Chapitre 8.


Spike terminait d’écrire au tableau les références des ouvrages à lire pour la prochaine fois , quand , à travers la porte vitrée de sa classe , il surprit Buffy appuyée au mur en face de la porte.

« Vous êtes priés de lire au moins la moitié du document pour la semaine prochaine, » annonça t –il d’une voix ferme.

Les élèves rangeaient leurs affaires dans un silence studieux. Dans l’ensemble il n’avait pas à se plaindre des classes qui lui avaient été assignées. Bien entendu il n’avait pas été dupe de leur curiosité presque palpable quand il avait accueilli les étudiants pour la première fois. Même si beaucoup n’étaient pas en âge de lire son œuvre , certains l’avaient fait , et les rumeurs allaient bon train. Il se doutait qu’on chuchotait . Avait-il vraiment vécu tout ce qu’il racontait ? Comment concilier l’apparence assez classique de ce jeune professeur de vingt cinq ans avec le jeune délinquant qui avait connu les questionnaires policiers ? Et le portrait de Drusilla devait bouleverser plus d’une fille.

Mais , après quelques jours , le rythme s’était mis en place , et il espérait être considéré comme n’importe lequel de leurs enseignants , même s’il avait conscience que les œillades énamourées de certaines jeunes adolescentes avaient tout à voir avec son allure extrêmement séduisante, et son passé de mauvais garçon.

Il avait surpris l’œil séducteur de trois ou quatre jeune fille – à seize ans , elles n’hésitaient pas à jouer de leurs charmes pour se faire apprécier- et cela l’avait fait rire.
Il veillerait à n’avoir aucun contact trop personnel avec elles , même si son bureau était ouvert pour un conseil à chaque fin de journée.

La sonnerie avait accéléré leurs mouvements , la salle se vidait . Il referma son cartable , vérifia qu’il n’oubliait rien et se dirigea vers le couloir.

Il n’avait pas vu Buffy depuis plusieurs jours. En fait , il l’avait croisée, mais elle était plongée dans une conversation avec son collègue prof de gymnastique , et elle lui avait simplement fait un petit signe de la main.
Quand il avait consulté à nouveau le tableau des emplois du temps , il s’était aperçu qu’elle terminait plus tôt le Vendredi , et il ne connaissait pas encore son adresse.
Mais il avait au un week-end occupé , passant tout son Samedi à vider les cartons les plus essentiels.
Giles et Jenny l’avaient invité à partager leur dîner ; il n’avait pu résister à aiguiller la conversation sur Buffy , apprenant qu’elle avait eu une année dernière peu facile après qu’Angel l’ait abandonnée.
Cette information l’avait mis en rage. Depuis qu’il était à nouveau en relation même irrégulière avec Giles , celui-ci lui avait dit que la jeune femme avait suivi un cursus à l’Université , qu’elle ne vivait pas avec Angel , puis qu’ils s’étaient séparés .
Ayant appris qu’Angel avait choisi délibérément de partir pour Los Angeles le renforça dans sa conviction que cet homme était un impossible imbécile qui n’avait jamais réalisé sa chance.

Il arrivait à sa hauteur.


« Alors, comment se passent les cours ? » demanda t –elle d’un air dégagé.

Elle était vêtue avec simplicité d’une robe fluide de couleur blanche parsemée de petites fleurs. Son teint gardait le hâle qu’elle avait dû acquérir pendant l’été , et contrastait merveilleusement avec la blondeur de ses cheveux , libres dans son dos. Elle était toujours plus belle que dans ses mémoires qui , pourtant , étaient d’une fidélité remarquable.
« Très bien, » dit-il en s’arrêtant juste devant elle. « En quel honneur m’attendais –tu ? »

« J’ai besoin de te parler d’une élève, » dit-elle en fronçant son petit nez.

Il avala aussitôt l’intense déception qui la submergea. « Des problèmes , déjà ? » s’enquit-il en commençant à marcher.

Elle aligna son pas sur le sien . Il était si .. délicieux dans ce costume , si incroyablement beau. Elle regarda à nouveau devant elle.


« Je ne sais pas. Il s’agit de Cinthia Malok , elle est en seconde 3 , et c’est une de deux classes que nous avons en commun. Elle est très insolente , presque provocatrice , et je n’en vois pas la raison. J’ai parlé avec deux autres de ses professeurs. Ils ont dit n’avoir rien remarqué , même si elle ne brille pas dans sa participation. »

Ils arrivaient dans le bureau de Spike. Elle nota la plaque dorée , où l’on pouvait lire W.Kensinton.

« Tiens, où est passé Spike ? » souligna t –elle avec un haussement de sourcils.

« Pour l’administration j’ai gardé mon nom. Et les élèves m’appellent Monsieur Kensinton, » répliqua t –il en ouvrant et en lui adressant un petit clin d’œil.

Elle respira son parfum . Il lança sa pochette sur un canapé de cuir fauve qui occupait un coin de la petite pièce , et elle entra derrière lui.
Son bureau était jonché de papiers de toutes sortes et un pan de mur était recouvert par des étagères pour l’instant assez vides. Une petite fenêtre donnait sur les parties verdoyantes de l’établissement , les chemins qui conduisaient aux terrains de sport.

« Et tu veux savoir comment se comporte cette élève dans mon cours ? » dit-il en se retournant et en s’appuyant à sa table de travail .

« Oui.. réfléchis si tu as constaté quelque chose de particulier, ou si elle s’est distingué d’une manière ou d’une autre. Même si on considère l’adolescence comme une période troublée , on ne doit pas laisser ce genre de comportement s’installer. »


Elle parlait en marchant , appliquée. Il pencha la tête , submergé par un bonheur intense.

Elle était là. Sa Buffy. Buffy.
Buffy..

Celle à qui il n’avait pas cessé d’accorder une pensée chaque soir , avant de fermer les yeux .

Elle n’était plus vraiment la même , tant de différences s’installent en presque cinq ans. Et il le constatait dans sa façon de se tenir , de s’exprimer , toute l’assurance qu’elle avait gagnée , la confiance en elle.

« As-tu une liste de tes élèves avec leurs photos ? »
Elle paraissait si sérieuse.

« C’est très possible. » dit- il en allant contourner la table et en ouvrant un tiroir. Il en sortit une pochette qu’il ouvrit , et à l’intérieur elle vit plusieurs listes de noms. « Tu sais je n’ai pas eu à me plaindre de mes classes . Tout le monde est attentif . Evidemment , j’ai deux ou trois adolescentes qui ont un œil un peu rêveur et qui rougissent facilement quand je leur adresse la parole, mais.. »

Il laissa sa phrase en suspens et attendit sa réaction. Elle vint se tenir debout à ses côtés et l’enveloppa d’un regard incrédule. « Tu sous entends que tu as des élèves qui.. qu’elles.. enfin.. »

Il éclata d’un rire chaud. « Oui, j’ai constaté que trois jeunes filles en particulier faisaient des efforts pour attirer mon attention. »
« Et cela t’amuse ? Te plaît peut-être ? »

« Bien sûr ! C’est mon rêve. »

Ses yeux verts brûlaient . « Tu es insensé ! »

Il renversa son visage en arrière et rit de plus belle, puis la regarda. « Ne pense pas n’importe quoi, Buffy. Ce sont des gamines qui me trouvent à leur goût , cela n’a rien de grave. Bon , jetons un œil sur ces photos. Je crois me rappeler qu’en seconde 3 , il y a une très jolie petite brune qui me fait des sourires fantastiques, » dit-il d’un ton de voix moqueur.

Elle cherchait le portrait de Cynthia. « Ne me dis pas que c’est elle ? » demanda t –il en retrouvant tout son sérieux, et en notant qu’elle avait arrêté son doigt sous le portrait d’une élève

« Mais si. Pourquoi ? C’est ta Lolita ? »
« Oui. » Ils échangèrent un regard.
« Pourquoi est-elle insupportable avec toi et séductrice avec moi ? » dit- il d’un air perplexe.

« Eh bien c’est une excellente question, » soupira Buffy. « Si encore elle était jalouse , mais je ne crois pas avoir envoyé de message inconscient.."
Elle s’interrompit , effrayée de ses propres mots. Spike s’était raidi , et il l’enveloppait à présent d’un regard différent.

« Quels messages pourrais-tu bien lui envoyer ? » Sa voix était devenue un murmure rauque , grave. Il plaça un doigt sous son menton , et sa main gauche vint instinctivement autour de sa taille.

Comme dans son rêve.

« Que je suis ta propriété ? »

« Ne sois pas ridicule, » souffla t –elle. Il se rapprocha plus , vint frotter la paroi dure de son ventre contre les hanches de Buffy. Elle respirait par à coups , le cœur soudain sauvage.

« Alors pourquoi agit-elle comme si elle était.. jalouse ? » murmura t –il en se penchant.

Il posa ses lèvres dans son cou , l’embrassa. Elle tressaillit , mais son visage se voilà d’un plaisir qu’elle ne chercha pas à dissimuler , et ,à sa surprise enchantée ,elle enroula une main sur sa nuque , comme pour le prier de demeurer ainsi.

« Elle nous a vus tous les deux , peut-être, » continua t –il en se redressant à peine. « Le jour où je t’ai déposée en ville. »

Elle sortit de sa torpeur , recula légèrement. Il demeura immobile , une veine battait dans son cou et elle devinait qu’il faisait appel à toute son emprise pour ne pas la reprendre contre lui.

« A quel jeu joues-tu ? »

« Oh tu le sais très bien , amour. »

« Je n’ai pas besoin d’homme dans ma vie, » tempêta t –elle en s’éloignant.

Elle allait saisir la poignée de la porte quand elle le sentit dans son dos , et aussitôt ses mains emprisonnèrent sa taille avec une telle affirmation de possession et de sûreté qu’elle laissa échapper un petit cri. Il se plaquait de tout son long derrière elle , elle palpitait , mais son esprit se rebellait , rempli d’incertitudes et de peurs.

« Spike… tes mains, » sa voix était base , contenue.

« Oui, amour, » répliqua t –il , délibérément ignorant l’avertissement dans sa voix.

Il accentua sa pression, et il n ‘y avait aucun doute sur la rigidité qu’elle sentait se loger au bas de ses reins. Mais ses paumes étaient presque immobiles , il se contentait d’envelopper ses hanches avec une pression douce.

« Tu as eu tout le temps de savourer ta vie de pauvre célibataire, » susurra t –il, mordillant son oreille. « J’ai toujours pensé que tu faisais une erreur en choisissant Angel, et tu ne vas pas continuer à t’apitoyer sur ton sort parce que l’amour de ton adolescence a préféré fuir ailleurs. »

Elle fit volte-face et le fusilla d’un regard chargé de colère. Mais curieusement elle ne fit rien pour s’éloigner.
Ils demeurèrent une longue minute , le souffle court , cherchant la vérité dans les yeux de l’autre.

« Tu es jaloux, » dit-elle calmement.

Le regard bleu de Spike prit des teintes si sombres qu’elle en fut fascinée. Elle vit sa mâchoire se durcir , ses narines frémir.

« Tu le sais, » gronda t –il. « Même si je sais aussi que tu ne pouvais pas m’écouter ,il y a cinq ans. »

Elle fut surprise qu’il reconnaisse combien sa situation émotionnelle avait été délicate.

« Je ne veux pas parler de mes années avec Angel, » dit-elle plus sèchement. « Il m’a rendue heureuse, et malheureuse, » continua t –elle avec une honnêteté désarmante.
Elle reculait vers la porte mais il la suivit , et elle se retrouva le dos appuyé au montant de bois, tandis qu’il se tenait tout prés , puissant, si infernalement séduisant.
Il attrapa son poignet et l’incita à venir le poser sur son torse.

« Cela fait un an. Penses –tu encore à lui ? » demanda t –il , le souffle saccadé.

Elle demeura silencieuse , mais la lueur de peine qu’il vit flamber dans les prunelles claires lui fit mal.
Elle gardait son visage baissé.

« Il n’en vaut pas la peine, » dit-il .

« Tu ne peux pas arriver, et juger mes choix et mes erreurs, » se rebella t –elle.

« La vérité est pénible ? »
« Quelle vérité ? Tu parles de ce que tu ne connais pas. »
« Je sais que tu l’as aimé et qu’il n ‘ a pas su te mériter ! »
« Et toi ? Est-ce pénible de réaliser que l’exceptionnelle Drusilla t’ a quitté sans doute parce que tu n’étais plus celui qu’elle voulait ? »

Il resserra son étreinte , ses yeux farouches. « Tu ne sais rien. »
Elle plaça ses deux petites paumes , à plat sur sa poitrine . Il était maintenant solidement ancré contre elle , et elle respirait son odeur de cigarette.

« Je n’ai pas lu ton livre , mais je peux comprendre ce qui s’est passé ! » murmura t –elle.

« Crois-tu , amour ? »

Elle le contemplait avec des yeux étincelants de colère et de défi qu’il n’ y avait jamais vus. A cette distance, la clarté de sa peau était somptueuse , et il vit avec fascination la ligne de sa lèvre supérieure qui tremblait.

Il regarda ses petites mains , à plat sur sa poitrine. Elles avaient instinctivement ébauché une caresse.
« Tu n’a pas oublié , n’est-ce pas ? » chuchota t –il .


« Je… Je t’en prie ! » Sa voix était sourde mais manquait de conviction. Il eut un petit rire profond qui donna instantanément des frissons à Buffy.
Elle jeta son visage en arrière , une petite plainte s’exhalant de ses lèvres entrouvertes.
« Oui , ma tigresse.. » gémit-il. Il s’approcha , capturant sa bouche avec une tentative à la fois sûre et légère.
Elle demeurait , essoufflée , la chevelure un peu désordonnée , et tout son corps vibrant. Elle ne lui rendait pas son baiser , mais s’offrait , le cou tendu , les lèvres entrouvertes , humides , et son parfum montait en vagues vers Spike , qui baignait dans une extase déjà exquise à la seule sensation de goûter à la soie de sa langue.
Il se redressa , le visage crispé .

« J’ai rêvé que tu revenais, » souffla t –elle. Elle parlait d’une voix incrédule, mais cherchait son regard , avidement.


Comme pour éprouver la force de ce fil invisible qui les liait l’un à l’autre depuis tant d’années , et les préservait du désespoir.


« Je ne pouvais pas faire autrement, » avoua t –il avec force. « Je n’ai pas cessé de penser à toi depuis quatre ans et neuf mois.. » continua t –il avec une ferveur douloureuse.

Elle parut ébranlée par cette révélation. Elle le contemplait , grisée.
Quand elle saisit sa nuque , il laissa échapper le souffle qu’il retenait et prit les lèvres offertes avec voracité.
Leur baiser dura quelques secondes hors du temps , et déjà elle se dégageait , ouvrait la porte et s’enfuyait.


Il demeura figé , le souffle saccadé , cherchant à comprendre ce qui venait de se produire.

* * * * * *

« Tara , chérie , tu veux bien apporter le reste des affaires ? » demanda Willow depuis le salon.

« Oui, mais que vous voulez –vous boire ?» demanda cette dernière avec un sourire , en s’appuyant au montant de la porte de la cuisine.

« J’ai préparé du thé glacé, » intervint Buffy , depuis sa situation confortable , assise en tailleur aux côté de Willow, toutes deux face à la table basse en verre , où étaient étalés plusieurs cartons.

Pour oublier l’état de tension important qui avait suivi l’affrontement avec Spike , Buffy avait immédiatement invité ses amies à se joindre à elle pour une dînette improvisée , la cuisine chinoise étant une gourmandise appréciée également par les trois jeunes femmes.

La porte fenêtre de la terrasse était ouverte , et les derniers rayons d’un soleil généreux venaient donner à la pièce un éclairage délicieux.

« Tu as peut-être vu large, » dit Willow en ouvrant la quatrième boite contenant du riz épicé.

« Oh , tu sais, s’il en reste , cela servira toujours demain, » murmura Buffy en savourant du poulet aux amandes.

Tara revenait avec un pot de thé , et une petite coupe de fraises.

« De toutes façons, la cuisine orientale ne fait pas grossir, » ajouta t –elle en se léchant les doigts.

Willow et Tara échangèrent un sourire. Pendant plusieurs instants , elles dégustèrent leur nourriture dans un silence appréciateur.

« Je n’en reviens pas que Spike Kensinton soit ici, » fit remarquer la jeune rousse en essuyant délicatement ses lèvres. « Je l’ai croisé au moins trois fois depuis la rentrée , il a été adorable. Je n’aurais pas cru qu’il se souviendrait de moi. »

« Et pourquoi pas , ? » dit Tara affectueusement , en passant une main le long de son bras. « Son séjour ici n’est pas si lointain. »

« Oh , oui. …bien sûr. Mais à l’époque je l’avais très peu vu. Bien entendu , nous avons parlé de son livre. Je lui dit combien j’avais aimé. Figurez-vous qu’il ne s’attendait pas à un tel succès. Il l’ a plus écrit comme une thérapie. »

« Une thérapie, » répéta Buffy qui saisit une boite pour en regarder le contenu. Elle fronça son nez et la reposa. « C’est à croire qu’il a vécu un véritable traumatisme dans les premières années de ses études à Oxford. »

Willow l’enveloppa d’un regard perplexe.
« Eh bien, je ne sais pas si on peut appeler cela un traumatisme, mais c’est définitivement une expérience qui l’a marqué. D’ailleurs , ne devais –tu pas lire son roman ? »

« J’ai demandé à maman qu’elle me le prête, mais elle semble l’avoir passé à tant de personnes qu’elle n’a plus aucune idée de l’endroit où il se trouve. »

« On pourrait te passer notre exemplaire, » suggéra Tara d’une voix douce. « Viens au campus dem.. demain ? »

« Oh oui , pourquoi pas ? » dit Buffy d’un air dégagé. « Ce qui m’étonne , c’est qu’il soit devenu ce professeur tranquille .. »

« Qui te dit qu’il est tranquille ? » pouffa Willow. « C’est le spécimen le plus sexy de tout l’établissement. Et je sais qu’il y a déjà au moins deux personnes qui l’ont remarqué. »

Tara la regarda avec une curiosité amusée. « Ne le trouvais –tu pas déjà très mignon il y a cinq ans ? »

Willow rougit. « Oui. Mais ce n’est pas parce que je m’intéresse aux filles.. enfin , à une en particulier, » ajouta t –elle en lançant à Tara une œillade à la fois coquine et très tendre. « .. que je ne sais pas apprécier la beauté masculine. Et toi, Buffy ? »

Celle-ci releva la tête avec vivacité. « Quoi, moi ? »

« Eh bien, tu ne le trouves pas craquant ? Il était adorable en William , mais à mon avis , l’adjectif qui lui correspondrait maintenant serait plutôt.. irrésistible ! »

« Oui.. oui , il n’est pas mal, » concéda t –elle. « Mais ses cheveux d’un blond si clair , c’est un peu spécial , non ? »

« Moi. ..moi.. je trouve que c’est sé.. séduisant, » dit Tara en baissant les yeux.

« Tu l’as rencontré ? »

« Tara est venue me chercher à la sortie d’un cours , hier soir , et il quittait le lycée en même temps que nous. Il a été d’une gentillesse exquise. Il nous a expliqué qu’il emménageait dans un appartement .. voyons voir.. Ah oui , je me souviens , sur Princeton road. »

« Ce n’est pas très loin de chez Giles, » remarqua Buffy.

« Il allait dîner chez lui ce soir là, » continua Willow. « Nous l’avons taquiné sur le fait qu’il ait choisi de quitter la vie trépidante de New York pour le calme désuet de Sunnydale. Il a expliqué que la Californie avait toujours été dans ses projets. »

Buffy était devenue pensive. Elle se souvenait des paroles du jeune William , qui déclarait qu’il pourrait revenir faire le reste de ses études ici, si seulement elle voulait bien..

« Et à mon avis , cela a à voir avec une certaine personne de notre connaissance. »

Willow avait une petite expression mutine.

« Sois plus claire , Will, » demanda la jeune femme blonde en secouant ses mèches impatiemment. « Que veux –tu insinuer ? »

« Eh bien, j’ai réfléchi. Et je me suis dit : pourquoi un jeune homme comme Spike , brillant romancier.. »
Buffy leva les yeux au ciel. Elle attrapa deux fraises qu’elle croqua avec délectation.

« ..pourquoi , disais-je , viendrait-il précisément à Sunnydale ? Sa relation avec Drusilla s’est terminée plutôt violemment.. »

A ces mots , Buffy tressaillit. « Ah.. ah , je savais que tu cachais ta fascination pour le beau et ténébreux Spike Kensinton ! » s’exclama son amie avec un large sourire.
Buffy la piqua avec une petite pique de bois. « Tu le fais exprès ! »

« Avoue , Buffy.. avoue qu’il te plaît. »

Tara observait les deux jeunes femmes tour à tour. Elle semblait attendre la réponse de Buffy avec attention.

« Je.. Je ne sais pas ce qu’il y a en lui.. mais.. »

Willow comprit que le ton plus grave traduisait une véritable préoccupation.

« Quand il était là à Noël , il y a bientôt cinq ans.. Il voulait sortir avec moi. »
Les deux amies poussèrent une exclamation sourde. « J’étais avec Angel, bien sûr et je.. je ne pouvais pas écouter .. je ne pouvais pas.. »
Elle parlait à voix plus basse , et son regard était fixé dans le vide. « Mais il y avait quelque chose entre nous. Comme.. comme s’il savait qu’ en moi .. il trouverait la réponse à son appel. »

Elle regarda Willow , son visage tout à coup plus triste.
« J’ai pensé à lui si souvent depuis. J’ai longtemps cru que je ne le reverrai jamais. Puis quand Giles m’a annoncé que William et Spike Kensinton ne faisaient qu’un , j’ai éprouvé un sentiment de.. un sentiment de joie , je crois. »

Willow se rapprocha de son amie. « Tu crois que sa venue ici pourrait s’expliquer par son désir de nouer une relation avec toi ? »

« Oh , je ne sais pas, » dit Buffy d’un air délibérément désinvolte. « Il… Il prend un malin plaisir à m’agacer. »

Tara eut un sourire épanoui.
« Il a posé des questions sur toi , tout en prenant soin qu’elles ne soient pas trop voyantes. Mais j’ai compris qu’il aurait aimé savoir où tu habites. »

« Vous n’avez rien dit au moins ? »

« Non.. non ! Mais s’il rend visite à Joyce.. »

« Mon Dieu , mais oui ! Et maman n’aura aucune volonté s’il déploie son charme ! » dit Buffy comme si elle réalisait une chose épouvantable.


« Oh c’est vrai que ta mère avait déjà un faible pour lui il y a des années. Je crois qu’il va lui faire avouer tout ce qu’il veut sur toi.. » murmura Willow d’un air faussement inquiet.
La lueur de gaieté qui pétillait dans ses yeux ne passa pas inaperçue des autres.

« Et cela te réjouit ! » dit Buffy , les mains sur les hanches. « Tu.. tu es.. une traite ! Voilà ce que tu es ! »

Willow éclata de rire. « C’est une année beaucoup plus excitante que je ne pensais ! Je suis persuadée que tu vas résister .. un peu , et que cela va mettre Spike au comble du bonheur ! »

Tara souriait avec indulgence. « Il y a pire situation que d’être.. d’être séduite par Spike. »


Buffy contemplait ses deux amies avec une surprise teintée d’agacement. Elle n’aurait plus une minute de répit à présent.

D’un autre côté.. si Spike avait réellement un intérêt pour elle.. et après le baiser de cet après –midi , et les yeux de braise qu’il avait posé sur elle , on pouvait penser qu’il l’avait - , elle lui ferait simplement comprendre qu’elle avait en tête ses propres règles du jeu.

Elle éprouvait une sorte d’exaltation , teintée de curiosité.


A suivre.





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