs mémoires, et l’existence qu’ils avaient vécue chacun de leur côté ne pouvait s’effacer.
Mais à quoi servirait-il de jeter à la figure de l’autre le nom de celui ou celle qui avaient été leur premier amour ..

Elle respirait amplement, sentant ses yeux sur elle.

Il regardait son visage , son cou.
Elle l’entendit réprimer une petite plainte quand son regard descendit sur sa gorge qui se soulevait , ses seins voluptueux dont les formes se dessinaient sous le tee-shirt blanc .
Elle pouvait l’entendre sourire.
De ce sourire si prometteur , heureux et inquiet, chaud , rassurant et tendre. Celui de William.
William.. William.
La vie l’avait rendu plus dur , plus méfiant . Elle se dit qu’elle attendrait encore.. un peu.. à peine.. Son ventre frémissait. Une chaleur nouvelle s’accumulait dans ses membres , dans ses reins, un feu palpitant , vivant , auquel elle succombait.
« Buffy.. »

Elle refusait de rompre le charme. Les yeux obstinément fermés , son âme tremblante, son corps tendu alors qu’elle croyait avoir atteint les dernières marches de la relaxation la plus satisfaisante, elle se contenta de sourire légèrement.

« Buffy.. » répéta t –il. Et sa voix un peu râpeuse , profondément intime, la fit frissonner jusqu’au cœur .
Il posa une main sur son abdomen et elle se retrouva transportée dans ce passé fervent , jamais oublié.
Il ne bougeait pas.

Elle était dans la voiture et le bruit des vagues montaient à ses oreilles . La nuit fraîche faisait danser les derniers faisceaux de lumière venant du pacifique. Il la couvait de ses yeux ardents ..

Elle éprouva une telle douleur mêlée de regret qu’elle ouvrit ses paupières brutalement.
Les yeux clairs , d’un bleu aussi pur , la contemplaient. Une boucle de cheveux blond tombait sur son front , et il portait une expression gourmande , calme.

« Sais-tu que tu es une vision de bonheur ? » murmura t –il.

Il laissa ses yeux délibérément parcourir ce corps offert , et Buffy n’avait jamais vu une telle lueur de désir bouleverser les traits d’un homme.

« J’ai eu une journée fatiguante, » continua t-il d’une voix ronronnante. « Je me suis dis que , peut-être , tu serais encore là.. »

Buffy fronça son nez. « Je soupçonne que tu as mon emploi du temps en tête. »

« Oui, » reconnut-il en baissant la tête avec une petite grimace.

Ils se regardèrent encore. Elle nota qu’il portait un tee-shirt bleu pâle au lieu de son habituelle chemise. Et un jean . Il répondit à son étonnement muet.
« Je me suis changé. J’ai songé que je pourrais peut-être.. dépenser un peu d’énergie. Et je te découvre , allongée , seule, les yeux fermés.. »

Il mit sa langue derrière ses dents et elle reçut de plein fouet la sensualité qui se dégageait de tout son être . Il exerça une pression légère sur son ventre , ses doigts à plat , caressants.

« Energie.. de quelle nature ? » souffla t –elle .

Il eut un sourire suggestif . « De nature à me faire oublier le stress de toutes ces heures où j’ai dû répéter les mêmes choses.. » murmura t –il en se penchant un peu.

Elle distinguait des particules de couleur plus claires dans ses prunelles magnifiques. Sa peau .. elle avait envie de le toucher. Elle leva une main , doucement , vers ce visage qui hantait ses nuits.

Il frémit quand elle posa ses doigts , doucement , sur sa nuque.
Le reste de leurs corps n’étaient pas en contact, à l’exception de sa main sur son cou , de sa main sur son ventre, qui exerçait une délicieuse pression. Elle sentait simplement combien la puissance de ses muscles , à son côté , ne demandaient qu’ à rentrer en action.

« As-tu été curieuse , amour ? » murmura t –il .

« Non, » souffla t –elle.

« Pourquoi ? Pourquoi ne te décides –tu pas à ouvrir ce livre ? » Sa voix avait pris des intonations doucereuses , enveloppantes. « Tu dois le faire.. »

Elle avala douloureusement sa salive, demeura silencieuse. Il la regardait avec une attention qui la mettait dans un émoi contre lequel elle aurait voulu se cabrer.

« Je le ferai, » haleta t –elle , l’attirant vers elle. « Mais.. je songeais.. »

Leurs bouches étaient à quelques millimètres l’une de l’autre , et leurs souffles se mêlaient.

« Tu songeais ? » répéta t –il , en transe.

« Que j’aurais pu avoir quelques réponses.. »

« Oui, amour. »

« Sur ta bouche. » Elle avait à peine fini de prononcer ce mot que les lèvres de Spike s’écrasaient sur les siennes .
Affamées , dévorantes, dans un baiser si démesuré que Buffy accepta de s’abandonner sans autre sentiment que l’instant présent.

Spike buvait la douceur de ses lèvres , la soie de sa langue s’enroulant au tour de la sienne , et des flammes de joie éclataient derrière ses paupières.

Leur baiser continuait , patient et bouleversant.

Et Buffy goûtait sur les lèvres de Spike la ferveur maladroite de William , ses rêves et ses peurs, un ravissement , une douleur , la force d’un amour qui avait fait de lui cet homme audacieux, fier, dont les secrets se révélaient à peine.

Elle réprima le flot de larmes qui montaient inexorablement sous ses paupières , et s’offrit à sa bouche merveilleuse .

Il se redressa légèrement , leurs respirations haletantes. La contempla avec un émerveillement teinté d’inquiétude. « Peut-être n’est-ce pas le meilleur endroit pour écouter nos instincts, » chuchota t-il.

« Non, » reconnut-elle d’un ton paresseux. Elle allongea ses bras en arrière , surveilla la lueur de désir qui réchauffait le bleu de ses yeux devant le spectacle de ses seins qui se soulevaient. « Mais il est presque six heures.. je suppose qu’il n’y a plus grand monde dans les lieux. »

« Crois-tu que je pourrais venir, à l’occasion, me servir des agrès , pour m’entraîner un peu ? »

« Je ne sais pas, » dit-elle en mordillant sa lèvre inférieure. « Je suppose que venir faire quelques mouvements dans la salle ou emprunter des ballons n’est pas interdit, » Elle portait un air espiègle.
« A condition que je sois là. »

« Naturellement, » souffla t –il en se penchant à nouveau , et en respirant la douceur de la peau entre son oreille et son épaule. « J’aimerais que tu sois mon professeur.. personnel. »
Il avait ajouté ce mot avec une note si suggestive qu’elle en ressentit les effets fulgurants dans son ventre et son sexe où une chaleur moite se répandait.

« As-tu vraiment besoin de.. » Elle haletait et il parsemait son visage , son cou , l’échancrure de sa gorge , de petits baisers. « .. de conseils ? »

« Absolument, » jura t –il avec une voix fervente. « Quand cela te dérange t –il le moins ? »

Il avait repris une position assise, mais sa main gauche se tenait toujours posséssivement sur le bas du ventre de la jeune femme , et à cet endroit , sa peau lui semblait incandescente.
Elle songea combien elle aimerait ses doigts nus..

« Eh bien .. le Mardi , ou le jeudi , comme aujourd’hui, » répondit –elle.

Elle se redressa avec vivacité et il la regarda se pencher vers un banc pour prendre une veste de coton blanc qu’elle enfila.

« Nous commençons la semaine prochaine ? » demanda t –il encore.

« Pas de façon régulière ? Uniquement quand tu en auras assez d’être penché sur tes copies ? »

Il eut un sourire presque carnassier quand il assura : « Oui , amour. Mais , c’est un rendez-vous. »


Elle n’était pas dupe de son plaisir évident à parler avec des insinuations. Ils quittèrent les lieux côte à côte , et se dirigèrent tranquillement vers le parking. Ils croisèrent encore des professeurs , et les derniers élèves. Quand ils furent à la hauteur de la voiture de Buffy , il lui mit un doigt sur la bouche avant qu’elle ne puisse lui expliquer qu’elle avait mille choses à faire pour le lendemain.

« Je suis invité à dîner chez Giles et Jenny, » dit-il.

Il lui saisit doucement la nuque , de cette façon assurée qui l’agaçait toujours un peu.
« A bientôt , amour. »
Et il lui dévora les lèvres avec une faim aussi ardente que brève , la laissant interloquée et le cœur battant follement .


Elle demeura de longues secondes immobile , les nerfs à fleur de peau .
Quand elle sorit de sa torpeur , elle aperçut un groupe d'élèves assises dans l'herbe, qui avaient l'air de s'amuser infiniment.

Elle monta dans sa voiture en claquant la portière plus fort qu'il n'était utile.


A suivre.
Chapter 10 by Cassiopea
Chapitre 10.



Quand Buffy arriva dans la rue qui menait à la résidence des Summers , elle ne fit pas attention à la voiture noire qui croisa son chemin. Occupée à changer la station de radio qui ne diffusait que des mélodies à son goût trop mélancoliques , elle bataillait avec les fréquences et , le visage un peu penché , ne remarqua pas le conducteur qui la fixait avec un coup d’œil intense.
Spike venait de passer une heure infiniment agréable avec Joyce , et , même s’il avait espéré que Buffy fasse une apparition , il avait également apprécié de retrouver cette femme affectueuse et pondérée , qui l’avait accueilli chez elle pour Noël longtemps avant. Elle n’avait pas paru étonnée de sa venue.


Quand ils furent installés autour de la table, buvant un café , la porte arrière de la cuisine ouverte sur l’air chaud de cette fin de journée d’été , elle avait expliqué qu’elle avait été au courant de son arrivée à Sunnydale par Buffy elle-même , et qu’elle espérait bien une visite.
Il avait souri avec amusement. Cette femme au physique agréable ne semblait jamais surprise de rien.

Leur conversation avait bien entendu roulé autour du roman , puis de l’ installation de Spike dans cette ville où il avait vécu une dizaine de jours qui resteraient gravés dans sa mémoire.
Il évoqua sa vie à NewYork , et ne posa aucune question sur Buffy , mais c’est Joyce qui évoqua le départ d’Angel. Après avoir reconnu qu’ elle et Hank avaient soutenu cette relation , dans l’espoir qu’il incarnerait l’époux idéal.
Il admira sa discrétion , car , malgré l’envie qui le dévorait de connaître les véritables circonstances qui avaient poussé Angel à s’en aller , il ne poussa aucune confidence de la part de Joyce et celle-ci ne dévoila rien qu’il ne savait déjà.


Et elle avoua avec une sobriété qui l’émut qu’elle vivait désormais seule , divorcée depuis plus de deux ans.
Il la félicita de son apparence magnifique , et elle rougit délicatement. Mais il était sincère , elle pouvait le voir dans la clarté et dans la droiture de son regard.

Elle lui fit promettre de revenir. Il acquiesça avec chaleur : il y avait en Joyce une douceur tendre qui n’était pas sans rappeler celle de sa mère , Anne.
Elle lui souhaita bon courage dans son emploi d’enseignant , et ils plaisantèrent sur les joies et les désagréments à être un professeur , « surtout quand on a un physique comme le vôtre », le taquina Joyce juste avant qu’il ne la quitte.
Spike rentrait chez lui d’humeur très agréable. Non seulement avait-il passé un délicieux moment , et avait-il la douce perspective de revenir , mais il ne s’en allait pas sans songer avec une satisfaction particulière qu’il connaissait à présent l’endroit où Buffy et ses amis allaient souvent le Samedi soir : le club le Bronze.
Il projetait d’y faire une apparition.


Buffy s ’imaginait –elle qu’il allait se conduire comme l’avait fait le jeune William ? Incertain , maladroitement passionné , effrayé de donner libre cours à ses instincts ?
Leurs précédentes entrevues s’étaient déroulées de manières plutôt agréables , mêmes si elles étaient trop brèves.

Il eut une petite moue arrogante , en songeant qu’elle s’imaginait à l’abri, et combien serait grand son plaisir de lui démontrer que Spike était beaucoup plus possessif.
Déterminé.
Et si désireux de la faire sienne , cette fois.

Il abattrait tous les obstacles.


* * * * *

Le Bronze regorgeait de monde ce soir , et quand Buffy , Tara , Willow y arrivèrent , c’est par une chance inouïe qu’elles aperçurent une table libre. Le couple qui quittait les lieux semblait avoir autre chose en tête que danser , si Buffy pouvait en juger par la façon affamée dont ils échangeaient un baiser.

Elles étaient assises depuis quelques instants , quand Alex et Anya firent leur apparition. Contrairement à ses amies , quand le jeune homme avait quitté le lycée , il n’avait pas continué ses études après le lycée.
Pendant quelques mois , il s’était débrouillé avec différents petits emplois , avant d’être embauché par une compagnie de construction , dans la quelle il avait fait sa place peu à peu.
Il avait connu Anya lors d’une fête à l’université , et vivait avec elle depuis deux ans.
Quand au printemps , ils avaient annoncé leurs fiançailles , cela avait été la surprise . Mais il était également évident que leur idylle avait pris un tournant sérieux , et , tout au long de l’année dernière Buffy s’était plus d’une fois émerveillée en surprenant le regard tendre qu’Alex posait sur la jeune femme , quand celle-ci ne regardait pas.
Il y avait bien de l’espoir pour les amoureux , se disait-elle en contemplant la vie sereine des deux couples. Car Tara et Willow étaient l’image du bonheur épanoui et doux.

« Oh j’adore cette chanson ! » s’exclama Willow en battant la mesure avec sa main.

Le groupe qui interprétait la musique ce soir était excellent : un mélange de rythme entraînants et de mélodies plus lentes permettait que la piste soit toujours envahie.

« Tu veux danser ? » suggéra Tara.
La jeune femme rousse se leva en silence avec un sourire prometteur , en tendant la main.

« Alex , j’ai déjà besoin d’un autre verre, s’il te plaît, » demanda Anya , la tête sur l’épaule de son fiancé.

« Est-ce une manière directe de me demander de me lever et d’aller jusqu’au bar ? Ainsi tu pourras avoir le plaisir de regarder mon corps athlétique s’éloigner , et revenir ? »

« Oh c’est absolument çà ! » se réjouit-elle.

Il se dégagea doucement et se leva. « Et toi Buffy , un autre verre ? »

« Non ,merci. Cette eau gazeuse est si délicieuse que je ne l’ai pas encore terminée, » plaisant a t-elle.

« Je propose un breuvage à peine plus alcoolisé ? » dit Alex avec un sourire . « Ce soir je ne bois pas , ce qui veut dire que je peux te déposer chez toi ! »

Buffy fit mine de réfléchir une minute , la tête penchée. « Quelque chose de léger ? »

« C’est parti ! » Il fit demi tour , et on le vit se frayer un chemin entre les corps ondulants.


Buffy soudain réalisa que la silhouette en noir , accoudée au comptoir , avait une ressemblance aiguë avec Spike. Elle bougea un peu sur son fauteuil , tendant le cou. Sans aucun doute , c’était lui.
Assis sur un tabouret , un coude en appui , l’autre main autour d’un verre , il laissait son regard errer avec nonchalance sur la foule. De là elle pouvait deviner la puissance de son corps , et une onde de plaisir la fit frissonner.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as vu quelqu’un ? » demanda Anya.

« Je crois que.. Oui , c’est Spike , là bas. »
« Spike ? Oh , tu veux dire le professeur de littérature ? Le jeune homme qui est venu ici il y a des années? "

« Oui, » murmura Buffy avec un faible sourire.

« C’est cet homme en noir ? Avec des cheveux très blonds ? Mais il est devenu magnifique ! »

Buffy ne répondit pas. Spike venait de la voir. Ils échangèrent un regard intense , et elle reçut la chaleur de ses yeux bleus comme s’il n’était qu’à un mètre. Elle se rendit compte qu’elle respirait plus vite , et qu’Anya la contemplait avec amusement.

« J’aimerais retourner au lycée.. » remarqua t –elle en s’enfonçant plus profondément dans son siège.

« Quoi ? Qu’est-ce .. qu’est-ce que tu as dit ? » balbutia son amie en s’arrachant à la contemplation de celui qui hantait régulièrement ses pensées.

« Je dis qu’il doit être intéressant de suivre des cours, si c’est Spike qui est en face.. Il a l’air de te dévorer des yeux , d’ailleurs. Alex a raison. Il a un air prédateur. » Elle fit un petit mouvement de la main. « Naturellement , il ne m’a pas dit que William était devenu cet homme stupéfiant. »
Elle prit un petit air satisfait et aspira le fond de son verre. Puis elle reprit :

« Oh oui, il regarde vraiment dans ta direction , avec des yeux.. »

Buffy se sentit devenir rouge , et instinctivement mit ses paumes sur ses joues.

« Je crois que tu te fais des idées. »

Anya la dévisagea avec scepticisme.

« En tous cas tu lui plais , » poursuivit -elle. « Et s’il est tout seul , on devrait lui proposer de se joindre à nous ? »

Cette suggestion fit se redresser Buffy. « C’est inutile ! Il .. Il aime être seul.. c’est .. un solitaire , voilà. »

« Je ne crois pas qu’il reste solitaire bien longtemps, » murmura Anya , un rire dans la voix.

Une sculpturale jeune femme rousse se tenait à présent aux côtés de Spike , souriante. Elle portait une robe noire faite pour attirer l’attention , et Spike ne semblait pas le moins du monde gêné que sa tranquillité ait été interrompue de la sorte. Buffy pouvait voir d’ici qu’il enveloppait les formes généreuses de cette.. cette .. garce , avec un intérêt qui lui fit bouillir le sang dans les veines.

S’il l’invite à danser , je ne lui parle plus pendant .. deux semaines , se dit-elle , les yeux rivés sur le couple.
Mais ils paraissaient engagés dans une conversation , et rien ne se produisait.
Buffy s’enjoignit à cesser de les épier. Mais à peine avait-elle adressé son regard vers les danseurs qu’elle était à nouveau irrésistiblement entraînée vers l’endroit où Spike et la jeune fille continuaient de parler.

« Attention , attention boissons ! » annonça Alex qui revenait avec un plateau. « Et voilà un cocktail exotique pour ces dames ! » Il installa tout sur la table.

« Merci chéri. En t’attendant nous avons contemplé un beau spécimen de masculinité , » déclara t-elle avec fierté.

Il l’observa , interloqué. « De qui parles –tu ? »

« Eh bien, en dehors de toi, » expliqua t –elle , câline , « Il y a au bar l’ancien ami de Buffy , Spike.
Et il est magnifique , n’est-ce pas ? »

Alex savait que la question était purement rhétoricale. Il suivit le regard des deux jeunes femmes et reconnut Spike Kensinton.

« C’est possible » admit-il en reprenant place auprès d’Anya. «Ce n’est pas quelque chose qui m’a préoccupé quand j’étais chez lui pour lui donner un coup de main. Mais observe bien son comportement ! » dit-il en levant un index. « Nous avons un peu parlé. Sais-tu qu’il a écrit un roman ? » demanda t –il en se tournant vers Buffy.

« Oui ! » reconnut celle-ci en levant les yeux au plafond. « J’en ai entendu parler un nombre incalculable de fois par maman. Il m’a lui même demandé quand j’avais l’intention de l’ouvrir. »

Elle regarda à nouveau dans sa direction. Mais , à sa consternation , le tabouret était vide.
Avec une anxiété inexpliquée , elle regarda avidement les danseurs. La chanson se terminait et beaucoup regagnaient leurs sièges. Il n’ y avait pas de trace de Spike , ni de la fille rousse.

La brûlure de jalousie et de peine qu’elle ressentit fut d’une telle violence qu’elle crut se trouver mal. C’était encore pire que ce qu’elle avait imaginé.
Ils étaient partis ensemble.

« Veux-tu que je lui propose de se joindre à nous ? » demanda Alex.

Mais Buffy ne prêta pas attention à la question de son ami. Celui-ci haussa les épaules , et Anya lui chuchota quelque chose à l’oreille.

A quoi jouait Spike , quand il l’avait embrassée si fiévreusement deux jours avant ? mais.. n’était-ce pas elle qui l’avait embrassé ? L’humiliation et la rage montèrent en elle comme des vagues effrayantes.
Elle se leva d’un bond au moment où Tara et Willow revenaient main dans la main.

« Hé Buffy , ce groupe est tout simplement fantastique, » dit Willow d’un air pétillant.

« Tant mieux, » dit-elle précipitamment. « J’en ai pour un instant, » ajouta t-elle.


Elle s’éloigna d’un pas assuré vers le couloir. Elle ne prit pas garde que des murmures appréciatifs se faisaient entendre sur son passage. Son corps enveloppé dans une robe de soie vert pâle qui moulait ses formes délicieusement , la jupe s’arrêtant bien au dessus du genoux révélant ses jambes fines et bronzées , la ligne de ses épaules légèrement dévoilée , et sa poitrine se balançant à chaque pas , elle était l’image de la séduction féminine .
Et ne s’en souciait pas le moins du monde.
Elle entra dans l’espace des toilettes avec brusquerie, faisant sursauter deux jeunes filles qui en sortaient.
Elle attendit que l’endroit se vide un peu plus avant d’aller s’examiner devant la glace.

Stupéfaite , elle contemplait la jeune femme devant elle. Ses yeux étaient brillants , presque désespérés. Elle avait l’impression que son cœur battait dans ses tempes , et ses mains étaient moites. Elle s’efforça de respirer plus profondément , calmement.
« Pourquoi te mets-tu dans cet état , pour un homme que tu n’as pas vu depuis tes dix huit ans , et qui vient à peine de.. de .. » s’admonesta t –elle.

Elle recueillit un peu d’eau fraîche dans sa main et se tamponna la nuque.
Ses cheveux étaient souples sur ses épaules , légèrement ondulés. Elle se rappela qu’un jour William lui en avait fait compliment..
Elle s’essuya les mains d’une façon saccadée et sortit.

Elle avait à peine fait un mètre à une allure de guerrière qu’elle rentra de plein fouet dans une paroi dure et musclée. L’homme aussitôt mit ses mains sur ses avant-bras et , alors qu’elle relevait ses yeux incrédules , humant ce parfum qu’elle avait déjà appris à reconnaître , la voix chaude et profonde de Spike la fit vibrer et tressaillir.

« Oh je suis très heureux de te voir aussi , » murmura t –il avec un petit rire.

« Tu n’es pas parti ? » Les mots fusèrent avant qu’elle ne prenne le temps de réfléchir. Il haussa un sourcil un peu étonné ,puis ses lèvres prirent une moue à la fois satisfaite et moqueuse.
Fascinée , elle regarda comme il plaçait sa langue en appui contre son palais , la bouche entrouverte , la scrutant avec une délectation gourmande qui n’arrangea pas les battements tempétueux de son cœur.
L’emprise de ses mains autour de ses bras nus s’était faite caressante. Il passait ses pouces lentement sur la peau , et , le visage penché , l’enveloppait d’une attention si pénétrante qu’elle avala sa salive.
Il la poussa un peu sur la gauche , et des gens passèrent à leur hauteur dans des éclats de voix et de rires.

« Pourquoi serai-je parti, amour ? » chuchota t –il.

« Je t’ai vu. » Elle le regardait à présent avec dédain , et son menton dressé semblait vouloir affirmer : ‘Ose mentir !’

« Tu m’as vu ? » répéta t –il , et il la pressa contre lui. Elle gémit à peine quand les hanches de Spike la plaquèrent contre le mur. Elle n’allait pas lui donner la satisfaction de lui montrer qu’elle était affectée par sa proximité. Il mit une main autour de sa taille , tandis que de l’autre , suivait la ligne d’un sein, dont la forme se percevait derrière la finesse du tissu.

« Moi aussi je t’ai vue. Passes –tu une bonne soirée , amour ? »

« Oui. Jusqu’à ce que je comprenne que tu te faisais aisément séduire par cette femme à l’allure scandaleuse, » jeta t –elle.

Il éclata de rire , et elle voulut se dégager. Puis son rire cessa aussitôt , et son visage devint grave , ses yeux remplis d’ardeur. Et il la reprit contre lui impétueusement.

« C’était Chloé. Une jeune femme qui travaille dans un magasin en face de l’appartement où j’ai emménagé. Elle me proposait simplement de venir m’asseoir avec ses amis. J’ai dû aller les saluer , par courtoisie. »

« Cela m’est égal, » dit Buffy . « Tu peux séduire qui bon te semble. Mais ne joue pas à ce petit jeu avec moi. » tempêta t –elle.

« Quel petit jeu ? » demanda t –il , la voix dangereusement calme , les yeux rétrécis.
Ils étaient à nouveau l’un contre l’autre. Elle retint une plainte quand il enfonça sa verge contre son ventre , délibérément.
Leurs souffles étaient aussi erratiques que s’ils avaient fait la course à travers une foret.


« L’autre jour… tu faisais comme si.. comme si je t’intéressais. Pourquoi n’es-tu pas.. .. »
Elle se tut. Se rendant compte qu’elle était exactement en train de faire ce qu’elle ne voulait pas. Trahir la faiblesse de ses émotions.
Reconnaître qu’elle n’avait qu’une envie : qu’il la prenne contre lui . Encore.

«Pourquoi ne suis-je pas.. quoi ? » sourit-il.
Buffy le fusilla d’un regard devenu à la fois plus sombre et plus vibrant.

« Rien. Comment as-tu eu l’idée de venir ici ? »

« C’est le seul club de la ville , à ma connaissance. »

Elle l’observait toujours avec une pointe d’orgueil qui n’était pas sans lui rappeler les premiers instants où ils s’étaient adressés la parole , cinq années en arrière. Cela lui plaisait .. infiniment.


« Et je ne regarde personne, » continua-t-il avec force. « Je savais que tu serais là ce soir. J’ai rendu visite à ta mère cet après –midi , et elle m’a dit où vous alliez vous détendre le Samedi. »

« Je sais.. Maman m’a dit que tu étais venu, » reconnut-elle .

Il ancra son regard sur les lèvres humides. Il avait gardé sa main gauche autour de sa taille , et pensa que , pour la seconde fois, il la tenait comme il en avait toujours eu envie.
Et c’était une sensation exquise.


Elle ouvrit des yeux affolés quand il fit bouger imperceptiblement son bassin , se frottant contre la paroi souple de son ventre , affichant la force de son désir.

« Tu es belle.. » murmura t –il , la voix rauque. « Viens danser.. »

Elle le regarda plus attentivement . Elle gardait une main à peine appuyée sur sa taille , mais à cet endroit , ses doigts la brûlaient. Que serait ce , si elle touchait sa peau nue..
Elle passa un bras autour de son cou , et il tressaillit. Posant son front contre le sien , il répéta.

« Viens danser , bébé. Je veux te tenir. Je veux te sentir onduler contre moi.. »

Elle buvait ses paroles. Ses jambes devenaient faibles , ses reins se tendaient. Et une gorgée d’humidité mouilla son sexe d’une manière si intense et brutale qu’elle eut un gémissement sourd.

« Une seule danse.. » accorda –t- elle.


Elle le sentit se détendre contre elle.

Vit sa bouche s’étirer en un lent sourire sensuel , prometteur.
Et fut frappée encore une fois par la différence qu’elle percevait en lui , par rapport aux souvenirs de William. Spike incarnait une sensualité débridée , dangereuse , et elle avait l’impression qu’elle ne tenait plus les rênes.

Il la prit par la main , et marcha un peu en avant. Elle admira la musculature de son dos mise en valeur par la façon dont le tee-shirt noir collait à son torse. Puis observa la finesse de sa taille , la perfection de ses bras souples , musclés exactement comme elle les aimait..
Elle sortit de la torpeur dans laquelle l’avait plongée ce corps splendide , quand elle réalisa qu’ils étaient sur la piste , au milieu d’autres couples , et que la chanson était justement un air langoureux , juste assez lent et juste assez enlevé pour qu’il la guide avec assurance, et une séduction qui s’avérait proprement insupportable.

Il la tenait serrée contre lui , et elle se contentait de suivre ses mouvements. Il avait passé un bras dans son dos, et leurs mains de l’autre côté étaient jointes. Il ferma brièvement ses paupières , les narines un peu dilatées , puis quand il les rouvrit , elle se noya dans le bleu profond de ses yeux.

« J’ai voulu danser contre toi depuis une éternité, » râla t-il .

Il donna une impulsion rotative à ses hanches.. et se délecta de noter la lueur d’affolement dans les prunelles vertes.

« Tu n’as pas peur d’être surpris par certaines de tes élèves ? » dit-elle d’une voix de gorge qui le troubla. « Beaucoup viennent ici le samedi soir. »

« Et alors ? Au moins elles auraient conscience que leurs œillades gourmandes sont inutiles. »
Il la fit se tourner , et elle se retrouva contre lui , pressée contre sa poitrine , tandis qu’il enserrait sa taille dans ses paumes , et que elle recevait la chaleur de son souffle entre son épaule et son oreille.
Au fond de la salle , un petit groupe d’adolescentes discutait fiévreusement, admirant la beauté du couple. Parmi elles , la jeune Cinthia semblait très chagrinée.



Buffy éprouvait les sensations les plus merveilleuses.
Dans cette position suggestive , elle avait soudain conscience qu’elle prenait le pouvoir.

Elle leva ses bras au dessus de la tête , et imprima à son bassin une lente cadence , apercevant avec une gaieté toute féminine plusieurs regards masculins s’embraser autour d’elle.
Quand elle sentit que les mains de Spike remontaient doucement le long de ses côtes , elle eut une plainte.

« Si tu ne t’arrêtes pas immédiatement , je quitte les lieux, » murmura t –elle , tout en jeta son visage en arrière , s’appuyant à son épaule.
Elle entendit son rire chaud , velouté. Mais il remit ses mains sagement autour de la taille.

« Tu es telle que je l’imaginais, » continua t –il , lui aussi baignant dans une félicité jamais éprouvée.

« C’est à dire ? »

« Ensorcelante.. » Il vint mordiller la chair de son cou. « .. et tu t’ajustes si parfaitement à mon corps, amour. »

Cette fois elle gémit. Il avait accompagné ses mots d’une poussée significative de ses reins , et elle ne put que constater la dureté de son sexe qu’il logeait dans la vallée moelleuse de ses fesses.

Autour d’eux , dont la beauté et l’ érotisme un peu indécent formaient une vision , les autres danseurs paraissaient noyés dans une image sans saveur.
Buffy songea un instant que ses amis l’apercevraient peut-être.. Elle vit du coin de l’œil Anya et Alex , qui semblaient perdus l’un dans l’autre , et laissa échapper un petit soupir.
Willow et Tara étaient déjà plus ou moins au courant..
Les dernières notes de musique s’égrenaient.
Elle balança encore ses hanches lentement , dans une rotation qui lui donna le vertige tant la sensation de ce corps se frottant contre ses reins l’emportait dans un brouillard de volupté indicible.

Elle ferma les paupières alors qu’il respirait avec une plainte , la bouche dans son cou.

Spike la remit tout à coup en face de lui et elle fut ébranlée par le désir nu qui peignait ses traits. Puis il s’immobilisa et eut un sourire qu’elle reçut comme un voile de velours sur son cœur.

Elle allait lui proposer de venir vers leur table , car comment aurait-elle pu se résoudre à passer le reste de la soirée à l’observer de loin ?
A l’instant où elle ouvrait la bouche , ce fut lui qui prit la parole.

« Transmet mes amitiés à Willow et Anya, et dit bonjour à Tara et Alex pour moi. »

Buffy cacha son désarroi avec une indifférence feinte.

Ses lèvres si belles , si tentatrices , s’ouvraient à peine, se penchaient. Il affichait un air à la fois satisfait et un peu rêveur. Elle crut qu’il allait l’embrasser. Mais il eut encore ce petit geste follement suggestif de sa langue contre son palais , et la quitta en murmurant : « A très bientôt , amour. »


Buffy s’éveilla de l’exquise douceur avec la sensation de quelqu’un qui frappait légèrement son bras.

« Tu dois me remercier, » dit Anya , la mine épanouie.

Buffy la regarda sans la voir. Puis alors que la musique reprenait , se dirigea vers leur table.
Elle éprouvait une frustration intense.

« Aurais-tu la bonté d’être plus claire ? » demanda t –elle , sortant peu à peu de son engourdissement.

« J’ai cru que vous alliez prendre feu toi et Spike, » continua t –elle avec une certaine jubilation.
« Si Alex avait vu çà , il aurait fait un malaise. Je l’ai donc persuadé de me tenir le plus prés possible ! »
Elle termina ses mots avec un petit air de fierté qui amusa Buffy.
« Je n’oublierai pas cela, d’accord, » promit celle-ci.
Mais à quoi bon , ajouta t –elle pour elle-même. Alex devrait se faire à l’idée . Quelque chose débutait avec Spike . Quelque chose qu’elle n’avait pas l’intention de cacher.

Quand elles s’assirent , alors qu’Alex était retourné au bar , Buffy surprit les visages de Tara et Willow.

« Tu nous dois une explication , mademoiselle, » dit cette dernière , affectant une expression stupéfiée.

Buffy leva les yeux au ciel. La fin de la soirée promettait d’être une suite de vérités qu’elle n’osait s’avouer à elle-même.

« Cela peut attendre demain , n’est-ce pas ? » demanda t –elle avec une candeur ingénue.

« Et Spike ? Il était là tout à l’heure mais il semble s’être volatilisé, » remarqua Alex qui revenait. « C’est dommage. »

« Ne t’inquiète pas mon chéri, ce sera pour une autre fois, » dit Anya avec jovialité , en lançant un coup d’œil entendu à Buffy.

Celle-ci chercha encore dans les lumières ondulantes une silhouette noire et féline. Mais il avait bien disparu , et elle se surprit à éprouver une inquiétude mêlée d’une faim ardente de connaître encore la chaleur dure de son corps contre le sien.
William n’aurait-il pas tout donné pour continuer à danser avec elle.. ?


A suivre.
Chapitre 11 by Cassiopea
Author's Notes:
Ces deux chapitres sont dédiés à Emile.
J'espère que tu aimeras cette lecture , et encore un grand merci pour ton soutien. :)
Chapitre 11.



« Je croyais mourir. Je mourais. Et tu as mis tes mains sur mes yeux. Je sens encore leur fraîcheur. Ta douceur et ta cruauté. Tu as marché vers moi telle une ombre mouvante ,inexorable , et tu a changé mon destin. Le pauvre William s’est transformé en l’inaccessible Neteriekhet .
Amour , brume froide et brûlante, feu qui danse et m’étouffe , éveille le sang les blessures l’insomnie l’obscur désespoir et la joie de ta chair…. Ta bouche était la lumière , ton corps le pays de mes baisers.. alors j’ai bravé les souvenirs les délires la souffrance… »

Buffy referma le livre un instant. Allongée sur le canapé du salon , elle s’aperçut qu’elle tremblait.
Pendant plusieurs jours , quand elle avait enfin trouvé l’occasion de chercher le roman de William , elle l’avait négligemment déposé sur la commode de sa chambre.
Le livre l’effrayait.
« Ton amour a enfermé la nuit. » Ce titre l’avait intriguée. Mais comment aurait-elle osé exprimer ses pensées les plus secrètes , les plus confuses , à celles qui avaient lu et aimé cet ouvrage ?
Joyce ne savait pas l’attachement particulier qui avait rapproché Buffy et William pendant quelques jours , incrustés dans le sable d’or de sa mémoire.
Tara et Willow ne pouvaient soupçonner la souffrance qui avaient accompagné les révélations de Giles lorsque ce dernier avait évoqué la situation du jeune homme en Angleterre.

Cela avait été une semaine un peu étrange.. où elle n’avait fait que jouer à cache-cache avec Spike , où elle avait délibérément évité toute possibilité de se trouver seule avec lui :il était venu au gymnase , mais Jarvis était là pour organiser une série de cours. Le mercredi Buffy n’avait pas classe. Et Le Jeudi à midi ils avaient partagé un déjeuner en compagnie de plusieurs autres collègues , et malgré l’insistance des regards qu’il posait sur elle , elle s’était échappée à la première occasion.

Joyce était absente pour tout le week-end , en déplacement pour la galerie. Buffy se dit qu’elle était prête à découvrir le roman sulfureux de William Blomingdale..
En ce Samedi soir un peu brumeux , recherchant une solitude bienfaitrice , elle avait pensé qu’il était temps de connaître les éléments du passé qu’il avait publiquement dévoilé. Giles avait souligné que l’œuvre avait été écrite en quelques semaines , et retraçait la période de son séjour à Oxford , dans les deux ou trois années qui avaient suivi le passage de William à Sunnydale.

‘Qu’espérais-tu ?’ se dit Buffy , encore bouleversée par une lecture qui l’avait absorbée toute l’après-midi. Mais elle n’avait pu faire autrement.
A peine avait –elle lu les premières lignes ,qu’ elle avait été rongée par la curiosité ardente d’aller jusqu’au bout.
Et elle avait lu , le cœur violemment malmené. Le sang battant à ses tempes. Le cœur étreint , palpitant , incrédule .
Son écriture était une imagerie douloureuse. Et cette femme , Drusilla..
Son portrait était un mélange d’admiration et de résignation.

Buffy recevait le flux d’une émotion interminable , comme les vagues d’eau de mer qui viendraient ronger une plaie.

Comment rapprocher le doux et vulnérable jeune homme qu’était William Kensinton , avec cette créature de passion , de tumulte , qu’il décrivait ?
Elle reprit le livre , les yeux brouillés , pour déchiffrer les dernières pensées.

« ..Le temps est aride , le temps creuse ses sillons dans notre chair , et efface l’absence du ciel , la pluie de lumières , et je mœurs et renais, et tu mœurs et restes comme une barque rongée , loin de tous les climats. Amour , dans cette prairie où tu m’as étreint tu as cessé de brûler mes veines.
Notre dernier baiser a fermé la nuit. »

Elle laissa retomber son bras. Le roman fit un bruit sourd en arrivant sur le sol.
Une douleur sourde , inconnue , comprimait sa poitrine. L’intensité de l’amour que Spike avait apparemment vécu lui fit réaliser qu’elle ne le connaissait pas. Qu’elle ne l’avait pas compris.
Et cet inconnu qui était de retour à Sunnydale , que lui voulait-il ?
Il restait vague dans sa description dont la relation avec Drusilla s’était achevée. Buffy éprouva soudain un élancement plus douloureux .
Indéniablement , Drusilla demeurait une perle noire , inaltérable dans l’écrin de son âme .
Elle respirait de manière saccadée , et elle se releva , le visage brûlant.

Il fallait qu’elle se ressaisisse. Il fallait qu’elle oublie ce qu’elle venait de découvrir.
Elle se leva ,les jambes un peu faibles.

Spike..
Pourquoi la connaissance de son passé agissait-elle comme une souffrance aussi aiguë ?


* * * * * * *



« Le mythe est primordialement , dans toute société traditionnelle, ce qui raconte une histoire sacrée. »

Spike arpentait l’estrade , et sa voix profonde , ferme , tenait son auditoire en haleine.

« Toujours y interviennent les Dieux ,ou.. » Il eut un petit sourire. « ..tout au moins , les puissances numineuses. Et l’histoire sacrée se déroule in illo tempore. Cette notion d’un temps qui commence est très importante. J’aimerais que vous ayez clairement à l’esprit ces notions. »

La sonnerie retentit. « Pour mercredi , je vous demande simplement de lire les trois premiers chapitres. Je vous rappelle que cette lecture pourra être vérifiée par un test. »

Un léger brouhaha s’éleva. Puis les adolescents rangèrent leurs affaires. Spike retourna s’asseoir derrière son bureau , et s’absorba dans les feuillets étalés devant lui.
Il avait encore un cours , avec une classe de seconde qui ne comptait pas beaucoup d’élèves , et cela lui permettait de travailler de manière un peu différente ; il se souvint que c’est dans cette classe était la jeune fille qui avait un comportement parfois fantaisiste . Il faudrait qu’il interroge Buffy afin de savoir si elle continuait à manifester une animosité particulière envers elle.

Les jeunes gens arrivaient et prirent place peu à peu à leurs places assignées. Quand il commença son cours , il jeta un œil sur Cinthia Malock , assise au premier rang. Elle l’observait avec des yeux noirs , et on aurait dit qu’elle voulait le mordre.
‘Allons bon,’ pensa t –il. ‘Je suis au même traitement que Buffy à présent’.

Quand il leur donna la parole , comme il essayait régulièrement de le faire pour organiser la discussion , elle resta délibérément sur sa réserve , ne répondant que par quelques mots qu’il fallut lui arracher , et son regard demeura chargé de rancune.

Spike décida de l’ignorer , et mena le reste de son cours avec son entrain habituel. Quand il termina par une plaisanterie , il crut même apercevoir une ébauche de sourire sur le visage fermé de l’adolescente. Mais elle reprit son masque le plus vite possible .

Cependant , quand elle s’arrêta à sa hauteur alors qu’il rassemblait ses affaires dans son cartable, il afficha une figure attentive.

« Je voulais vous dire.. je.. » Elle baissa la tête. Il attendit , notant que la plupart des élèves s’éloignaient dans le couloir. Seule une autre adolescente aux nattes rousses semblait attendre son amie. « Je vais faire des efforts. Je vais me mettre au travail. »

« Oh , enchanté de l’apprendre. A partir de demain , je suppose ? »

Elle le dévisagea avec un soupçon d’incertitude puis comprit ce qu’il voulait insinuer et se mit à rougir.
« Oh Oui.. je.. aujourd’ hui j’étais en colère , mais cela va aller mieux. »

Elle ne paraissait pas prête à en dire davantage , et il pensa que son attitude avait à voir avec le fait qu’elle avait dû comprendre que les yeux doux dont elle l’avait gratifié ne faisaient que la rendre ridicule.
IL lui fit un petit sourire rassurant .
« Mais, je vous souhaite tout le bonheur que vous méritez. »
Sur ces paroles surprenantes , elle rougit violemment , et se détourna .
Il la regarda partir avec étonnement. Quoiqu’elle ait voulu dire , il était soulagé de constater qu’elle se tiendrait désormais convenablement.
Les toutes jeunes filles pouvaient être si déconcertantes.



Il regagna son bureau , où il avait pris l’habitude de travailler. Cette pièce qu’on avait eu la gentillesse de lui assigner , il avait parfaitement conscience que c’était une faveur que l’on accordait rarement aux professeurs , à moins qu’ils ne soient plus âgés.
Et que cela avait certainement un lien avec son roman.

Il était installé depuis un moment pour corriger un ensemble de copies , les manches de sa chemise roulées sur ses avant-bras , le col déboutonné , quand on frappa plusieurs coups à la porte.

« Entrez, » dit-il , s’attendant à accueillir un ou une de ses élèves.
Ces derniers venaient de temps en temps , même s’ils préféraient demander des informations en général à la fin des cours.

Buffy se tenait sur le seuil , et sa beauté lui coupa le souffle. Elle portait un pantalon de toile claire qui moulait ses jambes divinement , mais ce qui attira aussitôt son attention fut le bustier fleuri qui découpait la finesse de sa taille et la perfection de ses seins . Elle avait relevé ses cheveux en une masse de boucles un peu désordonnées , et la senteur de son parfum envahit ses narines.
Elle avait dû terminer ses séances de gymnastique une demi heure avant ; il mesura combien elle lui avait manqué depuis une semaine , et les entrevues impersonnelles qu’ils avaient eu avait aiguisé une faim de plus en plus avide.

« Je ne te dérange pas ? »

« Non, entre, » assura t –il en se levant et en venant vers elle.
Il l’observa et elle parut être gênée par l’insistance de son regard.

« Tu as beaucoup de travail ? » continua t –elle en se rapprochant de la table où s’étalaient des copies.
« Assez. Ce sont les premiers devoirs, » expliqua t –il en direction des feuilles éparpillées.

« Tu n’as plus de problème avec la jeune Cynthia ? » demanda t- elle en prenant appui contre le meuble.

« Non , justement , je voulais t’en parler. Elle m’ a dit quelques mots cet après-midi, s’est excusée de son comportement , et a promis qu’elle se mettrait au travail. »

« Elle m’ a tenu le même discours ce matin. M’a simplement annoncé qu’elle allait cesser ses enfantillages , car elle avait compris certaines choses. »

Ils échangèrent un regard incertain.
« Je suppose qu’elle a réfléchi et compris l’incongruité de son attitude. Je suis persuadée que par ailleurs c’est une jeune fille charmante. » dit Buffy .

Spike hocha la tête. Il ne formula pas le fond de sa pensée , mais pour lui ,il était soudain très clair que Cinthia avait dû les apercevoir au Bronze et aux yeux de ceux qui les auraient observés attentivement , leur danse ne pouvait pas paraître autre chose qu’une déclaration.

En ce qui le concernait , cela était clair. Mais il ne savait pas exactement ce que Buffy avait en tête.

« Es-tu complètement installé à présent ? » interrogea t –elle .

Il sourit , n’étant pas dupe de sa tentative de changement de conversation. Elle pouvait être si transparente.. l’avait toujours été ,pour lui.

« Oui, » répliqua t –il d’un ton plus profond. « Es –tu libre ce soir ? »

Buffy sentit son cœur s’emballer sauvagement devant cette manifestation constante de séduction . Il s’était rapproché , se tenait beaucoup trop prés à présent.

« Cela dépend. »

« Cela.. dépend ? » murmura t –il , un sourcil haussé. « Tu veux peut-être savoir si je sais faire la cuisine ? »

« Non » Elle le dévisagea lentement. Ses traits harmonieux avaient gagné une légère maturité qui le rendait absolument magnifique. Elle se souvint des mots de passion qu’elle avait découvert dans son œuvre et ses yeux prirent un éclat plus froid , que Spike nota immédiatement.

« Je crois qu’il faut qu’on parle, tous les deux. »

« De quoi aimerais-tu parler , amour ? » demanda t –il avec une voix tendre.

« J’ai lu ton livre. »

Il attendit. Elle vibrait de.. colère, et d’un autre sentiment qu’il ne déterminait pas.

« Maman ne plaisantait pas quand elle me disait que tu y faisais des révélations fracassantes. »

« Que veux-tu , c’était la jeunesse et la folie. »

« Et l’amour ? »

Il la contempla gravement . « Ce livre parle d’amour, en effet, » assura t- il de sa voix de velours.


Elle lui en voulut d’éviter de répondre à sa question.
Mais elle avait trop d’orgueil pour lui demander directement quelle place avait tenu Drusilla dans sa vie.
Une place d’une importance capitale, si elle pouvait en juger par les mots bouleversants .. Elle se sentit fragile.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi , après tes années à Oxford et les mois à New York , tu aurais satisfaction à venir dans une obscure ville de Californie. » dit-elle avec humeur.

Ses yeux verts devenaient chatoyants , gorgés d’une lumière qui le grisait.

« Alors à toi de trouver la réponse.. » souffla t –il , posant une main sur sa taille.
Elle tressaillit violemment mais ne bougea pas.

« N’as –tu pas l’impression que nous nous sommes dit au –revoir il n’ y a pas si longtemps ? » haleta t-il , son visage penché vers elle.
Elle entrouvrit ses lèvres et il vint capturer sa bouche si légèrement qu’elle en ressentit une frustration intense. Il mordilla , lécha , et suça la ligne voluptueuse de ses lèvres.

« Tu as un goût de fruits.. » murmura t –il , et il continua à goûter la douceur parfumée de sa chair. Elle portait un brillant , dont le parfum d’abricot avait à présent envahi sa langue.

Quand il se redressa , elle crut qu’il allait s’éloigner , et elle saisit sa nuque avec force.
Mais il l’embrassa encore avec une hargne sauvage , une faim aiguisée par tous les mois où il avait désespérément rêvé de cette étreinte.

« Maintenant ? » dit-elle , s’accrochant à ses épaules.

« Maintenant ? » répéta t-il , les yeux chavirés. « Dis –moi ce que tu veux , amour.. » IL emprisonnait sa taille d’une main , et de l’autre , explorait la rondeur d’un sein.
Elle haletait , le front contre le sien. Il passa son pouce lentement sur le mamelon qu’il sentait se dresser sous la finesse du bustier.

« Maintenant , nous pourrions aller.. »

Il reprit ses lèvres , et elle gémit , le visage en arrière , offerte. Il changea la place de sa main
gauche , passant de la taille à la nuque , et défit les agrafes du bustier . Quand elle reçut le contact direct de sa paume sur son sein , seule la dentelle de son soutien-gorge une barrière entre leurs corps , elle cessa de l’embrasser.
Elle était entièrement plaquée contre lui , les jambes entre ses jambes un peu écartées , et elle baissa les yeux sur l’espace de chair qu’il caressait avec une fascination singulière.
Spike éprouvait une nervosité qui le troublait , mais qu’il cachait avec maestria. Il agaçait le bourgeon tendre , et frottait autour de lui , en cercles concentriques , la totalité du sein.
Elle portait la lingerie la plus exquise .

« Que disais-tu ? » haleta t –il .

Buffy respirait bruyamment. Une multitude de petites flammes de plaisir couraient sur sa peau , sur son ventre. Elle découvrait combien sa poitrine était une zone érogène terriblement sensible , et , réalisant que Spike était à l’origine de cette révélation , elle éprouva de l’excitation mêlée de crainte.
« Je disais.. Oh… »
Il s’était penché , et appliquait sa bouche ouverte sur le globe de chair douce. Elle allait le repousser.. elle n’était pas venue pour.. Ils étaient dans son bureau.. n’importe qui pouvait entrer..
Elle sentit le désir mouiller son sexe avec une force brutale , s’arqua contre sa bouche , alors qu’il suçait le mamelon à travers la soie.

« Oui.. bébé ,oui.. » râla t –il , la saisissant à deux mains sur ses hanches , et attaquant l’autre sein avec la même gourmandise éhontée.

« Spike.. ! » dit-elle. Mais sa voix de gorge ressemblait à une prière , non à un avertissement.

Il n ‘ y avait rien de plus érotique que de subir les caresses de la langue d’un homme , alors qu’elle n’était pas entièrement dévêtue.. songea t –elle , acceptant les vagues de volupté qui baignaient son esprit et son corps , continuellement.
Il accompagna le passage de sa langue , suçant et aspirant chaque pointe , d’un mouvement rotatif de son bassin. Et Buffy sentait sa tête tourner , ses jambes faiblir , et son sexe s’embraser.
Il releva soudain son visage , et il portait une telle expression de félicité qu’elle en fut étourdie.

« Je ne souhaite rien de plus fort que de continuer.. » chuchota t-il. « Mais , nous serions mieux chez moi. »

Ces paroles agirent comme un réveil pour les sens aiguisés de la jeune femme.
Elle le repoussa , et , avec fébrilité, entreprit de rattacher les minuscules boutons. En silence , il l’aida.

« Buffy.. »

« Allons-y. A moins que tu n’aies encore du travail à terminer, » dit-elle avec brusquerie.

Elle fit quelques pas loin de lui , passa une main un peu tremblante sur son front.

« Oui , j’ai encore du travail, » soupira t –il avec un brin d’exaspération. « Mais j’ai tout mon temps pour le finir. »

Il jeta un œil à sa montre. « Il n’est pas loin de six heures. Nous allons nous arrêter pour prendre de quoi manger , et je te fais les honneurs de mon nouvel appartement , qu ‘en dis –tu ? »

Elle hocha la tête. Elle avait repris le contrôle d’elle même , l’observait entre indifférence et curiosité.
Il réprima un grognement et rassembla rapidement ses copies , qu’il rangea dans sa pochette noire.


Le trajet se passa dans un silence presque complet. Buffy s’étonna une fois de plus , de constater combien cette absence de paroles n’était pas inconfortable entre eux, combien il leur avait toujours été si facile d’être l’un aux côtés de l’autre , sans parler , et d’en éprouver un bien-être parfait.
Même si le dernier silence entre eux avait gardé les couleurs du chagrin.

Elle observa son profil , la ligne droite , aiguisée de sa mâchoire , et la courbe sensuelle de sa bouche, puis la blondeur séduisante de ses cheveux qui , en cette fin de journée , avaient un petit air indiscipliné délicieux.

Elle réprima un soupir. La sensation d’être avec son William et un inconnu affluait de manière intempestive et cela l’agaçait.
Il fallait qu’elle accepte une fois pour toute qu’il avait changé . Et d’ailleurs , ces transformations se rangeaient apparemment dans une catégorie positive.. n’est-ce pas ?



« Qu’est-ce que tu aimerais pour ton dîner ? » demanda –t- il en s’arrêtant à hauteur de plusieurs magasins d’alimentation .

Elle haussa les épaules. « Tu n’as vraiment rien chez toi ? »

« Tu sais le frigo d’un célibataire est toujours désert. Mais si tu prends l’habitude de venir , je pourrais faire un effort. » Il haussait un sourcil taquin , et lui fit un clin d’œil. Elle ne releva pas le sous-entendu de sa remarque.

« Pizza ? » suggéra t –elle.

« Entendu. » Il disparut . Elle suivit sa silhouette puissante alors qu’il marchait sur le trottoir , admirant la largeur de ses épaules et ses avant-bras bronzés. Plusieurs visages féminins s’éclairèrent sur son passage.
Il était d’une séduction infernale , et cela la contraria. Etait-il envisageable de se laisser emporter par l’attrait indéniable qu’elle avait eu pour lui depuis le premier jour ?

Mais si cette attraction était entravée par leurs situations respectives cinq ans auparavant , plus rien aujourd’hui ne les empêchait de donner libre cours à leurs désirs.

Désirs..
Elle eut la sensation de sa bouche , rendant humide la soie de son soutien-gorge , s’enroulant doucement..
Elle sentit que les battements de son cœur s’amplifiaient. La façon fervente avec laquelle il l’avait caressée ressemblait aux manières débridées de William. Mais elle se rendait compte qu’il n’y avait plus cet aveuglement , cette faim désespérée qu’avait affiché le tout jeune homme.
Spike avait une maîtrise de lui-même assez déroutante.

Elle se demanda en son for intérieur quelles tentations le feraient s’enflammer.



Elle sursauta quand il ouvrit la portière , et déposa une grande boite sur le siège arrière.

Il l’enveloppa d’un regard pénétrant , s’attardant sur ses joues . Elle le fusilla d’un regard qui semblait dire : « Si tu fais une réflexion déplacée , je descend de cette voiture. »

Il se contenta d’un sourire ironique.

« Toi non plus tu n’as pas emménagé depuis longtemps, » souligna t –il au bout d’un moment.

« Non , c’est vrai, » reconnut-elle. « Est-ce un moyen de me demander de connaître l’endroit ? »

« Naturellement. Giles m’a simplement révélé que tu n’étais pas très loin du lycée à pied. »

Buffy lui jeta un regard amusé. « Nous sommes presque passés devant il y a quelques minutes. »

« Et combien de temps crois-tu que tu pourras encore résister ? »

« Résister ? » répéta t –elle en haussant un sourcil .

« A m’emmener là bas. »

« Dans tes rêves ! » se moqua t –elle.


Spike resta sans répondre mais lui sourit.
Etre dans une voiture avec elle à ses côtés paraissait si ordinaire . Mais ce n’était pas le cas. Et cela ravivait des souvenirs amers et merveilleux. Un désir sourd , brûlant ses veines.

Des tourments qu’il croyait avoir enfoui dans l’océan de caresses d’autres femmes.
Comme il se trompait.


A suivre.
Chapitre 12 by Cassiopea
Chapitre 12-



L’ appartement de Spike était situé dans une rue résidentielle ,à l’intérieur d’un bâtiment bas de deux étages , entouré d’arbres et de palmiers.
Il habitait au rez- de chaussée , et l’accès à l’habitation se faisait par un espace de verdure luxuriante à travers le quel il la guida jusqu’à une porte en bois sculpté. Une profusion de lauriers roses garnissaient les abords de l’entrée.

Le hall donnait sur un séjour de taille moyenne , murs blancs , une large baie coulissante offrant une vue sur d’autres jardins , des façades en bois de maisons particulières, et , tout au bout , Buffy pouvait s’imaginer distinguer la ligne de l’océan.

Sur la gauche s’ouvrait la cuisine , où Spike alla déposer leur repas.

« Bien entendu , c’est encore un peu sobre, » reconnut- il quand il revint de sa démarche un peu sinueuse . Elle eut l’impression d’avoir déjà vécue cette scène.

« Mais, j’ai l’essentiel, » dit-il avec un sourire qui la fit frissonner .

Elle regarda autour d’elle. Un canapé de cuir fauve , immense , occupait un pan de mur , et en face il avait installé deux étagères remplies d’ouvrages , au centre desquelles un écran de télévision tenait une place de choix. Une petite table en verre devant le canapé complétait l’ensemble.
Le reste de la pièce était vide , mais Buffy , avançant avec nonchalance , apprécia l’atmosphère immédiatement. Elle se tint debout devant la porte –vitrée .

« J’aime, » dit-elle avec un petit sourire rêveur.

« Et moi , j’aime que tu sois là.. » murmura t –il d’une voix caressante. Il lui mit les mains sur la taille et elle se laissa aller contre lui.

Ils demeurèrent plusieurs minutes , savourant cette quiétude un peu exceptionnelle entre eux.
« Fais-moi.. fais-moi visiter le reste, » souffla t –elle , son corps trahissant déjà l’irrésistible désir qu’il faisait naître dans ses veines.

« Il y a un bureau, qui est dans un désordre.. certain. » Sa voix était un ronronnement contre son cou. Elle fit un effort pour se souvenir que cet homme ensorcelant demeurait un mystère pour elle.
« Une salle de bain.. avec une douche ,pour deux. » Elle frémit et il mordit doucement la chair de son épaule. « Et ma chambre.. » Il avait chuchoté ce dernier mot avec une promesse.


« Allons manger, » souffla t –elle. « Cela va refroidir. »

Il ne souhaitait rien de plus que la garder dans ses bras et lui avouer combien il avait attendu ce jour. Mais il avait aussi le sentiment que maintenant qu’il était de retour , rien ne l’empêcherait de provoquer toutes les occasions pour qu’elle accepte enfin ce qu’il avait à offrir.


Ils s’installèrent sur les tabourets qui étaient placés devant le comptoir. La cuisine était petite mais adorablement agencée , et une fenêtre haute donnait sur la partie verdoyante de l’entrée.
Ils évoquèrent le lycée , tout en mangeant de bon appétit.
Buffy ne pouvait pas se défaire de l’idée que toute cette situation avait quelque chose d’irréel : elle était avec William.. non , Spike Kensinton , ils partageaient un repas autour d’une discussion simple , sans se disputer , sans élever la voix .

Quand ils eurent terminé , elle l’aida à ranger. Puis il la conduisit voir le reste de l’appartement , qui consistait en un bureau dans un désordre remarquable , comme il l’avait souligné , une salle de bain aussi jolie et agréable que la cuisine , et sa chambre où un lit immense et une armoire ancienne constituaient les seuls meubles. La pièce donnait à l’ouest et des stores bleus tamisaient la lumière du soir.

« Tu es très bien installé, » dit-elle , leurs pas les ramenant vers le salon.

« Oui. J’ai trouvé facilement grâce à Giles. Il n’est pas très loin . »

« Je sais. C’est bien que tu aies pu compté sur lui en arrivant. »
« J’ai revu Willow , et fait la connaissance de Tara. Elles te l’ont dit ? »

« Oui. Nous avons un peu évoqué ton retour , la dernière fois que nous avons mangé ensemble toutes les trois. » dit-elle avec un sourire. « Et elles nous ont vus danser.. »

Elle était venue naturellement se placer devant la baie vitrée. Les rayons du soleil couchant nimbaient les arbres et les fleurs d’un voile de couleur irisée.

« Tu pourrais presque voir l’océan.. » dit-elle , pensive. « Il suffit d’imaginer qu’il est devant nous, loin. »

Il l’entoura de ses deux bras . Elle fut aussitôt envahie d’un sentiment intense de trépidation .

« Oui.. » acquiesça t- il . Et la douceur un peu râpeuse de sa voix était une musique. « Nous y retournerons. »

C’était une requête , et une affirmation.
Comme si elle pouvait avoir oublié leurs instants volés , sur cette plage au bord du Pacifique , quand elle ne voyait en lui qu’un rebelle un peu fou .

« N’as-tu jamais éprouvé le désir de quitter Sunnydale ? » souffla t –il.

« Si , parfois. Mais au moment où je créais la fantaisie dans ma tête , je songeais que je laisserais derrière moi les gens que j’aime. »

Elle le sentit frémir , reprendre son souffle.

« J’étais presque seul au monde quand j’avais dix huit ans , et que je venais de terminer ma première année d’étude, » dit-il d’une voix étouffée. « Certains jours ma solitude a été effrayante. »

Elle vint caresser la main qu’il avait laissé sur son estomac , doucement.

« Tu as dû beaucoup souffrir de perdre ta mère si jeune. »

« Cette souffrance me paraissait insupportable , parfois. Mais un garçon de cet âge ne manifeste pas son désarroi. Il le cache. »

« Crois-tu que ta vie aurait été différente.. si elle avait été là , pour t’accueillir à ton retour de Californie ? » chuchota t –elle , en proie à une émotion étrange.

« Si elle avait été encore vivante, Rupert ne m’aurait pas invité à le rejoindre. »


‘Et nous ne nous serions jamais rencontrés..’ songèrent –ils simultanément.


Buffy ne résista pas au plaisir de l’entourer de ses bras , les levant au dessus d’elle , tandis qu’il lui faisait tourner la tête pour l’embrasser . Leurs bouches fusèrent avec une fièvre qui les laissa pantelants.
Spike remplit ses poumons et attaqua avec plus d’ardeur la bouche offerte. Il la tenait délibérément contre lui , et dans cette position , elle n’avait pas d’autre liberté que de suivre ses envies. Il avait placé sa main gauche sur le bas de son ventre , et l’autre sous son menton .
Elle gémit et il fit écho à son gémissement par une plainte qui envoya des ondes d’excitation plus intenses dans le bas de ses reins.

« C’est bon , amour.. » respira t –il. « C’est si bon , de te prendre.. »
L’usage de ces mots à double sens retentirent comme une sonnette d’alarme dans le cœur de Buffy.
Elle se retourna , oppressée , le dos à la fenêtre.

Ils se regardèrent pendant une longue minute , tous deux en proie à une agitation douloureuse.


« Crois-tu au destin ? » murmura t –elle d’une voix presque inaudible.

Il respirait avec fébrilité. Laissa son regard caresser le visage de Buffy comme s’il voulait s’approprier sa pureté , la grandeur lumineuse de ses yeux verts , ses lèvres tremblantes sur lesquelles il avait goûté un bonheur toujours plus grisant.

« Oui, » dit-il avec une anxiété qui rendit les jambes de la jeune femme bien faibles.
« Et si la vie n’avait pas été si facile pour toi , tu y croirais aussi. »

Ses yeux bleus étaient devenus ardents , et il se rapprocha.

« Quelquefois.. je me suis réjouis que tu aies connu Angel. »

Elle l’observa , bouleversée. « Pourquoi faut-il toujours que tu parles de mon passé ? Si je suis quelqu’un qui t’intéresse aujourd’hui, c’est aussi à cause de ce que j’ai vécu.. »

Il la prit par la taille , posa son front contre le sien.

« Je sais, » admit-il d’une voix sourde. « Mais je n’ai pas oublié le goût de tes baisers , même quand tu me les donnais à contre- cœur. »

Elle gémit et ses lèvres s’ouvrirent instinctivement. Elle avait passé un bras derrière sa nuque et le regardait avec des yeux fiévreux.
« Spike.. » pria t –elle.

Il saisit sa lèvre inférieure avec une douceur si fervente qu’elle réprima des larmes.

Embrasser William lui avait déchiré le cœur.
Peut-être parce qu’elle savait qu’il lui faudrait refuser le bonheur insensé que sa présence lui apportait. Elle se pressa plus avidement contre son torse et il explora la bouche soyeuse avec une frénésie contre laquelle elle était impuissante. Elle se laissa aller en arrière , un petit cri s’échappant de sa gorge. Une félicité brûlante noyait tout son corps.

« Tu as vécu cela , avec lui ? » demanda-t –il , ses mains autour de son visage.

Elle tressaillit , se dégagea.

« Pourquoi m’as –tu fais venir ici ? » dit-elle avec un regard où brillait une fierté outragée. « Tu veux un récit détaillé des trois années où Angel a fait mon bonheur ? »

Les yeux bleus de Spike se rétrécirent et prirent l’éclat de la glace. Il revint vers elle brusquement mais elle ne bougea pas.
« Je me moque de la manière dont cet imbécile s’est comporté, » gronda t –il. « Mais tu ne peux pas lui pardonner de t’avoir abandonnée ainsi. »
Il la prit par les bras , et son beau visage était marqué par la fureur.

« Je ne comprend pas pourquoi il a agi .. de cette manière » assénât –elle. « Nous avions des.. divergences. »

Il eut un rire cynique. « Des divergences ? » répéta t-il avec dédain.


Il ferma un instant ses paupières , cherchant à retrouver son calme. Il avait haï Angel avec une telle force destructrice, quand il était reparti pour Oxford. Bien entendu , cette haine s’était estompée. Mais avait singulièrement retrouvé de la puissance, quand Giles avait raconté brièvement que l’avocat avait brutalement choisi le départ pour Los Angeles.

« D’après Giles il mène une vie agréable , et n’ a pas dû rester célibataire. Reconnais au moins qu’il ne t’ a jamais mérité. »


Il vit trop tard une lueur de douleur profonde se refléter dans le vert amande de ses yeux.

« Amour, je.. pardonne-moi, » dit-il aussitôt. « Ne parlons plus de lui. »

Il avait si mal . Il retrouvait tout le désespoir ressenti , quand Buffy revenait dans les bras d’un homme qu’elle chérissait, et qu’il demeurait seul , vulnérable, trop jeune et inexpérimenté pour comprendre qu’il n’avait aucune chance .
Angel n’était plus là , mais son souvenir pesait aussi lourd.

Et il venait de lui faire de la peine en lançant au hasard une affirmation qui semblait-il , s’approchait de la vérité.
Il leva une main , caressa sa joue d’un doigt léger.

Mais elle se tenait , rigide , les bras croisés sur sa poitrine , et secoua son visage.

« Quand tu es venu à Sunnydale il y a cinq ans , je t’ai fait souffrir, » dit-elle d’une voix songeuse.
Elle reprit sa respiration. « Mais j’ai souffert aussi. Comptes-tu me rappeler toujours mes erreurs ? »

« Jamais ! » dit-il d’une voix sourde. « Allons nous asseoir.. allons.. tu as dit que nous devions parler , Buffy.. » dit-il doucement.

« Je ne sais pas te parler, » chuchota t –elle en baissant la tête.

« Et le roman ? Dis-moi.. raconte –moi.. Pose moi les questions qui te préoccupent. » dit-il .

« Je dois partir. »
Buffy se sentait vidée de toute son énergie. Etre avec William avait toujours été éprouvant. Etre avec Spike prenait le même caractère . Et si maintenant il lui fallait évoquer la douleur qu’elle avait ressentie à la lecture des lignes consacrées à son existence auprès d’une autre femme , elle n’en avait pas la force.

Elle était déjà à la porte , ramassait son sac par terre et ouvrit.

« Buffy , je suis désolé.. Je crois que je devrais réfléchir avant de.. »

Elle était si belle , si proche, si loin de lui.

« J’aime beaucoup ton appartement, » dit-elle doucement. Il la rejoignit ,et ,dans l’embrasure de la porte , lui prit une main , qu’il porta à ses lèvres.

« Reviens , amour. » Il ferma ses paupières , grisé par la douceur de sa paume.

Elle dégagea doucement sa main . Il ne réagit pas quand il sentit qu’elle s’en allait, encore.
L’écho de ses pas sur les dalles du petit chemin retentit longtemps en lui , après qu’elle ait disparut.



Il revint lentement vers la cuisine , sortit une bouteille de whiskies dont il se versa un verre généreux.
Il alla s’asseoir au salon , posa la bouteille à ses pieds , buvant l’alcool à petite gorgées , sa tête en appui au fauteuil.

Il songea à l’amertume qui l’avait envahi quand il avait compris que Drusilla n’avait pas eu de véritable amour pour lui. Pourtant elle avait offert au jeune William une liberté , une passion , qu’il avait accueillies comme les plus incroyables cadeaux.

A partir de l’instant où leurs regards s’étaient croisés lors de cette fête de première année à l’Université , il avait été ensorcelé. Cela faisait six mois à l’époque qu’il avait expérimenté la blessure de Sunnydale , et il ne demandait qu’à se jeter à corps perdu dans l’oubli et la révélation des expériences les plus insolites.
Drusilla ne l’avait pas déçu , sur ce plan là..

Il se demandait parfois comment il avait réussi à aller en cours et à présenter ses examens .
Pendant les trois années qui avaient suivi leur rencontre , il avait abusé de sa jeunesse et de sa vigueur , avait ri au feu avec elle , avait bravé toutes les conventions et les interdits.

Pourtant cette folie avait peu duré. Le soir où Drusilla, sous l’emprise de drogues dures , lui avait avoué combien elle s’était servie de lui , de sa naïveté , de son obéissance , avait marqué le retour pour Spike à un état d’esprit différent.

Deux ans après qu’elle l’ait subjugué avec son charme vénéneux , elle avait tout simplement déclaré que leurs expériences devenaient ennuyeuses. Qu’elle avait besoin d’un homme plus fort , plus fou.

Il avala la dernière gorgée de whiskies , passa une main sur son front.

Et ainsi était né dans son cerveau enfiévré et meurtri un roman sulfureux , une traînée de colère et de ressentiment , d’ardeur et de tourments , de passion , de regrets.
IL avait écrit son livre en quelques semaines. Ne préparait pas vraiment ses diplômes qui allaient achever son cursus universitaire. Mais quelle importance. Il était brillant , avait la réputation d’un élève remarquable qui pourtant n’était pas assidu.
Et il avait réussi . Avait eu l’audace d’envoyer son manuscrit à trois maisons d’édition , et eu la surprise de recevoir un appel téléphonique d’un éditeur surexcité , acceptant de publier cet ouvrage qui , avait –il dit , serait un pavé dans le calme littéraire bien pensant .


Un an auparavant , à son arrivée à New York , Spike Kensinton était considéré comme un jeune universitaire talentueux, un romancier prometteur dont la première œuvre demeurait , neuf mois après sa parution , une des meilleures ventes.
Ce séjour dans la cité américaine restait teinté de peine et d’espoirs. Il s’était rapproché de la Californie , rêvant quelquefois qu’il y reviendrait , et que cette fois , on ne le regarderait pas avec dédain.

Mais il était aussi un homme qui avait appris à combattre ses craintes , et à embrasser tout ce qu’il désirait le plus follement , le plus viscéralement .
A travers les mots torturés de son livre , il avait déclaré un combat.

Cette faim qui le rongeait , cette blessure qui cheminait en silence dans chaque veine , cette épine de lumière dans son cœur, avaient un visage. Buffy .



On frappait à sa porte. Il essaya de retrouver ses esprits. Sa tête lui faisait mal , il passa ses doigts sur chaque tempe et cligna des paupières. La nuit était presque tombée et il se leva en titubant un peu.
« Voilà , voilà , j’arrive ! » cria t –il.

Sur le seuil Giles attendait , un œil un peu inquiet. Il haussa un sourcil inquisiteur à la vue de Spike.

« Entre, » marmonna celui-ci en frottant sa nuque. « Nous avions rendez-vous ? »

Giles le scruta de la tête aux pieds avec un petit air d’étonnement narquois qui agaça le jeune homme au plus haut point.

« Oh je t’en prie ! Pas de réflexion ! » Il pointa son index vers lui. « J’ai eu un ou deux verres.. » Il fut interrompu par un hoquet.

« De trop ? » dit Giles en le prenant par un bras.

« Mais je peux marcher seul, » grogna t-il en se dégageant. Ce geste brusque le fit chanceler et Giles le rattrapa avant qu’il ne s’affale sur la table en verre du salon.

« Mais enfin Spike, que se passe t –il ? » demanda –il d’un ton plus concerné.
Il l’aida à prendre place sur le canapé, et aperçut la bouteille d’alcool dont le contenu était bien bas.
Il alluma une lampe et vint s’asseoir .

« Rien, rien.. Je ne reprends pas de mauvaises habitudes, si c’est ce que tu crains, » ajouta t –il en voyant les traits soucieux du bibliothécaire.

« Tu n’as pas eu de problèmes au lycée ? »
« Pas du tout. Tout va très bien. Ecoute, c’est personnel. »

Spike se sentait assez mal. Depuis longtemps il ne buvait plus d’alcool en quantité déraisonnable ; ces excès remontaient à la période de trouble avec Dru. Il avait été vraiment ridicule de se laisser aller à chercher un quelconque réconfort ainsi, sous prétexte qu’il avait parlé maladroitement à Buffy.
Buffy. Oh .. Buffy.. S’il n’avait pas parlé inconsidérément , elle serait peut-être encore là , logée au creux de son épaule. Il avait oublié que Giles l’observait.

« Personnel ? Tu n’es pas arrivé ici depuis suffisamment longtemps pour te créer des ennuis, » dit-il avec une pointe de sarcasme affectueux. « A moins que tu n’aies déjà brisé les cœurs de jeunes femmes éblouies au premier regard ? »

Spike darda sur son ami des yeux d’un noir vibrant. « La bibliothèque est-elle le dernier lieu des bavardages ? On vient te demander des renseignements sur moi ? »

Giles eut un rire léger et retira ses lunettes. « Non, bien sûr que non, mais d’après mon expérience, la boisson est souvent liée aux problèmes de cœur. »

« C’est vrai. Et maintenant que tu le dis, je me souviens du désespoir alcoolique dans lequel t’avait plongé la lettre de Jenny , quand elle t’annonçait ne pas être sûre de ses sentiments pour toi . »

La figure de Giles prenait des reflets écarlates. Il essuya ses lunettes avec vivacité et les remit en place.
« Je te prierais de ne pas faire allusion à cette soirée lamentable, » dit il. « Nous étions en train de parler de toi. »

« Tu étais en train d’essayer de savoir pourquoi j’avais bu la moitié de mon whiskies, » murmura Spike avec une voix un peu rauque. « Et je t’assure que ton secret est en sécurité avec moi. » Il lui fit un petit clin d’œil.

Giles se tortillait sur son siège.
Le souvenir de ces quelques jours à Londres un peu moins de deux ans avant , pour rencontrer un William métamorphosé en Spike , restait vif dans sa mémoire. Il débutait une relation vraiment amoureuse avec Jenny Calendar à ce moment , et quand il avait reçu cette lettre où elle expliquait qu’elle ne savait pas encore où elle en était , alors qu’il éprouvait un sentiment sérieux pour elle , cela l’avait conduit à un chagrin qu’il trouvait un peu excessif à présent. Chagrin et peine noyés dans l’alcool..
« Cela signifie que tu as bu ce soir à cause d’une femme, » dit il d’un air triomphant.

Spike ferma les yeux , se frotta la mâchoire. Puis ouvrit à nouveau un regard las sur celui qu’il considérait comme un membre de la famille - le plus proche qu’il ait jamais eu depuis la disparition de sa mère – comme un ami.

« La même qu’il y a cinq ans, » grogna t –il.
Giles l’enveloppa d’une expression interdite. Puis sembla réaliser la signification de cet aveu.

« Mais elle est libre , à présent, » souligna t –il doucement.
« Oui. »

Ils restèrent côte à côte , unis dans un silence pensif. Puis Spike commença à parler.


Giles avait gardé un silence qui néanmoins n’était pas un désaveu , lorsque Spike avait confessé son désarroi , ses sentiments intenses et bafoués par une jeune fille qui n’avait pas réalisé l’aspect exceptionnel de leur rencontre. Il s’empressa d’ajouter qu’il avait réalisé que sa venue soudaine , et son comportement excessif avaient sans aucun doute perturbé Buffy.

« Il y a dans ton livre des passages qui n’ont rien à voir avec Drusilla, » dit Giles , quand Spike cessa de parler pendant plusieurs minutes.
C’était plus une question qu’une affirmation. Et Spike l’enveloppa d’un regard amer.

« Bien entendu. »
Il allait saisir la bouteille d’alcool encore une fois quand le bibliothécaire se leva d’un bond et la lui prit des mains .
« Çà ira pour ce soir ! Demain tu dois être au lycée , je te le rappelle. »

Il se leva et alla ouvrir un placard de cuisine.

« Ce verre qui reste est pour moi. Je l’ai mérité. »
Spike laissa échapper un grognement et un rire désabusé.

« Pourquoi ? Parce que tu es épouvanté par mes secrets ? »

Giles revint d’un pas tranquille , un verre rempli de liquide mordoré. Il se tint debout , avala une gorgée.

« Parce que je crois que les raisons de ta présence ici ne sont pas les bonnes. » répliqua t –il.
« Parce quelque part au fond de toi , William est bien vivant. »

* * * * * *

Non loin de là , Buffy assise dans le fauteuil qui ornait la terrasse de son petit appartement, contemplait les étoiles. La nuit était extraordinairement tiède et un vent de Sud-Ouest apportait les odeurs des collines et du désert.
Elle avait souvent ressenti ce vide , ce manque de .. quelque chose.. qui ferait vibrer son âme avec l’ âme de l’homme qui l’aurait aimée.. Ce soir , elle avait le sentiment d’être au bord d’un précipice.
Mais elle était prête à s’y laisser glisser , cette fois.
Son regard se perdit dans les faibles scintillements . Quand les premières larmes glissèrent sur ses joues , elle ne les arrêta pas.

Depuis la nuit où elle avait rêvé de lui , rares étaient les soirs où Spike n’apparaissait pas dans ses pensées , à l’instant où le sommeil l’emportait. Avoir lu son roman n’avait pas apporté beaucoup de réponses à ses questions.. cela en avait même créé d’autres. Elle était décidée cependant à le reprendre. Certains passages étaient si bouleversants qu’elle avait besoin de chercher à apprivoiser les mots comme pour adoucir leur brûlure.
Une ligne demeurait incrustée dans sa mémoire cependant.

'Enchanteresse , dans le filet de mes rêves tu es captive. Mon amour , mon âme naît et meurt par un battement de tes cils. Le soleil fait ta crinière chatoyante , toison qui éclaire la nuit. '

Se pouvait-il .. se pouvait-il que Spike ait ainsi parlé d’elle ?


A suivre.
Chapitre 13 by Cassiopea
Chapitre 13.



Buffy s’installa après son repas sur la terrasse. Sa journée avait été fatiguante , les élèves pénibles , indisciplinés. A la cantine , pendant qu’elle conversait avec Jarvis , elle avait aperçu Giles et Spike qui s’installaient à une table plus loin.
Elle se reprocha d’éprouver à sa seule vue une palpitation qu’elle ne contrôlait pas. Ce jeu de séduction qu’il avait entamé auprès d’elle , comme s’il n’avait attendu que cela , comme si il avait imaginé qu’elle ne résisterait pas , lui plaisait et l’inquiétait.
Elle avait aussi parfaitement conscience qu’ elle ne faisait que jouer avec le feu, alors même qu’elle rêvait de sentir sa brûlure.

Elle avait quitté l’établissement le plus vite possible , et après une longue douche relaxante , un dîner léger , elle s’était étendu dans le transat confortable , prés des jasmins et des bougainvillées.
Ses paupières se fermèrent doucement. Elle allait juste .. se détendre un peu , puis elle irait lire au lit. La nuit dernière , elle avait cherché le sommeil longtemps, après être rentrée à pied depuis chez Spike. Ils n’habitaient pas si loin l’un de l’autre. Enfin , si l’on considérait une demi heure de marche comme étant une distance raisonnable.
Mais elle avait réfléchi en marchant , avait tenté d’analyser le trouble dans lequel la mettait le retour d’un être qu’elle croyait ne plus revoir.
Et qui , surtout , avait changé. Mais n’était-il pas temps de laisser à leur place Angel et Drusilla ?


La scène prenait forme sous ses yeux lourds. Comment était-il là , encore ?

Elle le toisait avec incrédulité. Il se tenait tout prés , ses yeux lançant des éclairs.


« Cela fait un an qu’Angel est parti. Je crois que tu as eu assez de temps pour t’apitoyer sur ton sort , et comprendre que tu avais fais une erreur terrible en le choisissant, » dit-il d’une voix rauque , son visage à quelques centimètres du sien.

Elle ouvrit des yeux agrandis de surprise blessée.
« Comment.. comment oses -tu.. »

« J’ose parce qu’en ai le droit, » gronda t –il . « Mais ne t’inquiète pas , amour. C’est juste une …visite. »
Elle respirait avec précipitation. Elle pouvait voir les variations de couleur dans ses prunelles magnifiques.
Le grain de sa peau.
Son odeur boisée , mêlée à celle distincte du tabac.
Et ses lèvres.. étaient si prés. Ses lèvres à la ligne douce , tentatrice.

« Une visite ? » répéta t –elle d’une voix beaucoup indifférente qu ‘ elle ne l’était intérieurement.

« Oui.. Pour te prévenir que je suis de retour. »

Il mit une main sur le creux de sa taille , et elle en sentit la brûlure à travers la finesse de son vêtement. Il respirait lui aussi de façon erratique , et elle se dit qu’il cachait mal son trouble.
Pourquoi ne bougeait-elle pas ? Pourquoi acceptait-elle cette marque possessive de ses doigts qui palpaient la chair de sa hanche dans un mouvement hypnotique ?

« Et j’ai bien l’intention de reprendre la danse .. là où nous l’avions laissée. »
Il termina ces mots comme il aurait chuchoté un secret terrible. Elle rougit et voulut se reculer , mais il resserra son étreinte , ferma brièvement les paupières en humant l’odeur unique de sa peau .

« Sais-tu combien j’ai rêvé de te revoir ? Sais-tu combien de nuit blanches j’ai passé , en songeant aux mille façons de comprendre ton orgueil ? »
Buffy le repoussa de toutes ses forces , mais il semblait s’être transformé en statue de marbre. Il eut une moue arrogante.

« La vérité n’est jamais douce à entendre , n’est-ce pas? » reprit-il , et elle frissonna voluptueusement malgré elle.

Ils restèrent ainsi ce qui parut à Buffy une éternité. Ses jambes devenaient faibles et elle se raidit. Il la saisit à nouveau , mit ses paumes possessives autour de sa taille.

« Tu pourrais me faire oublier Drusilla. »

Elle leva la main pour le gifler , mais il attrapa son poignet avec vivacité.

« Voyons , voyons, tu n’es pas avec William. Et sois honnête avec toi même.. Angel ne t’ a jamais comblée.. mais ne penses –tu pas que je pourrais le faire ? »

La peine mêlée de désir qu’elle ressentit à l’écoute de ses mots , la proximité bouleversante de son corps ,tout provoqua en elle un déferlement d’émotions si déchirantes qu’elle se réveilla en sursaut , les mains moites , son cœur cognant follement dans sa poitrine , et elle se demanda pendant plusieurs secondes où elle était. Une crainte irraisonnée , une déception terrible firent perler des larmes à ses paupières.

Autour d’elle , la nuit était tombée. L’air tiède et parfumé enveloppait son être , mais elle n’en tira aucun réconfort.
Mon Dieu, ce rêve avait été éprouvant. Il avait débuté exactement comme le précédent , mais les variations étaient ..
Confuse , fatiguée , elle se leva et regagna sa chambre. Le visage de Spike , insinuant qu’il pouvait la combler , représentait une vérité si éclatante.

Elle se glissa dans les couvertures , tremblante.

Elle avait sous-estimé la souffrance de William , les sentiments qu’il avait déclaré avoir pour elle.. mais il n’était pas ainsi.
‘Il n’était pas ainsi. ‘

Le sommeil la terrassa , longtemps après qu’elle soit étendue dans l’obscurité.

‘Succomber..
Comme elle mourrait de succomber.’

* * * * * * *

Le surlendemain elle prenait un café avec Willow , toutes deux assises au fond de la salle des professeurs , quand Spike fit son apparition. Il se dirigea vers son casier , qu’il ouvrit et se plongea dans la lecture de documents pendant plusieurs minutes.
Buffy l’observait du coin de l’œil , tandis que Willow contemplait sur le visage de son amie tous les signes de l’émotion la plus puissante.

« Quand on parle du loup, » chuchota t –elle .

« Ce n’est pas très surprenant que nous l’apercevions ici, » remarqua la jeune femme blonde avec un haussement d’épaules nonchalant dont son amie ne fut pas dupe. « Nous travaillons tous les trois ici, après tout. »

« Qu’as-tu décidé , finalement ? » demanda Willow en attirant à nouveau l’attention de Buffy en posant sa main sur la sienne.

« J’ai pris la décision de profiter de la vie, » dit Buffy en levant son menton.

« Bien, bien, » souffla Willow avec un petit sourire.

A cet instant Spike les aperçut. Il referma son casier et s’approcha.
Dans son pantalon gris pâle et sa chemise bleu marine , il était beau à couper le souffle. Il haussa un sourcil , de cette façon à la fois agaçante et charmante que Buffy trouvait irrésistible.

« Willow , comment vas –tu ? » salua t –il de sa voix profonde.
La jeune rousse se leva et ils s’embrassèrent. Il enveloppa Buffy d’une expression à la fois tendre et affamée qui troubla la jeune informaticienne.

« Amour, je ne m’attendais pas à te voir ce matin, » ajouta t –il en se tournant vers Buffy.

« J’allais partir, » dit Willow. « J’ai promis à Mademoiselle Calendar que je m’occuperais de certaines choses pour elle. A plus ! »

Spike lui fit un petit signe et Buffy lui sourit.

« J’ai l’impression que tu m’évites, » dit-il .

« Non. Tu t’imagines des choses.. » lança t –elle.
Il la contempla avec des yeux rétrécis , brûlants. Néanmoins sa voix était caressante quand il murmura : « Et tu connais ce qu’on dit de celles ou ceux qui protestent trop fort. »

« Je.. J’ai réellement eu des journées très remplies, » répondit-elle avec plus de douceur. « Mais si tu veux nous pourrions nous voir , demain ? »

Il observa son visage avec acuité . Le bleu de ses yeux prenait des teintes changeantes , et elle se mit à respirer avec plus d’émoi.

« Pourquoi pas ce soir ? » demanda t –il en la prenant par une main . Ils se tenaient si prés l’un en face de l’autre , et elle songea que n’importe qui pourrait les prendre pour un couple.
Curieusement , cela lui parut une idée naturelle. Il la couvait avec des yeux possessifs.

« Ce soir ? Oh ,j’ai promis à maman de passer la voir à la galerie ,elle a eu une semaine surchargée , et.. »

« Bien. J’ai moi –même beaucoup de copies à corriger, » reconnut-il. « Mais j’ai hâte de connaître où tu habites, amour. »
Son beau visage affichait une curiosité langoureuse.

« Je sais, » murmura t –elle d’une voix un peu rauque. Leurs yeux contenaient un message silencieux que ni l’un ni l’autre n’ignora.
Il caressa l’ovale d’une joue , s’émerveilla de la pureté de son teint , de l’attention haletante dont il paraissait être l’objet.

Des professeurs arrivaient dans la salle , un léger brouhaha s’élevait autour d’eux .


« Et peut-être pourrions-nous aller danser et dîner quelque part ? »

Il passait ses doigts maintenant le long de son bras nu , et elle écouta les battements accélérés de son cœur. Elle avait la bouche légèrement entrouverte , et il eut un sourire chaud.
De sa main gauche il effleura ses cheveux blonds , attrapant une mèche entre ses doigts.

« J’aime quand tu as les cheveux détachés, » sourit-il. « Ils sont plus longs que dans mon souvenir , n’est-ce pas ? »

« Oui. » Elle avait soufflé le petit mot. Elle éprouva une envie irrésistible de passer ses propres doigts dans ses boucles qui déjà avaient pris un caractère rebelle au fur et à mesure que la matinée s’écoulait.

« Oui.. » répéta t –il en avançant encore un peu. « Oui à quoi , amour ? »

Elle l’écoutait sans comprendre. Depuis quand ses yeux gardaient –ils une teinte de Pacifique clair ? « Oui.. parce que tu aimes avoir les cheveux plus longs à présent ? »
Elle recula , son dos buta contre le mur. Elle aperçut du coin de l’œil deux collègues qui passaient en discutant , et eut l’impression qu’un sourire entendu éclairait leur figures.
« Ou oui.. pour dîner et danser ? »

Elle crut qu’il allait l’embrasser et sortit de sa torpeur brutalement.

« Je ne sais pas encore. Je veux dire.. Oui. »

Ils demeurèrent immobiles .
Savait-il qu’elle venait de reconnaître tout le pouvoir qu’il détenait , et qu’elle était prête à succomber ? Ses yeux si bleus étaient chargés d’un tumulte d’émotions qui leur rendait la gorge serrée. Il lui prit une main , la porta à ses lèvres.

« Viens me chercher demain ? » souffla t –elle . « Je te promets que nous aurons une belle soirée. »

Elle le fascinait , le rendait fébrile. Et il n’ y avait pas de doute quant à la lumière prometteuse qui vibrait dans le regard clair.

« Je ne finis pas tard , et j’aurais certainement du travail à avancer pour le week-end. Rejoins-moi plutôt dans mon bureau aux environs des quatre heures ? » dit-il avec un sourire sensuel.

« Çà me va , » acquiesça t –elle. Elle voulut s’éloigner , mais il prit son poignet , et y déposa ses lèvres , fermant les yeux. Elle retint un gémissement.
Quand elle le quitta , elle tremblait.



Le soir venu , malgré son besoin de confier ses incertitudes et ses craintes à sa mère , Buffy se contenta de discuter de choses sans importance avec Joyce.
Si celle-ci remarqua combien sa fille semblait tendue , elle n’en laissa rien paraître. Buffy cependant avoua qu’elle avait enfin lu le roman de William Blomingdale . Mais , après avoir reconnu que c’était un récit sulfureux et violent , et après qu’elles aient engagé une conversation vive sur les erreurs de jeunesse qui poussent parfois à une conduite dangereuse , Buffy évita de dire ouvertement ce qu’elle avait sur le cœur.


* * * * * *


Il avait laissé la porte ouverte sur le couloir. Le Vendredi , après quatre heures de l’après –midi , il était rare qu’il soit dérangé par les élèves.
Quant à ses collègues , s’ils avaient la chance de terminer de bonne heure , ils rentraient chez eux.
Il entendit ses pas du plus loin qu’il était possible.

Il reconnaissait la cadence particulière de sa démarche même alors qu’elle portait des chaussures qui ne faisaient guère de bruit sur le sol . Mais c’était elle.
C’était elle.

Il releva la tête , attendit, le dos appuyé à son fauteuil. Il écoutait . Elle sembla s’arrêter un très bref instant , et il se demanda en souriant ce qui avait pu l’inciter à le faire. Le chant vif d’un oiseau attira son attention vers la fenêtre , vers les étendues de verdure éclatante , les massifs de fleurs exotiques qui bordaient le chemin menant aux terrains de sport. Par les interstices des stores , le soleil venait donner à la pièce un éclairage un peu étrange , et les particules de poussières dansaient dans l’air , mis en valeur par le faisceau de lumière dorée.
Un mouvement capta à nouveau son attention vers la porte.
Elle se tenait contre le montant , une épaule en appui , dans une attitude calme , et sa beauté lui fit l’effet d’une brûlure .

Son corps était enveloppé dans une robe blanche dont la finesse du tissu laissait deviner la moindre courbe. Ses bras étaient nus , et sa poitrine délicatement drapée . Elle avait lissé ses cheveux qui brillaient d’une blondeur sophistiquée , et il nota l’ourlet de ses lèvres , brillant , rose.

« Je ne suis pas en retard ? » dit-elle , un soupçon de sourire dans la voix.

« Même si tu l’étais , je ne pourrais pas faire autrement que de te pardonner. »

Spike se leva et s’avança , en proie à un trouble qu’il maîtrisait avec peine. Elle était radieuse , le terrassait , et le savait , s’il en jugeait par la lueur espiègle qu’il distinguait dans le froncement de son petit nez. Quand il fut plus prés , il remarqua que ses pieds étaient chaussés de sandales bleues. Ce détail lui fit battre le cœur plus vite.

« Tu as parlé de sortir, » murmura t –elle.
Elle semblait moins sûre d’elle , tout à coup , et il vint prendre une de ses mains , la porta à ses lèvres.
Il lui donna le baiser très doux dans la paume fraîche qui lui sembla palpiter sous ses lèvres.

« Tu es merveilleuse, » dit-il , et l’ admiration sincère qu’elle pouvait entendre s’accordait au feu de ses yeux bleus devenus plus sombres.

« Merci, » dit –elle en rougissant.

Il l’attira vers lui , referma la porte , respirant les fragrances délicates de sa peau.

« J’ai très envie.. de danser , avec toi » murmura t –il , n’osant pas la presser contre lui de crainte qu’elle ne s’enfuit encore.

Elle pencha légèrement son visage , sembla réfléchir intensément à ses paroles. Il regardait cette femme dont il avait rêvé des milliers de fois , et priait pour qu’elle lui accorde l’attention qu’il attendait depuis de nombreuses années.

« Et je voudrais bien faire .. cela, » chuchota t –elle .

Comme au ralenti , il la contempla alors qu’elle venait prendre sa nuque entre ses petites mains , et rapprochait leurs visages.
La sensation infiniment pure de ses dents mordillant sa lèvre inférieure l’électrisa violemment , et la puissance d’un désir prodigieux fit raidir son sexe. Elle passa sa langue doucement , timidement , et il ne put résister. L’enrobant complètement de ses bras , il attaqua sa bouche avec l’ardeur d’un homme assoiffé. Elle accueillit son ardeur avec une petite plainte qui allèrent directement dans son bas-ventre , et sa verge douloureusement tendue.

Il la buvait. Il la goûtait.
Comme il avait tenté de le faire des années auparavant , mais cette fois elle ne se débattait plus. Elle était douce , pliable , exquise.
Après un baiser fiévreux , il relâcha ses lèvres dans un gémissement.
« Tu es belle.. tu me rends fou.. »

Elle le regardait avec des yeux éperdus , où le vert se mêlait à des flammes dorées . Il respirait difficilement , se noyait dans le désir chaud qui naissait au fond des prunelles brillantes.
Sa peau était claire d’ une lumière irradiant ses traits , et soudain un sourire étira ses lèvres gonflées des assauts répétés qu’elle venait de recevoir.

« Encore ?.. » Il captura le son de sa voix de gorge avec une bouche toujours gourmande , explorant la douceur de son palais, enfonçant sa langue d’une façon si érotique et possessive que Buffy éprouva les premiers signes fulgurants du plaisir.

Elle ouvrit encore ses lèvres sous les siennes et leurs langues s’enroulèrent l’une à l’autre.

Haletant , Spike glissa une main le long de son dos, jusqu’au bas des reins , qu’il palpa avec force, l’incitant à se lover plus étroitement contre lui.
La sensation de la verge dure et longue contre la paroi souple de son ventre la fit se tortiller contre lui, gémissant. Spike songea brièvement qu’il était sur le point de perdre complètement le contrôle , et de la prendre ici même , si elle lui en donnait la permission.
Il ne se rassasiait pas de sentir le corps de Buffy contre lui, sous ses mains , leur bouches se joignant et se quittant dans une frénésie de halètements.



Il approfondit encore leur baiser , mais elle se détacha avec un petit cri , cherchait à respirer. Leurs fronts l’un contre l’autre , elle murmura : « Peut-être devrions-nous partir ? »

Spike était étourdi , ébloui. « Je ne veux pas arrêter, » murmura t –il d’un ton sourd , rauque. « J’ai faim de toi. J’ai faim de toi depuis si longtemps.. amour. »

Alors qu’il concentrait toute son attention sur la bouche humide , rose , il remonta le long de sa jambe, soulevant la robe , laissant ses doigts effleurer la douceur satinée de sa peau , sa douceur unique.
Il ne détachait pas son regard du sien , et il pouvait lire dans les yeux amande une nuance d’émotions . D’un doigt imperceptible, il suivit la ligne de son sous-vêtement , descendit vers la jonction de ses jambes. Il avait cessé de l’embrasser. Ils demeuraient bouche contre bouche , yeux dans les yeux , quand il écarta le tissu de soie , trouvant la fente de son sexe gorgée d’une humidité révélatrice.

Capturant ses lèvres avec une pression lente , il entreprit une caresse douce , frottant les lèvres du sexe , cerclant son clitoris avec une fascination qui les rendait ivre. Elle n’avait pas fermé les yeux , et il regardait les pupilles se dilater .

« Spike.. » gémit-elle.
« Oui, amour. » Il était émerveillé . Elle allait jouir contre lui , sur lui , et il exultait . « Tu es si douce.. »

Il frotta la perle sensible avec son pouce et elle se mit à onduler des hanches , éperdue , emportée par le début d’une jouissance qu’elle ne pouvait plus retenir. Elle ferma enfin les paupières , émettant des petits bruits qui ressemblaient pour lui à une musique.
« Oui, » chuchota t –il. « Oui, viens.. viens jouir ,pour moi.. Buffy.. Buffy.. »

Le mouvement ondulant de son bassin s’amplifia et il recueillit entre ses lèvres le cri étouffé. Il la maintenait fermement de sa main gauche , et il savait qu’elle avait les jambes tremblantes , faibles. Il dégagea sa main de dessous sa robe , et vint passer son pouce luisant le long de sa lèvre inférieure. Elle tressaillit devant l’audace érotique de ce geste , toujours haletante , toujours chavirée par la puissance du plaisir qu’elle venait de vivre. Puis, ayant fait glisser son pouce lentement le long de la lèvre , à plusieurs reprises , il vint lécher la bouche entrouverte.

La signification de son geste n’échappa pas à la jeune femme dont le visage se crispa sous l’envie fulgurante de goûter la chaleur de ses lèvres sensuelles sur elle , en elle..

« Dieu.. j’ai envie de toi.. envie de toi… » Il tremblait. « Je veux te goûter... longuement.. »

Elle eut un petit cri , et il la saisit par la taille , la fit asseoir sur le bureau , sans prendre garde aux papiers qui l’encombraient, et retroussa la jupe blanche haut sur ses jambes. La vision de ses cuisses fines , dorées , parfaites , le rendit plus impatient.
Il prit ses seins en coupe , caressant les globes de chair moelleuse , et elle se tendit vers lui , vulnérable et séduisante. Elle mit ses mains autour de ses avant-bras , le guidant dans l’exploration intime.
Elle ne portait pas de soutien-gorge , et il nota aussitôt les pointes de ses mamelons se durcir .

« Je mœurs de désir, bébé… » chuchota t –il , sa bouche contre son cou , respirant son parfum , se noyant dans les senteurs délicates de sa chevelure.
Il reprit ses lèvres avec voracité et elle gémit sous son assaut presque brutal.
Ils étaient renversés , allongés sur le bureau et Buffy vint instinctivement placer ses jambes autour de sa taille mince. Ce mouvement accentua encore la pression de leurs ventres l’un contre l’autre , et elle commençait à croire qu’elle vivrait sa première fois avec William.. non , Spike , de la manière la plus follement scandaleuse qui soit.
Mais à la pensée que la porte n’était même pas fermée à clé, elle essaya de sortir de la torpeur sexuelle dans laquelle l’avait plongée les caresses talentueuses de cet homme renversant.

« Spike.. » gémit-elle. Il avait fermé ses paupières , et son visage portait toutes les marques de l’extase la plus absolue. « Spike.. »

« Oui.. oui , mon cœur.. » Il se releva légèrement , hagard , essoufflé.
Il réalisa ce qu’il était en train de faire. Il était si affamé , si brûlant de désir pour elle qu’il ne contrôlait plus ses impulsions. Est-ce ainsi qu’il voulait honorer son corps ? La combler des plaisirs qu’elle avait refusés longtemps avant ? Elle le regardait avec confiance , et le plaisir rendait toujours ses yeux magnifiques. Mais à présent s’y mêlait une incertitude.

« Je suis désolé.. Oh je.. » Il se redressa , fit glisser la robe et l’aida à se relever. « Il serait plus raisonnable que nous quittions ce bureau pour passer chez moi , si nous voulons dîner et danser. »

Il lui donna l’impression d’être William. Ses boucles étaient en désordre , ses lèvres étaient gonflées de leurs baisers , comme le soir fatal de leur dernière entrevue , sur la colline de Ming River.
Mais dans ses yeux la lueur de souffrance avait disparu.

« Je t’en prie, ne sois pas désolé. C’est moi qui.. » Elle s’interrompit à son tour , le rouge aux joues. Il n’était pas étonnant qu’il ait perdu la tête , après l’accueil qu’elle lui avait réservé. Mais elle avait écouté son corps.. et son âme, lui disait une petite voix.

« Oh amour, » dit-il tendrement , en soulevant son menton d’un doigt. « Je ne vois aucun inconvénient à ce que nous faisions l’expérience de tout ce que cette pièce peut nous offrir comme opportunités.. érotiques. » Il avait murmuré le dernier mot d’un ton si chaud qu’elle
frissonna . « Mais, en temps voulu. »

Elle lui rendit son sourire, se remit debout. « Avais-tu terminé tes corrections ? » demanda t –elle en se mordillant la lèvre inférieure d’une façon qu’il aimait particulièrement.

« Non, » reconnut-il , et il laissa son regard parcourir très lentement tout son corps , s’attardant sur la poitrine qui se dévoilait , et la splendeur de ses jambes nues.

« Spike ! » dit-elle en se reculant. Sa voix contenait un avertissement amusé. Cela sembla le divertir au plus au point.

« Donne-moi deux minutes pour rassembler tout cela, » répliqua t –il en lui faisant un petit clin d’œil.

Elle s’éloigna un peu , s’assit sur le canapé.
La vision de leurs corps enchevêtrés, ici , à moitié dévêtus, surgit à son esprit , et elle en rougit plus intensément.
Mettant ses paumes sur ses joues pour tenter de les rafraîchir un peu , elle se fustigea. ‘ Spike me rendrait-il complètement éhontée ?’ se dit-elle. Mais comment ne pas trouver .. excitante , la perspective de faire l’amour ici, quand bon leur semblerait ? Elle poussa un soupir de satisfaction.

Les dés étaient jetés.

Elle n’allait plus se refuser. Depuis les semaines où ils s’étaient retrouvés face à face , leur danse les avait amenés dans cet espace scintillant , cette cour des miracles où elle rêvait de faire quelques pas..
Elle mourrait de connaître l’épanouissement dans les bras de William depuis qu’il était parti .Elle mourrait de se laisser tomber dans ce précipice merveilleux.

Même si Spike ne pouvait désormais lui offrir que son corps .
Car comment croire qu’il pouvait l’aimer ,qu’il avait continué à rêver d’ elle , après la façon sulfureuse et passionnée dont il avait aimé Drusilla ?


A suivre.
Chapitre 14 by Cassiopea
Chapitre 14.


Ils dansaient.

Si on pouvait appeler danser cette ondulation sulfureuse de leurs corps qui s’épousaient en tous points. Elle avait son dos contre lui , il la maintenait dans une étreinte possessive , logeant son sexe dans le bas de ses reins , et savoir qu’elle était nue sous la finesse de soie de la robe , avait fait prendre à son érection des proportions superbes.
Il passait ses mains dans une lente exploration de ses hanches , de son ventre qu’il palpait doucement , puis remontait le long de ses côtes et englobait ses seins.
Quand elle sentit ses paumes tièdes sur chaque globe de chair , elle frémit et protesta .Mais il se contenta de mordiller le lobe d’une oreille et chuchota : « Les autres n’ont que faire de nous. Regarde.. » Beaucoup de couples semblaient en effet perdus en eux –mêmes. Sous l’éclairage très tamisé , les silhouettes évoluaient.

« Mais.. Spike.. »

Il passa son pouce de manière insistante sue les mamelons dressés qu’il sentait sous la robe. Elle respirait plus vite , plus fort. « Tu es avec moi. J’aime le montrer, » dit-il d’une voix de velours où perçait une intonation de colère.
Elle passa les bras autour de son cou , se tendant davantage vers lui. Elle était fébrile , les jambes faibles , et son ventre palpitait fiévreusement. Il continua à agacer les pointes sensibles , puis descendit et laissa ses paumes à plat sur son ventre.

« J’ai envie de te caresser, » chuchota t-il d’une voix sourde. « Te caresser et te faire gémir. »

Elle eut une plainte sourde.
Elle frotta ses reins contre lui , ondulant doucement. « Je veux te caresser avec ma langue.. et boire ta jouissance. » murmura t –il d’une voix sourde , très rauque.

« Spike, je t’en prie.. »

« Allons nous asseoir. » Il s’arrêta presque brutalement et la conduisit à l’endroit où ils étaient installés. Elle tremblait légèrement , devenait moite sous l’effet conjugué de la chaleur des lieux et du traitement érotique que lui avait fait subir son compagnon sur la piste de danse pendant de longs instants.
Quand ils furent assis dans la banquette incurvée , dans la pénombre , deux petites bougies aux reflets verts envoyant leur lumière intermittente , elle respira plus librement.
Elle avait eu la sensation d’avoir été le point de mire de nombreux regards , et cette sensation , nouvelle , donnait une saveur incroyablement érotique à l’expérience.

Il prit la coupe de champagne et la lui offrit , puis , en termina le contenu , et captura les lèvres de la jeune femme dans un baiser langoureux , lent. La tête renversée sur le dossier du siège , elle était pressée contre lui , tandis qu’il avait glissé une main entre ses jambes. Il avait posé ses doigts sur la partie doucement renflée du haut de sa cuisse , et entourait sa taille. Elle passa une main dans ses petites boucles de soie , il ronronnait son plaisir contre ses lèvres.

Buffy était perdue dans un abîme de sensualité : leur danse l’avait rendue pliable , excitée. De multiples petits frissons couraient sur sa peau , et l’humidité qui gorgeait la fente de son sexe était de plus en plus importante. Elle haletait , gémissait , et il aspirait sa langue, léchait l’intérieur de son palais, mordillait sa lèvre inférieure , sans relâche . Quand il se redressa à peine pour leur permettre de respirer , elle avait la tête qui tournait.

« Dieu.. je ne suis jamais rassasié de ta bouche.. » dit-il dans un murmure sensuel. « Tu es si excitante.. je suis si brûlant pour toi, bébé.. »


Buffy n’avait jamais connu une telle révélation . Depuis les instants passionnés dans le bureau au lycée , elle vibrait .

Ils étaient passé à l’appartement de Spike. Le trajet s’était fait dans un silence chargé d’une tension sexuelle si étincelante qu’elle craignait que le moindre geste de sa part ne le rende fou.

Il avait disparu dans la salle de bain , incitant Buffy à l’attendre au salon. Mais une folie irraisonnée avait guidé ses pas vers la chambre de Spike au bout d’un moment. Elle le surprit torse nu , vêtu d’un jean noir, les cheveux humides.
Sans un mot ils étaient venus se jeter dans les bras l’un de l’autre pour une seconde série de baisers aussi désespérés que les premiers. Puis, haletant et gémissant , il l’avait faite asseoir sur le lit.
Le regard chaviré , elle l’avait laissé lui retirer sa lingerie , qu’il porta à ses narines. Ce geste si osé n’avait qu’enflammé ses sens davantage.
Et il avait succombé à la tentation.
Elle avait joui merveilleusement sous les caresses de sa bouche, tandis qu’elle retenait sa robe autour de sa taille , et qu’il lapait son clitoris comme s’il s’agissait de la gourmandise la plus irrésistible.

Leurs souffles erratiques , leurs yeux dévorants, ils s’étaient relevés . Mais quand elle avait tendu la main pour récupérer son sous-vêtement ,il avait fait non de la tête avec une moue si suggestive qu’elle crut qu’elle allait lui dire qu’elle avait renoncé à sortir.

Devant elle , il avait enfilé une chemise de soie noire fluide qui le rendait encore plus séduisant , et elle lui demanda de laisser ses cheveux en boucles désordonnées.

Dans la voiture ,il expliqua qu’il iraient jusqu’aux abords de Los Angeles. Elle lui faisait confiance , et elle avait très envie d’être ailleurs qu’ à Sunnydale pour leur première soirée.

Le club se révéla être un endroit exceptionnel. L’atmosphère luxueuse , la musique langoureuse , la clientèle exclusivement composée de couples visiblement amoureux , accrut son bien-être , et l’impression qu’elle vivait les heures les plus sensuelles de toute son existence.

Elle ne pouvait nier cette vérité brutale, aveuglante : jamais Angel n’avait réveillé un tel feu en elle.


« Tu es bien , amour ? » chuchota t –il. « Tu m’as excité follement. »
Il continuait à parsemer son visage de petits baisers , chuchotant ses mots de plus en plus osés. Sa robe était très remontée sur ses cuisses et seule la table la cachait un peu des regards.
En dépit de cette situation risquée , jamais Buffy ne s’était sentie si délicieusement attirante.

« Comment savais-tu.. » demanda t –elle , la voix un peu tremblante. « Comment savais-tu que cet endroit était si parfait ? »

Il sourit contre son cou. « J’ ai lu tout ce qu’il y avait à savoir sur les lieux les plus intéressants . »

« Mais nous ne pourrons pas toujours faire tous ces kilomètres pour sortir. »

Il se réjouit qu’elle évoque le futur de leur relation. « Non , bien sûr. Mais je ne crois pas que tu aurais pu danser aussi librement , si tu avais été au Bronze. »

Dans la semi obscurité elle devina combien ses yeux étaient flamboyants. Elle réprima une plainte et chercha à reprendre une position plus raisonnable. A la pensée de la manière dont ils s’étaient exhibés sur la piste pendant une heure , elle admit en son for intérieur qu’un tel événement aurait provoqué un émoi si des personnes de leur connaissance les avaient observés.

« J’ai encore soif, » demanda t-elle . « Mais j’aimerais simplement un peu d’eau minérale, » précisa t –elle avec un sourire.

« Je vais te chercher çà tout de suite. »

Elle attendit qu’il soit au bar pour se lever, et , avec l’allure la plus dégagée , se dirigea vers l’escalier de métal noir qui conduisait sur les plates-formes supérieures dominant la piste de danse. Elle déambula , notant les banquettes placées stratégiquement dans certains renfoncement du mur , et où des couples s’embrassaient ,oublieux du reste du monde.
Parvenue au bout de l’espace où les ombres et la lumières jouaient dans un ballet bleuté , elle s’appuya à la rambarde , le cœur battant la chamade.
Spike revenait vers leur siège et son visage prit une expression inquiète quand il nota qu’elle avait disparu. Il posa leurs verres sur la table ,puis , lentement , retourna vers le bar. Mais au moment où il y parvenait ,il tourna brusquement sur ses talons , et elle le vit monter les escaliers deux à deux.


Elle le regarda arriver vers elle. Sa démarche était celle d’un prédateur . Celle de quelqu’un qui ne renonce pas à ce qu’il désire. Elle s’affola. Comment osait-elle se jeter dans ses bras , alors qu’elle se tourmentait toujours sur les sentiments qu’elle pouvait avoir pour lui ?

IL la prit contre lui et posa ses lèvres sous son oreille.
« Que veux-tu ,bébé ?.. Dis-moi.. »

« Que veux-tu dire ? » haleta t –elle.

Il eut un rire chaud , un peu moqueur, qui raisonna contre sa peau.
« Tu es montée ici.. pour admirer les danseurs ? »
Il gardait une main sur sa taille. L’autre soulevait déjà le tissu de sa robe et se glissa lentement jusqu’à l’endroit de délectation , la fente de son sexe , délicieusement engorgée.

« Non.. je.. Spike.. »

Il glissa lentement ses doigts , dans une caresse qui mit Buffy au supplice.

« Oui, oui.. » haleta t –elle , le désir flambant dans chaque cellule de son être.


Il frottait son clitoris plus vite , répandait l’humidité le long des lèvres , à l’intérieur et agaçait l’entrée de son sexe avec son doigt.

« Amour, » murmura t –il d’une voix tendue , serré contre elle.

« Oui….Fais-moi jouir.. » pria t –elle d’une voix de gorge qui le rendit fou. « Oh s’il te plaît.. oui, oui.. oui.. »

« Regarde-moi, » ordonna t –il . Elle appuya son visage contre son épaule , alors qu’il positionnait leurs corps pour la caresser plus aisément.

Ils gardèrent leurs yeux aimantés et la pénétra avec deux doigts avec des petits mouvements vifs et profonds , atteignant chaque fois le point le plus sensible dans son corps. Des langues de feu parcouraient le bas ventre de Buffy , sa peau était moite , ses cuisses tremblaient , et son orgasme enflait en elle telle une vaque gigantesque.

« Tu es belle, » chuchota t -il.
Elle arqua son dos brutalement et il écrasa son cri sous la pression douce de ses lèvres alors qu’il sentait son sexe comprimer ses doigts dans un spasme violent . Sa jouissance se répandit sur le haut de ses cuisses et il garda sa main dans la chaleur soyeuse de son intimité pour de longues minutes.
Maintenant elle réalisait l’aspect scandaleux de sa conduite et rougit terriblement. Il perçut immédiatement sa gêne et , se retirant délicatement , il vint lécher ses doigts un à un , puis lui saisit la nuque.

« Tu es magnifique, » assura t –il avec ferveur. « Tu me rends fou de désir, » Il embrassait à nouveau ses lèvres , forçait l’ouverture de sa bouche pour sucer sa langue.

« Nous sommes dans un lieu public. ..» souffla t –elle. « N’importe qui a pu nous voir.. »

« Personne ne fait attention à nous , mon cœur, » murmura t –il en embrassant son cou , l ‘échancrure de sa gorge. « Et cela ne me déplaît pas de te faire jouir .. ici.. »

Elle rougit de plus belle mais accepta l’assaut de ses lèvres dures , chaudes.

« Je te veux.. je veux te baiser.... là.. maintenant.. »

Elle haletait désespérément , les seins tendus , submergée par le besoin qu’il la pénètre. Elle l’observa avec un regard chaviré quand il lui prit chaque main et les posa sur la barrière. Les lumières continuaient leur danse électrique , et il semblait à Buffy que la musique devenait terriblement forte.

Le visage se Spike était crispé dans un désir sans nom , le bleu de ses yeux d’un noir prodigieux.

« Je vais mourir si je ne prends pas tout de suite, » gronda t –il. Elle vacilla. Sentit qu’il dégrafait la boucle de son pantalon.
Ses reins étaient en feu.

« Prends –moi.. » pria t –elle.

Ils étaient sauvages. Inconscients de l’endroit où ils se trouvaient. Elle attendait , un peu cambrée.. Il soufflait plus fort , frissonna , et passa ses deux mains le long de son dos, sur la rondeur soyeuse de ses reins.
Quand il caressa ses fesses rondes , elle s’arqua davantage vers lui . Il approcha sa verge et la passa doucement contre elle , dans un mouvement lent.
« Spike.. » soupira t –elle dans un cri qui ressemblait à un râle.


IL regarda son sexe disparaître dans sa féminité et il pompa aussitôt avec un rythme soutenu de ses hanches.. Il avait saisit sa taille fine entre ses mains et la prenait avec une ardeur croissante , une fièvre sulfureuse.
Les muscles de son dos se tendaient , se relâchaient , et ils gémissaient doucement.

Jamais Buffy n’avait connu une telle extase sensuelle. Lentement venant à sa rencontre pour chaque coup de rein qu’il envoyait , elle savait que sa jouissance serait spectaculaire.

Quand il vint exercer une pression sur son clitoris, elle sanglota et fut secouée dans une série de spasmes si violents qu’il faillit perdre l’équilibre.
« Tu es belle.... Buffy.. Buffy… tu me prends bien… »


Spike perdait le sens du réel. La sensation d’être en elle surpassait tous ses rêves les plus charnels.
Elle ne pouvait pas voir que son visage se crispait dans un éblouissement sans nom.


Elle ondulait , le berçait, et en chaque point où leurs corps étaient en contact , sa peau brûlait, se consumait . Sa jouissance , chaleur de velours et soie sur sa verge, le conduisit à un abîme de plaisir d’où il ne percevait plus les sons, les bruits, les lumières autour d’eux.

Il n’ y avait qu’elle.
Buffy.
Buffy.. Enfin dans ses bras , sanglotant, respirant contre son cou, souple, chaude, délicieuse.

Il chercha désespérément à retenir encore un peu son propre orgasme. Mais celui-ci éclata brutalement, et la vague de bonheur intense dans lequel il fut noyé ne laissa place qu’à une plainte animale, un râle de satisfaction , un rugissement qui gonflait sa poitrine. Il dût mordre dans la chair tendre de l’épaule de Buffy , pour étouffer ses cris.

Il n’avait jamais éprouvé pareille explosion de tous ses sens.


* * * * * *

Un silence seulement émaillé de légers chants d’oiseaux enveloppait les corps alanguis des amants.
Leurs vêtements , éparpillés entre la porte d’entrée et la chambre , constituaient le seul témoignage de la frénésie dans laquelle ils étaient arrivés chez Spike hier soir .
Buffy s’étira. Elle sortait lentement du sommeil et se demanda un instant où elle se trouvait. Elle cligna des paupières , ne reconnaissant pas le jaune pâle des murs , ni la couleur des stores. En se retournant , elle réprima une petite grimace. Son corps était endolori , et un sourire de contentement étira ses lèvres quand elle contempla le corps nu de Spike , à ses côtés.

Elle admira tout à loisir sa somptueuse beauté . Il dormait , un bras replié vers son visage aux cheveux en désordre , son dos aux muscles puissants une surface dénuée de défaut . Le drap recouvrait à peine ses jambes, et elle pouvait se délecter de la vision de ses reins , du début de ses fesses parfaites. Il avait une jambe replié vers son torse , et son sommeil semblait profond.

Elle avait succombé et ne regrettait rien. Mais elle se demanda qu’allaient être leurs relations dorénavant. La façon passionnée dont ils avaient fait l’amour ne laissait pas de doute sur l’envie qu’il avait eu d’elle. Et si elle était honnête avec elle-même , elle ne résisterait pas à succomber encore.

Il était un homme d’une séduction renversante. Et il avait un talent sexuel ..
Elle réprima un bâillement , se pelotonna plus prés de lui , et , sans se préoccuper de l’heure qu’il pouvait être , se rendormit.




Spike étira un bras. Sa main heurta un corps doux ,chaud. Il cligna furieusement des paupières ,et s’émerveilla de ce que ses yeux découvraient : Buffy , alanguie, respirant avec régularité, un poing fermé sous son menton , ses cheveux répandus en vagues d’or pur sur son dos.

Il n’osait pas bouger. Il n’avait pas imaginé la fièvre débridée avec laquelle ils s’étaient unis , à plusieurs reprises, la veille au soir. Il avait si souvent rêvé de leurs étreintes.
Même dans le tremblement des heures incertaines, solitaires. Même quand il avait connu les sensations les plus mystérieuses dans les bras d’autres femmes.

Même quand il avait maudit le jour où le destin l’avait conduit à Sunnydale.

Et à présent elle était là .
Une présence parfaite , inespérée , pure comme le ciel d’une aube d’été, éclatante comme une étoile. Il vint s’appuyer sur un coude, effleura de ses doigts la surface de sa peau. Elle bougea légèrement , et il retint un éclat de rire quand il vit combien elle fronçait son petit nez. Puis elle ouvrait ses yeux clairs et il laissa aller le souffle qu’il retenait.

« Bonjour amour. »

« Bonjour.. » Sa voix sortit un peu enrouée. Il se pencha et lui prit les lèvres. Elle accepta son baiser quelques secondes , puis le repoussa de ses deux mains à plat sur la poitrine lisse.

« L’haleine du matin.. » dit-elle en baissant les cils d’un air de timidité qui l’enchanta.

« Tu as un goût.. » Il vint lécher sa lèvre inférieure. « .. de violettes. »

« Oh je ne crois pas ! » mais elle souriait .
Il contempla son visage calme , que la lumière du matin rendait transparent.

« D’ailleurs, si j’ai bon souvenir, » continua t –il en la pressant davantage contre lui, « tu as tenu à disparaître dans la salle de bain après notre arrivée mouvementée. »
Il avait une expression suggestive . Elle eut la grâce de rougir un peu , mais il lui souleva le menton.

« Donc, tu as un goût.. » Il l’embrassa lentement , forçant l’entrée de ses lèvres. « .. de violettes. »

Elle gémit , entoura son cou de ses mains, tandis qu’il se positionnait au dessus d’elle , sa verge cherchant à se loger dans le creux de sa féminité . Leur baiser devint haletant et sauvage.

« Nous avons été un peu fous , hier soir.. » gémit –elle quand il relâcha sa bouche.

Il la regarda en silence. Jamais la sensation de ses muscles contre la paroi plus tendre du ventre d’une femme ne l’avait mis dans cet état de bien-être. Elle haletait doucement, les yeux agrandis , scintillants. Il la pénétra avec lenteur , s’enfonçant en elle avec un sentiment de plénitude qui lui donnait envie de murmurer les poèmes les plus inoubliables.
Mais ce n’était pas le moment pour montrer que William n’était pas vraiment loin , en lui.

« Oui.. » reconnut-il , la voix rauque. « J’ai l’intention d’être fou avec toi. »

Sa verge était enfouie en elle et elle eut un petit cri devant l’invasion de sa chair. Puis elle resserra ses muscles autour de lui, et elle eut la satisfaction de le voir fermer les yeux , la mâchoire tremblante.

Ils firent l’amour dans une communion silencieuse , et elle atteint l’orgasme très vite, sous son regard ébloui. Quand il voulut se retirer , de crainte que son poids ne la gêne , elle l’incita à demeurer sur elle .

Puis, au bout de plusieurs minutes , savourant l’extase de l’après - jouissance , il se dégagea et elle l’observa se lever . Elle entendit qu’il faisait couler l’eau de la douche , puis il réapparut dans l’encadrement de la porte.

« Viens, » murmura t –il.

Elle le rejoignit dans sa nudité éblouissante.
En la regardant venir vers lui , Spike se promit qu’il trouverait tous les moyens pour qu’elle le caresse avec des yeux non seulement chargés de désir , mais de passion amoureuse.

Son cœur se serra douloureusement.
L’éblouissement qu’il avait ressenti hier soir , au premier contact de sa chair dans sa chair , balayait toutes ses résolutions.

Il chassa la pensée lancinante , que , peut-être , leur temps était compté.


A suivre.
Chapitre 15 by Cassiopea
Chapitre 15-


Au sortir de leur douche , Buffy réalisa qu’elle avait oublié le petit sac d’affaires de rechange qu’elle avait pris soin d’emporter la veille, dans la voiture. Le corps enroulé dans une serviette , elle s’assit sur le bord du lit , alors que Spike évoluait , entièrement nu. Il frotta ses cheveux puis jeta négligemment la serviette au sol , alla ouvrir un tiroir de l’armoire , en sortit un tee-shirt blanc et un jean . Une fois qu’il eût enfilé son pantalon , il s’approcha de la jeune femme .

« Je suis ravi de constater combien tu as l’air d’apprécier ma silhouette, » plaisanta t –il , « mais dis –moi.. »
Il s’agenouilla à sa hauteur. « As-tu besoin de quoi que ce soit ? »

« Je ne vais pas remettre ma robe . Et les affaires que j’ai prévues sont toujours dans ta voiture. »

« Oh , je peux te prêter une chemise à moi. »
Elle haussa un sourcil interrogateur.
« Le temps que nous prenions un café, » précisa t –il en se redressant. Il enfila son tee-shirt et elle reconnut que le blanc était aussi flatteur que le noir sur lui. Il partit vers le couloir et elle le vit ouvrir une porte à glissière le long du mur.

« Je n’ai pas fini mes rangements. J’ai des habits un peu partout, » expliqua t –il en revenant avec une chemise de coton bleu marine . « Essaie. »

Elle se leva et lui prit le vêtement des mains , se dirigeant vers la salle de bain attenante.

« Voyons amour, inutile de t’en aller. Après ce que nous avons fait toute la soirée.. »
Sa voix était une caresse de velours sur sa peau. Buffy ne se retourna pas , mais laissa tomber le tissu éponge qui la protégeait.
Elle l’entendit retenir un soupir étranglé et eut un petit sourire de satisfaction. Elle poussa du pied les deux serviettes . Elle pouvait sentir le feu de son regard et frissonna violemment en passant un bras puis l’autre dans chaque manche. Il y avait quelque chose d’infiniment séduisant à porter le vêtement de l’homme avec qui on avait fait l’amour toute la nuit précédente..

La chemise était ample et arrivait juste au haut de ses cuisses. Elle se débattait avec le premier bouton quand elle vit qu’il était juste derrière elle.
Spike avait admiré sa silhouette , la rondeur délicate de ses hanches , la chute de ses reins , et il brûlait du désir de la posséder encore.

« Laisse-moi t’aider, » ronronna t –il en la faisant se retourner vers lui. Elle portait un petit air espiègle , et il passa son pouce le long de ses lèvres. Celles-ci s’entrouvrirent aussitôt.

« Dieu.. tu es si belle, » murmura t –il en écartant les pans de la chemise et en saisissant chaque sein dans la paume de ses mains.

« Est-ce que tu m’aides.. là ? » souffla t –elle .

Il caressait les globes de chair plus pâle, alors que le reste de son corps avait une lumière dorée qui lui donnait envie de grappiller et de lécher chaque once de sa peau. Elle avait une respiration un peu haletante, et il eut un sourire victorieux.

« Tu n’imagines pas que je serais rassasié de toi ce matin ? »

« Je ne sais pas.. » Elle vacilla , et il la fit s’appuyer au mur. « Spike.. »

Il se pencha , captura ses lèvres dans un baiser demandeur , lent. Quand il la libéra , ils étaient tous deux pantelants.

« Café.. ? » balbutia t –elle . Il glissait ses mains le long de ses côtes , descendant inexorablement vers la jonction de ses cuisses.
Il passa sa main gauche derrière sa nuque , et elle gémit quand ses doigts s’aventurèrent dans la chaleur moite de son sexe.

« Oui.. » Il parsemait son cou de petits baisers , elle attrapa ses épaules , consumée par un besoin irrépressible de connaître encore le bouleversement de tous ses sens.

« Tu es douce.. mouillée.. » Il frottait son clitoris et agaçait l’entrée de son sexe. « Je veux te pénétrer.. encore. »

« Spike ! Il est tard.. je.. » balbutia t –elle.
Il entra deux doigts en elle et pompa à un rythme régulier.
« S’il te plaît, amour.. »

Elle ouvrit davantage une cuisse , tendant son ventre vers lui.

« Oui, comme çà, bébé.. ma douce.. » Spike reprit les lèvres ouvertes , haletantes. Elle tremblait et son bassin ondulait doucement . « C’est bon.. ?.. Dis-moi , amour.. dis-moi combien tu aimes ce que je te fais.. » Sa voix devenait profonde , envoûtante.
Ils restaient front contre front , et il regardait le plaisir se répandre sur les traits de cette femme qui le fascinait.

« J’aime.. ce que tu me fais.. »

« Et moi j’aime te faire jouir. » Il écrasa leurs bouches l’une contre l’autre alors qu’elle succombait à une jouissance fulgurante. Quand les pulsations se calmèrent à l’intérieur de son intimité soyeuse ,il retira sa main et vint lécher ses doigts l’un après l’autre. Elle rougit intensément.

« Tu es. .. tu es incorrigible, » dit-elle avec pétulance.

Il eut un rire chaud , sensuel. « Et toi tu es irrésistible , amour. »

Il boutonna la chemise entièrement et elle darda sur lui un regard qui se voulait sévère. Quand il eut terminé , elle quitta la chambre de son pas dansant et il disparut dans la salle de bain. « J’arrive ! » dit-il .


Dans la cuisine ensoleillée elle se percha sur un tabouret, croisant les jambes. Il la rejoignit une minute plus tard et l’enveloppa encore d’une expression affamée .

« Je ne sais pas si c’est bien raisonnable. »

« Quoi donc ? » demanda t-elle d’un air dégagé , feignant de contempler les fleurs magnifiques à travers la fenêtre.

« De rester en ma compagnie alors que tu es nue sous cette chemise. »
Il eut un sourire gourmand et narquois , mais néanmoins s’affaira à remplir la cafetière d’eau et de café.

« As-tu faim ? » Il ouvrit la porte du frigo. « Je peux te préparer des œufs brouillés.. ou . .. »

« Oh non , je prendrais plutôt des céréales ,ou un fruit ? »

Il se gratta la tête et se pencha . « Voyons voir.. Il faut à tout prix que je j’aille faire quelques courses, » admit-il , en notant les étagères au trois quart vides. « Mais j’ai des pommes ! » annonça t –il triomphalement en exhibant deux fruits rouges vifs.

L’odeur du café se répandant , Buffy savoura le bien être de cette intimité. Il était à la fois stupéfiant et naturel d’être ainsi à l’aise avec Spike . Il déposa deux tasses sur le comptoir, du sucre , du lait. Elle se dit qu’elle prendrait vite l’habitude de passer la nuit chez lui..

Ils commencèrent à manger et à boire en silence. Il s’était assis en face d’elle , et elle surprit souvent son regard pensif sur elle. Elle s’aperçut que la matinée était déjà bien avancée en jetant un œil sur sa montre , mais elle n’avait aucune envie de partir.


« Pourquoi n’avez vous jamais vécu ensemble , toi et Angel ? » Cette question sortie abruptement des lèvres de Spike la fit quitter sa quiétude rêveuse. Elle le regarda avec méfiance.

« Pourquoi veux-tu savoir cela tout d’un coup ? »

« Ce n’est pas ‘tout d’un coup’.. » soupira t –il. « Je me suis souvent imaginé que dés que tu serais un peu plus âgée, si vous étiez toujours ensemble, il paraissait naturel que vous viviez au même endroit. Et vous étiez même fiancés , non ? »

Il y avait aucune dérision dans la tonalité de sa voix, juste une sincère curiosité. Elle se mordit la lèvre inférieure , et Spike vit combien elle paraissait tout à coup souffrir. Etait-il le plus insensible des imbéciles, se dit-il , alarmé. Il allait se confondre en excuses pour avoir abordé le sujet , quand Buffy parla.

«Ces fiançailles.. elles étaient surtout une façon d’apaiser mes parents .» dit-elle d’une voix calme , un peu heurtée. « Je vivais sur le campus et c’était très bien ainsi. Angel.. Angel était un homme très occupé, et moi.. une étudiante. Au début c’était la meilleure solution. Mais au bout d’un an ,ou deux , quand j’ai évoqué la possibilité que je déménage , il persistait à penser que nos vies étaient trop différentes. . »
Elle eut une moue un peu amère. « Il vivait assez loin de l’Université et cela aurait été plus difficile dans le quotidien pour moi. »

Spike garda pour lui les invectives qu’il sentait naître sur le bout de sa langue. La dernière fois qu’il s’était emporté contre celui qu’il méprisait , Buffy était partie.

Il n’était pas le moins du monde surpris d’apprendre qu’Angel avait profité de la situation. Gardant sa liberté de mouvement , séduisant Buffy avec des soirées ou des week-ends , mais refusant le seul engagement qui aurait comblé la toute jeune femme qu’elle était.

« La troisième année où nous notre relation s’est peu à peu détériorée , j’avais compris que je.. que je n’étais pas exactement ce qu’il attendait. »

Elle le fixa droit dans les yeux , le menton dressé , fière et impétueuse, l’incitant à lui opposer la moindre réflexion.

« Je suis désolé. » murmura t –il . « Comment a t –il pu être aussi aveugle ? »

Il s’interrompit et baissa son visage. Elle le scruta avec attention , la tête un peu penchée , attendant qu’il continue.

« J’étais persuadé que tu serais mariée, quand je suis arrivé à New York il y a un an. »
Il lui adressa un petit sourire contrit.

« Je suppose que tu n’as pas eu de mes nouvelles pendant toutes ces années. Mais quand tu as rencontré Giles, vous avez parlé de moi ? » interrogea t –elle.

« Oui. Je pensais qu’il allait m’annoncer ton mariage. Il a simplement expliqué que tu était toujours avec Angel. Et que ton père était parti. »
Il vint poser sa main sur la sienne. « Cela m’a fait de la peine pour Joyce. Mais je dois avouer que je l’ai trouvée dans une forme remarquable quand je suis allée lui rendre visite. »

« Oui, elle va bien. Le départ de papa .. Disons que c’est une bonne chose. Leur couple ne se portait plus aussi bien. Et maman est une femme indépendante ! » termina –elle avec un sourire fier.

« Je n’en doute pas, » acquiesça t –il.

Un silence un peu incertain flotta entre eux. Il s’en voulait d’avoir mentionné le passé, dans la quiétude d’un matin où tout semblait paisible entre eux. Mais il mourrait de savoir tant de choses. Il savait que Buffy avait été naïvement mais sincèrement amoureuse de cet homme qui avait finalement préféré faire sa vie ailleurs. Et il ne cessait de se demander si elle ne garderait pas toujours des sentiments pour lui.
Un premier amour est une époque tellement marquante dans l’existence.
Elle s’était levé et ramenait la cafetière.

« Nous terminons ? » dit-elle.

« Oui, je veux bien une goutte de café , encore, » sourit-il.
Quand ils furent servis tous les deux , il rapprocha leurs tasses et , la saisissant par la main , la fit se tenir prés de lui.

« Viens sur mes genoux, » pria t –il.

Elle était aussi légère et parfumée qu’une rose, songea t –il poétiquement.

« Merci, » chuchota t –il en passant son nez dans son cou. Il se redressa et l’embrassa avec légèreté.

« Pourquoi ? » dit-elle avec un petit air surpris.

« Pour avoir répondu à mes questions indiscrètes à propose d’Angel. »

« C’est un passé que j’efforce de regarder avec sérénité , même si ce n’est pas toujours facile, » admit-elle.
Dans cette chemise à lui , elle lui faisait tourner la tête. Elle but le reste de sa boisson à minuscules gorgées , et il la tenait par un bras protecteur autour de sa taille mince. De son autre bras , il prit sa tasse .

« Ta mère a proposé que je passe en fin d’après-midi , » dit-il , enfouissant son nez dans ses cheveux.
Elle tourna un visage surpris. « Elle m’a promis qu’elle devait regarder dans votre sous-sol pour voir si elle ne pouvait pas me prêter un vieux fauteuil pour mon bureau. »

« Oh , eh bien il doit surgir d’une chaise ancienne qui vient de mon grand-père. Tu as dû faire agir ton charme pour qu’elle accepte. »

« Mais c’est elle qui a parlé de cela quand elle a su que je m’installais . »

« Je le sais bien ! » dit- Buffy , enjouée , en se tournant un peu plus vers lui. « Maman a toujours eu un faible pour toi. »

« Ah oui ? » murmura t –il d’un souffle un peu rauque. Il nota combien il pouvait admirer les jambes nues , le haut charnu d’une cuisse. La chaleur de savoir qu’elle était nue sous la simplicité du vêtement rendit sa verge à nouveau dure. Il glissa une main à l’intérieur , caressant la peau satinée de son ventre. « Et sa fille ? Que pense -t elle de moi.. ? »

Elle se plaqua contre son torse avec un gémissement. Il l’emporta , alors qu’ils étaient perdus dans un baiser aussi langoureux et affamé que les précédents.
Quand il la fit coucher sur le bord du lit , retroussant la chemise sur son sexe offert , elle rejeta son visage en arrière . « Oui.. oui.. Spike.. »

La façon un peu râpeuse, si douce et suppliante dont elle prononçait son prénom , le mettait dans une ardeur démesurée.

Il laissa délibérément la chemise ouverte , dégageant les seins voluptueux, dont les mamelons étaient devenus très tendus. Il but la vision de son ventre plat , frémissant , et la toison légèrement humide de son sexe.
Il retira son tee-shirt d’un geste sec puis ouvrit la boucle de son pantalon. Il frotta le bout de sa verge lentement , alors qu’elle attendait , le regard brillant, un voile d’extase descendant déjà sur son visage magnifique.

« Maintenant.. » gémit-elle. « Viens.. »

« Oui amour.. Dieu, tu es.. » Il enfonça sa verge avec un mouvement puissant et relâcha la respiration qu’il retenait. A genoux, lui maintenant les cuisses ouvertes , il fit aller et venir son sexe jusqu’au bout. La sensation d’être enfoui en elle était incomparable.
Elle l’accueillait et s’ancrait à ses bras.

Est-ce que ce serait ainsi toujours , entre eux ? se demanda t –il , grisé.

* * * * * * *

Il espérait secrètement qu’au moment où il viendrait rendre visite à Joyce , sa fille trouverait un prétexte pour passer. Mais quand il sonna , Madame Summers était visiblement seule .

« Spike ! » dit-elle avec un sourire affable. « Entrez . »

Elle le laissa passer dans le hall. « En plus du fauteuil j’ai trouvé une petite commode de rotin blanche. En auriez-vous l’usage ? »

« Pourquoi pas, » acquiesça t –il , heureux d’être en la compagnie enjouée de cette femme.

Ils descendirent au sous-sol. Celui ci était encombré d’un grand nombre d’objets hétéroclites. Elle désigna un petit meuble blanc à trois tiroirs et il songea que cela lui rendrait service dans la salle de bain.

« Çà vous plaît ? Et le fauteuil est très confortable , vous verrez. »

« C’est parfait. Merci beaucoup Joyce, » dit-il en souriant. « Je vais les monter tout de suite et les installer dans la voiture. J’ai rabattu les sièges arrières, » précisa t –il.
Il s’empara d’abord du fauteuil qu’il remonta sans difficulté , puis, après l’avoir laissé dans l’entrée , trouva Joyce qui l’aida à transporter la petite commode.

Pendant qu’il arrangeait le mobilier , Joyce prit place dans la banquette installée sous le porche. Ils échangèrent quelques mots .

« Vous avez le temps de prendre quelque chose ? » demanda t –elle en pénétrant dans la maison.

Il la suivit. « Avec plaisir. Etes-vous toujours libre le Samedi ? » s’étonna t –il quand ils arrivèrent dans la cuisine ensoleillée. « Je croyais que c’était le jour le plus chargé pour une galerie. »

« Il y a des visites , mais j’ai une collègue qui adore cet aspect là du métier ! » avoua t –elle avec un petit sourire . « Moi je suis plutôt dans la recherche d’objets , et le classement. »

Ils burent un citron pressé . Joyce parlait de ses satisfactions à voyager , et il l’écoutait avec intérêt.

« Maintenant que nous avons fait le tour des sujets les plus ordinaires, dites-moi.. »
Il l’écoutait , le visage un peu penché. Il était adorable. « ..Dites –moi la véritable raison qui a poussé un jeune romancier vivant à New York pour venir s’enterrer dans une petite ville de Californie ? »

« Mais aucune raison particulière, » dit-il d’un ton calme. « J’ai toujours beaucoup aimé les Etats-Unis. New York a été une opportunité fantastique , mais l’enseignement y était difficile , l’environnement aussi. Et même si j’ai pu profiter de toutes les possibilités d’une existence trépidante , ce n’est pas exactement dans mon tempérament. »

Elle l’observait avec un regard bienveillant.

« Et comment se passe cette nouvelle vie, depuis? »

Cette fois leurs regards étaient chargés de compréhension mutuelle. Se doutait-elle que William n’avait pas vraiment oublié les quelques jours très particuliers qu’il avait vécu ici ?

« Elle se passe.. bien, » reconnut-il .

Elle hocha la tête et l’enveloppa d’une expression douce.

« Vous méritez d’être heureux , William. » Il tressaillit , mais ne dit rien.
Il éprouva soudain une paix profonde, comme si la bienveillance de Joyce apaisait ses doutes et ses peurs.

* * * * * *


La plage commençait à se vider. En cette mi Septembre , les journées se faisaient plus courtes , et sous le soleil finissant , l’étendue de sable beige prenait des reflets ocre de toute beauté.
Quand Willow avait proposé à Buffy de passer l’après-midi au bord de la mer , elle avait accepté avec empressement.
Elle éprouvait un tel tumulte d’émotions après le tour sexuel et exacerbé qu’avaient pris les relations entre elle et Spike, qu’elle se retrouvait incapable d’agir normalement.
Son amie avait été d’une discrétion exemplaire durant ces derniers temps, même sachant que quelque chose naissait entre la jeune femme et le professeur de littérature le plus séduisant du lycée.
Elles marchaient côte à côte et leurs pieds nus s’enfonçaient dans le sable humide . Des vagues d’eau froide faisaient frémir régulièrement Buffy .

« J’ai l’impression de ne pas décider.. » murmurait-elle. « J’ai l’impression.. qu’une partie de moi est heureuse de se laisser faire, d’écouter tout ce que veut Spike, et une autre partie est persuadée qu’elle se met en danger. »

« En danger ? » s’étonna Willow. « Comment peux-tu dire çà ? »

« Je veux dire.. pour mon cœur, » souffla Buffy d’une voix plus incertaine. « Comment savoir si je ne m’engage pas vers quelque chose qui me fera souffrir ? »

« Oh Buffy, tu sais bien qu’on ne peut jamais répondre à cette question. Je me rends compte qu’Angel t’a laissée avec un sentiment d’insécurité. Mais , cela fait un an que vous vous êtes séparés , tu dois envisager les relations sous un jour plus positif. »

« Je le sais ! Mais.. en fait cela n’a rien à voir avec Angel. »

Willow la regarda plus attentivement. Son amie avaient les yeux rivés à l’horizon .

« Bien sûr je ne peux pas faire comme si je n’avais pas été amoureuse de lui , ou comme si je n’avais pas été affectée par son départ.. Mais Spike est si.. si différent. Si passionné. »

« La passion serait plutôt une bonne chose, » souligna Willow avec un beau sourire.
« Oui.. »

Elles arrivaient au bout de la plage et décidèrent d’un commun accord de faire demi tour. Un vent léger se levait , Buffy resserra son ample gilet de laine blanche autour de ses épaules.


« Je n’étais pas prête pour sa passion , il y a bientôt cinq ans, » reprit –elle d’une voix songeuse.
« Je suppose qu’il ne savait pas vraiment lui-même ce qu’il recherchait. »

« Est-il vraiment un être différent du jeune William ? »

« Par bien des côtés , oui. Mais parfois.. j’ai eu l’impression d’être en face de lui. Je ne saurais pas te dire dans quelles circonstances. .. Ce sont plutôt des sensations fugitives. »

« Je crois que Spike est sincèrement intéressé par toi. »

Buffy tourna un visage surpris vers la jeune femme rousse qui prit une expression un peu embarrassée.

« Non pas que j’ai parlé avec lui , ou quoi que ce soit. Mais pourquoi serait-il venu à Sunnydale tout d’un coup ? Si tu dis qu’il a été très attiré par toi la première fois, il y a des chances pour qu’il ait eu envie de savoir ce que tu devenais. Si Giles lui a appris que tu étais seule depuis un an.. »

« Quand il est arrivé à New York en Septembre l’année dernière , il pensait que j’étais peut-être mariée, » murmura Buffy avec un petit sourire. « Mais il a beaucoup de ressentiment pour Angel, » poursuivit –elle d’un ton plus sérieux.
« Ecoute , le meilleur conseil que je puisse te donner est d’écouter ton instinct, » affirma Willow avec résolution.


« Mon instinct, » répéta Buffy. Ses beaux yeux clairs prirent une nuance rêveuse. Les vagues du Pacifique prenaient des éclats d’or pur et le ciel virait à un rouge incandescent.


« Alors j’ai envie de me noyer .. corps et âme. »


A suivre.
Chapitre 16 by Cassiopea
Chapitre 16.


Buffy se sécha avec vigueur.L'aprés-midi avec ses élèves avait été d'une activité intense. Elle avait en tête l’emploi du temps de Spike et on était Mardi .. il pouvait arriver à tout moment. Elle se dépêcha et se rhabilla de sa jupe de soie fluide , à laquelle elle associa un tee-shirt simple, légèrement décolleté.
Une petite voix lui disait que c’était peut-être aussi pour se faire pardonner d’avoir jouer à la femme invisible depuis leur rendez-vous. Mais le Lundi après-midi elle terminait avant lui et avait eu une réunion avec son collègue. Quand elle était passée , le bureau était vide.

Elle disposait une série de cerceaux les uns sur les autres , sur une étagère , quand elle entendit des pas derrière elle. S’attendant à trouver Spike elle se retourna dans un mouvement virevoltant , un sourire radieux sur ses lèvres. Mais ce n’était que le proviseur Wood , qui se tenait sur le seuil de la salle , les mains dans les poches , la détaillant avec un intérêt non dissimulé.

« Buffy , je ne voulais pas vous faire sursauter, » s’excusa t –il.

« Non , non , çà va, » dit-elle en s’avançant. « J’ai été surprise. Vous vouliez me demander quelque chose en particulier ? »

« Non.. » Il baissa la tête et la releva avec un sourire. « Je me rendais dans les parties administratives , et j’ai eu tout à coup l’envie de voir si vous étiez toujours là. Je n’ai pas eu l’occasion de vous demander si vous vous étiez bien adaptée , parmi nous ? »

« Oh très bien , je vous remercie ! Les élèves sont agréables , et je n’ai rien à redire à mon emploi du temps, » assura t –elle .

« N’hésitez pas à me parler du moindre problème, » dit-il d’un ton plus profond , s’avançant encore un peu.

Buffy commençait à se sentir intimidée par son regard appréciateur . Est-il en train de .. flirter ? se demanda t –elle , inquiète et embarrassée. Elle hocha la tête vigoureusement.
« Bien sûr ! S’il y a le moindre problème , je vous en parle ! » affirma - t –elle. « Mais jusqu’ici tout va bien. Et nous nous entendons bien avec Jarvis. Je pense que nous allons créer un bon programme pour le spectacle de la fin de l’année. »

Elle serait plus à l’aise sur un terrain purement professionnel , et espérait qu’il comprendrait le message. La dernière chose dont elle avait besoin était le proviseur lui exprimant une quelconque attirance. Mais il ne semblait pas décidé à partir .

« Je me demandais.. » commença t –il. L’intonation de sa voix fit craindre à Buffy le pire. « Vous allez me trouver ridicule.. mais.. j’avais pensé vous inviter à dîner. »

« Com.. comment ? » Elle déglutit. Et aperçut derrière Wood la silhouette séduisante de Spike qui venait d’arriver et marquait un arrêt à l’entrée des lieux. Il était clair , par l’amusement narquois qui peignait ses traits , qu’il avait entendu la majeure partie de la conversation. Et attendait sans doute de voir comment Buffy se sortirait de ce pas délicat.

« C’est très aimable, » murmura t –elle. « ..mais.. »

« Mais vous n’êtes pas libre , évidemment, » termina t-il , masquant sa déception. « Ce n’est pas grave, » ajouta t –il aussitôt. « J’ai demandé , et j’ai ma réponse. »

« Buffy. » La voix de Spike la fit tressaillir. Il s’avançait à une allure un peu sinueuse , qui était celle qu’elle avait appris à aimer depuis qu’il était revenu, et qui la mettait invariablement dans un émoi palpable.
Wood se retourna , fronçant les sourcils , apparemment contrarié d’avoir été ainsi interrompu.

« William , c’est vous, » dit-il . Spike lui fit un bref signe de tête mais ses yeux revinrent aussitôt envelopper Buffy. Ils étaient assombris par le désir , et cela n’échappa ni à la jeune femme qui poussa un soupir presque silencieux , ni au proviseur dont les traits affichèrent contrariété et surprise.

Mais cela ne préoccupait Spike en aucune façon car il vint enlacer Buffy de l’air le plus naturel.

« Je suis désolé d’être en retard , chérie, » dit –il.

Le regard de Wood se rétrécit , et Buffy lui fit un petit sourire d’excuse. Spike payerait plus tard pour son attitude effrontée, se dit-elle.

« Bien , bien.. » dit Wood en se frottant les mains. « Je n’avais pas conscience que vous.. que vous étiez l’un avec l’autre, » dit-il avec une petite grimace qui ressemblait à un sourire crispé.

« Nous tenons à être discrets, » appuya Buffy en jetant un coup d’œil désapprobateur sur Spike qui se tenait , fier , comme s’il avait remporté le premier prix dans le concours le plus inaccessible.

« Oh je comprends. »
Wood fit les premiers pas et s’éloigna , mais à l’instant où il arrivait sur le seuil , il se détourna et murmura , pensivement : « Mais .. à bien réfléchir , je me doutais de quelque chose. »

Il partit , laissant le couple un peu étonné sur ce qu’il avait voulu dire.

Buffy se dégagea avec vivacité et entreprit de continuer à ranger son matériel.

« Es-tu fâchée ? » dit-il en se tenant juste derrière elle.

« Non. Mais puis-je savoir pourquoi tu agis comme un adolescent qui veut faire comprendre à chacun avec qui il sort ? »

« J’ai agi par instinct. Et puis cela t’a tirée d’un mauvais pas. C’est toujours délicat d’avoir à être désagréable avec un supérieur. »

Elle lui jeta un coup d’œil par dessus son épaule. Il affichait une mine tranquille.

« Je me débrouillais très bien. Personne n’a besoin de voler à mon secours. »

« Je n’en doute pas. Mais au moins il sait à quoi s’en tenir. La plupart des hommes n’écoutent pas quand ont leur dis ‘bas – les - pattes’ . »

« Et tu sais de quoi tu parles. »

Elle se retourna et lui lança un regard de défi. Ses yeux bleus étaient devenus plus durs mais sa bouche ébaucha un sourire .

« Tu as raison.. »

Elle s’éloigna vers la petite pièce qui tenait lieu de bureau ,il vint s’appuyer au montant de l’entrée.

« Puis-je passer un moment à faire des exercices ? » demanda t-il d’un air dégagé.

Buffy haussa les épaules . Elle vibrait d’une multitude d’émotions, et la principale semblait pour l’instant une frustration à fleur de peau.

« Oui. Je t’avais dis que ce serait possible, » répliqua t –elle en lui passant devant rapidement.
« Mais j’ai encore des papiers à regarder pour les premières notations de mes élèves , alors je vais te laisser te débrouiller. »

« Dis-moi bonjour correctement , au moins, » murmura t –il en s’avançant.

Elle poussa un petit soupir exaspéré mais le rejoignit. Il l’enlaça et elle tendit ses lèvres mais, à peine les avait-il capturées avec les siennes qu’elle se détacha de lui.

« Je dois fermer le gymnase dans peu de temps, » souffla t –elle.

Il hocha le menton et elle le vit prendre un sac qui était resté à l’entrée. Elle fit mine de s’absorber dans ses documents , alors qu’il se changeait . Mais elle vit qu’il se déshabillait, pour mettre un pantalon de sport et un tee-shirt blanc sans manches .

Sa bouche devint sèche. Il alla avec une nonchalance irritante vers les barres accrochées le long du mur et commença une série d’étirements qui sculptèrent ses bras , son torse , la magnificence de son corps fin et puissant.
Quand elle le vit se déplacer vers les barres parallèles , elle posa ses papiers à côté d’elle sur le banc, et le contempla ouvertement. Ses muscles dansaient et jouaient dans la lumière , et son visage marquait les signes d’une grande concentration.
Elle laissa échapper un petit soupir .
Les trente minutes suivantes , il ne lui adressa pas un regard.

Elle suivit avec un intérêt grandissant ses mouvements coordonnés , son application , la façon dont les tendons de son cou saillaient , et une mince pellicule de sueur se formait à la racine de ses cheveux. Il était évident qu’il devait s’entraînait avec régularité et elle regretta de n’avoir pas saisi l’opportunité de le faire avec lui.

Il avait terminé et revint vers elle , nota ses yeux troubles , rêveurs , la bouche un peu entrouverte.
Même s’il n’avait pas tourné la tête dans sa direction , Spike avait eu une conscience aiguë de sa présence, et la faim qu’il avait de son corps, de sa peau , de sa chaleur , avait pris des proportions douloureuses. Son sexe était tendu et il ne faisait rien pour le dissimuler.

Elle se leva quand il fut à sa hauteur. « Tu peux utiliser la douche, » balbutia t –elle.

« Merci, » dit-il , ses belles lèvres incurvées en un sourire lent.



Elle fut contre lui dès qu’il eut refermé la porte de son bureau.


Malgré la rapidité avec laquelle il avait disparu dans la petite salle de bain , puis réapparut , les boucles de ses cheveux humides , elle n’avait pu reconnaître que l’urgence de ses désirs : retrouver toute l’extase de leur communion sensuelle .

Ils avaient regagné en silence le bâtiment principal , se tenant par la main. Leurs pas avaient retenti sur les dalles du chemin , et Spike avait ralenti leur allure à l’approche du couloir qui menait aux salles de classes et aux différents bureaux.
A la hauteur de sa porte , ils avaient croisé un groupe d’élèves qui les avaient observés furtivement , leurs bavardages se calmant un peu avant de reprendre alors qu’ils disparaissaient au tournant du corridor.
Cela n’apaisa en rien le feu qui courait dans leurs veines , et il la plaqua contre le montant de bois avec une férocité qui les fit chanceler.

« Je vais mourir .. » haleta t –elle. « J’ai envie de toi.. » Elle avait une voix de gorge qui fit enfler sa verge désespérément et tout en caressant sa taille , ses hanches , avec frénésie , il défit la boucle de son pantalon , poussant un soupir incontrôlé ,cherchant à atteindre un sein ,à mordiller sa bouche , tous deux soupirant , gémissant , fiévreux.
Il s’agenouilla et enfouit son visage entre ses jambes , dans la soie de sa jupe.

« Spike.. ! »

Il souleva le vêtement à deux mains , et elle tint le tissu contre elle , les jambes un peu tremblantes, fébrile.
Il détacha les nœuds de la lingerie de part et d’autre des hanches , la toison de son sexe se découvrant , humide, et fouilla aussitôt les lèvres offertes avec une langue si impatiente qu'elle eut un sursaut .
Cette ardeur qu’il déployait était un puissant aphrodisiaque sur les sens enflammés de Buffy qui respirait par petits halètements , et chaque plainte devenait une musique qui retentissait dans la quiétude de l’atmosphère.

« Oh.. c’est bon..amour.. » haleta t –il , sa voix étouffée. « Tu es mouillée, chaude.. là.. oui , oui.. » Les mots suggestifs eurent raison de sa résistance, et elle cabra presque violemment , son bassin allant et venant sous l’assaut de la bouche talentueuse .

« Oui.. Spike ! » murmura t –elle . Et il y avait un tel abandon dans son cri qu'il en ressentit un pouvoir immense qui inondait chaque fibre de son être.
Il passait sa langue sans relâche sur la perle tendue de son clitoris et elle gémissait doucement , ses hanches bougeant à peine. Quand il fut rassasié du nectar recueilli , il se redressa et prit sa bouche avec une douceur qui fit chanceler Buffy. S’accrochant à ses épaules , elle lui rendit son baiser avec une intensité sauvage , enroulant leurs langues, buvant son haleine.

Ils trébuchèrent et il se retrouva assis sur le canapé de cuir fauve , les bras autour de Buffy qui n’avait pas quitté ses lèvres.

« Ma tigresse, » haleta –t-il en se détachant avec peine. « Tu es ma tigresse.. Oui.. » gémit il quand elle griffa sa nuque et vint poser un baiser contre son cou , là où palpitait une veine.

Elle le contemplait avec des yeux scintillants et ardents , et il savait qu’il n’oublierait jamais la vision de sa Buffy en proie à ce désir tumultueux pour lui.
Uniquement pour lui.


Elle détacha les boutons de sa chemise , et quand le torse splendide se découvrit , le parsema de baisers , attaquant un mamelon , léchant l’autre , et souriant de bonheur quand elle entendit ses râles , ses encouragements. Il avait passé une main dans ses mèches blondes, cherchant sa nuque, comme pour la guider , l’assurer qu’elle lui donnait les sensations les plus exquises.
Son autre main agrippait le bord du siège .
Elle continuait à descendre le long de la poitrine , agaçant la paroi de ses abdominaux , suçant l’intérieur de son nombril , et tout à coup elle se redressa et le couva d’une expression gourmande et si tendre à la fois qu’il en cessa de respirer quelques secondes.
La boucle de sa ceinture était défaite , et quand elle approcha ses mains pour dégrafer le bouton et faire descendre la fermeture éclair ,il ferma brièvement les paupières .

Elle caressa son sexe sur le tissu de son jean , traçant le contour de sa dureté , et enfin , avec une lenteur qui le torturait , fit glisser le vêtement sur les hanches minces .

« As-tu idée.. as-tu idée de ce que tu me fais ? » balbutia t –il , les yeux chavirés , la voix rauque et chargée de tension.
Sa verge se dressait , longue , très raide , et magnifique , contre la paroi de son ventre . La fine ligne de toison qui venait du nombril se perdait dans les boucles sombres , et Buffy palpa doucement ses testicules , encerclant la base du sexe , une main allant et venant de bas en haut.

« Oui.. Buffy.. » Il n’avait jamais été aussi excité , aussi brûlant d’être caressé intimement .
« Oui.. s’il te plaît.. lèche-moi.. »

Elle leva des yeux transparents et émerveillés vers le visage crispé de désir. Il était à cette minute d’une beauté si époustouflante , à demi nu, la chemise ouverte sur une poitrine au relief parfait , le cou tendu dans l’attente , les narines dilatées , les yeux assombris, ses petites boucles en désordre , et son sexe offert, le pantalon rabaissé à mi cuisses. Elle le prit dans sa bouche et il laissa échapper un cri , la tête en arrière , son bassin secoué de spasmes .

« Ta bouche.. j’aime ta bouche.. sur moi.. »

Il ne tiendrait pas. La chaleur soyeuse de la langue de Buffy , s’enroulant sur le bout de sa verge , sur la fente où perlait du sperme, et le ronronnement qu’elle faisait entendre comme si elle goûtait à une douceur défendue , prenait un caractère d’un érotisme si torride qu’il luttait pour ne pas exploser.
Il regarda , captivé , ses petites mains continuellement en mouvement , et ses lèvres suivant l’arête du gland , agaçant encore et encore , redescendant , passant sa langue sur toute la longueur , revenant vers le bout engorgé de semence , et il balbutiait une litanie de mots désespérés.

« Buffy.. je.. encore.. oh!.. oui.. caresse-moi plus fort.. Dieu.. je vais jouir.. Je vais.. »

Ses halètements devenaient des plaintes animales , et Buffy se demanda si la porte était fermée, puis réalisa avec une gaieté coquine que cela ne préviendrait pas les sons étouffés de , peut-être , se distinguer de l’autre côté du mur.
Il passa ses doigts dans sa chevelure , l’incitant à ralentir ses mouvements , et elle leva ses yeux vers lui , abandonnant sa caresse.

« Je veux jouir, » murmura t –il d’une voix si profonde , si fervente qu’elle frissonna violemment.
« En toi. »

Incertaine , elle attendit un instant avant de découvrir une prière si intense dans le bleu de ses yeux, qu’elle quitta sa position à genoux et se mordit la lèvre inférieure.

« Retire ta jupe, » pria t –il .
Elle obéit , les mains frémissantes, et quand elle se présenta nue depuis la taille , les pieds toujours chaussés de ses sandales bleues , il l’attira sur lui , la prenant contre sa poitrine pour réclamer encore ses lèvres, avec une passion qui les rendait impudiques.
Il fit remonter ses mains sur ses côtes, ouvrit le chemisier de coton et enfin ses paumes enveloppèrent chaque sein couvert de dentelle rose.
Après plusieurs minutes d’un baiser affamé , il la saisit par la taille et positionna son sexe . Ils haletaient tous deux bruyamment , leurs regards fixés l’un à l’autre. En appui de part et d’autre de ses cuisses , elle se redressa légèrement , puis contempla l’endroit où leurs corps s'épousaient intimement. Elle gémit.
« Oui.. Prends-moi.. » dit-il d’une voix sourde. « Je veux te sentir.. autour de moi.. »

Il la pénétra lentement , profondément et commença une série d’ondulations avec son bassin , et Buffy pensa qu’elle n’avait jamais expérimenté le sexe de cette manière libre , sulfureuse, emportée.

« C’est bon.. ? Tu es bien pénétrée.. ? » scandait-il , les mains dans une étreinte de fer sur ses hanches , l’aidant à monter et descendre dans un bruit de soie mouillée qui le rendait ivre.

« Oui.. oui.. oui.. » haletait-elle, le visage voilé d’extase , tandis qu’elle s’agrippait à son cou.

« Tu vas jouir ? . .Viens..Oh viens , bébé.. amour.. mon cœur.. serre moi.. encore..Buffy. . Buffy.. ! »


L’aspect scandaleux de leur situation aiguisait leurs désirs.
Spike se dit qu’il lui faudrait une volonté de fer pour ne pas rugir quand les premiers signes de son orgasme firent de son ventre une paroi dure et que les cuisses de Buffy palpitaient sur lui.

« Je jouis.. Oh Spike.. » Elle succombait dans un déhanchement frénétique , il sentait sa verge étroitement encastrée, mouillée, et il vint enfouir son visage dans son épaule , mordit la chair tendre pour cacher son cri tandis qu’elle sanglotait , convulsait sur lui, ses petits gémissements dans son oreille, et il recevait les décharges d’une jouissance spectaculaire , étourdissante , leurs corps serrés l’un sur l’autre , savourant leur communion débridée.



Ils ne bougeaient plus. Buffy retrouvait son souffle , le nez toujours enfoui contre la peau moite de son amant. Il l’entourait de ses bras et imprimait de légers mouvements de sa main gauche au bas de son dos.

Comment aurait-il pu continuer à croire que son corps seul vibrait ? Avoir Buffy étroitement lovée contre lui était simplement la réalisation d’un rêve , devenu tellement inaccessible depuis des années qu ’ il écoutait , stupéfait , son cœur s’emballer comme un cheval sauvage.

Elle se redressa un peu , lui fit face , et ils restèrent quelques secondes silencieux. Elle passa un doigt sur son sourcil , à l’endroit de la cicatrice.

« Si tes séances d’entraînement finissent ainsi , elles sont peut-être un peu inutiles.. » souffla t –elle.

Il l’observa en fronçant les sourcils. « Je veux dire.. non ! » dit-elle en voyant qu’il se méprenait sur le sens de ses paroles. « Je veux dire que cela va être épuisant pour toi.. » Elle rougit adorablement.

« Laisse-moi m’inquiéter de mes performances, » murmura t –il avec une pointe d’arrogance.

« Et je crois que tu n’as pas fermé la porte. » ajouta t –elle.

« Si. Mais tu étais si absorbée par nos baisers que tu n’y as pas pris garde, » assura t –il .
Il bougea un peu ses hanches et elle frémit.

« Tu as été exquise, amour.. » Il lui prit les lèvres brièvement, puis se retira. Il passa ses paumes le long de sa taille, remontant sur chaque sein. Sa peau avait un hâle encore léger , et il ouvrit le soutien-gorge , caressa les pointes tendues , faisant rouler ses pouces autour de chaque mamelon. Les seins étaient plus clairs , plus laiteux , et il avait envie de les capturer entre ses dents.

Elle aperçut son regard lascif et lui donna une petite tape sur l’épaule. « Sois raisonnable à présent. »

« Oh , et cela vient de cette créature éblouissante qui me chevauche , presque nue , la crinière en bataille ? »

Elle rougit intensément devant la description osée. Elle suivit son regard bleu, chaud , qui cheminait depuis sa gorge palpitante , sa poitrine qui se soulevait, sa paroi abdominale plate et la rondeur tentatrice de ses hanches et du bas de son ventre .

« Tu es magnifique, » dit-il d’un ton rempli de révérence. « Je savais que tu serais magnifique dans mes bras , amour. »

« Tu n’es pas désagréable à regarder, » dit-elle doucement.

Elle aperçut des silhouettes qui passaient sur le chemin , à travers les stores. La réalité de ce qu’ils venaient de faire l’incita à se relever , avec précaution.

« Je crois que tu as mérité que je t’emmène chez moi, » dit-elle d’un petit air mutin en ramassant ses vêtements.

Il la contempla . Elle ajusta sa jupe autour de sa taille , referma l’attache de son soutien-gorge , et entreprit de refermer un à un les petits boutons de son chemisier. Son teint avait pris des couleurs, et elle était radieuse.

« Tu n’as pas besoin de çà ? » demanda t –il , narquois, en balançant le bout de tissu que représentait sa lingerie.

« Non, » répliqua t –elle .

Une vague de chaleur parcourut tout le corps de Spike. Il se releva avec une grâce féline , et réajusta son pantalon . Quand elle voulut néanmoins attraper ce qui lui appartenait, il fit non de la tête et glissa la dentelle dans sa poche arrière.

« J’aime que tu sois nue sous ta jupe.. » Elle gémit et il lui lécha la bouche. « Ton sexe encore soyeux, mouillé de ma semence.. »
Il lui reprit la bouche avec voracité , puis elle s’éloigna , le souffle court. Il n’avait pas encore fermé sa fermeture éclair , et son sexe se tendait , insolent . « J’ai encore envie de toi, » ajouta t-il la voix rauque.

« Rentrons.. » haleta t –elle.

« Oui, rentrons.. J’ai hâte d’être dans ton appartement, amour, » dit-il en continuant à embrasser sa bouche gonflée, humide.
Leur étreinte redevenait chaude, enflammée. Il pressa son ventre , son érection contre elle. « Rentrons avant que je ne t’allonge sur mon bureau pour te pénétrer encore. »

« Spike.. ! » protesta t- elle contre ses lèvres.

« Oui.. oui , moi aussi, chérie. »


A suivre.
Chapitre 17 by Cassiopea
Chapitre 17. ( Continue directement depuis les instants où on a laissé Spike et Buffy and le chap.précédent)



Leurs visages épanouis reflétaient leur joie , mais les quelques rares personnes qu’ils croisèrent en quittant l’établissement ne leur prêtèrent guère attention. Buffy se dit que leur relation alimentait peut-être déjà les couloirs du lycée et à cette pensée elle éprouva une indifférence curieuse. D'ailleurs ni l'un ni l'autre n'aurait été en mesure de soutenir la moindre conversation , s'ils étaient tombés nez à nez avec quelqu'un de leur connaissance.


Dans la voiture de Spike , Buffy sentait renaître en elle les flammes d’un désir puissant , incontrôlable.
Elle éprouvait une liberté vivifiante .

« Je vais te faire l’amour.. longuement , » dit-il d’un ton suggestif.
Il la dévorait des yeux , sa langue contre son palais. Elle lui rendit un regard troublé , gourmand.

« Çà va être terriblement bon , amour. »

Il écrasa encore sa bouche contre la sienne avec une voracité qui démentait l’apparente quiétude de son allure , seulement quelques instants avant.


Ils étaient fous, songea t- elle en regardant sans le voir , le paysage de la rue. Mais il y avait quelque chose d’ incroyablement libérateur à n’écouter que son instinct.
Et pourquoi s’en priverait-elle ? Spike la rendait heureuse.
Son cœur manqua un battement. Elle observa à la dérobée la ligne de sa mâchoire, la courbe sensuelle de ses lèvres qui lui avaient donné un tel plaisir , ses bras forts, ses mains aux doigts élégants.

Etre en sa présence ..
que lui arrivait-il ? Elle avala sa salive , et fit mine de s’absorber dans le spectacle des passants , déambulant sur le trottoir. Par cette splendide journée de début Octobre , la plupart des gens ayant terminé leur travail en profitaient pour faire les vitrines, aller dîner à l’extérieur. C’était le privilège du climat californien.



Elle lui avait donné quelques indications , et ils furent en cinq minutes devant son petit immeuble. Sur le parking , à l’abri des vitres teintées du véhicule , il détacha leurs ceintures avec une telle expression lascive qu’elle en eut le souffle coupé.
Elle sentait son sexe réagir à nouveau avec une force indécente , à son regard chaud , suggestif. Lui prenant le cou , il caressa son buste , son ventre avec lenteur.

« Tu es belle, » souffla t –il. « Tu es radieuse.. » Il mordilla les lèvres entrouvertes. Elle gémit et il ronronna contre elle. « ..oh amour , tu es si désirable. »

Elle offrait ses lèvres et il les prenait avec une délicatesse surprenante. Elle songea qu'ils revivaient des instants partagés, lorsque cinq ans avant il l'avait ramenée chez elle , devant la maison de Joyce et Hank. Mais cette fois rien n'empêchait plus leurs corps de se livrer à la liberté charnelle qui les brûlait alors. Buffy éprouva une telle flambée de bonheur qu'elle interrompit leur étreinte.

"Viens.. rentrons."

"Oui, amour." Il eut un sourire heureux , et le bleu de ses yeux vibra de promesses.

Il captura encore la bouche palpitante avec ses lèvres ouvertes , et une langue possessive.

Quand ils quittèrent la voiture , ses jambes ne la portaient plus.
Elle essaya en vain de mettre la clé dans la serrure , il la prit de ses doigts fébriles et ouvrit.

« La visite sera rapide.. » dit-elle avec un rire heureux. « Je peux te proposer à boire, et aussi peut-être as –tu envie d’une.. »

Il la fit tourner vers lui, l’enveloppa dans ses bras. « Je ne veux que toi, » murmura t –il. « Te caresser.. te donner du plaisir .. »

Elle l’écoutait , chavirée.
Se laissa déshabiller à mi chemin entre le hall, le couloir , et sa chambre , où elle se retrouva nue , assise sur son lit , alors qu’il retirait tous ses vêtements et offrait le spectacle de sa nudité sculpturale aux derniers rayons du soleil couchant qui filtrait à travers les rideaux , et s’agenouillait devant elle.

« Laisse-moi te goûter .. encore.»
Elle prit appui sur ses bras , il lui écarta les cuisses et plongea la tête la première.
Au premier passage de sa langue sur sa chair exacerbée , elle se cabra . Il eut un rire chaud et lui maintint les hanches à plat .

« Oh bébé, tu vas jouir merveilleusement. »

« Pou.. pourquoi ? » dit-elle , se laissant tomber en arrière .

« Parce que tes premières jouissances t'ont laissée sensible , et que je vais réveiller .. toutes les sensations. » Il frottait doucement en petits mouvements rotatifs et fit entrer deux doigts en elle,pompant rapidement. Il trouva la paroi moelleuse ,insista, et vit combien elle tremblait sous ses caresses. « Là.. c’est bon.. oui , mon coeur.. »

Au bout de plusieurs minutes , quand il nota le tremblement léger de ses cuisses , il rapprocha son visage pour venir sucer la perle tendue à petits coups de langue , sans cesser de faire aller et venir ses doigts à une cadence régulière.

« Oui.. oui ..oui.. » scandait-elle , le ventre en avant.

« Dieu.. tu es.. je pourrais te caresser pendant si longtemps, » respira t –il .

Buffy était prise de tremblements , une jouissance prenait ses premières notes au creux de sa féminité ,et enflait inexorablement . Ses caresses étaient douces , tendres , il buvait son plaisir et poussait de petits halètements de satisfaction.

« Jouis.. jouis dans ma bouche, » ordonna t –il .

Elle succomba à une détente foudroyante de tous ses muscles et cria , sanglota. Il la lécha avec application pendant de longues minutes après que les crispations de son orgasme s’apaisaient.
Il s’appuya sur ses genoux , se recula un peu pour admirer le spectacle qu’elle offrait : le corps moite ,frémissant ,la paroi de son ventre se soulevant par a - coup, ses petits seins tendus sur lesquels elle avait posé ses mains , et son visage radieux empreint d'un éblouissement qui le rendit sauvage.
Elle était essoufflée quand il vint s’allonger sur elle et se tint un instant immobile , la couvant d’un regard brûlant , puis enfonça son sexe d’un seul coup de rein.

Il appuyait ses mains sur les poignets de Buffy , de chaque côté de son visage , et la faisait sienne avec une ardeur décuplée. « Tu es à moi.. » dit-il avec force .
Leur accouplement devenait effréné . Elle ramena ses cuisses autour de sa taille musclée et posa ses pieds à plat sur le lit pour venir à sa rencontre.
« Tu es.. à moi.. » répéta t –il .

Il ne lui vint pas à l'idée de le contredire.



Leurs corps moites et enchevêtrés , ils écoutaient le chant d’un oiseau, venu se percher sur le rebord de bois blanc longeant la fenêtre. La musique était gaie , répétitive.

« Il sait que ces journées là , si belles , et douces , sont comptées, » murmura Buffy paresseusement.

« Crois-tu ? » répondit-il , le visage appuyé entre l’épaule de la jeune femme , et l’arrondi d’un sein voluptueux.
Il baignait dans une léthargie extrême. Leur accouplement avait été d’une intensité éblouissante , et il voulait prolonger son bien-être par tous les moyens.

« Oui. Il sait.. »

« Son chant ne devrait-il pas être triste. . ne devrait-il pas porter le regret de toute la chaleur et la lumière qui vont disparaître, alors ? »

« Nous ne sommes qu’au début de l’automne, il aurait tort de se désoler à l’avance, » répliqua Buffy avec espièglerie.

Il se tourna vers elle , se mit en appui sur un coude. La réalité de cette situation exquise était aveuglante. Il était chez Buffy, dans son lit , où ils venaient de faire l’amour avec passion , et elle était allongée auprés de lui , détendue et si glorieuse de beauté.

« Tu as raison, » murmura t –il doucement. « Pourquoi son chant aurait-il des notes tristes , quand le présent est si.. appétissant ? » Il prononça le dernier mot avec une œillade gourmande.

Il vint enrouler sa langue autour d’un mamelon dont la pointe se raidit aussitôt .

« Spike.. ! Ce n’est pas moi qui doit être considérée appétissante, » prévint –elle en le repoussant .
Mais son visage portait toutes les traces de sa gaieté ,et il se laissa retomber en arrière sur l’oreiller , soupirant.

« J’ai une faim de loup, » annonça t –elle en se levant. Elle poussa un petit cri et posa une main sur le bas de ses reins. Il suivit avec un intérêt non dissimulé ses formes ravissantes .

« Mon dos est douloureux, » se plaignit-elle. « Je crois que je vais abuser de l’eau chaude. »

Elle se dandina jusqu’à la porte de la salle de bain .

« Tu m’acceptes ? » demanda t –il.

Elle se tourna brièvement vers lui. Allongé sur le ventre à présent , une cuisse un peu remontée , son bras droit le long de sa poitrine et son bras gauche plié vers son menton , il la regardait avec des yeux câlins , battant des paupières. Avec ses petites boucles désordonnées , et ses lèvres au pli boudeur , il était bouleversant et irrésistible.

« Non, » dit-elle en secouant ses cheveux . « J’ai bien l’intention de dîner à une heure décente, et si tu me suis sous la douche.. »

« Tu es si dure avec moi, » grogna t-il . « Et tu ne m’as rien montré de cet appartement, » continua t –il , la voix plus forte , alors qu’ il entendit l’eau qui se mettait à couler.

« A qui la faute ? »

Elle l’appela dès qu’elle eut terminé , et il réussit à lui voler un baiser en entrant dans la cabine.


Quand il la rejoignit à la cuisine , elle semblait en grande perplexité devant le frigo ouvert. Il avait encore les cheveux humides et bouclés , et elle s’en réjouit. Secrètement , elle pensa qu’il ressemblait beaucoup à William ainsi.
Son cœur fondait.
Elle se dit qu’elle chercherait l’explication à ce phénomène , plus tard.

Spike regarda autour de lui. Le salon était une pièce très agréable avec une vue sur un jardin public rempli d’essences exotiques. Et la petite cuisine s’ouvrait directement dessus .

« Tu es bien installée », dit-il . « Et bien plus ordonnée que moi. »

« C’est parce que j’ai plusieurs semaine de différence avec toi, » répliqua t –elle avec un petit sourire. « Et Tara et Willow ont beaucoup contribué à arranger l’appartement. »

« Si nous voulons manger dehors, nous devrions nous dépêcher, » suggéra t –il en s’approchant et en passant une main caressante sur son dos.
Elle avait enfilé une robe blanche simple, fluide, et son parfum venait en vagues rafraîchissantes à ses narines. Elle referma la porte du frigo et ses yeux reflétaient un peu d’étonnement.

« Tu as l’intention d’aller dîner à l’extérieur ? » murmura t-elle.

« Mais oui, » dit-il en souriant , l’enlaçant. « Pourquoi ? Tu pourrais apaiser notre faim ici même ? »

« Je pourrais, » acquiesça t –elle . Ses yeux verts étaient chargés d’une lumière transparente, et il éprouva une joie fulgurante.

« Une autre fois, » chuchota t –il en déposant sur ses lèvres un baiser léger. « J’ai envie de t’emmener dehors . La soirée est magnifique. »

« Entendu, » dit-elle en hochant la tête. Elle leva une main vers ses cheveux et fourra ses doigts dans les mèches ébouriffées . « J’aime quand tu es coiffé ainsi. »

« Si on peut appeler çà être coiffé, » plaisanta t –il. « Je préfère le style que j’ai adopté. »

« Depuis quand as –tu décidé d’être si blond , et de discipliner tes boucles ? »

Le regard de Spike se durcit , mais sa voix resta douce quand il répondit.

« Il y a quatre ans .. »

« Est-ce que Drusilla a quelque chose à voir avec çà ? »

« Non. Au contraire , elle n’avait rien contre les cheveux souples. Mais j’avais envie d’un changement important. »

Buffy n’aimait pas avoir quoique ce soit de commun avec cette femme.
Elle avait deviné la fascination qu’elle avait exercé dans la vie de William , et , étrangement , avait peur d’en savoir trop sur elle.

« Le blond te va très bien, » continua Buffy.
Ils restaient pressés l’un contre l’autre. Il ne semblait pas désireux de cesser leur étreinte mais l’observait d’un regard pénétrant .

« Et tes petites boucles te donnent l’air adorable. » ajouta t –elle.

« Retire ce mot. Je ne suis pas adorable, » dit-il d’un ton profond. Mais son beau visage calme, le bleu serein de ses yeux , démentaient la froideur de sa voix.

« Je sais que tu peux l’être, » souffla t –elle.

Ils se dévisagèrent. Il pouvait voir du défi, et un autre émotion indéfinissable sur ses traits.


* * * * * *

Le serveur ramena une seconde carafe de vin. Ils étaient attablés à une terrasse dans une des petites rues du centre - ville , et avaient trouvé sans peine vu leur arrivée tardive. Il était rare de chercher à dîner après huit heures et demi aux Etats-Unis.
La nuit était maintenant tombée et avec elle une fraîcheur insidieuse. Le petit restaurant italien servait de savoureuses pâtes et des salades , et ils s’aperçurent qu’ils avaient une faim terrible. Tout en dégustant les spécialités italiennes , ils avaient consommé un délicieux vin rosé , et à présent Buffy se sentait magnifiquement détendue.

« ..et c’est pour çà que je ne suis toujours pas retourné au centre de la terre, » dit Spike en lui prenant un poignet.
« Quoi ? Qu’est-ce que tu as dis ? » balbutia t –elle , les yeux écarquillés.

« Ah , je vois que tu écoutes un peu, » dit-il narquois. « Tu n’en avais pas l’air. C’était une petite vérification. »

Elle lui donna une tape sur l’épaule. « J’ai parfaitement écouté. Simplement.. mon esprit s’est mis à vagabonder un peu.. » reconnut-elle.
Elle le regardait par dessous ses cils , ses lèvres formant une moue boudeuse. Elles avait les joues un peu roses , les yeux voilés. Il se pencha et caressa sa bouche avec sa langue. Elle recula un peu, effrayée de l’audace de son geste.

« Tu es réellement insupportable, » murmura t –elle. « As-tu toujours eu ce côté exhibitionniste ? »

Il haussa un sourcil et eut une expression lascive. « Ce n’est pas de l’exhibitionnisme , mon cœur. Tout au plus la manifestation publique de mes sentiments. »

Buffy tressaillit. « Tes sentiments ? » répéta t-elle d’une voix de gorge qui le rendit fébrile.

Pendant quelques secondes , elle crut voir une douleur intense se refléter dans ses prunelles. Mais crut l’avoir imaginé : il affichait le masque d’un désir chaud , caressant.

« Je ne pense qu’à te prendre et te faire gémir depuis le premier instant où tu t’es donnée à moi, » murmura t –il dans son oreille , sa main gauche s’enroulant autour de sa taille.

Mon Dieu, elle ne pouvait pas résister à ce déploiement de charme étincelant, se dit-elle en appuyant son visage contre son épaule.
Elle accepta son baiser , mais il demeura discret , et , après avoir effleuré les lèvres offertes pendant quelques secondes , se redressa.

« As-tu encore faim ? » demanda t –il.

« Je prendrais volontiers une glace, » reconnut –elle.

Il appela à nouveau le serveur et laissa Buffy faire son choix. Quand la commande fut passée , un silence s’étira entre eux.

« Je crois que la douceur incroyable du climat ici me surprendra toujours, » remarqua t –il.

« J’imagine qu’il est naturel pour moi de savourer le soleil et la douceur de ce genre de soirée alors que le mois d’Octobre vient de commencer, » dit-elle . « Mais tu as raison, nous avons beaucoup de chance. »


On arrivait avec sa coupe de glace et elle eut un petit soupir de gourmandise. Elle était adorable , pensa t –il. Il la regarda manger , et elle prit son temps , délibérément. Recevant la chaleur de son regard sur sa bouche , son cou . Son appréciation silencieuse quand elle porta la cuillère entre ses lèvres , lentement , pour lécher toute la crème au chocolat qui restait au fond.
Quand elle eut terminé , il sortit son paquet de cigarettes de sa poche.

« Cela ne te dérange pas ? »

« Non , bien sûr. Et j’aime te voir fumer. »
Il haussa un sourcil et porta la cigarette entre ses lèvres , l’alluma , aspirant la première bouffée.

« A condition que tu sois raisonnable, » ajouta t –elle avec une voix plus ferme.

Cette fois il la dévisagea avec une surprise amusée.

« Oh , tu me surveilles ? Je suis d’un naturel déraisonnable. » Il disait cela avec une voix veloutée qui laissait à penser qu’il ne faisait pas allusion au tabac.

« Oh je sais, » murmura t – elle. « Mais j’espère que tu fais attention avec çà. »

Il la contempla une longue minute et elle soutint son regard. Puis il hocha la tête , une grande douceur dans le bleu de ses prunelles. « Je te promets , amour. »

Autour d’eux , les dernières tables se vidaient. Buffy regarda les passants qui s’éloignaient d’un pas plus rapide. La fraîcheur était de plus en plus marquée. Elle frissonna et ramena ses bras autour d’elle. Il écrasa aussitôt la fin de sa cigarette et lui mit sa veste sur les épaules. « Nous allons rentrer, » suggéra t –il.

Elle acquiesça avec une lueur de plaisir . Il demanda l’addition avec brusquerie et elle retint un petit sourire de satisfaction. Quand il eût réglé et qu’ils quittèrent le restaurant , elle se blottit contre lui. Il resserra son étreinte autour de sa taille et , à peine avaient –ils fait quelques pas qu’il la repoussa contre une porte et l’embrassa avec volupté. Elle respirait de manière essoufflée quand il se redressa. Ils reprirent leur marche et elle songea qu’elle avait perdu peut-être perdu le contrôle de sa vie depuis qu’il était revenu à Sunnydale , mais il était clair qu’il n’avait plus aucune volonté non plus..
En dehors de la faire sienne.

Et cela était terriblement exaltant.

Ils reprirent le chemin de l’appartement à une allure nonchalante. Les rues étaient calmes et leurs pas raisonnaient sur le pavé.


« N’as –tu pas l’intention d’écrire un autre roman ? » demanda -t-elle.

« Pas pour l’instant. Comme je te l’ai dit , cet ouvrage était la conséquence d’une situation , un état des lieux un peu particuliers.. Il a vu le jour très vite, mais sa création a été aussi bien souffrance que relief. Je dirais que.. il m’ a permis de mettre William vraiment derrière moi, d’une certaine façon. Mes années à Oxford ont été tourmentées , pour le moins, » termina t- il avec un petit rire.

Buffy sentait son cœur battre la chamade. Leur intimité partagée , la quiétude de la soirée , l’incitaient à en savoir davantage sur l’existence passée de Spike. Et à poser les questions qui lui brûlaient la langue depuis qu’elle avait découvert « Ton amour a enfermé la nuit. »

« Vous avez vécu ensemble , toi et Drusilla ? » chuchota t –elle.

« Oui , et non. Elle n’était pas du genre à mettre en cage. S’en allait et revenait à son grès. »

Elle hocha la tête , incertaine quant à ses intentions de continuer.

« Tu as beaucoup souffert quand .. quand vous vous êtes séparés ? »

« Tu as dû deviné que oui, » répondit-il d’une voix un peu contrainte. « C’est elle qui a choisi de mettre à fin à notre relation. Spike était définitivement né , à ce moment. »

Elle lui voulait de parler de façon mystérieuse , mais quelque part n’avait pas envie d’en savoir trop.

« On dit que la souffrance est souvent à l’origine des plus beaux écrits, » murmura t –elle.

« C’est vrai. Mais l’inspiration est une chose curieuse. Avoir souffert et avoir besoin d’en parler peut donner en effet un récit remarquable. Mais le bonheur peut également inciter à une poésie spectaculaire. »

« Le résultat serait aussi beau , mais plus serein ? »

« Oui. »

Elle l’observa à la dérobée mais son visage demeurait impassible. Ils se tenaient par la main , et ce seul geste la remplissait d’émoi.

« J’espère que tu écriras encore, » dit-elle.

« Je le ferai, » assura t –il. Cette fois leurs yeux se croisèrent. « Et je parlerai de toi, encore » ajouta t –il d’une voix plus rauque.

Buffy posa son visage contre son épaule. Elle se dit qu’elle devrait reprendre le roman pour partir en quête des passages mystérieux où elle était évoquée.
Ils ne parlèrent plus, marchant leurs hanches l’une contre l’autre.
Et Buffy ne s’était pas sentie aussi détendue depuis une éternité. Elle qui songeait combien sa solitude devenait prenante , plus d’un an après qu’Angel ait pris la décision de construire sa vie loin d’elle , retrouvait des sensations oubliées.
Insouciance , plaisir de plaire , joie , espoir.

* * * * *

Il avait accepté de remonter et savait qu’au premier contact de sa peau sur la sienne , il succomberait.
Leur baiser avait été violent , affamé. Elle gémissait sous sa bouche. Dans le hall à demi obscur, ils s’étaient embrassés pendant un temps infini.

« Je vais rentrer.. » avait-il murmuré en lui caressant les épaules d’un geste hypnotique.

« C’est mieux.. mieux , si tu commences tôt demain matin.. »

Il enveloppa ses seins sous la finesse de la robe , sentit les pointes se raidir encore. Continua et fit descendre ses paumes à plat le long de ses côtes , sur son ventre. Il éprouva la souplesse de la paroi , qui palpitait doucement.

« Tu as envie de moi.. » murmura t –il la voix rauque.

« Oui.. oui ! » cria t –elle.

Il y avait quelque chose de l’adolescente Buffy dans ce cri d’humeur , et il sentit son sexe durcir violemment .
« J’ai envie de toi.. » gronda t –il. Il captura ses lèvres , les mordit et elle s’accrocha à sa nuque , passa son autre main sous sa chemise, et la douceur de sa paume l’électrisa. « J’ai envie de toi.. » répéta t-il d’un ton fiévreux. « Toi.. toi.. toi .. » Il écrasa leurs lèvres sauvagement , et chacun luttait pour dominer l’autre.

Elle le repoussa de l’autre côté du mur et son dos vint frapper la cloison avec un bruit mat. Un peu hagard , le souffle court , il la regarda revenir vers lui ,descendre la fermeture éclair de sa robe qui vint se répandre à ses pieds. Elle se tenait devant lui , simplement vêtue de son slip de dentelle transparente , et de ses sandales à talons hauts. Sa chevelure cascadait autour de son visage , et le désir faisait vibrer le vert de ses yeux. Il la saisit , la plaqua contre lui et reprit leur baiser , dans une étreinte si appliquée et férale qu’ils tournoyèrent , chancelèrent , ivres du besoin de l’autre.

Ils se retrouvèrent soudain au salon , où les rayons d’une lune laiteuse se répandaient.
Quand elle prit appui sur le rebord d’un fauteuil , la courbe de son dos nimbée d’un éclat doucement argenté , il réprima un grondement et vint se frotter contre elle , la chair dure et exacerbée de son sexe tendu sous le tissu de son pantalon.
Tout en faisant glisser une main sur ses reins , sur ses rondeurs , il se dévêtit de son jean qu’il repoussa impatiemment sur ses hanches.

« Encore , bébé.. offre -toi, » pria t –il, la voix chargée de tension. Elle se cambra et il vint modeler son corps entièrement sur le sien.

« C’est ce que tu veux ? » souffla t- –il. « Tu veux que je te prenne.. encore.. ? »

Elle eut un cri étranglé , mélange de plainte et de surprise, alors qu’il entrait en elle avec lenteur. Il demeura un instant sans bouger , et tous deux respiraient bruyamment. Saisissant sa taille , il imprima à son bassin un mouvement doux , la pénétrant avec des mouvements puissants mais voluptueux.

Elle gémit , et il lui sembla que ce son venait du plus profond d’elle –même.


« C’est bon.. oui, … être en toi..Buffy.. tu es .. tu es douce.. chaude.. »

« Spike… Spike…. Spike.. » Penchée en avant , ses cheveux se balançaient au gré de ses mouvements.

« Tu me rends fou.. » gronda t –il , les reins en feu.

Il sentait le plaisir gonfler dans le bas de son ventre , et vint passer sa main droite à l'avant.
Sous l’effet de sa paume qui la maintenait contre lui dans une telle démonstration de possessivité , Buffy tremblait et ondulait avec un rythme plus fiévreux.

Jamais, jamais le sexe n’avait représenté une telle folie . Une communion parfaite.
Un enchantement.

« Jouis.. jouis sur moi.. » gronda t-il , accélérant de plus en plus les mouvements frénétiques de ses hanches. « Allez.. oui.. oh viens.. viens .. Buffy!"

Elle laissa échapper un petit sanglot et il mordit la chair de son épaule.

« Oui…oui.., amour , oui… » rugit-il , et leurs corps convulsèrent ensemble.



A suivre.
Chapitre 18 by Cassiopea
Chapitre 18.


Autour de la table de billard , les joueurs étaient rares. Spike avait accepté de faire une partie avec deux jeunes gens , qu’il gagna sans peine. Pour se faire pardonner en quelque sorte sa victoire trop facile ,il leur offrit à boire. Ils étaient partis à présent , et il observa les danseurs qui commençaient à être plus nombreux sur la piste.
En cette fin de semaine , le groupe qui se produisait était d’une rare qualité. La chanteuse était dotée d’une voix splendide , un peu rauque , et le rythme était envoûtant. Il écouta plusieurs chansons avec un plaisir grandissant , assis au bar.
Une main sur son épaule le fit sortir de sa rêverie. Il se retourna et la figure souriante d’Alex apparut dans son champs de vision.

« Spike ! Que fais-tu dans une solitude malsaine un Vendredi soir ? » demanda t –il.

« Alex, » dit-il en échangeant une poignée de main. « Ma solitude n’a rien de tragique , au contraire. »
Comme le jeune charpentier haussait un sourcil interrogateur , Spike continua : « Elle ne représente que l’instant privilégié de l’attente. »

Alex le dévisagea avec un petite grimace . « C’est la première fois que j’ai une conversation avec un écrivain. Il faut que je m’habitue. » Il secoua la tête et Spike lui fit un sourire indulgent.
« Tu bois quelque chose ? »

« Une bière , volontiers, » répliqua Alex en prenant place à ses côtés.

Spike fit signe au serveur qui vint prendre leur commande.

« La musique est fantastique ce soir, » dit-il en regardant autour de lui et en observant les musiciens.

« Oui, en effet. »

Ils commencèrent à savourer leur bière. Spike jeta un œil discret sur sa montre. Ils s’étaient donnés rendez-vous avec Buffy aux alentours des dix huit heures trente , mais elle l’avait prévenu qu’elle pouvait avoir du retard, et cela semblait bien être le cas.
Depuis qu’ils s’étaient quittés sur le seuil de l’appartement de la jeune femme ,une semaine avant , après des heures échevelées de passion , ils avaient saisi chaque opportunité de se voir.
Le Mardi soir il était enfin venu prendre sa ‘leçon’ d’entraînement physique , et cela les avait naturellement conduit à une réunion sensuelle inoubliable . Il avait réussi à la persuader de l’accompagner chez lui le lendemain , et ils avaient partagé un dîner , le plus sexy qu’il lui ait été donné de partager.

Dans les couloirs du lycée , ils avaient une conduite exemplaire. Mais s’il arrivait à Spike de la croiser en salle des professeurs ou au restaurant , il ne manquait pas de la regarder avec ce que Buffy considérait de la gourmandise à l’état pur. Leurs emplois du temps ne leur permettait guère de s’apercevoir pendant la journée , mais ils avaient déjeuné ensemble à la cantine , malgré les coups d’œils insistants de plusieurs collègues.
C’est elle qui avait suggéré qu’ils se donnent rendez-vous au Bronze .
Alex proposa un billard , ils avaient à peine entamé leur partie quand Buffy arriva. Spike était en train d’observer d’un regard distrait le coup qu’Alex était en train de préparer , avec une concentration touchante, penché sur la table verte. Un mouvement imperceptible vers le fond de la salle attira son attention , et il découvrit Buffy , vêtue d’une longue robe rouge en velours froissé , dont le bustier était élégamment décolleté , laissant ses beaux bras nus. Ses cheveux flottaient librement en mèches ondulées , et sa bouche voluptueuse avait l’éclat de sa robe.
Il avait du mal à respirer tout à coup.

Mais n’était-ce pas toujours l’effet que la beauté sereine de Buffy avait sur lui ?

Elle l’avait vu et lui adressa un sourire . Il la regarda s’avancer , se frayer un chemin à travers quelques clients , et leurs yeux ne se détachèrent pas. Buffy frissonna de volupté en notant combien le bleu des yeux de Spike avait pris des reflets plus sombres , sous l’effet d’une admiration non déguisée.
Le bruit mat de la boule glissant et tombant le fit re- diriger son attention vers Alex qui se redressait , triomphant.

« Celle-là , j’espère que tu l’as admirée, » annonça t –il . « Tu ne feras pas mi.. » Il s’interrompit .
Buffy venait d’arriver à leur hauteur et il eut un petit sifflement , ne cachant pas le fait qu’il la trouvait délicieuse.

« Buffy, tu es.. radieuse, » murmura t –il . Elle afficha un sourire éclatant et se laissa embrasser sur chaque joue.
« Bonsoir Alex. Comment vas-tu ? »

« Bien , très bien. Mais c’est le jour où Anya termine plus tard pour cause d’inventaire à la boutique. Alors je me suis dis qu’un petit tour au Bronze me ferait du bien. Et j’ai trouvé Spike. »

Buffy se tourna alors vers l’ homme qui était demeuré un peu plus loin , savourant l’image de la femme ravissante qui lui rendait la gorge sèche.

« Bonsoir, » murmura t –elle en s’avançant vers lui avec un mouvement de hanches qui le fit frémir. Elle avait une voix un peu grave , troublée.

« Tu es si belle, » continua Alex. « Cela n’est pas très raisonnable de venir ici seule, mais ne t’inquiète pas, nous devrions être capable de veiller au grain. »

Il sembla à l’instant se rendre compte que Spike l’enveloppait d’un regard nettement appréciateur et fronça les sourcils. Quand le jeune professeur vint la prendre par la taille , il s’approcha.

« Une minute , une minute ! » dit-il une main levée. « Avez-vous rendez-vous ?je veux dire.. l’un avec l’autre ? » Il attendait avec des traits inquisiteurs.

« Mais oui. C’est Buffy que j’attendais, » dit Spike d’une voix un peu sourde . « Et voilà pourquoi ma solitude était une attente .. exquise. »
Il souffla ce dernier mot en prenant la main droite de Buffy et en la portant à ses lèvres. Au lieu de poser un baiser sur le dessus de sa main , il la retourna et embrassa sa paume , délicatement.
Ce simple geste excita et troubla la jeune femme plus que de raison. Elle sentit ses joues s’empourprer , une chaleur immédiate se répandre le long de ses membres , tandis que sa féminité palpitait sous l’assaut d’un désir fulgurant. Elle entrouvrit les lèvres mais seul un soupir s’en exhala.

« Tu es superbe , amour. »
« Merci. »

Spike buvait sa beauté , et , absorbé dans la contemplation de ce visage tant rêvé , il n’avait pas encore noté la présence du collier autour du cou gracile. Quand enfin son regard parvint sur le simple bijoux de corde , dont le pendentif faisait une touche sombre sur la peau claire, il éprouva un élancement sauvage dans la poitrine.
Elle portait le collier qu’il lui avait offert , si longtemps auparavant , par un soir si fatalement incrusté dans sa mémoire que le souvenir de ces moments gardait une souffrance indicible.
Et pourtant, à cette minute , la déception et le chagrin passés étaient balayés par une joie pure , à la fois si simple et si inattendue qu’il demeura silencieux.
Mais Buffy avait suivi toutes les émotions jouant sur les traits harmonieux , et ses prunelles reflétèrent une grande douceur .

Alex les dévisageait et sa figure marquait un peu d’exaspération , mais c’était apparemment le seul sentiment qui se manifestait.

« Depuis quand ? » dit-il d’un ton ferme.

Spike détacha avec peine son regard du visage lumineux de Buffy , et cette dernière eut un petit haussement d’épaules.

« Depuis que Spike est revenu nous nous sommes vus régulièrement, » dit-elle doucement. « Et nous sommes ensemble depuis peu, » termina t –elle avec une pointe d’arrogance qui réjouit Spike. Il la prit contre lui.

« As-tu quelque chose contre ? » demanda t-il avec plus de hargne qu’il ne l’aurait souhaité.

« Non , rien contre, » assura Alex . « Mais j’ai prévenu Buffy que tu serais à sa poursuite, et j’avais exactement raison ! »
Il leva un doigt. « Quant à toi, mademoiselle, » continua t –il avec pétulance, « Il me semble avoir été clair : es –tu consciente des risques que tu prends ? »

« Alex, » soupira Buffy en levant les yeux au plafond.

« Me prends-tu pour le grand méchant loup ? » demanda Spike , narquois. « Je suis flatté. »


« Oh inutile de faire le malin, » rétorqua le jeune homme en passant une main impatiente dans ses cheveux noirs. « Je ne suis pas dupe ! J’étais sûr que tu serais intéressé, et .. et , voilà ! »

« Comment ne pas être intéressé, » avoua Spike d’une voix de velours. « Mais dis-moi, que crains-tu vraiment ? » Il dardait ses prunelles d’un bleu profond sur Alex qui les contemplait tour à tour.

« J’ai eu l’impression que tu serais un séducteur impitoyable, » asséna Alex qui n’avait pas l’air de plaisanter.
Spike se contenta de hausser un sourcil de manière suggestive et eut un sourire un peu étrange.

« Suis-je impitoyable , amour ? » chuchota t-il en effleurant la peau de sa gorge .

« C’est possible, » reconnut Buffy . Mais il y avait une chaleur heureuse dans sa voix.

« Et vous savez quoi ? » reprit Alex. « Il va me falloir un peu de temps pour m’habituer à l’idée que vous êtes.. un couple. Alors pas de çà ! »

Spike lui jeta un regard moqueur. Il prit Buffy par la nuque et elle lui adressa une expression sévère. Mais son avertissement sembla amuser Spike au plus au point.
« Pas de çà, tu veux dire ? » ronronna t –il.

Et , avant que Buffy ne puisse réagir , et sous les yeux à la fois écarquillés et envieux d’Alex, il captura la bouche pulpeuse dans un baiser bouche ouverte. Cependant à peine avait-il manifesté son désir qu’il se redressait.

« J’ai besoin d’un alcool fort, » dit Alex en faisant demi tour.

« Tu es insupportable, » dit Buffy d’un ton impétueux en enveloppant Spike dans une désapprobation qui lui fit courir d’intenses frissons le long de la colonne vertébrale.. « La discrétion ne fait – elle jamais partie de tes principes ? »

«Fréquemment , au contraire. Et je trouve qu’il a très bien pris les choses. Tu craignais qu’il ne se fâche ou soit abattu, n’est-ce pas ? »
Spike affichait une mine si satisfaite qu’elle choisit d’en sourire. Ils avaient évoqué le fait qu’Alex serait sans doute celui de ses amis qui exprimeraient le plus de réticence devant leur relation. Quand Buffy avait mis Willow et Tara dans la confidence , révélant le caractère intime des rencontres entre elle et Spike , toutes trois s’étaient accordées pour penser qu’Alex serait plus difficile à convaincre.

Spike l’ entraînait vers la piste de danse , quand les premières notes de ‘Follow me ‘ s’élevèrent.

« Quant à éviter de te toucher , il se fait des illusions, » continua t –il alors qu’elle admirait sa silhouette dans un pantalon noir et une chemise gris foncé qui épousait sa poitrine de manière flatteuse.
Ils étaient sur le bord , se mêlant à peine aux danseurs. Il l’avait prise contre lui , un bras autour de sa taille , et l’autre tenant une main captive , entre les siennes. « S’il nous arrive de sortir tous ensemble , il sera bien forcé d’assister à quelques étreintes , qu’il le veuille ou non. »

Il avait à nouveau cet œil chaud , caressant , qui la rendait folle de désir. Elle entrouvrit les lèvres , y passa sa langue. Il suivit le mouvement avec une fascination singulière . La musique balançait , vibrait, enveloppait les corps dans une caresse .
Buffy suivit la ligne de sa mâchoire , les courbes sensuelles de sa bouche qui portait un pli de désir pur, et ses narines qui frémissaient.

« Tu m’as manqué , mon cœur.. » murmura t –il.

Les autres devenaient des ombres opaques . Les paroles de la chanson évoquaient de bouleversantes émotions , et l’atmosphère avait pris soudainement un caractère si particulier que Buffy se sentit la tête tourner.
Ils évoluaient lentement , baignant dans un bien-être qu’ils avaient appris à reconnaître : celui qui naissait invariablement quand leurs deux corps s’épousaient.

« Tu l’as encore, » chuchota finalement Spike en abaissant son regard sur le collier.

« Oui. Pourquoi ne l’aurai-je pas fait ? » murmura t –elle , son visage proche du sien. « Même si je ne pouvais pas répondre à ta passion , j’ai aimé ce cadeau. »

« Merci , amour, » murmura t –il d’une voix rendue un peu sourde par le bruit de la musique. « Savoir que tu l’as gardé .. »

« Et porté.. » ajouta t –elle . Il se pencha. Leurs bouches étaient si prés l’une de l’autre qu’ils respiraient le même air. Il resserra son étreinte , et la force de leurs hanches plaquées fit gémir la jeune femme avec une volupté délicieuse. « Quelquefois, le soir , avant de m’endormir.. » continua t –elle de la voix un peu râpeuse qu’elle prenait quand elle lui parlait avec séduction.

« Ne portais-tu que cela ? » demanda t –il , la couvant d’une expression fervente .

Elle ne répondit pas immédiatement. Ondula contre lui, au rythme des accords toujours aussi langoureux produits par les musiciens. Puis elle approcha sa bouche de son oreille, qu’elle mordit , et glissa : « Toujours. »

Un désir fulgurant rendit son sexe douloureux, et Spike fit remonter sa main le long du dos de Buffy , saisit son menton et l’embrassa avec une faim dévorante. Leur baiser ne dura que quelques secondes , mais il suffit à les laisser le souffle court.
« Partons, » râla t –il.


Willow et Tara étaient arrivées pendant leur danse. Elles trouvèrent Alex assis au bar , les épaules un peu voûtées , regardant obstinément le fond de son verre. Quand elles s’étaient approchées , il avait dit sans lever la tête :
« Je suppose que vous étiez au courant pour Buffy et Spike ? »

Les jeunes femmes échangèrent un regard incertain. Puis Tara aperçut le couple enlacé , étroitement lové dans les bras l’un de l’autre , et elle les contempla pendant plusieurs secondes , émue. Elle attrapa sa compagne par la manche de son chemisier pour lui faire signe et la jeune rousse suivit la direction du regard de Tara. Un sourire doux se peignit à son tour sur sa figure.

« Ils forment un très beau couple, » dit-elle timidement.
Alex se retourna avec un soupir à fendre l’âme.

« Ce n’est pas le problème » bougonna t –il. Il admira la grâce et la fluidité des corps évoluant sur la piste. « On ne connaît pas vraiment Spike. Il disparaît pendant cinq ans , et tout à coup, il revient.. et il séduit Buffy et.. »
Il croisa les bras sur sa poitrine. « Je suppose qu’elle est assez grande pour savoir ce qu’elle fait. Mais n’empêche qu’il n’ a pas intérêt à la faire souffrir. » Il termina avec un grand sérieux.
Willow l’entoura d’un bras affectueusement. « C’est très bien , Alex. Tu fais preuve d’une grande sagesse. Il faut te conduire en ami raisonnable , et faire preuve de compréhension. »

Elle semblait toute fière de son petit discours et fit un sourire éclatant à Tara qui lui rendit un sourire aimant, avant de revenir à la contemplation de ses amis.
Ils présentaient indéniablement un spectacle de perfection , si celle ci avait pu faire partie de ce monde : ils irradiaient .

La chanson s’achevait. Spike et Buffy étaient perdus dans un baiser si intime que Tara rougit et baissa les yeux. Willow et Alex s’étaient de nouveau remis à parler avec animation , et n’y firent pas attention .

Spike tirait Buffy par la main et elle tenta de lui faire ralentir son allure.

« Nous aurions pu leur dire que nous partions, » s’insurgea t –elle alors qu’ils se frayaient un chemin parmi la clientèle qui arrivait .

« J’ai dit à Alex que nous avions rendez-vous, » répliqua Spike en jetant un regard féroce à deux jeunes gens qui admiraient ostensiblement Buffy. « Il sait que nous devions continuer la soirée ailleurs. »

« Et Willow et Tara ? »

« Elles savent à quoi s’en tenir pour nous, » dit-il avec une moue suggestive.

« Je tiens à aller les voir, » affirma t –elle en prenant la direction opposée. Il eut une moue boudeuse mais elle fit mine de l’ignorer.

« Buffy, » dit Willow avec un enthousiasme un peu forcé. « Et Spike. »

« Will, » dit-il d’un hochement de tête. Ils s’embrassèrent . Tara rougit délicatement en baissant les cils quand il déposa un baiser sur sa joue .

« Voulez-vous grignoter quelque chose ? » suggéra Alex . « Il y a notre table qui est libre. »

« C’est gentil, mais nous avions prévu d’aller dîner ailleurs, » dit Buffy avec un petit sourire d’excuse. Elle jeta un coup d’œil vers Spike qui demeurait silencieux mais il n’y avait pas à se tromper sur l’impatience qui faisait frémir ses narines.

Alex masqua sa déception mais Willow nota la lueur de dépit qui brillait dans ses yeux chocolat.
Elle vint le prendre par le bras et dit d’un ton enjoué : « De quoi te plains-tu ? Tu seras en bonne compagnie. »

« Je suis entièrement d’accord,» souligna Spike. « Deux femmes ravissantes pour toi tout seul ,là, mon vieux, qu’y a t –il à ajouter ? »

Alex l’enveloppa d’un regard volcanique . « Bonne soirée à vous aussi. »

« Nous n’y manquerons pas. » Il avait une expression ironique. Buffy lui pinça la taille avec vigueur et il tressaillit . « Amour.. » ronronna t –il en mordillant son cou.

Willow fit un petit signe de la main au couple qui s’éloignait.

« Profitez bien de votre soirée, » dit doucement Tara. Elle n’avait pas le moindre doute qu’ils n’auraient pas besoin de ses souhaits. Le désir et d’autres sentiments beaucoup plus profonds scintillaient autour d’eux comme une aura magique. Elle se demanda si elle était la seule à s’en être aperçu .
* * * * * * *
A la demande de Buffy , Spike les conduisit dans un restaurant mexicain . Les mets y étaient exotiques et brillamment assaisonnés .

« Tiens amour, » dit-il en lui tendant une cuillère de son plat.
« Oh… c’est.. c’est la meilleure chose que j’aie eu dans la bouche.. » murmura t –elle avec un petit soupir d’extase , le visage en arrière.
Il l’enveloppa d’un regard brûlant , et ses belles lèvres s’étirèrent en un lent sourire sensuel.

« Vraiment ? » Elle rougit violemment. « J’aime te regarder manger, » dit-il en déposant un baiser sur ses lèvres.
Elle gémit . « Encore ? »

« Et moi ? Ai-je le droit de goûter à ce que j’ai commandé ? » plaisanta t- il en reprenant une cuillère et en l’approchant de la bouche entrouverte.

« C’est parce que tu as choisi un meilleur plat. »

Il lui offrit encore plusieurs fois de son assiette , et il restait fasciné par la délectation qui enrobait tout son être.

« Et cette margarita est une merveille, » ajouta t –elle en avalant une gorgée du liquide un peu laiteux .

« Doucement ! Ce n’est pas parce qu’elle est légère que tu dois abuser. Je te veux parfaitement alerte pour la suite de la soirée. »

« Qu’as –tu en tête ? » questionna t –elle avec désinvolture.

Il se pencha et posa son front contre le sien.

« Te faire l’amour dans toutes les positions possibles.. » ronronna t –il d’un ton si rauque qu’elle sentit une chaleur intense vriller son ventre et mouiller la fente de son sexe.

Elle jeta un regard affolé autour d’elle tandis que Spike se rasseyait plus confortablement dans son siège avec un petit rire chaud ,profond. A son grand embarras , elle réalisa que deux femmes jeunes assises à la table la plus proche d’eux s’étaient arrêtées de parler , la fourchette en l’air.
Dévisageant Buffy avec une stupeur envieuse et Spike avec une admiration tout juste réfrénée.

* * * * * *

« Oui…oui…Buffy.. » haletait-il , le visage crispé dans l’effort de retenir sa jouissance.
Mais elle le rendait fou , vorace , impatient.

La chemise ouverte sur sa poitrine où un film de sueur faisait briller ses mamelons , le cou tendu en arrière , il subissait l’assaut répété de ses mouvements ondulants , son bassin allant et venant avec une frénésie qui les rendait ivres.

Il l’avait caressée et embrassée dans la voiture , alors qu’ils venaient d’arriver devant l’appartement de Spike. Avait murmuré qu’il ne pouvait plus attendre de la voir perdre le contrôle .
L’avait prise contre la porte d’entrée , dans une furie si explosive que leur jouissance avait éclaté simultanément et au bout de quelques minutes .
Quand il avait exigé qu’elle soit entièrement nue et ne garde que son collier , elle avait cru mourir de désir , encore..

Assise , en appui sur les coudes , elle le contempla , chavirée , tremblante , alors qu’il honorait sa féminité avec ses doigts et sa langue , longuement.
Il ne s’était pas complètement déshabillé , et offrait une image encore plus érotique , irrésistible.
Buffy tremblait d’un tel assouvissement charnel qu’elle perdait peu à peu le sens du réel. Quand son troisième orgasme explosa et que leurs gémissements retentirent dans le silence de la nuit , elle ferma les yeux. Et il fut aussitôt à genoux , glissant son sexe terriblement tendu au cœur des chairs soyeuses, mouillées.

« Je ne peux plus.. Spike.. mon Dieu.. je.. » sanglota t –elle.

« C’est si bon.. si bon de te prendre ainsi.. » haleta t-il , accentuant la pression de son sexe .
Il maintenait sa taille dans une poigne ferme mais douce. La lumière bleutée provenant de la lampe du hall d’entrée jetait des reflets sur la nudité dorée de Buffy , et Spike baignait dans un bonheur qu’il accueillait comme une révélation naturelle.


Il ralentit sa pénétration et demeura simplement immobile , la respiration un peu laborieuse , émerveillé.
Elle passa ses paumes le long de ses bras et le contempla avec gravité.

« Qu’y a t –il ? » chuchota t –elle.

« Je n’ai jamais été aussi comblé, » murmura t –il .
Un sourire tremblant se dessina sur les lèvres gonflées de Buffy.


Il reprit ses mouvements , accompagnant la force de son sexe plongeant en elle par de petites rotations de ses hanches. Quand il nota combien la paroi de son ventre devenait dure , il se retira .
Elle eut une plainte presque déchirante , mais il vint prendre place sur le canapé et l’attira sur lui.
Avec un haussement de sourcils évocateur , il la guida , et ils se retrouvèrent à nouveau unis dans une étreinte sauvage.

« Buffy… Buffy… » grondait-il . « Oui.. Tu me prends bien , amour.. Encore.. »

Elle balbutiait son plaisir , ses seins dansant doucement , son ventre tendu , montant et descendant sur la hampe gorgée de semence , et Spike fixait , hypnotisé, sa gorge moite , le collier adonnant son cou gracieux , transporté dans un passé douloureux qui s’effaçait pour laisser la place à une vérité aveuglante.
Il ne cesserait jamais de vouloir la tenir ainsi.

Leur première rencontre n’était qu’un baiser de feu , un tracé de larmes amères.

Leur seconde rencontre prenait des couleurs inaltérables : une paix profonde berçait son corps et l’abandon de Buffy avait le goût du plus inoubliable paradis.


A suivre.
Chapitre 19 by Cassiopea
Chapitre 19.



Joyce s’affairait dans la cuisine depuis un petit moment , quand Buffy arriva par la porte arrière du jardin. Elle était vêtue d’une longue robe fluide de coton bleu pâle , les bras nus , et portait ses cheveux en longues mèches libres , un peu ondulées. Elle paraissait si radieuse que Joyce interrompit sa préparation en se tourna en souriant vers la jeune femme.

« Inutile de te demander comment tu vas, » sourit Joyce.

Buffy referma la porte et s’avança. Elle tendit à sa mère un petit bouquet de marguerites qu’elle posa sur le comptoir.

« Je vais bien, » acquiesça t –elle. Son teint était frais, encore doré de l’été qui pourtant était bien loin. Mais le climat californien était si généreux que Octobre pouvait être considéré comme l’été indien.

« C’est gentil d’avoir invité Spike à dîner, » continua t –elle.

« Je lui avais promis. Je suis même en retard sur mon invitation ! » plaisanta t –elle en se remettant en face des fourneaux. « Je n’ai aucune idée de ce qu’il aime , par contre. J’ai pensé que ma recette de pâtes avec une sauce parfumée aux champignons pourrait lui plaire. »

« Oh c’est çà qui sent si bon ! » s’exclama Buffy.
Elle vint tremper le bout de son index dans la casserole. « Mmm.. j’aime ce plat.. Tu n’en as pas fait depuis si longtemps. »

Joyce enveloppa sa fille d’un regard affectueux.
« Tu viens moins dîner à la maison, » remarqua t –elle. « Et j’imagine que tes semaines sont bien remplies avec l’enseignement. »

Buffy alla ouvrir le frigo et sortit une carafe de jus de fruits. Après avoir sorti deux verres et en avoir proposé à Joyce , elle prit place sur un tabouret et commença à boire tranquillement.

« Je n’aurais pas pensé avoir autant de plaisir à donner des cours, » remarqua t –elle. « Mais les élèves sont enthousiastes , et je dois dire que je suis plutôt motivée. »

« Je suis contente, » dit Joyce. Elle vint s’appuyer contre la banque. « Et , sur un plan personnel , j’ai cru comprendre que tu voyais Spike ? »

Buffy , à la grande surprise de Joyce , sentit ses joues rougir légèrement . Elle baissa les paupières brièvement , avant de relever son visage , où ses yeux verts brillaient.

« Oui.. Nous.. nous sortons ensemble depuis plusieurs semaines. »

« C’est une excellente nouvelle, » dit Joyce avec douceur. « Spike est venu me rendre visite trois fois, et je n’ai jamais pu le faire parler trop personnellement, » dit-elle en secouant la tête. « Mais la dernière fois il s’est trahi ! »

Elle portait un petit air espiègle. Buffy pencha la tête de côté , intriguée.
« Que s’est-il passé ? »

« Je lui ai demandé si la vie de célibataire se passait bien, il a pris un air très embarrassé , et a avoué qu’il était en train de vivre les moments les plus délicieux avec une jeune personne dont il avait longtemps rêvée. »

Buffy écarquilla les yeux. Cette déclaration avait un son si romantique ..

« Il a dit çà ? Mais qu’est-ce qui t’ a fait songer que c’était moi ? »
« Quand il a précisé que je connaissait très bien la jeune femme en question. »

Elles échangèrent un sourire .

« Malgré tout.. cela aurait pu être quelqu’un d’autre. Je suppose qu’il préférait que ce soit moi qui te prévienne. »

« Je voudrais que tu sois heureuse, » dit Joyce avec gravité , en prenant les mains de Buffy entre les siennes. « Et Spike est indéniablement intéressé par toi. . Comme il l’était il y a cinq ans. Mais à ce moment rien n’était possible. »

Buffy tressaillit . « Tu avais compris .. compris qu’il .. »

Elle s’interrompit , bouleversée.

« Oh ma chérie , William portait tous ses sentiments sur son visage.. Et il n’était pas compliqué de comprendre que tu lui plaisais. Mais Spike est plus secret. »

Elle se détourna et alla éteindre le feu sous la casserole.

« Il est temps que n’aies plus peur de tes besoins et de tes envies. Si tu penses que Spike est capable de te rendre heureuse , je suis entièrement de ton côté. » Son visage était empreint de compréhension , de chaleur.

Buffy hocha la tête , émue. « Je suis heureuse, » chuchota t – elle. « Bien sûr .. notre relation est très physique , mais.. »

Un élancement lui comprima la poitrine. Les satisfactions charnelles dont Spike la comblait constituaient un éblouissement . Maintenant elle imaginait qu’il pouvait être aussi satisfait qu’elle..

« C’est normal pour un jeune couple. Mais l’amour physique est souvent le prélude à l’amour. »

Buffy resta silencieuse , son regard perdu dans le vide. L’amour.. ce mot contenait tout l’émerveillement du monde. Elle avait cru le connaître dans les bras d’Angel.. l’avait goûté , imparfaitement. Cela ne pouvait se comparer à ce délire des sens , cette joie irradiant son cœur à chaque fois que Spike la couvait de ses attentions.
Elle avait fait les premiers pas dans cette cour des Miracles , et tout ce qu’elle avait vécu auparavant perdait sa saveur. . Angel s’effaçait. Chaque sensation , chaque émotion prenait une couleur nouvelle , plus lumineuse.

Elle sortit de sa rêverie avec une voix chaude et caressante qui s’infiltrait dans son oreille , des mains enveloppantes qui entouraient sa taille.

« Bonsoir , amour. »

Elle se laissa aller en arrière . « Maman t’ a ouvert ? » dit-elle en haletant un peu.

« Apparemment, » dit-il avec un rire dans la voix. « Elle m’ a dit que tu m’attendais à la cuisine. »

Il la fit se retourner et se pencha pour l’embrasser. Son baiser ne dura que quelques secondes et déjà Buffy tremblait de désir. Elle passa les mains autour de sa nuque , respirant son parfum boisé , l’odeur discrète du tabac. Il l’observait de son regard intensément bleu , une lueur amusée .

« Elle m’a gentiment traité de cachottier, » continua t –il. « J’en déduis que tu as avoué nos secrets scandaleux ? »

Il haussa un sourcil , plaça sa langue contre son palais.
« Pas exactement, » murmura t –elle. « Mais elle sait que nous sommes ensemble. »

« Nous sommes ensemble, » répéta t –il comme s’il exprimait une vérité éblouissante. « Amour.. »

Il captura encore ses lèvres offertes, délicatement. Puis s’éloigna , et Buffy le vit , troublée , disparaître dans la salle à manger. Le rire de Joyce retentit.

« Il n’est pas de tradition de faire travailler les invités , » disait-elle avec enjouement. « Mais si vous mettez le couvert , vous aurez une double portion de dessert. »

La voix profonde et sensuelle de Spike lui répondit.

« Si vous me prenez par les sentiments.. Je n’aurais peut-être pas dû avouer que j’avais un faible pour le chocolat. »

Buffy soupira de bien-être.


* * * * *

Le repas touchait à sa fin , et la soirée avait été délicieuse en tous points. Joyce avait parlé avec animation de la galerie , des futurs voyages qu’elle comptait entreprendre à San Francisco , San Diego. Spike avait évoqué la vie New-yorkaise , avec cette agitation trépidante qui ne cessait jamais. Quand Joyce lui demanda s’il regrettait l’Angleterre , il assura que non. Murmura combien la mort de sa mère continuait d’être une plaie vive , et elle avait alors posé une main réconfortante sur la sienne.

Maintenant on l’avait obligé à prendre place sur le canapé du salon , après qu’il ait insisté pour aider à ranger quelques affaires. Il avait complimenté Joyce sur le repas , avouant avec un petit air presque touchant qu’il ne connaissait plus le goût de la cuisine familiale depuis longtemps. Buffy l’avait enveloppé d’un regard qui se voulait sévère , mais une lueur de tendresse profonde s’y manifestait. Assis tranquillement dans cette pièce chaleureuse , il laissa son regard errer autour de lui. Il s’était toujours senti bien dans cette maison , toujours le bienvenu.
Même au temps où Angel était le jeune homme à qui on ouvrait la porte avec cérémonie , parce qu’il tenait le rôle du futur prétendant. Bien sous tous rapports.
Mais il n’allait pas se gâcher l’un des meilleurs moments de sa vie à Sunnydale en se rappelant le dédain et l’aversion immédiats qu’il avait ressenti pour cet homme.

Qui était assis à présent dans ce salon accueillant ? Qui pouvait admirer les photos de Buffy à l’âge de huit ans , quinze ans , dix-neuf ans ? Qui pouvait écouter son rire dans l’autre pièce ?

Depuis la cuisine où elles terminaient de ranger , il l’entendit.

« Nous sommes conscientes que ce n’est pas très poli de laisser un invité tout seul , mais nous n’en avons que pour quelques minutes ! »


Il sourit , ne répondit rien . Il remplit sa poitrine d’air neuf , songeant avec contentement qu’il ne rentrerait pas seul chez lui tout à l’heure.
Il éprouva une émotion si violente qu’il crut qu’il avait cessé de respirer. Le rire cristallin de Buffy s’égrena dans l’air tiède.
Sans la voir , il avait son beau visage riant sous ses paupières. Son sang se mit à battre plus vite dans ses veines. Il percevait leurs voix mêlées , et ces murmures agissaient comme un voile de velours sur son âme. Il eut la révélation qu’ il possédait ce qu’il avait toujours désespérément attendu. La sensation brûlante , écrasante , d’être important pour quelqu’un.

‘Amour.. faite pour mes bras , pour mes baisers.’ Se dit-il , le cœur cognant violemment dans sa poitrine.
‘Ma Buffy , sauvage et douce. Ma tigresse.’

Il percevait leur babillage et , étrangement , cela était une musique à ses oreilles. Buffy apparaissait si heureuse. Il aimait à croire qu’il était responsable – au moins en partie - de cette bonne humeur . Elle apparut dans l’encadrement de la porte et lui fit un petit geste du poignet.
« As-tu perdu ta langue ? » dit-elle avec espièglerie.

Il fit non de la tête , la contempla avec un regard troublé , chaud. Elle sembla réaliser qu’il était d’une humeur contemplative , et s’approcha doucement , de manière séductrice. Elle vit avec plaisir le bleu de ses yeux s’assombrir.

« J’ai dit à maman que nous avions très bien dîné mais elle insiste pour te proposer un chocolat chaud. »

« Je suis gourmand , mais je crois que çà ira pour ce soir, » avoua t –il avec un sourire.

Il s’étira avec une grâce féline et se leva . Elle demeura immobile , le visage penché , et elle lui parut à la fois si belle , si épanouie , c’était si magnifique de la regarder évoluer dans lieux qui l’avaient vue grandir , qu’il eut la gorge serrée.
L’amour qui était né dans son cœur brutalement , qui n’avait pu s’embraser et se nourrir de leurs étreintes , cinq années auparavant , reprenait vigueur avec une force si extravagante qu’il éprouvait de la peine à maîtriser son exaltation.

Leurs corps amarrés , leurs corps plongés dans l’extase charnelle la plus pure depuis qu’il avait pris possession d’elle , lui semblaient maintenant une seule source de griserie et de joie.

Il vint la prendre contre lui , embrassa délicatement son cou. « J’ai passé une soirée délicieuse , amour. »

« Oh.. moi aussi, » chuchota t –elle. Elle caressait les petites boucles qui garnissaient sa nuque . « Nous partirons dans un moment ? »

L’utilisation du ‘ nous’ agit comme un baume. Il hocha le menton. « Je vais juste aller fumer une cigarette, » dit-il.

« Entendu. »

Il se dégagea et ils retournèrent ensemble vers la cuisine. Joyce ramenait le bouquet de fleurs mélangées offert par Spike , et qui avait garni la table du dîner. Elle leur fit un sourire généreux quand les jeunes gens se présentèrent.
Spike avait sortit son paquet de cigarettes et le montra avec un air contrit.

« Pardonnez-moi , mais j’aime fumer après avoir bien mangé. »

« Spike , vous êtes un charmeur, » dit Joyce en secouant la tête. « Comment vous débrouillez-vous pour faire un compliment tout en annonçant que vous nous faussez compagnie ? »

Il se contenta de hausser un sourcil et ses lèvres s’étirèrent en un sourire heureux.

« Je ne la finirai pas, » promit-il.

Quand il eut disparu par la porte qui menait à l’arrière du jardin , mère et fille échangèrent un regard entendu.

« Merci beaucoup , maman, » dit Buffy . « Tu nous as fait passé une soirée charmante. »

« C’est moi qui suis ravie de vous avoir eu. Et il faudra revenir. »

« Oui. »

Quand il revint , ils s’assirent encore tous les trois au salon. Après une conversation détendue qui finissait la réunion sur une note agréable , Joyce ne les retint pas plus. Elle avait remarqué le petit geste de Spike : il avait pris la main de Buffy entre les siennes au milieu d’une phrase , elle n’avait pas réagi, continuant à parler , comme si ce contact était la chose la plus naturelle , et il passait son pouce , lentement , langoureusement , sur le poignet gracile.

Elle les regarda partir ensemble avec un profond sentiment de paix.

* * * * * *


« Est-ce que tu imaginais parfois ton avenir ? » demanda t –elle , passant un doigt de façon douce et répétitive sur son avant-bras.
Ils étaient à demi allongés sur le grand sofa confortable dans le salon de l’appartement de Spike , où ils avaient décidé de passer la nuit. Entrelacés , le visage de Buffy contre son épaule , il la tenait enveloppée dans ses bras. Il avait retroussé les manches de sa chemise et savourait la simple caresse de la main gauche de la jeune femme. Des airs anciens de Sydney Bechett s’entendaient doucement .

« Rarement, » répondit-il. « J’adorais la littérature et la poésie , mais cela ne signifiait pas forcément que je savais ce que je voulais faire. Et quand j’ai commencé ma seconde année d’étude à l’Université , j’étais devenu un jeune homme très rebelle. »

« Beaucoup plus rebelle que lors de ton passage ici ? » dit-elle en levant un peu son visage vers lui.
Il observa son regard pétillant et sourit.
« Mille fois plus, » affirma t –il avec un haussement de sourcils. « Je n’avais qu’une idée en tête , et c’était de désobéir aux règlements. »
« Pourtant Oxford devait avoir un ensemble de règles strictes. »
« Je les contournais quand elles m’ennuyaient. Mais la plupart du temps , ma conduite était irréprochable en cours. »

« Tu as toujours su que tu voulais entrer à Oxford et étudier la langue et la littérature anglaises ? »

« Du plus loin que je me souvienne , j’ai eu besoin des livres.. » murmura t –il , les lèvres contre sa tempe. « Et je n’ai jamais rien fait qui puisse mettre en péril mes études. Avoir été admis là bas était une chance. »
« Donc, tu te conduisais en élève discipliné le jour , et en jeune fou la nuit ? »
Il eut un rire chaud qui vibra contre sa joue.

« C’est un peu çà. Quelques fois j’étais absent parce que j’étais rentré au campus à trois heures du matin. Et si on me cherchait dans une bagarre , on me trouvait toujours. Mais je me rattrapais en rédigeant des devoirs exemplaires. J’étais vraiment passionné par ce que j’étudiais , et les professeurs s’en rendaient compte. »

Ils restèrent silencieux pendant plusieurs minutes. Seule la lampe bleue du hall d’entrée répandait une lumière douce .

« Quand t’est venue l’idée d’enseigner ? » murmura t –elle en calant davantage son visage contre son épaule.

« En dernière année , un des maîtres assistants m’ a expliqué que postuler pour le professorat pouvait me plaire. Je ne me voyais pas forcément enseigner. »

« Moi non plus je n’aurais pas imaginé que tu serais un professeur, » dit-elle avec un petit air mutin. Elle se tourna davantage vers lui et il respira le parfum de sa gorge par l’ouverture du bustier de sa robe. Il inclina un peu son torse vers elle , et leurs membres étroitement enchevêtrés procura à Spike un bonheur aigu. Elle plaça ses mains derrière sa nuque.
« Mais tu es très convaincant. Et si on me proposait de retourner sur les bancs du lycée.. » Elle termina sa phrase avec la voix de gorge séductrice qui le mettait en émoi.
Il resserra son étreinte , frottant son érection contre sa hanche.
« Et si tu étais assise en face de moi chaque jour ou presque , j’aurais beaucoup de mal à parler ou agir normalement.. » ronronna t –il.
Il vint capturer ses lèvres pulpeuses , et ils échangèrent un baiser d’une douceur exquise.

« Pourquoi ? » demanda t –elle , le souffle un peu court.
« Tu le sais. » Son regard était devenu plus profond. « Dès l’instant où je t’ai découverte , tu m’as bouleversé , amour. »

Elle caressa l’arrière de sa tête , ses boucles étaient soyeuses sous ses doigts.
« Je sais, » chuchota –elle. « Tu étais si différent. Si intensément vivant. » Ses beaux yeux vert amande se voilèrent. « Chaque fois que je songeais à toi après ton départ , j’avais l’impression que ta venue avait quelque chose d’irréel.. Puis un jour Giles a raconté que tu fréquentais Drusilla , et que tu étais mêlé à une histoire de drogue dure.. »

« Ah , la fameuse soirée où nous avons terminé au poste de police. Tu as vu que je n’y étais pour rien. »
« C’est Drusilla qui avait rencontré des amis à elle , qui lui avaient offert gracieusement de la poudre blanche, » répliqua t –elle avec pétulance.

« Oui. Et comme nous étions ensemble , j’ai dû aller me justifier. »

« Regrettes-tu tes années perturbées ? »

« Non. » Elle se rembrunit , mais il passa une main le long de la joue satinée , continuant d’une voix un peu rauque. « J’ai eu des jours très durs , et d’autres où j’ai goûté à une grande liberté.. une sorte d’invincibilité. Dru m’ a sauvé d’une forme de destruction vers laquelle j’allais inexorablement. »

« En tuant William.. » dit Buffy d’une voix tremblante.
« Elle a permis qu’il soit moins vulnérable, » rectifia t –il. « J’avais une telle énergie à brûler , une telle rage en moi. Je pouvais être incontrôlable. Et j’ai appris à maîtriser cette fureur. Mais cette folie a peu duré , et au bout du compte , ce que j’avais pris pour de l’amour n’était qu’une recherche désespérée d’appartenir à quelqu’un.. Elle m’ a utilisé sans pitié. S’est servi de mon enthousiasme. Tout est devenu très clair lorsqu’elle m’a quitté , et que j’’ai écrit mon livre. »

Buffy était bouleversée de ces révélations. Elle comprenait pour la première fois qu’il y avait eu autant de souffrance que de joie dans la relation entre cette femme et son William.
Et venait-il d’avouer qu’elle ne l’avait pas aimé ? Qu’il s’était trompé aussi ?
Son cœur battait violemment et elle avala sa salive avec peine.
« Ton roman est très beau, » avoua t –elle. « D’une poésie si douloureuse, parfois . »

« Cette souffrance a été bénéfique. »
« Et as-tu parlé de moi dans ton livre ? » interrogea t –elle en mordant sa lèvre inférieure.

« Oui , amour. Cela m’a permis aussi d’envisager notre première rencontre de manière différente. Même si quand je suis arrivé à New York il y a un an , j’imaginais avec amertume que tu étais mariée à Angel. C’est seulement au cours de l’année que j’ai su qu’il était parti. »

« Et qu’as-tu ressenti ? » souffla t –elle .

« Du soulagement. De l’espoir. J’ai mis tout en œuvre pour revenir. »

« J’avais tant d’illusions , quand je suis sortie du lycée. Angel a été un compagnon agréable , mais.. la vérité est qu’il ne m’ a jamais comprise. »
Elle lui jeta un regard incertain , mais ses yeux bleus la couvaient d’une lueur très douce. Il passa son pouce lentement sur sa joue. « Tu n’as jamais entièrement disparu de ma mémoire, » poursuivit-elle. « Ton image.. était comme celle d’un personnage de roman , quelqu’un d’inoubliable , et d’inaccessible. »

Il la contempla avec une gravité émue.

« Tu vois que croire au destin n’est pas si ridicule, » souffla t –il. « Il était écrit que nous devions nous rencontrer une première fois , mais que cela ne serait qu’un prélude à notre véritable rendez-vous. »

« Oui.. » murmura t –elle. Son visage s’éclaira d’un beau sourire.
Leurs lèvres se réunirent à nouveau , fiévreuses , impatientes. Il la tenait par la nuque et sa main droite descendit , suivant la rondeur d’une épaule , emprisonnant la forme d’un sein. Elle se tendit vers lui et il murmurait son plaisir.

« Oui.. j’aime ta bouche , chérie.. encore.. amour. Buffy.. ma Buffy. »

Elle tressaillit . Elle voulait être sienne . Elle voulait qu’il oublie contre elle les plaisirs cruels de Drusilla.
Spike plongea sa langue avec plus de force , l’enroula contre la sienne , cherchant à caresser son palais, puis à lécher sa lèvre supérieure . Leurs baisers étaient un tel abandon.


Il se détacha soudain et elle le regarda avec surprise. Mais il la prenait dans ses bras , la tenant contre sa poitrine , et quittait la pièce . Elle soupira , le visage lové dans son cou.
« Et la musique ? » murmura t- elle en tirant un peu sur le lobe de son oreille gauche, le titillant avec la pointe de sa langue.
« Oh , ne t’inquiète pas, nous l’entendrons encore depuis la chambre. Je crois même que Sydney sera un merveilleux accompagnement. »
« A quoi ? » sourit-elle paresseusement.

Ils étaient dans la chambre et il la reposa au sol , son expression devenant ardente. « A tes délicieux soupirs, » dit-il , faisant glisser les bretelles de la robe bleue qui vint former une corolle aux pieds de la jeune femme.
Il la fit s’allonger sur le lit , prit place sur le côté , en appui sur un coude , admirant ses formes parfaites ,ses petits seins aux pointes raidies se soulevant à un rythme rapide, la finesse de sa taille , la rondeur émouvante de ses hanches , et ses jambes exquises.
Les cheveux de Buffy se répandaient en une étole dorée sur les draps sombres , et il but l’éclat des perles amandes qui le regardaient avec confiance.
Les notes nostalgiques de ‘Petite fleur’ s’égrenaient jusqu’ à eux.
Elle palpitait doucement tel un jeune animal , et au premier contact de sa paume sur la paroi souple de son ventre , elle gémit.

« Oui.. Oui ,montre –moi, » pria t –il. Il continuait à effleurer sa chair et elle le supplia.
« Spike.. »

Il fit aller lentement ses doigts au cœur de sa féminité , et , leurs visages l’un au dessus de l’autre alors qu’il léchait sa bouche offerte puis se redressait , leurs yeux aimantés , il la caressa longuement , s’émerveillant de la beauté de cette créature qui était tout pour lui, réalisant qu'il contemplait le seul avenir dont il avait jamais rêvé.


A suivre.
Chapitre 20 by Cassiopea
Chapitre 20.


En cette fin de Novembre , le temps était d’une pureté exceptionnelle. Spike avait suggéré qu’ils déjeunent à l’extérieur , et Buffy avait accepté. La veille ils avaient rendu visite à Joyce à la galerie , où se tenait une exposition. Puis ils étaient allés chez la jeune femme , qui avait invité Tara et Willow à se joindre à eux pour un dîner à base de cuisine chinoise.
Les jeunes femmes avaient été d’une attention captivée quand Spike avait raconté certaines de ses aventures newyorkaises.
Puis il était resté toute la nuit , comme cela leur était arrivé plusieurs fois depuis que leur relation avait pris un caractère sensuel si exacerbé.
Il était parti à l’aurore , laissant une Buffy ensommeillée et alanguie dans les draps , lui promettant qu’il allait s’occuper de tout pour ce pique-nique improvisé.

Elle terminait d’arranger sa tenue , un pantalon jean et un pull marron fin qui moulait délicatement ses formes. Elle avait pris soin de porter son collier , mis en valeur par le léger décolleté en V . Elle était en train d’attacher ses cheveux en une couette souple quand on sonna.

Spike se tenait sur le seuil , vêtu d’un pantalon de toile marron foncé et d’un pull blanc cassé . Elle se demanda brièvement si c’était le même vêtement qu’avait possédé William. Le pull lui allait bien , sa blondeur prenait un aspect éclatant et quand elle vit combien ses petites boucles étaient désordonnées , elle le trouva tout simplement magnifique.
Il la prit aussitôt dans ses bras pour un baiser à la fois doux et langoureux , et elle ne put qu’oublier le reste du monde quand il l’enveloppa de ses bras et la plia aux besoins de sa bouche talentueuse.

« Bonjour , amour, » murmura t –il en gardant son front contre le sien.
« Bonjour, » souffla t – elle . « Où allons-nous ? »

« Laisse –moi te faire la surprise », dit-il avec chaleur.

Sur la route elle fit mine de s’absorber dans ce qui l’entourait , mais elle avait immédiatement noté qu’il prenait la sortie pour Ming River. Une excitation lui envoya des frissons le long de la colonne vertébrale, et quand elle l’observa à la dérobée , il se contenta de la regarder en haussant un sourcil .

Il faisait une douceur remarquable , et quand ils arrivèrent au sommet de la colline , un sentiment vivifiant s’empara de Buffy. C’était une sensation extraordinaire de revenir en cet endroit chargé de souvenirs , alors que la dernière fois où elle s’était trouvée là , elle était seule , tourmentée par les moments douloureux de leur passé.
Il sortit le panier du coffre , verrouilla la voiture puis ils se dirigèrent vers le lieu le plus reculé , le terre-plein dominant la allée de façon spectaculaire. Il eut la délicatesse d’étaler sur l’herbe sèche un plaid , où elle prit place immédiatement. Elle ouvrit les boutons de sa veste et eut un petit soupir de détente.

« Quelle journée merveilleuse , » soupira t –elle en s’allongeant.

Spike se laissa tomber à ses côtés .

« Merveilleuse, » agréa t –il .
Il se mit dans la même position , leurs corps se touchant.

« J’ai toujours aimé m’allonger pour regarder le ciel, » murmura t –elle.

« Moi aussi. Mais il n’ a jamais été beau comme ici. »

« L’Angleterre a bien quelques belles journées. »

« Oui. Mais il y a une lumière différente ici. Le seul ciel qui me rappelle un peu cet éclat est celui de l’Ecosse. Je me souviens encore des vacances extraordinaires que j’ai eues pendant une semaine.. »

Elle chercha sa main et l’enveloppa de la sienne.

« Tu y étais avec tes parents. »

« Oui. J’avais treize ans et je passais tout mon temps dehors. Et il y a plusieurs journées avec du grand beau temps.. On aurait dit que le ciel était purifié , immense. Cela m’ a incité à écrire mes premières poésies , je crois, » termina t –il avec un petit rire.

« Des poésies dont tu dois toujours me parler, » remarqua t –elle. Elle fronçait son petit nez.
Il se tourna ers elle et passa un bras autour de sa taille , fouilla son cou avec ses lèvres.

« Je te promets que je te lirai de la poésie. Mais pas forcément la mienne ! »

Elle remplit ses poumons , et sa veste s’ouvrit davantage. « Je trouverai bien un moyen pour te persuader, » dit-elle .

Il se redressa sur un coude et la contempla. Elle portait une expression mutine . Il respira son parfum , l’odeur d’une nature fraîchissante , et eut l’impression de se retrouver cinq ans en arrière. Il glissa son doit le long de son cou , elle portait le collier de corde et de soie , et cela seul représentait un symbole inouï de l’attachement qu’elle lui portait.
Même si ni l’autre n’avait prononcé de mots engageant leurs sentiments , il avait noté combien elle faisait l’amour avec un abandon toujours plus marqué. Et les regards qu’elle lui adressait quand elle l’accueillait , quand elle le recevait en elle.. mon Dieu , ses regards le faisaient trembler intérieurement.

« Des moyens pour me persuader ? » répéta t –il d’une voix plus rauque. « Je suis insensible à la moindre torture , je ne crains pas les chatouilles , et aucun chantage n’a de prise sur moi, je le crains. »

« Et si je te demande avec ..ma bouche , ma langue.. sur certaines parties de ton corps.. » chuchota t-elle d’une voix prometteuse. « Crois –tu que tu dirais non ? »

Il l’observait avec des yeux troublés , et à la seule évocation de sa langue sur lui il eut sous les paupières l’image de Buffy prenant et léchant son sexe avec gourmandise . L’image était si vivante qu’il sentit sa verge se durcir prodigieusement. Elle perçut la différence le long de sa jambe et eut un rire perlé , qu’il fit cesser en lui capturant les lèvres profondément , langoureusement.

« Nous en reparlerons dans un lieu plus approprié, » murmura –t-il. Il avait mis une main possessive sur le bas de son entre et la caressa. Elle rougit et interrompit son geste.
« Spike.. ! »
Il adorait qu’elle prononce son nom de cette façon un peu essoufflée.

« Qu’y a t –il ? Les seuls promeneurs sont loin. »

« Oui.. mais si tu n’es pas sage nous ne profiterons pas de cet endroit merveilleux , par ce temps merveilleux, » murmura t –elle avec une lueur coquine dans son regard vert.

« Pourquoi ? »

« Parce que j’aurai envie de rentrer plus vite. »

Il adorait quand elle se conduisait ainsi , espiègle , sexy, amoureuse.
Il eut un serrement de cœur . L’était –elle , amoureuse ? Même si elle se délectait chaque fois davantage de tout ce qu’ils faisaient , est-ce l’amour qui la rendait si vibrante ?
Elle nota son expression assombrie, et leva une main vers son visage.

« A quoi penses –tu ? »

« A rien d’important, » sourit-il. « Te souviens –tu de notre rencontre , quand je t’ai offert ce collier ? » Il suivit avec délicatesse le bijoux sur sa peau.

« Evidemment, » dit-elle. « Et je n’ai pas non plus oublié combien tu avais l’air meurtri. Je suis si désolée , Spike. »
Elle se mordit une lèvre. Elle avait failli dire ‘William’ , et elle se demanda comment il aurait pris cette appellation. Il semblait si farouchement opposé à tout ce qui avait pu le lier à ce jeune homme plein de rage et d’ardeur juvénile.

« Je crois que le jour le plus douloureux de ma vie a été lorsque j’ai quitté Sunnydale . J’étais persuadé que je ne reviendrai jamais. »

« Et aujourd’hui tu es là.. » dit-elle doucement. « Et j’en suis heureuse. »

Il s’allongea à nouveau à ses côtés et lui prit la main. Ces simples mots le plongeaient dans le désarroi , la peur. Il lui faudrait bien parler , un jour , avant qu’elle n’apprenne par quelqu’un d’autre. Avant que la vérité détruise la confiance qu’elle avait mise en lui.

« Parle-moi encore de New York » demanda t –elle . « Cette ville me fascine, mais je n’aurais jamais cherché à y vivre. »

« New York a été intéressante , mais ce n’était qu’une étape dans ma carrière. Intellectuellement j’y ai fait des rencontres mémorables , et mon éditeur m’avait mis en contact avec des personnes du milieu littéraire . Cela reste l’aspect le plus passionnant de mon expérience là bas. Mais je n’avais rien à écrire.. après ce premier roman j’ai eu la sensation que ma source créatrice s’était tarie. »

« Mais.. cela devait être un sentiment très pénible. N’as-tu pas toujours écrit ? » s’étonna t –elle.
Elle avait tourné son visage vers lui et il en fit de même. La lumière vive de cette fin d’automne rendaient ses yeux d’une transparence de rêve .

« J’ai retrouvé l’inspiration, » murmura t –il d’un ton profond.

« Pour un autre roman ? » demanda t –elle .

Leurs bouches étaient si prés qu’elles auraient pu se toucher. Spike écoutait les battements affolés de son cœur et se dit que c’était simplement le bonheur d’être contre elle dans ces lieux magiques.

« Non, » dit-il. « Donne –moi tes lèvres , amour. »

Elle eut un petit soupir de dépit qu’il ne veuille pas en dire davantage , mais son visage demeurait serein. Il ferma les yeux pour savourer l’instant unique où la douceur de sa bouche rentrerait en contact avec la sienne , son parfum envahissant ses narines , cette flamme qui le consumait chaque minute un peu plus.


* * * * * *

Ils avaient partagé un repas frugal mais néanmoins délicieux . Avaient savouré la quiétude et la douceur de se retrouver à grignoter dehors , en toute simplicité , et avaient continué à évoquer leur passé. Quelquefois Spike se reprochait de ne pas oser demander franchement à Buffy quels sentiments elle portait encore à Angel, cet homme qui avait troublé son cœur de jeune fille de dix sept ans , et avec qui elle avait eu une relation pendant plus de trois ans. L’incertitude , et la crainte qu’elle reconnaisse l’amour profond qu’elle avait ressenti l’en empêchaient toujours.

L’arrivée successive de plusieurs familles les avaient incité à ramasser leurs affaires et à rentrer.
D’ailleurs , les baisers échangés en guise de dessert , enfin, en accompagnement des pommes qu’il avait mises dans le panier , révélaient une faim sensuelle qu’ils avaient à cœur d’assouvir.

Sur le trajet du retour , Buffy ferma les yeux , bercée par la conduite souple de Spike.
La vitre ouverte , elle était heureuse de sentir le vent sur sa peau , et eut l’impulsion , si brève , de lui proposer de continuer à rouler jusqu’à l’océan. Mais en ce Dimanche , même par cette fin de saison , les abords du Pacifique seraient loin d’être déserts , et elle voulait pour cet instant privilégié où ils retourneraient là bas , des conditions aussi parfaites que la première fois.

Elle réprima un sourire. La jeune Buffy n’avait pas pensé que cette excursion était parfaite, alors..

Et puis ils venaient juste de briser la douleur liée aux souvenirs de leur dernière entrevue , sur la colline de Ming River aujourd’hui. Ils pouvaient bien attendre un peu pour effacer l’amertume de leur étreinte sauvage , enveloppés par la nuit , cinq longues années auparavant..


« Veux-tu un café ? » demanda t –il quand ils furent arrivés chez Spike.

« Non, » murmura t –elle en venant le rejoindre et en l’entourant de ses bras par derrière.

Une chaleur intense enroba tout son être et il tourna légèrement la tête vers elle .
« Oh , et de quoi as-tu envie ? »

« Uniquement de toi, » murmura t –elle.

« Dans ces conditions.. » haleta t –il en la prenant dans ses bras.

Elle rit quand il la fit tournoyer. Se dirigeant vers la chambre à grandes enjambées , il la déposa sans ménagement sur le lit et elle laissa échapper de petits cris de bonheur quand il se déploya au dessus d’elle , jouant le prédateur dangereux. Il s’immobilisa au dessus de son visage , regarda les yeux clairs remplis d’attente exquise , sa bouche entrouverte , sa respiration palpitante. Dans l’échancrure de son pull , il déposa un baiser sur sa gorge.

« Oui, oui.. » gémit-elle en lui prenant la nuque.

« Oh , quelle gourmandise éhontée ! »

« Déshabille-moi.. » pria t –elle.

Il la dévêtit avec lenteur , s’interrompant chaque fois pour l’embrasser. Elle avait placé ses bras en arrière , dans un abandon si exquis , qu’il dû faire preuve d’un grand restreint pour ne pas la pénétrer sauvagement. Il lui retira ses chaussures , puis fit glisser le pantalon le long de ses jambes minces , et frémit devant la perfection de son ventre souple , plat. Elle ne portait plus que sa lingerie , et il revint se poster au dessus d’elle .

« Mon bébé, tu es si désirable, » souffla t –il.

Il vint sucer sa lèvre supérieure , la mordiller , et recueillit ses gémissements. Elle ramena ses bras autour de sa nuque et leur baiser devint intense , dévorant. Puis il se détacha d’elle et il sourit devant l’expression de désir nu que son beau visage marquait. IL lui fit retirer ses mains de son cou , et alors qu’elle l’observait avec un étonnement palpitant , il descendit le long de sa gorge , caressant sa peau avec ses lèvres ouvertes , la pointe de sa langue.

« Offre-toi , amour. »
Quand il posa sa bouche sur la soie de son soutien-gorge , enveloppant le mieux possible un mamelon , elle s’arqua brutalement vers lui.
Il suçait et titillait la pointe sensible avec une telle lenteur mais aussi une telle ferveur que Buffy en ressentait les effets au cœur de sa féminité. De multiples petites ondes couraient à la surface de sa chair , et le plaisir mouillait son sexe , l’inondait . Elle mourrait de désir . Mourrait du besoin qu’il la fasse sienne , par tous les moyens qui lui plairaient.

Jamais elle n’avait souhaité être à la disposition sensuelle d’un homme comme elle était en train de le vivre avec Spike , et c’était une sensation si fascinante qu’elle n’en était jamais rassasiée.

Il frottait d’un pouce le mamelon de l’autre sein , et alternait entre les caresses avec sa langue. L’érotisme de son geste la rendait brûlante , folle.
Maintenant le tissu recouvrant ses seins était collé à sa chair et cette caresse constante qu’il continuait d’exercer la faisait balbutier.

« Je t’en prie.. Spike.. oh ! .. encore.. je.. j’ai besoin.. »

« Oui , je sais mon cœur.. je vais te donner ce que tu veux. »

Il dégagea les seins de leur enveloppe de soie , et elle cria quand il aspira presque brutalement les pointes raidies , enroulant sa langue , suçant et léchant comme un homme désespéré.
Elle haletait plus fort , sentait monter en elle une vague de jouissance qui enflammait la fente de son sexe.
Il s’arrêta et passa sa langue le long de son abdomen , grappillant çà et là par de petites morsures la chair tendre.

« Tu es si belle.. si éblouissante ainsi, » murmura t –il avec une nuance d’émerveillement qui n’échappa pas à la jeune femme. « Tu veux jouir , mon bébé ? »

« Oui , oui.. je t’en prie.. »

Sa gorge laissa échapper un rire chaud , heureux . Il s’agenouilla au sol et saisit chaque petit nœud fermant son string , qu’il retira en prenant son temps.
La vision de son sexe humide , où la perle de son clitoris apparaissait tendue , le rendit ivre. Il passa ses doigts le long des lèvres et elle s’offrit davantage , ouvrant ses cuisses , alors qu’il enveloppait le bouton engorgé à pleine bouche . Elle jouit , d’une manière fulgurante et brutale , son corps entier secoué de spasmes. Mais il continua , léchant et agaçant l’entrée de sa vulve , ajoutant deux doigts qu’il fit pénétrer d’avant en arrière dans une caresse douce. Elle subit une série de jouissances , haletant , gémissant , s’offrant à lui , et quand il lui prit délicatement une jambe pour l’inciter à la soulever et à l’écarter plus , elle sanglota.

« Spike.. Spike.. ! » Sa voix était enrouée , émouvante.

« Dis-moi ce que tu veux, amour, » ronronna t –il , faisant aller sa langue en petits cercles sur la perle exacerbée.
« Toi.. en moi, » haleta t –elle.
Il sembla avoir atteint ses limites lui aussi , car il se redressa d’un mouvement vif et retira son pull , sa poitrine fine et musclée une vision de bonheur pour Buffy qui tendit les bras vers lui .
Il lui prit les mains , enfouit son visage dans ses paumes.

« Oui , je vais te prendre. »

Elle eut un sourire si alangui , si comblé qu’il crut que son cœur allait littéralement exploser dans sa poitrine. Avec des doigts un peu fébriles , il enleva son pantalon et se dressa nu , sculptural.
« Ne crois pas que j’en aurais terminé avec toi après çà, » gronda t –il de sa voix profonde .

Il se mit à genoux sur le lit , l’incitant à replier les jambes , et plaçant ses mains sous ses fesses , empala son sexe d’un seul coup , frémissant terriblement au contact de son corps chaud , soyeux , qui entourait sa verge . Il entama de petites ondulations de son bassin , le dos tendu , appliqué , sa respiration déjà courte , et elle le contemplait avec une telle lumière sur son visage , un tel ravissement , et il lui arrachait des soupirs de satisfactions , des miaulements , des gémissements plaintifs et affamés.

Il ferma brièvement les yeux devant la plénitude ressentie . Les battements de son cœur devenaient fous , elle se tendait vers lui , elle le terrassait.

‘Que je t’aime.. je t’aime.. je t’aime..’ sa voix silencieuse scandait les mots rêvés .

Spike relâcha l’emprise sur les reins de la jeune femme , et changea l’angle de sa pénétration en venant s’allonger sur elle , leurs torses se frottant , leurs ventres se soulevant et s’abaissant.
Il la prenait à présent en longues caresses puissantes , et elle gémissait sans cesse , de petits halètements qui lui donnaient envie de pleurer de bonheur.

Leurs yeux aimantés , ils se guidèrent l’un l’autre jusqu’à l’espace étincelant et saupoudré de soleil où leurs corps s’évanouirent .


* * * * * *

Dans la chambre envahie par l’obscurité , l’odeur de leurs plaisirs demeurait , presque intacte.
Spike s’avança à pas lents vers le lit où les draps froissés et le couvre-lit de velours gisant par terre étaient les seuls signes visibles de la frénésie de leur passion.

Il eut un sourire un peu mélancolique en le ramassant , et l’arrangeant sur le bas du matelas.
Il avait ramené Buffy chez elle , après une après-midi entière vouée aux délice charnels les plus merveilleux. Malgré l’étreinte et le baiser langoureux au pied de la porte de son appartement ,
elle lui manquait comme aux instants les plus douloureux de son passé.
Lorsque , seul dans sa chambre à l’université d’Oxford , il revivait inlassablement leurs étreintes violentes et amères et son départ un matin de Décembre , bouleversé.
Il s’imaginait avoir connu la plus grande souffrance quand il songeait qu’il ne la reverrait sans doute jamais, et qu’elle avait refusé de céder à la tentation. Et pourtant la crainte qui lui broyait les entrailles à présent , la perspective de la perdre , étaient cent fois , mille fois plus effrayants.

Maintenant qu’il avait goûté à la douceur de sa peau , à l’exquise plénitude de s’endormir ou de se réveiller à ses côtés , maintenant qu’il avait touché et caressé intimement chaque parcelle de son corps magnifique et recueilli sur ses lèvres ses gémissements , son plaisir , son bonheur.

Il s’assit par terre , contre le rebord de la couche , les yeux perdus dans le vide. Quelques lumières des maisons environnantes filtraient à travers les stores et il frotta sa nuque.

Comment la joie la plus profonde pouvait –elle s’associer en lui au sentiment aigu d’un échec brûlant ? Une douleur plus forte serra sa poitrine et il ferma les yeux , comprima les larmes qui perlaient sous ses paupières.

Il était revenu à Sunnydale. Il avait tout fait pour être à nouveau en sa présence, et elle avait répondu à son attirance de la façon la plus spectaculaire et la plus bouleversante.
Croire qu’il pourrait se satisfaire de ces instants volés , comme l’assouvissement d’une vengeance ridicule , croire que quelques mois auprès d’elle suffiraient pour étancher sa soif d’elle ,inextinguible , dévorante.. devenait l’erreur de jugement la plus terrible qu’il ait jamais faite de toute son existence.

La passion qui embrasait son cœur et son âme .. il n’en guérirait pas.
Il n’ en guérirait jamais.

A suivre.
Chapitre 21 by Cassiopea
Chapitre 21.


Spike termina de vérifier ses feuilles de cours pour le lendemain. Il se frotta la nuque avec un peu de lassitude. Depuis qu’il s’était remis à écrire , il se couchait tard plusieurs fois dans la semaine , et cette fatigue lui pesait aujourd’hui. Mais rien ne valait le sentiment de liberté et d ‘accomplissement que lui apportait les mots . Ses premiers poèmes étaient nés presque par hasard , un soir , après qu’il ait vécu une soirée exquise avec Buffy. Elle s’était endormie dans son lit , et il la contempla longuement.
Elle était d’une beauté émouvante , si radieuse, qu’il ne s’en lassait pas.
Le plaisir de la regarder avait donné lieu à l’envie d’écrire , et il s’était retrouvé , à minuit , réfugié dans son bureau où régnait encore un désordre alarmant , laissant courir sur le papier toutes les pensées vives qui brûlaient son âme .

Il n ‘ y avait rien de surprenant à réaliser qu’elle était son inspiration. Elle l’avait été pour son roman , l’avait été pour les poésies enflammées et enragées de William le ténébreux.
Comment ne l’aurait-elle pas été , maintenant qu’elle était devenue l’objet unique de ses pensées , la passion charnelle et amoureuse qu’il avait attendue et désespéré de retrouver , après elle.

Son éditeur l’avait rappelé une semaine auparavant , mais Spike déclina son offre de s’engager pour un second roman , expliquant qu’il voulait faire paraître un recueil de poésie d’ici la fin de la l’année.
Ils étaient en pourparlers pour une date de parution. Le recueil serait seulement d’une cinquantaine de pièces , et il songeait retravailler certains morceaux plus anciens , dans le projet de faire deux parties distinctes : le temps de la souffrance , le temps du bonheur.

Le sourire qui flottait sur ses lèvres s’effaça . L’arrivée de l’été signifiait aussi son départ de Sunnydale, et de cela , il n’avait pas encore eu le courage de parler à Buffy.

Il jeta un œil sur sa montre. Il était bientôt cinq heures et il lui avait promis qu’il l’emmènerait dîner à l’extérieur. Elle affichait un plaisir si rafraîchissant dans ces repas en tête à tête , qu’il s’était demandé plus d’une fois si cet imbécile d’ Angel s’était décemment occupé d’elle. Sans doute trop affairé à construire sa carrière , et à négliger la jeune femme qui réchauffait son lit.
Il s’aperçut qu’il avait serré si fort son crayon à papier que celui-ci venait de se briser. Il le jeta d’un geste sec dans la poubelle et se redressa , tirant son paquet de cigarettes de sa poche.
La nuit était presque tombée , et il ouvrit la fenêtre , faisant pénétrer un air frais dans la pièce.
Il fuma deux cigarettes , aspirant la fumée avec concentration. S’il voulait attraper Giles avant que ce dernier ne quitte la bibliothèque , il devait se dépêcher.


* * * * * * *

Spike trouva Giles le nez penché sur son ordinateur , comme si celui-ci était une bête qui serait venue l’importuner. Il n’était décidément pas fait pour certains progrès , se dit le jeune homme avec un sourire .

« Spike ! Cela fait longtemps, » dit Giles en retirant ses lunettes.

« Tu as l’air de souffrir, » remarqua le jeune professeur. « Tu as des difficultés ? »

« Oh , rien que de très banales problèmes pour rentrer des données. J’étais plus à l’aise avec mon cahier quand je n’avais qu’à inscrire les ouvrages. »

« Certes. Mais c’est beaucoup plus rapide. »

« Et beaucoup plus agaçant quand on fait une erreur. L’informatique ne pardonne pas aux débutants de mon espèce. »

Spike éclata de rire. « D’ici la fin de l’année , tu ne parleras plus comme çà ! »

A cette remarque , Giles regarda Spike d’un air un peu étrange et son regard se durcit. Mais Spike avait déjà tourné son regard vers les étagères .

« Je suis à la recherche de la biographie de Tennyson. Même si elle n’est pas complète , je prendrai ce que tu as, » dit –il en commençant à s’avancer vers les marches qui menaient à la plate-forme supérieure.

Giles remit ses lunettes et le suivit. Devant les ouvrages consacrés aux poètes du dix neuvième siècle il s’arrêta. « Avec quelle classe étudies-tu ? »

« Ma seule classe de première. J’ai un livre chez moi mais je n’ai pas réussi à mettre la main dessus. Il a dû rester dans la dernière caisse de livres que je n’ai pas encore ouverte, » dit-il avec un petit haussement d’épaules.

Giles avait saisi un livre un peu ancien , à la couverture bordeaux.

« Tiens, » dit-il.

« Oh , c’est l’édition de Lefourver , c’est la meilleure. »

« Naturellement, » dit Giles d’un ton très sérieux.
Il enveloppa Spike dans une expression un peu soucieuse.

« Tu voulais me demander quelque chose ? » demanda ce dernier.

Giles sembla sortir d’une réflexion profonde. « Hein ? Oh..hum.. non.. Enfin , si.. Jenny me demandait de vous faire la commission : viendrais-tu dîner à la maison avec Buffy , jeudi soir ? »

« Mais oui , avec plaisir. »

Ils redescendirent. « Il faut naturellement que je pose la question à Buffy. Nous ne resterions pas trop tard. »

« Oui , bien sûr , tu lui en parles et tu me donnes la réponse demain. Cela nous ferait plaisir. »

Spike hocha le menton et s’apprêtait à gagner la sortie quand la voix du bibliothécaire retentit à nouveau.

« Tout va bien entre vous , n’est-ce pas ? Je vous ai aperçus tous les deux de temps en temps , et vous avez l’air.. heureux. »

Il scrutait Spike avec une attention soutenue. Celui –ci se demanda brièvement qu’est-ce son ami avait en tête .

« Nous sommes heureux, » acquiesça Spike. Cependant le bleu de ses yeux était voilé. « Elle représente ce que j’attendais depuis cinq ans, » ajouta t –il d’une voix grave.

‘Alors pourquoi nous caches –tu des faits si importants comme ton futur départ’ s’écria Giles intérieurement.

« Bien , bien. C’est .. splendide , alors, » dit Giles. « J’espère que vous pourrez venir. »

Spike hocha la tête et fit un sourire. Mais il y avait un mystère dans cette conversation , une gêne , dont il n’arrivait pas à avoir d’explication. Malheureusement il ne pouvait pas rester s’il ne voulait pas faire attendre Buffy.

* * * * * *


Giles habitait dans un appartement confortable non loin de chez Spike. Et depuis que Jenny avait accepté de partager sa vie , un an auparavant , l’endroit avait perdu peu à peu son caractère de lieu pour célibataire. Un ensemble de touches féminines le rendait moins austère.

Assis autour de la table dans le salon , Buffy appréciait l’atmosphère chaleureuse qu’elle avait immédiatement ressentie en entrant. Giles était un hôte au charme discret , et Jenny était enjouée et souriante.

La conversation avait été amicale , roulant autour de sujets aussi variés que le lycée de Sunnydale où Buffy avait pris ses nouvelles fonctions , l’appréciation des élèves qui avaient Spike pour professeur , les voyages , la musique. Mais ce dernier n’avait pas semblé aussi détendu que Buffy aurait pu l’imaginer , dînant chez son ami de longue date. Son visage portait parfois un air pensif et quand elle avait essayé de capter son regard , il semblait chagriné par quelque chose. Elle comprit cependant assez vite qu’il ne pouvait s’agir d’un reproche envers elle puisqu’ils s’étaient rendus ici depuis l’établissement scolaire, après une séance de câlins dont elle gardait encore le souvenir comme une chaleur insidieuse qui la protégeait du froid extérieur.
Et quand elle l’accompagna à la cuisine pour débarrasser la table alors que Jenny installait les assiettes du dessert et que Giles s’affairait à sortir un gâteau du réfrigérateur , il l’avait enlacée avec une tendresse touchante , remettant en place une mèche de cheveux derrière son oreille et déposant un baiser d’une grande douceur sur sa tempe.

Maintenant ils savouraient la tarte au chocolat accompagnée de café , et Buffy sentait un profond bien-être l’envahir.

« Je devrais peut-être demander à maman de m’expliquer à nouveau les rudiments de la cuisine, » soupira t –elle avec un sourire en direction de Jenny. « Ce repas était délicieux , et cette tarte est un pêché à elle seule. »

« Eh bien je ne passe pas mon temps devant les fourneaux , mais je me débrouille, » reconnut la jeune femme brune. « D’ailleurs je crois que c’est quelque chose que Rupert apprécie. »

« C’est très agréable, » dit ce dernier en jetant un coup d’œil affectueux vers sa compagne, « Mais même si tu n’avais pas su comment faire cuire un œuf, je t’aurais demandé de vivre avec moi. »

Chacun éclata de rire. « Oh , c’est encourageant, alors ! » dit Buffy en fronçant son petit nez.

Spike la contempla avec indulgence. Elle était si belle et adorable dans tout ce qu’elle faisait. Elle leva ses beaux yeux verts à cet instant , et il lui sourit avec tout l’amour qu’il gardait en lui constamment . Mais il sentit le regard insistant de Giles et ses yeux se posèrent sur le visage soucieux de celui qu’il considérait comme une sorte de père et de frère , en même temps.

La soirée n’avait pas été aussi agréable pour lui et malgré ses efforts Spike n’avait pu se défaire d’un sentiment de culpabilité qui ne faisait que croître avec les heures. Il se leva et annonça qu’il allait fumer une cigarette . Jenny et Buffy lui firent un petit signe de la main , absorbées dans la description d’une recette.
Il sortit par la porte arrière de la cuisine et fut surprit de la fraîcheur de la nuit. Décembre commençait et même en Californie , cela restait le mois le plus froid de l’année. Après quelques bouffées de nicotine , il sentit la raideur de sa nuque s’apaiser légèrement. Il fit quelques pas dans le jardin , le ciel de velours sombre était pailleté de tant d’étoiles qu’il demeura plusieurs minutes la tête renversée . Le bruit de la porte de la cuisine le fit sortir de sa contemplation.
Giles se tenait sur le porche , la ligne de sa mâchoire tendue et une expression de dureté indéniable sur ses traits.

« Quand j’ai croisé le proviseur Wood , il m’ a appris une chose assez surprenante, » dit-il aussitôt en s’avançant à la hauteur du jeune professeur.
Celui-ci attendit qu’il continue. Mais il savait malheureusement ce qui allait suivre.

« D’après lui ton poste s’arrête à la fin de l’année scolaire. Et il n’ a jamais été question que tu prolonges. Ne crois-tu pas que tu aurais pu juger utile de m’en parler ? »

Spike termina sa cigarette et écrasa le dernier bout sous son talon. Les mains dans les poches ,il regarda Giles droit dans les yeux.

« Je comptais le faire.. d’ici Noël. Je suis désolé que tu l’apprennes de cette façon. »

« Tu es désolé ? désolé ? » dit Giles qui contenait sa colère. « Permets –moi d’en douter. Tu arrives comme une surprise extravagante, tu t’installes, tu fréquentes Buffy.. et tout çà sans préciser que tu as accepté un contrat de professeur pour une seule année ? A quoi joues –tu ? Que représente Sunnydale dans ta carrière ? »

« Je ne joue pas ! » dit Spike d’un ton vif , son visage fermé. « A quoi bon t’expliquer ? Je ne crois pas que tu comprendrais.. »

« Je t’en prie ! Tu m’ as avoué combien ton rêve depuis cinq ans avait été de revenir ici. Tu le fais mais pour une période limitée ? N’est-ce pas toi qui a reconnu combien tu voulais séduire Buffy ? Combien tu n’avais pas cessé de penser à elle ? Es-tu ici pour te venger de la souffrance qu’elle t’ a fait éprouvé il y a cinq ans ? »

Il y avait une incrédulité douloureuse dans la voix de Giles, et il regardait Spike comme s’il ne le reconnaissait pas. Le jeune homme baissa la tête , et son silence prit le poids d’un aveu terrible.

« Ne me dis pas çà, Spike. Ne me dis pas que ton seul objectif était de revenir et de voir si.. »

Il s’interrompit et retira ses lunettes qu’il se mit à frotter machinalement.

« Je voulais être à nouveau en sa présence, c’est vrai, » commença t –il d’une voix rauque, les narines frémissantes et le regard fixé dans le lointain. « J’ai rêvé tant de fois ce moment.. où elle serait libre de répondre à mon attirance. »

Il alluma une seconde cigarette et Giles attendit . « Cela n’avait rien à voir avec l’idée de me venger ! » assénât –il . « Je voulais me prouver qu’elle pouvait .. qu’elle pouvait.. » Sa voix s’étrangla et il se détourna avec brusquerie.

« Et pourquoi un séjour aussi court ? Pourquoi prévoir ta fuite au bout de neuf mois ? »

« J’avais peur, » souffla t –il en faisant face de nouveau à son ami. « Je croyais qu’une relation physique mettrait fin à mon tourment. Je ne savais pas.. je ne savais pas combien elle me bouleverserait.. »

« Cette explication n’est pas convaincante. Tu veux me faire croire que tu as cherché une relation sexuelle avec la jeune fille qui t’ a brisé le cœur, et que tu pensais t’en contenter ? »

Le visage de Giles portait encore tous les signes d’une fureur rentrée. Spike tressaillit quand il entendit l’expression ‘ relation sexuelle’ dans la bouche de son ami.

« Je suis amoureux d’elle depuis la première minute où elle est entrée dans mon champ de vision, » murmura t –il la voix hachée. « J’ai tout fait pour guérir depuis que je suis parti.. je croyais avoir réussi. Puis dès que je suis revenu , et qu’elle a accepté de sortir avec moi, de répondre à mes attentions.. je savais que ma douleur serait encore plus vive qu’il y a cinq ans. Et si j’ai choisi de ne rester que le temps de l’année scolaire c’était pour çà ! Je suis désespérément , irrémédiablement amoureux d’elle , et je n’ai jamais cru qu’elle pourrait me rendre mes sentiments. Alors j’ai décidé de prendre les devants. Nous aurions peut-être quelques mois de passion charnelle , et je partirais, avant qu’elle ne me fasse comprendre qu’elle ne pourrait jamais me rendre mon amour. »

Il finit sur une note si désabusée que Giles le regarda , interdit.

« Pourquoi Buffy ne pourrait-elle pas t’aimer ? » demanda t –il d’une voix plus compatissante.

Spike eut un rire qui ressemblait à un sanglot. « Je suppose qu’elle a aimé Angel si intensément. Et elle n’ a pas voulu de moi, dans le passé.. »
Giles se rapprocha et mit une main sur l’épaule de Spike.

« Tu as fait pas mal de choses stupides dans ta vie , mais cette décision bat tous les records , je pense. »

« Merci, » dit Spike avec une grimace.

« Oh de rien. » Il secoua la tête. « Tu es en train de me dire que tu étais prêt à connaître le bonheur de goûter à un aspect purement physique entre elle et toi , comme une sorte d’ultime cadeau, avant que la vie ne vous sépare à nouveau ? »

Spike leva des yeux bleus incertains vers lui et fit un petit mouvement du menton.

« Tu es vraiment.. stupide. » répéta t –il dans un soupir. « Car d’après ce que je vois , vous avez l’air de vivre une relation harmonieuse et vous donnez l’image d’un jeune couple comblé. Il me paraît évident que Buffy a des sentiments pour toi. »

Spike retourna à pas lents vers la maison. « Je le crois, » murmura t –il. «Nous sommes heureux. » Il reprit sa respiration et adressa à Giles un regard rempli d’incertitudes. « Et à présent je ne sais pas comment lui expliquer que je n’avais jamais l’intention de faire ma vie ici. »

« Mais as –tu reparlé à Wood ? peut-être qu’il considérerait la possibilité de te re proposer un enseignement en Août prochain . »

« Oui, c’est probable. Je suppose que je n’ai pas eu de difficulté aussi en raison de la publication de mon livre. Mais tu sais.. j’ai toujours souhaité obtenir une place de maître assistant. Et l’année dernière j’ai fait une demande à l’Université de Californie à Santa Barbara. Je suis attendu à la rentrée prochaine. Je ne peux rompre mon engagement. »

Giles l’enveloppa d’un regard préoccupé. « Il faut que tu parles à Buffy le plus tôt possible. Ce serait désastreux si elle l’apprenait comme je l’ai fait. »

« Wood m’ a promis qu’il n’ébruiterait pas la nouvelle, » dit Spike en fronçant les sourcils. « Du moins pas avant le printemps. Comment se fait-il qu’il t’ai mis au courant ? »

« C’était un peu involontaire de sa part. Peut-être s’imaginait –il que j’étais dans la confidence, il connaît nos liens. Je faisais allusion à un nouveau programme de recherche mis en place à la bibliothèque pour les années à venir , et il s’est aussitôt exclamé que tu n’aurais pas l’opportunité d’en profiter. »

Spike avait les traits sombres. Il poussa la porte de la cuisine et Giles le suivit.

« Je vais ranger deux ou trois choses , » dit-il . « Je vous rejoins dans un instant. »

« Entendu. »


Jenny et Buffy s’étaient réfugiées dans le petit salon , où un feu de cheminée envoyait ses éclats mordorés sur les murs , les meubles. Assises dans un sofa moelleux , Buffy , à la demande de la jeune femme, revenait sur les causes du départ d’Angel.

« J’ai peu à peu réalisé que j’étais très naïve, » dit Buffy , les yeux suivant la danse des flammes. « Le fait qu’il était plus âgé que moi m’influençait sans doute. Il y avait un certain nombre de choses qui n’allaient pas, mais je me raccrochais à ce qui me donnait du bonheur. »

« Un premier amour vous fait connaître des émotions uniques, » dit Jenny doucement. « Cela ne signifie pas qu’il est ce qui est le mieux dans une vie, bien au contraire. Et un matin on se rend compte que l’on a oublié. »

« Angel .. Angel ne s’oublie pas, » murmura Buffy avec une note d’amertume.

Spike allait franchir le seuil de la pièce , après avoir passé une minute à contempler la beauté radieuse de son amour. Dans les lueurs du feu , sa silhouette , sa chevelure , paraissaient nimbées d’un voile de lumière. A l’écoute de ses mots , il lui sembla qu’on le poussait dans un gouffre sans fin. Tout le sang se retirait de ses veines et il blêmit. Faisant demi-tour en silence il se dirigea lentement vers la salle à manger où il alla se tenir, dans une immobilité de statue , en face de la fenêtre. Cette blessure.. cette blessure qu’il venait de recevoir par la bouche même de sa bien-aimée lui mordait les entrailles. Il s’appuya à la poignée de la fenêtre , cherchant à retrouver une respiration plus calme. Mais chaque fois qu’il gonflait ses poumons , il avait l’impression qu’ils étaient en feu.

Dans le petit salon , Buffy avait repris la parole.
« Oui , Angel demeure dans un recoin de mon esprit, » continuait-elle , la voix plus grave. « Mais comme l’image de toute la passion qu’il n’ a pas su me donner , et que j’ai eu l’innocence d’attendre. Le symbole de mes erreurs de jeunesse. »

Jenny l’observait avec une attention affectueuse. « Je n’ai jamais tellement apprécié Angel, » dit-elle avec un petit sourire d’excuse. « Trop imbu de lui-même , et trop arrogant vis à vis de toi. Quand Giles m’ a dit qu’il était parti à Los Angeles , j’ai pensé que c’était une bonne chose pour toi. Ne m’en veux pas.. »

« Oh je ne t’en eux pas ! » s’écria Buffy. « Notre couple se détériorait depuis plusieurs mois. S’il n’avait pas choisi de me quitter , je l’aurais fait. Je suppose qu’il a été amoureux de moi , mais il ne m’ a jamais comblée. »

« Tandis qu’un certain William Kensinton , terriblement séduisant et fascinant, remplit ce rôle à merveille , on dirait, » dit Jenny d’un ton enjoué.

Buffy eut la délicatesse de rougir adorablement. « Oui, » souffla t –elle. Le bonheur le plus pur éclatait dans toute la pose de son corps. « Nous sommes si heureux.. Je ne savais pas que.. je ne savais pas qu’on pouvait éprouver un amour aussi puissant pour un homme, » chuchota t –elle, comme si ces révélations l’effrayaient.

Elle réalisa que , pour la première fois , elle venait de parler de ses sentiments pour Spike à voix haute.

« C’est merveilleux, » dit Jenny.

Buffy se redressa vivement. « Cela fait longtemps qu’ils ont disparu, » remarqua t –elle. « Cela correspond à au moins trois cigarettes, » ajouta t –elle en s’en allant. « Il est temps que je le retrouve. »

Jenny se leva à son tour et la suivit avec un sourire.
Dans l’autre pièce , les deux hommes terminaient de vider la table. Jenny s’empressa de gronder Spike gentiment. « Nous nous débrouillerons très bien pour ranger tout çà tout à l’heure, » s’exclama t –elle. « Je ne veux pas vous chasser mais je sais que vous commencez tôt tous les deux demain matin. Alors si vous voulez y aller , ne vous gênez pas. »

Spike se tourna vers elle et lui fit un sourire qui n’atteignait pas ses yeux. Buffy vint lui prendre une main , il la saisit entre les siennes mais ne la regarda pas.

« Nous avons passé une charmante soirée, » dit-il . « Mais nous avions prévu de ne pas rentrer trop tard , en effet. »

Les bonsoirs furent échangés avec chaleur . Jenny répéta qu’elle les inviterait à nouveau, en attendant que Buffy apprenne deux ou trois recettes. Les deux femmes se quittèrent dans une bonne humeur enjouée , tandis que les hommes échangèrent une poignée de main silencieuse.


* * * * * * *
Elle respecta son silence sur le chemin du retour. Mais quand il prit la direction de l’appartement de la jeune femme , elle pensa qu’il allait simplement la déposer. Il était presque minuit.
Quand il arrêta le moteur de la voiture , elle se tourna vers lui et posa une main sur sa cuisse , la sentit frémir sous ses doigts.

« Veux-tu.. veux-tu monter ? » Elle fut surprise quand il demeura un instant sans répondre , puis tourna un visage empreint d’une gravité douloureuse vers elle. Caressa ses cheveux d’une main légère , s’attardant sur la ligne gracile de son cou .

« Spike ? »

« Oui , amour. »

« Dis-moi ce qui te préoccupe.. »

Son regard perdit son aspect trouble et il eut un sourire mélancolique.
« Rien qui vaille la peine d’être évoqué maintenant, » dit-il avec douceur. Il se pencha vers elle , et l’attira vers lui en posant ses doigts sur sa nuque. De son autre main , il caressa le creux de sa taille. Elle accueillit son baiser avec un petit soupir , à la fois soulagement et désir , et il captura ses lèvres avec plus de force. La main qu’il gardait sur sa hanche semblait brûler la chair de Buffy à travers le tissu de sa robe , et en chaque point où leurs corps s’épousaient elle savait que son cœur battait.
La douceur soyeuse de sa bouche si caressante eut raison de sa patience. Elle balbutia contre sa bouche : « Viens.. Viens, chéri. »

Ces mots , murmurés de la voix de gorge qui le plongeait dans l’émoi le plus parfait, toujours, le firent frissonner intensément. Il continua à prendre possession d’elle avec une bouche dévorante et quand il redressa son visage , ferma brièvement ses paupières. Tenant son visage entre ses paumes , Il passa ses pouces lentement le long de ses tempes. Sous le faible éclairage d’un lampadaire, il distinguait la clarté irisée de ses yeux amandes.

« Tu m’acceptes ? » demanda t –il , comme si sa requête avait un caractère exceptionnel.

« Oui. Je t’accepte, et je te veux. » Elle eut un sourire rêveur en suivant la ligne de sa mâchoire.
« J’ai besoin de toi, » souffla t – elle presque timidement.



Dans la chambre , ils se déshabillèrent en prenant leur temps. La pleine lune déversait un rayon laiteux ,étincelant de blancheur, entre les interstices des stores ,et quand ils furent nus tous les deux , il l’allongea sur le lit avec des gestes révérends.

Il entra en elle dans un mouvement lent , et des lèvres entrouvertes de Buffy s’exhala le son le plus doux.

Les yeux fermés , il n’écoutait que les sensations bouleversantes d’être enfoui dans sa chaleur soyeuse , et le bonheur pur de vivre dans son intimité pour quelques minutes hors du temps, le coeur étreint.

A suivre.
Chapitre 22 by Cassiopea
Chapitre 22-


Buffy s’étira de tout son long. A côté d’elle , Spike poussa un soupir . Ils s’étaient entraînés tous les deux aux différents agrès pendant presque une heure , et savouraient quelques instants de relaxation.

« L’année dernière je faisais du jogging deux fois par semaine, » dit-elle en étendant ses bras au dessus d’elle. « Mais finalement en enseignant je n’ai pas besoin de cette activité supplémentaire. »

« Si nous étions plus prés de la mer , j’aimerais le faire, » répliqua t –il. « Il n’y a rien de plus relaxant que de courir sur le sable , à l’aurore ou au coucher du soleil. »

Les paupières fermées , elle imagina leurs silhouettes côte à côte ,parcourant à petites foulées les immenses plages du Pacifique. Rentrant main dans la main chez eux , dans une maison qui s’ouvrirait face à l’océan.. Elle frissonna d’un plaisir intense .

« Je vais me doucher, » dit-elle en se relevant d’un mouvement vif. « Je n’aime pas rester trop longtemps immobile après avoir transpiré. »

Il suivit le déhanchement délicieux de ses pas , la minceur de sa taille dévoilée par l’ensemble de gymnastique qu’elle portait et qui moulait ses reins à la perfection. Il se redressa à son tour , la suivit dans la salle de bain.
Buffy récupéra des affaires de rechange dans un sac et se dirigea vers la cabine de douche . Elle se retourna en entendant qu’il refermait la porte à clés derrière eux.

« Non, tu es raisonnable ! » dit-elle en levant un doigt pour lui faire comprendre qu’elle était sérieuse.

« Je suis tout à fait raisonnable, amour, » protesta – t –il en levant ses deux mains devant lui. « Mais nous pourrions nous doucher ensemble, nous serions prêts plus vite. »

Elle lui lança un regard qui n’était pas dupe, mais retira son tee-shirt puis son pantalon. Il eut la gorge sèche du spectacle qu’elle offrait en sous-vêtements.

« C’est vrai ! » continua t –il avec une expression un peu boudeuse. « Je te rappelle que Anya et Alex nous attendent , et qu’il est déjà six heures. »

Elle dégrafa son soutien-gorge et le jeta négligemment sur le reste de ses habits. Le regard de Spike
se rétrécit et il enleva à son tour son tee-shirt . Buffy le toisa avec espièglerie et retira sa culotte de dentelle crème qui rejoint la pile . Puis d’une pirouette elle s’enferma dans la cabine.
Troublé par la vision même brève de sa nudité , Spike se dévêtit de son pantalon lentement , puis s’approcha et posa une main à plat sur la paroi de verre. L’eau commençait à couler et il entrouvrit la porte.

« Laisse-moi entrer.. » murmura t –il. « Je te promets que je serai sage. »
« Viens, » dit-elle en souriant , alors qu’elle prenait quelques gouttes de savon au creux d’une paume.

Il pénétra dans l’espace déjà rempli de vapeur d’eau avec un petit air triomphant.

Il comptait bien la faire gémir de plaisir avant qu’ils ne quittent les lieux.

* * * * *

Buffy se sentait si détendue dans son bain qu’elle n’envisageait pas d’en sortir avant une bonne demi heure. Elle se laissa aller plus profondément dans l’eau , le menton dans la mousse parfumée.
Les paupières fermées , elle écoutait la musique douce de Diana Krall , un disque que lui avait offert Spike un après-midi , après qu’il ait constaté qu’elle ne possédait aucun accompagnement parfait pour des moments intimes.
Cela avait donné lieu à une discussion .. intéressante , et il l’avait entraîné à Los Angeles , Santa Monica plus précisément , pour se promener sur Third promenade , et découvrir l’un des magasins les plus extraordinaires en matière de musique.
Ce soir là , il lui avait fait connaître les sommets du plaisir alors que s’élevait la voix langoureuse d’une chanteuse de jazz que Buffy n’avait jamais entendue.
Et cet air là serait à jamais lié à ces minutes divines.
Elle poussa un profond soupir , rêvant à l’instant toujours si parfait où ils se retrouvaient après une séparation, et où leurs bouches scellaient des promesses qu’elle n’osait formuler à voix haute.


* * * * *

Quand elle lui ouvrit la porte de son appartement , il demeura une minute silencieux , tant la vision de sa beauté pure le paralysa.
Depuis leur soirée chez Giles et Jenny, depuis la réalisation que ses espoirs étaient fondés sur du vent si Buffy considérait toujours Angel comme un homme inoubliable , Spike s’efforçait de se réjouir de chaque minute passée en sa compagnie.

Elle portait un long fourreau de velours rouge foncé , ses bras étaient nus , et le décolleté offrait juste assez de peau pour le rendre ivre de désir.
Elle avait exceptionnellement remonté ses cheveux en un chignon un peu souple , une multitude de petites mèches qui encadraient son visage , et elle était tout simplement angélique.

« Entre, » dit-elle , le cœur battant la chamade devant son admiration éblouie.

Il sortit de sa rêverie et lui fit un sourire doux. Elle eut l’impression de voir William et plaça une main sur sa joue. Il s’inclina aussitôt comme pour chercher un contact plus proche.

« Tu es magnifique , amour. » Il déposa un baiser sur ses lèvres et se redressa. « Où vais-je t’emmener , qui soit digne de ta beauté ? »

Elle eut un rire de perles et le tira par la manche avant de refermer la porte.

« Je ne suis pas si chic que cela, » dit-elle avec gaieté. « C’est parce que tu es.. »

Elle s’interrompit brutalement , affolée des mots qui allaient franchir sa bouche . Elle avait été prête a dire ‘ amoureux’. Car comment interpréter différemment ce regard chaud , fervent ,possessif , avec lequel il la couvait , chaque fois qu’ils étaient ensemble ? Elle ne pouvait plus mettre en doute la profondeur de ses sentiments , mais s’étonnait un peu qu’il n’ait pas trouvé l’occasion de lui murmurer les mots d’amour qu’elle rêvait d’entendre.. et qu’elle entendait dans ses rêves. Elle rougit , et balbutia : « .. tu es très galant. »

Il ne paraissait pas avoir remarqué son hésitation. Il caressait ses cheveux , délicatement , et s’émerveilla qu’elle ait encore choisi de porter son collier.

« Je suis heureux que tu mettes si souvent ce bijoux, mon cœur. Mais il est très simple. Accepterais-tu que je t’offre quelque chose d’autre ? »

Il la tenait par la taille à présent. Et attendait sa réponse , la tête un peu penchée de côté. Elle fut touchée par l’air de vulnérabilité qui voilait le bleu magnifique de ses yeux.

« C’est parce que ce collier est important pour moi, » murmura t –elle. Ses yeux étaient brillants , d’un vert pailleté d’or, et il remercia encore le destin pour l’avoir remis en présence de cette femme qui lui rendait le cœur sauvage. Même si croire en leur avenir commun paraissait un rêve irréalisable.

« Il est un cadeau de William. Mais je serais très heureuse si tu veux m’offrir quoi que ce soit. »

« Alors c’est décidé. Ton présent à Noël est tout trouvé. »

« Tu n’es pas obligé de faire des folies , chéri. » Il tressaillit devant l’appellation tendre. Elle appuya
son visage contre son épaule et ils restèrent ainsi pendant un instant , savourant l’étroit contact de
leurs corps.



Ils se retrouvèrent dans un café charmant , dont l’accès était un jardin exotique de toute beauté.
La décoration intérieure et l’ambiance avaient des tonalités espagnoles , et sous un éclairage
scintillant de plusieurs dizaines de bougies à l’abri dans de petites coupes transparentes , ils
dégustèrent une paella parfaitement préparée. Spike demanda une seule grande assiette pour
deux , et ils mangèrent côte à côté , goûtant tour à tour la préparation parfumée.

« Tu me gâtes, » soupira –t elle avec un soupir de contentement. « Cet endroit est ravissant. »

« Giles m’en avait parlé. Je crois que c’est là qu’il a demandé à Jenny de partager sa vie, » ajouta t –
il.
Elle sourit et saisit son verre. Elle avait été raisonnable , mais ce vin rosé et fruité lui montait
légèrement à la tête.

« Encore une bouchée ? »
« Non , termine. Je n’en peux plus, » avoua t –elle avec une petite moue adorable. Elle se laissa aller
sur la banquette de velours , une main sur son ventre . Il lui fit un sourire indulgent et finit le plat.
Autour d’eux peu de tables étaient occupées , et cela rendait l’intimité des lieux plus vive.

Buffy l’observa à la dérobée , notant encore une fois combien ses traits avaient acquis une maturité
flatteuse par rapport au souvenir qu’elle conservait du jeune William . Il tourna vers elle son
magnifique regard océan , et elle fut étourdie par la force de la chaleur qui en émanait. Mais il
paraissait toujours grave. Elle aurait voulu voir ses traits se détendre .

« Tu es bien ? » demanda t –il doucement.

Emue , elle hocha simplement la tête en silence. Il était d’une prévenance constante. Plaçait son
bien-être avant toute chose.

Les premières notes d’une chanson qu’elle reconnut avec un serrement de cœur , parvinrent jusqu’ à
eux. La voix chaude de Cesaria Evora , chargée des essences de son pays , se répandait dans la
salle.

« Besame mucho.. Te rappelles-tu quand nous avons entendu cet air pour la première fois ? »
demanda t –il en prenant une de ses mains.
« Tous les deux ? » chuchota t –elle.
« Oui. »
« Bien sûr. Pour la soirée du Nouvel-An. Je suis allée vers toi. Tu avais dansé avec chacune des
jeunes filles présentes. »
Spike l’enveloppa d’un regard tendre. Il imprima une caresse lente sur son poignet.

« Sauf avec toi , amour. Et pourtant j’en mourrais d’envie. Mais pour rien au monde je n’aurais trahi
cette envie. »

« J’étais si furieuse, » dit Buffy , songeuse. « Tu te tenais , debout , tout seul, à la fois si arrogant ,et
vulnérable , et je voulais tant être un peu avec toi. »

Il avait fronçé ses sourcils quand elle avait prononcé le mot ‘vulnérable’ . L’avait-elle compris , alors , à quel point
William demeurait fragile ?

« Je savais que tu voulais danser avec moi, » dit-il d’une voix profonde. « Mais je savais aussi que si
je te prenais dans mes bras , je me serais conduit de telle manière qu’Angel m’aurait mis à la porte.. »

Il fit une petit grimace suggestive et elle sentit ses joues rosir.

« Dansons, » murmura t –elle en se levant.

Ils se dirigèrent lentement vers l’espace où quelques couples évoluaient. Il la prit contre lui dans un
mouvement fluide , et leurs corps s’ajustèrent de la façon la plus naturelle. Leurs yeux
s’accrochèrent , une émotion indicible les rendant oublieux du monde.

Spike pensa que cette chanson , interprétée merveilleusement , serait à jamais liée à cet instant
exquis , hors du temps. Elle représentait le désir nu et impétueux de William , qui voulait connaître la
douceur de serrer Buffy contre lui , et elle représentait l’accomplissement d’un rêve fervent.
Il était ici, avec elle , il partageait sa vie , et elle acceptait de lui consacrer tant de soirées et de
moments inoubliables.
A cet instant leurs yeux s’accrochèrent , et elle fut submergée par l’amour qu’elle voyait vibrer dans
ceux de Spike. Et pourtant il y avait aussi une indicible tristesse. Elle passa ses doigts doucement
dans les petites boucles qui marquaient sa nuque.
« Spike.. » murmura t –elle.

Son visage revêtit une expression chargée d’attente , et elle réprima un soupir. La crainte d’être
ridicule , d’être trop possessive peut-être , lui rendait la gorgée serrée. Bientôt, se promit- elle.
Bientôt , je lui parlerai.

Elle suivait ses pas avec grâce. Il aperçut du coin de l’œil l’hôtesse de la Maison aux Fleurs qui les
regardait avec une admiration attendrie. Sans doute leur couple , élégant et gracieux , leurs visages
reflétant un bonheur grave , ne pouvait manquer d’attirer l’attention. Quand la chanson se termina ,
elle fit signe au jeune homme en charge de la musique de la remettre ; Spike lui fit un petit signe de
reconnaissance , tandis que Buffy eut un sourire doux et vint appuyer son visage contre son épaule.

Ils dansèrent longtemps . Spike était recueilli dans un silence à la fois heureux , bouleversé, et
oppressant.


* * * * *

Elle reposait contre sa poitrine , respirant doucement , et le bien-être s’infiltrait dans ses veines.
La fenêtre à peine entrouverte sur la nuit permettait un air frais de pénétrer dans la chambre .

Ils avaient fait l’amour dans le même silence empreint de ferveur , comme un prolongement naturel
de leurs danses. Arrivés à l’appartement de Spike , ils s’étaient déshabillés mutuellement , leurs
murmures appréciatifs et leurs ronronnements , un écho sensuel à la quiétude de la nuit.
Maintenant elle respirait contre sa peau , son corps en contact étroit avec le sien depuis son
épaule jusqu’à la pointe de ses pieds. La lune , pleine, dont le disque étincelait de blancheur à travers
les stores , les baignait d’une lumière laiteuse , féerique.

« Dis-moi de la poésie, » murmura t –elle .

« Je peux te réciter un poème de Wordsworth. »

« S’il te plaît.. » Elle déposa un baiser sur sa poitrine. Il reprit son souffle.

« ..J’ai eu beau faire, je n’ai su
Te trouver cette nuit.
Ne me laisse pas seul , encore une fois.
Car sans toi, que serait la splendeur du matin ?
Viens , barrière bénie entre hier et demain
De qui naissent neuves pensées et saines joies. »

Sa voix était profonde , un peu râpeuse, vibrante. Elle ressentit une vague de plaisir pur.

« Encore, » pria t –elle.

« C’est un effort intellectuel. Je ne sais pas si je suis capable d’une mémoire.. »

Elle l’interrompit en se redressant , et , à genoux , les mains sur les hanches , elle le fusilla d’un
regard qui se voulait sévère. Il la contempla , subjugué. Les reflets argentés sculptaient la perfection
de son buste , ses seins ronds , plus pâles , la finesse de sa taille. Ses cheveux blonds auréolaient
son visage , dont il ne distinguait vraiment que l’éclat vert et vibrant des yeux.

« Voudrais-tu me faire croire que toi, un professeur de littérature , un romancier.. ne connaît pas par
cœur des dizaines de poésies ? »

« Eh bien, à cette heure de la nuit.. après des mets délicieux.. et.. » Son regard brûlant caressa sa
nudité et il passa sa langue le long de sa lèvre supérieure . « .. après le plaisir que tu m’as donné,
je reconnais que .. »

« Oh , non , tu ne t’en tireras pas comme çà ! » s’écria t-elle en le frappant de ses petits poings.

Il gronda et saisit sa taille. « C’est bon , c’est bon.. » haleta t –il en riant. « Puis-je te lire quelque
chose ? »

Elle fit mine de réfléchir plusieurs secondes et sa bouche prit un pli boudeur. « Oui, » agréa t –elle.

Il eut un sourire radieux . « Bien. Alors.. permets-moi.. »

Il se tourna et alluma la lampe de chevet. Puis il ouvrit le tiroir de la table de nuit, en sortit un étui et
un livre ancien.

Elle l’observait , captivée par la splendeur de sa musculature , la ligne de ses abdominaux qui se
démarquaient, la fluidité des muscles du dos , lisses , parfaits.

Quand il prit appui contre le montant de fer forgé du lit , elle avala sa salive. Il avait ouvert l’étui noir
pour en sortir une paire de lunettes élégantes , cerclées , et dès qu’elles furent sur son nez , il eut
l’apparence de la séduction la plus inattendue. Ses petites boucles partaient dans tous les sens , et
c’est William qui la regardait .
Un William qui avait la séduction ténébreuse de Spike.

« Qu’y a t –il , chérie ? » demanda t –il en ouvrant son livre.

« Rien.. je.. As-tu toujours besoin de lunettes pour lire ? »

Sa voix lui sembla rauque , un peu essoufflée. Il l’enveloppa d’un œil curieux , qui se chargea de
chaleur . « Mais oui. Quand j’écris , ou que je lis avec peu de lumière, elles me sont
indispensables. »

Buffy palpitait de désir. Sentait ses ondes brûlantes lui parcourir chaque parcelle de peau , et elle
retint les mots d’amour qui gonflaient dans sa poitrine , qui mourraient dans sa gorge.
Elle ne comprenait pas ce qui arrivait, si ce n’est que Spike , nu, étendu sur son lit avec un livret de
poésie entre les mains , son beau visage paré de simples lunettes qui lui rappelaient son William ,
représentait l’image la plus ensorcelante , la plus bouleversante qu’elle ait contemplée depuis
longtemps.

« Elles te vont très bien, » souffla t -elle . Elle s’installa sur ses cuisses , et déjà ses
mains effleuraient les muscles de son torse alors qu’il eut un haut le corps et que son sexe réagit
aussitôt.

« Cela.. te plaît ? » haleta t –il. Derrière les verres , le bleu de ses prunelles devenait plus sombre.

« Cela me plaira encore plus , quand tu auras commencé à lire.. » murmura t –elle , espiègle. Elle le
caressait lentement , ses mains allant et venant sur la surface superbe de son ventre , et sentait sa
peau frémir , la paroi de son ventre se durcir. Elle descendit légèrement sur ses cuisses , nota avec
une fascination gourmande combien sa verge s’allongeait , se dressait.

Il la regarda avec une incrédulité quelque peu émerveillée , et se raclant la gorge , déchiffra les
premiers vers.

« C’est le matin, plein de tempête, au cœur de l’été. »

« Je ne te gêne pas ? » dit-elle avec sérieux, un leger sourire étirant ses lèvres .
Il écarta un peu l’ouvrage et la regarda. Ainsi installée , à cheval sur ses jambes , elle lui offrait le
spectacle le plus désirable. Tout son corps vibrait à nouveau du désir le plus pur , le plus fou.

Et elle attendait qu’il lui lise des poèmes.

« C’est parfait , amour, » dit-il d’un ton âpre.

« Pour moi aussi, » gémit-elle. « Continue, s’il te plaît.. »

Sa belle voix grave et profonde s’éleva . Elle se laissait bercer par la musique des mots et reprit la
lente exploration de ce territoire délicieux qu’était le corps de son amant.
Sa bouche suivit le tracé de chaque muscle , et grappilla une multitude de petits baisers sous son
nombril.

« Buffy.. ! » Sa voix avait des intonations suppliantes. Elle eut son rire perlé et redressa son visage ,
ses yeux malicieux dansaient de lumière sous ses cils.

« Oui.. » murmura t –elle. La chaleur de son souffle s’approchait de la partie la plus intime de son
anatomie, et Spike reprit bruyamment sa respiration.

« Pour que tu m’entendes.. mes mots s’amenuisent.. Dieu ! » Il sentait les seins de Buffy frotter ses
cuisses , et ses doigts masser l’intérieur, tout prés de son érection. Elle le provoquait et il était
bouleversé de désir , d’amour. « ..parfois, comme les empreintes des mouettes sur les plages, »
continua t –il d’une voix hachée.

« Oui , chéri.. » murmura t –elle , saisissant le sexe tendu , magnifique , gorgée de semence.

« Avant toi, ils peuplèrent la .. solitude.. » Il gémit. « .. que tu occupes, et ils sont plus habitués à
ma tristesse. »

Il eut la faiblesse de regarder vers elle.

La vision de sa bouche pulpeuse autour de sa verge lui fit lever les reins instinctivement. Il
tendit une main vers ses cheveux et ses lèvres s’entrouvrirent sur une prière muette. Une envie
presque douloureuse le paralysait et son cœur battait violemment en lui. Elle le torturait et il
baignait dans l’extase la plus inouïe.

« Encore, chéri, » souffla t- elle , et elle le lécha de bas en haut.
Il réprima un gémissement plus fort , haletant , tremblant.

« Maintenant.. je veux qu’ils disent ce que je veux te dire , pour que.. » Il tint son livre avec plus de
fermeté et ferma les yeux très brièvement. S’efforçant de concentrer son attention sur les lignes qui
se brouillaient , mais s’ ouvrant à toutes les sensations de volupté que les caresses de Buffy
faisaient éclore .
« ..pour que tu les entendes comme je veux que tu les entendes. »


Ses lèvres douces et chaudes s’enroulaient insistant sur l’arête du gland dans un
mouvement de va et vient qui rendait dure la paroi de son bas –ventre et il éprouvait
le besoin de rugir et de crier , non pas de murmurer ces lignes évocatrices. Il enfouit ses doigts
dans sa chevelure , l’incitant à poursuivre. Du bout de sa langue elle caressait son sexe gorgé de
sève sur toute sa longueur , imprimait de petites caresses en cercles , un désir incandescent
se rassemblait là où elle ne cessait de le toucher avec une douceur si passionnée qu’il balbutia son
nom comme une prière , une litanie qui le conduirait plus vite vers l’aboutissement de l’expérience
la plus sensuelle qu’il ait vécue .
« Mais peu à peu mes mots.. se teintent de ton amour.. » Il était pantelant.

Son bras gauche tomba brutalement , le livre ouvert.

Elle le caressait plus vite , le prenait avec une volupté éblouissante , l’absorbait en elle plus
profondément , plus longuement et il soulevait son bassin en rythme avec la chaleur de sa bouche.


« Oui.. oui.. Buffy.. mon cœur.. oui.. » supplia-t-il , éperdu.

Elle ajouta la pression de ses mains à la base de son sexe et il gronda. « Je t’en prie.. je t’en
prie.. »

Elle reprit l’assaut sur sa chair exacerbée , et en même temps leva ses yeux vers lui. Dans les
perles de lumière il crut voir une tendresse si puissante que tout son corps se détendit
prodigieusement et Il fut perdu dans un abîme de sensualité , de bonheur si sauvage qu’il émit
des sons grondants et plaintifs , les muscles de ses reins tétanisés , jouissant dans une vague
violente ,dans une série de spasmes continus , terribles .


La puissance de son plaisir le catapulta dans une stupeur qui peignait son visage d’une incrédulité
passionnée. Buffy posa les paumes de ses mains de part et d’autre de ses joues , la respiration
laborieuse. Elle était bouleversée des émotions qu’il ne cachait pas, de l’humidité perlant à ses
paupières.

« Chut… chut , mon chéri.. »

« Buffy.. »

« Je suis là.. »

Elle vint se lover contre lui , humant l’odeur de sa peau moite , et elle continuait à respirer avec
peine.
Puis elle tendit ses lèvres vers lui tandis qu’il s’inclinait vers elle. Ses yeux bleus étaient troubles ,
ivres.
Elle mit ses mains derrière sa nuque et leurs lèvres se cherchèrent , s’épousèrent .


« Je fais d’eux.. un collier infini.. pour tes mains.. » termina t –il de réciter , sa voix frémissante.

« J’ai aimé ce poème, » murmura t –elle avec un sourire comblé.

« Et moi.. j’ai aimé te le lire, amour, » souffla t –il .


Au bout de quelques instants , il la sentit se détendre complètement contre lui.
« Tu me ramèneras.. demain matin, » murmura t –elle d’une voix ensommeillée.
« Oui, » chuchota t –il.


Sa respiration régulière était un son dont il ne se lassait pas. Elle reposait à moitié sur lui, sa jambe
gauche drapée sur les siennes et une de ses mains repliées sous son menton.

Il attrapa le drap du bout des doigts , prenant garde à ne pas la déranger,puis retira ses lunettes , qu'il posa par terre.
Cette chambre était devenue un lieu précieux pour lui : c’était là où Buffy dans ses bras révélait tous
ses désirs. Là où elle le caressait et lui offrait son sourire glorieux, là où elle murmurait son nom d’une
voix si suppliante et éperdue .


Il pouvait imaginer alors qu’elle lui appartenait complètement. Il gardait sous ses paupières son
visage radieux à la minute où l’extase l’enveloppait , et il s’efforça de chasser les ailes noires et
terribles du doute qui venait constamment recouvrir d’ombre toutes les images sublimes qu’il avait
d’elle. Il la serra plus fort contre lui et embrassa délicatement son front.

Peut-être.. peut-être pourrait-il lui dire combien il l’aimait. Combien il ne pouvait vivre sans elle.
Combien il serait brisé en partant loin d’elle.
Peut-être pouvait-elle lui rendre, un peu, les sentiments qu’elle avait eu pour..

Mais apparemment il n’était pas inoubliable , contrairement à un autre homme dont le seul nom lui
lacérait le coeur. Il ne cessait de s’offrir. Cela n’avait pas suffi cinq ans auparavant , mais cela ne
voulait pas dire qu’il n’ avait aucune chance.. ? Ce soir.. ce soir , il y avait eu tant de chaleur , de
douceur, de passion dans ses yeux clairs.


Comme elle le consumait.. Elle demeurait son éternelle blessure.


Elle bougea légèrement et il crut entendre son nom sur ses lèvres. Le cœur battant , il se tourna un
peu vers elle , caressa ses cheveux, sa joue. Il vit la ligne pulpeuse de sa bouche s’étirer en un
imperceptible sourire et elle souffla encore : « Spike.. » Un sanglot monta dans sa gorge.

Pour l’instant , elle reposait dans ses bras .

A suivre.
Chapitre 23 by Cassiopea
Chapitre 23.


Buffy , Tara et Willow s’étaient donné rendez-vous en ce Samedi en début d’ après-midi et depuis bientôt deux heures qu’elles parcouraient les magasins , leur bonne humeur et leur entrain ne s’étaient pas refroidis. En ce début Décembre , les vitrines devenaient une tentation à laquelle il était difficile de résister . Buffy avait trouvé pour sa mère une écharper en soie rouge vif, ainsi qu’un parfum. Elle avait profité de la présence de ses amies pour les inciter à choisir quelque chose qui leur conviendrait à toutes les deux. Et cela avait pris beaucoup plus de temps que prévu.
Enfin , dans une originale boutique de décoration , elles s’étaient extasié sur une petit lampe au pied peint de dessins orientaux , et le cadeau avait été emballé.

« Je suggère une petite pose, » dit Willow en étouffant un bâillement.

« Une pause du genre alimentaire ? » pouffa Tara en prenant la jeune femme rousse par la taille.
Celle –ci appuya un instant son visage contre l’épaule de son amie .

« Oui, avec chocolat et autres douceurs , » répliqua t –elle. « Qu’en dis-tu , Buffy ? »

Celle-ci était perdue dans la contemplation d’une série d’objets, et ne réagit pas immédiatement. Il y avait quelques jours de cela elle avait évoqué Noël avec Spike et il avait dit avec nonchalance qu’il n’avait pas besoin de chercher ce qu’il tenait à lui offrir.. Mais alors qu’elle lui demandait ce qu’il pourrait lui faire plaisir , il l’avait embrassée avec volupté. Et la conversation avec cessé.
Aujourd’hui elle aurait aimé trouvé le cadeau qui lui conviendrait le mieux, et ce n’était pas facile.

« Oh oui.. oui , bonne idée ! » dit-elle en rejoignant les jeunes femmes. « J’ai besoin de souffler un peu. »

« Et puis même si tu n’as pas fini tes achats , ce n’est pas grave » , souligna Willow. « Noël est encore dans deux semaines. »

« Oui. Mais j’aurais volontiers fait un saut à Victoria Secret. »

« Victoria Secret ? » répéta Tara avec une lueur espiègle. « Alors c’est indispensable. Dès que nous avons repris des forces , nous t’accompagnons. »

Buffy rougit à peine. Elle avait en tête l’achat d’un ensemble de lingerie très révélatrice , et Willow et Tara savaient parfaitement à quoi s’en tenir. Elle s’engouffrèrent dans un café et trouvèrent une table après quelques minutes d’attente. A cette heure de l’après-midi , elles n’étaient les seules à vouloir se réchauffer . Se débarrassant de leurs manteaux , elles prirent place sur la banquette de velours et le petit fauteuil qui étaient disposés autour de la table ronde.
Cet endroit était confortable , sans être d’un luxe écrasant. Ils servaient des boissons chaudes et froides à toute heure , mais leur succès venaient des pâtisseries irrésistibles qu’ils présentaient au moment du goûter.
Willow retira son écharpe et se frotta les mains.

« Quelle fraîcheur ! Ne fait-il pas moins froid d’habitude à cette époque de l’année ? »

« C’est peut-être toi qui es fatiguée, » dit Tara d’un air soucieux. « Je trouve qu’il fait plutôt doux. »

Buffy acquiesça. « Oui , cela n’a rien d’extraordinaire. Mais j’ai quand même besoin d’un chocolat chaud. »

Une serveuse s’approcha et prit leur commande. Avec leur thé et lait chaud , elles ne résistèrent pas et demandèrent trois parts de gâteau au praliné. Quand elles virent arriver les portions énormes, recouvertes de sauce au chocolat , elles furent prises d’un fou rire.

« Ce n’est peut.. peut-être pas la meilleure idée de manger çà avant d’aller dans une boutique de lingerie. »

« Eh bien nous n’irons pas ! » répliqua Willow avec gaieté. « Nous avons très peu déjeuné, pas de culpabilité à dévorer ces merveilles ! »


Buffy contemplait son assiette avec gourmandise et un peu d’incrédulité. Elle ne savait pas si elle pourrait avaler tout cela. Elle songea qu’elle aurait aimé voir Spike la rejoindre. Ils auraient dégusté cela à deux, il lui aurait donné quelques cuillères et l’aurait regardé manger.. A cette pensée d’intenses frissons la saisirent et elle éprouva une envie violente de l’avoir auprès d’elle.
Il n’y avait pas un jour où ils ne se voyaient pas, ne se touchaient pas. Et une après-midi entière loin de lui exacerbait ses désirs. Mon Dieu.. si elle l’osait elle l’aurait appelé. Mais il avait expliqué qu’il consacrait une grande partie de son Samedi à écrire et qu’il avait besoin de toute sa concentration.

Depuis un certain temps elle avait constaté combien son regard devenait absent parfois , combien ses pensées semblaient s’échapper loin du présent qu’ils partageaient. Et cette semaine , il avait expliqué qu’il devait écrire. Devant l’étonnement de Buffy à l’emploi du mot ‘ devait’ , il avait souri , puis expliqué tendrement que l’inspiration était comme un cheval sauvage , capricieux et que , lorsqu’on avait réussi à le dompter pour un temps , il fallait saisit la chance de le plier à ses besoins.
Il avait parlé d’une voix profonde , grave , et elle l’avait écouté , subjuguée. Elle respectait cela , et avait annoncé qu’elle se distrairait avec Willow et Tara.
Imaginant sa bouche sur la sienne , elle porta à ses lèvres le premier morceau de pâtisserie et ses sens furent assaillis de plaisirs au contact de la pâte moelleuse et parfumée.
Elle laissa échapper un petit gémissement.

Tara et Willow échangèrent un regard entendu et cachèrent un sourire. Puis pendant les instants suivants , chacune se plongea dans la dégustation religieuse de ces douceurs .
De l’autre côté de la salle un homme brun aux yeux sombres observait les trois jeunes femmes , et suivait avec fascination la façon sensuelle que déployait la plus éblouissante pour manger .


* * * * * *

Spike se frotta la nuque. Il était satisfait de ce qu’il avait écrit et ferma le document, qu’il archiva dans le dossier intitulé ‘Poésie : 2-Brumes’.
Il se leva et alluma une cigarette puis entrouvrit la fenêtre de son bureau. Pendant plus d’un an et demi il n’avait pas touché un crayon ou son clavier d’ordinateur , et depuis plus d’ un mois , les mots venaient sans cesse , à tout moment , et ne lui laissant pas d’autre choix que d’écrire. Il avait promis à son éditeur une cinquantaine de poèmes pour le recueil , et s’il continuait sur ce rythme , il lui faudrait faire un choix draconien. Mais Buffy ne quittait pas ses pensées , et les poèmes naissaient aussi facilement que les papillons au mois de Mai. Ou les larmes sur les joues d’un enfant malheureux.

Il marchait sur une corde raide. Ne pas oser parler de son amour représentait une souffrance qu’il domptait par les mots. Mais il ne pouvait continuer ainsi .


Il jeta un coup d’œil sur sa montre. Elle avait dû terminer ses achats et serait sans doute bientôt chez elle. Il avait suggéré de retourner au club dansant à Los Angeles , lieu de leur premier vrai rendez-vous. Ils devaient se retrouver au Bronze à sept heures pour prendre un verre.

Peut-être ce soir , dans les bras l’un de l’autre , comprendrait-elle qu’il était devenu le gardien de son âme , il était celui qui l’aimait le plus en ce monde.. Il lui appartenait.
A l’idée de déclarer enfin cet amour qui le tenait éveillé avant l’aube , il éprouva un sentiment de paix et de crainte.

Il décida de relire ce qu’il avait écrit . Il avait encore du temps devant lui.


* * * * * *

Les jeunes femmes ne se décidaient pas à quitter les lieux. L’atmosphère charmante et tranquille les incitèrent à prolonger encore un peu leur pause , puis finalement Tara et Willow se levèrent , expliquant qu’elles allaient en définitive rentrer au campus , ayant encore des livres à étudier pour le Lundi. Buffy les regarda partir avec un sourire heureux. Elles offraient l’image d’une plénitude qu’il était difficile de ne pas admirer. Elle enfila sa veste et s’aperçut que l’après-midi tirait à sa fin et elle tenait vraiment à faire un saut dans la boutique de lingerie. D’un pas rapide elle prit la direction de Victoria Secret et demeura un instant devant la vitrine . Une chemise de nuit au voile blanc arachnéen avait retenu son attention. Sans plus tergiverser , elle entra.

Perdue dans ses pensées , songeant à la réaction de Spike quand elle enfilerait le négligé à la transparence suggestive et à la longueur coquine , elle poussa un petit cri de surprise quand, sortant du magasin , elle rentra de plein fouet dans la poitrine large d’un homme.

« Oh je suis désolée.. ! » balbutia t –elle en relevant ses yeux clairs sur celui qu’elle avait négligemment bousculé. Et fut stupéfaite de reconnaître les prunelles chocolat. Son regard était rempli d’un amusement tendre et elle tressaillit quand elle sentit ses mains qu’il avait placées sur ses épaules pour la retenir. « Angel ? »

* * * * *


Le Bronze était exceptionnellement calme en ce début de soirée et Spike s’installa à l’une des premières tables qui permettaient d’avoir une vue directe sur l’entrée . Il était arrivé pensant être en retard et fut très surpris de constater l’absence de Buffy. Il s’assura auprès du barman qu’elle n’était pas déjà arrivée. Le jeune Frank connaissait la jeune femme qui était venue si souvent avec ses amis, et de nombreuses fois avec Spike.
Mais il affirma qu ‘elle ne s’était pas approchée pour lui dire bonsoir - comme elle le faisait systématiquement avant de prendre place à leur table favorite .

Une demi heure s’écoula et son impatience ne fit que croître. S’y mêlait un malaise insidieux, inexplicable , qui l’agaça et il commanda un whiskies. Il n’avait cependant pas l’intention d’être déraisonnable puisque ils allaient prendre la route. Autour de lui la salle se remplissait de la clientèle du Samedi soir : beaucoup de lycéens , des jeunes de l’Université aussi. Il se cala en arrière sur son siège et alluma une cigarette. Il se donna mentalement le temps de la fumer avant de s’inquiéter officiellement et d’appeler Buffy. Mais elle refusait d’avoir un téléphone portable et il était toujours impossible de la joindre en déplacement.
Il regretta de ne pas l’avoir appelée aussitôt après être arrivé , en constatant qu’elle n’était pas là.
Plus troublé qu’il ne voulait le reconnaître ,il écrasa la fin de sa cigarette dans le cendrier et fouilla l’intérieur de sa veste à la recherche de son propre téléphone. .. pour se rendre compte qu’il l’avait oublié. Se levant avec brusquerie , il allait gagner la sortie quand il croisa une jeune fille qui n’était autre que l’ une de ses élèves , Cynthia.
Elle l’avait reconnu et lui fit un petit signe de la main. Il s’approcha avec un sourire.

« Bonsoir, » dit-il d’une voix mélodieuse qui sembla l’émouvoir.

« Oh, bonsoir Monsieur Kensinton, » souffla Sandra avec un regard timide. « Vous partez déjà ? »

« J’avais rendez-vous avec Buffy, » dit-il. « Mais elle est très en retard , et je m’aperçois que je n’ai même pas mon portable.. » expliqua t –il.

« Oh.. » Elle abaissa les yeux quelques instants puis murmura : « Je peux vous prêter mon téléphone si vous voulez. »

« Oh ? Eh bien oui.. c’est très gentil. » Elle sortit l’appareil de son sac , appuya sur les touches pour le mettre en route. « Tu es avec des amis ? » demanda t –il.

« Oui, mais je suis toujours la première, » expliqua t –elle avec un petit haussement d’épaules. Elle lui tendit l’appareil.


« Merci. J’en ai pour une minute , je suis presque sûr qu’elle est en route et que çà ne répondra pas chez elle, » ajouta t –il avec un petit clin d’œil.

Cynthia hocha le menton en rougissant , et il composa le numéro. Elle l’observa alors qu’il attendait , son beau visage un peu penché. Au bout de plusieurs sonneries , et alors qu’il allait raccrocher , une voix retentit de l’autre côté .

« Angel Crawford. »

Spike crut avoir mal entendu. IL quitta instantanément son attitude nonchalante , et sous les yeux stupéfaits de la jeune fille , tout son corps se tendit , ses épaules devinrent rigides , sa mâchoire serrée , ses narines dilatées.

« Pourrai-je parler à Buffy ? » demanda t –il la voix rauque, contrainte.

Il entendit un mouvement étouffé et Angel ne répondit pas immédiatement. « Je crains que ce ne soit un peu difficile pour l’instant. Elle est.. occupée. »

Spike faisait son possible pour deviner les bruits en arrière-fond , mais seul le souffle haï d’Angel s’entendait à travers l’écouteur. « Je crois même qu’elle est plutôt.. déshabillée. » ajouta t –il avec un rire stupide. « Qui la demande ? »

Blême , le cœur cognant violemment dans sa poitrine , Spike coupa la communication.

« Tiens , je te remercie beaucoup, » dit-il à Cynthia d’un ton fermé.

Elle ne comprenait pas ce qui avait pu se produire. En quelques minutes , elle avait eu devant elle un homme heureux aux yeux gorgés de lumière qui s’était transformé en une créature pétrie de rage, et dont le regard ne contenait plus qu’un éclat froid , presque.. meurtrier.

« Mais je vous en pr.. »

Il partait à longues enjambées et elle le vit disparaître dans un mouvement de grâce féline , sa veste de cuir noir virevoltant derrière lui. Interloquée , elle chercha à imaginer qui avait pu lui répondre.
Etait-ce un autre homme ? Mais quelqu’un pouvait bien répondre au téléphone chez quelqu’un d’autre , sans que cela ne veuille rien dire..

Par la porte un groupe de jeunes gens arrivait et elle agita son bras. Soudain elle n’avait plus envie de s’amuser.


* * * * *


Chez elle , Buffy était au comble de l’énervement. Après la première surprise d’être tombée nez à nez sur Angel et après qu’il ait insisté pour parler avec elle un moment, elle s’était vite rendue compte qu’elle avait eu tort de l’écouter. La conversation avait été des plus froides et impersonnelles de son côté. Cela ne sembla pas le décourager et il murmura à plusieurs reprises combien elle était belle , combien elle lui avait manqué.
A la troisième identique remarque , la jeune femme avait explosé.

« Je ne sais pas pourquoi tu es à Sunnydale, mais je te rappelle que c’est toi qui a pris la décision d’interrompre notre relation il y a un an et demi. Ma vie est différente , je suis heureuse , et tu n’en fais plus partie. »

Angel l’avait contemplée en silence. Debout devant lui , ses yeux verts scintillants de colère , elle était la jeune fille dont il était tombé amoureux dans un passé qui prenait des saveurs amères et douces. Il avait pris son amour pour quelque chose de naturel et avait couru derrière l’illusion d’une vie plus palpitante à Los Angeles. La revoir lui permettait de mesurer ses erreurs , s’il en était vraiment besoin. Il reconnut en son for intérieur que les whiskies qu’il avait avalés en la regardant avec ses amies , plus celui qu’il avait pris alors qu’elle avait accepté de s’asseoir quelques instants avec lui, n’arrangeaient pas son état.

« Partir a été .. stupide, » reconnut-il. « Mais à l’époque j’étais persuadé que notre couple ne pouvait pas aller plus loin.. »

« Et tu avais raison, » assénât –elle. « Les derniers mois nous n’avons cessé de nous éloigner l’un de l’autre. »

« Cela veut dire que tu ne regrettes pas ? » questionna t –il , son regard soudain voilé.

Elle réprima un soupir d’agacement. Comment faire comprendre à Angel sans être délibérément désagréable , que son départ et sa trahison avaient plus ébranlé sa confiance en elle que malmener son cœur ? Et même si pendant les mois qui avaient suivi leur séparation elle s’était renfermée , blessée et amère , elle savait maintenant la saveur de l’amour véritable et cela ne pouvait pas se comparer aux sentiments un peu naïfs et aux instants de bonheur tiède qu’ils avaient partagés.

Non , l’amour , le seul amour était celui qu’elle connaissait quand elle se noyait dans le bleu des yeux de Spike, quand il lui promettait une éternité de baisers et la chaleur sûre de ses bras chaque fois qu’elle en avait besoin, quand elle trouvait le sommeil contre sa poitrine , écoutant battre son cœur, écoutant le son le plus magnifique qu’étaient les battements réguliers d’un cœur fervent.

Elle se leva avec brusquerie , d’une impatience soudain brûlante de poser sa joue contre l’épaule de l’homme qu’elle aimait.. et qui l’ignorait encore.
Que faisait-elle là ? Que faisait –elle à écouter des regrets inutiles alors que son William ne savait pas qu‘elle mourait d’amour pour lui ?

Elle ramassa ses affaires et balbutia : « Je dois te laisser. Il est vraiment tard. »


Il se leva à son tour et elle nota son pas mal assuré , grimaça.

« J’ai une journée bien remplie, j’ai hâte de rentrer chez moi, et je dois me préparer pour sortir, » fulmina –elle. « Es-tu en voiture ? Es-tu chez ton père ? »

« Oui, ma voiture est dans le parking. Je peux te déposer chez toi ? » dit-il avec une mine qui avait perdu de sa superbe.
« Cela m’arrangerait, » reconnut-elle arrangeant ses nombreux paquets. « J’étais avec Willow et Tara mais elles sont reparties. »

« Je sais.. je vous ai vues , tout à l’heure. »

Elle le regarda d’un air soupçonneux. « Tu m’espionnais ? »

« Abso.. absolument pas ! » se récria t –il la main sur le cœur. « J’étais là par hasard.. pour me changer les idées.. » L’expression de son regard devint plus sombre. « Et j’étais déjà chez Shutters quand vous êtes arrivées. »

« Alors cela signifie que tu m’as suivie ensuite ? »

Elle gagna la sortie en marchant d’un pas vif et il courut pour être à sa hauteur. « Non.. ! »
Elle lui lança un œil flamboyant. « Bon.. oui. Mais cela fait si longtemps , Buffy. Je voulais te parler un peu.. il n’ y a pas de mal à çà. »
« Nous avons parlé, tu m’as vue , je t’ai vu , maintenant j’apprécierais beaucoup que tu me déposes à la maison car je suis terriblement en retard . »


C’est elle qui avait pris le volant une fois qu’il avait avoué avoir beaucoup bu. Et Buffy avait dû conduire sur la chaussée mouillée par une pluie battante , elle qui redoutait par dessus tout de se tenir derrière le volant dans n’importe quelle circonstances. Devant son appartement , force lui fut de constater que le grand avocat Angel Crawford n’était guère en état de se rendre de l’autre côté de la ville dans le quartier luxueusement résidentiel où vivait son père.

« Buffy, » avait-il dit d’une voix sourde. « Tu dois te préparer pour une soirée avec.. un homme ? »

« Oui. » dit-elle en levant les yeux aux ciels. « Et il est plus de sep heures moins le quart à présent, alors dis-moi que tu vas être raisonnable et appeler un taxi ? Tu viendras reprendre ta voiture demain matin ? »

« Je le connais ? » demanda t-il , les yeux rétrécis.

« Peu importe ! » Elle descendit .

« Tu ne m’as pas demandé pourquoi j’étais là ce week-end.. » reprit-il en passant une main sur son front. Tout à coup elle fut frappée par son allure abattue. « Je venais voir papa.. Il est atteint d’un cancer , et il est en phase terminale et.. » Sa voix trembla. « Je ne veux pas aller chez lui. La maison est vide. J’ai passé une partie de la journée à l’hôpital et ensuite je suis allé faire un tour. »

Le cœur de Buffy se serra. Elle avait fort peu rencontré Benjamin Crawford, mais se souvenait de lui comme d’un homme affable , à l’apparence un peu austère. Il n’avait pas soixante ans , sans doute.

« Mon Dieu.. Angel , je suis désolée, » souffla t –elle. « Veux-tu monter ? Tu te reposeras un instant et tu appelleras une voiture. »

Et c’est ainsi qu’ Angel se retrouvait assis dans son canapé au milieu de son salon , alors qu’elle se précipitait dans la chambre pour enlever ses chaussures et sortir la robe, un fourreau rouge , qu’elle avait sélectionné. Elle appela en vain Spike chez lui et pensa qu’elle avait dû le manquer de peu. Quant à son portable , il se mettait obstinément sur la messagerie.

« Ecoute », dit-elle à Angel qui était visiblement sous le coup de multiples émotions sans compter l’effet des verres d’alcool successifs , « Il y a un hôtel à deux pâtés de maisons. Si tu sens mieux dans une heure , tu n’as qu’à t’y rendre. Je vais me doucher. »

Il la regarda avec une faim douloureuse et elle maudit la faiblesse qui l’avait faite accepter de s’asseoir en face de lui un peu plus tôt dans l’après-midi. Il la regarda partir et respira l’effluve de son parfum.
Elle allait rejoindre un homme.. un homme chanceux, dont il avait tenu la place il n’ y avait pas si longtemps de cela. Mesurait-il son bonheur ? Connaissait-il le trésor que représentait Buffy Summers ?
Il se leva d’un pas chancelant et se posta devant la fenêtre où l’eau ruisselait. Sa nuque était douloureuse et jamais il ne s’était senti aussi désemparé. Les heures passées au chevet de son père avaient été si épuisantes. Il aperçut plusieurs bouteilles rangées soigneusement sur la banque qui séparait le salon de la cuisine et , ouvrant au hasard un placard , saisit un verre qu’il remplit aux trois quart.

L’alcool apaisait son tourment. Assis sur le fauteuil , la tête renversée sur le coussin , il entendait encore le bruit de la douche.
Buffy..
Sa Buffy se faisait belle pour les attentions d’un autre.
Il éprouva une douleur violente et eut un rire désabusé. A cet instant le téléphone sonna.

« Angel Crawford, » dit-il la voix un peu pâteuse, après plusieurs sonneries insistantes.

« Pourrais-je parler à Buffy ? » demanda une voix masculine profonde , après quelques secondes de silence.


Il venait de reposer l’appareil sur son socle quand il entendit la porte de la salle de bain s’ouvrir.
Un mal de tête lancinant lui broyait les tempes.
Quelques instants plus tard , une Buffy éblouissante de beauté fit son apparition sur le seuil de la pièce.Il cligna des paupières et la regarda s’approcher.
« Tu es superbe, » balbutia t –il. Il voulut reprendre son verre et le manqua. Celui vint rouler à terre sur l’épais tapis. Dieu merci , il était vide.

« Et toi tu es ivre, » répliqua t –elle , exaspérée. « Angel, tu devais être raisonnable. Que vais-je faire de toi maintenant ? Je suis plus qu’en retard , il fait un temps affreux , et tu n’es pas en état pour rentrer ! »

Elle se tint une minute devant la fenêtre. La pluie avait l’air de se calmer un peu mais elle se demanda s’il était bien raisonnable d’aller jusqu’à Los Angeles. Et Spike devait vraiment demander ce qui lui était arrivé, elle n’avait jamais plus d’une demi heure de retard. Elle saisit le téléphone et composa encore le numéro de son portable. Pourquoi , mais pourquoi ne répondait-il pas ? Et si il avait eu un accident avec cette pluie ?

Elle essaya de se calmer . La présence d’Angel, affalé au milieu du sofa , ne lui facilitait pas les choses.

« Oh.. quelqu’un vient d’appeler, » murmura t –il. « Un homme.. Peut-être que c’était ton rendez-vous ? » Il avait les yeux troubles et son haleine était décidément désagréable. Mais elle tressaillit en entendant les nouvelles.

« A t –il précisé qui il était ? » demanda t –elle en se penchant un peu vers lui , essayant de capter son regard. Elle avait le terrible pressentiment que c’était Spike.

« Non.. » pouffa t – il avec un hoquet. « Il a demandé à te parler.. et je lui ai dis.. Hic ! » Il mit une main devant sa bouche , confus. « Je crois que j’ai vraiment ab.. abus.. abusé ! »

« Oh , mais qu’ as tu dit ? » s’écria t – elle en se redressant et en saisissant une veste de velours noire qui complétait admirablement l’ensemble.

« Que tu n’étais pas disponible. » Sur un dernier hoquet , il sembla s’évanouir.

Buffy était persuadée qu’il s’agissait de Spike. Il avait dû s’inquiéter , avait dû vouloir connaître la raison de son retard. Et il avait entendu.. Mon Dieu.. Angel avait-il dit son nom ?

Affolée , elle essaya de le secouer. Mais l’alcool semblait avoir définitivement eu raison de lui et il dormait . Elle arracha une feuille au bloc de la cuisine et griffonna quelques mots. Elle lui demandait de rentrer où bon lui semblerait dès qu’il se réveillerait, qu’elle ne voulait pas le trouver chez elle le lendemain matin , et qu'il remette les clés de son appartement à la voisine du premier , qui en avait l'habitude.
Puis elle partit en claquant la porte. Les murs tremblèrent , mais Angel ne broncha pas.


* * * * * *

Spike demeura un temps indéterminé assis dans sa voiture , les mains crispées sur le volant. Il ne pouvait pas croire que Buffy l’ait oublié pour accueillir Angel. Il gardait les yeux fermés et tentait de calmer le sang qui battait à ses tempes.
Mais la réalité était là . Elle l’avait conduit dans sa maison. Ils étaient chez elle , tous les deux.. Son premier instinct avait été de conduire et de les confronter. Puis il n’en eut pas la force.
Il n’en avait pas la force.

Dans son esprit tourmenté cette nouvelle prenait l’aspect d’une vague immense , noire , grondante , qui balayait son courage.

Il songea que si Buffy ouvrait la porte .. et qu’il trouve Angel confortablement installé.. satisfait.. il serait capable de le tuer.
La douleur affluait en vagues toujours plus puissantes et il réprima un gémissement de détresse.
Il étouffa les protestations de son cœur qui lui chuchotait que Buffy ne pouvait pas le trahir ainsi.

Les mains accrochées au volant , il appuya sur l’accélérateur , indifférent à la pluie qui noyait la chaussée. Dans un crissement de pneus, la voiture bondit sur l’asphalte luisant.


A suivre.
Chapitre 24 by Cassiopea
Chapitre 24.



Quand les choses commençaient à aller mal , il devait exister une force surnaturelle qui veillait certainement à ce qu’elles ne retrouvent pas leurs cours normal , songeait Buffy , après avoir passé plusieurs minutes désespérantes à tenter de faire démarrer sa voiture. Sans doute, celle-ci n’étant pas utilisée avec régularité , avait décidé qu’il n’était pas question qu’elle obtempère au moment où Buffy en avait vraiment besoin.
La jeune femme remonta dans son appartement , et même la vision de Angel allongé sur son sofa , le nez en l’air , émettant des bruits peu flatteurs , ne lui arrachèrent guère qu’un mince sourire.
Elle appela le club et on lui dit que Spike Kensington était bien venu mais était reparti depuis un bon moment. Elle avait la confirmation qu’il avait dû rentrer chez lui , persuadé qu’elle avait osé l’abandonner pour accueillir Angel. A contrecœur, elle quitta ses jolies escarpins pour une paire de chaussures plus plates et confortables , mais ne prit pas le temps de changer de tenue. Elle essaya en vain d’appeler un taxi. On lui répondit que le premier ne pourrait guère venir avant une bonne demi-heure , beaucoup de monde ayant apparemment de les utiliser , et cela s’expliquait sans doute par le mauvais temps.
Elle décida de se rendre à pied chez Spike , bien décidée à ce que la soirée ne soit pas entièrement perdue.


A travers les rues presque désertes , sous la pluie éparse , elle fit son chemin jusqu’à l’appartement. Inquiète , bouleversée de la réaction qu’il avait pu avoir , s’imaginant sans doute les pires choses songea t –elle , elle resserra les pans de sa veste autour d’elle dans un effort de se préserver du froid. Il était bientôt huit heures et demi, et elle éprouvait une angoisse insidieuse. Quand elle arriva en vue de l’appartement du jeune homme , notant immédiatement l’obscurité qui semblait y régner , elle fut prise d’un accès de colère redoublée envers Angel, sans qui rien de tout cela ne serait arrivé.
Elle suivit avec précaution l’allée qui menait à la porte d’entrée et tambourina avec force , sans considération pour les habitants du premier.
Avec un peu de chance , ils seraient absents , profitant de leur samedi soir. Malgré ses coups répétés , personne ne répondit. Il ne pouvait pas s’être rendu à Los Angeles sans elle , même par dépit. Et elle n’imaginait pas qu’il soit derrière la porte , refusant d’ouvrir.
Tout à coup épuisée , indécise , et au bord des larmes , elle se laissa aller contre le montant de bois , glissant doucement vers le sol, sans prendre garde à sa robe . Elle ne bougerait pas de là tant qu’il ne reviendrait pas , dut-elle passer la nuit dans une obscurité entrecoupée par les éclairs d’un orage qui grondait à l’Ouest, sous la pluie et le vent. Il était temps que Spike Kensinton comprenne la place qu’il tenait dans son existence.


* * * *

Spike avait conduit plus d’une heure dans les alentours de la petite cité , ne se décidant pas à rentrer . Essayant de se calmer. D’analyser la situation.
Puis une flambée de rage et d’incompréhension plus forte le ramena aux alentours de l’appartement de Buffy. Il conduisit lentement à l’approche de sa rue , le cœur battant terriblement fort .
Le long du trottoir , sous l’éclairage d’un lampadaire , il reconnut la silhouette de la voiture . La fenêtre du salon , rectangle de lumière aveuglante dans la nuit, lui fit comprendre qu’il avait eut tort d’écouter le moindre souffle d’espoir insensé qui avait creusé son chemin depuis son cerveau jusqu’ à son âme tourmentée.

Un chagrin et le sentiment d’une injustice terrible lui donnèrent soudain l’impression d’être revenu cinq ans en arrière , quand il devait se contenter d’instants volés auprès de Buffy , avant qu’elle ne revienne dans les bras d’Angel.

Toutes les dernières semaines n’avaient-elle été qu’un mensonge ? Une illusion qui avait nourri ses rêves ?

Cette fois , quand il fit demi tour en direction de chez lui, il ne dépassa aucune limitation de vitesse.

IL abandonna sa voiture le long du trottoir , sachant parfaitement qu’il retrouverait une amende pour stationnement interdit le lendemain , mais à cette minute , des oiseaux auraient pu tomber du ciel par milliers et cela n’aurait eu aucun effet sur son état moral.
Il marchait la tête penchée , indifférent à la pluie qui mouillait ses vêtements. Fouillant la poche de son pantalon , il n’aperçut qu’au dernier instant Buffy qui s’était relevée vivement à son approche.
Malgré la joie insensée qui inonda son cœur , un autre sentiment balaya toute l’émotion première et il la couva d’un regard froid.

« Tiens, par quel hasard te retrouves-tu ici, alors que nous avions rendez-vous il y a bientôt trois heures ? » lança t –il sarcastique.

« J’ai une explication pour mon retard , et si tu n’avais pas obstinément fermé ton portable , tu aurais pu la connaître ! » répliqua t –elle avec hargne.

Il parut étonné de sa réaction virulente , et la trouver là avait un caractère si inattendu qu’il ne répliqua pas immédiatement. Il saisit son trousseau de clés , cachant le tremblement de ses mains alors qu’elle se tenait à ses côtés.
Sa proximité , alors même qu’il songeait quelques minutes avant qu’elle devait baigner dans le bien-être procuré par la visite surprise de son premier amour , le plongeait dans le désarroi , le bonheur , la crainte.

Sans un mot , il commença à faire pénétrer la clé dans la serrure.
« Je ne veux pas d’une explication qui a pour nom Angel Crawford ! » dit-il en élevant la voix .


« Tu es au courant, bien sûr ! » dit-elle en faisant quelques pas. « J’ai rencontré Angel en fin d’après-midi en terminant mes courses , nous avons discuté un moment et c’est là que tout a commencé à aller de travers.. »

« Je t’en prie ! » ricana t –il. « Epargne –moi les retrouvailles romantiques et les excuses toutes prêtes . Vous ne vous êtes pas parlés depuis plus d’un an , il avait tant de choses à te dire, et vous avez fini à ton appartement ! »

Son visage était un masque de rigidité outragée et ses yeux contenaient un feu à la fois méprisant et désespéré qu’elle n’ y avait jamais vu. Elle avala sa salive et se dit que les choses étaient plus.. délicates qu’elle ne l’avait prévu.

« C’est à peu prés çà, » affirma t –elle , et elle le vit tressaillir. « Pour ce qui est de se retrouver à la maison , c’est tout simplement parce qu’il avait bu quelques verres et se trouvait incapable de conduire. Il est juste monté pour.. »

« Pour te faire connaître le goût de ses baisers et la chaleur de ses étreintes , » coupa t –il avec une colère qui trahissait mal le sentiment de trahison qui le rongeait.
Devant l’air interloqué de Buffy , il continua : « Tu avais plus d’une demi heure de retard au Bronze ! J’ai appelé et c’est lui qui a répondu ! Et il s’est empressé de me dire que tu n’étais pas disponible, et que tu étais même déshabillée ! »
Il avait prononcé ce dernier mot comme s’ils s’agissait de la trahison la plus infâme, et la contemplait avec une arrogance et un air de défi qui semblait dire : « Crois-tu vraiment que tu peux te défendre ? »

Outrée qu’Angel ait pu insinuer pareille stupidité , en proie à une colère mêlée d’incrédulité comprenant que Spike pouvait donner foi à la parole malheureuse d’un autre homme , ses yeux prirent un éclat flamboyant , avec une seule idée sur le cœur :
Comment pouvait-il montrer si peu de confiance en elle, après les merveilleuses semaines passées ?

« Angel avait bu ! Il était à moitié ivre quand il a pris le téléphone ! »

« Ah oui ? ce n’était pas évident à entendre ! »

« Et si j’étais déshabillée , c’est parce que j’étais sous la douche ! » asséna-t –elle. « Mais tu es en train d’insinuer que j’ai accueilli Angel comme si je n’avais pensé qu’ à retrouver ce que nous avions lui et moi ? » demanda t-elle d’une voix dangereusement calme.

« Je crois ce que tu as avoué ! Et il y a peu de temps encore c’est toi qui expliquais à Jenny que tu ne pouvais pas oublier Angel. »



« Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda t –elle , plus énervée que jamais. Son regard s’éclaira et s’assombrit aussitôt. « Tu as entendu.. Tu as entendu ce que je révélais à Jenny à propos d’Angel, et comme tu n’ as pas écouté la totalité de ma phrase , tu en as tiré tes propres conclusions.. »

Elle secoua la tête et fit quelques pas avec agitation. « Tu es.. tu es insensé ! »


« Ah oui ? Comment aurais-tu réagi à ma place si Drusilla t’avait répondu au téléphone chez moi , alors que nous étions censés avoir rendez-vous ? » rugit-il. « Je suis parti conduire pendant plus d’une heure après avoir quitté le club , parce que je ne pouvais pas croire que tu m’aies abandonné.. »

Sa voix craqua. Il se détourna et ouvrit la porte , elle le suivit et referma derrière eux avec une violence surprenante.
Ils étaient dans le hall d’entrée et leurs vêtements perlaient de pluie. Mais ni l’un ni l’autre n’y prêtaient attention.

« J’ai ouvert ma maison parce qu’il n’était pas en état de reprendre sa voiture, » gronda t –elle.
Elle s’avançait vers lui , sa chevelure humide entourant son visage où des traces de mascara adonnaient ses joues pâles.
Ses yeux verts scintillaient , ses lèvres tremblaient, mais tout son corps vibrait.

Il sentit son dos heurter le mur et la regarda alors qu’elle ne lui avait jamais apparu si éblouissante , fière , blessée , mais avec une telle passion illuminant tous ses traits qu’il ne savait s’il fallait rire ou pleurer. « Et je me suis dépêchée de me faire belle.. pour toi ! » dit-elle avec force .
« Parce que je savais que tu t’inquiéterais ! parce que c’est toi que je voulais retrouver !»

« Buffy.. »

« Et toi tu ne comprends rien ! Tu t’imagines que je te trahis ! »

« Buffy.. » gronda t –il , la mâchoire tendue.

« Comment peux-tu ! » cria t- elle avec une fureur qui aiguisa en lui un désir sauvage et violent.

« Parce que je ne sais pas..Parce que tu ne m’as rien dit.. ! » prononça t –il d’une voix rauque , la mâchoire serrée , ses narines frémissantes.

« Tu es un idiot ! » sanglota t –elle en le giflant.

IL fut sur elle en une minute , la saisissant aux épaules , toutes les heures d’inquiétude et de douleur broyant ses entrailles.
« Et toi tu me tourmentes sans cesse, » râla t –il. « Pourquoi ? Pourquoi as-tu dis alors que tu ne pouvais pas oublier Angel ? »

« Angel demeure dans un passé qui m’ a servi de leçon. Ce que je n’ai n’oublie pas, c’est qu’il ne m’ a jamais donné la passion dont j’ai toujours rêvée.. ! »

Il la dévorait de ses prunelles bleues noyées d’émotion, ses mains crispées sur les épaules de Buffy qui se dégagea .
«Et toi… Toi tu me l’as offerte. Je t’aime ! » cria t –elle. « Je t’aime follement , désespérément.. et si.. et si tu es trop aveugle pour.. »

Spike fut emporté par les vagues d’une explosion de bonheur si écrasante qu’il sentit ses poumons prendre feu.
Elle s’était détournée et il la ramena contre lui , la pressant contre son torse avec une ardeur douloureuse. « Qu’ as-tu dis ? » croassa t –il. « Répète .. répète ce que tu viens de dire. »

« Je t’aime, Spike.. William.. » Des larmes glissaient sur ses joues et il y posa sa bouche puis continua à parsemer tout le visage aimé , le cou, de minuscules baisers.

« Encore.. » pria t –il d’une voix rauque. « Encore , amour.. »
Il la tenait contre lui, pétrissait ses hanches , mordillait son cou , haletait dans la chaleur humide de sa gorge .

« Comment çà, encore ? » s’insurgea t –elle en cherchant à se débattre. Elle offrait son âme , son cœur, comme jamais elle ne l’avait fait , et il ne songeait qu’ à se griser de ses déclarations ?

Il eut un rire chaud , profond, l’empêcha de s’en aller et la plaqua entre lui et la porte d’entrée.
Leurs corps produisirent un bruit mat .

« Oui.. Répète-moi que tu m’aimes.. que tu n’aimes que moi.. » Il captura sa bouche entrouverte avec férocité et elle gémit sous l’assaut fiévreux. « Je t’aime, » gémit-il, le souffle court. « Je t’aime comme un fou.. depuis toujours.. depuis le premier instant, chérie. »

Cette fois c’est elle qui eut un sourire si lumineux , glorieux, qu’il pensa que ses jambes allaient se dérober sous lui. « J’ai cru que je pouvais vivre sans toi, » chuchota t –il , leurs fronts l’un contre l’autre. « Et je suis revenu parce que je mourrais loin de toi.. »

« Spike.. Mon Dieu.. je.. j’avais peur que tu ne veuilles qu’une relation physique , après.. après que tu sois parti il y a cinq ans. Mais j’avais tant besoin de toi.. William.. tu es William aussi, » sanglota t –elle.

« Oui, amour.. William est toujours là.. et c’est lui aussi que tu as rendu fou d’amour.. »

Leur étreinte prit un caractère sauvage , effréné. Ils se dévoraient mutuellement , leurs bouches affamées, gourmandes , et leurs ventres se caressant. Elle devenait pliable , il grondait et l’embrassait avec une possessivité presque brutale. D’un mouvement saccadé , il l’aida à enlever son manteau tandis qu’il retirait sa propre veste.

Quand il y admira le corps de Buffy drapé dans le fourreau de soie rouge que l’humidité collait à sa peau , la pointe visible de ses mamelons raidis , il eut un rugissement de satisfaction.
Leurs respirations laborieuses , ils se contemplèrent. Il mourrait de sentir sa chair contre la sienne. Elle ouvrit sa chemise avec fébrilité , posant ses paumes fraîches sur la poitrine musclée qui se soulevait à un rythme rapide.

Dans une frénésie , il termina de se déshabiller et , écrasant son corps nu , musclé contre elle , la hampe engorgée de son sexe se logeant contre le ventre de Buffy , il prit ses lèvres bouche ouverte , lascive.
Quand elle fut à bout de souffle , il s’écarta à peine et s’agenouilla , saisissant les pans de la robe , les faisant remonter avec lenteur le long de ses jambes. Elle n’eut pas besoin qu’il parle pour placer ses mains sur les siennes et maintenir le vêtement au dessus de sa taille. Haletant et brûlante , elle attendait. Il arracha la dentelle arachnéenne de son slip et de sa langue fouilla son intimité avec impatience.
« Oui.. » soupira t –elle. « Viens.. viens.. »
Il se redressa , écrasa à nouveau sa bouche contre celle de Buffy qui goûta la saveur de son propre sexe sur lui et , s’accrochant à son cou , elle releva une jambe contre sa hanche , s’offrant .

Il prit possession d’elle dans un mouvement profond , fervent.

Elle s’agrippait à ses épaules , son visage enfoui , bercé contre la peau nue , et il la baisait avec une cadence lente et profonde , pénétrant plus loin , plus longtemps au cœur de son intimité .

« Je t’aime.. Je t’aime , amour.. mon cœur.. » gémit-il .

La sensation d’être en elle et de pouvoir enfin murmurer les mots d’amour qu’il gardait en lui depuis ce qui lui semblait une éternité ne ressemblait à rien de ce qu’il avait vécu.
C’était une expérience d’une pureté et d’une intensité extraordinaires et il était sur le seuil d’ une émotion si bouleversante qu’il paniqua brièvement , se demandant s’il ne rêvait pas.


Mais la chaleur du souffle de Buffy contre son cou, ses petites mains qui enserraient son dos , ses jambes qui comprimaient sa taille , ses hanches qui ondulaient voluptueusement , la chaleur liquide et soyeuse de son sexe autour de sa verge, ses halètements, tout cela était bien réel.
Buffy sentait son orgasme brûler le bas de son ventre et bougea son bassin plus vite.

« Oh Dieu.. tu vas me faire jouir.. » murmura t –il . Leurs lèvres s’épousèrent et leurs langues se rejoignirent dans une danse voluptueuse. « Oui .. Oui…Buffy.. oui.. »

« Spike.. je t’aime.. je t’aime. »
« Je t’aime.. Buffy. »
Il rugit alors qu’elle accueillait en elle une jouissance fulgurante et sanglotait son plaisir contre sa bouche. Il la pénétra encore avec ferveur, ses yeux intensément clos pour savourer l’exquise sensation , et , dans un dernier sursaut de passion , la garda contre lui , en lui, lorsque leurs corps tombèrent lentement vers le sol , vacillants, comblés.


* * * * * * *

Angel jeta un œil sur le rétroviseur de sa voiture. Dire qu’il avait une mine peu réjouie était peu dire. Il s’était permis de regarder dans le placard de la salle de bain de Buffy pour trouver de quoi apaiser son mal de tête lancinant. Puis il avait découvert le petit mot écrit de sa main , et était parti en prenant soin de laisser les clés à la voisine.
Il passa une main dans ses mèches noires , soupira.
Pouvait-il avoir offert une image plus pathétique ? se dit –il.
L’alcool avalé la veille lui avait laissé un goût très amer dans la bouche , mais ce qui le consternait davantage était bien l’impression qu’il avait donnée à Buffy. L’avoir revue pendant quelques instants avait été une joie et une souffrance , mais une chose était claire : elle ne regrettait pas son départ et avait visiblement reconstruit son existence de la manière la plus agréable.
Et elle était amoureuse. Cela était si évident , dans la façon qu’elle avait eu de se préparer. Il éprouva une flambée de jalousie et de remords . S’il était honnête avec lui-même , il reconnut qu’il avait pensé la découvrir solitaire , vivant sur les souvenirs de leur relation.
Pour lui, elle demeurerait toujours Buffy, une jeune femme extraordinaire qu’il n’avait pas su mérité.

Il était neuf heures et il avait besoin d’un café bien fort. Il démarra lentement sa voiture , se disant qu’il trouverait bien un Café express dans le quartier. Ensuite , une bonne douche et un passage à l’hôtel serait nécessaire, avant de partir passer une heure ou deux auprès de son père. Ce week-end à Sunnydale pouvait-il devenir plus détestable ?

Oui.
Mais il ne le savait pas encore.


* * * * * * * *


Un soleil insolent s’était levé , baignant la ville et les alentours d’une lumière scintillante d’humidité après la pluie et les orages de la veille. Une fraîcheur parfumée embaumait les abords immédiats de l’appartement de Spike , et le chant de quelques oiseaux paraissaient incongrus en cette saison.
Après leur début de soirée mouvementée , le couple avait passé les heures suivantes dans une euphorie douce et rêveuse , pelotonnés l’un contre l’autre dans le grand lit. Le sommeil les avait pris presque par surprise, et c’est Spike qui s’était réveillé le premier , le cœur battant , rempli d’une joie indicible qu’il mit quelques secondes à comprendre.
Puis ses yeux découvrirent le corps alangui de la femme qui occupait la moindre de ses pensées, et tout lui revint en mémoire.
Après avoir passé un temps indécemment long sous une douche brûlante , Ils avaient eu du mal à maîtriser leur fou rire devant le spectacle de Buffy qui avait enfilé le jean le plus petit que Spike pouvait posséder . Il avait fallu ajuster la taille avec une ceinture. Mais Buffy avait préféré cela au risque de découvrir Angel encore endormi sur son canapé.
Par contre la chemise blanche , sans soutien-gorge , qu’elle avait ensuite passée , alluma une telle flambée de désir dans le regard de velours de Spike qu’elle dû presque se fâcher pour qu’il ne la déshabille pas à nouveau.

« J’ai une faim de loup, » dit-elle , sa bouche faisant une petite moue. « Alors même si tu me trouves à ton goût, la priorité est de me nourrir. »

« Tu es plus qu’ à mon goût.. » ronronna t –il. « Tu es irrésistible , dans mes vêtements.. sexy.. superbe.. prête à être séduite et .. consommée. »

Il haussait un sourcil suggestif, plaçait sa langue entre son palais et ses dents et elle s’enfuit en courant dans le couloir. Il la rattrapa dans l’entrée , et la prit contre lui.

« Je t’aime, » murmura t –il , les yeux chargés de la dévotion la plus émouvante.
Il lui prit les lèvres doucement , forçant l’ouverture , caressant sa langue avec la sienne. Elle gémit , lui rendit ses caresses avec abandon.
« Je t’aime, » répondit-elle , ses yeux brillants. « Spike. »

Il songea brièvement que là aurait été l’instant idéal pour expliquer qu’il était contraint de bientôt quitter Sunnydale. Mais son cerveau reniait toute possibilité de détruire l’harmonie de ce matin paradisiaque.
Il se promit qu’il le ferait. Plus tard.

Leur baiser était lent , d’une sensualité maîtrisée , et elle sentit des larmes sous ses paupières .
« Je t’aime, » répéta t –elle, alanguie. Il répondit par un sourire heureux.

Définitivement plus tard.



Le café Express était presque désert . Réfugiés dans un coin de la salle , ils commandèrent tout ce qu’il était possible , et la serveuse les couva d’une expression amusée quand elle apporta les pancakes , l’omelette , le sirop d’érable , le pot de café , les petits pains , et du jus de fruit. Buffy offrit un spectacle des plus divertissants pour Spike qui ne se lassait pas de la voir si gaie et détendue.
Assis l’un à côté de l’autre sur la banquette de velours rouge , il passait souvent une main le long de sa cuisse , et exigeait un baiser avec une régularité de métronome.
Elle portait sur les épaules un pull à lui, mais il pouvait apercevoir par le décolleté de la chemise l’arrondi d’un sein.
Quand elle eut terminé de manger , elle se laissa aller contre lui , soupira , une main sur son ventre. Il inclina son visage vers elle, frottant son nez dans ses mèches dorées, soyeuses.
Le bonheur le plus exquis , se dit Spike , revêtait souvent un caractère d’une grande simplicité.
C’était d’être assis , dans cet endroit ordinaire, auprès de la femme de ses rêves, alors que le soleil créait de petites taches de lumières sur la transparence de sa peau.

« Es-tu seulement capable de marcher ? » sourit-il contre son cou.

« Non.. » murmura t –elle.

« Et comment penses –tu que nous allons rentrer à l’appartement ? » dit-il en mordillant son oreille.
Elle se tourna davantage vers lui et posa une main sur sa poitrine.
« Tu pourrais me porter.. »

« Après ce que tu as avalé ? Je risquerais de me faire un tour de rein. »

Elle haussa les épaules , sa bouche s’incurvant avec espièglerie.

« Tu es méchant.. »

« Mmm.. non , réaliste. »
Elle fit semblant de lui donner un petit coup de poing et il le saisit dans sa main , tandis qu’il capturait ses lèvres. Après une minute d’un baiser profond , elle se recula un peu , haletante.

« Spike.. tiens-toi bien.. » Il eut un sourire carnassier, une lueur lascive rendit le bleu de ses yeux plus sombre. « Je mœurs de désir , mon cœur, » dit-il d’une voix très rauque. « Mais si tu me dis encore que tu m’aimes , je pourrais faire un effort .. de comportement. »

« Je t’aime , Spike Kensinton . »

Une telle stupeur émerveillée se répandit encore sur les traits harmonieux du visage de Spike qu’elle caressa sa joue. « Je t’aime de tout mon cœur , de toute mon âme, » chuchota t –elle avec une gaieté pure.

« Dieu, je suis fou de toi, » gémit-il , la prenant dans ses bras.

Elle rit quand il commença à l’emporter.

« Il faut payer, » dit-elle à voix basse dans son oreille.
« C’est déjà fait, » répliqua t –il. « Au-revoir, et merci ! » lança t –il à la serveuse qui les regarda partir en secouant la tête.

« Oui, au-revoir ! » s’exclama Buffy en faisant un petit signe de la main dans sa direction.

Sur le trottoir , elle se laissa aller en arrière, ses cheveux cascadant . « Oh, c’est si bon .. ! »

« Et je n’ai encore rien fait, » dit-il d’une voix arrogante.

La rue qui les ramenait vers l’habitation de Spike était encore calme à cette heure du jour. Perdus dans leur étreintes , leurs rires , leurs chuchotements heureux , ils n’avaient pas pris garde à la silhouette pétrifiée d’Angel qui avait garé sa voiture en face, et observait leur manège depuis qu’il avait surpris le couple enlacé derrière les vitres du café.
Il n’ avait d’abord pas reconnu cet homme aux cheveux si blonds , mais sa ressemblance avec un visage familier le tracassait. Quand ils étaient apparus au grand jour , il se souvint.
Découvrir qu’il s’agissait de William , de ce jeune homme à la fois un peu ténébreux et calme qui avait fait un séjour ici même plusieurs années auparavant constituait une surprise de taille.

Mais ce qui mettait Angel dans un état de tension et de frustration terribles était définitivement l’image radieuse qu’ils représentaient.
Il avait perdu tout appétit, toute envie d’avaler quoi que ce soit. Il les suivit de loin.


Spike et Buffy étaient oublieux du monde .

Il n’avait pu résister à la tentation de chercher à les épier. Sur le côté du building des palmiers et des plantes luxuriantes offraient de multiples places où se tenir. Il éprouvait à la fois une fascination et une angoisse , une curiosité douloureuse et irrépressible et les contemplait , à travers les interstices des stores blancs d’une grande baie vitrée. Il voulait partir , mais ses jambes refusaient d’obéir.

Cependant lorsqu’il eut le spectacle d’une Buffy entièrement nue, allongée sur les coussins du canapé avec une expression gourmande , devant Spike resté habillé et qui se penchait avec une expression satisfaite sur elle , il crut se trouver mal. La fenêtre devait être légèrement entrebâillée car il entendit distinctement les gémissements de la jeune femme.

« Spike.. prends-moi. »
Mais ce dernier eut un rire un peu rauque et s’agenouilla devant elle , le visage à quelques centimètres de sa poitrine . « Oh bébé.. je vais te prendre.. voluptueusement.. longuement.. Mais j’ai besoin d’entendre quelque chose. »

« Je t’aime, » dit-elle en rejetant ses bras en arrière , riant aux anges.

Il prit un mamelon entre ses lèvres et le suça doucement , guettant ses réactions. Puis caressa l’autre Et s’arrêta , le visage empreint d ‘ amour , de désir. Buffy avait fermé les yeux et les rouvrit.
« Encore, » pria t –elle , la voix basse.

Mais il ne bougeait pas et elle eut un rire perlé. « Je t’aime ! »

Il laissa sa bouche suivre les rondeurs de ses hanches et agacer son nombril. S’arrêta encore.
« Je t’aime , je t’aime , je t’aime ! » s’exclama Buffy . « Est-ce suffisant ? » sourit –elle , le visage illuminé par l’extase.
« Pour l’instant, » ronronna Spike .


Dehors , Angel s’éloigna en titubant. Quand il eut fait quelques pas sur le trottoir , il chercha à s’asseoir , dégrafant le col de sa chemise. Le soleil était plus haut dans le ciel et il lui sembla qu’il chauffait beaucoup trop. Un mal de tête lancinant lui donnait des étourdissements.

Mais Il pouvait partir tranquille. Buffy était très , très heureuse.


A suivre.
Chapitre 25. by Cassiopea
Chapitre 25.


Cynthia n’écoutait que d’une oreille. Non parce que le cours de littérature sur Keats ne l’intéressait pas , mais plutôt parce que son professeur , William Kensinton, offrait un spectacle fascinant.
Depuis qu’elle l’avait croisé quelques jours plus tôt au Bronze , et après qu’il ait affiché une colère sourde et désespérée en partant sans un mot , elle n’avait cessé de se demander ce qui avait pu se produire.
Et dans son instinct d’adolescente , elle était persuadée que cela avait tout à voir avec l’amour. Elle réprima un soupir. Il était visiblement si amoureux de Buffy Summers, et chaque fois qu’elle avait pu les croiser dans les couloirs , l’image radieuse de la beauté de leur couple l’avait faite rêver.
Elle avait compris depuis longtemps que ses idées de flirter avec lui se rangeaient dans la catégorie « Illusions à éviter ». Mais Samedi soir , elle était aussi certaine qu’il y avait eu une dispute entre eux .
Or, aujourd’hui , pour le premier cours de la semaine avec lui , elle retrouvait un homme dont le visage exprimait un bonheur qu’il cachait à peine.
Le thème de l’étude était le chagrin d’amour, et il avait lu plusieurs poésies de sa voix profonde , infiniment sensuelle. Maintenant la discussion allait bon train , mais elle n’ y participait guère , plongée dans ses rêves et dans son imagination.

« Cynthia, est-ce que vous auriez l’obligeance de revenir parmi nous ? »
William venait de l’interpeller et elle rougit. « Pensez-vous que le poète a raison d’évoquer ses peines d’amour ? Pensez-vous qu’en parler allège ce chagrin ? »

Elle jeta un œil incertain vers le feuillet étalé sur sa table et malheureusement , se trouva incapable de savoir à quel texte il faisait allusion. Elle balbutia : « Oui, je pense que d’une certaine manière écrire la douleur est une manière de l’apprivoiser. »

Il eut un sourire et reprit : « Mademoiselle Malock a la grande faculté de rêver et de réfléchir en même temps, » dit-il avec une once de plaisanterie dans la voix.
La classe se répandit en murmures et en sourires.

« Mais ce qu’elle vient de dire est intéressant. Il faut essayer de comprendre la démarche du poète, pour qui les mots sont des armes. Qui veut lire le sonnet 54 ? »

Plusieurs mains se levèrent . Cynthia laissa aller la respiration qu’elle retenait . Elle savait que son professeur lui pardonnait.


* * * * * *

Buffy et Willow se séparèrent sur le seuil de la salle des professeurs . Elles avaient passé un long moment à discuter, et bien entendu le principal sujet de conversation était la soirée mouvementée du Samedi , la visite d’Angel , les déclarations d’amour entre elle et Spike.

« Tu as fini ta journée ? » demanda Willow en rangeant plusieurs dossiers dans son cartable.
« Oui, » dit Buffy avec une mine épanouie. « Je t’accompagne jusqu’en salle d’informatique ? »

« Volontiers. J’ai promis à Jenny que je terminerai des tableaux pour le cours de ses élèves de première. » Elle jeta un œil à sa montre . « Il est déjà quatre heures passées. Je crois que je ne finirais pas tôt ce soir. »

Elles se dirigèrent d’un pas tranquille vers le couloir qui menait aux salles techniques.

« Finalement , tu ne m’as jamais vraiment dis si tu étais heureuse d’enseigner la gymnastique, » continua t –elle.

« Oui, dans l’ensemble çà me convient, » dit Buffy en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. « Evidemment, il y a certains jours où il est difficile de retenir l’attention des élèves autant qu’on le voudrait. »

« Oh tu sais, dans notre cours c’est la même chose. Certains matins il faut une énergie terrible pour les intéresser. »

« Mais tu vas demander un poste complet pour l’année prochaine, non ? »

Elles arrivaient et Buffy s’effaça pour que Willow ouvre la porte. Elles entrèrent ,Buffy s’installa aussitôt sur le coin d’une table.

« Je ne suis pas sûre de vouloir déjà cesser les études, » reconnut Willow avec un battement de sourcils. « Je vais faire la demande pour une année supplémentaire à l’Université de Santa Barbara. Leur département de sciences humaines propose une quantité de cours plus passionnants les uns que les autres. »

« Oh, mais c’est une excellente idée. Et que dit Tara ? Elle pourrait te suivre ? »

Willow la regarda comme si elle avait émis une suggestion étrange. Puis elle eut un sourire radieux.

« Naturellement. Nous en avons d’abord parlé longuement toutes les deux. Elle pourrait continuer aussi en sciences humaines. »

« Eh bien tu as raison, » dit Buffy avec un petit air rêveur. « Et tu sais , je crois que je vais moi aussi réfléchir à la possibilité de changer l’année prochaine. »

« Que veux-tu dire ? » dit son amie en s’asseyant derrière l’ordinateur . « Tu envisagerais de ne pas reprendre ton poste ? »

« Je ne sais pas. La discipline que j’enseigne me plaît définitivement. Je voudrais pouvoir varier les enseignements. Faire de la self-défense , par exemple. Et cela ne sera jamais possible dans un cadre scolaire. »

Willow hocha le menton et détacha brièvement son regard de son écran.
« Il serait intéressant que tu vois si tu peux enseigner à des adultes. Cela signifierait quitter une sorte de sécurité d’emploi ,mais si cela correspond plus à ce que tu cherches.. »

« Oh je ne voudrais pas paraître ingrate. J’ai eu beaucoup de chance d’obtenir ce premier contrat avec notre établissement. Il y a quelque chose de charmant à être de l’autre côté de la barrière alors que nous avons passé tant d’années entre ces murs. »

Elles échangèrent un petit sourire de connivence.

« Ce sont des idées.. comme çà . » dit-elle en se relevant et en arrangeant son sac en bandoulière.
« La présence de Spike dans ces lieux est une raison suffisante pour que je ne veuille pas m’en aller. »

« Cela , je l’imagine sans problème , mademoiselle. » dit Willow avec un petit clin d’œil.

« Je te laisse travailler. Nous pourrions dîner ensemble Vendredi soir ? Il y a longtemps que vous n’êtes pas venues partager un repas oriental. »

« Depuis que l’irrésistible Spike Kensinton accapare tout ton temps libre! » dit Willow en secouant la tête.

Buffy eut la grâce de baisser les yeux. « C’est vrai. Alors c’est décidé ? Nous vous attendons ce vendredi ? »

« C’est d’accord. Passe une bonne soirée ! »

Buffy lui fit un petit signe de la main et s’éloigna. Elle irait attendre Spike devant sa salle de cours, il lui avait promis qu’ils iraient choisir son cadeau de Noël , et elle s’en faisait une joie.

* * * * * *

Spike vivait un rêve et craignait chaque matin de réaliser qu’il avait imaginé cette existence ,où Buffy était si amoureuse et si fervente. Mais les jours s’écoulaient , et ils avaient la couleur d’un ciel pur et gorgé de lumière.
Maintenant , il ne lui restait plus qu’à trouver le courage d’expliquer qu’il devrait partir dans quelques mois. Qu’il avait choisi, bien longtemps avant d’arriver , de ne pas laisser son cœur se consumer dans une épreuve qu’il pensait perdre. Qu’il était sûr qu’elle ne lui offrirait jamais que son corps , et qu’il devrait s’en contenter , comme du cadeau le plus exquis qu’il eût reçut.
Chaque soir , avant de s’endormir , il murmurait les mots choisis dans son esprit. Puis une aube nouvelle arrivait , et au premier contact de Buffy contre ses lèvres , il se promettait qu’il pouvait attendre encore quelques jours.
Noël approchait à grande vitesse. Un peu plus d’une semaine auparavant il avait insisté pour lui faire choisir un bijoux et malgré ses cajoleries , elle s’était contentée d’un collier d’une grande simplicité mais dont la perle améthyste très pure rappelait le très joli déshabillé dont elle avait fait l’acquisition .
Et c’est ainsi qu’elle avait obtenu ce qu’elle désirait , chuchotant à l’oreille de son amant qu’il la trouverait à son goût ainsi parée. Spike avait fait preuve d’une grande maîtrise de lui-même pour ne pas capturer ses lèvres coquines dans un baiser très voluptueux.


Il terminait de corriger des copies dans son bureau quand son téléphone sonna. C’était le proviseur Wood qui voulait évoquer le cas d’un élève difficile , et ils prirent rendez-vous pour le lendemain Vendredi. En raccrochant Spike se dit qu’il n’aurait pas dû accepter , avec tout ce qu’il avait à mettre au point pour le soir même. La date du 20 Décembre restait gravée dans sa mémoire depuis cinq ans , depuis la minute où il avait fait la connaissance de Buffy Summers par une après-midi ensoleillée et parfumée . Ils s’étaient vus chaque soir de la semaine et il avait réussi à garder le secret , se réjouissant de la surprise qu’il lui préparait. Dans une tradition très romantique , il voulait organiser un dîner aux chandelles , chez lui , devant un feu de cheminée. Il avait déjà commandé des roses jaunes qu’il lui ferait livrer en fin de journée , là où elle serait susceptible d’être en train de se préparer pour leur soirée , leur nuit.

Un frisson de plaisir parcourut son corps et il s’arrêta d’écrire. Depuis leurs confessions mutuelles , faire l’amour devenait l’expérience la plus incandescente . Drapée sur son corps , essoufflée et moite , elle murmurait des ‘je t’aime’ qui le rendait fou de bonheur. Et il ne cessait de lui répéter les mêmes mots , inlassablement.
Comme une forme d’assurance. Une promesse .
Il avait réfléchi à la meilleure façon de dévoiler ses projets d’avenir. Il avouerait qu’il avait eu peur.
N’était-ce pas la vérité ? Il avouerait qu’il n’avait osé croire .. Il avouerait..

‘Mon Dieu,’ pensa t –il en appuyant sa nuque au dossier de son fauteuil. ‘Comment allait-elle recevoir ces nouvelles ?’ Santa Barbara était située à plus d’une heure de route de Sunnydale , il serait obligé de s’installer sur place. L’idée de vivre loin d’elle était inconcevable à présent.

D’un mouvement anxieux , il retira une cigarette du paquet posé à côté de ses copies et l’alluma. La nicotine lui procura une sensation illusoire de détente.
Tout irait bien, décida t –il. Elle comprendrait.


* * * * * *


Buffy vérifiait son matériel avant de fermer le gymnase pour la durée des vacances. Elle était sur le chemin entre les parties sportives et le bâtiment administratif quand son portable sonna. Spike lui avait offert ce téléphone pour la simple raison qu'il n'envisageait pas de ne pas pouvoir lui parler quand bon lui semblait..
C’était Joyce qui voulait lui rappeler son départ pour San Francisco le lendemain matin de bonne heure.

« Maman, je ne savais plus si tu partais ce soir ou demain. »

« Voyons, Buffy.. je te l’ai dit plusieurs fois ! je prends le vol de neuf heures et demi demain matin , l’exposition a lieu à partir de deux heures et pour tout le reste du week-end. Il est possible que je ne sois pas à l’hôtel avant une heure tardive. »

« Oh, très bien ! Je suppose que j’avais l’esprit ailleurs, » murmura sa fille en fronçant ses sourcils.

« Je l’avais remarqué , ma chérie. William te ferait-il perdre la tête ? »

« On peut voir les choses ainsi.. »

« Je voulais m’assurer que tu avais bien les clefs de la maison . je ne serai pas de retour avant Mardi soir , et j’aimerais que tu passes une fois. »

« Oui, pas de problème. Et toi, essaie de profiter de quelques magasins, cela doit être magnifique en ce moment. »

« Cela m’étonnerait que j’ai le temps , j’ai plusieurs clients à voir , mais peut-être le dernier jour. »

« Donne –moi des nouvelles, » dit encore Buffy qui arrivait à l’entrée du bâtiment. « Tu sais que tu peux toujours nous joindre sur l’un ou l’autre de nos portables. »

« Entendu. Profitez bien du début de vos vacances. Sortez-vous ce soir ? »

« Je ne sais pas. Mais Spike a bien insisté que je lui réserve cette soirée, tout en restant très mystérieux. Il a quelque chose en tête , mais c’est un secret. »

« Oh ma chérie , je suis certaine que sera charmant, » dit Joyce avec un petit soupir. « Je dois te laisser. A demain. »

« A demain ! fais bon voyage. »

A peine avait-elle rangé son téléphone que celui-ci sonna à nouveau. Elle avait promis à Giles qu’elle passerait prendre plusieurs livres qu’il avait mis de côté pour Joyce ,il était déjà cinq heures et demi et elle réprima un petit geste d’agacement. Mais la voix sensuelle et profonde de Spike dans le creux de son oreille la fit fondre aussitôt.

« Où es-tu , amour ? »

« Encore au lycée, » dit-elle en s’appuyant au mur.
A cette heure et en ce dernier jour de cours , les couloirs étaient tranquilles.

« Oh , je voulais te dire que je suis à la maison , et que je t’attendais. J ’ai pu finir un peu plus tôt que prévu malgré mon rendez-vous avec Wood. Que dirais-tu d’un dîner aux chandelles, tous les deux ? »
Sa voix contenait une douceur tendre .

« C’est une merveilleuse suggestion , chéri. Doit- on célébrer un événement particulier ? »

Spike à l’autre bout du fil senti un élancement pincer sa poitrine. ‘ Oui amour.. il y a cinq ans que j’ai senti le sol s’ouvrir et que tu as bouleversé ma vie.’

« Peut-être, » dit-il d’une voix caressante. « Mais si je te le dis ce ne serait plus une surprise. J’ai prévu tout ce que tu aimes. En as-tu encore pour longtemps ? »

« Non, pas du tout. Je dois faire un saut voir Giles mais je te promets que je serais chez toi quand tu le voudras. »
Spike écoutait les battements de son cœur et réprima le mouvement d’anxiété qui lui tendit la nuque. « Giles, » répéta t –il. « Dis-moi que tu ne l’écouteras pas te raconter ses misères informatiques, » s’efforça t –il de plaisanter.

‘Reviens dans mes bras, mon cœur. J’ai tant de choses à t’expliquer.’

« Non, ne t’inquiète pas, » répondit-elle gaiement.

Il éprouva une vague de tendresse à l’écoute de la joie qui transparaissait dans les intonations perlées.

« Maman voulait deux ou trois romans assez anciens et il me les a mis de côté. Je n’en aurai que pour quelques minutes. Mais je vais passer chez moi me changer. « Elle s’interrompit , et il l’entendit reprendre sa respiration. Puis sa voix lui parvint à nouveau , plus troublée , plus câline. « As-tu des préférences pour une tenue ? »

« Non, aucune , ma chérie. »

‘Tout ce que je veux c’est que tu sois là pour moi. Pour que .. pour que tu écoutes les mots qui vont te blesser…Et pourras –tu jamais me pardonner , amour ?’

« Amour, tu sais que tu es radieuse dans chaque robe que tu pourrais choisir. » Il avait la gorge sèche. « Je mœurs d’impatience. Viens vite, chérie. »

« Oui, je fais de mon mieux, » chuchota -t- elle . « Je t’aime ! »

Elle avait coupé la communication.

‘M’aimeras –tu encore quand tu sauras la vérité ? ‘ frémit Spike, reposant le téléphone sur la table du salon , les mains fébriles.

Il regarda autour de lui. Tout était prêt. Une très jolie table recouverte d’une nappe d’un blanc argenté – prêté par Anya et Alex - était installée en face de la cheminée où de petites flammes commençaient à danser. Plusieurs bougies déposées dans différents endroits du salon jetaient leur lumière chaude çà et là.
Les rideaux étaient tirés sur la nuit et les plats qu’il avait achetés attendaient d’être réchauffés. Il jeta un œil à sa montre. Il avait encore certainement une heure devant lui avant qu’elle ne sonne. Il partit à la salle de bain , espérant que la douche lui permettrait de détendre ses muscles raidis par une anxiété sournoise.

* * * * * *

Buffy trouva Giles dans la pièce qui lui servait de bureau, attenante à l’espace public de la bibliothèque. Il lui fit un sourire franc et retira ses lunettes quand il aperçut sa silhouette s’encadrer dans la porte.

« Encore là pour longtemps , alors que c’est le dernier jour ? » le taquina t –elle.

« Oh, je n’ai jamais vraiment terminé, » dit-il avec un petit mouvement de sa tête. Il remit ses lunettes en place. « Et puis je travaille toujours mieux quand la bibliothèque est fermée. »

« Cela ne m’étonne pas, » sourit –elle.

« Les livres pour ta mère sont là, je les ai mis de côté .. » Il se leva et alla ouvrir l’armoire derrière son bureau. Il retira trois ouvrages et referma la porte vitrée. « Il y a là un roman qui date des années trente, par une romancière allemande peu connue , mais qui pourtant écrit remarquablement bien. Je te conseille vivement de le découvrir. »

Elle prit les livres qu’il lui tendait. « Oh , et de quoi parle ce roman ? »

« Oh ,de beaucoup de choses , c’est l’histoire de deux femmes qui décident de quitter l’Angleterre et son climat tristement pluvieux pour louer une maison en Italie pendant plusieurs semaines, au Printemps. Et la douceur de vivre les incitent à voir la vie différemment. »

Buffy l’écoutait avec curiosité. Elle n’avait jamais été une grande dévoreuse de livres mais elle acceptait volontiers de se perdre dans une histoire quand celle-ci la dépaysait.

« Et.. c’est tout ?» demanda t –elle en fronçant son petit nez. « Vous êtes sûr que c’est palpitant ? »

« Palpitant n’est peut- être pas le mot qui convient , mais c’est une histoire remarquable , pleine de sentiments , et où l’amour est décrit de manière .. rafraîchissante. »

Buffy hocha le menton et s’approcha de la table derrière laquelle il avait repris place.

« Eh bien je trouverai un moment pour le découvrir puisque j’ai deux semaines de vacances devant moi. »

« D’ailleurs je me demande si je les inscrit .. » bougonna t –il en tapant sur son clavier. « Je ne comprends pas qu’on puisse être délirant de gratitude pour ceux qui ont inventé l’informatique.. je.. je suis parfois consterné par la difficulté de ce système. »

Elle vint se tenir à ses côtés . « Au début cela paraît un monde compliqué mais je suis sûr que vous ne regretterez pas que la bibliothèque soit équipée. »

« C’est ce que me répète William mais il ne réalise pas à quel point je suis contre ! » s’exclama t-il.

« Il faut qu’il vous aide un peu, un ordinateur n’a aucun secret pour lui, » remarqua t –elle en faisant quelques pas vers la porte.

Giles s’était approché de l’écran et marmonnait des mots indistincts.
« Mais qu’est-ce.. Je n’ai jamais demandé ce tableau.. Et où est passé.. » Il releva la tête et eut un sourire distrait. « William m’ a déjà un peu expliqué deux trois choses mais j’aurais besoin de quelqu’un en permanence et étant donné qu’il ne sera plus là dans six mois.. » termina t –il.

Buffy qui était sur le point de partir se tourna lentement. Giles tapait à nouveau sur le clavier et lui jeta un œil étonné quand il la vit en face de lui , le visage pâle.

« Qu’avez –vous dit ? » murmura t –elle. « Pourquoi Spike ne serait-il plus là en Juin ? »

« Comment ? » balbutia t –il. Il regarda les couleurs qui avaient déserté les joues de la jeune femme et ses yeux qui étaient noyés d’incompréhension. Il comprit qu’il venait de commettre une indiscrétion terrible et malheureuse. « Vous.. je.. Cela veut dire que Spike ne t'a rien dit encore ? » demanda t –il , la poitrine curieusement lourde.

Il ne pouvait pas imaginer que Spike n’ait pas trouvé l’opportunité d’expliquer à Buffy les circonstances de son arrivée ici et les raisons de son prochain départ. Cela faisait plus d’un mois qu’ils avaient eu cette conversation. Il soupira et se leva. « Buffy, je suis désolé. Je ne l’ai moi même appris qu’il y a peu de temps. »

« Mais appris quoi ? » dit-elle d’une voix tendue.

« Que Spike n’avait jamais eu l’intention de rester à Sunnydale. Quand il a écrit pour obtenir un poste au lycée , il a bien précisé que c’était seulement pour le temps d’une seule année scolaire. »


* * * * * *

Vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise bleu nuit , Spike arrangea impatiemment les boucles rebelles qui retombaient sur son front. Il vérifia l’arrangement de la table et s’assura que le repas était à bonne température dans le four, qui s’éteindrait tout seul dans peu de temps. Il était bientôt sept heures et il était un peu surpris que Buffy ne l’ai pas appelé immédiatement après qu’elle ait reçu les roses. Car elle avait dû les recevoir à présent. Et elle même aurait dû arriver.
Il alluma la chaîne la voix chaude et veloutée de Cesaria Evora se répandit dans le salon où la lumière dansante des bougies donnait caractère vraiment paisible à la pièce.

Spike arpentait le salon et se donna encore cinq minutes avant d’appeler chez Buffy. Il alla se servir un fond de whiskies puis composa son numéro. Mais elle avait dû déjà quitter l’appartement car personne ne décrocha. Pourquoi tardait-elle ? Il l’avait appelée il y avait plus d’une heure et demi.. elle allait juste prendre des livres auprès de Giles, et elle aurait dû..
Giles.. Un sentiment d’angoisse irraisonnée lui rendit la gorge sèche et les mains moites. Mais il ne parlerait jamais de ce que Spike lui avait révélé . Le téléphone sonna et il prit l’écouteur avec fébrilité.

« Allô ? »

« Spike ? C’est moi. » Il reconnut avec une palpitation terrible la voix de son ami. « Je suis contrarié.. Buffy est passée et j’ai . .. »

« Qu’est-ce que tu as fait ? » dit Spike d’une voix rauque , tendue.

Mais il savait déjà ce qui allait suivre. La terreur qui prenait naissance au creux de ses entrailles n’avait qu’une explication. Buffy savait. Buffy avait compris quel monstre il était.

« J’ai laissé échappé que tu ne serais plus là dans six mois, » révéla – t –il d’un ton contraint. « Nous plaisantions sur mes difficultés informatiques et .. je suis désolé. J’ai vu immédiatement qu’elle n’était pas au courant. Comment se fait-il que tu aies attendu.. »

« Où est-elle ? » coupa t –il avec une impatience désespérée. « Depuis combien de temps est-elle partie du lycée ? »

« Il y a plus d’une heure. Je.. j’ai vu qu’elle était bouleversée mais je pensais qu’elle viendrait de voir. »

« Nous avions rendez-vous chez moi. Je comptais lui parler ce soir. »

Peur et tristesse étreignaient sa poitrine.

« Elle va peut-être arriver, » dit Giles d’un ton hésitant. « Mon Dieu William, je suis si furieux contre moi- même.. »

« C’est de ma faute. J’aurais dû lui avouer toute la vérité il y a plusieurs semaines. Je dois te laisser, je vais essayer de la trouver. »

« Oui, oui je comprends. Mais elle va venir.. elle voudra certainement.. »

Spike avait raccroché. Jenny s’approcha de Giles et lui passa une main douce dans le dos.

« Tu n’as rien à te reprocher, » dit-elle doucement. « Ils vont parler et cela va s’arranger. »

Mais Giles avait sous les yeux le visage blême de Buffy , ses yeux scintillants de chagrin.
Il se frotta les paupières avec lassitude.

Non loin de là, Spike quittait son appartement avec précipitation. Dans le salon , les notes mélancoliques de ‘Besame Mucho’ s’égrenaient dans un silence désolant.

A suivre.
Chapitre 26 by Cassiopea
Chapitre 26.


Il se rendit aussitôt chez elle , mais il savait au fond de lui que c’était inutile. Il n’osa taper à la porte avec trop d’insistance. Quand il fit demi tour en dévalant les escaliers , il s’arrêta brusquement devant la porte du premier étage , où résidait une charmante personne d’un certain âge que Buffy lui avait présentée. Elle gardait toujours un double des clés de l’appartement de la jeune femme , et Buffy lui rendait de petits services. A peine avait-il sonné qu'on lui ouvrit.

« Bonsoir. Je suis désolé de vous importuner à cette heure, » murmura t –il. « J’avais rendez-vous avec Buffy , mais il semble n’y avoir personne chez elle. Je me demandais si elle était passée ici. »

« Bonsoir , William, » répondit-elle , son visage ridé s’illuminant . « Non , elle n’est pas rentrée du lycée, » affirma Michelle. « Je suis montée moi-même à deux reprises pour lui dire qu’on lui avait livrée des fleurs. »

Elle se détourna et ne fit pas attention que Spike avait pâli. Elle revenait aussitôt avec une somptueuse gerbe de roses jaunes dans les bras. « C’est trop dommage qu’elle ne profite pas de cela, n’est-ce pas ? »

Il hocha du menton faiblement .
« Le livreur est venu il y a bientôt une heure. En général , quand elle n’est pas là , il y a un petit mot qui indique sur sa porte que c’est chez moi qu’il faut venir. »

« Puis-je vous demander un grand service ? dit-il , la voix éteinte. « J’ai besoin de la retrouver.. Dès qu’elle rentre , si elle passe vous voir.. pourriez-vous m’appeler ? » Il lui tendit une petite carte de bristol blanc.

« Vous pouvez compter sur moi », répondit-elle avec un sourire doux, prenant la carte. Elle l’enveloppa d’un regard pénétrant, vit ses traits tirés , ses yeux voilés. « Ces roses sont si belles. Elle sera heureuse de les recevoir. »

Il lui prit une main qu’il serra entre les siennes. « Merci. »

Il avait disparu avant qu’elle ait pu répondre.


Dans sa voiture il composa le numéro de Willow et Tara. Il expliqua sans détour que Buffy avait rendez-vous avec lui et qu’un malentendu avait conduit à une dispute. Elle ne s’était pas présentée à l’appartement où il l’attendait , et venait aux nouvelles pour savoir si , par hasard , elle n’était pas venue les rejoindre. Mais Tara lui répondit désolée que non. Ne voulant pas les mêler davantage à ses tourments , il leur demanda simplement de ne pas hésiter à l’appeler si Buffy se manifestait auprès d’elles.


Le regret , le remords d’avoir trop attendu pour lui parler et lui avouer qu’il était engagé loin d’ici dans quelques mois lui serraient la gorge. Il prit la décision de se rendre chez Anya et Alex , en espérant que ce dernier ne rajoute pas sa colère à un chagrin qui emportait Spike dans une anxiété profonde. Il réservait sa visite à Joyce en dernier recours , refusant de la mêler à cette situation qui ne manquerait pas de la contrarier.
Sans compter qu’elle serait inévitablement déçue par son attitude. Ne le considérerait-elle pas comme un menteur, un homme qui manquait à ses promesses ? Il accéléra et réprima le grondement de souffrance qui enflait dans sa poitrine.

Anya n’eut pas le temps d’exprimer son étonnement en voyant sur le pas de leur porte un Spike à la mâchoire tendue , les cheveux en bataille . Il entra en coup de vent et se mit à arpenter le salon de long en large.

« Je ne suis qu’un imbécile, » gronda t-il. « Je suppose que vous n’avez aucune nouvelle de Buffy ? »

« Non , pourquoi devrions –nous ? » dit Anya en le contemplant avec flegme. « Spike, arrête –toi un peu , tu me fais tourner la tête ! »

« Nous avions une soirée .. une soirée à la maison prévue. Et elle a appris une nouvelle qui l’ a inquiétée..Elle a quitté le lycée et n’est pas passée chez elle. Je la cherche. »

Il stoppa devant elle et frotta sa nuque avec lassitude.

« Quelle nouvelle ? » demanda Anya les sourcils froncés. « Pourquoi son inquiétude l’aurait-elle empêchée de te retrouver ? »

« Parce que c’est quelque chose qui a à voir avec moi ! Parce que c’est de ma faute si elle est bouleversée ! »

Anya le prit avec autorité par un bras ,le forçant à s’asseoir sur le canapé.

« Qu’est-ce que tu as pu faire de si terrible, » soupira t –elle. « La semaine dernière encore vous étiez insupportables quand vous n’arrêtiez pas de vous toucher et de vous embrasser, » dit-elle , croisant les bras sous sa poitrine.

Il lui jeta un regard enflammé où une douleur intense rendait le bleu de ses yeux presque noir. A cet instant Alex arriva dans la pièce.

« Spike ? Que se passe-t il ? Ne me dis pas que nous devions jouer au billard et que j’ai oublié ? » dit-il avec bonne humeur.
Mais la vision de son ami affalé sur le siège de velours , le visage fermé , lui fit réaliser qu’il y avait une autre raison à la présence de Spike ce soir, chez lui.

« Buffy ? » s’écria t –il .

« Ils avaient rendez-vous mais elle lui a posé un lapin, » expliqua Anya.

Alex la regarda avec surprise. « Oui, il s’est apparemment produit un événement et elle est fâchée contre lui. »

« Quel événement ? Que lui as –tu fait , Spike ? » demanda Alex d’un ton plus menaçant qu’il ne l’était en réalité.

« Elle a appris par Giles que je ne devais pas rester plus d’une année à Sunnydale. Avant même d’arriver ici j’avais écrit pour obtenir un poste à l’Université de Californie à Santa Barbara, et on m’y attend en Septembre. »

« Et c’est un.. détail dont tu n’as pas jugé utile de nous faire part ? » dit-il , les mains sur les hanches , prenant place aux côté de Spike.

« Je comptais le faire. Ce soir , justement ! » dit-il avec hargne , devant les yeux courroucés du jeune homme.

« J’avais raison ! j’avais raison quand je disais qu’elle devait se méfier de toi ! » tempêta t –il en se relevant. « Pourquoi es –tu revenu ? Pour la faire souffrir ? Pour refuser de lui donner ce qu’elle ne t’ a pas accordé il y a cinq ans ? »

« Tais-toi ! » rugit Spike en se dressant devant lui, les poings serrés le long du corps. « Nous sommes amoureux et tu le sais parfaitement. Je.. Je n’avais pas prévu que nous serions amoureux.. ainsi.. »
Sa voix craqua , remplie de désespoir et de cette vulnérabilité qui se cachait à la surface de son être chaque fois qu’il était question d’amour et de Buffy.

« Je te jure, Spike.. si tu lui fais du mal comme çà.. je.. » souffla Alex , en proie à la colère mêlée d’anxiété.
« Crois-tu que je ne suis pas désespéré ? » murmura Spike , la voix âpre. « Crois-tu que je ne maudis pas mon manque de courage pour ne pas avoir tout dit quand il le fallait.. ? »

Il se leva et tourna un visage marqué par l’inquiétude. « Elle doit être si bouleversée.. Elle ne peut pas comprendre. »

Il repartit vers la porte d’entrée , comme frappé par une idée soudaine.

« Hé, hé , attends –moi ! » s’écria Alex. « Dans ton état tu ne vas pas repartir seul. »

Spike ouvrit la porte et son regard s’éclaircit imperceptiblement.

« Mais oui, Alex va t’accompagner, » dit Anya avec un petit soupir. « Nous n’avions rien d’extraordinaire à faire , si ce n’est passer la soirée devant un bon film. »

« Je suis désolé. Mais tu peux rester là, vieux, » dit –il en observant Alex qui saisissait son blouson. « Il n’y a pas de raison pour qu’Anya reste seule.. »

« Je t’accompagne, » répéta le jeune homme avec fermeté. « Si tu n’es pas encore allé chez Joyce, c’est là qu’on va se rendre. Et je suis sûr que d’ici une heure , tout cela ne sera plus qu’un mauvais moment. »

Il prit Anya par la taille , posa son front contre le sien. « Tu es adorable, chérie. Je ne serai pas absent longtemps. » Ils échangèrent un baiser léger et elle les regarda dévaler l’escalier , une expression pensive sur ses traits gracieux.


« Alors, racontes – en un peu plus, » demanda Alex une fois qu’ils furent dans la voiture en direction de Revello Drive. « Tu ne seras plus ici à la rentrée prochaine ? »

Spike lui jeta un coup d’œil à la dérobée, mais Alex semblait avoir retrouver son calme.

« Revenir à Sunnydale et avoir une seconde chance avec Buffy était un de mes rêves les plus chers. Mais je ne croyais pas vraiment que nous pourrions créer quelque chose.. Je pensais.. je craignais de n’avoir qu’une aventure et d’être obligé de soigner mes blessures loin d’elle. »

Alex le regarda en secouant la tête. « Pour éviter une trop grande souffrance tu es en train de me dire que tu avais pris les devants et décidé de disparaître ? »

« Evidemment , énoncé de cette manière.. »

« De cette manière ou d’une autre , c’est complètement stupide , si tu veux mon avis. »

« Je ne le veux pas. »

« Tu l’auras quand même puisque je suis ici. »

Spike accéléra brutalement au passage du feu vert et les pneus crissèrent sur la chaussée.

« Elle a choisi de rester avec Angel ,il y a cinq ans, » gronda t –il. « Et elle a partagé sa vie pendant presque trois ans.. Et elle a été heureuse.. Je brûlais de l’envie qu’elle m’appartienne , mais William en moi craignait d’être rejeté.. et j’ai pensé que si elle devait refuser de m’aimer une seconde fois, je serais mieux loin d’ici. »

« Quand Angel l’ a quittée , elle était soulagée. »

« Qu’est-ce que tu en sais ? » maugréa Spike.

« Bon .. je reconnais que je m’avance un peu , là.. Mais j’ai vu qu’elle n’était pas si heureuse que çà avec lui pendant les derniers mois qui ont précédé leur séparation. »
« Justement. Elle l’aimait et il ne lui rendait pas ses sentiments comme il aurait dû .. »

« Bon , écoute , il ne s’agit pas d’Angel maintenant, mais de vous. Elle a peut-être été avec lui un certain temps, ils ont eu des périodes agréables , mais même si elle a souffert qu’il l’a quitte , elle n’ a jamais été aussi épanouie avec lui qu’elle l’est avec toi. »

Spike l’observa avec méfiance. « Tu penses vraiment ce que tu dis ? »

« Il ne s’agit pas de le penser. J’ai des yeux pour voir. Elle n’ a jamais été aussi radieuse , aussi détendue. »

« Dieu.. Nous étions si heureux depuis cet instant où elle m’ a avoué son amour.. »

« Et tu as bien compris que tu es devenu celui qui la comblait, non ? Alors garde confiance. »

Dans la rue où habitait Joyce , il ralentit. A hauteur de la maison , dont les lumières du salon, il vint garer son véhicule lentement le long du trottoir. Il avait immédiatement noté la présence de la petite voiture de Buffy garée dans l’allée menant au garage.

« Elle est là, » souffla t –il.
Il éteignit le moteur et enleva sa ceinture. « Je vais voir si elle accepte de me parler. »
« Tu veux que je vienne ? » demanda Alex en détachant sa ceinture.

Spike secoua la tête. « Non.. Ecoute.. Je vois si elle est d’accord pour que j’entre et si c’est le cas
je te ramènerai d’abord chez toi , d’accord ? »

« Vas –y , » dit Alex avec un sourire encourageant. « Çà va aller ! Tu me remercieras de mon optimisme ! » ajouta t –il par la vitre ouverte , quand Spike se dirigea à pas mesurés vers la porte d’entrée. Il se retourna brièvement aux paroles de son ami et lui jeta un regard flamboyant. Mais Alex se contenta de lui faire un petit clin d’œil.

Cependant après plusieurs longs coups de sonnette , il semblait évident qu’elle n’était pas décidée à lui ouvrir. Il se mit à frapper plus fort sur le montant de bois . Exaspéré, il contourna la maison pour rejoindre la façade Est où se situait la chambre ancienne de la jeune femme. Comme il s’ y attendait , il y avait de la lumière. Il vint se tenir juste en dessous et appela.

« Buffy ! »

Sa silhouette se devinait derrière les voilages et elle ne bougeait pas.

« Buffy ! je t’en prie , ouvre la fenêtre ! »

Il était presque huit heures et le quartier baignait dans une tranquillité qu’il répugnait à gâter.
Mais si elle s’obstinait à rester cachée , si elle ne lui offrait pas le moindre espoir de se justifier , comment allait-il sortir de cette situation ?

« Buffy.. Amour.. réponds-moi ! » Il lança un petit caillou contre la vitre . La réaction ne se fit pas attendre. La fenêtre s’ouvrit à toute volée et elle apparut dans l’encadrement. Le voile de lumière irisée contre lequel elle se détachait la paraît masquait un peu son visage. Mais il vit combien ses yeux scintillaient de larmes. Cette vision lui transperça le cœur.

« Oh Buffy , il faut que tu m’écoutes , amour. »

« Pas maintenant ! » dit-elle d’une voix à la fois déterminée et rauque. « Je ne suis pas en état d’écouter tes explications.. Je veux juste que tu me dises une chose.. »

« Mais j’ai besoin.. »

« Et moi je ne peux pas ! » tempêta t –elle, son buste légèrement incliné vers lui. « Dis-moi juste une seule chose. »

« Quoi ? » souffla t –il , le sang battant douloureusement à ses tempes.

« Est-ce vrai ? » Sa voix tremblante avait des intonations si douloureuses. Il n’était pas nécessaire de lui faire préciser ce qu’elle voulait savoir.

« Oui, » avoua t –il , un chagrin incommensurable drapant sa poitrine .

« Tu n’as jamais eu l’intention de rester vivre à Sunnydale.. » répéta t –elle avec une incrédulité qui devenait une brûlure pour les sens exacerbés de Spike.

« Mais c’était avant ! Avant de croire que tu pouvais m’aimer un jour ! » cria t –il avec rage et un sentiment d’impuissance qui ne cessait de gonfler dans tout son être.

« Laisse-moi.. laisse-moi un peu de temps.. » murmura Buffy.

Elle allait s’éloigner , elle allait le chasser , l’obliger à demeurer dans cette solitude effrayante où , loin d’elle , il redevenait William de ses jours les plus malheureux.

« Pourquoi ? » cria t –il encore , sa voix sur le point de se briser. « Viens avec moi.. reviens .. Je voulais tout te dire ce soir.. je .. j’avais prévu.. Viens.. Buffy.. ! »

« Pardonne-moi, William . » dit-elle si doucement qu’il crut avoir mal entendu.

Elle referma la fenêtre et tira les rideaux. Spike restait pétrifié , la gorge sèche , au bord d’une impression de perte effrayante . Il demeura ce qui lui sembla de longues minutes ainsi , figé entre le désespoir et la colère. Colère contre lui –même pour avoir , une fois de plus , crée une situation dramatique par ses propres erreurs. Comment pensait-elle qu’il allait attendre ? Comment pensait-elle qu’il pourrait se résoudre à partir et à la laisser seule , s’imaginant avoir été trahie , alors qu’il mourrait de lui parler de ses projets ?
Il fit quelques pas incertains , vint appuyer son front au tronc de l’arbre qui se dressait là. Il allait ramener Alex chez lui et il reviendrait. Il n’irait nulle part tant qu’elle n’accepterait pas de l’écouter.


* * * * * *

Il reconduisit dans un silence pesant qu’Alex n’osa pas interrompre. Puis à l’approche de l’appartement , celui-ci parla d’une voix calme .
« Ne fais pas cette tête. Elle a juste besoin de réfléchir.. c’est une réaction typiquement féminine. Elle est folle de toi .. elle doit être juste un peu triste que tu aies gardé cette information ... »

Il jeta un bref coup d’œil au profil sculpté dans la pierre. Spike tenait sa mâchoire serrée et ses joues se creusaient.

« Peut-être que tu aurais pu éclaircir ta situation quand vous vous êtes déclarés mutuellement. »

Spike donna un brusque coup de volant pour prendre la rue à droite qui menait devant chez Alex et Anya. Il arrêta la voiture avec brusquerie.

« Si tu continues à répéter des évidences, je t’écrase mon poing sur la figure ! » dit-il avec un regard noir.

« Non, » dit Alex , la mine arrogante. « Tu n’oserais pas. »

Ils restèrent quelques instants dans un silence pensif.

« C’est toi qui la rend heureux, » dit finalement Alex avec douceur.
Il détacha sa ceinture de sécurité et ouvrit la portière. Debout sur le trottoir , il se pencha encore vers l’intérieur de l’habitacle.

« C’est un peu ridicule de retourner là bas et d’attendre dehors. Il ne fait pas chaud.. Pourquoi tu ne rentres pas chez toi , et que tu ne vas pas la trouver demain matin de bonne heure ? »

« Merci Alex, mais je vais me débrouiller. »

Ce dernier le contempla pendant une minute puis se redressa en soupirant.

« Fais comme tu veux.. Mais je sais que l’année prochaine à la même époque vous serez loin d’ici, tous les deux. » Il insista sur les derniers mots. Il secoua la tête et sourit. « Tu sais que tu as une drôle de chance , toi ? »

Spike l’enveloppa d’un regard sombre , se demandant s’il fallait rire ou pleurer de l’enthousiasme naïf du jeune homme. Mais le futur qu’il évoquait était si glorieux qu’il refusait d’en savourer l’infinie douceur , tant qu’il n’aurait pas expliqué à Buffy ses craintes et ses espoirs.

« Allez , vas –y. Et donnez nous des nouvelles avant demain soir ! » dit Alex en se relevant.

« Merci beaucoup. Merci de.. comprendre, » souffla Spike.

* * * * * *

Cela faisait qu’une heure qu’il fumait , contemplatif , adossé à l’arbre donc le tronc s’élevait vers le toit de la maison. Il songea avec une petite grimace qu’il aurait pu grimper et frapper encore au carreau de la vitre. Mais si les voisins d’en face prenaient l’envie de regarder de l’autre côté de la rue, il risquait de se retrouver au poste de police pour tentative d’effraction. Après avoir déposé Alex il avait conduit presque une demi heure, pour tenter de retrouver un semblant de calme. Avait appelé Michelle , la charmante vieille dame , pour la rassurer qu’il avait retrouvé Buffy, ainsi que Tara et Willow.

Il écrasa la fin de sa cigarette par terre et releva encore les yeux vers le carré de lumière qui abritait son cœur et son âme. Il allait se décider à revenir sur ses pas pour sonner encore – d’ailleurs , il se félicita de l’absence de Joyce – quand la fenêtre s’ouvrit .

« Tu es insupportable ! Tu ne peux pas rentrer chez toi ? J’ai besoin de temps , Spike ! »

« Et moi j’ai besoin de toi, » répliqua t –il , son visage si beau et vulnérable à la fois que Buffy eut une vague de culpabilité terrible affluer dans sa gorge.

« Mais tu ne penses pas rester dehors toute la nuit ! Il fait frais , presque froid ! Tu vas prendre mal ! »

Sa voix avait des intonations exaspérées et pétulantes qui le réjouirent. La tristesse semblait avoir cédé un peu de terrain.

« Laisse-moi te parler , » murmura t –il.

Elle le contempla longuement. Elle savait qu’il ne partirait pas. Qu’il serait capable de faire le gué des heures. Il était aussi têtu qu’elle.

« Rentre, » dit-elle. Et avant qu’il ait pu répondre , elle avait refermé une fois de plus. Surpris , n’osant croire à ce qu’elle suggérait il courut à l’entrée. Au second coup de sonnette , elle lui ouvrit.
Elle avait les cheveux en bataille , sa blouse était froissée et elle avait les pieds nus. Des traces de larmes laissaient encore des sillons plus clairs sur la peau satinée de ses joues et le bout de son petit nez était rougi.
Elle était le plus beau spectacle qu’il ait vu depuis des heures.

« Chérie, » balbutia t –il.

Mais elle referma la porte et souffla : « Chut.. Maman est rentrée de la galerie et est montée immédiatement se coucher , demain elle part très tôt pour San Francisco. Tu peux t’installer sur le canapé du salon , il est parfait. »

Sur une pirouette , elle s’apprêtait à remonter au premier quand il l’arrêta en saisissant sa main gauche.

« Je croyais que tu m’ avais dit de venir parce que tu voulais que nous discutions. »
« Je t’ai dit de venir pour que tu passes la nuit dans de meilleures condition que sous un arbre , en plein Décembre. »

« Si tu ne t’étais pas enfuie nous pourrions être chez moi, devant un feu de cheminée , et tu aurais eu droit à toutes mes confessions, » répliqua t –il , les narines dilatées.

« C’est toi le fautif ! » tempêta t –elle en enfonçant un doigt sur sa poitrine , le faisant reculer vers le salon. Elle s’efforçait de garder sa voix tempérée , mais tout son corps vibrait d’indignation. Il aurait aimé se mordre la langue.

« Je sais, je.. tout ce que je voulais dire est que j’avais prévu cette soirée pour te parler de mes projets. »

Mon Dieu , pensa t –elle en cherchant à ne pas trahir l’amour immense qu’elle avait pour lui . Il lui offrait le visage contrit , les lèvres boudeuses et le regard tremblant d’adoration.

« Nous avons tous les deux besoin de sommeil, » dit –elle plus doucement. « Je te promets que demain à la première heure , je t’écouterai. »

Il hocha la tête , déjà infiniment soulagé d’être dans le même lieu qu’elle. Mais quand il la vit s’éloigner et monter les marches , il ne put s’empêcher de faire quelques pas et de l’envelopper de ses yeux ardents et remplis de désolation. Quand elle fut au sommet , Buffy se retourna.

« Je t’aime, » souffla t –il , la voix rauque.

Elle laissa errer son regard sur sa silhouette fière et féline , sur son visage rempli d’une prière muette.

« Je sais, » souffla t –elle , les larmes aux yeux.

Il s’installa sur le canapé , les yeux perdus sur les braises qui jetaient des éclats rougeoyants dans la pièce. Après une heure immobile dehors par une température bien fraîche , c’était un havre de chaleur. Les rideaux étaient tirés sur la nuit. Maintenant qu’il était allongé là , pensant à Buffy étendue dans son lit juste au dessus de lui , il sentait tout son corps se détendre prodigieusement.

‘Peut-être ce cher et naïf Alex n’avait pas complètement tort, après tout,’ se dit –il en cherchant la positon la plus confortable , allongé sur les coussins moelleux. Il ajusta sa veste autour de lui.
Demain.

Demain..
Ce mot prenait toutes les connotations les plus merveilleuses.

Dans la nuit il lui sembla qu’on s’approchait et il perçut un souffle tiède dans son cou , puis les sons étouffés de pas sur le tapis. Quand les premières lueurs de l’aube filtrèrent , il se rendit compte qu’on avait déposé sur lui une couverture de laine épaisse et il eut un petit sourire de bien-être, avant de se rendormir.

A suivre..
Chapitre 27. by Cassiopea
Chapitre 27.


L’arôme du café se répandait dans la pièce, et Spike se frotta les yeux , engourdi. Il mit quelques secondes à réaliser l’endroit où il avait passé la nuit puis son regard se posa sur le manteau de la cheminée où plusieurs photos de Buffy se tenaient et tout lui revint en mémoire. Il rejeta la couverture qu’une âme délicate avait déposé sur lui pendant la nuit et , sans prendre la peine de mettre ses chaussures , s’approcha de l’entrée de la cuisine. Elle lui tournait le dos , déjà habillée d’un jean et d’un petit pull rose , ses cheveux rassemblés en une queue de cheval. Elle sortait des toasts du grille-pain et la radio diffusait en sourdine de la musique classique.

« Bonjour, amour, » murmura - t –il .

Elle se retourna avec un petit tressaillement de surprise. Il vit avec soulagement que ses beaux yeux clairs étaient reposés et ne portaient plus de traces de larmes. Mais elle le contemplait avec une gravité qui lui fit battre le cœur plus vite.

« Bonjour. J’ai fait un peu de café. Maman est partie de très bonne heure. » murmura t –elle en demeurant debout , une hanche contre le comptoir.
Elle ne l’avait pas entendu venir et , perdue dans ses rêveries , avait éprouvé un frisson voluptueux au son de sa voix . Il avait encore le bleu de ses yeux plein de sommeil et ses petits boucles blondes étaient dans un désordre adorable. Elle mourrait de se jeter contre lui.

« Oh , je ne savais pas que Joyce devait s’en aller aujourd’hui. Pour combien de temps est-elle absente ? »

« Elle rentre mardi soir. » répondit-elle en s’affairant à nouveau à sortir des tasses et à installer les toasts sur une assiette.

Il s’approcha lentement , ne sachant quelle attitude adopter. Sa colère semblait dissipée , mais ils avaient évidemment à éclaircir la situation.

« Veux-tu que nous parlions, amour ? » demanda t –il en passant une main dans ses cheveux .

Elle secoua la tête.
« Non. »

Il éprouva un élancement douloureux et la regarda , le visage un peu penché de côté.

« Je veux dire.. Buvons notre café et mangeons un peu. Ensuite nous irons quelque part pour avoir cette conversation. »

Il la contempla mais son visage demeurait calme et il se demanda où elle désirait aller. Ils burent et grignotèrent dans un silence qui n’était pas inconfortable mais que Spike commençait à trouver difficile.

« Il fait très beau mais encore frais, » dit-elle quand la cuisine fut rangée et qu’elle alla attraper une veste chaude sur la patère de l’entrée. « Tu n’ as que ta veste ? »

« Oui. Quand j’ai quitté l’appartement hier soir parce que Giles venait de me téléphoner qu’il t’avait appris mon futur départ , je pensais te trouver et te ramener tout de suite, » dit-il avec une pointe d’arrogance. « Je n’étais pas habillé pour une excursion, je te rappelle que nous devions passer la soirée ensemble. »

A ses premiers mots , les yeux verts de Buffy s’étaient chargés d’une lumière d’indignation blessée, puis elle se détourna brusquement et il la vit monter les escaliers deux à deux. Il crut qu’il avait encore parlé trop vite et maudit sa capacité à toujours trouver les mots qui la hérissaient , mais il en avait assez de tourner autour du problème. Il se demandait s’il devait la rejoindre à l’étage quand elle redescendit , tenant sur un bras un gros pull de lainage bleu qu’elle lui mit dans les mains sans un mot.

« Je suis désolée pour le dîner d’hier soir, » dit-elle alors , le regardant droit dans les yeux, le menton dressé. « Mais peut-être tout n’est pas gâché , et nous pourrions toujours en profiter ? »

Sur ces paroles un peu mystérieuses mais qui remplirent Spike d’une joie insensée , elle ouvrit la porte d’entrée et un soleil d’hiver , bas dans le ciel pur , les aveugla.

« Tu permets que j’enfile mes chaussures ? » dit-il.

« Dépêche-toi ! » dit-elle alors qu’elle marchait déjà vers la voiture de Spike garée le long du trottoir.
Il enfila ses bottes rapidement puis récupéra sa veste sur un fauteuil . Il ferma à clef et lui lança le trousseau qu’elle saisit au vol avec une petite lueur espiègle .

Ils roulaient depuis cinq minutes , elle avait rabaissé légèrement son siège et ouvert à peine sa vitre.

« J’aime la lumière de Décembre, » dit-elle doucement.

Le soleil ondulait entre les arbres , à travers les larges palmes , alors que la voiture avançait à une allure très lente. Des traînées d’or très pâle rendaient le ciel très clair à l’ouest.

« Moi aussi, » reconnut-il. « Particulièrement ici. On dirait toujours que l’été se cache , tout prés. »

Elle tourna son visage vers lui et il crut distinguer l’ébauche d’un sourire. Les rues étaient calmes , il était encore tôt.

« Où veux-tu aller , mon cœur ? » souffla t –il en ralentissant à une intersection.

Elle resta sans répondre. Puis elle posa sa main gauche sur sa cuisse , et il en ressentit la chaleur , frémit , reprit sa respiration bruyamment. Le seul contact de ses doigts sur sa peau , à travers le tissu de son jean , le brûlait délicieusement.

« Ne le sais-tu pas ? » dit –elle . Et il l’enveloppa d’une expression surprise mais elle gardait un visage impassible . « Là où tu m’ as parlé de poésie , pour la première fois.. » chuchota t – elle.

Il hocha le menton , ses yeux vibrants.

* * * * *

Le Pacifique était majestueux . Ses vagues , amples et infinies , venaient loin sur le sable blanc et Buffy s’étonna de trouver quelque chose de familier à cet espace qu’elle découvrait sous une lumière particulière, si différente de la première fois. Mais Spike lui assura que oui , c’était exactement là qu’il l’avait emmenée , par un soir de Décembre , il y avait bientôt cinq ans.

« Es-tu sûr ? »

Ils marchaient le long des vagues et le vent volait dans les longues mèches blondes de la jeune femme . Spike s’arrêta, se tenant devant elle et , d’un geste doux, dégagea les cheveux qui se collaient à sa bouche.
« Crois-tu que j’aurais -pu oublier la place où j’ai découvert l’océan , où j’ai goûté à tes lèvres.. pour la première fois ? »
Elle le regarda , émue. « J’y suis revenu , pour quelques minutes, le jour où j’ai quitté la Californie, pensant ne jamais revoir.. ni toi , ni ce pays . »

Elle leva une main vers sa joue ,et il s’inclina vers elle. La clarté étincelante de ses prunelles dévorait son visage.
« Je n’ai jamais voulu revoir ces lieux, » murmura t –elle. « Je me souvenais que tu avais pris la direction du Nord de Sunnydale, et chaque fois que je suis allée au bord du pacifique , c’était au sud .
Mes souvenirs sont restés si longtemps douloureux. »
Elle baissa la tête et il plaça un doigt sous son menton . « Te rappelles-tu comme la nuit était douce ? Et tu as accepté que je te prenne dans mes bras. »

Elle eut un petit soupir quand une vague plus forte vint les éclabousser. Elle s’écarta en poussant un petit cri.

« Elle est glaciale ! »

Il sourit et la prit par la main.

« Viens, allons nous asseoir . »

Ils s’installèrent le dos contre une petite dune de sable tiède , à plusieurs mètres du rivage. Il la prit contre sa poitrine et elle se cala avec plaisir contre la paroi douce du pull bleu qu’il avait revêtu. Elle allongea ses jambes sur le sable encore un peu frais , mais Spike l’enveloppait complètement dans ses bras et elle appuya son visage entre son épaule et son cou , respirant les effluves de son parfum restées sur sa peau.

« Tu n’ as pas froid ? » dit-il contre sa tempe.

« Non. »

« Je voulais tout t’expliquer hier soir, chérie, » commença t –il , la voix un peu contrainte. « Je sais que j’ai eu tort d’attendre autant , mais à vrai dire j’avais peur. Peur de gâcher ce bonheur que nous avions.. Depuis que tu m’ as dit que tu m’aimais . »

Elle vint poser une main sur les siennes , qu’il avait nouées sur le ventre de Buffy.

« Je ne savais pas ce que tu me réservais, » continua t –il , sa voix profonde et un peu râpeuse chatouillant sa joue. « Je voulais que tu sois amoureuse de moi.. je voulais que nous partagions une passion dont je rêvais depuis cinq ans.. mais une partie de moi refusait d’espérer. »

Elle le contempla avec une désolation émouvante , caressa sa joue.

« Oh Spike.. je suis désolée. »

« Tu ne dois pas. J’avais tort d’être obsédé par l’échec de notre première rencontre.. »
Il ferma les yeux brièvement , et quand il les rouvrit , regarda au loin.

« Alors tu as cru que tu serais à l’abri en t’ éloignant, » dit-elle.

« Oui. Une force terrible me ramenait ici, même si je craignais de ne connaître qu’une autre souffrance. Il fallait que je te revoie. Peut-être aurions –nous quelques semaines ou quelques mois de relation sensuelle, et ensuite tu me laisserais partir , sans regrets.. »

Elle lui lança un regard noir. « Tu mériterais que je ne t’accorde aucune attention pendant un temps indéterminé. »

« Je sais que cela paraît si ridicule à présent. Giles ne s’est pas privé de me le dire. Et tous ceux qui m’ont obligeamment donné leur avis, » dit-il avec une pointe de moquerie pour lui-même.

« Qui d’autre est au courant ? » s’étonna t –elle en tournant un peu son visage.

Il eut une expression à la fois contrite et timide qui était absolument William.

« Eh bien quand Giles m’ a appelé , il avait constaté combien tu avais été bouleversée par ses révélations. Nous avions eu une discussion il y a plus d’un mois, et il s’était étonné que je n’ai pas choisi immédiatement de t’expliquer mes projets. Je lui avais avoué mes craintes , mes incertitudes. Et j’avais promis que je te parlerais, avant que tu risques de l’apprendre par un autre que moi. »

Buffy bougea un peu contre lui et vint déposer un baiser sous son oreille. Il eut un halètement et reprit : « D’ailleurs , comment se fait-il qu’il te l’ai appris ? »

« Oh ,cela lui a échappé quand nous parlions d’informatique. Le pauvre se débattait dans un programme pour ses livres quand il s’est plaint que tu ne serais pas là pour l’aider dans six mois. »

Spike poussa un soupir. « J’ai compris que tu ne viendrais plus me rejoindre. J’ai quitté la maison aussitôt.. et j’ai appelé Willow et Tara . Mais je les ai rassurées plus tard , quand j’étais devant chez toi, à attendre. »

Il avait insisté sur le dernier mot.
« Tu as eu encore de la chance que je t’accueille, » dit-elle avec pétulance. « Imagines –tu.. »

« Je sais ! » s’écria t –il en la prenant contre lui, couvrant son visage de baisers. « Pardonne-moi, chérie.. Je sais que je t’ai fait mal , alors que je m’étais promis de ne jamais , jamais te causer la moindre souffrance..Tu n'as pas cru.. je.. j'espère que tu n'as pas pensé que cela ressemblait à.. »

"A Angel?" terminat -elle . " Bien sûr que non. Les circonstances n'avaient rien de comparable."

Elle modifia sa position , venant s’asseoir en travers de ses jambes , pelotonnée contre lui alors que leurs lèvres se touchaient encore.

« Donc Tara et Willow savent .. ? »

« Oui, mais je n’ai pas précisé les raisons de notre dispute. Ce sont Alex et Anya qui savent tout. Alex a menacé de m’étriper pour le chagrin que je te causais. Mais il m’ a accompagné quand je suis allée chez Joyce. »

Le silence s’étira entre eux , et le bruit des vagues les berçait. Les premiers promeneurs se distinguaient , silhouettes floues dans l’air dansant.

« Hier soir , j’étais profondément blessée. Je ne comprenais pas comment tu avais pu déjà prévoir d’être loin d’ici à la fin de l’année. »

« Buffy.. »

Elle posa un doigt sur ses lèvres , l’embrassa délicatement dans le cou.

« Mais j’avais confiance en toi. Et quand tu es arrivé à la maison , je savais que tu aurais une explication pour cette réalité qui me brisait le cœur. »

Il la regarda avec ce mélange d’adoration et d’incertitude qu’elle avait vu tant de fois se peindre sur son beau visage durant les dernières semaines.

« Je ne sais pas si je peux moi –même trouver des raisons satisfaisantes à mon comportement et à mes choix , amour.. » murmura t –il, la voix tendue. « Mais quand j’ai appris que j’avais obtenu d’enseigner pendant neuf mois ici , j’ai cru brièvement que je pourrais être plus fort, et.. et te résister. Résister à la tentation de me noyer .. de t’aimer.. » Il avait chuchoté les derniers mots et elle se serra davantage contre son corps. « Et tu étais plus belle, plus désirable, plus éblouissante que dans mes souvenirs. Et j’étais pris au piège. Tu répondais à mon attirance comme je l’avais toujours rêvé, alors même que j’avais choisi de considérer notre avenir comme une chose impossible.. »

Il reprit son souffle et mit sa main droite derrière la nuque de Buffy , rapprochant leurs visages.
« Et plus le temps passait , moins j’étais prêt à te révéler ce qui prenait le caractère d’une trahison. »

Il captura ses lèvres avec langueur et elle s’offrit. Il respirait et frémissait contre elle , savourant la douceur unique de sa bouche , la douceur soyeuse de sa langue qui acceptait la sienne.
Il l’embrassait avec une sorte de révérence qui étreint Bufffy jusqu’ aux larmes.

Dans les heures de détresse et de solitude , quand elle cherchait désespérément comment elle pourrait jamais accepter que Spike s’éloigne et ne fasse plus partie de son existence quotidienne , elle gardait une certitude : il l’aimait de tout son être , et avait ses raisons.

« Non , non.. » balbutia t –elle en se détachant de sa bouche. « Ce n’est pas une trahison , chéri.
Je n’ai jamais réalisé à quel point je t’ai fait souffrir , il y a des années. Et tu as eu une réaction de.. survie. » Elle avait l’air assurée de ce qu’elle venait de dire et il l’enveloppa d’un regard fervent.

« Et voilà où cela nous mène. » reprit-elle avec une petite grimace. « Je suppose que tu ne peux pas leur demander de venir ..plus tard ? »

« Non. C’était une proposition fabuleuse. J’ai dû répondre en même temps à Sunnydale et à Santa Barbara. J’y ai vu comme un signe du destin. Un signe qui ne voulait pas que je crois en nous. »
A nouveau le silence s’étira. Il avait placé une main sur son ventre et elle caressait son avant-bras , sur lequel il avait relevé la manche de son pull.
« Il y en a au moins pour une heure de route , les jours de circulation les plus calmes, » dit-elle . « Tu seras obligé de t’installer là-bas. »

« Je sais. Et c’est un poste de maître –assistant à temps complet, j’aurais des semaines très chargées. Il faut que tu envisages sérieusement de changer de métier, » ajouta t –il d’un ton un peu désinvolte , mais qui cachait mal une insécurité touchante.

« Changer de métier ? » répéta t –elle .

« Oui.. Du moins , y songer. Tu pourrais aussi demander un emploi dans l’un des collèges ou lycée de la ville , mais je sais que c’est très difficile d’obtenir un contrat. »

« Cela signifie que l’on te porte en haute estime, » dit-elle doucement , en caressant sa tempe. « C’est une opportunité magnifique , et tu as raison.. »

« Je ne savais pas qu’il faudrait te quitter pour cela ! » gronda t –il avec une note de désespoir. « Crois-tu que j’ai envie de m’installer là bas tout seul ? »

Elle le regarda avec un sourire confiant. « Pas plus que moi de continuer à vivre ici sans toi ? »

« Cela veut dire.. cela veut dire que tu pourrais.. »Il ferma les yeux , submergé .

« Il faut que l’on trouve une solution, » affirma t –elle. « Je suis contente d’enseigner , mais comme je l’expliquais dernièrement à Willow , je le ferais volontiers dans un cadre moins restreint que l’école, ou auprès de personnes plus adultes. »

« Je suppose que ta formation te permettrait d’avoir quelques heures de cours dans un institut privé. Ce genre d’établissement ne doit pas manquer , à Santa Barbara.. » fit-il remarquer d’un ton pensif.
« Le niveau de vie est singulièrement élevé, et .. »

Elle l’interrompit en prenant à nouveau ses lèvres dans un baiser langoureux , forçant l’ouverture , glissant sa langue dans sa bouche et et il répondit avec une ardeur fiévreuse.

« Nous avons plusieurs mois pour trouver ce que nous allons décider, » haleta t –elle , alors qu’il la regardait avec des yeux troublés. « Mais je songe sérieusement à trouver un travail, là bas. »
Elle mordilla son cou , caressa sa nuque. Il gémit et la serra contre lui .

« Tu pourrais y penser.. sérieusement ? »

« Oui. Même si je ne fais pas d’illusion sur la difficulté de retrouver la situation idéale. »

« Mais nous essaierons, amour. » Il garda son front contre le sien , savourant la détente exquise qu’il sentait se répandre en lui, après les heures d’angoisse et de frustration .

« Mais en attendant, nous avons du temps à rattraper.. » murmura t –elle d’une voix douce.

« Tu n’as pas d’objection à me consacrer la journée entière ? » demanda t –il en haussant un sourcil suggestif.

« J’ai cru comprendre que tu avais organisé un dîner très romantique, et .. une soirée délicieuse, » murmura t –elle avec un sourire un peu mutin.
« Mmmm…. Oui, » acquiesça –t- il en passant sa main sous son pull, cherchant à atteindre ses seins. Son regard devint d’un bleu presque noir. « J’envisage de t’attacher aux montants du lit.. » gronda t –il , la langue calée entre son palais et ses dents.

Elle gémit et ils s’embrassèrent à nouveau longuement.

« Cette soirée devait nous permettre de célébrer un instant particulier, » ajouta t –il alors qu’ils revenaient main dans la main.
Elle attendit qu’il continue. Quand ils furent à la hauteur de la voiture , il la prit contre lui, se plaquant contre ses formes douces alors qu’elle était appuyée contre la portière.

« Il y a exactement cinq ans , jour pour jour, le 20 Décembre, que j’ai posé les yeux sur toi, amour, » avoua t –il avec une voix tremblante.

« Oh.. » souffla t –elle , émerveillée qu’il eût pu ainsi garder gravée une date si bouleversante. « Je sens encore le regard dont tu m’avais enveloppée.. » continua t –elle alors qu’il frottait lentement ses hanches contre les siennes , la dureté de son sexe se logeant contre son ventre dans un mouvement de va et vient qui la rendait ivre de désir. « Tu étais si .. insolent.. et à la fois si adorable. »

Ses yeux verts se voilèrent. « Je t’aime , William, » chuchota t –elle en prenant son visage entre ses paumes.
Le soleil illuminait ses traits et à l’arrière , le pacifique formait une bande bleue mouvante, scintillante.
Elle songea qu’enfin , ces lieux seraient liés à des souvenirs beaucoup moins amers et torturants.

« Confiance de cristal entre deux miroirs.. La nuit tes yeux se perdent pour joindre l'éveil au désir » souffla t-il , quand leurs lèvres se détachèrent , front contre front.

Elle sourit. « Mon poète, » murmura t –elle. « Je n’ai plus peur de me noyer.. » souffla t –elle.

« Chérie.. » exhala t –il .
Il se perdait dans la lumière irisée des yeux de Buffy qui contenaient toute la poésie du monde. « Tu es ma rose de Décembre , amour. »

L’expression de son visage prit une gravité soudaine. « C’est pour toi que j’écris. Quand tu m’es apparue , tu étais… comme une chose à la beauté étrange dans mon monde.. inattendue , et pure. Radieuse , et apaisante. Quelque chose que je n’aurais jamais imaginé. »

Elle demeura silencieuse , la gorge serrée , caressant très doucement sa nuque , ses épaules. Une larme traça son chemin sur sa joue lorsqu’ il répéta d’une voix altérée :
« Ma rose de Décembre. »



A suivre.
Chapitre 28 by Cassiopea
Chapitre 28. Six mois plus tard.


Giles finissait d’arranger les verres sur le plateau quand il entendit Jenny et Joyce pousser des exclamations au salon.

« Çà y est ! Çà y est ! l’émission commence ! »

Il leva les yeux au ciel et se dirigea les bras chargés vers la pièce où l’animation la plus vibrante régnait. Joyce avait convié chez elle Tara et Willow ainsi que Giles et sa compagne pour partager un dîner simple tout en regardant la télévision. Car ce soir dans ‘Parlons littérature’ , l’émission littéraire mensuelle qui , à la fin de chaque mois , rassemblait plusieurs invités autour d’un journaliste , prenait une saveur très particulière. Spike en était un des principaux invités , pour la parution de son recueil de poésie. Depuis une semaine il était parti à Los Angeles pour une série d’interviews, de rencontres , et ce soir achevait la période la plus agitée qu’il ait vécue depuis la sortie de son premier roman.
Mais apparemment son agent de communication avait fait un travail remarquable , et le retour sous les feux de l’actualité littéraire de William Blomingdale provoquait un intérêt certain.
Naturellement Joyce ne voulait manquer cela pour rien au monde.

« Dire que j’ai l’habitude chaque mois d’attendre ce moment avec impatience , pour connaître les livres les plus remarquables , et ce soir c’est Spike qui va avoir l’honneur de parler de son ouvrage ! » dit-elle avec un soupir de contentement.

« C’est extraordinaire, » reconnut Jenny dont les yeux restaient rivés sur l’écran.
Pour l’instant cependant , seule la présentatrice , une très jolie rousse aux formes généreuses , parlait.

« Je me demande s’il va dire qu’il enseignait à Sunnydale cette année ! » s’exclama Willow , assise en tailleurs prés de la table où étaient disposées les boissons et les pizzas. « Cela pourrait faire une publicité fabuleuse ! »

« Oh, je suis plutôt sceptique quant aux retombées, étant donné que le principal intéressé sera en train de gérer son statut de célébrité à Santa Barbara, » dit Giles avec un flegme britannique qui mit tout le monde en joie.

« Et là bas ils auront fort à faire p… pour dissuader les étudiants de prendre tous le cours magistral de William. » fit remarquer Tara.

Willow lui fit un sourire doux. « A mon avis ils vont garder cette information pour eux. Peu de gens seront au courant qu’il s’agit de Blomingdale. Son vrai nom apparaîtra seulement. »

« Sur les listes des cours , c’est certain. Mais je doute que les élèves ne le reconnaissent pas, » murmura Jenny.« Voilà la rançon de la gloire et de la beauté. »

« Chut.. ! » chuchota Joyce. « Elle annonce les invités présents ! »

En effet la journaliste Morgane Wesley présentait les personnes autour d’elle , qui étaient au nombre de six, deux femmes et quatre hommes. Quand la caméra vint s’arrêter sur Spike , il y eut quelques murmures dans le public. Vêtu d’une chemise bleu ciel qui se mariait merveilleusement à la couleur de ses yeux , un pantalon noir moulant ses hanches parfaitement , il avait coiffé ses cheveux , mèches blondes et châtain , en vagues souples à l’arrière et il n’était pas difficile de juger qu’il était indéniablement un très beau spécimen de masculinité. Sa bouche s’étira en un sourire heureux quand Morgane annonça :
« Nous avons le jeune romancier William Blomingdale parmi nous ce soir , mais après le succès impressionnant de sa première œuvre , il nous revient avec un recueil de poèmes , intitulé ‘Rose de décembre’, dont il va nous en dire un peu plus dans quelques instants. »

Joyce, Jenny, Tara et Willow laissèrent échapper simultanément un soupir de contentement à l’écoute du nom du recueil. Car il n’était pas un secret qu’il faisait référence à Buffy.

La jeune femme avait pris l’avion en début d’après-midi pour rejoindre Spike. Après les premiers jours où il n’avait eu de cesse de répondre aux diverses attentions requises avec la sortie en librairie de ‘Rose de Décembre’ , il avait demandé à Buffy de le rejoindre pour le week-end.
L’année scolaire tirait à sa fin , la veille les derniers cours avaient eu lieu.
Elle avait vécu ces quelques jours précédant son départ dans une effervescence qui faisait tourner la tête à chaque personne en sa présence.
Et c’est avec un soulagement évident que sa mère l’avait mise à l’avion à trois heures , en lui souhaitant de profiter pleinement de cette pause romantique.

Au moment où Joyce et tous leurs amis étaient rassemblés dans le salon de la maison à Revello Drive, Buffy regardait son amant depuis une place privilégiée dans le public , et se grisait du spectacle qu’il offrait.

Ils s’étaient à peine entrevus quand , après qu’elle soit passée déposer son sac à l’hôtel sur Hollywood Boulevard , pris une douche et enfilé une robe de soie fluide vaporeuse , ils s’étaient retrouvés dans le hall du studio de télévision. Un baiser affamé , une étreinte à la fois douce et chargée de tension , et il l’avait quittée.

Maintenant elle gardait les yeux rivés sur lui et se sentait folle de désir , fière , tremblante d’excitation et de bonheur. Les derniers six mois s’étaient déroulés dans une harmonie exaltante. Au lycée leur attitude en public demeurait discrète , même si chacun savait qu’ils formaient un couple. Après les heures de cours il leur arrivait souvent de succomber à leur passion et ils se retrouvaient dans le bureau de Spike pour des communions charnelles toujours plus sauvages.
Et la perspective du départ de Spike n’apparaissait plus que comme un obstacle qu’ils auraient à surmonter ensemble.
Malgré son intention de trouver un emploi à Santa Barbara , cela s’avérait difficile ; jusqu’ à présent , les recherches de Buffy avaient été infructueuses.
Son contrat avait été renouvelé au début du printemps au lycée de Sunnydale ; lorsqu’elle avait évoqué son indécision quant à l’avenir auprès du proviseur Wood , ce dernier lui avait conseillé de continuer à enseigner tant qu’elle n’aurait pas acquis la certitude d’obtenir quelque chose qui lui plaisait par ailleurs.
Secrètement , la perspective d’être séparée de lui pendant la semaine paraissait peu à peu à Buffy comme insurmontable.

Ils passaient d’un appartement à l’autre , ne se quittaient pas les Samedis ou Dimanches, à l’exception des moments où Spike réclamait la tranquillité et la solitude nécessaire à l’écriture.
Si Buffy était alors dans la maison , il n’arrivait pas à se concentrer. Cela avait été un sujet de rires délicieux pour Buffy qui , un jour, avait lancé en plaisantant : « Et comment feras –tu pour composer ta prochaine œuvre si nous vivons ensemble ? Devrais-je partir en voyage ? »

La seule idée de vivre avec elle avait alors paru à Spike si éblouissante qu’il l’avait contemplée en silence , le visage empreint de bonheur. Et le plus sérieusement du monde , il avait répondu :
« Il me faudra un peu de temps pour m’habituer au paradis. Mais ensuite l’inspiration pourrait me revenir , puisque tu es l’unique préoccupation de mon esprit , amour. »

Joyce se réjouissait de voir combien sa fille portait tous les signes de l’épanouissement, et n’avait pas de doute quant à la pérennité des sentiments qui unissaient le couple.


L’émission avait débuté dans une atmosphère calme , relaxée , et maintenant c’était au tour de Spike d’être interrogé.

« Après un silence de plus de deux ans et demi , vous nous revenez avec un admirable ensemble poétique.
Qu’est-ce qui vous a donné l’inclination d’écrire des poèmes plutôt qu’un second roman , d’autant plus que vous aviez connu un succès important ? »

« Eh bien , la réponse la plus honnête serait que je n’avais pas d’histoire en tête et que mon agent voulait que je publie quelque chose . »

Les rires fusèrent dans l’assemblée , et la journaliste ne fut pas dupe de cette entrée en matière. Elle se pencha avec un sourire confiant vers le jeune écrivain.

« Le recueil se compose de deux parties , l’une nettement plus légère que l’autre en matière de thèmes. Brumes et Incandescences. La composition vous – a t- elle demandé beaucoup de temps ? »

« Non. Etrangement je suis resté sans avoir envie d’écrire pendant une période assez longue , mais quand l’inspiration était là elle est devenue un flot ininterrompu. »

« Et peut-on savoir qui se cache derrière cette inspiration ? »

Spike eut un haussement de sourcils évocateur et un sourire félin. « Qu’est-ce qui vous fait croire que quelqu’un en particulier soit à l’origine de mon écriture ? »

« Parce que la plupart des poèmes mettent en scène l’amour. Le chagrin, l’absence. Peut-on écrire sans objet ? »

Il eut une expression grave et répondit. « Pour ma part je dirais que non. Il y a toujours un événement , une sensation , un être , derrière la création. Ce fut le cas pour mon roman ‘Ton amour a enfermé la nuit.’ »

« Vous y racontiez dans un langage sulfureux les tourments de la passion et les déceptions de l’amour. On retrouve dans ces poèmes ce caractère emporté et troublant, » dit-elle en feuilletant l’exemplaire qu’elle tenait entre ses mains.

« Ta lente main vola de mes yeux vers le jour
Et la lumière entra comme un rosier ouvert
Et le sable et le ciel souverains palpitaient
On eût dit un rucher taillé dans les turquoises. » Lit –elle.


« Oh je me souviens parfaitement de l’instant où j’ai composé celui-ci, » dit-il avec un sourire un peu rêveur.

La journaliste sembla frappée par la chaleur qui émanait de ses magnifiques yeux bleus et se racla la gorge.

« Qu’est-ce qui a été le plus gratifiant dans ce travail ? »

« D’une manière générale , la poésie n’ a rien à voir avec la composition d’un récit en prose , bien sûr. Le fait que chaque pièce soit courte incite à une création immédiate. Ecouter son esprit et son cœur. Constamment.. »

« Donc j’ai raison en avançant que la majeure partie de ces pièces ont pour objet un être qui vous est cher ? »

Spike la regarda droit dans les yeux et elle croisa les jambes dans un mouvement de nervosité qu’il fut le seul à noter. Le public semblait suspendu à ses lèvres , l’électricité qui vibrait dans l’atmosphère était sensible à chaque personne présente ; Quant à Buffy elle retenait son souffle et buvait de ses yeux éblouis le visage splendide de son William , recueilli dans une pensée qu’elle devinait si intime qu’elle en rougissait . Elle aussi se souvenait du moment où il avait écrit ces vers. La seule et rare fois où elle avait été auprès de lui .. à la minute exacte d’une idée poétique.
Haletants et moites , ils venaient de faire l’amour , quand il contempla ses yeux verts troublés et avait murmuré les premiers mots , la bouche contre sa hanche , avant de la caresser à nouveau avec sa langue , provoquant des spasmes si intenses qu’elle n’avait pas entendu qu’il continuait à murmurer ce que son esprit lui dictait alors qu’il buvait son plaisir .

« Vous avez entièrement raison, » avoua William d’une voix profonde. « Rose de décembre » désigne la femme que j’aime , et qui demeure ma première , unique et éternelle source d’inspiration. »

Buffy frissonna intensément.

Le public autour d’elle se détendit dans un mélange de soupirs et de légers applaudissements et la journaliste sembla sortir d’une transe dans laquelle le visage et la voix de l’écrivain l’avait plongée.


« Eh bien.. » dit-elle avec une nonchalance maîtrisée . « Voici des paroles exceptionnelles. Et nous remercions infiniment cette inconnue , puisqu’elle permet à William Blomingdale d’être le merveilleux poète que nous découvrons dans cet ouvrage, qui paraît aux Editions Berlay . »

Elle lui adressa un sourire chaleureux auquel il répondit , et se tourna vers le dernier invité , un essayiste de renom.

Au 1635 Revello Drive , les conversations allaient bon train. Joyce paraissait aux anges , tandis que Willow et Tara commentaient l’aisance pleine de séduction qu’avait déployée Spike pendant le court interview. Giles plaisanta en faisant remarquer que quelqu’un , en ce moment , devait être particulièrement flattée d’une telle reconnaissance publique. Buffy avait été désignée ‘ première, unique et éternelle source d’inspiration’ ! Jenny se contenta de prendre sa main en hochant la tête avec un sourire sur les lèvres.



Buffy flottait sur un petit nuage de bonheur pur. Elle continua à suivre les derniers instants de l’émission dans un brouillard agréable , ne rêvant que de l’instant où elle pourrait se jeter dans les bras de Spike. Celui-ci attrapa très brièvement son regard et elle y vit un tel feu qu’elle éprouva instantanément un désir effervescent.
Puis l’émission était terminée et le public quittait le plateau dans un brouhaha qu’elle entendit à peine. Elle avait pour consigne de l’attendre dans une sorte de petit bureau salon où la conduisit un membre du personnel , avec une grande amabilité.
Il la quitta en lui disant que William Blomingdale ne tarderait pas à être libéré . Quand la porte s’ouvrit un moment plus tard sur Spike , Buffy se rua sur lui et il fut stupéfait d’être plaqué contre un mur par une jeune femme sauvage que le désir rendait magnifique.

« Amour.. » gémit-il , répondant à son baiser possessif avec force.

« Tu ne revenais jamais ! » accusa t –elle.

« Il fallait que je dise quelques mots avec les journalistes et les invités. Tout le monde voulait ma présence, » dit-il , un rire dans sa voix grave.

Il la pressa davantage contre lui et captura ses lèvres roses et fruitées. Elle s’offrait et leurs langues dansaient , luttaient , s’enroulaient .

« Spike, Spike.. » haleta t –elle en se dégageant à peine. « Tu as été merveilleux. »

« Et est-ce pour cela que j’ai droit à un accueil aussi .. irrésistible ? » murmura -t –il en faisant onduler son bassin de manière ostentatoire contre le ventre souple de la jeune femme , qui frémit violemment au contact du sexe dur , tendu.

« Oui. Oui.. » dit-elle dans un souffle , s’accrochant à ses épaules.
Elle ouvrit les boutons de la chemise , admira la perfection lisse et musclée de sa poitrine et , quand elle vint mordiller un mamelon , il se tendit comme un arc , étouffant un cri , les reins brûlants.
« Chérie.. chérie.. » murmura t –il . « Pas ici.. pas maintenant.. Je.. »
Elle frotta son sexe par dessus le tissu du pantalon , le faisant taire , rouler ses yeux dans une extase silencieuse. Quand elle dégrafa sa ceinture et descendit la fermeture éclair , il haleta .

« Bébé.. oui.. Dieu, ce que tu me fais.. »

Ils s’embrassèrent avec une fièvre renouvelée. Il la fit se retourner et plaça ses mains au dessus d’elle dans une position dominatrice et elle eut un gémissement si animal qu’il voulût la pénétrer .

« Tu m’as manqué. ..» haleta t –il, continuant à parcourir son visage de baisers. Il embrassait et mordillait une oreille , son cou , sa gorge et elle poussait de petits cris , les yeux à moitié clos , envoûtante de beauté .
« Chaque jour loin de toi.. Oh Buffy , ma Buffy.. »

« Toi aussi , chéri.. j’étais folle loin de toi, » gémit-elle.
Elle profita qu’il avait relâché la pression autour de ses poignets pour le saisir par le cou et offrir encore sa bouche. Il aspirait et suçait sa langue , fouillait son palais , recommençait.
Elle l’entraîna avec elle , le faisant à nouveau s’appuyer au mur et leurs lèvres se séparèrent.

« Je voulais t’emmener dîner, » murmura t –il en caressant ses cheveux.

« Dîner, » répéta t –elle , les yeux voilés. « Je veux rentrer à l’hôtel.. » Elle reprit sa bouche et il était terrassé par sa ferveur , sa passion. « Je veux faire l’amour.. »

Elle s’agenouilla et grappilla des baisers sur la paroi au relief sculpté de son abdomen , puis fit descendre son pantalon sur les hanches minces , grisée par le spectacle de son sexe engorgé .

« Je te veux. »

Elle prenait possession de ce qui lui appartenait. Ils n’avaient pas fait l’amour depuis plus d’une semaine et Spike lui –même était emporté dans l’envie la plus désespérée , la plus insensée.

« Tout ce temps ,loin de toi.. » dit-elle la voix un peu gémissante. « Et ce soir.. tu étais éblouissant, et je.. »
Il plongea ses yeux remplis d’une surprise émerveillée dans ceux de Buffy et regarda avec fascination ses lèvres se refermer autour de son sexe.

« Ma tigresse .. mon amour.. Je .. Oh oui.. oui.. oui . »

Il ferma les yeux , se laissa emporter par la sensation exquise d’être caressé ainsi , de cette manière si scandaleuse , si érotique..
Jamais il n’avait connu cette exaltation , avant elle.
Mais ils étaient dans un lieu public, et à tout moment quelqu’un pouvait entrer , les surprendre.
Cette idée rendit son sexe plus dur et il gémit , tendit ses reins , appliquant ses mains sur la chevelure de Buffy.


« C’est bon.. ? » murmura t –elle en le relâchant , notant son visage éperdu , ses narines dilatées , l’envie flambante dans la ligne sensuelle de sa bouche. Il respirait bruyamment et s’offrait , balançant doucement ses hanches , alors qu’elle le léchait avec une délicatesse qui le rendait fou.
« C’est.. merveilleux.. tu es merveilleuse.. Mais nous ne devrions pas.. Non… Oh .. amour.. oui.. »

Il guidait ses mouvements , elle caressait et agaçait l’arête du gland , revenait enrouler sa langue au bout ,le reprenait le plus loin possible dans la chaleur douce de sa bouche , et il ne voulait plus retenir l’orgasme fantastique qui naissait dans le bas de son ventre. « Tu me caresses bien.. tu me prends bien .. oui.. oui.. »

Elle le prit plus profondément et il eut une plainte , ses hanches prenant instinctivement un rythme plus saccadé. « Tu vas me faire jouir.. j’ai envie de jouir.. Encore.. »


Ils étaient fous, songea t –il avec ce qui lui restait de conscience.
Mais comment aurait-il pu résister à l’assaut de Buffy ? A la manifestation passionnée et explosive de son amour ?
Dans le couloir , il y eut des bruits de pas et des voix. Elle leva un regard vert irisé vers lui , et ralenti ses va-et vient.

Les conversations s’éloignèrent.

« Dieu, Buffy.. oui , c’est si bon. » chuchota t –il , caressant ses cheveux en arrière . « Plus fort , amour . . Utilise … ta langue .. oh Dieu ! »

Elle augmenta ses caresses, ses joues se creusant sous le mouvement . Elle retira sa bouche , et se mit à le lécher avec une sorte de joie , qui lui fit trembler les jambes .Spike gardait les yeux fixés sur elle , et sa respiration devenait laborieuse , saccadée. Elle leva les yeux vers lui et passa sa langue le long de ses lèvres. Puis elle le reprit dans la chaleur de sa bouche , goûtant la saveur salée de sa semence.

« C’est bon , amour… oui..… » haleta t –il .

Elle laissa échapper un son qui ressemblait à un ronronnement , et la vibration de sa voix rendit son plaisir plus intense. Il était dans l’extase la plus parfaite.
Il entremêla ses doigts au milieu de ses cheveux , retenant et guidant la caresse autour de sa verge , ses hanches bougeant par instinct pour venir à sa rencontre. Fébrile, vibrant désespérément dans son désir de jouir , il en savourait trop l’instant pour en presser la fin.

Il avait du mal à réaliser l’aspect incroyablement érotique de leur situation . En quittant le plateau de télévision , il n’avait qu’une hâte , retrouver Buffy pour passer la nuit à l’aimer.
Qu’elle eut put ressentir une envie aussi incandescente pour lui , après l’avoir regardé pendant une heure , après l’avoir écouté déclarer ce qu’elle représentait, le rendait incohérent.

Il était pantelant , absolument ivre de plaisir , et elle s’appliquait toujours à le lécher avec douceur , suivant une ligne allant de la base de son sexe jusqu’ au gland maintenant très gonflé. Quand elle posa une main plus bas , il crut qu’il allait perdre complètement son contrôle.
Sa jouissance montait inexorablement depuis le bas de son ventre , où les muscles de sa paroi abdominale durcissaient en anticipation , et il était au bord d’une explosion sans précédent.

« Chérie.. mon cœur.. je vais jouir .. oui.. oui.. maintenant.. »


Elle réagit en le prenant avec une avidité renouvelée , et il reçut son signal avec un bonheur fulgurant , poussant son sexe vers elle , levant ses reins par saccades, la regardant dans une hypnose sensuelle inégalée. Cette vision le catapulta brutalement dans le plaisir le plus extatique , et il cria son orgasme en mordant son avant-bras.
« Je t’aime, » dit –elle en se relevant et en frissonnant contre lui.

Il n’avait plus de forces. Il voulait glisser au sol et la garder contre lui. Il l’enveloppa de ses bras , embrassa sa tempe. « Je t’aime. » respira t –il. « Je t’aime. »


Ils échangèrent un regard. Celui de Buffy brillait avec une sorte de satisfaction purement féminine.

« Je suis heureuse de te revoir , chéri, » ronronna t –elle.
« Bienvenue à.. Los Angeles.. amour, » répondit-il , encore essoufflé.


* * * * *


Le trajet entre les studios et leur hôtel sur Hollywood Boulevard se fit dans un silence prometteur , entrecoupé de chuchotements intimes. Ils s’embrassaient et se serraient l’un contre l’autre sous l’œil indifférent du chauffeur de taxi. Dans l’ascenseur , il la pressa entre lui et la paroi , caressant avec fièvre ses courbes voluptueuses mises en valeur par la robe fluide drapant sa silhouette sans ostentation mais avec perfection.

« T’ai-’je dit que tu étais magnifique ce soir ? » haleta t –il en relâchant ses lèvres un instant.

« Non, » balbutia t –elle , palpitante.

« Tu es.. magnifique.. éblouissante.. désirable. Je suis fou de toi.. »

Elle gémit et il brûlait à nouveau d’un désir sans nom. Arrivés à leur étage , ils titubèrent plus qu’ils ne marchèrent jusqu’à la porte , et quand elle fut refermée sur eux , ils se déshabillèrent avec frénésie. Il fut nu en un instant et avança sur elle d’une démarche de prédateur si sexuellement agressif qu’elle sentit les lèvres de son sexe se mouiller intensément. Elle ne portait plus que son slip de dentelle et un petit corset qui moulait son buste , rehaussant sa poitrine qui se soulevait rapidement.
Elle le regarda vernir vers elle la bouche entrouverte , palpitante , gonflée de ses précédents baisers , et quand son dos heurta un meuble elle eut un petit cri de surprise.
Il mit ses paumes autour de son visage et captura ses lèvres voluptueusement , profondément , infusant tout son amour et son désir dans cette étreinte.
Puis , le visage crispé , il fit descendre les bretelles fines du bustier , dégageant chaque sein.
Ceux-ci étaient ronds , épanouis , leurs pointes dressées , et cette vue le fit saliver plus fort.
Plaçant ses mains de part et d’autre de ses côtes juste au dessous de sa poitrine , il fit aller ses
pouces lentement autour de chaque mamelon , puis , tandis qu’il se mettait à caresser un sein à pleine main , pétrissant , agaçant la pointe , il se pencha et ouvrit ses lèvres pour sucer goulûment l’autre.

Dés qu’elle sentit sa langue sur la pointe sensible , Buffy s’arqua vers lui avec une plainte.

« Oui, oui.. »

Il la caressait avec une volupté et une douceur qui étaient presque insupportables. Il savait l’effet que sa bouche avait sur elle , et passait d’un sein à l’autre , comme s’il ne devait pas être rassasié. Le spectacle de Spike , yeux fermés , léchant et suçant chaque mamelon , et passant sa langue en dessous , revenant , brûlait ses reins et faisait venir une humidité constante au cœur de son intimité.

Quand il eut passé un temps infini à cette caresse , il releva son visage et murmura : « Tu aimes ce que je te fais , amour ? »

« Tu le sais » , gémit- elle. « C’est tellement bon .. »

« Tu es si excitée.. » gronda t –il en passant une main sur son sexe toujours recouvert de la soie de sa lingerie. « Oh bébé.. montre –moi comme tu es mouillée.. »

Il frotta avec insistance la fente de son sexe , à travers le tissu soyeux. Cela était infiniment érotique et elle se mit à balancer doucement ses hanches, en rythme avec le passage de ses doigts. Très vite elle fut au bord de la jouissance et quand il reprit le frottement d’une main alors qu’il aspirait un mamelon et faisait passer sa langue rapidement sur le bout , elle vint dans un cri guttural.

Il captura sa bouche , plongea sa langue , imprimant une envie sexuelle puissante dans l’attaque de sa bouche.

Buffy se sentait prise de vertige et elle s’agrippa plus fort à ses épaules.

« Je.. chéri.. » sanglota t –elle.

« Oui , je sais mon bébé.. tu veux que je te baise avec mon sexe.. je vais le faire.. attends.. »

Elle tremblait et il la guida au bord du lit. Quand elle fut debout , les jambes contre le bord du matelas, il se tint devant elle et attrapa sa verge à la base , agaçant le gland où perlait du sperme, faisant aller et venir ses mains tout le long dans un mouvement lent.

« Déshabille-toi », ordonna t –il , la voix très rauque.
Fascinée , elle fixait son corps sculptural , les muscles de ses bras , de sa poitrine , la paroi au relief marqué de ses abdominaux , et ses cuisses fuselées , puissantes.
Au centre de ce tableau , la caresse hypnotique de ses doigts l'excitait si intensément qu’elle retira son slip avec des gestes précipités.Quand elle fit mine de dégrafer son bustier , il fit non de la tête.
« Garde-le et assois-toi, amour. »

Elle obéit , le ventre en feu , tendu , dans l’attente d’être pénétrée . Agenouillé , il passa ses mains à plat à l’intérieur de ses cuisses. Elle se tenait légèrement appuyé en arrière , la peau moite, mourant de désir. Il suivit les courbes de ses hanches , de son ventre plat , remonta encore vers les seins offerts , leurs pointes raidies et sensibles. Elle haletait , bouche entrouverte , brûlante.

« Je t’en prie.. » pria t –elle.

Il eut un rire chaud , sensuel. Elle était si magnifique , les cheveux cascadant dans son dos , le corset de dentelle drapant son buste , les seins dégagés , et les cuisses ouvertes , la fente de son sexe luisante de sa première jouissance.

Il la fit se pencher un peu plus en arrière , sur ses coudes , tandis qu’il s'approchait. Il écarta les lèvres de son sexe et caressa la perle de son clitoris avec le plat de son pouce, faisant enter seulement le bout de son sexe.

« Tu m’as bien caressé , tout à l’heure.. » murmura t –il en contemplant la vision de leurs sexes presque joints. « J’aime quand tu me lèches et que tu es excitée.. Tu as été excitée, hein ,mon bébé ? »

Elle gémit , rapprochant son bassin , éperdue. Il continua à frotter la perle tendue qui devenait plus dure sous son doigt, et caressait de part et d’autre , fasciné par l’humidité qui venait en vagues toujours plus importantes. Elle ruisselait de plaisir.

« Prends-moi.. » haleta t –elle. « Oui.. je.. j’ai besoin de toi.. »

« Tu as aimé ? .. tu m’ as caressé , et c’était bon pour toi .. aussi , amour.. » continuait-il d’une voix basse , envoûtante. « C’est si bon de te baiser , après.. »

Il enfonça son sexe d’une poussée profonde et elle eut un sanglot. Aussitôt il imprima à son bassin un va et vient profond , de longues caresses de toute sa verge dans la soie de son sexe , et elle vint à sa rencontre ,en appui sur ses bras , remontant ses hanches , le ventre palpitant , une main sous un genoux pour tenir sa jambe gauche bien ouverte , tandis qu’il maintenait son emprise sur son autre jambe.

« Regarde comme c’est bon.. » gronda t –il. «Tu es si chaude.. si douce.. pour moi.. »

« Oui.. pour toi.. pour toi.. »

« Oui, offre-toi.... viens.. viens… jouis sur moi.. encore .. resserre – toi .. Oh oui ! Buffy.. ! »

Il pompait ses hanches plus vite , plus loin et Buffy gémissait de manière continue.
Leur accouplement devenait animal et Spike grognait et ses reins avaient pris une cadence plus frénétique.

« Mon joli bébé.. si mouillé.. » ahanait-il , la mâchoire serrée , le cou tendu dans l'effort, en proie à une excitation incandescente.
Buffy avait été si intensément chavirée , la première fois où il avait murmuré les mots érotiques à son oreille.. et cela demeurait une expérience d’un érotisme délicieux que cette litanie qui la berçait , en rythme avec sa pénétration.

« Baise-moi.. oui.. baise-moi .. bien fort.. comme çà.. Oh amour. ..ma beauté.. tu vas me faire jouir.. » murmura t –il en se penchant au dessus d’elle , grisé par son abandon.

Elle succomba à une détente fulgurante de tous ses muscles et gémit longuement. Terrassé par le plaisir , il jouit à son tour , éjacula longuement , en longs spasmes, et écrasa leurs bouches l’une contre l’autre .


Encore enfoui en elle , il la fit s’allonger et vint reposer sur sa poitrine , son visage entre ses seins. Tous deux avaient une respiration laborieuse et demeurèrent silencieux pendant de longues minutes.
Il prit appui sur ses avant-bras et entoura son visage entre ses paumes , ses pouces frottant en cercles doux le haut des joues de Buffy , se grisant de la lumière amoureuse qui irradiait de ses prunelles.

« Je t’aime ,» dit-elle avec une voix de gorge un peu enrouée.

« Je t’aime tant , amour » souffla t –il .

Toujours , après les étreintes les plus sulfureuses et la passion charnelle la plus effrénée , venait cet instant de douceur contemplative, cette union de leurs âmes qui continuait , après que leurs corps aient connu le plus intense bouleversement.

« Je voulais te dire.. » murmura t –elle , son visage soudain empreint d’une détermination qui l’inquiéta .


« Qu’y a t –il ? »
« Je voulais te dire que j’ai changé d’avis. »

« A propos de quoi, amour ? »

« Il n’est pas question que tu partes tout seul à Santa Barbara, » annonça- t –elle , et son petit menton se dressait.

Il rit et l’embrassa sur le nez.
« Peux-tu préciser ? »
IL cachait ses espoirs derrière une nonchalance dont elle ne fut pas dupe.

« Je veux dire que j’ai donné ma démission au lycée et que je serais avec toi à la rentrée à l’université. »

« Mais, comment ? Je.. As-tu trouvé un travail ? »

« Non , absolument rien pour l’instant , mais j’ai l’intention de chercher activement , aussitôt que nous serons installés. »

« Nous.. serons installés ? » répétât –il avec une lueur incrédule .

« Oui. Il n’est pas question que je sois séparée de toi chaque semaine. Je veux partager ta vie.. »

Elle sembla réaliser qu’il la contemplait avec une expression grave qui l’alarma.

« Enfin.. si tu.. si tu penses que cela est possible. »

Il demeura sans répondre si longtemps qu’elle s’inquiéta un instant.

« Spike ? Tu ne trouves pas… »
Il captura sa bouche avec une langueur irrésistible , enfonçant sa langue avec sensualité et quand elle voulu parler à nouveau il la fit taire en exerçant une pression plus forte , la dévorant avec une ardeur à laquelle elle accepta de succomber.

« Je veux vivre avec toi, » murmura t –il la voix grave alors qu’il se relevait à peine. « C’est tout ce dont j’ai toujours rêvé. »

« Alors.. » Elle fronça son petit nez et eut un sourire radieux. « Nous allons avoir des vacances très occupées. Mais en attendant , qu’ attends-tu pour commander du champagne ? »

« Tes désirs sont des ordres, chérie. »



Il se retira délicatement et la fit se redresser. Avec des gestes doux , il détacha un à un les minuscules boutons du bustier puis , après un autre baiser langoureux , appliqué , il l’entraîna vers le lit , dont il ouvrit les draps.

« Je vais appeler pour qu’on nous monte un dîner. »

Elle hocha la tête et s’en alla vers la salle de bain. Quand elle revint , il terminait d’ordonner tous les plats dont il savait qu’elle raffolait.

Buffy s’étira et avec une expression mutine , se glissa entre les draps frais. Par la baie vitrée , elle distinguait la colline d’Hollywood et ses maisons disséminées ,éclairées par le soleil couchant. Elle eut un soupir d’aise et écouta les battements de son cœur.
Quand il eut raccroché , il vint s’asseoir à ses côtés et lui caressa la joue.

« Viens ? » chuchota t –elle.
« Je vais peut-être enfiler un pantalon ? » répliqua t –il en haussant un sourcil suggestif.

« C’est une idée qui a du mérite. Il ne faudrait pas que celui ou celle qui va nous apporter le repas tombe de stupeur en entrant ici. »

Il disparut à la salle de bain. Buffy se laissa aller plus profondément au fond du lit.


« Je veux louer une maison au bord de la plage ! » dit-elle.

Il ne répondait pas et elle l’imagina , devant le miroir du lavabo, interrompant ses mouvements. Une expression sereine se répandit sur ses traits.

« Et il faudrait que nous nous y mettions le plus vite possible. Ce n’est pas comme si tu devait avoir un appartement pour célibataire, prés de l’université. La rentrée est-elle en Septembre ? »

Il émit un son qui ressemblait à un grognement. Elle rit et se tourna entre les draps, soupira.

« Je pourrais peut-être m’inscrire pour suivre tes cours en auditrice libre.. histoire de te rendre fou.. »

« J’ai entendu ! » cria t –il depuis la salle de bain. « Et ce n’est pas une bonne idée . »

« Oh , mais je croyais que tu ne voulais pas te passer de moi.. Je serais discrète, très discrète.. »

« Non. »

« Ou bien je pourrais demander à travailler dans un service administratif quelconque. Robin Wood a promis qu’il m’aiderait ..pour quoi que ce soit. »

« Non, » gronda t –il.
« Il suffit que je lui demande gentiment et.. »

« Non. »

« Mais il a des relations et ce n’est pas comme si je n’allais rien faire de toute la journée en attendant que tu reviennes.. me faire l’amour.. ? »

« Non. »

« Non ? »

« Non , je sais très bien que tu dois trouver un travail. »

Il entendit son rire de perle et éprouva un sentiment de paix si vif qu’il fut quelques secondes sans bouger. Elle reprenait son babillage et il sourit , s’apprêta à la rejoindre.

Au moment où il revenait, vêtu d’un pantalon de soie bleu marine souple, torse nu , elle le regarda avec une lueur pétillante dans le regard.

« Je dirais non à toutes tes questions, » annonça t –il d’une voix ferme , le bleu de ses yeux plus chaud alors qu’il le laissait aller sur les courbes qui se dévoilaient sous le drap.
Elle lui rendit son expression lascive , s’attardant sur la ligne de son sexe , et lécha ses lèvres. A cet instant on frappa à la porte.

« Quel dommage ! » dit-elle , les lèvres boudeuses.

Il se dirigea vers l’alcôve et ouvrit à un jeune garçon d’étage poussant un chariot recouvert de mets . « Bonsoir. Service pour Monsieur Kensinton. »

« Merci. Laissez le là, nous allons nous débrouiller. »

« J’allais te demander si tu voulais m’épouser , chéri ! » entendit-il depuis la chambre.

Spike resta interdit et le garçon l’observa curieusement alors que le visage de Spike devenait plus pâle , eut un petit sourire puis fit demi tour en refermant doucement la porte de la chambre .

Il cru distinctement entendre un rugissement quand il eût fait quelques pas dans le couloir.


Fin.
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