Chapître 41. Weymouth.


Le Samedi matin ils partirent assez tôt. William avait préparé quelques affaires la veille en rentrant , et était venu passer la nuit chez Buffy. Celle-ci emportait seulement quelques vêtements pratiques , car ils auraient surtout l’opportunité de marcher aux alentours de la maison. Weymouth était une petite ville charmante , assez active en matière de culture , mais située dans un environnement propice à toutes les activités d’extérieur : en front de mer , au milieu de plateaux et petites collines où Buffy avait beaucoup joué étant enfant.

Le temps était à nouveau maussade : un ciel couvert et menaçant les accompagna pendant presque tout le trajet , et pendant la dernière heure une pluie fine mais persistante se mit à tomber.
Buffy était restée plutôt silencieuse , frissonnant dans un petit pull en cachemire rose qu’il lui avait offert. Elle portait aussi un pantalon de daim marron glacé qui lui allait à merveille , selon lui , et il n’avait pas manqué de lui faire un compliment quand elle était sortie de la salle de bain.
William , même sachant combien elle pouvait parler fort peu , avait cependant noté que ses traits n’étaient pas aussi épanouis que d’habitude.
Il passa une main tendrement sur sa jambe , et elle sembla sortir d’une rêverie mélancolique.

« Dis-moi ce qui ne va pas , amour, » demanda t-il , une inflexion chaude dans la voix.

« Tout va bien. » assura t –elle avec un léger soupir.

« Ma chérie , je vois très bien que tu es inquiète . Est-ce parce que tu penses que ta mère ne sera pas d’accord avec nos fiançailles ? »

Ils avaient décidé d’en faire la surprise à Joyce , puisque tout s’était passé seulement en quelques jours. Peut-être cela la préoccupait-elle.

« Non , bien sûr que non, » dit-elle en tournant son visage vers elle. « Elle sera surprise mais heureuse. »

Elle regarda un instant le paysage noyé de pluie , le ciel bas jetant une ombre sur la route luisante.

« Je n’aime pas voyager sous la pluie.. en voiture. » chuchota t –elle .

Ses yeux verts étaient remplis d’appréhension . William lui prit une main , qu’il garda serrée dans la sienne.

« Je sais , mon coeur. Mais regarde , je ne roule absolument pas vite , et il n’y a personne , c’est très calme. »

Il ralentit encore , et lui adressa un regard chargé d’amour. « Tout ira bien. Et je suis persuadé qu’il fera meilleur là bas. »

Elle le regarda avec un léger scepticisme , néanmoins lui fit un petit sourire confiant.

« Tu dis çà pour me rassurer.. J’espère vraiment que le temps va s’améliorer.. Je voudrais pouvoir te montrer ma promenade favorite. Et s’il pleut tout le week-end , nous risquons de tourner en rond.. Maman aura certainement à faire un saut à la galerie dans l’après-midi. »

« D’abord je ne dis pas cela pour te rassurer , c’est vrai. Regarde ! » dit-il .

En effet , à l’horizon , vers l’Est , le ciel semblait s’éclaircir , et des bandes plus claires brillaient.

« Et la pluie ne me gêne pas. J’ai quelques idées en tête pour faire passer le temps agréablement , en écoutant la pluie tomber .. »

Sa voix avait pris des intonations caressantes et il haussa un sourcil suggestif dans sa direction.
Cela lui fit retrouver instantanément sa bonne humeur. Elle lui fit un sourire merveilleux.

« Oh tu es incorrigible , chéri. Et je te rappelle que nous serons dans la maison de ma mère.. et qu’elle sera là. »

Il eut une moue de petit garçon déçu , celle qui la faisait fondre invariablement.

« Crois-tu que nous ne partagerons pas la même chambre ? Ton lit de jeune fille ? » demanda t –il en feignant la plus grande consternation.

« Mmm… je ne sais pas . Maman peut-être sévère quelques fois.. » répliqua t –elle. « Nous aurons la surprise. »

« Mais enfin.. cela me paraît raisonnable . » avoua t –il en fronçant les sourcils.

Elle caressa sa cuisse et ferma les yeux. Il mit en route l’appareil de musique , et les notes douces et langoureuses d’une chanson de Norah Jones s’élevèrent dans l’habitacle.


Le reste du voyage fut calme. Buffy somnola tandis que William admirait la nature environnante. Ils avaient déjà croisé plusieurs villages fleuris , et maintenant un ciel simplement gris , parsemé de nuages moutonneux poussés par le vent , donnait une lumière étrange au paysage. Il savait que Joyce habitait à la sortie de la ville , prés des falaises, et Buffy lui indiqua précisément le chemin.

Il découvrit un adorable cottage entouré d’une pelouse irrégulière et parsemée de fleurs. Il n’y avait pas de barrière , et plusieurs autres habitations , voisines de quelques mètres , constituaient un havre de beauté et de plénitude.
La mer se dessinait dans un léger contrebas , et l’on pouvait voir des enfants jouant sur le sable humide , tenant des cerfs-volants.
Il stoppa la voiture dans le chemin menant à la maison . Une véranda courait tout le long de la façade avant , puis sur un côté . Deux fauteuils faisaient face à la mer.

« Mon Dieu cet endroit est splendide ! » s’exclama t –il en sortant de l’auto et en s’étirant.

Buffy vint se tenir à ses côtés. « Tu trouves ? » demanda –t –elle , le plaisir dans la voix .

« Mais oui. C’est si paisible , et impressionnant en même temps, » répondit –il en la prenant par la taille et en tournant son regard vers l’horizon.

Comme par enchantement , un rayon de soleil perça faiblement les nuages à ce moment , et donna une touche de gaieté à tout ce qui les entourait. Puis la porte de la maison s’ouvrit , et une femme d'une quarantaine d'années , à la beauté sereine , vêtue simplement d’un pantalon de toile bleue et d’un pull blanc assorti , les cheveux d’un blond chaud en boucles souples sur les épaules , vint à leur rencontre.

William ne put que constater la ressemblance entre mère et fille . Celle-ci se précipita dans les bras de la nouvelle venue.

« Maman , cela fait tant de bien de te voir, » murmura t –elle en l’embrassant.
Joyce entoura sa fille de ses bras et lui rendit son étreinte. « Ma chérie , je suis si heureuse, » soupira t –elle.
Ses traits étaient empreints d’affection et de douceur , et William sentit son cœur se gonfler de gratitude devant le spectacle .
Elles se détachèrent l’une de l’autre en souriant.

« Maman , voici William, » dit- alors Buffy en prenant la main du jeune homme .

« Enchanté , William, » dit Joyce avec gravité . « Vous permettez que je vous embrasse ? »

« Enchanté , Madame Summers » répliqua celui-ci avec aisance. Il lui mit les mains sur les épaules à l’instant où elle déposait deux baisers sur ses joues. Une familiarité instantanée semblait unir les deux êtres les plus chers au cœur de Buffy.

« Vous êtes tel que ma fille vous a évoqué, » dit Joyce en jetant un regard attendri . « Et je souhaite que vous m’appeliez Joyce. »
« Entendu, » acquieca William dont les lèvres sensuelles s’étirèrent d’un sourire séduisant.

« Rentrons , le repas est prêt , et vous n’êtes pas tellement vêtus pour rester dehors avec ce vent. J’espère que vous avez amené des tenues pratiques pour marcher un peu, » ajouta -t-elle en se dirigeant à bon pas vers le porche.
Cela fit sourire Buffy , qui échangea un regard complice avec son fiancé. Il sortit leur sac du coffre , et ils suivirent Joyce.

« Je te laisse monter, Buffy, » dit –elle en refermant la porte derrière eux. Ils se tenaient dans le hall d’entrée spacieux , et sur leur gauche , William pouvait voir un salon confortable , dont les baies vitrées ouvraient sur l’océan et l’étendue herbeuse de la falaise. Des meubles anciens , une cheminée , deux canapés en chintz lumineux rendaient les lieux très accueillants. Sur la droite s’ouvrait une cuisine de petite taille , mais bien agencée , et où il nota une table avec le couvert mis pour trois , un joli bouquet de marguerites en son centre.

« Où nous as-tu installé , maman ? » demanda Buffy en commençant à monter les marches de l’escalier de bois.

« Dans ta chambre , bien sûr , » répondit –elle . « Enfin , la chambre d’amis est également prête pour William , » dit –elle encore en les regardant grimper l’un derrière l’autre.
Arrivés au sommet de l’escalier , ils se retournèrent et leurs yeux semblaient hésitants.

« Je serai très bien là où vous aurez choisi de m’installer , Joyce , » assura William avec la plus grande tranquillité.

Elle fit mine de réfléchir une minute , la tête penchée de côté.

« Après avoir aperçu le petit objet brillant à l’annulaire gauche de Buffy, je crois pourvoir affirmer que vous pourriez vous installer tous les deux dans la même chambre ? » taquina t –elle avec bonne humeur.

« Oh , je.. maman , je suis désolée, » s’inquiéta Buffy en voulant redescendre.

« Ma chérie , tu vas tout me raconter pendant que nous mangerons. Et j’imagine que cela vient d’être décidé. »
William leva une main et voulut prendre la parole. « Ceci est ma faute.. Je lui ai proposé Lundi.. et nous savions que nous allions venir.. »
Il avait un visage contrit et en même temps si radieux que Joyce ne put s’empêcher de le taquiner encore.
« Ma fille m’a dit combien vous pouviez être têtu.. » dit-elle . « Mais dans ce cas là cela semble être une très bonne chose. »

Son sourire bienveillant émut le cœur de William , qui hocha simplement la tête.

« On te rejoint dans quelques minutes ! » dit Buffy avec joie.

* * * * * * * * * * * * *


Le repas fut des plus agréables. Ils évoquèrent le nouveau poste de Buffy , la façon dont elle s’était intégrée à l’équipe , et , sur un plan plus personnel , la manière avec laquelle elle avait peu à peu succombé au charme dévastateur de Lawrence..
Joyce avoua que ces nouvelles avaient été un baume sur son cœur soucieux de mère. Alors qu’ils buvaient leur café , en dégustant la meilleure tarte aux framboises que William ait jamais mangée – assura t –il à Joyce qui rosit de plaisir - , elle leur annonça qu’elle devait se rendre une heure ou deux à la galerie . Ils décidèrent de mettre ce moment à profit pour faire une promenade , le soleil se montrant de plus en plus.
Le couple regarda Joyce partir en voiture , faisant un petit signe de la main. Ils se tenaient tous deux étroitement lovés l’un contre l’autre , Buffy ayant revêtu un imperméable vert pomme qui lui donnait l’air d’une adolescente , et William terriblement séduisant dans un pull de coton blanc à large côtes , et un jean noir. Tous deux avaient mis des chaussures confortables.

Ils prirent le sentier herbu qui serpentait devant les habitations et qui conduisait doucement jusqu’au rivage. Main dans la main , ils se grisèrent de l’air frais , et de la lumière changeante . L’eau prenait des teintes marine et outremer surprenantes.

« Ta mère est quelqu’un de formidable, » dit –il , brisant le silence rempli seulement par le cri des mouettes.

« C’est vrai , » reconnut la jeune femme , appuyant amoureusement son visage dans le creux de son épaule. « Je me suis toujours entendue avec elle. Mais je dois reconnaître que durant toute l’année dernière , je me suis éloignée délibérément de tous les gens qui cherchaient à me venir en aide. »

Il la garda plus fort contre lui , enroulant avec force son bras gauche autour de sa taille fine.

« Elle ne voulait que mon bien , je le savais. Cependant il y a des choses que l’on ne peut confier à personne.. » souffla t –elle.

« Je sais , mon cœur.. » murmura t –il , la bouche dans ses cheveux.

Ils marchèrent longtemps. La plage se déroulait jusqu’aux abords de la ville , et s’ils avaient voulu , ils auraient pu ainsi se rendre jusqu’au petit port. Mais la température fraîchissait , et ils voulaient être de retour en même temps que Madame Summers.

Quand celle-ci revint , elle les trouva occupés à faire de la pâtisserie. Une odeur délicieuse se répandait partout dans la maison. Et sur le seuil de la cuisine , elle les surprit enlacés et riant , alors qu’il essayait de lui prendre une cuillère des mains. Il portait ostensiblement des marques de chocolat sur les lèvres , et Buffy des traces de farine sur les joues. Leurs visages étaient animés comme ceux des enfants. Quand ils aperçurent Joyce , ils s’arrêtèrent de rire mais William ne relâcha pas son étreinte possessive.

« Maman , nous t’avons déjà fait le dessert pour le dîner ! » s’exclama Buffy.

« C’est ce que je vois, » dit sa mère en s’avançant dans la pièce . « Mais je vous préviens que je veux un plan de travail impeccable quand tout est fini, » ajouta t –elle en prenant un air sévère.

« Naturellement, » assura William . Et il profita pour déposer un baiser léger sur la bouche offerte de sa fiancée.

Il voulut savoir comment fonctionnait une galerie d’art , et ils s’installèrent au salon en buvant du thé , pendant qu’elle racontait comment elle avait lutté difficilement pour obtenir une affaire qui assure des revenus suffisants , après le départ de Hank. Elle était visiblement une femme courageuse et déterminée , et il s’étonna en son for intérieur qu’elle n’ait pas refait sa vie. Elle était d'une féminité trés attrayante , et visiblement n'avait pas encore atteint cinquante ans , et pourtant elle semblait mener une existence assez solitaire.


Ils dressèrent la table dans le salon , prés de la cheminée où William avait fait partir un bon feu. Le temps était maintenant clair , et un splendide soleil couchant se profilait sur la mer , mais la pluie avait fait baisser sensiblement l’atmosphère.
Et Buffy le taquina en le soupçonnant de trouver n’importe quelle excuse pour regarder les flammes danser dans l’âtre : elle savait qu’ il aimait beaucoup cela.

Buffy alla se doucher et se changer , enfilant une longue robe de velours pourpre aux manches longues. Quand elle descendit l’escalier , William s’arrêta pour la contempler , le regard chargé d’émotion.

« Qu’y a t –il , mon amour ? » demanda –t-elle en l’entourant de ses bras.

Il posa son front contre le sien et replaça délicatement une longue mèche de cheveux blonds derrière son oreille , ses narines se remplissant d’un parfum de d’abricot qui imprégnait son cou gracile. Il enfouit ses lèvres à l’endroit où une veine palpitait doucement.

« C’est une des premières robes que tu portais , quand je t’ai vue au bureau pour la première fois, » dit –il .
Elle sourit , et caressa les petites boucles dorées sur sa nuque.

« Je sais .. » Ils échangèrent un baiser profond et langoureux.


« Je suis si bien, » soupira t –elle un peu plus tard , quand ils attendaient Joyce qui était montée elle aussi se changer .
Ils étaient assis dans l’un des canapés , le regard perdu dans les lumières somptueuses du soleil qui se cachaient à travers des lambeaux de nuages roses , orangés et violets. Une grande paix flottait dans l’atmosphère.

Le dîner fut détendu et joyeux . Joyce leur proposa qu’ils reviennent quelques jours plus tard dans le mois de Juillet puisque les vacances étaient proches. Elle les avait félicités pour leurs fiançailles, mais la discussion n’avait pas été plus avant . L’annonce de leur séjour au Canada lui fit également plaisir pour le couple , sachant qu’ils partaient là bas tous les deux , et impatients.
Buffy suggéra même qu’elle leur rende visite pour les fêtes de Noël , et sa mère trouva l’idée charmante.
Sur le coup des onze heures du soir , chacun se dit bonne nuit.


William trouvait particulièrement émouvant le fait de partager le lit de Buffy , dans cette petite pièce où elle avait rêvé et imaginé sa vie future. La chambre gardait un air romantique , et quand il la prit tendrement contre lui pour s’endormir , il se dit qu’il était certainement l’homme le plus chanceux de la terre .

Une lune scintillante et énorme se découpait à travers l’échancrure des rideaux de velours jaunes , et , à travers la fenêtre entrouverte , le lointain ressac berça les premiers instants où il sombra dans un sommeil serein.


* * * * * * * * * * * * * *


William fut réveillé par le chant persistent d’un rouge-gorge , qui semblait être perché sur le rebord de la fenêtre. Il ouvrit un œil paresseux , et fut agréablement surpris par une douce lumière dorée pénétrant dans la chambre par l’interstice des rideaux. Il s’étira. Il avait dormi merveilleusement bien , une grande partie de la nuit gardant Buffy serrée contre lui , leurs membres entremêlés.
Elle était maintenant pelotonnée sur un côté , ses deux mains adorablement coincées sous son menton , telle une petite fille. Il savoura la vision de bonheur et de plénitude qu’elle offrait , et décida de ne pas la réveiller.
Il jeta un œil sur sa montre , vit qu’il était pourtant neuf heures et demi , mais se leva et s’habilla sans bruit.

Il entra dans la cuisine , et la bonne odeur des toasts grillés et du café lui emplit les narines. La porte donnant sur la véranda était ouverte , et Joyce se tenait debout contre la balustrade blanche . Elle se retourna avec un grand sourire quand elle l’entendit approcher.

« Bonjour Joyce, » dit –il .
« William , avez-vous bien dormi ? » répondit –elle avec bonne humeur.

Le soleil brillait d’une façon éblouissante ce matin , et l’air frais était chargé des effluves de l’océan . Il cligna des yeux devant la brutalité de la lumière et l’éclat du paysage.

« Oui , comme un loir. L’air frais et pur devaient y être pour beaucoup. »

« Asseyez-vous , » dit –elle . « Je viens de faire du café , est-ce qu’une bonne tasse vous tente ? »

« Avec plaisir, » répliqua t –il, « mais je pourrais aussi bien aller me servir.. »

« Pas question , vous êtes mon invité ! » s’exclama t –elle en entrant dans la cuisine ensoleillée et en s’affairant à sortir deux mugs , un plateau , et le sucrier.

Elle vint s’installer sur le fauteuil à ses côtés , et ils burent dans un silence confortable , seulement entrecoupé par le cri des oiseaux et le bruit des vagues.

« Je tenais à vous remercier, » dit-il d’une voix profonde et sérieuse.

Elle se tourna vers lui , et attendit qu’il poursuive. Il regarda brièvement au loin , puis ses yeux vinrent à nouveau se fixer sur ses genoux , presque timidement.

« Vous remercier de m’avoir accueilli si aisément dans votre maison , et dans votre vie. »

Il tourna son regard bleu vers elle , et elle pouvait y lire la plus grande gratitude. « Vous ne me connaissez pas du tout , et vous m’avez accepté comme le fiançé de Buffy d’une manière… »

Il s’interrompit , et elle vit qu’il était ému. « J’aime Buffy plus que tout au monde, » poursuivit –il d’une voix ferme mais rauque. « J’ai eu du mal à ce qu’elle m’accepte.. » sourit-il . « Mais maintenant que nous sommes ensemble , et qu’elle a consenti à devenir ma femme , je n’ai jamais été plus heureux , de toute mon existence. »

« William.. » commença Joyce doucement. « J’ai souffert presque autant que ma fille lorsqu’elle a perdu Angel.. Et le plus dur était de constater qu’elle ne voulait pas de mon aide.. Quand elle m’ a parlé petit à petit de votre rencontre , de la façon dont vous vous étiez immiscé dans sa vie.. j’ai su que quelque chose d’important était arrivé. »

Elle le regarda avec bienveillance , et lui adressa un sourire très doux. « Une mère sent ces choses-là , et à travers nos conversations téléphoniques , j’ai compris qu’ elle sortait de son chagrin. Vous avez été aussi ce qui pouvait lui arriver de plus extraordinaire. »

Elle se leva et vint s’appuyer au montant de bois , lui faisant face.

« Vous voir tous les deux ensemble me fait parfaitement comprendre combien Buffy a retrouvé la joie de vivre. Vous la rendez ainsi , William.. Et je sens que je peux vous faire confiance pour désirer toujours son bien être. »

« Son bien-être et son bonheur sont mes seules préoccupations » dit –il avec ferveur . « Nos fiançailles ont pu paraître un peu brusques.. mais nos sentiments sont ce qui nous a poussé à agir ainsi. Et avec la perspective de quitter Londres pour six mois , nous avions envie de prouver à chacun que nous étions très sérieux.. »

« Il est inutile de vous justifier , William, » dit Joyce avec gentillesse.
Ses lèvres s’étirèrent en un sourire presque taquin .
« Et j’ai cru deviner que vous n’étiez pas du genre patient.. ? »

Il eut une moue adorable de petit garçon pris en faute , et il baissa un instant les paupières.

« A ce propos. .. » murmura t –il en l’observant calmement. « Il y a encore une chose que nous ne vous avons pas dit.. »

Joyce ouvrit des yeux étonnés , et attendit la suite .

« Buffy aimerait que le mariage ait lieu avant notre départ au Canada. »

« Oh ! Et .. c’est elle qui a lancé cette idée ? » demanda t –elle d’un ton peu convaincu , mais où l’on pouvait encore discerner la joie.

« Je vous assure que oui, » affirma –t-il en se levant à son tour.

Il était si .. mignon , pensa Joyce , attendri, en regardant William , le visage épanoui , ses boucles dorées en désordre , la couleur splendide de ses yeux rehaussée par la luminosité ambiante.

« Avant –hier , pendant la soirée, elle a souhaité que.. »

« William, » dit –elle en riant. « Même si Buffy est la première à avoir eu cette initiative , vous ne me ferez pas croire que vous n’avez pas trouvé l’idée.. intéressante ? »

« Oui, » dit-il , le visage à nouveau empreint de gravité. « Le plus tôt nous serons mariés , le mieux ce sera. Croyez –vous que vous pourrez nous aider à réaliser ce projet ? »

« Eh bien , voyons voir.. Nous n’avons que quelques semaines , si j’ai bien compris , n’est-ce pas ? Avec la chance d’avoir au moins trois semaines de vacances devant nous.. C’est un véritable challenge , mais je suis prête à le relever ! »

Il eut un sourire si heureux et irrésistible que Joyce en fut ébloui, et intérieurement très réconfortée.

« Je vais réveiller Buffy, » dit –il.

« Entendu. Et vous prendrez votre petit- déjeuner , car la matinée est déjà avancée ! »


Il entra dans la chambre sans faire de bruit , et constata en venant s’asseoir sur le bord du lit qu’elle n’avait pas bougé. Il se pencha et respira son odeur , enfouit sa bouche dans ses cheveux , son cou.
Elle gémit doucement et s’étira.
« C’est l’heure de se réveiller , amour, » chuchota t –il en déposant de petits baisers dans l’échancrure de son tee-shirt. Il passa une main sur la rondeur épanouie d’un sein , puis continua vers son ventre.
Elle ouvrit un œil paresseusement, et passa une main le long de sa nuque.

« Vraiment ? » murmura t –elle.

Elle répondait à la chaleur de sa paume en tendant son corps vers lui. Il redressa la tête et lui sourit.

« Oui , vraiment. Il est bientôt dix heures , et Joyce a préparé un petit-déjeuner. »

Elle le regarda avec plus d’attention , continuant à passer ses mains dans ses boucles.
« Embrasse-moi, » pria t –elle d’une voix rauque.

Il vint prendre ses lèvres avec force , et elle ouvrit la bouche pour accueillir sa langue. Elle eut un soupir quand il caressa avec beaucoup de douceur l’intérieur sa bouche , son palais , revenant vers sa lèvre inférieure qu’il mordilla.

« Tu as le goût du café, » remarqua t –elle .

« Et toi tu me donnes envie de retourner entre les draps avec toi, » répliqua-t-il en haletant.

Elle rit. Puis étira ses bras au-dessus de son visage , et se faisant , le tissu recouvrant son buste se tendit de manière suggestive , et il ne put résister à poser deux mains possessives sur les globes de ses seins.
« Oh oui.. » gémit-elle.
Cette plainte seule le rendit conscient qu’ils devaient quitter la chambre au plus tôt , si elle ne voulait pas qu’il succombe à la tentation de la pénétrer , alors même qu’ils avaient promis l’un à l’autre qu’ils seraient raisonnable sous le toit de Joyce Summers.
Il se redressa et se tint debout à côté d’elle.

« Tu es une tentatrice et tu me paieras cela ce soir , mon bébé, » promit-il de sa voix la plus sexy.
« En attendant je te laisse t’habiller et me rejoindre en bas. »

Il allait franchir la porte quand il rajouta : « Oh , et il fait très beau mais frais , et ta mère a proposé une promenade sur la plage. »

« D’accord. » dit –elle en rejetant les couvertures. « Je me dépêche ! »



Le reste de la journée se passa dans un enchantement . Ils allèrent marcher comme prévu tous les trois , et le principal sujet de discussion fut le prochain mariage. Buffy et William tenaient à une cérémonie très intime , entourée de leurs amis les plus proches et de leurs parents respectifs ; William invita Joyce à venir jusqu’à Marbell Garden , lui affirmant que ses parents avaient hâte de faire sa connaissance. Il précisa que Anne et Giles ne connaissaient pas encore la nouvelle des fiançailles , car ils avaient tenu à en garder la primeur pour elle-même .

« Le mariage pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’été sans problème, » dit-il avec une expression confiante et une pointe d’arrogance qui fit sourire les deux femmes.

« Je le pense aussi, » répondit Joyce. « Et si votre départ à Montréal n’est pas fixé avant début Septembre, vous auriez même le temps pour un petit voyage de noces.. »

William lui jeta un regard entendu. « C’est bien mon intention, » dit-il en resserrant l’étreinte autour de la taille de Buffy. « Mais la destination restera secrète , amour. » ajouta t –il alors qu’elle s’apprêtait à parler.

Elle fit mine de bouder , et il captura ses lèvres brièvement.

« Je te promet que cela te plaira, » murmura t –il.





Après un repas léger qu’ils partagèrent dehors , William demanda à visiter la galerie d’art. Joyce proposa qu’ils s’y arrêtent sur le chemin du retour. Elle savait qu’ils ne voudraient pas quitter Weymouth trop tard , car en cette époque de l’année , beaucoup de londoniens partaient en week-end , et les routes étaient invariablement chargées.

Quand arriva le moment de se dire au-revoir , elle serra Buffy dans ses bras avec une tendresse émue , et ne manifesta pas moins de chaleur envers William. Elle se sentait si soulagée d’avoir pu réaliser vraiment la profondeur des liens qui unissait le couple.

« Je te téléphone dès que nous savons exactement les jours où nous pourrons revenir, » dit Buffy à travers la vitre baissée de la voiture.
« Pas de problème. Je ferme la galerie une semaine entre le 23 et le 30 Juillet . »

« A très bientôt , Joyce, » sourit William. « Et merci pour ce week-end formidable. »

Elle regarda la voiture s’éloigner , et leur fit un signe de la main. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas éprouvé une telle paix intérieure.



TBC..

Eh oui , encore un chapître , et un épilogue à venir.
Je voulais donner un petit aperçu de la lune de miel. Qu'en pensez-vous? ;)





You must login (register) to review.