Chapitre 24.



Quand les choses commençaient à aller mal , il devait exister une force surnaturelle qui veillait certainement à ce qu’elles ne retrouvent pas leurs cours normal , songeait Buffy , après avoir passé plusieurs minutes désespérantes à tenter de faire démarrer sa voiture. Sans doute, celle-ci n’étant pas utilisée avec régularité , avait décidé qu’il n’était pas question qu’elle obtempère au moment où Buffy en avait vraiment besoin.
La jeune femme remonta dans son appartement , et même la vision de Angel allongé sur son sofa , le nez en l’air , émettant des bruits peu flatteurs , ne lui arrachèrent guère qu’un mince sourire.
Elle appela le club et on lui dit que Spike Kensington était bien venu mais était reparti depuis un bon moment. Elle avait la confirmation qu’il avait dû rentrer chez lui , persuadé qu’elle avait osé l’abandonner pour accueillir Angel. A contrecœur, elle quitta ses jolies escarpins pour une paire de chaussures plus plates et confortables , mais ne prit pas le temps de changer de tenue. Elle essaya en vain d’appeler un taxi. On lui répondit que le premier ne pourrait guère venir avant une bonne demi-heure , beaucoup de monde ayant apparemment de les utiliser , et cela s’expliquait sans doute par le mauvais temps.
Elle décida de se rendre à pied chez Spike , bien décidée à ce que la soirée ne soit pas entièrement perdue.


A travers les rues presque désertes , sous la pluie éparse , elle fit son chemin jusqu’à l’appartement. Inquiète , bouleversée de la réaction qu’il avait pu avoir , s’imaginant sans doute les pires choses songea t –elle , elle resserra les pans de sa veste autour d’elle dans un effort de se préserver du froid. Il était bientôt huit heures et demi, et elle éprouvait une angoisse insidieuse. Quand elle arriva en vue de l’appartement du jeune homme , notant immédiatement l’obscurité qui semblait y régner , elle fut prise d’un accès de colère redoublée envers Angel, sans qui rien de tout cela ne serait arrivé.
Elle suivit avec précaution l’allée qui menait à la porte d’entrée et tambourina avec force , sans considération pour les habitants du premier.
Avec un peu de chance , ils seraient absents , profitant de leur samedi soir. Malgré ses coups répétés , personne ne répondit. Il ne pouvait pas s’être rendu à Los Angeles sans elle , même par dépit. Et elle n’imaginait pas qu’il soit derrière la porte , refusant d’ouvrir.
Tout à coup épuisée , indécise , et au bord des larmes , elle se laissa aller contre le montant de bois , glissant doucement vers le sol, sans prendre garde à sa robe . Elle ne bougerait pas de là tant qu’il ne reviendrait pas , dut-elle passer la nuit dans une obscurité entrecoupée par les éclairs d’un orage qui grondait à l’Ouest, sous la pluie et le vent. Il était temps que Spike Kensinton comprenne la place qu’il tenait dans son existence.


* * * *

Spike avait conduit plus d’une heure dans les alentours de la petite cité , ne se décidant pas à rentrer . Essayant de se calmer. D’analyser la situation.
Puis une flambée de rage et d’incompréhension plus forte le ramena aux alentours de l’appartement de Buffy. Il conduisit lentement à l’approche de sa rue , le cœur battant terriblement fort .
Le long du trottoir , sous l’éclairage d’un lampadaire , il reconnut la silhouette de la voiture . La fenêtre du salon , rectangle de lumière aveuglante dans la nuit, lui fit comprendre qu’il avait eut tort d’écouter le moindre souffle d’espoir insensé qui avait creusé son chemin depuis son cerveau jusqu’ à son âme tourmentée.

Un chagrin et le sentiment d’une injustice terrible lui donnèrent soudain l’impression d’être revenu cinq ans en arrière , quand il devait se contenter d’instants volés auprès de Buffy , avant qu’elle ne revienne dans les bras d’Angel.

Toutes les dernières semaines n’avaient-elle été qu’un mensonge ? Une illusion qui avait nourri ses rêves ?

Cette fois , quand il fit demi tour en direction de chez lui, il ne dépassa aucune limitation de vitesse.

IL abandonna sa voiture le long du trottoir , sachant parfaitement qu’il retrouverait une amende pour stationnement interdit le lendemain , mais à cette minute , des oiseaux auraient pu tomber du ciel par milliers et cela n’aurait eu aucun effet sur son état moral.
Il marchait la tête penchée , indifférent à la pluie qui mouillait ses vêtements. Fouillant la poche de son pantalon , il n’aperçut qu’au dernier instant Buffy qui s’était relevée vivement à son approche.
Malgré la joie insensée qui inonda son cœur , un autre sentiment balaya toute l’émotion première et il la couva d’un regard froid.

« Tiens, par quel hasard te retrouves-tu ici, alors que nous avions rendez-vous il y a bientôt trois heures ? » lança t –il sarcastique.

« J’ai une explication pour mon retard , et si tu n’avais pas obstinément fermé ton portable , tu aurais pu la connaître ! » répliqua t –elle avec hargne.

Il parut étonné de sa réaction virulente , et la trouver là avait un caractère si inattendu qu’il ne répliqua pas immédiatement. Il saisit son trousseau de clés , cachant le tremblement de ses mains alors qu’elle se tenait à ses côtés.
Sa proximité , alors même qu’il songeait quelques minutes avant qu’elle devait baigner dans le bien-être procuré par la visite surprise de son premier amour , le plongeait dans le désarroi , le bonheur , la crainte.

Sans un mot , il commença à faire pénétrer la clé dans la serrure.
« Je ne veux pas d’une explication qui a pour nom Angel Crawford ! » dit-il en élevant la voix .


« Tu es au courant, bien sûr ! » dit-elle en faisant quelques pas. « J’ai rencontré Angel en fin d’après-midi en terminant mes courses , nous avons discuté un moment et c’est là que tout a commencé à aller de travers.. »

« Je t’en prie ! » ricana t –il. « Epargne –moi les retrouvailles romantiques et les excuses toutes prêtes . Vous ne vous êtes pas parlés depuis plus d’un an , il avait tant de choses à te dire, et vous avez fini à ton appartement ! »

Son visage était un masque de rigidité outragée et ses yeux contenaient un feu à la fois méprisant et désespéré qu’elle n’ y avait jamais vu. Elle avala sa salive et se dit que les choses étaient plus.. délicates qu’elle ne l’avait prévu.

« C’est à peu prés çà, » affirma t –elle , et elle le vit tressaillir. « Pour ce qui est de se retrouver à la maison , c’est tout simplement parce qu’il avait bu quelques verres et se trouvait incapable de conduire. Il est juste monté pour.. »

« Pour te faire connaître le goût de ses baisers et la chaleur de ses étreintes , » coupa t –il avec une colère qui trahissait mal le sentiment de trahison qui le rongeait.
Devant l’air interloqué de Buffy , il continua : « Tu avais plus d’une demi heure de retard au Bronze ! J’ai appelé et c’est lui qui a répondu ! Et il s’est empressé de me dire que tu n’étais pas disponible, et que tu étais même déshabillée ! »
Il avait prononcé ce dernier mot comme s’ils s’agissait de la trahison la plus infâme, et la contemplait avec une arrogance et un air de défi qui semblait dire : « Crois-tu vraiment que tu peux te défendre ? »

Outrée qu’Angel ait pu insinuer pareille stupidité , en proie à une colère mêlée d’incrédulité comprenant que Spike pouvait donner foi à la parole malheureuse d’un autre homme , ses yeux prirent un éclat flamboyant , avec une seule idée sur le cœur :
Comment pouvait-il montrer si peu de confiance en elle, après les merveilleuses semaines passées ?

« Angel avait bu ! Il était à moitié ivre quand il a pris le téléphone ! »

« Ah oui ? ce n’était pas évident à entendre ! »

« Et si j’étais déshabillée , c’est parce que j’étais sous la douche ! » asséna-t –elle. « Mais tu es en train d’insinuer que j’ai accueilli Angel comme si je n’avais pensé qu’ à retrouver ce que nous avions lui et moi ? » demanda t-elle d’une voix dangereusement calme.

« Je crois ce que tu as avoué ! Et il y a peu de temps encore c’est toi qui expliquais à Jenny que tu ne pouvais pas oublier Angel. »



« Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda t –elle , plus énervée que jamais. Son regard s’éclaira et s’assombrit aussitôt. « Tu as entendu.. Tu as entendu ce que je révélais à Jenny à propos d’Angel, et comme tu n’ as pas écouté la totalité de ma phrase , tu en as tiré tes propres conclusions.. »

Elle secoua la tête et fit quelques pas avec agitation. « Tu es.. tu es insensé ! »


« Ah oui ? Comment aurais-tu réagi à ma place si Drusilla t’avait répondu au téléphone chez moi , alors que nous étions censés avoir rendez-vous ? » rugit-il. « Je suis parti conduire pendant plus d’une heure après avoir quitté le club , parce que je ne pouvais pas croire que tu m’aies abandonné.. »

Sa voix craqua. Il se détourna et ouvrit la porte , elle le suivit et referma derrière eux avec une violence surprenante.
Ils étaient dans le hall d’entrée et leurs vêtements perlaient de pluie. Mais ni l’un ni l’autre n’y prêtaient attention.

« J’ai ouvert ma maison parce qu’il n’était pas en état de reprendre sa voiture, » gronda t –elle.
Elle s’avançait vers lui , sa chevelure humide entourant son visage où des traces de mascara adonnaient ses joues pâles.
Ses yeux verts scintillaient , ses lèvres tremblaient, mais tout son corps vibrait.

Il sentit son dos heurter le mur et la regarda alors qu’elle ne lui avait jamais apparu si éblouissante , fière , blessée , mais avec une telle passion illuminant tous ses traits qu’il ne savait s’il fallait rire ou pleurer. « Et je me suis dépêchée de me faire belle.. pour toi ! » dit-elle avec force .
« Parce que je savais que tu t’inquiéterais ! parce que c’est toi que je voulais retrouver !»

« Buffy.. »

« Et toi tu ne comprends rien ! Tu t’imagines que je te trahis ! »

« Buffy.. » gronda t –il , la mâchoire tendue.

« Comment peux-tu ! » cria t- elle avec une fureur qui aiguisa en lui un désir sauvage et violent.

« Parce que je ne sais pas..Parce que tu ne m’as rien dit.. ! » prononça t –il d’une voix rauque , la mâchoire serrée , ses narines frémissantes.

« Tu es un idiot ! » sanglota t –elle en le giflant.

IL fut sur elle en une minute , la saisissant aux épaules , toutes les heures d’inquiétude et de douleur broyant ses entrailles.
« Et toi tu me tourmentes sans cesse, » râla t –il. « Pourquoi ? Pourquoi as-tu dis alors que tu ne pouvais pas oublier Angel ? »

« Angel demeure dans un passé qui m’ a servi de leçon. Ce que je n’ai n’oublie pas, c’est qu’il ne m’ a jamais donné la passion dont j’ai toujours rêvée.. ! »

Il la dévorait de ses prunelles bleues noyées d’émotion, ses mains crispées sur les épaules de Buffy qui se dégagea .
«Et toi… Toi tu me l’as offerte. Je t’aime ! » cria t –elle. « Je t’aime follement , désespérément.. et si.. et si tu es trop aveugle pour.. »

Spike fut emporté par les vagues d’une explosion de bonheur si écrasante qu’il sentit ses poumons prendre feu.
Elle s’était détournée et il la ramena contre lui , la pressant contre son torse avec une ardeur douloureuse. « Qu’ as-tu dis ? » croassa t –il. « Répète .. répète ce que tu viens de dire. »

« Je t’aime, Spike.. William.. » Des larmes glissaient sur ses joues et il y posa sa bouche puis continua à parsemer tout le visage aimé , le cou, de minuscules baisers.

« Encore.. » pria t –il d’une voix rauque. « Encore , amour.. »
Il la tenait contre lui, pétrissait ses hanches , mordillait son cou , haletait dans la chaleur humide de sa gorge .

« Comment çà, encore ? » s’insurgea t –elle en cherchant à se débattre. Elle offrait son âme , son cœur, comme jamais elle ne l’avait fait , et il ne songeait qu’ à se griser de ses déclarations ?

Il eut un rire chaud , profond, l’empêcha de s’en aller et la plaqua entre lui et la porte d’entrée.
Leurs corps produisirent un bruit mat .

« Oui.. Répète-moi que tu m’aimes.. que tu n’aimes que moi.. » Il captura sa bouche entrouverte avec férocité et elle gémit sous l’assaut fiévreux. « Je t’aime, » gémit-il, le souffle court. « Je t’aime comme un fou.. depuis toujours.. depuis le premier instant, chérie. »

Cette fois c’est elle qui eut un sourire si lumineux , glorieux, qu’il pensa que ses jambes allaient se dérober sous lui. « J’ai cru que je pouvais vivre sans toi, » chuchota t –il , leurs fronts l’un contre l’autre. « Et je suis revenu parce que je mourrais loin de toi.. »

« Spike.. Mon Dieu.. je.. j’avais peur que tu ne veuilles qu’une relation physique , après.. après que tu sois parti il y a cinq ans. Mais j’avais tant besoin de toi.. William.. tu es William aussi, » sanglota t –elle.

« Oui, amour.. William est toujours là.. et c’est lui aussi que tu as rendu fou d’amour.. »

Leur étreinte prit un caractère sauvage , effréné. Ils se dévoraient mutuellement , leurs bouches affamées, gourmandes , et leurs ventres se caressant. Elle devenait pliable , il grondait et l’embrassait avec une possessivité presque brutale. D’un mouvement saccadé , il l’aida à enlever son manteau tandis qu’il retirait sa propre veste.

Quand il y admira le corps de Buffy drapé dans le fourreau de soie rouge que l’humidité collait à sa peau , la pointe visible de ses mamelons raidis , il eut un rugissement de satisfaction.
Leurs respirations laborieuses , ils se contemplèrent. Il mourrait de sentir sa chair contre la sienne. Elle ouvrit sa chemise avec fébrilité , posant ses paumes fraîches sur la poitrine musclée qui se soulevait à un rythme rapide.

Dans une frénésie , il termina de se déshabiller et , écrasant son corps nu , musclé contre elle , la hampe engorgée de son sexe se logeant contre le ventre de Buffy , il prit ses lèvres bouche ouverte , lascive.
Quand elle fut à bout de souffle , il s’écarta à peine et s’agenouilla , saisissant les pans de la robe , les faisant remonter avec lenteur le long de ses jambes. Elle n’eut pas besoin qu’il parle pour placer ses mains sur les siennes et maintenir le vêtement au dessus de sa taille. Haletant et brûlante , elle attendait. Il arracha la dentelle arachnéenne de son slip et de sa langue fouilla son intimité avec impatience.
« Oui.. » soupira t –elle. « Viens.. viens.. »
Il se redressa , écrasa à nouveau sa bouche contre celle de Buffy qui goûta la saveur de son propre sexe sur lui et , s’accrochant à son cou , elle releva une jambe contre sa hanche , s’offrant .

Il prit possession d’elle dans un mouvement profond , fervent.

Elle s’agrippait à ses épaules , son visage enfoui , bercé contre la peau nue , et il la baisait avec une cadence lente et profonde , pénétrant plus loin , plus longtemps au cœur de son intimité .

« Je t’aime.. Je t’aime , amour.. mon cœur.. » gémit-il .

La sensation d’être en elle et de pouvoir enfin murmurer les mots d’amour qu’il gardait en lui depuis ce qui lui semblait une éternité ne ressemblait à rien de ce qu’il avait vécu.
C’était une expérience d’une pureté et d’une intensité extraordinaires et il était sur le seuil d’ une émotion si bouleversante qu’il paniqua brièvement , se demandant s’il ne rêvait pas.


Mais la chaleur du souffle de Buffy contre son cou, ses petites mains qui enserraient son dos , ses jambes qui comprimaient sa taille , ses hanches qui ondulaient voluptueusement , la chaleur liquide et soyeuse de son sexe autour de sa verge, ses halètements, tout cela était bien réel.
Buffy sentait son orgasme brûler le bas de son ventre et bougea son bassin plus vite.

« Oh Dieu.. tu vas me faire jouir.. » murmura t –il . Leurs lèvres s’épousèrent et leurs langues se rejoignirent dans une danse voluptueuse. « Oui .. Oui…Buffy.. oui.. »

« Spike.. je t’aime.. je t’aime. »
« Je t’aime.. Buffy. »
Il rugit alors qu’elle accueillait en elle une jouissance fulgurante et sanglotait son plaisir contre sa bouche. Il la pénétra encore avec ferveur, ses yeux intensément clos pour savourer l’exquise sensation , et , dans un dernier sursaut de passion , la garda contre lui , en lui, lorsque leurs corps tombèrent lentement vers le sol , vacillants, comblés.


* * * * * * *

Angel jeta un œil sur le rétroviseur de sa voiture. Dire qu’il avait une mine peu réjouie était peu dire. Il s’était permis de regarder dans le placard de la salle de bain de Buffy pour trouver de quoi apaiser son mal de tête lancinant. Puis il avait découvert le petit mot écrit de sa main , et était parti en prenant soin de laisser les clés à la voisine.
Il passa une main dans ses mèches noires , soupira.
Pouvait-il avoir offert une image plus pathétique ? se dit –il.
L’alcool avalé la veille lui avait laissé un goût très amer dans la bouche , mais ce qui le consternait davantage était bien l’impression qu’il avait donnée à Buffy. L’avoir revue pendant quelques instants avait été une joie et une souffrance , mais une chose était claire : elle ne regrettait pas son départ et avait visiblement reconstruit son existence de la manière la plus agréable.
Et elle était amoureuse. Cela était si évident , dans la façon qu’elle avait eu de se préparer. Il éprouva une flambée de jalousie et de remords . S’il était honnête avec lui-même , il reconnut qu’il avait pensé la découvrir solitaire , vivant sur les souvenirs de leur relation.
Pour lui, elle demeurerait toujours Buffy, une jeune femme extraordinaire qu’il n’avait pas su mérité.

Il était neuf heures et il avait besoin d’un café bien fort. Il démarra lentement sa voiture , se disant qu’il trouverait bien un Café express dans le quartier. Ensuite , une bonne douche et un passage à l’hôtel serait nécessaire, avant de partir passer une heure ou deux auprès de son père. Ce week-end à Sunnydale pouvait-il devenir plus détestable ?

Oui.
Mais il ne le savait pas encore.


* * * * * * * *


Un soleil insolent s’était levé , baignant la ville et les alentours d’une lumière scintillante d’humidité après la pluie et les orages de la veille. Une fraîcheur parfumée embaumait les abords immédiats de l’appartement de Spike , et le chant de quelques oiseaux paraissaient incongrus en cette saison.
Après leur début de soirée mouvementée , le couple avait passé les heures suivantes dans une euphorie douce et rêveuse , pelotonnés l’un contre l’autre dans le grand lit. Le sommeil les avait pris presque par surprise, et c’est Spike qui s’était réveillé le premier , le cœur battant , rempli d’une joie indicible qu’il mit quelques secondes à comprendre.
Puis ses yeux découvrirent le corps alangui de la femme qui occupait la moindre de ses pensées, et tout lui revint en mémoire.
Après avoir passé un temps indécemment long sous une douche brûlante , Ils avaient eu du mal à maîtriser leur fou rire devant le spectacle de Buffy qui avait enfilé le jean le plus petit que Spike pouvait posséder . Il avait fallu ajuster la taille avec une ceinture. Mais Buffy avait préféré cela au risque de découvrir Angel encore endormi sur son canapé.
Par contre la chemise blanche , sans soutien-gorge , qu’elle avait ensuite passée , alluma une telle flambée de désir dans le regard de velours de Spike qu’elle dû presque se fâcher pour qu’il ne la déshabille pas à nouveau.

« J’ai une faim de loup, » dit-elle , sa bouche faisant une petite moue. « Alors même si tu me trouves à ton goût, la priorité est de me nourrir. »

« Tu es plus qu’ à mon goût.. » ronronna t –il. « Tu es irrésistible , dans mes vêtements.. sexy.. superbe.. prête à être séduite et .. consommée. »

Il haussait un sourcil suggestif, plaçait sa langue entre son palais et ses dents et elle s’enfuit en courant dans le couloir. Il la rattrapa dans l’entrée , et la prit contre lui.

« Je t’aime, » murmura t –il , les yeux chargés de la dévotion la plus émouvante.
Il lui prit les lèvres doucement , forçant l’ouverture , caressant sa langue avec la sienne. Elle gémit , lui rendit ses caresses avec abandon.
« Je t’aime, » répondit-elle , ses yeux brillants. « Spike. »

Il songea brièvement que là aurait été l’instant idéal pour expliquer qu’il était contraint de bientôt quitter Sunnydale. Mais son cerveau reniait toute possibilité de détruire l’harmonie de ce matin paradisiaque.
Il se promit qu’il le ferait. Plus tard.

Leur baiser était lent , d’une sensualité maîtrisée , et elle sentit des larmes sous ses paupières .
« Je t’aime, » répéta t –elle, alanguie. Il répondit par un sourire heureux.

Définitivement plus tard.



Le café Express était presque désert . Réfugiés dans un coin de la salle , ils commandèrent tout ce qu’il était possible , et la serveuse les couva d’une expression amusée quand elle apporta les pancakes , l’omelette , le sirop d’érable , le pot de café , les petits pains , et du jus de fruit. Buffy offrit un spectacle des plus divertissants pour Spike qui ne se lassait pas de la voir si gaie et détendue.
Assis l’un à côté de l’autre sur la banquette de velours rouge , il passait souvent une main le long de sa cuisse , et exigeait un baiser avec une régularité de métronome.
Elle portait sur les épaules un pull à lui, mais il pouvait apercevoir par le décolleté de la chemise l’arrondi d’un sein.
Quand elle eut terminé de manger , elle se laissa aller contre lui , soupira , une main sur son ventre. Il inclina son visage vers elle, frottant son nez dans ses mèches dorées, soyeuses.
Le bonheur le plus exquis , se dit Spike , revêtait souvent un caractère d’une grande simplicité.
C’était d’être assis , dans cet endroit ordinaire, auprès de la femme de ses rêves, alors que le soleil créait de petites taches de lumières sur la transparence de sa peau.

« Es-tu seulement capable de marcher ? » sourit-il contre son cou.

« Non.. » murmura t –elle.

« Et comment penses –tu que nous allons rentrer à l’appartement ? » dit-il en mordillant son oreille.
Elle se tourna davantage vers lui et posa une main sur sa poitrine.
« Tu pourrais me porter.. »

« Après ce que tu as avalé ? Je risquerais de me faire un tour de rein. »

Elle haussa les épaules , sa bouche s’incurvant avec espièglerie.

« Tu es méchant.. »

« Mmm.. non , réaliste. »
Elle fit semblant de lui donner un petit coup de poing et il le saisit dans sa main , tandis qu’il capturait ses lèvres. Après une minute d’un baiser profond , elle se recula un peu , haletante.

« Spike.. tiens-toi bien.. » Il eut un sourire carnassier, une lueur lascive rendit le bleu de ses yeux plus sombre. « Je mœurs de désir , mon cœur, » dit-il d’une voix très rauque. « Mais si tu me dis encore que tu m’aimes , je pourrais faire un effort .. de comportement. »

« Je t’aime , Spike Kensinton . »

Une telle stupeur émerveillée se répandit encore sur les traits harmonieux du visage de Spike qu’elle caressa sa joue. « Je t’aime de tout mon cœur , de toute mon âme, » chuchota t –elle avec une gaieté pure.

« Dieu, je suis fou de toi, » gémit-il , la prenant dans ses bras.

Elle rit quand il commença à l’emporter.

« Il faut payer, » dit-elle à voix basse dans son oreille.
« C’est déjà fait, » répliqua t –il. « Au-revoir, et merci ! » lança t –il à la serveuse qui les regarda partir en secouant la tête.

« Oui, au-revoir ! » s’exclama Buffy en faisant un petit signe de la main dans sa direction.

Sur le trottoir , elle se laissa aller en arrière, ses cheveux cascadant . « Oh, c’est si bon .. ! »

« Et je n’ai encore rien fait, » dit-il d’une voix arrogante.

La rue qui les ramenait vers l’habitation de Spike était encore calme à cette heure du jour. Perdus dans leur étreintes , leurs rires , leurs chuchotements heureux , ils n’avaient pas pris garde à la silhouette pétrifiée d’Angel qui avait garé sa voiture en face, et observait leur manège depuis qu’il avait surpris le couple enlacé derrière les vitres du café.
Il n’ avait d’abord pas reconnu cet homme aux cheveux si blonds , mais sa ressemblance avec un visage familier le tracassait. Quand ils étaient apparus au grand jour , il se souvint.
Découvrir qu’il s’agissait de William , de ce jeune homme à la fois un peu ténébreux et calme qui avait fait un séjour ici même plusieurs années auparavant constituait une surprise de taille.

Mais ce qui mettait Angel dans un état de tension et de frustration terribles était définitivement l’image radieuse qu’ils représentaient.
Il avait perdu tout appétit, toute envie d’avaler quoi que ce soit. Il les suivit de loin.


Spike et Buffy étaient oublieux du monde .

Il n’avait pu résister à la tentation de chercher à les épier. Sur le côté du building des palmiers et des plantes luxuriantes offraient de multiples places où se tenir. Il éprouvait à la fois une fascination et une angoisse , une curiosité douloureuse et irrépressible et les contemplait , à travers les interstices des stores blancs d’une grande baie vitrée. Il voulait partir , mais ses jambes refusaient d’obéir.

Cependant lorsqu’il eut le spectacle d’une Buffy entièrement nue, allongée sur les coussins du canapé avec une expression gourmande , devant Spike resté habillé et qui se penchait avec une expression satisfaite sur elle , il crut se trouver mal. La fenêtre devait être légèrement entrebâillée car il entendit distinctement les gémissements de la jeune femme.

« Spike.. prends-moi. »
Mais ce dernier eut un rire un peu rauque et s’agenouilla devant elle , le visage à quelques centimètres de sa poitrine . « Oh bébé.. je vais te prendre.. voluptueusement.. longuement.. Mais j’ai besoin d’entendre quelque chose. »

« Je t’aime, » dit-elle en rejetant ses bras en arrière , riant aux anges.

Il prit un mamelon entre ses lèvres et le suça doucement , guettant ses réactions. Puis caressa l’autre Et s’arrêta , le visage empreint d ‘ amour , de désir. Buffy avait fermé les yeux et les rouvrit.
« Encore, » pria t –elle , la voix basse.

Mais il ne bougeait pas et elle eut un rire perlé. « Je t’aime ! »

Il laissa sa bouche suivre les rondeurs de ses hanches et agacer son nombril. S’arrêta encore.
« Je t’aime , je t’aime , je t’aime ! » s’exclama Buffy . « Est-ce suffisant ? » sourit –elle , le visage illuminé par l’extase.
« Pour l’instant, » ronronna Spike .


Dehors , Angel s’éloigna en titubant. Quand il eut fait quelques pas sur le trottoir , il chercha à s’asseoir , dégrafant le col de sa chemise. Le soleil était plus haut dans le ciel et il lui sembla qu’il chauffait beaucoup trop. Un mal de tête lancinant lui donnait des étourdissements.

Mais Il pouvait partir tranquille. Buffy était très , très heureuse.


A suivre.





You must login (register) to review.