Chapitre 25.


Cynthia n’écoutait que d’une oreille. Non parce que le cours de littérature sur Keats ne l’intéressait pas , mais plutôt parce que son professeur , William Kensinton, offrait un spectacle fascinant.
Depuis qu’elle l’avait croisé quelques jours plus tôt au Bronze , et après qu’il ait affiché une colère sourde et désespérée en partant sans un mot , elle n’avait cessé de se demander ce qui avait pu se produire.
Et dans son instinct d’adolescente , elle était persuadée que cela avait tout à voir avec l’amour. Elle réprima un soupir. Il était visiblement si amoureux de Buffy Summers, et chaque fois qu’elle avait pu les croiser dans les couloirs , l’image radieuse de la beauté de leur couple l’avait faite rêver.
Elle avait compris depuis longtemps que ses idées de flirter avec lui se rangeaient dans la catégorie « Illusions à éviter ». Mais Samedi soir , elle était aussi certaine qu’il y avait eu une dispute entre eux .
Or, aujourd’hui , pour le premier cours de la semaine avec lui , elle retrouvait un homme dont le visage exprimait un bonheur qu’il cachait à peine.
Le thème de l’étude était le chagrin d’amour, et il avait lu plusieurs poésies de sa voix profonde , infiniment sensuelle. Maintenant la discussion allait bon train , mais elle n’ y participait guère , plongée dans ses rêves et dans son imagination.

« Cynthia, est-ce que vous auriez l’obligeance de revenir parmi nous ? »
William venait de l’interpeller et elle rougit. « Pensez-vous que le poète a raison d’évoquer ses peines d’amour ? Pensez-vous qu’en parler allège ce chagrin ? »

Elle jeta un œil incertain vers le feuillet étalé sur sa table et malheureusement , se trouva incapable de savoir à quel texte il faisait allusion. Elle balbutia : « Oui, je pense que d’une certaine manière écrire la douleur est une manière de l’apprivoiser. »

Il eut un sourire et reprit : « Mademoiselle Malock a la grande faculté de rêver et de réfléchir en même temps, » dit-il avec une once de plaisanterie dans la voix.
La classe se répandit en murmures et en sourires.

« Mais ce qu’elle vient de dire est intéressant. Il faut essayer de comprendre la démarche du poète, pour qui les mots sont des armes. Qui veut lire le sonnet 54 ? »

Plusieurs mains se levèrent . Cynthia laissa aller la respiration qu’elle retenait . Elle savait que son professeur lui pardonnait.


* * * * * *

Buffy et Willow se séparèrent sur le seuil de la salle des professeurs . Elles avaient passé un long moment à discuter, et bien entendu le principal sujet de conversation était la soirée mouvementée du Samedi , la visite d’Angel , les déclarations d’amour entre elle et Spike.

« Tu as fini ta journée ? » demanda Willow en rangeant plusieurs dossiers dans son cartable.
« Oui, » dit Buffy avec une mine épanouie. « Je t’accompagne jusqu’en salle d’informatique ? »

« Volontiers. J’ai promis à Jenny que je terminerai des tableaux pour le cours de ses élèves de première. » Elle jeta un œil à sa montre . « Il est déjà quatre heures passées. Je crois que je ne finirais pas tôt ce soir. »

Elles se dirigèrent d’un pas tranquille vers le couloir qui menait aux salles techniques.

« Finalement , tu ne m’as jamais vraiment dis si tu étais heureuse d’enseigner la gymnastique, » continua t –elle.

« Oui, dans l’ensemble çà me convient, » dit Buffy en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. « Evidemment, il y a certains jours où il est difficile de retenir l’attention des élèves autant qu’on le voudrait. »

« Oh tu sais, dans notre cours c’est la même chose. Certains matins il faut une énergie terrible pour les intéresser. »

« Mais tu vas demander un poste complet pour l’année prochaine, non ? »

Elles arrivaient et Buffy s’effaça pour que Willow ouvre la porte. Elles entrèrent ,Buffy s’installa aussitôt sur le coin d’une table.

« Je ne suis pas sûre de vouloir déjà cesser les études, » reconnut Willow avec un battement de sourcils. « Je vais faire la demande pour une année supplémentaire à l’Université de Santa Barbara. Leur département de sciences humaines propose une quantité de cours plus passionnants les uns que les autres. »

« Oh, mais c’est une excellente idée. Et que dit Tara ? Elle pourrait te suivre ? »

Willow la regarda comme si elle avait émis une suggestion étrange. Puis elle eut un sourire radieux.

« Naturellement. Nous en avons d’abord parlé longuement toutes les deux. Elle pourrait continuer aussi en sciences humaines. »

« Eh bien tu as raison, » dit Buffy avec un petit air rêveur. « Et tu sais , je crois que je vais moi aussi réfléchir à la possibilité de changer l’année prochaine. »

« Que veux-tu dire ? » dit son amie en s’asseyant derrière l’ordinateur . « Tu envisagerais de ne pas reprendre ton poste ? »

« Je ne sais pas. La discipline que j’enseigne me plaît définitivement. Je voudrais pouvoir varier les enseignements. Faire de la self-défense , par exemple. Et cela ne sera jamais possible dans un cadre scolaire. »

Willow hocha le menton et détacha brièvement son regard de son écran.
« Il serait intéressant que tu vois si tu peux enseigner à des adultes. Cela signifierait quitter une sorte de sécurité d’emploi ,mais si cela correspond plus à ce que tu cherches.. »

« Oh je ne voudrais pas paraître ingrate. J’ai eu beaucoup de chance d’obtenir ce premier contrat avec notre établissement. Il y a quelque chose de charmant à être de l’autre côté de la barrière alors que nous avons passé tant d’années entre ces murs. »

Elles échangèrent un petit sourire de connivence.

« Ce sont des idées.. comme çà . » dit-elle en se relevant et en arrangeant son sac en bandoulière.
« La présence de Spike dans ces lieux est une raison suffisante pour que je ne veuille pas m’en aller. »

« Cela , je l’imagine sans problème , mademoiselle. » dit Willow avec un petit clin d’œil.

« Je te laisse travailler. Nous pourrions dîner ensemble Vendredi soir ? Il y a longtemps que vous n’êtes pas venues partager un repas oriental. »

« Depuis que l’irrésistible Spike Kensinton accapare tout ton temps libre! » dit Willow en secouant la tête.

Buffy eut la grâce de baisser les yeux. « C’est vrai. Alors c’est décidé ? Nous vous attendons ce vendredi ? »

« C’est d’accord. Passe une bonne soirée ! »

Buffy lui fit un petit signe de la main et s’éloigna. Elle irait attendre Spike devant sa salle de cours, il lui avait promis qu’ils iraient choisir son cadeau de Noël , et elle s’en faisait une joie.

* * * * * *

Spike vivait un rêve et craignait chaque matin de réaliser qu’il avait imaginé cette existence ,où Buffy était si amoureuse et si fervente. Mais les jours s’écoulaient , et ils avaient la couleur d’un ciel pur et gorgé de lumière.
Maintenant , il ne lui restait plus qu’à trouver le courage d’expliquer qu’il devrait partir dans quelques mois. Qu’il avait choisi, bien longtemps avant d’arriver , de ne pas laisser son cœur se consumer dans une épreuve qu’il pensait perdre. Qu’il était sûr qu’elle ne lui offrirait jamais que son corps , et qu’il devrait s’en contenter , comme du cadeau le plus exquis qu’il eût reçut.
Chaque soir , avant de s’endormir , il murmurait les mots choisis dans son esprit. Puis une aube nouvelle arrivait , et au premier contact de Buffy contre ses lèvres , il se promettait qu’il pouvait attendre encore quelques jours.
Noël approchait à grande vitesse. Un peu plus d’une semaine auparavant il avait insisté pour lui faire choisir un bijoux et malgré ses cajoleries , elle s’était contentée d’un collier d’une grande simplicité mais dont la perle améthyste très pure rappelait le très joli déshabillé dont elle avait fait l’acquisition .
Et c’est ainsi qu’elle avait obtenu ce qu’elle désirait , chuchotant à l’oreille de son amant qu’il la trouverait à son goût ainsi parée. Spike avait fait preuve d’une grande maîtrise de lui-même pour ne pas capturer ses lèvres coquines dans un baiser très voluptueux.


Il terminait de corriger des copies dans son bureau quand son téléphone sonna. C’était le proviseur Wood qui voulait évoquer le cas d’un élève difficile , et ils prirent rendez-vous pour le lendemain Vendredi. En raccrochant Spike se dit qu’il n’aurait pas dû accepter , avec tout ce qu’il avait à mettre au point pour le soir même. La date du 20 Décembre restait gravée dans sa mémoire depuis cinq ans , depuis la minute où il avait fait la connaissance de Buffy Summers par une après-midi ensoleillée et parfumée . Ils s’étaient vus chaque soir de la semaine et il avait réussi à garder le secret , se réjouissant de la surprise qu’il lui préparait. Dans une tradition très romantique , il voulait organiser un dîner aux chandelles , chez lui , devant un feu de cheminée. Il avait déjà commandé des roses jaunes qu’il lui ferait livrer en fin de journée , là où elle serait susceptible d’être en train de se préparer pour leur soirée , leur nuit.

Un frisson de plaisir parcourut son corps et il s’arrêta d’écrire. Depuis leurs confessions mutuelles , faire l’amour devenait l’expérience la plus incandescente . Drapée sur son corps , essoufflée et moite , elle murmurait des ‘je t’aime’ qui le rendait fou de bonheur. Et il ne cessait de lui répéter les mêmes mots , inlassablement.
Comme une forme d’assurance. Une promesse .
Il avait réfléchi à la meilleure façon de dévoiler ses projets d’avenir. Il avouerait qu’il avait eu peur.
N’était-ce pas la vérité ? Il avouerait qu’il n’avait osé croire .. Il avouerait..

‘Mon Dieu,’ pensa t –il en appuyant sa nuque au dossier de son fauteuil. ‘Comment allait-elle recevoir ces nouvelles ?’ Santa Barbara était située à plus d’une heure de route de Sunnydale , il serait obligé de s’installer sur place. L’idée de vivre loin d’elle était inconcevable à présent.

D’un mouvement anxieux , il retira une cigarette du paquet posé à côté de ses copies et l’alluma. La nicotine lui procura une sensation illusoire de détente.
Tout irait bien, décida t –il. Elle comprendrait.


* * * * * *


Buffy vérifiait son matériel avant de fermer le gymnase pour la durée des vacances. Elle était sur le chemin entre les parties sportives et le bâtiment administratif quand son portable sonna. Spike lui avait offert ce téléphone pour la simple raison qu'il n'envisageait pas de ne pas pouvoir lui parler quand bon lui semblait..
C’était Joyce qui voulait lui rappeler son départ pour San Francisco le lendemain matin de bonne heure.

« Maman, je ne savais plus si tu partais ce soir ou demain. »

« Voyons, Buffy.. je te l’ai dit plusieurs fois ! je prends le vol de neuf heures et demi demain matin , l’exposition a lieu à partir de deux heures et pour tout le reste du week-end. Il est possible que je ne sois pas à l’hôtel avant une heure tardive. »

« Oh, très bien ! Je suppose que j’avais l’esprit ailleurs, » murmura sa fille en fronçant ses sourcils.

« Je l’avais remarqué , ma chérie. William te ferait-il perdre la tête ? »

« On peut voir les choses ainsi.. »

« Je voulais m’assurer que tu avais bien les clefs de la maison . je ne serai pas de retour avant Mardi soir , et j’aimerais que tu passes une fois. »

« Oui, pas de problème. Et toi, essaie de profiter de quelques magasins, cela doit être magnifique en ce moment. »

« Cela m’étonnerait que j’ai le temps , j’ai plusieurs clients à voir , mais peut-être le dernier jour. »

« Donne –moi des nouvelles, » dit encore Buffy qui arrivait à l’entrée du bâtiment. « Tu sais que tu peux toujours nous joindre sur l’un ou l’autre de nos portables. »

« Entendu. Profitez bien du début de vos vacances. Sortez-vous ce soir ? »

« Je ne sais pas. Mais Spike a bien insisté que je lui réserve cette soirée, tout en restant très mystérieux. Il a quelque chose en tête , mais c’est un secret. »

« Oh ma chérie , je suis certaine que sera charmant, » dit Joyce avec un petit soupir. « Je dois te laisser. A demain. »

« A demain ! fais bon voyage. »

A peine avait-elle rangé son téléphone que celui-ci sonna à nouveau. Elle avait promis à Giles qu’elle passerait prendre plusieurs livres qu’il avait mis de côté pour Joyce ,il était déjà cinq heures et demi et elle réprima un petit geste d’agacement. Mais la voix sensuelle et profonde de Spike dans le creux de son oreille la fit fondre aussitôt.

« Où es-tu , amour ? »

« Encore au lycée, » dit-elle en s’appuyant au mur.
A cette heure et en ce dernier jour de cours , les couloirs étaient tranquilles.

« Oh , je voulais te dire que je suis à la maison , et que je t’attendais. J ’ai pu finir un peu plus tôt que prévu malgré mon rendez-vous avec Wood. Que dirais-tu d’un dîner aux chandelles, tous les deux ? »
Sa voix contenait une douceur tendre .

« C’est une merveilleuse suggestion , chéri. Doit- on célébrer un événement particulier ? »

Spike à l’autre bout du fil senti un élancement pincer sa poitrine. ‘ Oui amour.. il y a cinq ans que j’ai senti le sol s’ouvrir et que tu as bouleversé ma vie.’

« Peut-être, » dit-il d’une voix caressante. « Mais si je te le dis ce ne serait plus une surprise. J’ai prévu tout ce que tu aimes. En as-tu encore pour longtemps ? »

« Non, pas du tout. Je dois faire un saut voir Giles mais je te promets que je serais chez toi quand tu le voudras. »
Spike écoutait les battements de son cœur et réprima le mouvement d’anxiété qui lui tendit la nuque. « Giles, » répéta t –il. « Dis-moi que tu ne l’écouteras pas te raconter ses misères informatiques, » s’efforça t –il de plaisanter.

‘Reviens dans mes bras, mon cœur. J’ai tant de choses à t’expliquer.’

« Non, ne t’inquiète pas, » répondit-elle gaiement.

Il éprouva une vague de tendresse à l’écoute de la joie qui transparaissait dans les intonations perlées.

« Maman voulait deux ou trois romans assez anciens et il me les a mis de côté. Je n’en aurai que pour quelques minutes. Mais je vais passer chez moi me changer. « Elle s’interrompit , et il l’entendit reprendre sa respiration. Puis sa voix lui parvint à nouveau , plus troublée , plus câline. « As-tu des préférences pour une tenue ? »

« Non, aucune , ma chérie. »

‘Tout ce que je veux c’est que tu sois là pour moi. Pour que .. pour que tu écoutes les mots qui vont te blesser…Et pourras –tu jamais me pardonner , amour ?’

« Amour, tu sais que tu es radieuse dans chaque robe que tu pourrais choisir. » Il avait la gorge sèche. « Je mœurs d’impatience. Viens vite, chérie. »

« Oui, je fais de mon mieux, » chuchota -t- elle . « Je t’aime ! »

Elle avait coupé la communication.

‘M’aimeras –tu encore quand tu sauras la vérité ? ‘ frémit Spike, reposant le téléphone sur la table du salon , les mains fébriles.

Il regarda autour de lui. Tout était prêt. Une très jolie table recouverte d’une nappe d’un blanc argenté – prêté par Anya et Alex - était installée en face de la cheminée où de petites flammes commençaient à danser. Plusieurs bougies déposées dans différents endroits du salon jetaient leur lumière chaude çà et là.
Les rideaux étaient tirés sur la nuit et les plats qu’il avait achetés attendaient d’être réchauffés. Il jeta un œil à sa montre. Il avait encore certainement une heure devant lui avant qu’elle ne sonne. Il partit à la salle de bain , espérant que la douche lui permettrait de détendre ses muscles raidis par une anxiété sournoise.

* * * * * *

Buffy trouva Giles dans la pièce qui lui servait de bureau, attenante à l’espace public de la bibliothèque. Il lui fit un sourire franc et retira ses lunettes quand il aperçut sa silhouette s’encadrer dans la porte.

« Encore là pour longtemps , alors que c’est le dernier jour ? » le taquina t –elle.

« Oh, je n’ai jamais vraiment terminé, » dit-il avec un petit mouvement de sa tête. Il remit ses lunettes en place. « Et puis je travaille toujours mieux quand la bibliothèque est fermée. »

« Cela ne m’étonne pas, » sourit –elle.

« Les livres pour ta mère sont là, je les ai mis de côté .. » Il se leva et alla ouvrir l’armoire derrière son bureau. Il retira trois ouvrages et referma la porte vitrée. « Il y a là un roman qui date des années trente, par une romancière allemande peu connue , mais qui pourtant écrit remarquablement bien. Je te conseille vivement de le découvrir. »

Elle prit les livres qu’il lui tendait. « Oh , et de quoi parle ce roman ? »

« Oh ,de beaucoup de choses , c’est l’histoire de deux femmes qui décident de quitter l’Angleterre et son climat tristement pluvieux pour louer une maison en Italie pendant plusieurs semaines, au Printemps. Et la douceur de vivre les incitent à voir la vie différemment. »

Buffy l’écoutait avec curiosité. Elle n’avait jamais été une grande dévoreuse de livres mais elle acceptait volontiers de se perdre dans une histoire quand celle-ci la dépaysait.

« Et.. c’est tout ?» demanda t –elle en fronçant son petit nez. « Vous êtes sûr que c’est palpitant ? »

« Palpitant n’est peut- être pas le mot qui convient , mais c’est une histoire remarquable , pleine de sentiments , et où l’amour est décrit de manière .. rafraîchissante. »

Buffy hocha le menton et s’approcha de la table derrière laquelle il avait repris place.

« Eh bien je trouverai un moment pour le découvrir puisque j’ai deux semaines de vacances devant moi. »

« D’ailleurs je me demande si je les inscrit .. » bougonna t –il en tapant sur son clavier. « Je ne comprends pas qu’on puisse être délirant de gratitude pour ceux qui ont inventé l’informatique.. je.. je suis parfois consterné par la difficulté de ce système. »

Elle vint se tenir à ses côtés . « Au début cela paraît un monde compliqué mais je suis sûr que vous ne regretterez pas que la bibliothèque soit équipée. »

« C’est ce que me répète William mais il ne réalise pas à quel point je suis contre ! » s’exclama t-il.

« Il faut qu’il vous aide un peu, un ordinateur n’a aucun secret pour lui, » remarqua t –elle en faisant quelques pas vers la porte.

Giles s’était approché de l’écran et marmonnait des mots indistincts.
« Mais qu’est-ce.. Je n’ai jamais demandé ce tableau.. Et où est passé.. » Il releva la tête et eut un sourire distrait. « William m’ a déjà un peu expliqué deux trois choses mais j’aurais besoin de quelqu’un en permanence et étant donné qu’il ne sera plus là dans six mois.. » termina t –il.

Buffy qui était sur le point de partir se tourna lentement. Giles tapait à nouveau sur le clavier et lui jeta un œil étonné quand il la vit en face de lui , le visage pâle.

« Qu’avez –vous dit ? » murmura t –elle. « Pourquoi Spike ne serait-il plus là en Juin ? »

« Comment ? » balbutia t –il. Il regarda les couleurs qui avaient déserté les joues de la jeune femme et ses yeux qui étaient noyés d’incompréhension. Il comprit qu’il venait de commettre une indiscrétion terrible et malheureuse. « Vous.. je.. Cela veut dire que Spike ne t'a rien dit encore ? » demanda t –il , la poitrine curieusement lourde.

Il ne pouvait pas imaginer que Spike n’ait pas trouvé l’opportunité d’expliquer à Buffy les circonstances de son arrivée ici et les raisons de son prochain départ. Cela faisait plus d’un mois qu’ils avaient eu cette conversation. Il soupira et se leva. « Buffy, je suis désolé. Je ne l’ai moi même appris qu’il y a peu de temps. »

« Mais appris quoi ? » dit-elle d’une voix tendue.

« Que Spike n’avait jamais eu l’intention de rester à Sunnydale. Quand il a écrit pour obtenir un poste au lycée , il a bien précisé que c’était seulement pour le temps d’une seule année scolaire. »


* * * * * *

Vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise bleu nuit , Spike arrangea impatiemment les boucles rebelles qui retombaient sur son front. Il vérifia l’arrangement de la table et s’assura que le repas était à bonne température dans le four, qui s’éteindrait tout seul dans peu de temps. Il était bientôt sept heures et il était un peu surpris que Buffy ne l’ai pas appelé immédiatement après qu’elle ait reçu les roses. Car elle avait dû les recevoir à présent. Et elle même aurait dû arriver.
Il alluma la chaîne la voix chaude et veloutée de Cesaria Evora se répandit dans le salon où la lumière dansante des bougies donnait caractère vraiment paisible à la pièce.

Spike arpentait le salon et se donna encore cinq minutes avant d’appeler chez Buffy. Il alla se servir un fond de whiskies puis composa son numéro. Mais elle avait dû déjà quitter l’appartement car personne ne décrocha. Pourquoi tardait-elle ? Il l’avait appelée il y avait plus d’une heure et demi.. elle allait juste prendre des livres auprès de Giles, et elle aurait dû..
Giles.. Un sentiment d’angoisse irraisonnée lui rendit la gorge sèche et les mains moites. Mais il ne parlerait jamais de ce que Spike lui avait révélé . Le téléphone sonna et il prit l’écouteur avec fébrilité.

« Allô ? »

« Spike ? C’est moi. » Il reconnut avec une palpitation terrible la voix de son ami. « Je suis contrarié.. Buffy est passée et j’ai . .. »

« Qu’est-ce que tu as fait ? » dit Spike d’une voix rauque , tendue.

Mais il savait déjà ce qui allait suivre. La terreur qui prenait naissance au creux de ses entrailles n’avait qu’une explication. Buffy savait. Buffy avait compris quel monstre il était.

« J’ai laissé échappé que tu ne serais plus là dans six mois, » révéla – t –il d’un ton contraint. « Nous plaisantions sur mes difficultés informatiques et .. je suis désolé. J’ai vu immédiatement qu’elle n’était pas au courant. Comment se fait-il que tu aies attendu.. »

« Où est-elle ? » coupa t –il avec une impatience désespérée. « Depuis combien de temps est-elle partie du lycée ? »

« Il y a plus d’une heure. Je.. j’ai vu qu’elle était bouleversée mais je pensais qu’elle viendrait de voir. »

« Nous avions rendez-vous chez moi. Je comptais lui parler ce soir. »

Peur et tristesse étreignaient sa poitrine.

« Elle va peut-être arriver, » dit Giles d’un ton hésitant. « Mon Dieu William, je suis si furieux contre moi- même.. »

« C’est de ma faute. J’aurais dû lui avouer toute la vérité il y a plusieurs semaines. Je dois te laisser, je vais essayer de la trouver. »

« Oui, oui je comprends. Mais elle va venir.. elle voudra certainement.. »

Spike avait raccroché. Jenny s’approcha de Giles et lui passa une main douce dans le dos.

« Tu n’as rien à te reprocher, » dit-elle doucement. « Ils vont parler et cela va s’arranger. »

Mais Giles avait sous les yeux le visage blême de Buffy , ses yeux scintillants de chagrin.
Il se frotta les paupières avec lassitude.

Non loin de là, Spike quittait son appartement avec précipitation. Dans le salon , les notes mélancoliques de ‘Besame Mucho’ s’égrenaient dans un silence désolant.

A suivre.





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