Chapitre 4.


Elle le revit deux jours plus tard. Malgré ses efforts pour éviter de penser à l’escapade qu’ils avaient faite le premier Janvier , malgré ses tentatives pour occuper ses journées avec Willow , Alex et les autres , William ne cessa d’être dans la moindre de ses pensées.

En cette fin d’après-midi , elle venait de quitter son amie et marchait sans hâte le long du trottoir , perdue dans ses pensées , quand le son de sa voix la fit sursauter. Il avait emprunté la voiture de Giles et se tenait , affalé sur le siège , un coude appuyé sur le rebord de la portière vitre ouverte , la dévisageant avec une expression affamée.

« Monte. »

Elle continua à l’ignorer et à marcher , allant à peine plus vite. Il ralentit la voiture ,se délectant de la vison qu’elle lui offrait : ses jambes moulées dans un pantalon de toile blanche mettant en évidences les formes pleines et arrondies de ses fesses , ses hanches se balançant doucement au rythme de ses pas , la taille prise dans un petit gilet de soie bleu outremer , et les vagues éclatantes de sa chevelure ondulant sur ses épaules.

« Oh c’est très agréable pour moi, » admit –il d’un ton narquois. « Tu m’offres une vue superbe. »

Elle s’arrêta net et se retourna , les mains sur les hanches.

« Que veux-tu ? » Elle prit un air profondément ennuyé ,puis jeta un œil à sa montre. « J’ai rendez-vous avec Angel et je vais être en retard. »

« Angel est à Los Angeles. Ta mère m’ a très gentiment informé quand j’ai appelé chez toi tout à l’heure. Il ne devrait pas être rentré avant .. » Il regarda sa montre. « Au mieux deux ou trois heures. » Il affichait une figure de conquérant tranquille.

Elle lui fit un petit mouvement dédaigneux des épaules , puis contourna la voiture , ouvrit la portière sans crier gare , et se jeta littéralement du côté passager avec hargne.

Il appuya sur l’accélérateur et elle l’entendit rire.

« Ceinture. »

Elle ne bougea pas. Croisant les bras sous sa poitrine , elle regardait devant elle , le menton dressé.

« Attache –toi, » répéta t –il.
« Je n’ai pas l’intention d’aller loin avec toi. Ramène –moi à la maison simplement , » fulmina t –elle. « Quand je pense que tu as osé appelé , et que.. et que ma mère t’ a révélé des choses qui ne te concernaient pas.. ! »

« Elle a un faible pour moi, » dit –il d’un ton confiant.

« Elle a simplement un faible pour les chiens perdus, » asséna t –elle.

Il ne broncha pas sous l’insulte. Ses mains se crispèrent autour du volant , et la voiture sembla aller plus vite. Visiblement , il prenait la direction de la côte.

« Mets ta ceinture , Buffy , s’il te plaît, » répéta t –il avec une douceur ferme dans la voix.

Elle obtempéra. Elle était ridicule , et n’avait pas l’intention d’être imprudente.

« Et toi.. tu aimes les chiens perdus ? » demanda t –il.

Sa voix avait pris une qualité intime qu’elle redoutait. Elle le regarda à la dérobée. Ses cheveux étaient très indisciplinées , et quelques boucles partaient sur son front. Ses lunettes adoucissaient tout son visage concentré sur la conduite. Son teint avait pris des couleurs depuis qu’il était arrivé d’Angleterre plutôt pâle. Cela lui allait très bien. Et elle ne pouvait pas ne pas remarquer les muscles de ses bras dévoilés par les manches très courtes du tee-shirt.

« Non. » Elle fit mine de s’absorber dans le paysage.

« Tu as peut-être raison. Je pourrais être .. enragé. Et avoir envie de te mordre , quand tu ne t’y attends pas. »

« Tu pourrais essayer, » rétorqua t –elle en se tournant vers lui.

Elle eut le souffle coupé par la chaleur avide de ses yeux.


« Où allons –nous ? » demanda t –elle avec une indifférence forcée. « Maman va s’inquiéter, et.. »

« Je lui ai expliqué que , si elle n’ y voyait pas d’inconvénient , je t’emmènerai faire un tour. »


Il n’avait toujours pas révélé leur destination et elle ne voulait pas lui faire le plaisir de reposer la question.
Pendant les minutes qui suivirent , ils ne parlèrent plus.

« Le soleil va bientôt se coucher. La plage m’ a parut un endroit intéressant. »

« La plage ? » s’écria t –elle. « Mais c’est à plus d’une demi-heure ! »

« De quoi as –tu peur ? Il ne t’arrivera rien avec moi. »

Il avait dit cela avec une force tranquille , et il ne lui vint pas à l’idée de le contredire.
Curieusement , elle ne doutait pas qu’il la protégerait de tout danger éventuel. Mais elle en fut aussitôt agacée.

« Et qui me protégera de toi ? » souffla t –elle.

Dés que les mots s’échappèrent de sa bouche , elle le regarda . Il ne fit que l’envelopper d’une expression pensive et à la fois moqueuse.

La route était déserte. Personne n’allait évidemment vers la côte en fin de journée en ce début de Janvier. Elle frissonna et mit les bras autour d’elle –même.

« Il y a une petite couverture sur le siège arrière. »

« Je n’en ai pas besoin. »

Il haussa les épaules. Il n’avait pas l’air de craindre le froid. Ce qui n’était pas étonnant , si elle songeait que le climat californien devait lui paraître d’une douceur extrême en comparaison avec le temps anglais. Une fois de plus , un silence étrange s’installa entre eux.

Elle regarda le paysage. Le ciel était d’une pureté éblouissante , et des teintes orangées se répandaient à l’ouest. Plus vite qu’elle ne s’y attendait , ils arrivaient , et il vint garer la voiture si brusquement que les pneus crissèrent sur le sable répandu sur la chaussée. Devant eux , le Pacifique se déployait , impressionnant , grondant.

Le soleil avait atteint la ligne de l’horizon et ressemblait à un personnage qui hésite à plonger sa tête dans l’eau. Avant qu’elle ait pu réagir , William était sorti et venait ouvrir la porte de son côté , la saisissant par la main. Trop stupéfaite, elle se laissa entraîner sur la plage où il partait en courant.

« Mes chaussures ! » se plaignit –elle.

« Enlève –les. » Elle retira ses petites sandales en riant, les laissant sur place. Le vent emmêlait ses cheveux et il admira sa silhouette dessinée par le vêtement qui se plaquait à son corps voluptueux. Arrivés à la lisière des vagues , il se tourna vers elle.

« Je n’ai jamais vu l’océan. Et regarder le soleil s’y fondre a toujours été un rêve que je voulais réaliser. »

Elle leva son visage vers lui . Il avait les yeux aussi bleus que le ciel , et cela lui donna envie de pleurer. Une rafale plus violente la fit vaciller et une vague vint caresser ses pieds nus. Elle poussa un petit cri et bondit en arrière. Il eut une expression d’une tendresse si profonde qu’elle baissa la tête. Alors il vint se placer derrière elle , et l’entoura de ses bras , croisés sur sa taille. Mais il n’y avait rien d’équivoque dans ce geste. C’était seulement un geste de protection contre le froid.
Et elle le laissa faire , grisée par la chaleur immédiate qui se propageait dans ses membres au contact du torse puissant de William contre son dos , et de l’étreinte chaleureuse de ses bras.

« Regarde, » pria t –il, le menton appuyé sur son épaule.

La mer prenait des teintes bleu nuit , et le soleil perdait de sa force aveuglante en commençant sa descente inexorable. Ce spectacle d’une grande beauté les captivait , mais Buffy était aussi troublée par la vision flamboyante que par le souffle tiède de la respiration de William dans son cou.

« Avec toi, » reprit -il. Et sa voix était rauque . « Avec toi je voulais assister au coucher du soleil. »

Elle demeurait immobile , confuse , effrayée , curieuse de toutes ses sensations inconnues qui envahissaient son âme.

« Sans soucis sans soupçons Tes yeux sont livrés à ce qu'ils voient
Vus par ce qu'ils regardent.

Confiance de cristal Entre deux miroirs
La nuit tes yeux se perdent Pour joindre l'éveil au désir. »

Il récitait lentement , d’une voix un peu grave . Et les mots qui chatouillaient son oreille , la douceur veloutée du son qui glissait en elle , la berçaient.


La réalité de ce qu’elle était entrain de vivre la frappa comme une vague d’eau froide. Le soleil ne se devinait plus que par une petite auréole vibrante de lumière. Elle s’éloigna de lui vivement, repoussa impatiemment une mèche de cheveux qui se collait sur sa joue.

« Merci, » dit-elle doucement. « J’ai apprécié.. j’ai .. » Elle s’arrêta , se mordilla la lèvre inférieure , et murmura sans le regarder :

« Il fait presque nuit. Nous devons rentrer . »

« Buffy.. »

Il tendit un bras hésitant , mais elle se détourna et repartit vers la route à une allure vive.

« Buffy , attends ! »
Elle se retourna. Il tenait dans ses mains un petit appareil photo , et il tira plusieurs clichés. Le flash l’éblouit , elle cligna des yeux , mit sa main en avant.
« Trop tard, tu es immortalisée, » sourit-il.
« Mais tu es ridicule, il fait presque noir. Tes photos seront inutiles ! »

« Non, c’est un excellent appareil . Et la lumière est suffisante.. »Il pencha la tête. « Tes cheveux sont si lumineux. »

« Tu as pris ces photos sans mon accord ! Je dois y faire des grimaces , et être.. être.. » Elle le fusilla du regard et se saisit de ses sandales , les secoua.
« Tu es belle, » dit-il doucement.
Mais le vent emportait ses paroles.

Elle allait parvenir à la voiture quand il la rattrapa et saisit un de ses bras. Elle tressaillit .

« Nous aurions pu rester encore un petit moment. Avec la couverture , tu n’aurais pas eu froid. »

« William , à quoi cela servirait-il ? Je ne devrais pas être ici .. »

Il serra les mâchoires et ouvrit la portière du côté conducteur. La saisissant par la taille ,il la fit asseoir. Elle avait frémit en sentant ses mains puissantes autour d’elle , mais le contact fut si bref qu’elle n’eut pas le temps d’émettre un son. Quand elle fut assise en face de lui , il s’agenouilla.

« Que fais-tu ? » demanda t –elle d’un ton brusque.

« Laisse-moi t’aider à remettre tes chaussures. »

Elle soupira. Il tendit la main et , délicatement , prit les sandales d’un bleu éclatant , les examina avec un sourire. Elles étaient petites , si petites , pensa t –il avec attendrissement. Et enveloppaient parfaitement les pieds délicieux de Buffy. Quand il recueillit son pied gauche entre ses mains tièdes , elle devint parfaitement immobile . Mais il se contenta d’arranger les lacets autour de la cheville et lui remit le pied par terre.

« Tu me donneras une photo, » dit-elle.

« Je croyais que tu ne voulais pas en entendre parler. » Il levait vers elle un visage un peu moqueur.

« J’ai changé d’avis. »

Il fit de même pour la seconde chaussure. Et à l’instant où il l’enveloppait de ses yeux touchants, elle paniqua.

« Il faut nous dépêcher. Maman va s’inquiéter à présent. »

Elle se faufila sur son propre siège avant qu’il n’ait pu répondre. Mais quand il prit place à ses côtés , il se pencha aussitôt vers elle , une main sur son ventre.

« William ! »

Sa paume , à travers la finesse du tissu de son pantalon , la brûlait. Et ce geste était d’une intimité si troublante. Elle désirait son contact et en avait peur. Son corps entier était tendu comme un arc , palpitant.

« Non. Laisse-moi ! » s’insurgea t –elle , tentant de repousser sa main .
Mais il la fit simplement glisser au creux de sa taille , et dans le même temps , se pencha vers son cou.

« Tu n’en as pas vraiment envie. »

Il l’emprisonna complètement dans ses bras. Elle lutta doucement , en silence. Et quand il saisit sa nuque avec force , mais sans lui faire mal , elle s’abandonna. Il trouva sa bouche dans un baiser qui ressemblait à un coup. Une douleur brutale vrilla la poitrine de Buffy , et sous l’assaut de ses lèvres dures et douces , elle eut l’impression que son sang battait furieusement à ses tempes. Mais elle gardait la bouche fermée . Et il léchait doucement les lèvres , mordillait.

« Embrasse –moi , amour, » chuchota t –il contre sa chair.

« Jamais ! »
Elle sentait sa cuisse ferme contre la sienne. Ses mains possessives autour de son cou et dans son dos , et son parfum qui la rendait pliable. Dans le sursaut de protestation qui l’avait fait ouvrir la bouche , il en profita et reprit ses lèvres , entrouvertes , écartant avec sa bouche , faisant aussitôt pénétrer sa langue pour une tendre exploration.

Buffy se détendit d’un seul coup devant l’invasion tiède , langoureuse. Une lente flamme parcourut ses seins , son ventre ,sa féminité. Elle sentit qu’il faisait passer sa main gauche de sa nuque à sa poitrine. Modelant un sein si doucement. Avec ferveur.

Elle avait cessé de se débattre , et , les paumes à plat sur la poitrine de William , elle devinait les vibrations de son cœur. Elle gémit. Il ne l’embrassait pas , il la goûtait . Et lui aussi gémissait.
Des petites plaintes rauques s’échappaient de sa gorge . Elle trouva cela si sexy qu’elle frissonna avec volupté , accueillant en elle les premières manifestations d’un plaisir intense dans la chaleur humide de son sexe.

« Oh Dieu.. je le savais.. je savais que ce serait.. » murmura t –il , essoufflé.

Elle se rejeta contre la portière comme un animal aux abois. Le repoussa brutalement alors qu’il la dévorait avec des yeux interloqués.

« Est-ce pour cela que tu m’as amenée ici ? Tu ne pensais tout de même pas que j’allais.. ! »

« Non ,je ne le pensais pas. Et je t’ai dis pourquoi nous étions là. Crois-tu que je pouvais résister à te goûter ? »

« Il n’y a rien de possible entre nous ! Je croyais avoir été claire. »

Elle tira violemment sur sa ceinture de sécurité , la mit en place . « Rentrons, » ajouta t –elle d’une voix lasse.

« C’est ton avis ! » jeta t –il avec fureur. « Et je ne le partage pas. Nous pourrions être merveilleux. Je le sais.. je le sens. »

« Il n’y a pas de nous , il n’y aura jamais de nous. Je vis à Sunnydale , et je tiens à Angel. Tu vis en Angleterre , et tu vas quitter la Californie dans quelques jours ! »

Sa voix avait pris des intonations aiguës. Elle tremblait , avait froid , chaud.

La mention d’Angel semblait lui avoir fait l’effet d’un coup dans l’estomac. Il se cala dans son siège , les épaules rentrées. Il mit le contact et la voiture bondit en avant.

« Tu pourrais rompre avec lui. » Il semblait avoir craché ce dernier mot. « Et je pourrais venir faire mes études ici. Je n’ai aucune famille dans mon pays. »

« Ce n’est pas aussi simple. »

« Aie le courage de regarder qui tu es vraiment , Buffy. »

Il demeurait le regard fixé sur la route , son visage était fermé , et elle pouvait voir le tressaillement de sa mâchoire.

«De quel droit proclames –tu toujours que tu sais ce qui est bon pour moi ? Ta vie n’est pas ici. Tu as une université prestigieuse qui t’attend. Et mon existence n’a pas besoin d’être bouleversée. Personne ne t’a demandé de m’embrasser. » Dit-elle avec sécheresse.

« Parce que tu n’avais pas envie de mes baisers , peut-être ? »

Elle fit mine de se plonger dans le défilement du paysage. C’est à dire la nuit noire , émaillée de petites lumières çà et là.

« Je n’ai pas beaucoup d’expérience , mais je sais reconnaître l’effet que je produis sur une fille. » dit-il avec feu.

« Tu es.. tu es insupportable ! » jeta t –elle .

« Mais tu as aimé ma bouche. »

« Oui, » avoua t –elle avec hargne. « Oui , oui, j’en avais envie ! »

Elle s’attendait à voir une satisfaction arrogante se peindre sur ses traits. Mais son beau visage était grave.

« Moi aussi je le désirais. Je n’ai rien désiré d’autre. Et je veux davantage. T’embrasser , te toucher , te garder contre moi. »

La surprise entrouvrit les lèvres de Buffy. Elle avait la gorge sèche , les mains moites.

« Tais-toi, » souffla t –elle.

Quand enfin , après un voyage qui parut durer une éternité à la jeune fille , il s’arrêta devant le domicile des Summers , elle voulait bondir hors de l’habitacle de la voiture plus que tout.
Une autre voiture était garée le long de l’allée. William fronça les sourcils , mais le coup d’œil qu’il jeta à sa compagne lui fit comprendre qu’il s’agissait , sans doute possible , de celle d’Angel.

« Je pars dans quelques jours, » dit –il abruptement. « Je veux te revoir. »


Elle serrait ses mains l’un contre l’autre , écoutant les battements affolés de son cœur. Elle ne le regardait pas , mais sentait la brûlure de ses yeux sur elle.

« Tu veux bien ? »
Sa voix était douce , presque inaudible.

Elle ferma les paupières . Elle avait conscience de son corps tendu prés du sien. Il détacha sa ceinture et se rapprocha. Mais ne la toucha pas.

« Il y a .. nous devrions nous retrouver tous à la maison Jeudi. Tu connais presque tout le monde , il y aura Willow, Alex, Cordelia.. »

Il l’interrompit avec un soupir qui ressemblait à un grognement.

« Je ne veux pas d’une invitation de charité. C’est toi seule que je veux voir. »

« Il n’en est pas question, » répliqua t-elle avec plus de hargne qu’elle n’aurait voulu. « A quoi cela servirait-il ? A contempler l’inaccessible ? »

Elle ouvrit la portière . « Laisse –moi en décider ! » dit-il d’une voix plus ferme.
Mais elle saisit son sac et s’enfuit , sous le regard rempli de détresse de William.


Ses parents étaient occupés à la cuisine. Elle prit l’expression la plus enjouée pour aller leur dire bonsoir.
Et trouva Angel qui était assis tranquillement , sirotant un whiskies , et plaisantant avec Hank.

« Oh , tu es de retour ? » dit-elle .

« Il m’est arrivé la chose la plus stupide, » dit-il avec un sourire indulgent pour lui-même. « J’ ai oublié de prendre les documents qu’il me fallait. J’ai appelé pour remettre mon rendez –vous. Et toi , as –tu passé une bonne après-midi ? »

« Oui.. oui ! J’ai.. oh rien d’extraordinaire ! » Elle jeta un regard incertain vers sa mère qui était occupée à préparer le dîner.

« J’ai expliqué à Angel que Willow t’avait demandé de rester jusqu’ à maintenant, » répondit Joyce d’un air dégagé.
Elle s’absorba dans la continuation de ses préparatifs. « Et Angel restera manger. »

« Très bonne idée ! » s’exclama t –elle en faisant une pirouette pour repartir vers le hall.

Angel se leva et la rattrapa , alors qu’elle allait pénétrer dans le salon. Il la saisit par la taille et elle poussa un petit cri de surprise.

« N’ai-je pas droit à un bonsoir plus agréable ? » murmura t –il .

Buffy se retrouva enfermée dans une étreinte chaude , enveloppante. Il la couvait de ses yeux chocolat plein d’amusement tendre. Avant même qu’elle ait pu trouver une excuse , il avait pris sa nuque et se penchait.
Elle réalisa qu’ils se tenaient juste devant la fenêtre du salon , et , tout d’un coup affolée , balbutia :

« Je.. je dois me changer.. j’ai froid.. »

La voiture de William était toujours là , tous feux éteints. Du coin de l’œil , elle devinait sa silhouette adossée , la ligne de son profil.

« Eh bien, je vais te réchauffer, » affirma Angel en avançant sa bouche.

Elle se mit à trembler.
‘William’. ‘William’.

Pourquoi avait-elle sous les paupière l’image du jeune homme , les mains crispées sur le volant , le corps tendu , son âme déchirée.. ?

Bouleversée , furieuse , elle subit la pression des lèvres d’Angel.
Son baiser avait un goût de cendres.




Buffy s’aperçut en arrivant chez elle que des larmes perlaient à ses paupières. Pourquoi fallait-il qu’après tant de temps , l’écho de ses paroles raisonnent si douloureusement en elle ? se dit-elle rageusement en essuyant l’humidité de ses joues et poussant la porte d’entrée d’une épaule , les bras chargés de paquets.
‘Nous pourrions être merveilleux..’

Elle l'avait deviné, elle avait refusé de le croire. Et elle avait appris en grandissant que les regrets étaient toujours inutiles.



A suivre.





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