Chapître 9. Un travail stimulant.


Le lendemain matin , le temps s’annonça encore plus délicieux que la veille , ce qui était exceptionnel à Londres en ce mois de Mai : l’air léger et tiède s’accompagnait d’un ciel sans nuages , et Buffy , qui avait repris goût à un habillement plus recherché , se décida pour une robe longue en soie sauvage , de couleur turquoise douce , qui s’harmonisait avec son teint ; elle garda les jambes nues puisqu’elle avait commencé à prendre quelques couleurs dans le jardin d’Anya et Alex , grâce à ses visites régulières, et elle chaussa des sandales de même couleur que la robe.
Elle laissa ses cheveux libres sur ses épaules , et , d’une humeur excellente, conduit jusqu’à New Network. Son appartement , situé dans Bloomsbury , lui permettait de faire le trajet jusqu’à la City dans une durée convenable , et le parking de la société permettait de ne pas perdre de temps à chercher en vain une place . Quelquefois Buffy prenait le bus , mais il fallait vraiment avoir plus de temps devant soi , chose qui ne lui était guère permise depuis que William l'’avait engagée dans son équipe.

Elle arriva dans la salle de montage en même temps que deux autres membres , John, et Lili , journaliste caméraman d’une cinquantaine d’années , qui avait été du voyage en Afrique . John la regarda d’un œil visiblement admirateur quand elle franchit la porte et déposa son sac sur une des tables .

« Buffy , vous êtes tout simplement irrésistible », sourit-il en prenant une de ses mains .

La jeune femme sentit ses joues rosir sous le compliment , et répondit , désinvolte :

« John , je crois que vous êtes un séducteur , et que vous dîtes cela à beaucoup de femmes. »

Lili fit entendre un petit rire qui n’était pas dupe et alla s’installer à côté du projecteur , s’affairant à régler le matériel.

« Vous savez que ce n’est pas vrai » , répondit le jeune homme , faisant mine d’être scandalisé.

« Je crois que n’avez pas conscience de votre beauté », ajouta-t-il d’un ton plus bas , et je suis heureux de pouvoir vous le rappeler. »

William choisit ce moment pour entrer dans la salle , en compagnie de trois autres collègues ; il fronça aussitôt les sourcils en constatant la proximité de John auprès de Buffy .
« Nous sommes déjà en retard », jeta-t-il d’une voix coupante, « je suggère que tout le monde s’installe. »

John fit un clin d’œil à Buffy et alla s’asseoir . William la contempla pensivement , et s’avança vers elle :

« Bonjour William » , dit-elle. « Déjà à cran ? »

« Je suis désolé. Bonjour Buffy.. » Il laissa ses yeux caresser son corps parfait , et elle sentit une chaleur se répandre dans son ventre et le long de son dos , mais le regard qu’elle lui rendit ne laissa rien paraître de son émoi.

« Vous êtes magnifique » murmura-t-il pour elle seule.
« Cette robe est.. »

Il s’interrompit , et se tourna brutalement vers le groupe qui s’installait autour des tables et en face de l’écran . Il jeta sa veste sur une chaise , et entreprit d’ouvrir son attaché-case avec des gestes calmes , mais à l’intérieur de son cerveau , une tempête faisait rage . Elle était une vision de féminité et de séduction , et , en pénétrant dans la salle , son instinct avait été de l’approcher et de l’accueillir avec le plus voluptueux des baisers . Il se dit que son emprise sur lui-même faiblissait , et que s’il voulait garder l’esprit sain , il devait se concentrer uniquement sur le fait que Buffy et lui étaient collègues de travail .
Une voix malicieuse lui chuchota que ce serait sans aucun doute la chose la plus délicate qu’il tenterait d’accomplir dans toute son existence.

La matinée se déroula dans une ambiance de réflexion et de discussion , autour des images du premier documentaire. Tout semblait au point , et le ton s’anima seulement un peu sur la fin , quand William évoqua la demande de Paul Surron , le directeur financier , de ne pas envisager une série de onze documentaires. Lili grogna que tout ce qu’elle avait tourné était indispensable.. Buffy intervint en les informant qu’elle avait rendez-vous avec Paul l’après-midi même , et qu’elle avait l’intention de lui faire saisir l’importance de ne pas réduire le nombre d’émissions.

« Eh bien entre votre charme et votre talent de persuasion , je suis presque sûr que c’est une affaire réglée » , commenta John en s’étirant.

« Will , tu as une assistance en or , j’espère que tu as conscience de ta chance ? » ajouta Oz , le deuxième journaliste -images .

« C’est pour cela que je lui ai proposée le poste » , rétorqua William .

Au moment de sortir , Buffy trouva Riley qui l’attendait dans le couloir.

« On déjeune ensemble ? » proposa-t-il , enjoué .
« Volontiers. »
William sortait avec Lili et Oz ; il les suivit du regard et se dit qu’il se contenterait d’un sandwich avant de partir à plusieurs rendez-vous qui l’attendaient dans la suite de la journée.



Une semaine s’écoula dans l’effervescence de la mise au point de la seconde émission ; William tenait à ce que plus de la moitié de la série documentaire soit prête à être diffusée avant que son équipe d’une dizaine de personnes puisse souffler un peu . La programmation ne devait pas avoir lieu avant l’automne , et avec le rythme acharné qu’il imposait à chacun , l’objectif était maintenu.

Il lui arrivait d’être à l’extérieur pour des rencontres professionnelles , mais la plupart du temps il était assis derrière son bureau , ou travaillait en salle de montage.
Buffy quant à elle , s’était peu à peu habituée aux manies de chaque personne , et sa patience , son calme , son intelligence charmaient tous ceux qui avait l’occasion de lui demander d’intervenir .
Elle avait la faculté d’écouter , comme le lui avait fait remarquer Riley , et de ce fait , chacun de ses interlocuteurs se croyait important .
Elle devait reconnaître que sa tâche était passionnante ; et William tenait parole , il ne lui avait plus fait la moindre avance. Son attitude était distance , quelquefois hostile , ou désagréable , mais elle préférait cela.
Angel lui avait souvent répété que le mélange de sa beauté et de sa timidité était irrésistible …Cela signifiait sûrement que William avait abandonné l’idée insensée de la séduire.


Par contre , elle avait constaté que prendre une attitude rêveuse le mettait invariablement dans une colère froide .

Le Vendredi vers 17 heures , elle était entrain de chantonner doucement une mélodie que sa radio lui diffusait presque quotidiennement au moment où elle avalait son thé , et , les yeux perdus sur un cliché flamboyant représentant un lever de soleil sur le Nil , elle ne prit pas garde que William rentrait dans leur bureau , en coup de vent.

Un rayon de soleil accrochait des lambeaux de lumière dorée dans les cheveux de Buffy , et tout son buste, vêtu d’un chemisier pourpre entrouvert sur sa poitrine naissante , était auréolé. On pouvait deviner la délicate courbe d’un sein , enfermé dans un soutien-gorge à la dentelle si légère qu’elle était transparente ; la tête penchée sur la photo , elle semblait dans un autre monde .
William reçut de plein fouet une onde de désir si puissante qu’il frissonna de la tête aux pieds . Mais dans le même temps , la surprendre dans une songerie si profonde le troubla désagréablement . A quoi , à qui pouvait-elle penser , si ce n’est à un souvenir heureux de sa vie avec Angel.
Il posa les mains à plat sur son bureau , et ce geste la fit sursauter .

« Ce n’est pas parce que c’est la fin de la semaine que vous pouvez cesser tout effort intellectuel », dit-il d’une voix dure. « Rêver est interdit dans ce bureau , n’ai-je pas été clair ? »
Son regard vibrant démentait toute la froideur de sa voix . Elle le regarda avec des yeux scintillants et perplexes , mais ne répliqua rien .

« Répondez-moi. » dit-il en lui saisissant le poignet.

« Ne croyez-vous pas que vous êtes totalement tyrannique ? » dit-elle d’une voix ferme. « Je travaille peut-être pour vous , mais mes pensées n’appartiennent qu’à moi. »

Elle le défiait de ses yeux verts , tranquilles , et essaya de se libérer.

Il refusa de céder prise , et serra plus fort. Elle poussa une exclamation de douleur, et le foudroya du regard .

« J’admirais simplement ces photos . J’ ai toujours pensé aller découvrir l’Egypte.. » Son ton prit une inflexion incertaine , et William fut persuadé qu’elle allait ajouter « .. avec mon mari » , mais elle se tut , et tout son visage prit une expression de colère . « Et je n’ai rien d’autre à vous dire ! »

Il lâcha son poignet , mais demeura le visage à quelques centimètres du sien .
Buffy massa doucement l’endroit qu’il avait serré, et vit la trace rouge de ses doigts.

« Pourquoi êtes-vous si brutal ? »

Il eut un rire sans joie , et gronda entre ses dents : « Parce que c’est efficace avec vous . »

Ils se regardèrent en silence . Le cœur de Buffy battait sauvagement dans sa poitrine et elle sentait ses paumes devenir moites . Il la buvait des yeux . Son corps tendu , sa mâchoire rigide , la veine qui battait à sa tempe , tout indiquait qu’il était prêt à exploser .
Mais Buffy restait immobile et ne baissait pas les yeux.
William respirait de manière presque saccadée , et se pencha lentement vers les lèvres de Buffy , des lèvres entrouvertes , humides , qu’il brûlait de capturer et de mordre .
La sonnerie du téléphone les arracha à cette fièvre , et Buffy se saisit immédiatement du combiné. Sa voix égale ne trahit pas le tumulte sensuel dans lequel elle était plongée.

« Oh Riley , oui , bien sûr je n’ai pas oublié. »

Il s’éloigna et s’installa derrière son ordinateur . Mais ses yeux restèrent avidement fixés sur le visage de la jeune femme .
Buffy continua sa conversation quelques secondes encore , et raccrocha .

« Je croyais que n’étiez sortie avec Finn que pour faire cesser les bavardages sur nous. »

« Oui , mais il m’arrive d’accepter une soirée au théâtre avec lui et d’autres collègues. »

Il sembla être à moitié satisfait de sa réponse , et elle crut qu’il allait encore lui poser des questions , mais , après une longue minute où leurs regards demeurèrent soudés l’un a l’autre , dans une intensité déroutante , il prit son propre téléphone.

« Vous pouvez partir dès que vous jugez avoir terminé. » dit-il encore.

Buffy murmura un « d’accord » du bout des lèvres , encore bouleversée par la sensation d’excitation éprouvée à la perspective de la bouche de William sur la sienne. Le plaisir avait été foudroyant , et elle en constatait encore les effets : ses seins dont les mamelons frottaient contre la dentelle de son soutien-gorge , sa gorge sèche , son ventre tendu , et les fourmillements qui couraient le long de sa colonne vertébrale.

Elle devait admettre l’évidence : William Lawrence la plongeait dans un état d’abandon et de sensualité qu’il était bien le seul à provoquer , et à pouvoir assouvir.
Si un baiser presque donné la faisait chavirer si désespérément , comment réagirait-elle quand il la prendrait à nouveau dans ses bras ?
Car cela arriverait , tôt ou tard . Elle l’avait vu dans l’avidité incandescente de ses yeux marine. Elle ne pouvait se mentir à elle –même indéfiniment.
Troublée plus qu’elle ne voulait l’admettre , Buffy se hâta de ranger tous les dossiers.


Quand elle partit , William était dans une conversation alanguie avec Jenny Calendar, et il lui fit un simple geste de la main pour lui dire au-revoir .
Elle refermait la porte lorsqu’elle l’entendit rire , d’un rire profond et sensuel.
« Tu es une tentatrice.. » , fut les derniers mots qu’elle entendit .

L’idée d’aller au théâtre lui parut tout à coup éblouissante . Tout plutôt que se morfondre dans son salon après un bain relaxant.





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