Chapître 14. Enfin..


En reprenant son travail le lendemain matin , Buffy ne savait pas exactement à quoi elle devait s’attendre , mais elle était prête à tout , et d’une humeur combative. Elle s’habilla avec soin d’un pantalon beige et d’un chemisier de la même couleur en dentelle , qui laissait deviner son soutien-gorge chair .
Quand elle entra dans la salle d’enregistrement , elle était la dernière . Lili , Jude et Oz étaient assis autour de la table , William se tenait debout à côté du projecteur , et John dessinait , assis un peu à l’écart .
Il laissa entendre un sifflement admiratif quand la jeune femme pénétra dans la pièce. Elle lui fit un sourire éblouissant .
Elle était d’une beauté à couper le souffle , et avait pu s’en rendre compte par tous les regards admiratifs des hommes qu’elle avait croisé depuis le moment où elle avait quitté son domicile .
Elle croisa brièvement le regard de William , et y surprit une fugitive lueur d’étonnement . Elle le salua avec froideur , notant avec satisfaction le désir qui avait flambé dans ses yeux , mais qu’il avait réprimé aussitôt .

Qu’attendait –il ? Qu’elle se traîne ici comme un animal blessé ? Elle redressa le menton avec défiance quand il la fixa avec un haussement de sourcils suggestif , et alla délibérément embrasser John sur la joue .

Le jeune homme afficha un air de contentement tel qu’il fit rire Lili .

« Oh , que c’est bon d’avoir le privilège d’être ton ami , Buffy » , dit-il en s’étirant de plaisir .

Elle alla prendre place entre Oz et Jude , et répliqua :

« Viens vite joindre notre assemblée , je vois que mon retard vous a fait attendre. »

Elle regarda encore dans la direction de William , mais son visage ne portait pas la moindre trace de colère.

La journée se déroula en définitive mieux que Buffy ne le craignait . Chacun était absorbé par un travail à réaliser , et dépensait son énergie en ce sens . En fait ils ne se retrouvèrent jamais seuls . Quelquefois elle sentait son regard sur elle , et elle faisait mine de l’ignorer. Son humeur cependant n’était pas des plus agréables , et il s’emporta à plusieurs reprises pour des choses sans importance , selon John.

Le Jeudi prit une tournure identique au Mercredi , et à un moment , quand Lili et Jude étaient partis pour chercher de nouvelles copies de leurs films , et alors que John et Franklin discutaient de la dernière pièce de théâtre produite par New Network , William se rapprocha de Buffy , et , sous prétexte de saisir le chronométreur posé un peu plus loin , se pencha et frôla ses seins avec son bras . Buffy tressaillit à ce contact.

« Qu’y a – t – il , amour ? » chuchota – t –il avec un sourire ravageur , « tu es fatiguée ? »

« Je suis en pleine forme . Et ravie que nous ayons tous le même point de vue pour la quatrième émission », répliqua – t – elle d’un ton léger .

Un peu plus tard , Riley se montra à l’ entrebaillement de la porte du studio.

« Nous n’avons pas terminé » , aboya William , quand il eut constaté le sourire lumineux de Buffy vers son collègue .

« Bien , bien.. Je repasse dans un moment », dit Riley sans se démonter.
William lanca un regard meurtrier à Buffy , qui se contenta d’ouvrir de grands yeux innocents.

A six heures et demi , Buffy rangea ses affaires. John et William étaient préoccupés à visionner les images d’ouverture pour la Vallée de Mertari , tous les autres membres de l’équipe étaient partis.
Riley entra en prenant la précaution de frapper deux coups à la porte , et elle alla lui ouvrir.

« Prête ? » demanda – t –il avec un œil interrogateur vers les deux hommes.

« Mais oui », répondit Buffy .

William se tourna et interrompit brutalement sa conversation avec John .
« Où est le script de Mouhad ? » grogna – t –il , comme si elle était un enfant récalcitrant.

Buffy fit un petit sourire à Riley , et répondit d’un ton suave :

« La dernière fois que tu l’as utilisé , il se trouvait sur ton bureau. »

L’équipe avait remarqué le passage au tutoiement entre William et son assistante , et apparemment avaient trouvé cela naturel ; après tout chacun tutoyait William. Seul John semblait comprendre qu’il y avait plus dans ce geste anodin qu’un simple contact entre collègues de travail ; il suivait d’un œil amusé le duel verbal – un de plus au cours de la journée - qui commençait entre Will et sa partenaire délicieusement sexy .

« Je croyais t’ avoir demandé tous les documents tout à l’heure. » dit-il en avançant vers elle avec une allure de fauve prêt à bondir sur sa proie.


‘ Dieu , que j’aime quand tu marches ainsi vers moi..’ pensa Buffy .

Il s’arrêta devant elle , et pencha la tête de côté.

« Pourrais-tu aller le prendre , Buffy , s’il te plaît ? » murmura – t –il .

Imperturbable , elle ne cilla pas en répliquant : « Si tu veux bien m’excuser , j’ai rendez-vous avec Riley.. et nous sommes déjà en retard. Tu peux t’en charger ? »

Une lueur d’incrédulité et de compréhension brilla dans ses yeux ,et dans la façon où il pinça les lèvres. Et avant qu’il ait put dire autre chose , Buffy prit le bras de Riley et avec un « Bonsoir » enjoué en direction de John , elle avait quitté les lieux , laissant un soupçon de vanille flotter dans l’air .

« Je crois que j’ai besoin d’une cigarette tout de suite » soupira William en passant sa main dans ses boucles en désordre.

John eut un rire entendu .

« Ta douce assistance se rebelle , on dirait . C’est fascinant . »

William lui jeta un coup d’œil las . « Il y a des jours où elle me rend fou , c’est vrai. »

Son ami ne répondit rien , mais laissa son esprit vagabonder , tandis que William allait chercher le dossier manquant , et tentait de faire passer sa hargne avec une dose de nicotine.

* * * * * * * * *


Le Vendredi Buffy travailla une majeure partie de la matinée seule dans leur bureau ; William était en réunion . Lili passa en coup de vent , et annonça qu’il était d’une humeur massacrante.

Puis après le déjeuner , un membre du service comptabilité vint lui demander quelques informations sur le budget de l’émission spéciale qu’ils projetaient de réaliser sur l’écrivain William Boyd , et , tout en discutant , Oz répéta combien William lui avait paru hors de lui-même .

« Tout à l’heure il était aussi dangereux de lui parler que de traverser un champ de mine » , lui confia t – il en repartant. « Je lui ai demandé pourquoi tu n’étais pas en réunion avec lui , j’ai cru qu’il allait me mordre ! »

A l’instant où il disait cela avec un sourire , il faillit recevoir la porte dans la figure : William entrait avec sa fougue habituelle , et ses traits étaient sombres et tirés. Oz ne demanda pas son reste.
William fit claquer la porte derrière lui , et en trois enjambées alla s’asseoir . Il défit le nœud de sa cravate , et jeta ses lunettes sur son bureau .

« Chaque fois que je suis absent tu en profites pour rêver , ou flirter , ou recevoir des coups de fil . Ce n’est pas pour çà que je t’ai engagée ! »

« Si c’était vraiment le cas , William , crois-tu que nous ferions du travail aussi efficace ? » dit-elle .
Et elle baissa la tête , faisant mine de se plonger aussitôt dans l’étude d’un document .

Intérieurement , elle était très satisfaite d’elle –même . Ils avaient réussi à tenir leur délai dans la programmation du contenu des émissions , ce qui signifiait qu’elle pourrait sans doute rentrer chez elle à une heure convenable ; la semaine avait été éreintante , et le lendemain elle avait promis à Anya et Alex de garder leur petit garçon.

La journée touchait à sa fin , quand un problème surgit encore.

« J’ai eu le planning pour occuper le studio d’enregistrement la semaine prochaine . Il nous manque au moins une matinée. Appelle Cassie , s’il te plaît , et demande lui un temps de passage supplémentaire, il a dû y avoir une erreur. »

Buffy aurait vraiment aimé qu’il quitte le bureau à présent , elle s’était sentie devenir nerveuse d’heure en heure , car il n’avait cessé de suivre le moindre de ses mouvements tout au long de l’après-midi , et elle s’était efforcée de rester indifférente , et cette lutte l’épuisait.
Elle téléphona , et attendit longtemps pour que l’on prenne sa requête en considération. Buffy avait l’habitude de discuter et de faire valoir ses droits , mais ce soir elle n’en avait guère la force.

« Je n’aboutis à rien », dit-elle à William , en plaçant la main sur le combiné.

Il se leva et lui prit l’appareil des mains .

« Ecoutez-moi » , vociféra t – il dans le combiné ,« je veux un temps de passage supplémentaire n’importe quel matin de la semaine prochaine ! …. Comment ? Je m’en moque ! C’est clair ? »

Et il l’obtint . Quand il raccrocha , Buffy ne put s’empêcher de savourer son air arrogant qui sculptait son visage , rehaussant la perfection de ses traits .

« C’est une méthode.. efficace. » dit-elle avec une once de plaisanterie dans la voix.
« Tu m’ impressionnes.. » ajouta t – elle .

Il se tenait immobile au dessus d’elle , et se pencha lentement .

« Ah oui ? Je désire faire autre chose que .. t’impressionner , mon cœur. »

Le sang battait follement dans ses veines quand Buffy entendit le terme affectueux. Elle ouvrit les lèvres dans un geste d’abandon , et poussa un soupir .
« Je.. je voulais te demander si tu n’as plus rien à me faire faire » balbutia – t –elle , et elle rougit car ses paroles avaient visiblement un effet intense sur William , dont la bouche s’étira en un sourire gourmand , presque lascif.

« J’ai un certain nombre d’idées en tête , en ce qui concerne ce que j’aimerais te voir faire » , avoua – t - il d’une voix devenue rauque .

Buffy était subjuguée par la profondeur du bleu de ses yeux . Elle s’y noyait , et à la perspective de goûter encore la peau de William , des frissons la firent chavirer.
Elle saisit son visage entre ses mains , et lécha ses lèvres avec une sensualité qui le bouleversa. Il gémit , et l’ attira davantage en posant doucement une main derrière la nuque de la jeune femme.

« Oui , oui , oui … Buffy… » chuchota t –il .

Leur baiser devint aussitôt profond et sauvage . C’était une bataille frénétique. Il la souleva pour la maintenir contre lui dans une poigne de fer , et elle gémit de plaisir .
Elle avait toujours les mains autour de son visage , et il semblait apprécier plus que jamais l’effet de ses paumes fraîches ; la maintenant contre lui , son autre main se mouvait le long du dos de Buffy dans une caresse fervente.
Il capturait sa langue avec une faim dévorante , goûtait la chair humide de ses lèvres en les mordillant délicatement , plongeait en elle comme si elle était une fontaine d’eau pure et lui un homme mourant de soif.
Il la touchait comme si elle était extraordinairement précieuse , la seule femme qu’il ait jamais rêvé de posséder.. Elle le sentait dans chaque fibre de son être , et crut défaillir tant ces sensations la comblaient.

« William.. ! » gémit – elle quand il relâcha sa bouche une seconde pour embrasser son cou.

« Oui , amour…Dieu , j'ai été fou l'autre jour.. Pardonne -moi.. »

Buffy n’existait plus en dehors des bras de William . Elle voulait être féminine et désirable pour lui , comme une adolescente . Elle était ivre de désir , ivre de sentir entre ses cuisses le renflement viril qui lui signifiait que l’explosion sexuelle qu’elle attendait était aussi intense pour lui.
Et elle était baignée par un sentiment de sécurité , entre ses bras forts et généreux.

« Tu embrasses comme un ange.. amour.. c’est si bon.. » murmura t – il , le souffle court. « Donne-moi ta bouche , encore.. oui , mon cœur.. Dieu ! J’ai envie de toi.. »

Il se raidit un instant , comme s’il craignait que sa confession ne la fasse changer d’avis .
Mais Buffy captura encore le beau visage de William , enfonçant les doigts dans ses boucles dorés, plongea son regard embué de passion dans ses yeux océan.

« Encore. » demanda-t-elle , d’une voix enrouée.

« Oui , encore , amour.. »

William vivait un rêve. Il prit la bouche de Buffy voracement , et savait que sa faim d’elle ne pourrait être rassasiée avec un baiser , aussi fougueux soit-il. Alors qu’il poussait ses hanches plus fort entre les siennes , il songea qu’ils étaient toujours au bureau , et que n’importe qui pouvait arriver.

Tout à coup , un éclair zébra le ciel , et fut suivit d’un coup de tonnerre qui les fit sursauter . Buffy détacha ses mains du cou de William , mais les garda autour de sa taille.
Elle tourna légèrement la tête vers la vitre , où une pluie battante s’écrasait .

« Quand est-ce que le temps est devenu aussi mauvais ? » demanda- t –elle en riant de bien-être.

Il la contempla , émerveillé. C’était la première fois qu’elle riait dans ses bras .

« Il a plu toute l’après-midi , amour.. » répondit-il doucement. « Laisse-moi te ramener chez toi ? » ajouta-t-il d’une voix chaude.

Elle tourna vers lui des yeux graves. Accepter qu’il vienne maintenant avec elle , c’était accepter beaucoup plus que se faire raccompagner. Ils le savaient tous les deux . Mais William avait certainement du mal à imaginer combien elle voulait se donner à lui .
Il attendait , la tête légèrement penchée dans cette posture qu’elle trouvait adorable , et dans ses yeux anxieux , elle vit un désir si pur , si troublant , qu’elle fut submergée de tendresse.

« D’accord. » glissa – t –elle en se rapprochant et en mordillant son oreille.

Il frissonna et laissa glisser son regard sur la merveilleuse créature qu’il tenait serrée contre lui : sa beauté radieuse , ses lèvres rougies et gonflées , la moiteur de sa peau , le parfum vanillé se mêlant à l’odeur de son corps , se conjuguaient pour la rendre enivrante.

« Tu es magnifique , amour. » Et il respira sa chair , embrassant sa poitrine qui se dévoilait dans l’échancrure de son petit pull.
Il était difficile pour Buffy de résister à tant de charme , et elle ne s’était pas sentie aussi extraordinairement vivante depuis longtemps.

Ils rangèrent leurs affaires à la hâte , il prit la peine de récupérer tout ce qui pouvait lui être utile s’il voulait travailler pendant le week-end , comme cela lui arrivait souvent.
Dans le hall d’entrée de New Network , ils marchèrent d’un pas mesuré en se dirigeant vers le parking souterrain . Et quand Buffy s’installa confortablement sur le siège en cuir de la voiture , et que William s’engagea dans la circulation pénible d’un Vendredi soir au cœur de Londres , elle se laissa aller à imaginer qu’elle pourrait très vite prendre l’habitude que l’on s’occupe d’elle .

Elle avait oublié cette sensation depuis de longs mois .

Il conduisait avec nonchalance ; la radio diffusait les notes langoureuses d’un vieil air de jazz , et des rafales de pluie noyaient le pare-brise , mais il ne semblait pas être gêné par ces conditions désagréables , ni par le fait que la circulation était incroyablement lente . Un léger engourdissement enveloppait tous ses membres et Buffy ferma à peine ses paupières.
William tourna les yeux vers elle à ce moment , et passa le revers de sa main gauche sur la joue de Buffy , dans un mouvement doux comme la caresse d’une plume.

« Es-tu bien , amour ? »

Elle hocha la tête en silence.





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