Chapitre 27.


L’arôme du café se répandait dans la pièce, et Spike se frotta les yeux , engourdi. Il mit quelques secondes à réaliser l’endroit où il avait passé la nuit puis son regard se posa sur le manteau de la cheminée où plusieurs photos de Buffy se tenaient et tout lui revint en mémoire. Il rejeta la couverture qu’une âme délicate avait déposé sur lui pendant la nuit et , sans prendre la peine de mettre ses chaussures , s’approcha de l’entrée de la cuisine. Elle lui tournait le dos , déjà habillée d’un jean et d’un petit pull rose , ses cheveux rassemblés en une queue de cheval. Elle sortait des toasts du grille-pain et la radio diffusait en sourdine de la musique classique.

« Bonjour, amour, » murmura - t –il .

Elle se retourna avec un petit tressaillement de surprise. Il vit avec soulagement que ses beaux yeux clairs étaient reposés et ne portaient plus de traces de larmes. Mais elle le contemplait avec une gravité qui lui fit battre le cœur plus vite.

« Bonjour. J’ai fait un peu de café. Maman est partie de très bonne heure. » murmura t –elle en demeurant debout , une hanche contre le comptoir.
Elle ne l’avait pas entendu venir et , perdue dans ses rêveries , avait éprouvé un frisson voluptueux au son de sa voix . Il avait encore le bleu de ses yeux plein de sommeil et ses petits boucles blondes étaient dans un désordre adorable. Elle mourrait de se jeter contre lui.

« Oh , je ne savais pas que Joyce devait s’en aller aujourd’hui. Pour combien de temps est-elle absente ? »

« Elle rentre mardi soir. » répondit-elle en s’affairant à nouveau à sortir des tasses et à installer les toasts sur une assiette.

Il s’approcha lentement , ne sachant quelle attitude adopter. Sa colère semblait dissipée , mais ils avaient évidemment à éclaircir la situation.

« Veux-tu que nous parlions, amour ? » demanda t –il en passant une main dans ses cheveux .

Elle secoua la tête.
« Non. »

Il éprouva un élancement douloureux et la regarda , le visage un peu penché de côté.

« Je veux dire.. Buvons notre café et mangeons un peu. Ensuite nous irons quelque part pour avoir cette conversation. »

Il la contempla mais son visage demeurait calme et il se demanda où elle désirait aller. Ils burent et grignotèrent dans un silence qui n’était pas inconfortable mais que Spike commençait à trouver difficile.

« Il fait très beau mais encore frais, » dit-elle quand la cuisine fut rangée et qu’elle alla attraper une veste chaude sur la patère de l’entrée. « Tu n’ as que ta veste ? »

« Oui. Quand j’ai quitté l’appartement hier soir parce que Giles venait de me téléphoner qu’il t’avait appris mon futur départ , je pensais te trouver et te ramener tout de suite, » dit-il avec une pointe d’arrogance. « Je n’étais pas habillé pour une excursion, je te rappelle que nous devions passer la soirée ensemble. »

A ses premiers mots , les yeux verts de Buffy s’étaient chargés d’une lumière d’indignation blessée, puis elle se détourna brusquement et il la vit monter les escaliers deux à deux. Il crut qu’il avait encore parlé trop vite et maudit sa capacité à toujours trouver les mots qui la hérissaient , mais il en avait assez de tourner autour du problème. Il se demandait s’il devait la rejoindre à l’étage quand elle redescendit , tenant sur un bras un gros pull de lainage bleu qu’elle lui mit dans les mains sans un mot.

« Je suis désolée pour le dîner d’hier soir, » dit-elle alors , le regardant droit dans les yeux, le menton dressé. « Mais peut-être tout n’est pas gâché , et nous pourrions toujours en profiter ? »

Sur ces paroles un peu mystérieuses mais qui remplirent Spike d’une joie insensée , elle ouvrit la porte d’entrée et un soleil d’hiver , bas dans le ciel pur , les aveugla.

« Tu permets que j’enfile mes chaussures ? » dit-il.

« Dépêche-toi ! » dit-elle alors qu’elle marchait déjà vers la voiture de Spike garée le long du trottoir.
Il enfila ses bottes rapidement puis récupéra sa veste sur un fauteuil . Il ferma à clef et lui lança le trousseau qu’elle saisit au vol avec une petite lueur espiègle .

Ils roulaient depuis cinq minutes , elle avait rabaissé légèrement son siège et ouvert à peine sa vitre.

« J’aime la lumière de Décembre, » dit-elle doucement.

Le soleil ondulait entre les arbres , à travers les larges palmes , alors que la voiture avançait à une allure très lente. Des traînées d’or très pâle rendaient le ciel très clair à l’ouest.

« Moi aussi, » reconnut-il. « Particulièrement ici. On dirait toujours que l’été se cache , tout prés. »

Elle tourna son visage vers lui et il crut distinguer l’ébauche d’un sourire. Les rues étaient calmes , il était encore tôt.

« Où veux-tu aller , mon cœur ? » souffla t –il en ralentissant à une intersection.

Elle resta sans répondre. Puis elle posa sa main gauche sur sa cuisse , et il en ressentit la chaleur , frémit , reprit sa respiration bruyamment. Le seul contact de ses doigts sur sa peau , à travers le tissu de son jean , le brûlait délicieusement.

« Ne le sais-tu pas ? » dit –elle . Et il l’enveloppa d’une expression surprise mais elle gardait un visage impassible . « Là où tu m’ as parlé de poésie , pour la première fois.. » chuchota t – elle.

Il hocha le menton , ses yeux vibrants.

* * * * *

Le Pacifique était majestueux . Ses vagues , amples et infinies , venaient loin sur le sable blanc et Buffy s’étonna de trouver quelque chose de familier à cet espace qu’elle découvrait sous une lumière particulière, si différente de la première fois. Mais Spike lui assura que oui , c’était exactement là qu’il l’avait emmenée , par un soir de Décembre , il y avait bientôt cinq ans.

« Es-tu sûr ? »

Ils marchaient le long des vagues et le vent volait dans les longues mèches blondes de la jeune femme . Spike s’arrêta, se tenant devant elle et , d’un geste doux, dégagea les cheveux qui se collaient à sa bouche.
« Crois-tu que j’aurais -pu oublier la place où j’ai découvert l’océan , où j’ai goûté à tes lèvres.. pour la première fois ? »
Elle le regarda , émue. « J’y suis revenu , pour quelques minutes, le jour où j’ai quitté la Californie, pensant ne jamais revoir.. ni toi , ni ce pays . »

Elle leva une main vers sa joue ,et il s’inclina vers elle. La clarté étincelante de ses prunelles dévorait son visage.
« Je n’ai jamais voulu revoir ces lieux, » murmura t –elle. « Je me souvenais que tu avais pris la direction du Nord de Sunnydale, et chaque fois que je suis allée au bord du pacifique , c’était au sud .
Mes souvenirs sont restés si longtemps douloureux. »
Elle baissa la tête et il plaça un doigt sous son menton . « Te rappelles-tu comme la nuit était douce ? Et tu as accepté que je te prenne dans mes bras. »

Elle eut un petit soupir quand une vague plus forte vint les éclabousser. Elle s’écarta en poussant un petit cri.

« Elle est glaciale ! »

Il sourit et la prit par la main.

« Viens, allons nous asseoir . »

Ils s’installèrent le dos contre une petite dune de sable tiède , à plusieurs mètres du rivage. Il la prit contre sa poitrine et elle se cala avec plaisir contre la paroi douce du pull bleu qu’il avait revêtu. Elle allongea ses jambes sur le sable encore un peu frais , mais Spike l’enveloppait complètement dans ses bras et elle appuya son visage entre son épaule et son cou , respirant les effluves de son parfum restées sur sa peau.

« Tu n’ as pas froid ? » dit-il contre sa tempe.

« Non. »

« Je voulais tout t’expliquer hier soir, chérie, » commença t –il , la voix un peu contrainte. « Je sais que j’ai eu tort d’attendre autant , mais à vrai dire j’avais peur. Peur de gâcher ce bonheur que nous avions.. Depuis que tu m’ as dit que tu m’aimais . »

Elle vint poser une main sur les siennes , qu’il avait nouées sur le ventre de Buffy.

« Je ne savais pas ce que tu me réservais, » continua t –il , sa voix profonde et un peu râpeuse chatouillant sa joue. « Je voulais que tu sois amoureuse de moi.. je voulais que nous partagions une passion dont je rêvais depuis cinq ans.. mais une partie de moi refusait d’espérer. »

Elle le contempla avec une désolation émouvante , caressa sa joue.

« Oh Spike.. je suis désolée. »

« Tu ne dois pas. J’avais tort d’être obsédé par l’échec de notre première rencontre.. »
Il ferma les yeux brièvement , et quand il les rouvrit , regarda au loin.

« Alors tu as cru que tu serais à l’abri en t’ éloignant, » dit-elle.

« Oui. Une force terrible me ramenait ici, même si je craignais de ne connaître qu’une autre souffrance. Il fallait que je te revoie. Peut-être aurions –nous quelques semaines ou quelques mois de relation sensuelle, et ensuite tu me laisserais partir , sans regrets.. »

Elle lui lança un regard noir. « Tu mériterais que je ne t’accorde aucune attention pendant un temps indéterminé. »

« Je sais que cela paraît si ridicule à présent. Giles ne s’est pas privé de me le dire. Et tous ceux qui m’ont obligeamment donné leur avis, » dit-il avec une pointe de moquerie pour lui-même.

« Qui d’autre est au courant ? » s’étonna t –elle en tournant un peu son visage.

Il eut une expression à la fois contrite et timide qui était absolument William.

« Eh bien quand Giles m’ a appelé , il avait constaté combien tu avais été bouleversée par ses révélations. Nous avions eu une discussion il y a plus d’un mois, et il s’était étonné que je n’ai pas choisi immédiatement de t’expliquer mes projets. Je lui avais avoué mes craintes , mes incertitudes. Et j’avais promis que je te parlerais, avant que tu risques de l’apprendre par un autre que moi. »

Buffy bougea un peu contre lui et vint déposer un baiser sous son oreille. Il eut un halètement et reprit : « D’ailleurs , comment se fait-il qu’il te l’ai appris ? »

« Oh ,cela lui a échappé quand nous parlions d’informatique. Le pauvre se débattait dans un programme pour ses livres quand il s’est plaint que tu ne serais pas là pour l’aider dans six mois. »

Spike poussa un soupir. « J’ai compris que tu ne viendrais plus me rejoindre. J’ai quitté la maison aussitôt.. et j’ai appelé Willow et Tara . Mais je les ai rassurées plus tard , quand j’étais devant chez toi, à attendre. »

Il avait insisté sur le dernier mot.
« Tu as eu encore de la chance que je t’accueille, » dit-elle avec pétulance. « Imagines –tu.. »

« Je sais ! » s’écria t –il en la prenant contre lui, couvrant son visage de baisers. « Pardonne-moi, chérie.. Je sais que je t’ai fait mal , alors que je m’étais promis de ne jamais , jamais te causer la moindre souffrance..Tu n'as pas cru.. je.. j'espère que tu n'as pas pensé que cela ressemblait à.. »

"A Angel?" terminat -elle . " Bien sûr que non. Les circonstances n'avaient rien de comparable."

Elle modifia sa position , venant s’asseoir en travers de ses jambes , pelotonnée contre lui alors que leurs lèvres se touchaient encore.

« Donc Tara et Willow savent .. ? »

« Oui, mais je n’ai pas précisé les raisons de notre dispute. Ce sont Alex et Anya qui savent tout. Alex a menacé de m’étriper pour le chagrin que je te causais. Mais il m’ a accompagné quand je suis allée chez Joyce. »

Le silence s’étira entre eux , et le bruit des vagues les berçait. Les premiers promeneurs se distinguaient , silhouettes floues dans l’air dansant.

« Hier soir , j’étais profondément blessée. Je ne comprenais pas comment tu avais pu déjà prévoir d’être loin d’ici à la fin de l’année. »

« Buffy.. »

Elle posa un doigt sur ses lèvres , l’embrassa délicatement dans le cou.

« Mais j’avais confiance en toi. Et quand tu es arrivé à la maison , je savais que tu aurais une explication pour cette réalité qui me brisait le cœur. »

Il la regarda avec ce mélange d’adoration et d’incertitude qu’elle avait vu tant de fois se peindre sur son beau visage durant les dernières semaines.

« Je ne sais pas si je peux moi –même trouver des raisons satisfaisantes à mon comportement et à mes choix , amour.. » murmura t –il, la voix tendue. « Mais quand j’ai appris que j’avais obtenu d’enseigner pendant neuf mois ici , j’ai cru brièvement que je pourrais être plus fort, et.. et te résister. Résister à la tentation de me noyer .. de t’aimer.. » Il avait chuchoté les derniers mots et elle se serra davantage contre son corps. « Et tu étais plus belle, plus désirable, plus éblouissante que dans mes souvenirs. Et j’étais pris au piège. Tu répondais à mon attirance comme je l’avais toujours rêvé, alors même que j’avais choisi de considérer notre avenir comme une chose impossible.. »

Il reprit son souffle et mit sa main droite derrière la nuque de Buffy , rapprochant leurs visages.
« Et plus le temps passait , moins j’étais prêt à te révéler ce qui prenait le caractère d’une trahison. »

Il captura ses lèvres avec langueur et elle s’offrit. Il respirait et frémissait contre elle , savourant la douceur unique de sa bouche , la douceur soyeuse de sa langue qui acceptait la sienne.
Il l’embrassait avec une sorte de révérence qui étreint Bufffy jusqu’ aux larmes.

Dans les heures de détresse et de solitude , quand elle cherchait désespérément comment elle pourrait jamais accepter que Spike s’éloigne et ne fasse plus partie de son existence quotidienne , elle gardait une certitude : il l’aimait de tout son être , et avait ses raisons.

« Non , non.. » balbutia t –elle en se détachant de sa bouche. « Ce n’est pas une trahison , chéri.
Je n’ai jamais réalisé à quel point je t’ai fait souffrir , il y a des années. Et tu as eu une réaction de.. survie. » Elle avait l’air assurée de ce qu’elle venait de dire et il l’enveloppa d’un regard fervent.

« Et voilà où cela nous mène. » reprit-elle avec une petite grimace. « Je suppose que tu ne peux pas leur demander de venir ..plus tard ? »

« Non. C’était une proposition fabuleuse. J’ai dû répondre en même temps à Sunnydale et à Santa Barbara. J’y ai vu comme un signe du destin. Un signe qui ne voulait pas que je crois en nous. »
A nouveau le silence s’étira. Il avait placé une main sur son ventre et elle caressait son avant-bras , sur lequel il avait relevé la manche de son pull.
« Il y en a au moins pour une heure de route , les jours de circulation les plus calmes, » dit-elle . « Tu seras obligé de t’installer là-bas. »

« Je sais. Et c’est un poste de maître –assistant à temps complet, j’aurais des semaines très chargées. Il faut que tu envisages sérieusement de changer de métier, » ajouta t –il d’un ton un peu désinvolte , mais qui cachait mal une insécurité touchante.

« Changer de métier ? » répéta t –elle .

« Oui.. Du moins , y songer. Tu pourrais aussi demander un emploi dans l’un des collèges ou lycée de la ville , mais je sais que c’est très difficile d’obtenir un contrat. »

« Cela signifie que l’on te porte en haute estime, » dit-elle doucement , en caressant sa tempe. « C’est une opportunité magnifique , et tu as raison.. »

« Je ne savais pas qu’il faudrait te quitter pour cela ! » gronda t –il avec une note de désespoir. « Crois-tu que j’ai envie de m’installer là bas tout seul ? »

Elle le regarda avec un sourire confiant. « Pas plus que moi de continuer à vivre ici sans toi ? »

« Cela veut dire.. cela veut dire que tu pourrais.. »Il ferma les yeux , submergé .

« Il faut que l’on trouve une solution, » affirma t –elle. « Je suis contente d’enseigner , mais comme je l’expliquais dernièrement à Willow , je le ferais volontiers dans un cadre moins restreint que l’école, ou auprès de personnes plus adultes. »

« Je suppose que ta formation te permettrait d’avoir quelques heures de cours dans un institut privé. Ce genre d’établissement ne doit pas manquer , à Santa Barbara.. » fit-il remarquer d’un ton pensif.
« Le niveau de vie est singulièrement élevé, et .. »

Elle l’interrompit en prenant à nouveau ses lèvres dans un baiser langoureux , forçant l’ouverture , glissant sa langue dans sa bouche et et il répondit avec une ardeur fiévreuse.

« Nous avons plusieurs mois pour trouver ce que nous allons décider, » haleta t –elle , alors qu’il la regardait avec des yeux troublés. « Mais je songe sérieusement à trouver un travail, là bas. »
Elle mordilla son cou , caressa sa nuque. Il gémit et la serra contre lui .

« Tu pourrais y penser.. sérieusement ? »

« Oui. Même si je ne fais pas d’illusion sur la difficulté de retrouver la situation idéale. »

« Mais nous essaierons, amour. » Il garda son front contre le sien , savourant la détente exquise qu’il sentait se répandre en lui, après les heures d’angoisse et de frustration .

« Mais en attendant, nous avons du temps à rattraper.. » murmura t –elle d’une voix douce.

« Tu n’as pas d’objection à me consacrer la journée entière ? » demanda t –il en haussant un sourcil suggestif.

« J’ai cru comprendre que tu avais organisé un dîner très romantique, et .. une soirée délicieuse, » murmura t –elle avec un sourire un peu mutin.
« Mmmm…. Oui, » acquiesça –t- il en passant sa main sous son pull, cherchant à atteindre ses seins. Son regard devint d’un bleu presque noir. « J’envisage de t’attacher aux montants du lit.. » gronda t –il , la langue calée entre son palais et ses dents.

Elle gémit et ils s’embrassèrent à nouveau longuement.

« Cette soirée devait nous permettre de célébrer un instant particulier, » ajouta t –il alors qu’ils revenaient main dans la main.
Elle attendit qu’il continue. Quand ils furent à la hauteur de la voiture , il la prit contre lui, se plaquant contre ses formes douces alors qu’elle était appuyée contre la portière.

« Il y a exactement cinq ans , jour pour jour, le 20 Décembre, que j’ai posé les yeux sur toi, amour, » avoua t –il avec une voix tremblante.

« Oh.. » souffla t –elle , émerveillée qu’il eût pu ainsi garder gravée une date si bouleversante. « Je sens encore le regard dont tu m’avais enveloppée.. » continua t –elle alors qu’il frottait lentement ses hanches contre les siennes , la dureté de son sexe se logeant contre son ventre dans un mouvement de va et vient qui la rendait ivre de désir. « Tu étais si .. insolent.. et à la fois si adorable. »

Ses yeux verts se voilèrent. « Je t’aime , William, » chuchota t –elle en prenant son visage entre ses paumes.
Le soleil illuminait ses traits et à l’arrière , le pacifique formait une bande bleue mouvante, scintillante.
Elle songea qu’enfin , ces lieux seraient liés à des souvenirs beaucoup moins amers et torturants.

« Confiance de cristal entre deux miroirs.. La nuit tes yeux se perdent pour joindre l'éveil au désir » souffla t-il , quand leurs lèvres se détachèrent , front contre front.

Elle sourit. « Mon poète, » murmura t –elle. « Je n’ai plus peur de me noyer.. » souffla t –elle.

« Chérie.. » exhala t –il .
Il se perdait dans la lumière irisée des yeux de Buffy qui contenaient toute la poésie du monde. « Tu es ma rose de Décembre , amour. »

L’expression de son visage prit une gravité soudaine. « C’est pour toi que j’écris. Quand tu m’es apparue , tu étais… comme une chose à la beauté étrange dans mon monde.. inattendue , et pure. Radieuse , et apaisante. Quelque chose que je n’aurais jamais imaginé. »

Elle demeura silencieuse , la gorge serrée , caressant très doucement sa nuque , ses épaules. Une larme traça son chemin sur sa joue lorsqu’ il répéta d’une voix altérée :
« Ma rose de Décembre. »



A suivre.





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