Chapitre 22
Tara était assise en tailleur, les pieds sous les genoux, le dos et la nuque bien droits, les deux mains posées sur les genoux paumes tournées vers le haut.
San Jay tournait autour d’elle lui donnant des instructions :
« La méditation est une remise à zéro, c'est un repos de toutes nos fonctions. Repos, ne veut pas dire annihilation, rejet, interdit, négation, conflit ou mortification. Au contraire, la méditation, est un enroulement de soi-même sur soi-même, c'est la remise en cohérence de soi, c'est le ramassement de soi avec soi. »
Tara leva la tête irritée, elle était immobile depuis ce qui lui semblait des heures écoutant des consignes qu’elle connaissait déjà.
« Je sais déjà tout cela, je médite depuis mon plus jeune age. Je ne vois pas en quoi tout cela me permettra d’avancer dans ma magie. »
« Tu dois te concentrer sur toi avant de te concentrer sur ta magie. Tu es le centre, le noyau, sans toi rien n’est possible, ni vie, ni magie, c’est toi qui détient le pouvoir. »
« Bon ça y est, j’en ai assez ! Je fais une pause. », elle se leva et commença à marcher en cercle pour détendre les crampes qu’elle avait dans les jambes.
« Tu es têtue. », lui fit remarquer San Jay.
« Pas du tout, je déteste seulement perdre mon temps. »
« Et tu crois que contrôler tes pouvoirs est une perte de temps ? »
« Je viens ici tous les jours depuis plus de deux semaines, et nous n’avons pas avancé d’un iota ! », lui dit Tara sèchement, « Tout cela n’a rien à voir avec la magie ! »
« La méditation est avant tout un travail sur soi et une démarche strictement personnelle et individuelle d'introspection sans aucun support idéologique et sans aucune visée mystique . », Tara la regarda fixement ne comprenant pas où elle voulait en venir.
« Tu crois contrôler tes pouvoirs car tu as passé l’épreuve ? »
« Je crois avoir prouvé que j’en suis capable tout de même, non ? »
« Balivernes ! Tu t’es contrôlée pour ton mari, pour ton fils, par peur de les perdre non parce ce que c’était mal, tu ne connais pas le vrai sens du mot ‘sacrifice‘. Tu t’es contrôlée par égoïsme. »
« Tu ne sais pas de quoi tu parles ! », lui dit-elle en colère.
« Vraiment ? Tu as passé les dernière années à être tenue en odeur de sainteté par tous ceux qui t’entourent, Tara la douce, Tara compréhensive. Si je te force à méditer, c’est tout simplement pour que tu comprennes que tout est une remise en cause constante, la vie ce n’est surtout pas l'éparpillement, l'épanchement, la fusion, la métamorphose. Tous ces égarements relèvent plutôt de la névrose et parfois du dédoublement ou de la perte d'identité. Tu n’es pas aimable parce que c’est dans ta nature, non, tu es aimable par peur du rejet, par peur de ta véritable identité et tant que la vraie Tara ne sera pas devant moi, tu vas faire ces putains d’exercices de respirations même si ça doit durer cent ans ! Après tout, j’ai l’éternité devant moi… »
« Oh, vraiment ? Alors tu les passeras seule ! Mon fils a besoin de moi, il a déjà passé plusieurs heures avec la gardienne, je te reverrai demain. », Tara parti en claquant la porte derrière elle.
San Jay resta immobile un instant en souriant.
Elle était prête pour la deuxième étape finalement, la vraie Tara était enfin parmi eux, la jeune fille timide et martyr commençait à disparaître et bon sang elle avait un foutu caractère !
……………………….
Buffy s’ennuyait, non en fait c’était pire que l’ennui, elle vivait son propre enfer personnel. Angel et Spike qui avaient dans les dernières années réussies à enterrer la hache de guerre étaient soudainement devenus inséparables comme cul et chemise et ils inventaient des tas de prétextes complètement idiots pour être ensemble. Leur dernière invention était une pendaison de crémaillère quand en fait ils vivaient ici depuis plus de quatre ans. Mais les deux clones de Martha Stuart avait eu une épiphanie et avait compris qu’ils n’avaient jamais fêté dignement l’installation de Spike, Dru et Sophia à Sunnydale. D’ailleurs Cordy et elle leur avaient fait remarquer que c’était uniquement car ils essayaient de se tuer à l’époque donc ils ne devaient que s’en prendre qu’à eux même. Ils étaient des démons bon sang ! Des créatures de la nuit, ils ne pouvaient pas agir comme tels ? Mais non, ils préféraient faire des barbecues autour de la piscine avec les voisins qui normalement les fuiraient comme la peste les trouvant étranges mais semblaient soudainement avoir vaincu leur peur pour un hot dog gratuit ! Le monde était fou…
Donc à cause d’eux, elle était prise avec des dizaines de ménagères frustrées et leur illustre marmaille qui devait avoir rempli la piscine de leur urine à cette heure au lieu de faire chaque position du kamasutra avec l’homme de sa vie.
« Ma chérie, ne fais pas cette tête d’enterrement ! Je trouve ça très bien que vous rejoignez le monde normal parfois. », lui fit remarquer sa mère qui venait d’apparaître à ses côtés
« Nous ne sommes pas censés être normaux, maman, et tu le sais. »
« Je sais ma chérie, mais ça ne fait de mal à personne de faire semblant, non ? », son attention fut attirée par Spike qui riait à quelque chose que Gary ou Henry -bref un de leur voisin- venait de lui raconter et elle fut surprise de voir à quel point il semblait serein. Durant des années elle avait eu peur d’être trop humaine pour lui, qu’il se lasse d’elle et retourne vers Dru, mais elle se rendait compte que c’était elle qui détestait être humaine en fait, à l’instant ou elle avait embrassé son destin elle avait voulu effacer tout le reste de sa vie, mais elle ignorait pourquoi…

« Je sais qu’un jour tu auras à affronter notre départ à tous, moi, Giles, Willow, Tara, Wesley, Jacob et que tu redoutes cette idée, mais ce n’est pas en mettant des barrières entre toi et les gens qui tu souffriras moins, au contraire cela va seulement causer ta perte car tu oublieras ce pourquoi tu voulais te battre. La vie est faite de joie et de peine, en fait quand on y réfléchi bien pour la majorité d’entre nous à l’instant ou l’on vient au monde on commence à mourir, mais pour les gens comme toi la mort est quelque chose que tu n’auras peut être jamais à affronter et plus tu vieillis et que tu vois les gens autour de toi changer tandis que tu restes la même ça te tue lentement à l’intérieur. Mais tu sais quoi ma chérie ? Tu as beau barricader ton cœur, tu souffriras quand même le temps venu, mais tu continueras à avancer, et tu sais pourquoi ? »
« Non. », murmura Buffy les larmes aux yeux.
« Car tu es la fille de ta mère, bien sur ! », lui répondit-elle en souriant, « Maintenant, viens avec moi, il est temps de vivre parmi les vivants à nouveau ! », et elle l’entraîna par la main.
Buffy senti le poids qui pesait sur son coeur s’évanouir, après tout c’était vrai que les mères peuvent guérir tous les maux.
………………………
Giles regardait ceux qu’il considérait comme sa famille réunis dans le jardin du manoir, entouré d’amis et de voisins il senti son cœur se serrer dans sa poitrine. Ce soir, il allait leur annoncer qu’il repartait vivre à Londres. Joyce et lui avaient pesé le pour et le contre de l’offre du Conseil et ils avaient finalement décidé que c’était la seule façon de pouvoir changer les voies archaïques du Conseil et protéger la prochaine génération d’élues. Melinka rentrerait avec lui et Willow suivrait une formation pour devenir Observatrice et Melinka lui serrait assignée. Il ignorait comment ils prendraient les choses, surtout Buffy, son projet à long terme était de déménager une partie du Conseil ici à Sunnydale, une autre faction serait à Londres et une autre dans les pays d’Asie. Il était ridicule qu’une puissance aussi grande ne soit établie qu’à un seul endroit, si jamais une guerre se déclarait, détruire le Conseil serait la chose la plus facile du monde, non il devait éparpiller leurs effectifs. L’autre chose qui devrait la bouleverser était la décision que Joyce et lui avaient prise de se séparer quelque temps, elle comprenait qu’il devait partir mais de son côté elle vivait son rêve ici, elle avait sa propre galerie d’art et puis elle voulait profiter de chaque moment avec sa fille. Ils s’aimaient toujours et ça ne changerait jamais, mais leur vie devait prendre des chemins séparés pour quelque temps, aucun d’eux ne doutaient que leur amour en sortirait que plus fort mais pour Buffy ça serait revivre le divorce de ses parents encore une fois, et bien qu’elle soit adulte, l’adolescente bordée d’insécurités était toujours là, cachée quelque part… Au moins elle aurait Spike, Giles savait que le vampire allait s’occuper d’elle, il avait prouvé sa loyauté et amour envers elle maintes et maintes fois.
Il savait que Willow était derrière lui bien avant qu’elle ne parle.
« Vous allez leur dire ce soir ? »
« Je n’ai pas vraiment le choix, tu crois qu’elle me pardonnera ? »
Elle savait qu’il parlait de Buffy, elle était pour lui la fille qu’il n’avait jamais eu. Il y a quelques années, elle avait été jalouse de l’attachement qu’il avait pour elle, ses propres parents étaient souvent absents et portaient peu d’attention à ce qui se passait dans sa vie et Giles était devenu une figure paternelle pour elle. Et le fait qu’il semblait toujours préférer Buffy l’avait mise souvent en colère, mais plus maintenant, après tout elle avait perdu le droit de revendiquer une quelconque affection quand elle l’avait cruellement déçu avec ce qu’elle avait fait à Tara.
« Je sais qu’elle le fera. Bien sur sa première réaction sera apocalyptique, mais c’est Buffy, vous savez qu’elle ne pourra jamais vous en vouloir longtemps. »
Il lui sourit doucement mettant une main sur son épaule.
« Quand je suis arrivé ici, je croyais que ma vie allait être un enfer sans fin. Les américains me semblaient si sans gène, mais finalement ce fut une bénédiction pour moi, le vieux garçon aigri que j’étais a trouvé l’amour ici, une famille et des enfants. »
« Vous avez trouvé en votre Tueuse la fille que vous n’auriez jamais cru avoir. », finit-elle pour lui.
« Oui, mais j’ai aussi hérité de beaucoup d’autres enfants, toi, Xander Tara, Cordélia, même Spike et Angel parfois ! Tu le sais n’est-ce pas, que toi aussi je te considère comme mon enfant ? », Willow ne savait pas quoi répondre, elle se contenta donc d’hocher la tête.
Giles lui donna un baiser sur le front.
« Et quoi que vous fiassiez, peu importe vos erreurs, ça ne changera jamais l’affection que j’ai pour vous. », Willow fondit en larme, il mit ses bras autour d’elle la berçant contre lui.
« Ça va aller Willow, tu n’as plus à fuir, tu es avec ta famille maintenant. »




svp vos commentaires me rend si heureuse





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