CHAPITRE 3


Pov Spike


Le Brésil était un véritable enfer puant à l’autre bout du monde, mais Dru a insisté pour qu’on s’y installe après le fiasco de Sunnydale. Comme elle était déjà suffisamment en colère après moi (ainsi que pouvait en témoigner les diverses griffures qui zébraient la surface de mon corps) pour m’être associé à l’Exécutrice et avoir gâché sa petite fête, je me suis comme d’habitude soumis à ses caprices. Croyez-moi, une Drusilla contrariée n’est jamais bon pour personne… Fiez-vous en à ma vaste expérience du sujet.

Cela ne m’a néanmoins pas empêché de lui faire remarquer que sans moi, le Brésil qu’elle voulait tant visiter ne serait à présent plus une destination touristique, puisque le monde aurait été détruit… Et que sans ses petits tours de passe-passe dans l’esprit d’Angélus et le plan foireux qui en avait découlé, nous serions toujours dans son beau château de Crawford Street, qu’elle aurait encore ses beaux lilas dans le jardin, et que moi j’aurais enfin pu ajouter une troisième Tueuse à mon tableau de chasse.

Elle s’est contentée de me regarder comme si elle doutait sérieusement de ma santé mentale (comme si j’étais celui qui avait les neurones dérangés…) et n’avait pas la moindre idée de ce que je lui reprochais. Et elle finit par ajouter que la seule chose que j’aurais réussi à faire à la Tueuse aurait été de me rouler dans ses draps ! Ce fut ses dernières paroles avant de s’éloigner dans la nuit, sûrement vers le premier démon de seconde zone qui lui ferait prendre un peu de bon temps… Après ça, je ne l’ai pas revue pendant deux jours.

Le plus drôle, c’est que ce qu’elle m’avait dit sur moi et la Tueuse aurait dû me mettre dans une colère noire… Mais tout ce qu’elle avait réussi à faire, c’était de me rappeler tous ces rêves délicieux que j’avais eu à propos de la jolie petite Buffy depuis mon arrivée à Sunnydale. Ces rêves étaient apparus tout spécialement après qu’elle m’ait mis dans ce fauteuil roulant. Je voyais sans cesse ses sublimes cheveux blonds répandus sur l’oreiller, comme l’auréole dorée d’un ange… Sa peau lisse, trempée de sueur pendant que je bougeais en elle, de plus en plus vite, plus fort, plus profond, jusqu'à ce qu’elle vienne dans un cri d’extase !

Au début, j’avais mis ces rêves sur le compte de notre proximité géographique, de notre intimité en tant qu’ennemies… De même, pour moi, meurtre, sexe et sang sont souvent liés, comme pour tout vampire qui se respecte. Mais j’étais là, maintenant, à des milliers de kilomètres d’elle, excité comme un adolescent devant son premier flirt... J’ai tourné les talons et je suis rentré dans le premier bar ouvert. C’est là que Dru m’a trouvé deux jours plus tard, en train de me noyer dans une bouteille de whisky, Elles’est approchée de moi, excitée comme une puce et elle m’a annoncé la nouvelle… Elle avait trouvé l’endroit parfait pour abriter notre toute nouvelle famille ! J’aurais dû m’enfuir en courant, mais j’étais beaucoup trop ivre pour faire quoi que ce soit d’autre que de la suivre. Quand je me suis réveillé le lendemain matin, avec une gueule de bois mémorable (même selon mes standards), je me suis aperçu que durant mon absence, elle n’avait rien trouvé de mieux à faire que de vampiriser une famille entière. Enfants, parents et grands-parents compris, même celui qui était trop sénile pour manger seul. Et notre nouveau nid douillet, une maison à l’extérieure la ville, ne comprenait que 4 pièces pour 12 personnes…

Là, je me suis mis à sérieusement regretter l’époque où elle était faible et malade. Au moins, en ce temps là, c’était moi qui prenais tous les décisions importantes ! Ceci dit, cela ne m’a pris qu’une semaine pour réduire notre nombre à 3… J’avais trouvé une bonne raison pour éliminer ces détestables parasites sans mettre Dru en colère. Un tel me regardais de travers, l’autre avait laissé s’échapper une proie, une autre encore avait renversé de l’eau sur ma veste en cuir, le grand-père avait bavé sur ma main, et ainsi de suite… Dru se contentait de d’applaudir en acclamant son garçon, son prince, si vilain et méchant.

Je n’ai gardé que Sophia, une jeune beauté de 19 ans qui n’était bonne qu’à bouder et à s’attirer plus d’ennuis que je ne pouvais le faire moi-même (et soyons réaliste, je suis assez doué à ce jeu là). Mais je ne faisais que me répéter que si elle était encore en « vie », c’était pour que Dru est une compagne et me casse un peu moins les pieds… Non, ça n’avait absolument rien à voir avec le fait que ses cheveux blonds et ses yeux verts me rappelaient une certaine Tueuse resté sur la Bouche de l’Enfer.

C’est de cette façon que je me suis retrouvé à vivre avec deux femmes qui, mises ensemble, avaient le quotient intellectuel et la conversation d’une bouilloire. Leur besoin constant d’attention et leur envie de jolies choses me fit me mettre à la recherche de proies riches et facile… Bien que ça ne sois pas dans mon habitude, moi qui ai toujours eu besoin d’un bon combat avant le repas. Mais il faut comprendre un homme de vouloir sauver ce qui lui reste de santé mentale ! Surtout que, malgré toute l’action que Dru me faisait vivre dans notre lit (et elle peut avoir une imagination sans limite, croyez-moi), les rêves au sujet de la tueuse devenaient de plus en plus vif, au lieu de s’estomper.
D’ailleurs, un matin, j’ai encore une fois rêvé de l’Élue. Mais cette fois-ci, c’était différent… Elle était assise dans la chambre que j’avais partagé avec Dru dans le manoir de Sunnydale. Une de mes chemises, oubliée là, enroulée autour de son corps tremblant pendant qu’elle se caressait jusqu'à l’orgasme, venant dans un cri, mon nom sur ses lèvres.
Et c’est là que j’ai décidé que s’en était assez ! Quand le soleil disparu enfin à l’horizon, j’ai pris la route. Après avoir dit à Dru que j’avais besoin de quelque jours de vacances loin d’elle et le cerveau mort (Sophia) qui lui servait d’ombre depuis quelques semaines, elle m’a regardé comme si elle allait fondre en larmes, murmurant que Melle Édith (sa poupée favorite) lui avait dit d’être forte. Elle m’a demandé de ne jamais oublier qui était sa princesse et je lui ai répondu : « toi, Dru… Seulement toi. » avant de m’éloigner.
J’entendais la voix d’Angelus dans ma tête, plus claire et précise que j’aimais, répétant jusqu’à l’obsession cette phrase qu’il m’avait dite quand il était réapparu après le sort jeté par Dru… « Pour tuer cette fille, il faut avant tout l’aimer »
Je me suis mis en route vers Sunnydale, jurant de me débarrasser une bonne fois pour toute de ses rêves… J’allais finalement abattre la Tueuse, mettant fin à ce délire. Ces choses que je ressentais pour elle, toutes ces images trop intimes, tout cela venait forcément d’elle ! Elle avait dû me jeter un sort… Il ne pouvait y avoir aucune autre explication possible. Elle devait mourir.
Et pendant que je roulais, je répétais ces mots comme un mantra, pour ne pas oublier… « Tuer la fille, tuer la fille, tuer la fille, aimer la f… » Et merde ! Spike, mon vieux, concentre-toi plus !!! On recommence… « Tuer la fille… »





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