Ah , je suis désolée d'avoir été cruelle !! Mais vous pouvez savourer ce chapître en paix , maintenant. ;)


Chapître 39. Promesses.



C’est ainsi qu’il la découvrit , silhouette frêle aux bras enveloppés sur elle même , les jambes étroitement serrées , sa chevelure brillant sous les jeux d’ombre et de lumière du soleil , son beau visage perdu dans une pensée profonde.
C’est seulement quand il arriva auprès d’elle qu’elle sortit de sa torpeur , levant vers lui un visage mélancolique. Il la prit dans ses bras , la ramenant doucement vers son torse.

« Ma chérie , je suis en retard , je suis désolé . » commença t- il en plaçant un doigt sous son menton.
« Que se passe t –il ? » demanda t –il en constatant sa pâleur.

« J’ ai eu froid tout à coup, » murmura t –elle. Elle s’efforça de garder une expression neutre. « Veux-tu manger tout de suite ? » poursuivit –elle en tendant la main vers le panier.

Il posa une main sur son bras , l’empêchant de continuer.

« Non. J’aimerais d’abord que nous parlions.. »

Le cœur de Buffy manqua un battement . Voilà , c’était l’instant où tous ses rêves se réduiraient en larmes. Elle attendit , l’observant de ses beaux yeux amandes . Il laissa ses yeux caresser l’ovale parfait de sa figure , sa bouche , ses yeux , trois points de joie.

« Oh, je crois avoir une idée de ce dont tu veux me parler, » dit-elle faiblement.
Elle reprit sa respiration , se forçant à ravaler sa douleur à tout prix. « C’est à propos de ton prochain poste. »

« Oui, » répondit –il , l’air un peu surpris. « L’as –tu su par Jane ? Nous avons gardé toutes les discussions secrètes pour ne pas faire courir de rumeurs dans la société inutilement. Et la secrétaire de Francis était là pour les deux dernières réunions , avec la secrétaire de Paul.. »

« Ah , je suppose que c’était elle , alors.. Je ne la connais pas vraiment , mais.. » murmura Buffy distraitement. « Je t’en prie , continue. » dit –elle en plaçant tendrement une main sur sa joue.

Il inclina son visage aussitôt vers la paume de sa main , et garda son bras autour de sa taille.

« C’était l’objet de plusieurs entrevues avec Francis , que j’ai eues dernièrement . Le travail est très intéressant et il pense que je correspond au profil. Mais nous avions beaucoup de détails pratiques à régler , et nous n’étions pas toujours d’accord. »Il s’interrompit et la couva d’un regard caressant. Puis il reprit.
« New Network a une filiale à Montréal , et ils cherchaient un éditorialiste de terrain pour une courte période, avant le remaniement du journal. Francis a pensé que ces serait une expérience formidable pour moi. Ce matin par contre tout s’est en définitive arrangé. »

Elle était si bouleversée de son bonheur apparent qu’elle sentit que sa gorge se serrait au point de ne plus pouvoir émettre un son. Cependant , elle réussit à murmurer , la voix terriblement rauque :
« Quand pars –tu ? »

Il eut un sourire de petit garçon timide , et lui prit une main. De son autre bras , il resserra l’emprise qu’il avait autour de sa taille. Son beau visage était incertain et heureux à la fois.

« C’est de cela dont je voulais discuter , amour. Tout est au point pour début Septembre , mais c’est à toi de décider. »

Elle le contempla , incertaine , tremblante. Ses yeux bleus se rembrunirent quand il réalisa enfin combien son attitude demeurait dans l’expectative , et combien ses traits purs étaient empreints de tristesse. Une terrible révélation se fit jour dans son esprit.

« Buffy, » dit-il brusquement en se reculant pour mieux prendre son visage dans les paumes de ses mains , ses pouces caressant ses joues. « As-tu cru une minute que j’envisageais de quitter Londres sans toi ? »

Elle resta silencieuse , mais des larmes gonflèrent ses paupières. Elle voulut baisser la tête. Il l’en empêcha doucement.

«Regarde-moi , mon cœur. As-tu pu imaginer une seconde que j’avais un projet professionnel qui m’éloignerait de toi et que je l’accepterais sans t’en parler ? »

« Je.. je n’imaginais rien. J’ai surpris une conversation tout à l’heure , entre deux secrétaires. Elles disaient que tu allais prendre d’autres responsabilités à Montréal à partir de Septembre.. que tu serais absent plusieurs mois, » hoqueta t –elle désespérément. « Tu ne m’en avais jamais donné le moindre écho.. »

Elle voulut fermer les yeux , écrasée par le tumulte des émotions qui faisaient rage en elle. Mais il ne laissa pas faire. Il vint poser son front contre le sien.

« J’ ai dit à Francis que je ne prendrais ces nouvelles fonctions qu’à la seule et unique condition que mon assistante soit du voyage. » affirma t –il. « Je ne voulais pas t’inquiéter avec ces discussions. Rien n’était sûr jusqu’à vendredi dernier…Et j’ai toujours exigé que l’on tienne compte de ta présence. Il n’ y avait pas de raison que je parte sans toi.. Au début il a fait des difficultés , expliquant qu’il aurait des idées pour que tu prennes la suite de quelqu’un qui quitte le service littéraire. Je lui dis que le poste serait pour nous deux , ou pas du tout. » termina t –il avec force.

Il eut un sourire. « Nous avons eu quelques échanges.. enflammés , disons-le. Mais c’était à prendre ou à laisser. Et ce matin nous avons tout planifié pour que tu puises garder tes fonctions auprès de moi. »

Elle n’osait pas croire les merveilleuses paroles qu’il était en train de lui chuchoter. Il la voulait auprès de lui.. Il n’avait jamais eu la moindre intention de la quitter..

Elle lui adressa un sourire si pur , si soulagé, à travers quelques larmes qui coulaient maintenant librement sue ses joues et dans son cou , qu’il mesura la profondeur de sa détresse et eut le cœur serré.

« Mon amour.. » s’écria t-il en la prenant contre lui , la gardant contre sa poitrine dans une étreinte violente. « Tu es ma vie . Je ne saurais me passer de toi.. Tu dois apprendre à me faire confiance. »
Elle l’entoura de ses bras. La tête posée au creux de son épaule , elle soupira. « Je suis désolée. J’ai eu si peur que tu suggères que nous apprenions à être séparés pendant six mois.. Que tu me dises que ta situation t’éloignait pendant un certain temps, et que… Moi non plus je ne peux pas l’envisager. »

« Cela signifie –t –il que tu pourrais accepter de partir avec moi ? » demanda t –il doucement .
Elle se recula légèrement pour le regarder . « Est-ce à moi de dire oui ou non , chéri ? »

« Absolument . Je peux parfaitement rester à New Network , si tu ne souhaites pas quitter l’ Angleterre. Le département politique est prêt à se jeter sur moi ! » plaisanta t –il avec une pointe d’arrogance. « Par contre , si tu es tentée par l’aventure , nous n’avons plus que quelques semaines pour nous organiser. »

Elle passa d’un état de mélancolie intense à un bien-être sublime.
« J’adorerais découvrir Montréal avec toi, chéri. Et puis une demi année , c’est une période idéale , » dit-elle avec enthousiasme.

Il eut un sourire ébloui. Il se pencha vers elle , et entreprit de l’embrasser avec ardeur , gémissant dans sa bouche. « Je suis si heureux , amour, » avoua t –il . « Ce poste a l’air très excitant , et nous allons faire des étincelles là bas ! »

Son plaisir était merveilleux à voir , songea Buffy. Comment avait-elle pu douter de l’amour qu’il lui vouait , et qui n’aurait su accepter une séparation. Elle vint déposer encore un baiser sous son oreille .
« Je t’aime, » souffla t –elle. « Je t’aime.. je t’aime.. » Elle enfouit son visage dans son cou , respira son parfum.
« Je t’aime , mon cœur. » dit-il en fermant les yeux brièvement.
Ils demeurèrent une longue minute immobile , puis il se détacha d’elle légèrement.
« J’ai encore quelque chose à te demander, » souffla t –il , ses yeux bleus flambant avec dévotion.

« Je ne veux pas seulement de toi comme mon assistante , pour m’accompagner à Montréal. »
Il tenait la paume de sa main droite refermée , et déposa une petite boite de velours pourpre sur les genoux de la jeune femme, qui la saisit , son cœur battant sauvagement dans sa poitrine.

« William … ? » chuchota t-elle , en ouvrant délicatement la petite boite.

Dans son écrin , un solitaire , somptueux de pureté , serti sur une simple monture en or blanc , renvoyait tout son éclat . Il le saisit , et elle tendit sa main gauche, leurs regards accrochés l’un à l’autre . Il plongea ses yeux remplis de vénération dans les siens , et lui passa doucement la bague à l’annulaire.

« Je n’ai jamais rien désiré de plus fort au monde.. Acceptes – tu de m’épouser , amour ? » murmura t –il en prenant sa nuque.
« Oui , mon chéri.. oui , oui , mon William… » répondit –elle , très émue en le prenant par le cou.

Ils échangèrent un baiser léger mais si rempli de passion retenue qu’ils réprimèrent tous deux les gémissements qui montaient dans leur gorge. Elle se lova dans la chaleur de ses bras forts , respirant son odeur , envahie par une paix intense , tandis qu’il s’émerveillait de la douceur de la tenir intimement contre son cœur.

Et là , sous cet érable centenaire , dans le scintillement d’une journée d’été , entourés par le chant des oiseaux , le doux bruissement des feuilles des arbres , le léger bourdonnement de quelques insectes , il lui promit encore de l’aimer jusqu’à son dernier souffle.

* * * * * * * * * *

La lumière irisée de cette fin de journée se voilait de brumes de chaleur. Par l’Ouest , des nuages s’amoncelaient et les arbres étaient secoués d’un vent léger. William poussa la grille du petit cimetière d’Islington et s’effaça pour laisser passer une femme âgée , tenant une ombrelle.

Il flottait une atmosphère étrangement romantique dans les premières allées , où poussaient des herbes folles et des plantes indéterminées. Il marcha d’un pas lent , respirant l’air délicatement parfumé , tête baissée dans un recueillement qui le prit à la gorge , aussitôt parcouru le chemin qui le conduisit vers une pierre tombale simple et pure , devant laquelle il se tint debout. L’endroit était presque désert à cette heure du jour , presque le début de la nuit puisqu’il était 22heures , et William ressenti toute la solitude des lieux.
Il tenait dans sa main gauche un petit bouquet de myosotis , et resta de longues minutes le regard fixé sur l’inscription.

« Elle m’a expliqué que tu étais là … »

Il ne parla pas pendant de longues minutes , fixant simplement le nom gravé sur la pierre. Puis il déposa les fleurs , qu’il prit soin de caler entre deux pots.

« Je voulais te dire que je vais prendre soin d’elle.. Depuis le premier instant où j’ai posé les yeux sur elle , j’ai su qu’elle ferait partie de ma vie. » Il reprit son souffle ,et ferma brièvement les paupières. « Elle ne sera plus jamais seule .. je .. je voulais que tu le saches. Je mourrai avant qu’il ne lui arrive quoi que ce soit. »

William frissonna , malgré la chaleur ambiante. Un coup de vent plus fort amena quelques pétales arrachés de fleurs de roses sur la plaque de marbre , où l’on pouvait lire :
« Angel Connor Neeson. 20 Mars 1976-7 Avril 2004 .
Tu ne seras pas oublié. »

* * * * * * *


Dans la solitude de sa chambre , le soir venu , Buffy contempla longuement le portrait d’Angel . Par égard pour William , elle avait retiré les photos de son mari des différentes pièces de la maison , et seul le cadre d’argent posé sur la commode en face du lit , demeurait visible.
Son expression y était si tendre , si bienveillante. Il la couvait de son regard chocolat , et elle avait l’impression qu’il allait lui adresser la parole.

« Je suis heureuse . » chuchota t –elle en fixant les yeux sur lui. « Je ne croyais plus qu’un tel bonheur existait , tu sais.. J’ ai tant pleuré ton absence. Je voulais te rejoindre. Oui , j’ai voulu être à tes côtés .. connaître enfin la paix.. » Elle resta silencieuse de longues minutes , profondément plongée dans le souvenir de cette année infiniment douloureuse qui venait de s’écouler.
« William m’aime énormément. » continua t –elle à voix très basse. « Je ne comprend pas toujours pourquoi .. » Elle rit doucement. « Mais je sais qu’il fait partie de mon âme.. Et.. je vais parcourir le reste du chemin avec lui.. si tu veux bien. Tu le veux bien , n’est-ce pas , Angel ? »

Seul se fit entendre le doux son du petit réveil qui , sur la table de chevet , égrenait les douze coups de minuit.




TBC.





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