Chapitre 22-


Buffy s’étira de tout son long. A côté d’elle , Spike poussa un soupir . Ils s’étaient entraînés tous les deux aux différents agrès pendant presque une heure , et savouraient quelques instants de relaxation.

« L’année dernière je faisais du jogging deux fois par semaine, » dit-elle en étendant ses bras au dessus d’elle. « Mais finalement en enseignant je n’ai pas besoin de cette activité supplémentaire. »

« Si nous étions plus prés de la mer , j’aimerais le faire, » répliqua t –il. « Il n’y a rien de plus relaxant que de courir sur le sable , à l’aurore ou au coucher du soleil. »

Les paupières fermées , elle imagina leurs silhouettes côte à côte ,parcourant à petites foulées les immenses plages du Pacifique. Rentrant main dans la main chez eux , dans une maison qui s’ouvrirait face à l’océan.. Elle frissonna d’un plaisir intense .

« Je vais me doucher, » dit-elle en se relevant d’un mouvement vif. « Je n’aime pas rester trop longtemps immobile après avoir transpiré. »

Il suivit le déhanchement délicieux de ses pas , la minceur de sa taille dévoilée par l’ensemble de gymnastique qu’elle portait et qui moulait ses reins à la perfection. Il se redressa à son tour , la suivit dans la salle de bain.
Buffy récupéra des affaires de rechange dans un sac et se dirigea vers la cabine de douche . Elle se retourna en entendant qu’il refermait la porte à clés derrière eux.

« Non, tu es raisonnable ! » dit-elle en levant un doigt pour lui faire comprendre qu’elle était sérieuse.

« Je suis tout à fait raisonnable, amour, » protesta – t –il en levant ses deux mains devant lui. « Mais nous pourrions nous doucher ensemble, nous serions prêts plus vite. »

Elle lui lança un regard qui n’était pas dupe, mais retira son tee-shirt puis son pantalon. Il eut la gorge sèche du spectacle qu’elle offrait en sous-vêtements.

« C’est vrai ! » continua t –il avec une expression un peu boudeuse. « Je te rappelle que Anya et Alex nous attendent , et qu’il est déjà six heures. »

Elle dégrafa son soutien-gorge et le jeta négligemment sur le reste de ses habits. Le regard de Spike
se rétrécit et il enleva à son tour son tee-shirt . Buffy le toisa avec espièglerie et retira sa culotte de dentelle crème qui rejoint la pile . Puis d’une pirouette elle s’enferma dans la cabine.
Troublé par la vision même brève de sa nudité , Spike se dévêtit de son pantalon lentement , puis s’approcha et posa une main à plat sur la paroi de verre. L’eau commençait à couler et il entrouvrit la porte.

« Laisse-moi entrer.. » murmura t –il. « Je te promets que je serai sage. »
« Viens, » dit-elle en souriant , alors qu’elle prenait quelques gouttes de savon au creux d’une paume.

Il pénétra dans l’espace déjà rempli de vapeur d’eau avec un petit air triomphant.

Il comptait bien la faire gémir de plaisir avant qu’ils ne quittent les lieux.

* * * * *

Buffy se sentait si détendue dans son bain qu’elle n’envisageait pas d’en sortir avant une bonne demi heure. Elle se laissa aller plus profondément dans l’eau , le menton dans la mousse parfumée.
Les paupières fermées , elle écoutait la musique douce de Diana Krall , un disque que lui avait offert Spike un après-midi , après qu’il ait constaté qu’elle ne possédait aucun accompagnement parfait pour des moments intimes.
Cela avait donné lieu à une discussion .. intéressante , et il l’avait entraîné à Los Angeles , Santa Monica plus précisément , pour se promener sur Third promenade , et découvrir l’un des magasins les plus extraordinaires en matière de musique.
Ce soir là , il lui avait fait connaître les sommets du plaisir alors que s’élevait la voix langoureuse d’une chanteuse de jazz que Buffy n’avait jamais entendue.
Et cet air là serait à jamais lié à ces minutes divines.
Elle poussa un profond soupir , rêvant à l’instant toujours si parfait où ils se retrouvaient après une séparation, et où leurs bouches scellaient des promesses qu’elle n’osait formuler à voix haute.


* * * * *

Quand elle lui ouvrit la porte de son appartement , il demeura une minute silencieux , tant la vision de sa beauté pure le paralysa.
Depuis leur soirée chez Giles et Jenny, depuis la réalisation que ses espoirs étaient fondés sur du vent si Buffy considérait toujours Angel comme un homme inoubliable , Spike s’efforçait de se réjouir de chaque minute passée en sa compagnie.

Elle portait un long fourreau de velours rouge foncé , ses bras étaient nus , et le décolleté offrait juste assez de peau pour le rendre ivre de désir.
Elle avait exceptionnellement remonté ses cheveux en un chignon un peu souple , une multitude de petites mèches qui encadraient son visage , et elle était tout simplement angélique.

« Entre, » dit-elle , le cœur battant la chamade devant son admiration éblouie.

Il sortit de sa rêverie et lui fit un sourire doux. Elle eut l’impression de voir William et plaça une main sur sa joue. Il s’inclina aussitôt comme pour chercher un contact plus proche.

« Tu es magnifique , amour. » Il déposa un baiser sur ses lèvres et se redressa. « Où vais-je t’emmener , qui soit digne de ta beauté ? »

Elle eut un rire de perles et le tira par la manche avant de refermer la porte.

« Je ne suis pas si chic que cela, » dit-elle avec gaieté. « C’est parce que tu es.. »

Elle s’interrompit brutalement , affolée des mots qui allaient franchir sa bouche . Elle avait été prête a dire ‘ amoureux’. Car comment interpréter différemment ce regard chaud , fervent ,possessif , avec lequel il la couvait , chaque fois qu’ils étaient ensemble ? Elle ne pouvait plus mettre en doute la profondeur de ses sentiments , mais s’étonnait un peu qu’il n’ait pas trouvé l’occasion de lui murmurer les mots d’amour qu’elle rêvait d’entendre.. et qu’elle entendait dans ses rêves. Elle rougit , et balbutia : « .. tu es très galant. »

Il ne paraissait pas avoir remarqué son hésitation. Il caressait ses cheveux , délicatement , et s’émerveilla qu’elle ait encore choisi de porter son collier.

« Je suis heureux que tu mettes si souvent ce bijoux, mon cœur. Mais il est très simple. Accepterais-tu que je t’offre quelque chose d’autre ? »

Il la tenait par la taille à présent. Et attendait sa réponse , la tête un peu penchée de côté. Elle fut touchée par l’air de vulnérabilité qui voilait le bleu magnifique de ses yeux.

« C’est parce que ce collier est important pour moi, » murmura t –elle. Ses yeux étaient brillants , d’un vert pailleté d’or, et il remercia encore le destin pour l’avoir remis en présence de cette femme qui lui rendait le cœur sauvage. Même si croire en leur avenir commun paraissait un rêve irréalisable.

« Il est un cadeau de William. Mais je serais très heureuse si tu veux m’offrir quoi que ce soit. »

« Alors c’est décidé. Ton présent à Noël est tout trouvé. »

« Tu n’es pas obligé de faire des folies , chéri. » Il tressaillit devant l’appellation tendre. Elle appuya
son visage contre son épaule et ils restèrent ainsi pendant un instant , savourant l’étroit contact de
leurs corps.



Ils se retrouvèrent dans un café charmant , dont l’accès était un jardin exotique de toute beauté.
La décoration intérieure et l’ambiance avaient des tonalités espagnoles , et sous un éclairage
scintillant de plusieurs dizaines de bougies à l’abri dans de petites coupes transparentes , ils
dégustèrent une paella parfaitement préparée. Spike demanda une seule grande assiette pour
deux , et ils mangèrent côte à côté , goûtant tour à tour la préparation parfumée.

« Tu me gâtes, » soupira –t elle avec un soupir de contentement. « Cet endroit est ravissant. »

« Giles m’en avait parlé. Je crois que c’est là qu’il a demandé à Jenny de partager sa vie, » ajouta t –
il.
Elle sourit et saisit son verre. Elle avait été raisonnable , mais ce vin rosé et fruité lui montait
légèrement à la tête.

« Encore une bouchée ? »
« Non , termine. Je n’en peux plus, » avoua t –elle avec une petite moue adorable. Elle se laissa aller
sur la banquette de velours , une main sur son ventre . Il lui fit un sourire indulgent et finit le plat.
Autour d’eux peu de tables étaient occupées , et cela rendait l’intimité des lieux plus vive.

Buffy l’observa à la dérobée , notant encore une fois combien ses traits avaient acquis une maturité
flatteuse par rapport au souvenir qu’elle conservait du jeune William . Il tourna vers elle son
magnifique regard océan , et elle fut étourdie par la force de la chaleur qui en émanait. Mais il
paraissait toujours grave. Elle aurait voulu voir ses traits se détendre .

« Tu es bien ? » demanda t –il doucement.

Emue , elle hocha simplement la tête en silence. Il était d’une prévenance constante. Plaçait son
bien-être avant toute chose.

Les premières notes d’une chanson qu’elle reconnut avec un serrement de cœur , parvinrent jusqu’ à
eux. La voix chaude de Cesaria Evora , chargée des essences de son pays , se répandait dans la
salle.

« Besame mucho.. Te rappelles-tu quand nous avons entendu cet air pour la première fois ? »
demanda t –il en prenant une de ses mains.
« Tous les deux ? » chuchota t –elle.
« Oui. »
« Bien sûr. Pour la soirée du Nouvel-An. Je suis allée vers toi. Tu avais dansé avec chacune des
jeunes filles présentes. »
Spike l’enveloppa d’un regard tendre. Il imprima une caresse lente sur son poignet.

« Sauf avec toi , amour. Et pourtant j’en mourrais d’envie. Mais pour rien au monde je n’aurais trahi
cette envie. »

« J’étais si furieuse, » dit Buffy , songeuse. « Tu te tenais , debout , tout seul, à la fois si arrogant ,et
vulnérable , et je voulais tant être un peu avec toi. »

Il avait fronçé ses sourcils quand elle avait prononcé le mot ‘vulnérable’ . L’avait-elle compris , alors , à quel point
William demeurait fragile ?

« Je savais que tu voulais danser avec moi, » dit-il d’une voix profonde. « Mais je savais aussi que si
je te prenais dans mes bras , je me serais conduit de telle manière qu’Angel m’aurait mis à la porte.. »

Il fit une petit grimace suggestive et elle sentit ses joues rosir.

« Dansons, » murmura t –elle en se levant.

Ils se dirigèrent lentement vers l’espace où quelques couples évoluaient. Il la prit contre lui dans un
mouvement fluide , et leurs corps s’ajustèrent de la façon la plus naturelle. Leurs yeux
s’accrochèrent , une émotion indicible les rendant oublieux du monde.

Spike pensa que cette chanson , interprétée merveilleusement , serait à jamais liée à cet instant
exquis , hors du temps. Elle représentait le désir nu et impétueux de William , qui voulait connaître la
douceur de serrer Buffy contre lui , et elle représentait l’accomplissement d’un rêve fervent.
Il était ici, avec elle , il partageait sa vie , et elle acceptait de lui consacrer tant de soirées et de
moments inoubliables.
A cet instant leurs yeux s’accrochèrent , et elle fut submergée par l’amour qu’elle voyait vibrer dans
ceux de Spike. Et pourtant il y avait aussi une indicible tristesse. Elle passa ses doigts doucement
dans les petites boucles qui marquaient sa nuque.
« Spike.. » murmura t –elle.

Son visage revêtit une expression chargée d’attente , et elle réprima un soupir. La crainte d’être
ridicule , d’être trop possessive peut-être , lui rendait la gorgée serrée. Bientôt, se promit- elle.
Bientôt , je lui parlerai.

Elle suivait ses pas avec grâce. Il aperçut du coin de l’œil l’hôtesse de la Maison aux Fleurs qui les
regardait avec une admiration attendrie. Sans doute leur couple , élégant et gracieux , leurs visages
reflétant un bonheur grave , ne pouvait manquer d’attirer l’attention. Quand la chanson se termina ,
elle fit signe au jeune homme en charge de la musique de la remettre ; Spike lui fit un petit signe de
reconnaissance , tandis que Buffy eut un sourire doux et vint appuyer son visage contre son épaule.

Ils dansèrent longtemps . Spike était recueilli dans un silence à la fois heureux , bouleversé, et
oppressant.


* * * * *

Elle reposait contre sa poitrine , respirant doucement , et le bien-être s’infiltrait dans ses veines.
La fenêtre à peine entrouverte sur la nuit permettait un air frais de pénétrer dans la chambre .

Ils avaient fait l’amour dans le même silence empreint de ferveur , comme un prolongement naturel
de leurs danses. Arrivés à l’appartement de Spike , ils s’étaient déshabillés mutuellement , leurs
murmures appréciatifs et leurs ronronnements , un écho sensuel à la quiétude de la nuit.
Maintenant elle respirait contre sa peau , son corps en contact étroit avec le sien depuis son
épaule jusqu’à la pointe de ses pieds. La lune , pleine, dont le disque étincelait de blancheur à travers
les stores , les baignait d’une lumière laiteuse , féerique.

« Dis-moi de la poésie, » murmura t –elle .

« Je peux te réciter un poème de Wordsworth. »

« S’il te plaît.. » Elle déposa un baiser sur sa poitrine. Il reprit son souffle.

« ..J’ai eu beau faire, je n’ai su
Te trouver cette nuit.
Ne me laisse pas seul , encore une fois.
Car sans toi, que serait la splendeur du matin ?
Viens , barrière bénie entre hier et demain
De qui naissent neuves pensées et saines joies. »

Sa voix était profonde , un peu râpeuse, vibrante. Elle ressentit une vague de plaisir pur.

« Encore, » pria t –elle.

« C’est un effort intellectuel. Je ne sais pas si je suis capable d’une mémoire.. »

Elle l’interrompit en se redressant , et , à genoux , les mains sur les hanches , elle le fusilla d’un
regard qui se voulait sévère. Il la contempla , subjugué. Les reflets argentés sculptaient la perfection
de son buste , ses seins ronds , plus pâles , la finesse de sa taille. Ses cheveux blonds auréolaient
son visage , dont il ne distinguait vraiment que l’éclat vert et vibrant des yeux.

« Voudrais-tu me faire croire que toi, un professeur de littérature , un romancier.. ne connaît pas par
cœur des dizaines de poésies ? »

« Eh bien, à cette heure de la nuit.. après des mets délicieux.. et.. » Son regard brûlant caressa sa
nudité et il passa sa langue le long de sa lèvre supérieure . « .. après le plaisir que tu m’as donné,
je reconnais que .. »

« Oh , non , tu ne t’en tireras pas comme çà ! » s’écria t-elle en le frappant de ses petits poings.

Il gronda et saisit sa taille. « C’est bon , c’est bon.. » haleta t –il en riant. « Puis-je te lire quelque
chose ? »

Elle fit mine de réfléchir plusieurs secondes et sa bouche prit un pli boudeur. « Oui, » agréa t –elle.

Il eut un sourire radieux . « Bien. Alors.. permets-moi.. »

Il se tourna et alluma la lampe de chevet. Puis il ouvrit le tiroir de la table de nuit, en sortit un étui et
un livre ancien.

Elle l’observait , captivée par la splendeur de sa musculature , la ligne de ses abdominaux qui se
démarquaient, la fluidité des muscles du dos , lisses , parfaits.

Quand il prit appui contre le montant de fer forgé du lit , elle avala sa salive. Il avait ouvert l’étui noir
pour en sortir une paire de lunettes élégantes , cerclées , et dès qu’elles furent sur son nez , il eut
l’apparence de la séduction la plus inattendue. Ses petites boucles partaient dans tous les sens , et
c’est William qui la regardait .
Un William qui avait la séduction ténébreuse de Spike.

« Qu’y a t –il , chérie ? » demanda t –il en ouvrant son livre.

« Rien.. je.. As-tu toujours besoin de lunettes pour lire ? »

Sa voix lui sembla rauque , un peu essoufflée. Il l’enveloppa d’un œil curieux , qui se chargea de
chaleur . « Mais oui. Quand j’écris , ou que je lis avec peu de lumière, elles me sont
indispensables. »

Buffy palpitait de désir. Sentait ses ondes brûlantes lui parcourir chaque parcelle de peau , et elle
retint les mots d’amour qui gonflaient dans sa poitrine , qui mourraient dans sa gorge.
Elle ne comprenait pas ce qui arrivait, si ce n’est que Spike , nu, étendu sur son lit avec un livret de
poésie entre les mains , son beau visage paré de simples lunettes qui lui rappelaient son William ,
représentait l’image la plus ensorcelante , la plus bouleversante qu’elle ait contemplée depuis
longtemps.

« Elles te vont très bien, » souffla t -elle . Elle s’installa sur ses cuisses , et déjà ses
mains effleuraient les muscles de son torse alors qu’il eut un haut le corps et que son sexe réagit
aussitôt.

« Cela.. te plaît ? » haleta t –il. Derrière les verres , le bleu de ses prunelles devenait plus sombre.

« Cela me plaira encore plus , quand tu auras commencé à lire.. » murmura t –elle , espiègle. Elle le
caressait lentement , ses mains allant et venant sur la surface superbe de son ventre , et sentait sa
peau frémir , la paroi de son ventre se durcir. Elle descendit légèrement sur ses cuisses , nota avec
une fascination gourmande combien sa verge s’allongeait , se dressait.

Il la regarda avec une incrédulité quelque peu émerveillée , et se raclant la gorge , déchiffra les
premiers vers.

« C’est le matin, plein de tempête, au cœur de l’été. »

« Je ne te gêne pas ? » dit-elle avec sérieux, un leger sourire étirant ses lèvres .
Il écarta un peu l’ouvrage et la regarda. Ainsi installée , à cheval sur ses jambes , elle lui offrait le
spectacle le plus désirable. Tout son corps vibrait à nouveau du désir le plus pur , le plus fou.

Et elle attendait qu’il lui lise des poèmes.

« C’est parfait , amour, » dit-il d’un ton âpre.

« Pour moi aussi, » gémit-elle. « Continue, s’il te plaît.. »

Sa belle voix grave et profonde s’éleva . Elle se laissait bercer par la musique des mots et reprit la
lente exploration de ce territoire délicieux qu’était le corps de son amant.
Sa bouche suivit le tracé de chaque muscle , et grappilla une multitude de petits baisers sous son
nombril.

« Buffy.. ! » Sa voix avait des intonations suppliantes. Elle eut son rire perlé et redressa son visage ,
ses yeux malicieux dansaient de lumière sous ses cils.

« Oui.. » murmura t –elle. La chaleur de son souffle s’approchait de la partie la plus intime de son
anatomie, et Spike reprit bruyamment sa respiration.

« Pour que tu m’entendes.. mes mots s’amenuisent.. Dieu ! » Il sentait les seins de Buffy frotter ses
cuisses , et ses doigts masser l’intérieur, tout prés de son érection. Elle le provoquait et il était
bouleversé de désir , d’amour. « ..parfois, comme les empreintes des mouettes sur les plages, »
continua t –il d’une voix hachée.

« Oui , chéri.. » murmura t –elle , saisissant le sexe tendu , magnifique , gorgée de semence.

« Avant toi, ils peuplèrent la .. solitude.. » Il gémit. « .. que tu occupes, et ils sont plus habitués à
ma tristesse. »

Il eut la faiblesse de regarder vers elle.

La vision de sa bouche pulpeuse autour de sa verge lui fit lever les reins instinctivement. Il
tendit une main vers ses cheveux et ses lèvres s’entrouvrirent sur une prière muette. Une envie
presque douloureuse le paralysait et son cœur battait violemment en lui. Elle le torturait et il
baignait dans l’extase la plus inouïe.

« Encore, chéri, » souffla t- elle , et elle le lécha de bas en haut.
Il réprima un gémissement plus fort , haletant , tremblant.

« Maintenant.. je veux qu’ils disent ce que je veux te dire , pour que.. » Il tint son livre avec plus de
fermeté et ferma les yeux très brièvement. S’efforçant de concentrer son attention sur les lignes qui
se brouillaient , mais s’ ouvrant à toutes les sensations de volupté que les caresses de Buffy
faisaient éclore .
« ..pour que tu les entendes comme je veux que tu les entendes. »


Ses lèvres douces et chaudes s’enroulaient insistant sur l’arête du gland dans un
mouvement de va et vient qui rendait dure la paroi de son bas –ventre et il éprouvait
le besoin de rugir et de crier , non pas de murmurer ces lignes évocatrices. Il enfouit ses doigts
dans sa chevelure , l’incitant à poursuivre. Du bout de sa langue elle caressait son sexe gorgé de
sève sur toute sa longueur , imprimait de petites caresses en cercles , un désir incandescent
se rassemblait là où elle ne cessait de le toucher avec une douceur si passionnée qu’il balbutia son
nom comme une prière , une litanie qui le conduirait plus vite vers l’aboutissement de l’expérience
la plus sensuelle qu’il ait vécue .
« Mais peu à peu mes mots.. se teintent de ton amour.. » Il était pantelant.

Son bras gauche tomba brutalement , le livre ouvert.

Elle le caressait plus vite , le prenait avec une volupté éblouissante , l’absorbait en elle plus
profondément , plus longuement et il soulevait son bassin en rythme avec la chaleur de sa bouche.


« Oui.. oui.. Buffy.. mon cœur.. oui.. » supplia-t-il , éperdu.

Elle ajouta la pression de ses mains à la base de son sexe et il gronda. « Je t’en prie.. je t’en
prie.. »

Elle reprit l’assaut sur sa chair exacerbée , et en même temps leva ses yeux vers lui. Dans les
perles de lumière il crut voir une tendresse si puissante que tout son corps se détendit
prodigieusement et Il fut perdu dans un abîme de sensualité , de bonheur si sauvage qu’il émit
des sons grondants et plaintifs , les muscles de ses reins tétanisés , jouissant dans une vague
violente ,dans une série de spasmes continus , terribles .


La puissance de son plaisir le catapulta dans une stupeur qui peignait son visage d’une incrédulité
passionnée. Buffy posa les paumes de ses mains de part et d’autre de ses joues , la respiration
laborieuse. Elle était bouleversée des émotions qu’il ne cachait pas, de l’humidité perlant à ses
paupières.

« Chut… chut , mon chéri.. »

« Buffy.. »

« Je suis là.. »

Elle vint se lover contre lui , humant l’odeur de sa peau moite , et elle continuait à respirer avec
peine.
Puis elle tendit ses lèvres vers lui tandis qu’il s’inclinait vers elle. Ses yeux bleus étaient troubles ,
ivres.
Elle mit ses mains derrière sa nuque et leurs lèvres se cherchèrent , s’épousèrent .


« Je fais d’eux.. un collier infini.. pour tes mains.. » termina t –il de réciter , sa voix frémissante.

« J’ai aimé ce poème, » murmura t –elle avec un sourire comblé.

« Et moi.. j’ai aimé te le lire, amour, » souffla t –il .


Au bout de quelques instants , il la sentit se détendre complètement contre lui.
« Tu me ramèneras.. demain matin, » murmura t –elle d’une voix ensommeillée.
« Oui, » chuchota t –il.


Sa respiration régulière était un son dont il ne se lassait pas. Elle reposait à moitié sur lui, sa jambe
gauche drapée sur les siennes et une de ses mains repliées sous son menton.

Il attrapa le drap du bout des doigts , prenant garde à ne pas la déranger,puis retira ses lunettes , qu'il posa par terre.
Cette chambre était devenue un lieu précieux pour lui : c’était là où Buffy dans ses bras révélait tous
ses désirs. Là où elle le caressait et lui offrait son sourire glorieux, là où elle murmurait son nom d’une
voix si suppliante et éperdue .


Il pouvait imaginer alors qu’elle lui appartenait complètement. Il gardait sous ses paupières son
visage radieux à la minute où l’extase l’enveloppait , et il s’efforça de chasser les ailes noires et
terribles du doute qui venait constamment recouvrir d’ombre toutes les images sublimes qu’il avait
d’elle. Il la serra plus fort contre lui et embrassa délicatement son front.

Peut-être.. peut-être pourrait-il lui dire combien il l’aimait. Combien il ne pouvait vivre sans elle.
Combien il serait brisé en partant loin d’elle.
Peut-être pouvait-elle lui rendre, un peu, les sentiments qu’elle avait eu pour..

Mais apparemment il n’était pas inoubliable , contrairement à un autre homme dont le seul nom lui
lacérait le coeur. Il ne cessait de s’offrir. Cela n’avait pas suffi cinq ans auparavant , mais cela ne
voulait pas dire qu’il n’ avait aucune chance.. ? Ce soir.. ce soir , il y avait eu tant de chaleur , de
douceur, de passion dans ses yeux clairs.


Comme elle le consumait.. Elle demeurait son éternelle blessure.


Elle bougea légèrement et il crut entendre son nom sur ses lèvres. Le cœur battant , il se tourna un
peu vers elle , caressa ses cheveux, sa joue. Il vit la ligne pulpeuse de sa bouche s’étirer en un
imperceptible sourire et elle souffla encore : « Spike.. » Un sanglot monta dans sa gorge.

Pour l’instant , elle reposait dans ses bras .

A suivre.





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