Je suis si contente que le dernier chapître vous ai plu à ce point! Bon , ne m'en veuillez pas trop pour celui qui vient. Je peux essayer de poster le suivant demain , si c'est une nécessité.. ;)



Chapître 34. Décisions.


En ce dernier jour de la semaine , Buffy se rendit à New Network avec un sentiment de mal être qui s’était fait sentir dès qu’elle était sortie du sommeil. La nuit avait pourtant été calme , reposante , après une soirée riche en sensations charnelles et émotionnelles. La manière incroyablement érotique avec laquelle ils avaient fait l’amour , sur le tapis du salon chez William , avaient seulement laissé place en eux à une faim renouvelée du corps de l’autre. Et même s’ils avaient regagné l’endroit plus traditionnel que constituait le lit , leurs ébats avaient gardé une frénésie que Buffy retrouvait ce matin , au creux de sa mémoire , avec une certaine gêne , un embarras devant la façon dont elle s’était jetée dans ses bras.

Mais la pensée que William pourrait un jour ne plus faire partie de son univers quotidien avait été impossible à surmonter , et elle avait eu le besoin irrépressible de se réfugier dans son embrasse passionnée..

Ils avaient partagé un repas frugal , et il l’avait gardée tendrement sur ses genoux pour la regarder manger. Puis il lui avait expliqué qu’ayant quitté le bureau bien brutalement - et elle avait rougi délicieusement - , il avait encore un document à consulter pour le lendemain. Ce qui signifiait du travail jusqu’à une heure avancée de la nuit. Buffy avait suggéré que chacun reste chez soi pour la nuit , et il l’avait ramenée jusqu’à la maison victorienne de Bloomsburry , à contre-cœur.

Maintenant , à l’idée de le retrouver pour la journée , Buffy se sentait les mains moites , les jambes tremblantes , le cœur battant violemment dans sa poitrine , et toutes les sensations qui accompagnaient en général un état de nervosité extrême.
Le bureau était fermé à clef quand elle parvint à leur étage. Elle ouvrit et alla s’asseoir aussitôt , cherchant à retrouver son calme.

Elle était simplement si effrayée. Si effrayée de perdre ses attentions , son ardeur fougueuse , la façon dont il la couvait du regard.
Si effrayée de la profondeur de ses sentiments pour lui.

Elle avait aimé Angel tendrement , sagement . Il avait été compréhensif , doux , et toujours désireux de la protéger. Elle commençait tout juste sa vie de femme quand leur idylle avait débuté et qu’il lui avait proposé de l’épouser. Elle avait connu un bonheur réel et simple dans leur vie commune.


Mais ce qu’elle éprouvait pour William n’avait rien de comparable.

Depuis son bref mariage , elle était devenue une créature qui avait déjà aimé et souffert , pour qui l’amour était lié au deuil , à la peine , et la solitude. Aussi avait –elle lutté pour que son cœur ne soit pas pris à nouveau dans la tourmente. Sa peur de souffrir entraînait la peur de s’engager.

Cependant elle se tenait au bord d’un précipice depuis plusieurs jours déjà: celui qui sépare le désir de l’amour .
Et elle se sentait vaciller , ouvrant son âme , son cœur , tout son être à une révélation si magnifique et douloureuse en même temps : elle était complètement , follement amoureuse de William Lawrence.


Et elle était simplement si effrayée.

Posséder l’amour de cet homme , lui rendre cet amour , était la chose la plus merveilleuse qui eût pu arriver à Buffy . Elle savait aussi qu’on pouvait perdre tout , par un mouvement terrible du destin. N’était –ce pas ce qui risquait de se produire , maintenant qu’elle s’apprêtait à faire ce saut dans le vide ?


Elle s’appliqua à se concentrer sur le dernier travail à mettre au point , en l’occurrence l’interview , puis le porta à la personne du service littéraire. Quand elle revint , William était arrivé et était en grande conversation téléphonique. Cela ne devait pas être à son goût car il usait d’un ton froid et contenu , un ton empreint de colère , et elle fut surprise du frisson d’appréhension qui s’empara d’elle à l’écoute de sa voix . Il y avait tellement longtemps qu’elle n’ y avait entendu des inflexions à ce point irritées.
Elle referma la porte derrière elle , et alla regagner sa place , lissant machinalement sa longue jupe en lin blanc. Il leva les yeux brièvement vers elle et une lueur plus chaleureuse y brilla . Mais son visage ne s’éclaira pas comme il le faisait toujours dès qu’elle apparaissait .

Une crainte lui serra la poitrine et elle se pencha sur ses documents. Du coin de l’œil , elle l’observait. Il se passait la main dans les cheveux , une boucle rebelle retombait sur son front , et ses traits étaient fermés.

« Il y a forcément des choses que l’on peut discuter, » dit-il d’un ton coupant. « J’ai dit que je considérerais … »
Apparemment son interlocuteur l’avait interrompu.

« Je n’ai jamais prétendu cela ! … Gardons notre entrevue pour la semaine prochaine , si tu veux bien.. Oui , c’est çà… Non , je comprends… A plus tard , Francis . »

Elle tressaillit en entendant le nom du directeur de la société . William avait –il des désaccords avec lui ? Et à quel sujet ? Il était un des journalistes les plus en vue , les plus appréciés de la direction . Elle le savait bien puisqu’elle travaillait à ses côtés..

« Bonjour , amour, » dit –il quand il eût reposé le combiné sur son socle.

Elle lui fit un sourire . « Est-ce que tout va bien ? » demanda t –elle .

Il soupira. « Oui.. Juste quelque chose qui me préoccupe , et qui n’est pas réglé comme je le souhaitais. »

Elle attendait qu’il s’explique davantage . Ils avaient toujours partagé tous les problèmes , discuté chaque décision , et réglé toute difficulté ensemble.

« As-tu terminé le papier sur Boyd ? » ajouta t –il .

Elle laissa quelques secondes passer avant de répondre , ressentant une vive déception qu’il ne veuille pas lui faire part de ce qui l’ennuyait.
« Je l’ai rendu ce matin , tout va bien. » répliqua t –elle .

Il fourragea encore dans la masse de ses boucles désordonnées , et sembla ne pas prêter attention à la sécheresse de son ton.

« Je suis en réunion tout le matin pour la mise en page du livre . Evidemment Il est encore question de réduire le contenu ! » s’exclama t –il en se levant . « Si tu pouvais voir avec John les petites défaillances sur l’émission 9 , ce serait formidable. »

Il prit son attaché-case et se dirigea vers la porte à grand pas . Au moment où il ouvrait le battant , il tourna son beau regard bleu vers elle et lui sourit, puis disparut.

Elle demeura de longues minutes complètement immobile , le regard fixé dans le vide .
Pour la première fois depuis qu’ils étaient amants , il n’avait pas cherché à l’embrasser alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis plusieurs heures.

Elle usa de toute la force de son caractère pour ne pas l’appeler et se jeter dans ses bras. Un grand froid enrobait son cœur , et elle respirait de façon saccadée , cherchant à comprendre la puissance de l’émotion qui lui broyait le ventre. Pourquoi éprouvait-elle une telle anxiété aujourd’hui ?

Le reste de la matinée se passa dans une sorte de brouillard , elle essaya par tous les moyens à oublier ses émotions et à s’appliquer . Elle eut simplement John au téléphone , préférant régler toute question de cette manière. S’il venait , il chercherait aussitôt à savoir pourquoi elle ne souriait pas ce matin. Il se conduisait d’une manière toujours si protectrice et affectueuse envers elle , et elle était sûre qu’elle n’hésiterait pas à se laisser aller , s’il insistait.

Elle se contenta d’un sandwich et d’un café tout en continuant à étudier les divers scripts à revoir. Elle était en avance sur son planning étant donné que sa semaine avait été très productive. Peut être pourrait –elle s’en aller vers quatre heures ? Ils n’avaient parlé d’aucune sortie , mais elle savait que William aimait sortir le vendredi soir plutôt que le Samedi.

Elle était perdue dans ses pensées quand il revint . Il semblait plus détendu que dans la matinée et elle en fut soulagée. Cependant sa mâchoire gardait une certaine dureté qu’elle aurait aimé voir disparaître. Elle se leva quand il entra et lui sourit timidement.
Il fut en deux enjambées devant elle et lui prit les mains.

« Quelle journée ! » dit-il . « Je n’arrive pas à avoir une minute pour souffler. Et toi ? »

« Cà va .. J’ai soumis l’interview . Et tout a l’air en place pour visionner les commentaires sur la neuvième émission. »

Il caressait son poignet avec son pouce , et leurs corps se touchaient presque . Il la contemplait avec attention , s’extasiant de la luminosité de ses yeux , des éclats d’or parsemant le vert émeraude de ses iris , et lui donnant l’envie irrépressible de s’y perdre. Il appuya son front contre le sien.

« Dis-moi ce qui te préoccupe , mon cœur , » demanda t –il. « Tu as l’air étrange depuis ce matin. »

« Je… Non , ce n’est pas quelque chose en rapport avec le travail.. Enfin , un peu , mais pas vraiment.. Mais il faudrait que nous parlions tous les deux.. »

Il fronça les sourcils et passa un doigt le long de la ligne de son front, ramenant une longue mèche de cheveux blonds derrière son oreille.
« Tu as l’air si troublée.. Il ne faut pas chérie. Tu sais que tu peux tout me dire, » assura t –il d’un ton tendre.
Elle gardait un air incertain et distrait qui donna quelques craintes à William.

« Je n’ai pas eu le goût de ta bouche sur la mienne ce matin , amour, » ajouta t –il d’une voix rauque.

« William, » souffla t –elle . Elle mourrait du besoin d’être embrassée , et surtout de confier ce qui gonflait son cœur.
Elle qui était sous le charme de sa puissante séduction , captivée par la façon étourdissante qu’il avait de l’aimer depuis le début , voulait enfin lui rendre ce cadeau.

Elle s’approcha tout doucement et il déposa un baiser au coin de ses lèvres. Puis elle entrouvrit la bouche , et il allait en faire de même lorsque la porte - dont le montant n’était que rabattu - , s’ouvrit sur John .

« J’ai terminé la maquette.. » Il s’interrompit brutalement devant le spectacle qu’il avait sous les yeux : William et Buffy étaient l’un contre l’autre , front contre front, il tenait ses deux mains dans les siennes et était visiblement sur le point de lui donner un baiser.
Buffy se recula légèrement sous l’œil surpris du jeune homme , mais William tenait sa main dans une poigne de fer et ne semblait pas déterminé à la lâcher.

« Oh. .je suis.. désolé, » commença John . « Tu m’avais dit de te donner dès que possible le résultat de la mise en page. »
« Je t’en prie , ne t’excuse pas, » dit William d’une voix ferme.


Il allait continuer à parler quand la silhouette de Jane , la secrétaire de Paul Surron , se montra à son tour dans l’embrasure de la porte. Elle les salua et sembla réaliser qu’un silence contraint régnait dans la pièce. C’est alors qu’elle posa son regard sur les mains liées de Lawrence et de son assistante et ses yeux eurent une brève lueur de compréhension, et Buffy crut même voir un léger sourire se dessiner sur ses lèvres.

« Voici le dossier sur Montréal, » dit-elle avec un sourire en le tendant à William.

Ce dernier le prit avec un hochement de tête .
« Merci Jane . »

Elle paraissait ne pas savoir quoi ajouter et jeta un rapide « Bon week-end ! » à la ronde.

Buffy dégagea sa main et recula encore de plusieurs pas. William frémit et la cloua d’un regard interrogateur.
« Jane étant la bavarde que l’on sait , vous pouvez être certain que votre secret n’en restera pas un.. » dit John en les regardant tour à tour.

Buffy tressaillit et jeta un regard incertain à William.
Ce dernier l’observa froidement , la bouche fermée dans un geste de défi.

« Buffy, » dit John d’une voix douce. « Je ne suis pas vraiment étonné , tu sais. Il y avait d’extraordinaires vibrations entre vous deux.. qui dépassaient une merveilleuse entente professionnelle. » Il la regarda avec des yeux très doux. « Le reste de l’équipe se doute depuis un moment que vous êtes plus que des collègues tous les deux. »

Buffy lui répondit par un regard reconnaissant , et aussi un peu surpris.

John lança un regard compréhensif en direction de son collègue masculin. « Je peux vous assurer que je garderai la discrétion sur ce qui vient de se passer. »

Il contempla encore Buffy pensivement. « Je vous laisse. »Il se tourna brièvement vers Lawrence.
« Appelle-moi quand tu auras donné ton aval pour les photos du livre, Will » dit-il en repassant la porte , qu’il referma sur lui silencieusement.


Buffy était en proie aux sentiments les plus agités. Elle était si soulagée que ce soit John qui les ait surpris , elle lui aurait confié cela un jour ou l’autre. Et elle avait compris récemment qu’il se doutait de la situation. Par contre la secrétaire du directeur financier ne se gênerait pas pour répandre la nouvelle .. Et Buffy se dit en elle-même que c’était en définitive une opportunité excellente pour que chacun réalise qu’ils étaient ensemble , William et elle.. Elle allait ouvrir la bouche pour lui faire part de ses pensées , quand il parla.

« Je suis plutôt satisfait que l’on nous ait surpris » asséna t –il . « Combien de fois t’ai-je dis que je trouvais ridicule cette obsession de se cacher ! »

Il n’élevait pas la voix , mais elle y percevait des intonations qui la mirent mal à l’aise.

« Ne crois –tu pas qu’il est temps d’assumer la réalité , Buffy ? Tu es avec moi , et je n’ai pas envie que cela soit un secret ! »

« Je suis parfaitement capable d’assumer la réalité, comme tu dis , » se défendit –elle. « J’ai simplement choisi d’attendre .. étant donné que je ne tenais pas à ce les gens me prennent pour une opportuniste. »

« Tu t’abrites éternellement contre cet argument, » dit –il d’une voix toujours aussi froide. « Je t’ai engagée pour tes compétences et seuls les imbéciles peuvent penser autrement. Ta réputation ne crains absolument rien ! Il arrive tous les jours que deux personnes , sur leur lieu de travail , soient attirées l’une par l’autre.. »


Lui aussi sentait son contrôle lui échapper . Quand ils étaient devenus intimes et qu’elle avait souhaité que leur liaison demeurât inconnue des personnes de la société , il n’avait pu s’empêcher d’être atteint dans son amour-propre.

Elle respirait difficilement , en proie à une émotion profonde. Elle ne voulait pas se disputer avec lui. Pas aujourd’hui.
Son incertitude et sa peur des sentiments l’avaient fait se conduire prudemment , et même d’une manière insensée , si l’on y réfléchissait bien. Mais tout cela était fini. Elle allait lui dire..

« Ne suis-je pas assez ‘bien’ pour toi ? N’ai-je pas suffisamment de valeur à tes yeux pour être considérer publiquement comme l’homme de ta vie ? » continua t-il d’une voix âpre , les traits douloureux.

« Comment peux –tu penser cela ? » murmura t –elle . Elle se sentait la gorge sèche , l’estomac noué et son cœur battait si fort à ses tempes qu’elle souhaitait que tout cela ne soit qu’un mauvais rêve.

« Je peux penser cela car je le constate , Buffy. Je suis ton amant , mais puis-je espérer être plus qu’un partenaire secret ? » souffla –t il . « Je n’ai plus l’âge de trouver amusant ce genre de comportement ! » asséna t –il , la mâchoire durcie .

Elle frissonna terriblement .
Qu’il choisisse justement cette après-midi pour lui demander des comptes lui parut le comble de l’ironie et de la cruauté. Elle tremblait intérieurement , aussi fort et aussi désespérément qu’une feuille d’automne dans la tourmente.

« Tu te trompes, » dit-elle d’une voix si basse qu’il dût se rapprocher d’elle.

« Alors c’est le moment de me persuader que tu peux oublier Angel. » répliqua t –il , le visage sombre, la voix dangereusement dure.

Elle crut recevoir un coup de poignard , tant la douleur était vive. Elle releva ses beaux yeux bouleversés vers William , où il y avait tant d’amour et de peine mêlés à cette minute qu’elle devint aussi pâle que ses vêtements.

« Je ne veux pas l’oublier, » frémit –elle, le regard suppliant.

Il recula comme s’il avait reçut un coup , et la regarda avec des yeux torturés.

« C’est donc cela.. Ton cœur est mort avec lui.. c’est ce que tu veux me faire comprendre.. ! »

Il semblait souffrir profondément . Son beau visage était blême et sa poitrine se soulevait par saccades.
Elle tendit une main instinctivement vers lui mais il s’éloigna.

« Non , pas du tout , William. » murmura t-elle , éperdue . « Laisse-moi t’expliquer.. »

« Aucune de tes ‘ explications ‘ ne pourra effacer le mal que tu es en train de me faire, » gronda t-il.


Submergée par une multitude d’émotions contradictoires , mais qui toutes lui broyaient l’âme, Buffy ressentit un brutal découragement.
Comment en étaient-ils arrivés à cette distance entre eux ? Cette incompréhension tragique qui les séparaient , à l’instant même où Buffy s’apprêtait à avouer ..

L’amour qu’elle avait pour William brûlait son être si ardemment que les sentiments qu’elles avaient eu un jour pour Angel n’était une flamme vacillante , à côté du brasier flambant au creux de son cœur .

Si elle ne voulait pas oublier son mari , c’était parce qu’il garderait toujours une place particulière dans son existence ..

Mais ce qu’elle vivait auprès de William avait le caractère sauvage et impétueux d ‘un torrent de montagne qui contourne chaque obstacle pour rejoindre la mer.

Sans l’amour de William , elle savait à présent qu’elle ne saurait vivre.


Des larmes montèrent à ses paupières et elle referma les bras sur elle-même. La sonnerie du téléphone les fit sursauter , et William la dévora avec des yeux bouleversés avant de prendre l’appareil.

Au moment où il répondait à son interlocuteur , Buffy prit la décision de faire la seule chose envisageable : elle s’enfuit.


TBC..





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