Chapitre 3.



Buffy sortit de la torpeur dans laquelle l’avait plongée ses souvenirs. Elle rangea la boite avec des mains impatientes et termina de s’habiller. Elle devait passer une partie de la journée avec sa mère , et elle serait en retard.

Quand elles s’attablèrent à la terrasse du petit café où elles allaient parfois déjeuner , Buffy avait retrouvé tout son entrain.

« Tu ne peux imaginer à quel point c’est agréable d’avoir la perspective de travailler dans quelques jours, » soupira t –elle , alors que Joyce l’observait avec affection. « J’ai eu beaucoup de chance d’obtenir cet emploi au lycée. »

« J’en ai conscience. Et je suis heureuse pour toi, » sourit Joyce en posant une main sur celle de sa fille. « Mais j’aimerais te voir épanouie sur un plan .. plus personnel. »

« Maman.. » souffla Buffy , contrariée.

« Je sais , je sais. Tu ne veux pas que je t’ennuie avec mes questions. Mais tu es seule depuis le départ d’Angel , et cela me désole de voir qu’une jeune fille aussi belle et charmante que toi n’aie pas une cour d’admirateurs.. »

Buffy leva les yeux au ciel mais la douceur de son regard demeurait . Elle lui adressa un sourire confiant.

« Je vais très bien , ne t’en fais pas. Et Angel n’était pas le compagnon le plus attentionné, » poursuivit – elle avec une voix pensive. « Quelquefois je me dis c’est moi qui n’ai pas su.. »

« C’est ridicule ! » coupa Joyce. « Tu n’as rien à voir dans cette rupture. Tu as toutes les qualités pour rendre un homme heureux , et s’il ne s’en ait pas rendu compte à son âge , c’est qu’il ne te méritait pas ! »

La véhémence de Joyce Summer ne lassait pas d’amuser sa fille. Dire qu’elle en voulait à Angel de la façon cavalière dont il avait décidé de quitter Sunnydale était peu dire.

« Quand un couple ne fonctionne pas , ce n’est pas seulement la faute de l’un d’entre eux, » souligna Buffy. « Quelquefois , je regrette que nous n’ayons jamais vécu tous les deux. J’aurais dû comprendre qu’il ne trouvait pas en moi tout ce qu’il cherchait. »

« Buffy. » La voix de sa mère avait pris des intonations de reproche. « Tu étais très jeune quand vous avez commencé votre relation.. On croit savoir ce que l’on veut à dix huit ou dix neuf ans , et puis on réalise que c’est un peu différent. Mais la manière dont Angel est parti , en invoquant le prétexte ridicule qu’il ne voulait pas t’empêcher de goûter à la vie.. ! »

Buffy eut un sourire mélancolique. « Je sais très bien qu’il ne devait pas être seul dans son départ pour Los Angeles. Mais c’est vrai que j’aurais préféré une vraie confrontation. »

Elle soupira et fit un signe pour appeler la serveuse.

« Je suggère que nous quittions ce sujet déplaisant, et que nous réservions notre énergie à déguster leurs brownies avec une double portion de crème fouettée. »


Elles terminèrent leur repas dans un silence moins confortable. Toutes deux avaient à l’esprit une autre rupture : quand , un an après que Buffy ait commencé ses études à l’université , Hank avait tout simplement pris la décision de s’en aller avec sa secrétaire , après plusieurs mois d’une ambiance épouvantable à la maison.
Trois années plus tard , heureusement , Joyce avait l’air de se porter le mieux du monde. Et ses activités et voyages liés à la galerie comblaient son existence.
Buffy souhaitait secrètement que sa mère retrouve un compagnon , mais elle n’avait pas eu jusque là l’audace de lui en parler ouvertement.

* * * * * *

Elle passa le reste de l’après-midi à faire des courses. La rentrée des classes approchait , et dans trois jours elle ferait officiellement son entrée dans le monde des adultes percevant un salaire. Elle avait parfois le sentiment que sa vie d’étudiante était passée beaucoup trop vite , mais le fait de trouver un premier poste au lycée où elle avait passé tant d’années avait quelque chose de familier et réconfortant. Willow continuait ses études tout en ayant accepté un travail d’assistante pour certains cours d’informatique donnée par Jenny Calendar. Giles était toujours fidèle au poste à la bibliothèque..
Et elle espérait que la cohorte des autres professeurs l’accepterait sans difficulté. A son soulagement , le principal Snyder avait été remplacé par un homme beaucoup plus avenant.

Perdue dans ses pensées , elle réalisa qu’ elle était bloquée dans la circulation depuis de longues minutes déjà et se dit qu’elle n’obtiendrait rien en restant sur la rue principale . Après un quart d’heure passé dans l’immobilité la plus absolue , elle interpella une petite jeune fille qui marchait à sens inverse sur le trottoir.

« As-tu une idée de ce qui se passe ? » lui demanda t –elle avec un sourire.

« Oh , c’est un camion qui a perdu son chargement de fruits, » annonça l’adolescente.

« Merci, » soupira Buffy .


Profitant que la prochaine petite rue sur la droite conduisait à l’extérieur de la ville , vers la colline surplombant Sunnydale , elle fut saisie d’une impulsion et manœuvra de façon à prendre le chemin. Mieux valait conduire un peu sur cette route qu’elle adorait , dans la lumière agréable de cette journée d’été finissante , que de demeurer dans les embouteillages. Après quelques instants , elle s’engageait dans la direction de Ming River.

Il y avait plusieurs voitures qui revenaient , cela demeurait une destination appréciée des habitants de la petite cité , et particulièrement des couples. Au moment où elle arriva au sommet , et qu’elle descendit de son véhicule , elle fut à nouveau saisie de plein fouet par une vague de souvenirs dont la force la surprit. Brutalement , elle eut la sensation de se retrouver plusieurs années en arrière , à l’instant où elle avait entraîné William dans une promenade impromptue .
Ou était-ce lui qui l’avait entraînée ?


Elle avait voulu l’éblouir et lui faire comprendre qu’ils n’étaient pas du même monde.
La seconde partie de ses intentions s’était révélée douloureusement vraie .

Les jambes plus faibles , elle suivit le petit sentier qui conduisait au terre –plein où elle avait l’habitude de s’asseoir. Mais , contrairement à la fois où elle avait joué les enjôleuses , l’endroit était occupé par un couple enlacé qui , visiblement , s’appliquait à oublier les autres.
Elle continua à diriger ses pas vers la droite , d’où la vue était moins spectaculaire , mais où elle savait que peu de gens s’aventuraient.



…..C’était le lendemain du jour de l’an. Elle s’était levée très tard , après que la fête chez Angel se soit poursuivie jusqu’ à une heure avancée de la nuit. Quand elle descendit , les cheveux en bataille , encore vêtue de son pyjama , elle fut mortifiée de se trouver nez à nez avec William , superbe dans un jean bleu et un sweat-shirt bleu pâle qui rehaussait délicatement l’indigo renversant de son regard derrière les lunettes rondes.

Il était venu présenter ses vœux à Joyce et Hank Summers. Mais celui-ci était allé à son bureau pour une affaire urgente , et seule Joyce l’accueillit , à la cuisine , en lui offrant une orangeade. Il dévisagea Buffy des pieds à la tête avec une lueur qu’elle détesta.

« As-tu l’habitude de surprendre les gens de bonne heure chez eux ? » se plaignit –elle en faisant mine de n’être pas gênée par sa présence .

« Buffy ! » intervint sa mère. « Il est midi. C’est toi qui n’ a pas dû regarder ton réveil. »

Il l’enveloppa d’un regard narquois. Elle se sentit rougir , et , refermant le frigo avec brutalité , darda sur lui ses yeux verts vibrants.

« Eh bien c’est possible, » maugréa t –elle. « Mais c’est tout à fait naturel de prendre son temps quand on est en vacances ! »

« Et c’est un spectacle que je n’aurais voulu manquer pour rien au monde, » murmura t –il en masquant un sourire ironique.
Il plongea le nez dans son verre , mais elle savait qu’il se moquait d’elle .

« Veux-tu parier quelque chose ? » Elle le fixait , immobile , tapant du pied , les bras croisés sur la veste de pyjama trop grande , ses boucles blondes en désordre.
Il la trouva délicieuse .

Sans répondre , il pencha la tête , attendant qu’elle continue.

« Je parie que je suis habillée et prête à aller faire un tour dans quelques minutes ! »

Il haussa un sourcil sceptique. Puis il jeta un bref coup d’œil vers Joyce , qui l’observait avec intérêt.

« Si c’est une proposition pour m’emmener quelque part dans ta décapotable , je ne dis pas non, » murmura t –il.

Buffy ouvrit des yeux ronds. Il avait un toupet qui la priva de l’usage de la parole , pendant dix secondes.
Et qui lui faisait courir des frissons le long de la colonne vertébrale.

« Dix minutes ! » jeta t- elle en s’envolant littéralement dans l’escalier.

Et c’est ainsi qu’elle s’était jetée dans une sortie avec un garçon qui la mettait mal à l’aise et dont l’attention la mettait en rage.

Elle avait délibérément conduit à une vitesse excessive. Elle avait un style.. particulier , disait Alex. Mais , après des début chaotiques , sa conduite s’était améliorée , et elle avait pris de plus en plus d’assurance et de plaisir. Quand elle en avait l’occasion , elle appuyait sur l’accélérateur.
Et elle ne s’en était pas privée sur la route en lacets qui menait à Ming River.


Mais William resta imperturbable , et se contenta de s’accrocher un peu plus au bord de son siège , quand la voiture fit un dérapage spectaculaire à l’arrivée.

S’attendant à ce qu’il la contemple avec un mélange d’admiration et de crainte , elle avait tournée vers lui un visage innocent , auréolé de ses mèches blondes fouettées par le vent. Mais William lui avait fait un petit sourire ironique , avait frappé dans ses mains , et avait dit :

« Essaies-tu ainsi de mettre d’éventuels amoureux hors d’état de nuire ? »

Elle était descendue , avait claqué sa portière , et était partie su le sentier d’un pas nonchalant. Il la suivit en silence.


« N’est-ce pas ennuyeux ? » demanda t –il quand ils étaient parvenus au terre plain , et qu’elle s’était laissée tomber sur l’herbe sèche.

« Quoi donc ? »

« Cette vie protégée de bonne petite élève , fille de gens aisés , qui est persuadée que tous ceux qui l’entourent devraient forcément être éblouis par son assurance et sa beauté ? »

« Si tu n’es pas ébloui , que fais-tu là ? »

« Je ne sais pas. En quittant l’Angleterre et un foyer où je n’ai plus de parents , je n’avais pas beaucoup de projets. Giles a pensé qu’un séjour en Californie me changerait les idées. »

Elle refusa de se laisser attendrir par le rappel qu’il était orphelin.

« Et naturellement tu es surpris par la société que tu as sous les yeux. »


Il l’enveloppa d’un regard pénétrant.

« Si tu veux insinuer que je n’ai pas l’habitude de fréquenter des petites filles insouciantes , qui ont besoin de montrer leur indépendance ou de vivre un peu dangereusement en acceptant un rendez-vous seule avec un garçon qu’elles ne connaissent pas , en effet. »

Elle le fusilla d’un regard devenu d’un vert profond. « Ce n’est pas un rendez-vous ! Tu ne m’intéresses pas le moins du monde. »

« Et toi tu te caches derrière des désirs qui ne sont pas les tiens, » jeta t – il avec force , d’une voix plus rauque.

Il s’était rapproché et elle se releva , lissa les plis de sa robe .

« Que pourrais-tu comprendre à mes désirs ? Giles m’a dit que tu avais commencé à l’université mais que tu manquais la moitié de tes cours ! Es-tu un tel modèle ? »

« Je n’en suis pas un ! Mais je ne me cache pas derrière ce qu’il est bon de faire ou de ne pas faire. »

« Oh c’est facile ! » répliqua t –elle. « Est-ce une excuse pour te conduire comme un voyou ? »
Il la regarda avec acuité , lui saisit les bras.
« Qui t’ a parlé de çà ? » Sa voix était oppressée.

« Giles a simplement dis que tu avais eu un comportement .. qui laissait à désirer. Que tu jouais avec le feu, » termina t-elle en le fixant sans ciller.
Il respirait plus laborieusement , et elle s’étonna de constater que toute trace d’incertitude ou de vulnérabilité avait disparu dans son regard .

« Oui je joue avec le feu.. Mais au moins je vis ! »

Elle l’écoutait. Subjuguée et effrayée par la force qu’elle devinait tout à coup en lui.


« Et sais-tu ce que tu veux ? » murmura t –elle.

« Je sais que j’étouffe dans ma peau.. » avoua t –il avec une voix si profonde qu’elle en frissonna violemment. « Que les autres ne se donnent pas la peine de me comprendre ou de m’apprécier.. mais que je rêve d’une liberté qui me brûle.. qui m’étreint.. »

Il lui avait saisit un poignet , et elle restait troublée par la puissance des émotions qui la saisissaient à l’écoute de cette confession qui avait quelque chose de terriblement intime.

Ils demeurèrent l’un prés de l’autre , le souffle court , leurs regards fixés, pendant de longues et bouleversantes minutes. Ce fut elle qui se dégagea d’un mouvement sec , le faisant sortir de la torpeur.

« Tu es fou.. » dit-elle d’une voix basse.

Elle dressa le menton . Il la contempla , le regard rétrécit.

« Ta vie bien rangée ne te satisfera pas longtemps. Et le sel que je peux mettre dans ton existence , tu n’ as pas envie de le goûter. »

Elle haussa les épaules , cherchant à reprendre le contrôle du tumulte qu’il avait fait naître. Affectant l’indifférence la plus absolue.

« Qu’est-ce que tu racontes ? Que je vais me lancer dans je ne sais quelle aventure avec toi , le temps des vacances , justement parce que nous n’avons aucun avenir ? Et mettre en en péril la relation satisfaisante que j’ai avec Angel ? »

Le bleu de yeux de William devint noir.

« Et pourquoi pas ? Je suis un étranger , je ne suis pas de ton milieu social , et tu saurais au moins une fois ce que c’est que d’avoir des sensations.. » Sa bouche avait un pli de défi.

Il s’était à nouveau rapproché , et avait soufflé ce dernier mot avec un ton si prometteur qu’elle recula , comme si il l’avait physiquement touchée.


« J’aurai toutes les sensations que je veux avec Angel , merci bien, » de défendit-elle.

Elle vit une lueur d’étonnement douloureux dans son visage. Cela lui causa un remords brûlant aussitôt. Que lui arrivait –il ? Il n’était pas dans ses habitudes d’être délibérément désagréable.
Mais William provoquait en elle des réactions fortes , parfois violentes , qu’elle ne reconnaissaient pas. « Pourquoi n’as –tu pas fait le rebelle chez toi ? »

« Je n’ai pas vraiment eu le choix, » répliqua t –il. « Rupert a pensé que livré à moi-même pendant deux semaines sur le campus d’Oxford pourrait me conduire à des actes.. insensés. »

Elle constata qu’il ne semblait pas le moins du monde gêné d’avouer que ses occupations extra –universitaires pouvaient l’entraîner dans des activités peu recommandables. Elle savait en fait peu de choses de sa situation. Elle avait entendu sa mère parler au téléphone et avait cru comprendre que depuis la fin du lycée , William s’était progressivement détaché de tout ce qui constituait une vie calme et sans histoire. Mais il avait obtenu l’entrée dans une des universités les plus brillantes du monde ...
En face d’elle , William s’était soudain immobilisé , son attention fixée sur le lointain.

Elle mesura brusquement la solitude dans la quelle il devait vivre. Soudain en proie à une curiosité sincère , elle souffla :

« As-tu.. » Elle le regardait par en dessous ses cils , se mordillant la lèvre inférieure. Il attendait qu’elle continue , et fixait sa bouche. « As-tu perdu ta mère il y a longtemps ? »

La surprise marqua ses traits , puis la méfiance , mais il se détendit presque instantanément , notant que cette question partait d’un intérêt réel.

« Il y a un peu moins d’un an. Elle s’est éteinte en trois mois. Après un cancer. » Il énonçait les faits presque brutalement. Mais son visage aux traits harmonieux était froissé par un chagrin visible.

« Je suis désolée, » chuchota t- elle , le cœur étreint.


Il plongea son regard dans les yeux doux. C’était la première fois qu’elle le regardait ainsi , il hocha la tête et lui fit un très léger sourire.
Si il avait songé une seconde qu’elle éprouvait de la pitié pour lui ,il l’aurait affirmé son mépris orgueilleux. Mais elle partageait sincèrement sa peine , les prunelles amandes ne mentaient pas.

« Et tu n’as.. tu n’as pas d’autre famille ? »

« Une tante , du côté de mon père. Mais Ils habitent à Liverpool , je ne les vois pas. Et je n’ai pas besoin des autres, » termina t –il avec une assurance un peu naïve.

Elle l’observa plus attentivement. Il la couvait d’un regard intense.

« Pourquoi suis-je venu ici, Buffy ? Pourquoi suis-je venu jusqu’à toi? »

Elle se détourna, baissa la tête. « Je ne sais pas , William. Peut-être pour que je comprenne que j’étais différente ? »

Il eut un rire doux. Elle s’émerveilla qu’il puisse ainsi passer de la colère à la peine, à la frustration puis au rire. William était décidément peu ordinaire.

« Pourquoi aimes-tu venir ici ? » demanda t –il au bout d’un instant.

« Parce ce que le ciel est plus vaste, » souffla t –elle. « Et on peut distinguer l’océan. »
Elle lui sourit.

Toute sa colère semblait s’être dissipée. Elle écoutait les battements terribles de son cœur.
Elle avait l’impression de respirer un air raréfié , où l’ozone la plus pure ferait palpiter ses sens.


Côte à côte , ils ne parlèrent plus. L’air était frais mais le soleil les enveloppait d’un voile de bien-être.
Quand elle reprit la direction de la voiture , il la suivit en silence. Le trajet de retour se fit sans qu’une seule parole ne fut échangée. Mais cette absence de mots n’était pas inconfortable.
Tous deux savaient qu’ils avaient juste commencé une conversation , et qu’elle s’était momentanément interrompue.



Buffy se rendit compte qu’elle était restée assise dans l’herbe sèche à rêver pendant plus d’une heure. Elle se releva et secoua les brins d’herbe qui étaient restés accrochés à sa jupe. Son esprit refusait obstinément de replonger plus avant dans le reste des souvenirs , qui seraient de plus en plus douloureux.
Elle conduisit lentement sur la route du retour. La circulation semblait s’être considérablement améliorée quand elle parvint au centre -ville. Un panneau accrocha son regard. ‘La mer’ . Et le nombre de kilomètres pour y parvenir.

L’océan serait-il pour toujours lié à un coucher de soleil somptueux , dans l’air froid de Décembre ? se demanda –t – elle , le cœur lourd.




A suivre.





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